La muse n’est pas muselière
Ayant déjà un dossier de la dernière version de WordPress, il ne m’aura fallu que quelques heures pour mettre en place le JLR2 parce que, comme l’affirme Olivia Rosenthal, On n’est pas là pour disparaître (performance avec Robert Cantarella diffusée hier dans les Correspondances de Manosque).
Amusante coïncidence, comme une complicité, puisqu’Olivia était la cause, le motif, la muse, devrais-je dire, du premier billet du JLR, le 19 novembre 2003 — ce que je rappelais déjà le 12 septembre dernier, pardon de me répéter (c’est que la muse n’est pas muselière), avant de citer largement son livre (par exemple le 21) tandis que Laure évoquait Manosque en commentaire le 30. Sans oublier le 11 octobre…
J’ajoute que l’émission d’hier contient la performance de Manosque suivie d’un extrait du Tout Arrive du 10 septembre (avec Florence Noiville).
Bref, pour dire que la mémoire est un terrain qui se prépare et qu’à défaut d’avoir un back-up des dernières semaines du blog sous Dotclear (en m’excusant pour les commentaires que je n’avais pas encore recopiés dans les versions statiques des derniers mois, et qui réapparaîtront sans doute quand un informaticien de Globat aura remis la main sur leur back-up), j’ai soin d’entretenir la version mensuelle — ce que je conseille à tous les blogueurs consciencieux, indépendamment des back-up des bases de données, dont on ne sait pas très bien comment ils réapparaissent quand ils sont injectés dans un autre système ou lieu…
Sinon, encore du rangement. Des tas de petites choses, accumulées sur quinze ou vingt ans, parfois plus, et pour lesquelles, une par une, il faut décider : garder et jeter. Et chaque chose jetée est un allègement, sachez-le. La satisfaction d’une décision prise — alors qu’il est si facile de garder, même en vivant dans le bordel. Mais garder pour quoi, pour qui ? Pour l’inusage, contre l’amnésie ? Ça ne marche pas, j’en suis sûr.
L’appartement du 2e étage n’est déjà plus le nôtre (il ne l’a jamais été, nous le louions, mais ce n’est pas ce que je veux dire), nous habitons pleinement le nouvel, au 4e — deux étages au-dessus, d’où le JLR 2.0, comme disent les amis dans les commentaires d’hier. Malgré tous les livres et documents qu’elle a encore à trier, ranger, jeter, T. ne veut pas y rester plus de deux heures d’affilée, c’est comme être dans une tombe alors qu’on est encore vivant. Je lui dis de faire de l’apnée, par tranches d’une heure, avec masque (contre la poussière) et sans sentiment (contre la nostalgie).
Au moment de sorti chercher du pain, vers 20h30, la pluie commence. Faisons cent mètres puis rebroussons chemin. D’abord, on a laissé des chaussures à sécher sur le balcon, il faut les rentrer, ensuite si on va jusqu’au supermarché on va revenir trempés et de méchante humeur.
Tant pis pour demain matin (on finira des céréales).
Une des cassettes vidéo qui restent : Pola X (Carax, 1999). Encore un long film, Carax amalgamant l’histoire perso de Guillaume Depardieu avec des bribes d’Herman Melville (Pierre ou les Ambiguïtés). Mais je ne le trouve pas aussi convainquant que dans Ne touchez pas la hache de Rivette, en 2007. Huit ans plus tard, il a mûri. Il est mûr. À moins que ce soit le style de Carax contre celui de Rivette… Ou Balzac contre Melville…
Tags : Balzac Honoré de, Cantarella Robert, Carax Léos, Depardieu Guillaume, Limongi Laure, Manosque (Correspondances de), Melville Herman, Noiville Florence, Rivette Jacques, Rosenthal Olivia
Publié dans le JLR
« chaque chose jetée est un allègement, sachez-le »
certes, mais pour être moi-même encore (transhumances tous les 2-3 ans) en train de faire des cartons, je peux ajouter qu’à force de devoir choisir quoi garder, on en vient à se demander à quoi bon garder encore quoi que ce soit : pourquoi tant de livres ? pourquoi tant de choses ? tout jeter et le bébé avec l’eau du bain ? et le moral très vite s’en trouve coulé lui aussi …
ah non, alors, pas toucher le moral de cgat – oui, les transhumances régulières ont leur positif : et les livres, on peut progressivement les échanger pour leurs versions numériques – ou faire comme Alberto Manguel, reconstruire une grange près de Chatellerault ?
ça fait un peu drôle de lire le JLR avec ce papier peint pompes funèbres sur les côtés (qui ne doit quand même pas être obligatoire puisque j’ai échappé à ça tout en ayant du français partout chez moi – mais il faut dire que c’est minimaliste chez moi et faut que je pense à changer votre lien quand j’irai)
Ne serait ce pas un « lifeting » ce jlr 2.0. Enfin cela fait plaisir de voir que les absurdités du temps ne sont rien et qu’ils n’ont surtout aucun pouvoir sur la pensée. Vive la pensée libre dans ce monde sclérosé ou la liberté de penser vont devenir deux mots incompatible mais surtout impossible à associer. Les JO de pékin déteignent sur le monde libre.
Il est vrai que le tri de ses petites affaires est une douleur une agonie puis un soulagement avant quelque fois d’en avoir les regrets habituels. Soit! la mémoire a, pour cela, ses avantages. Un classement unique, ou la valeur des choses n’est pas forcément celle qu’on lui donne. Et oui l’apparence que l’on donne n’est qu’une image « virtuelle-réelle » ou l’irréalité prime souvent sur l’être. Error syntax du temps présent.
Amitié, a+ pat
O-tsukare-sama!
J’ai râté le lancement du JLR2.0 … Impardonnable.
Scotché que j’étais à la version mensuelle. J’en avais presque oublié la disparition de Dotclear (ou Globat). Enfin, peu importe.
Connivences ? A Nagoya aussi, on trie et jette. Beaucoup !
Au 22 !
Chaque jour voit ses petits changements. Hier, j’ai atteint le code couleur des titres. Aujourd’hui, l’image de fond, qui passe du gris (quelque peu funèbre, en effet) au pourpre, comme dans une bibliothèque à tentures…
Mieux adapté à la lecture, peut-être ?
en apprentissage moi-même des rudiments d’une page css, vous fais compliment… (et un grand merci pour les 580 pages de Claude Simon en revues qui me sont parvenues cet après-midi)
« Balzac contre Melville » ?! je ne sais pas… et n’ai pas vu le film de Carax… en tout cas, passé le début du livre, qui peut ennuyer ou donner une fausse image, plus ou moins édulcorée, de la suite (mais c’est aussi un des ressorts dramatiques du livre), « Pierre ou les ambiguïtés » est un des romans les plus EX-TRA-OR-DI-NAIRES que je connaisse…