Journal littéréticulaire
version non expurgée
 
Littéréticulaire : adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.
Novembre 2003
19 . 20 . 21 . 22 . 23 . 24 . 25 . 26 . 27 . 28 . 29 . 30

Pour tout commentaire, on peut m'écrire à "berlol" chez "inter.net".

Mercredi 19 novembre

Si j'écris "aujourd'hui, rien", est-ce que ça fera une révolution en France ?

Rien... parce que la conférence de Marcel Détienne à l'IFJT est annulée. Moi qui m'en faisais un plaisir depuis longtemps! A la place, je vais écouter George Steiner sur France Culture. C'est un peu comme passer du jardin au local-poubelles...

Le restaurant d'Akita trouvé hier soir à Ginza était vraiment excellent. Je le recommande.
On a bien mangé, bien bu et dit au revoir à Olivia Rosenthal qui était venue une semaine pour un colloque à Todai. Je vais finir "L'Homme de mes rêves..." avant de dormir.


 
Jeudi 20 novembre

Jour de pluie
On reste au lit...


 
Vendredi 21 novembre

Soleil. O hayooo... (''O-O'')

Lendemain de débat Pierre NORA / KAWAI Hayao, (im)modérés par MIURA Nobutaka, à la MFJ. Belles paroles, quelque peu resucées... Mais mondanités agréables comme rarement.
Voir site de la MFJ.

La température repasse au-dessus des 15 degrés, très étonnant pour une fin novembre. Beaucoup de gens sont décalés, ils ont aujourd'hui leur parapluie d'hier, ils portent sur le bras qui son blouson qui son manteau. Et tout cela transpire gros dans les métros. Mangez de l'agneau !


 
Samedi 22 novembre

"...à vrai dire il y a peu de chances que Barnabé se soit trompé, il est malheureusement perspicace et ne s'en laisse pas conter si facilement malgré son air naïf et tournesol, Barnabé est un homme en proie aux doutes et son incertitude aujourd'hui a quelque chose de définitif, Barnabé sent qu'il peut aujourd'hui être définitivement heureux ou malheureux et il penche plutôt pour le malheur, non par propension et goût maladif, mais plutôt par esprit de géométrie et conscience claire..." (Olivia Rosenthal - L'Homme de mes rêves..., Ed. Verticales, 2002, p. 128).


 
Dimanche 23 novembre

Enfin, un jour à peu près tranquille. Pas de cours à donner, pas d'urgence pour en préparer d'autres, long bain et rasage en réfléchissant à ce que c'est que la vie.

Je me suis rappelé qu'hier, un condisciple du lycée m'a envoyé un courriel après avoir trouvé sur mon site un poème dans lequel il est question d'une copine dont tous les garçons étaient croques, nous compris, au point que plus de vingt ans après il se rappelait du numéro de sa rue. Phénomène étonnant que la présence de ce poème, qui m'amène chaque année une ou deux personnes souhaitant renouer ou tout au moins avoir des nouvelles ! Celui-ci, oui, je me rappelle bien de lui, agréablement, j'étais même désolé, quand j'étais à la fac, de l'avoir déjà perdu de vue. On le surnommait H²O, pas très original quand on est à l'école nationale de chimie...

Tout cela m'a amené vers midi, quand même. Avec l'écoute du dialogue déprimant entre Pierre Jourde, Richard Millet et Alain Finkielkraut (Répliques : L'adieu aux paysans).


 
360°... Lundi 24 novembre

Train jusqu'à Hachioji, bus vers une vallée perdue, départ en côte jusqu'au Mont Jinba, vue de 360° légèrement brumeuse, 6 à 7 °C, donc on ne traîne pas sur place, chemins de crête, et redescente jusqu'à Takao, bus déjà bondé pour la gare, re-train pour chez nous. Tête emplie pour la semaine. Près de 7 heures de marche... Photos quand le site le permettra...


 
Mardi 25 novembre

Débordé...


 
Mercredi 26 novembre

Débordé...


 
Jeudi 27 novembre

Over débordé... 

Quand même, ça repose de lire un truc comme ça !


 
Vendredi 28 novembre

Hou la la, qu'est-ce que j'ai fait le 28... Je vais regarder mon agenda. Ah, vendredi dernier !
C'est le *#%+@... de jour de la panne de Litor. Au moment d'envoyer des messages aux membres, le serveur me renvoie un message d'erreur 554 puis et ou 552...

Je laisse tomber et je vais voir les intervenants d'une table-ronde sur Barthes (IFJT) en prologue d'un colloque de Todai ce week-end : Deepak Ananth (Commissaire de l'exposition des dessins), Christine Montalbetti (Écrivain, Maître de conférences à l'Université Paris 8), Hisao Matsuura (Maître de conférences à l'Université des Langues Étrangères de Tokyo), Hidetaka Ishida (Professeur à l'Institut d'Informatique initiative de l'Université de Tokyo).

Pauvre Barthes !


 
Samedi 29 novembre

Cours, ce matin, avec Colette et le chapitre de Sido dans lequel elle décrit l'enfance de son frangin vieux chat gris, notamment quand il demandait quinze soirs de suite des noisettes et des pruneaux, pleurant quand Sido lui en donna car il n'aimait pas cela et surtout ne pouvait plus alors les demander. Besoin de lien. Sido, bonne mère ou mauvaise mère ? Taquineries. Du coup, on écoute une sornette racontée par Jean Paulhan, elle aussi basée sur les ambiguïtés du conditionnel entre le grand-père et l'enfant.

"Tu vois ce théâtre de guignol dans la vitrine, si tu voulais que je te le donne, je te le donnerais
-- Je veux bien, grand-père
!
-- Mais il ne s'agit pas de ce que tu veux... Si tu voulais que je te le donne, je te le donnerais
!
-- Oui, je t'en prie
!
-- Il ne s'agit pas de prière, Dieu n'a rien à voir là-dedans! Non, si tu voulais que je te le donne, je te le donnerais...
-- Alors donne-le-moi
!
-- Comment, mais tu me donnes des ordres maintenant, à ton grand-père..."

Etc. Cinquante ans après, Paulhan dit qu'il ne comprend toujours pas où il voulait en venir...

Après un poulet-frites au Saint-Martin de Kagurazaka, direction Komaba pour écouter les sornettes des barthants.
Très belles prestations de Christian Doumet et de Claude Coste.
Le reste est plus convenu.


 
30 novembre

Troisième jour de pluie...
Le spam arrive à près de 90 % du courriel reçu.
C'est malheureux à dire mais le meilleur filtre serait de virer systématiquement tout ce qui est en anglais...

L'après-midi, suite du colloque Barthes. Débat hallucinant sur la vérité dans L'Empire des signes, sur les méconnaissances coupables de Barthes (le No, le Kabuki, le Haiku, les baguettes, le centre de Tokyo). Comme si l'on n'avait pas compris qu'il était "sous" l'empire des signes, voire dans le pire du signe, mais que le plus important était la collection : "Les Sentiers de la création", lieu où dire comment "je" crée du sens et du "moi", notamment avec un ensemble d'objets auxquels "je" n'ai rien compris, à l'autre bout du monde, au risque du mépris envers ceux qui m'y ont accueilli... 
On en reviendrait presque à l'excrémentiel selon Coste.

ou :
ramasser des brindilles pour faire un nid

Beau questionnement de Hervé Couchot, vibrant exposé de Patrick De Vos et émouvante intervention de Watanabe Moriaki racontant le voyage de Barthes invité au Japon en 1966...

Dans l'exposition des dessins, voir notamment le petit texte sur le rhinocéros et l'aigrette. Voir aussi la mythique liste des participants japonais au séminaire Barthes de Tokyo 1966.

©Berlol, 2003