Samedi 1er septembre 2007.
Communication directe avec le grenier. Lever à 4h30 pour travailler à ma communication sur Mérimée. J'ai lu dans une interview qu'Amélie Nothomb écrit tous les matins de 4 à 8 heures, ça m'a bluffé. Et donné l'idée, vu le temps qui me reste, je n'ai plus que ça à faire. Petit-déjeuner vers 8h30, suivi du bouclage des valises. T. a pris rendez-vous pour déjeuner avec deux de ses étudiantes qui reviennent de Toulouse, rentrent à Tokyo demain. Celles rencontrées au Saint-Martin fin juillet. Intéressant de comparer niveau et attitudes avant et après. À pied jusqu'à la fontaine Saint-Michel, point de rendez-vous parisien, s'il en est. On retourne à la Bûcherie pour grandes salades et profiteroles. Elles nous content leurs (més)aventures, il y a du bon et du mauvais, et plus à (re)dire sur les familles d'accueil que sur les cours de français. Départ en voiture vers 14h30, direction Cerisy-la-Salle. Ça roule merveilleusement, rien à voir avec la sortie congestionnée de Paris et l'autoroute en accordéon d'il y a deux ans ! J'ai d'ailleurs repris les même indications routières, j'avais soigneusement gardé les feuilles imprimées. Arrivée à 18h30. Sommes très heureux de retrouver Catherine et Édith, le château et une chambre récemment refaite, la Savary (près de la salle dite du grenier). Premier dîner, je ne connais qu'Éric Bordas, mais je reconnais Michel Garcia, qui était directeur du CIES quand j'étais de la première promotion d'allocataires-moniteurs (1989). Longue et tout de même très intéressante séance de présentation, avec calvados, au grenier, de 21 à 22h45. C'est après, en ouvrant une porte de notre chambre, qui donne sur trois marches et une autre porte, que nous découvrons la communication directe avec le grenier... Commentaires1. Le samedi 1 septembre 2007 à 21:21, par Caroline : La suite ! La suite ! 2. Le dimanche 2 septembre 2007 à 06:55, par Kiki : Salut! 3. Le dimanche 2 septembre 2007 à 11:00, par Berlol : Bientôt quatre années complètes, c'est devenu une partie de moi... |
Dimanche 2 septembre 2007. Banc
de galère, la bonne allure. Lever à 4h30 et travail jusqu'à 7 heures. Jour à peine rosi, je vais à l'est@minet avec le portable, dans un autre bâtiment, où se trouve la borne wifi et d'où je poste le billet d'hier, relève mon courrier, lis rapidement deux blogs dans la liste maintenant chargée de tous ceux que je n'ai pas le temps de lire. Au moins jusqu'à mardi soir, ce sera encore comme ça. Après, à moi la liberté ! Amusement de retrouver le rituel du petit déjeuner dans la grande salle à manger, les échanges de bonjours poussifs quand on ne se connaît pas, les questions par lesquelles chacun s'introduit, ouvre ou non ses affinités. T., connaissant aussi ces rites et n'ayant plus la pression intérieure de sa thèse à travailler comme c'était le cas en 2005, discute plus volontiers et lance des ponts entre XIXe et XVIIe siècles, notamment avec Alain Schmitt qui semble très bien connaître Victor Cousin et le fonds Cousin de la Sorbonne. Denses premières communications. Celle de Danier Sangsue sur les fantômes chez Mérimée et celle de Michel Garcia sur l'édition en cours de préparation de l'Histoire de don Pèdre 1er, roi de Castille. Discussions très animées et bien dirigées par Antonia Fonyi, directrice du colloque. Tel un cancre du fond de la salle, près du feu de bois et d'une prise électrique pour le portable, je n'y prends pas part mais y puise, outre ce que j'y apprends, de quoi recalibrer ma communication. Après le déjeuner, le café est servi dans l'étable aménagée en une sorte de musée de Cerisy. On y trouve notamment un panneau qui retrace l'histoire des anciens habitants du château, les Richier, des protestants, du XVIIe à la Révolution, puis les Savary, cultivateurs enrichis sous la Restauration. T. et moi nous éclipsons pour aller faire une randonnée aux Roches de Ham, près de Condé-sur-Vire, à une bonne vingtaine de kilomètres de là. C'est dommage pour les communications de l'après-midi mais absolument nécessaire, après le régime corse, pour ne pas engraisser sur pied en Normandie. Il fait d'ailleurs nettement plus chaud dans la voiture que dans la bibliothèque du château. Retour vers 18 heures et reprise du travail jusqu'au dîner, qui est un buffet parce que c'est dimanche. Je retourne à mon banc de galère — à la bonne allure qu'il commence à prendre — pendant que T. va voir la séance improvisée du Carmen de Carlos Saura dans le grenier tout proche, dont les effluves musicaux me parviennent étouffés... Commentaires1. Le dimanche 2 septembre 2007 à 23:05, par m sonnet : j'aime bien votre est@minet (plus sympa que la g@rgote !) et en vous lisant je me souviens que la dead line est toute proche pour la soumission des projets au colloque "abbé Castel de Saint-Pierre", même lieu même horaire dans un an, et je me tâte si j'y vais ou pas (proposer de parler des grand mérites de son "Projet pour perfectionner l'éducation des filles"). J'ai un peu décroché de ce genre de choses ces derniers temps et en plus je n'ai jamais été très causante au petit déj... 2. Le lundi 3 septembre 2007 à 09:33, par alain : Alors moi, Condé-sur-vire, oh ! tout de suite que de souvenirs. J'accompagnais mon oncle dans sa tournée du ramassage des bidons de lait pour la coopérative Elle & Vire et on s'arrêtait manger du lapin dans des fermes à cuisine noire, noircie par le vieux, sentant la crème partout, comme dans Bovary. Oh ! Condé-sur-vire. 3. Le lundi 3 septembre 2007 à 21:13, par Berlol : On
est passé devant l'usine. T. m'a demandé puis s'est souvenue qu'il y a
du beurre Elle & Vire dans des magasins de luxe à Tokyo (dans les
dix euros la plaquette...) 4. Le mercredi 5 septembre 2007 à 00:35, par brigetoun : je crains de n'être à la hauteur que du petit déjeuner où, pour une fois, je serais superbement mutique |
Mercredi 5 septembre 2007. Aux
pommes (de l'arbre et de terre). Journée d'excursion en car sur les traces du Mérimée des Monuments historiques, offerte au colloque par la Fondation la Poste, représentée par sa directrice, Dominique Blanchecotte, qui passe la journée avec nous. Départ 9 heures, 25 personnes (Édith fera l'appel à chaque fois). Direction première, l'abbaye de Hambye, en pleine restauration, parce que sa destruction avait été stoppée par Mérimée lors d'une de ses tournées. Bel endroit, belle lumière, gens sympathiques. J'y achète des cartes postales de costumes médiévaux et Ma Cuisine médiévale de Mincka (chez Équinoxe, 2004), bel exemple de recettes adaptées et très belle mise en page (surtout sans photos culinaires réalistes). Translation au château de Gratot dont on ignore (on incluant les personnes des Monuments historiques qui nous accompagnent) la relation avec Mérimée, juste pour voir des ruines encore debout et faire quelques photos. Déjeuner à l'auberge de Genouville, avec de la tarte au camembert (en entrée tiède, très bonne), de la moyenne pintade aux pommes (de l'arbre et de terre) et de la tarte aux pommes (d'arbre, mais mal cuites), le tout précédé d'un kir normand (au cidre) et accompagné d'un cidre légèrement plus sucré que celui de Cerisy. On monte jusqu'à Valogne (presqu'en haut du Cotentin) pour visiter son église reconstruite, moitié pierres remontées, moitié béton façon Créteil (des spécialistes débattent de cela un peu comme des médecins de Molière pendant que le curé, lui, pleure l'absence d'aides pour réparer les dégâts de la foudre de janvier dernier). On redescend à Saint-Sauveur-le-Vicomte pour l'abbaye des Sœurs de la Miséricorde, flanquée d'une sèche maison de retraite qui doit rapporter, mais pas de la joie si l'on en juge à la fadeur du parc... Sûr que déposé ici, je mourrai en quinze jours. Dernier mouvement vers l'abbaye de Lessaye, déjà visitée en 2003 avec quelques amis de Meschonnic (explosée en juillet 1944 par les Allemands pour célébrer leur départ précipité). Belle mais... bon, je commence à saturer. Ayant refait la photo d'un poisson en mosaïque près des fonts baptismaux et découvert avec plaisir le jardin fleuri et le potager, T. et moi fatiguons du tandem catho-aristo de la journée, restons ensuite dans le car pendant que les autres vont boire un coup avec les proprios à l'intérieur. Je reprends Volodine, les choses sont claires. Après le dîner, où nous sommes arrivés avec dix minutes de retard, grand tour du domaine à deux dans l'herbe mouillée, quand à l'horizon meurent, derrière les vaches, les fins de rose et d'orange (T. écoute du Wagner à l'ipod quand point l'étoile du berger). Puis je donne un petit cours sur la création de table des matières et d'index dans Word avant d'aller me mettre au lit pour rejoindre T. et Mevlido. Commentaires1. Le vendredi 7 septembre 2007 à 00:52, par brigetoun : j'aime
bien le tandem catho-aristo, bien connu, mais il y a toujours la
possibilité de rester un pas à côté et d'attraper au vol quelques
phrases. |
Jeudi 6 septembre 2007.
C'est-à-dire molles et collées en tas. Fort brouillard au lever du jour. Se disperse pour une deuxième journée de franc soleil (on a bien fait de choisir cette semaine-ci pour venir...). Les petits déjeuners roulent maintenant par petits groupes informels et plutôt bavards. À ceux de la timidité et de l'hésitation des premiers matins, ont succédé ceux de l'esprit d'escalier, quand revient ce qu'on n'avait pu dire hier car trop de monde et de questions. Lecture de lettres de Mérimée par Carole Bergen, avant la communication de Françoise Bercé (inspecteur général du patrimoine) sur Mérimée et la IIe République. Le tableau historique est très instructif, bien enlevé par le ton, les anecdotes et points de vue de Mme Bercé. Et cela me suffira pour aujourd'hui. J'emporte mon portable à l'est@minet pour poster mes deux billets en retard, les photos qui vont avec, relever mon courrier et valider les messages Litor qui circulent depuis hier sur le thème de la machine à écrire. J'écoute deux tiers du 20-Heures de France 2 d'hier et parcours quelques blogs pour être un peu informé. Mais tout cela ne m'accroche guère. Seule la disparition de Pavarotti signifie hélas quelque chose. T. et moi sommes convenus d'une après-midi d'excursion que nous commençons après une discrète fuite au moment du café. En route pour Coutances ! J'avais un peu visité il y a quatre ans, avec quelques meschoniciens, un jour de pluie qui s'était continué à Carteret. Aujourd'hui, c'est plutôt la chaleur. En une petite heure, nous visitons églises et cathédrale, admirons les impacts de balles qui décorent encore les murs de la mairie, entrons à la librairie-papeterie pour chercher une carte régionale. Partons ensuite pour Agon et la pointe d'Agon, les dunes, la marée basse dans l'embouchure de la Sienne, les ruines du château de Regnéville-sur-Mer de l'autre côté. Puis le chic de Coutainville, les rues étroites et presque bretonnes de Blainville-sur-Mer — un endroit où l'on aimerait bien habiter.. . D'Agon, j'ai téléphoné à Scott Carpenter pour savoir si nos colloquants ont adopté le principe d'un apéritif sur la terrasse (nous avions imaginé ça tout à l'heure, Scott et moi). Ayant eu sa réponse positive depuis une cabine face à la mer, nous nous dirigeons vers le centre Leclerc de Coutances où nous achetons pour 60 et quelques euros d'alcools divers, jus de fruits et trucs salés. Quand nous arrivons au château, à 18h45, tout est déjà prêt sur la terrasse, les participants attroupés et Scott très soulagé de nous voir (il a prévenu et fait sortir tout le monde sans savoir s'il pouvait compter sur moi...). Chacun verse son écot dans un verre et je récupère sans problème mon avance. De Cerisy, les jeudis soirs sont enflammés. L'ambiance d'un colloque y parvient généralement à son paroxysme. Des conversations de table deviennent familières, voire bruyantes. Certains s'interpellent comme s'ils se connaissaient depuis trente ans, rigolent gras. D'autres se serrent en petits comités pour des confidences à voix basses. C'est ce soir-là que l'on sert des moules-frites, au moins trois tournées (mais les frites sont normandes, c'est-à-dire molles et collées en tas). Puis les lumières s'éteignent, à la surprise presque générale, pour faire entrer les omelettes norvégiennes, lumineuses par le calvados qui leur flambe sur la meringue. Plus tard, dans le grenier, lecture d'Une femme est un diable par Carole Bergen et Sylvain Ledda, suivie d'un petit verre de calvados de notre réserve collective. Commentaires1. Le vendredi 7 septembre 2007 à 10:10, par m sonnet : arrivée là de votre récit, moi qui me posais la question pour l'an prochain, je craque : ça fait trop, en plus des petits déj, la photo, l'excursion, l'apéro et les moules-frites pour finir. Je ne tiendrai jamais le coup, même pour l'avancement de la science ! 2. Le vendredi 7 septembre 2007 à 10:22, par Berlol : Parfois, le rhédibitoire en dit long... 3. Le vendredi 7 septembre 2007 à 12:27, par m sonnet : le rhédibitoire en l'occurrence, je crois que c'est la vie commune en général et avec pairs en particulier... |
Vendredi 7 septembre 2007. Pas
où il pose la cheville. Pas de réseau avant le petit déjeuner. Il ne s'agira que de relancer le système. Je poste le billet d'hier durant la pause entre Michel Cadot (le monde slave de Mérimée) et Anne Geisler-Szmulewicz (Mérimée et les comédies du cœur humain. Outre que l'un a été trop long et l'autre trop courte (contrecoup), c'est tout de même très intéressant. Anne était intervenue mardi, après ma communication, pour expliquer comment elle s'était en grande partie occupée du site que le Ministère de la culture a voulu consacrer à Mérimée en 2003 et dont je venais de critiquer la conception et notamment le choix hallucinant de ne pas y mettre d'œuvres littéraires (ni même, 4 ans après, aucun lien vers les textes en ligne dans l'internet) — mais nous ne nous sommes pas fâchés (au contraire, la faute est ailleurs...). Le brouillard est encore plus long à se lever qu'hier et ce n'est que vers midi que l'on peut dire qu'il fait beau. Les personnes qui en joignent d'autres à Paris nous préviennent qu'il y fait très mauvais. Quelle chance nous avons ! Je dois présenter des excuses à Sylvain Ledda car, m'étant allongé pour cinq minutes après le café, je me suis carrément endormi une demi-heure, ce qui m'a fait manquer sa communication sur Mérimée et Musset... Vaguement honteux mais bien rveillé, j'écoute attentivement Paolo Tortonese sur un sujet qui recoupe et complète ceux (qu'il n'a pas entendus) d'Éric Bordas, de Christian Chelebourg et le mien : supercherie et couleur locale chez Mérimée. S'il établit brillamment le paradoxe entre les événements textuels qui mettent en scène les artifices du faux et du vrai, je ne vois pas où il pose la cheville qui les articulerait. Qu'à cela ne tienne et comme il a la politesse de finir à l'heure prévue, T. et moi partons à la mer, à Hauteville-sur-Mer. Soirée poésie pour certains (qui se diront avoir été kidnappés par un enthousiaste hugolien qui leur a infligé quelques centaines de vers de l'Année terrible — à eux, des mériméens !), promenade sous les étoiles pour nous. Dans un grenier, dit le grenier breton et que je n'avais encore jamais visité, un buste représentant paraît-il un ancêtre ayant la particularité d'être l'enfant naturel, puis reconnu, d'une aristocrate retirée au couvent et du prêtre de la paroisse voisine... Nous récupérons quelques errants un verre à la main (Antonia, Carole, Bénédicte, Anne, Sylvain, Paolo) et nous installons dans le grenier habituel pour descendre un peu plus nos bouteilles et discuter du colloque qui s'achève jusqu'à minuit, heure à laquelle il est temps de penser aux valises. |
Dimanche 9 septembre 2007.
Limaces de mer, signes de beau temps. « Il s'est passé quelque chose à Carnac, Il y a longtemps. Quelque chose qui compte Et tu dis, lumière, Qu'il y a lieu D'en être fier.» (Eugène Guillevic, Carnac, Gallimard, 1961, p. 13) T. souhaitant renouveler son stock de maillots rayés, Henri et moi l'accompagnons au marché, juste à côté de la maison. Découvrons d'autres marques qu'Armor Lux ou Saint James. Mais c'est un peu la fin de saison et les marchands n'ont plus le coloris ou la taille, ou la coupe. Nous passons aux boutiques du bourg, autour de l'église du saint des bêtes à cornes où c'est d'ailleurs l'heure de la messe. T. trouve chez Leminor le maillot marin de ses rêves, et un beau pull bleu clair en sus. En voiture chez un ostriculteur du Pô pour quelques douzaines d'huîtres et un tourteau, ça nous assurera le dîner. Faisons à quatre et en voiture, pour une vue d'ensemble, le tour des sites d'alignements de pierres levées (menhirs). D'ailleurs, il fait très chaud autour de la Maison des mégalithes et l'on n'a guère envie de se lancer dans une randonnée pédestre. C'est surtout la notion d'alignement qui domine et fait mystère, en effet. Au tumulus Kercadio, entre Carnac et La Trinité, il faut se baisser pour pouvoir entrer. On se trouve alors dans une salle, sous d'énormes dalles, avec le poids d'au moins sept mille ans de motivation au-dessus de la tête. Puis dans le dédale des bras de la rivière de La Trinité jusqu'au lieu dit Le Lac (et / ou Le Latz), connu pour une digue munie de vannes par lesquelles passait, selon la marée, l'eau qui actionnait la roue d'un moulin, maintenant transformé en maison particulière, l'axe de la roue pourrissant maintenant sous quelques centimètres d'eau verdâtre. Enfin Saint-Cado, sa chapelle, son pont construit par le diable floué (Saint Cado voulait un pont, le diable lui proposa son aide contre la première âme qui passerait dessus, le saint accepta et, quand le pont fut achevé, y jeta un chat qui en fut le premier piéton...). Repérons d'étranges ectoplasmes noirs et gluants au bord de l'eau. Renseignements pris auprès d'autochtones, ce sont des limaces de mer, signes de beau temps... Ce soir encore, je suis trop fatigué pour me connecter ou écrire mon journal. On peut dire que ce sont les activités et l'air marin, mais depuis quelques mois, se dessine progressivement un autre mode de vie, autour de trois nouvelles constantes. Plus d'herpès ni presque d'acnée d'une part, plus de maux de tête lors d'une consommation raisonnable d'alcool d'autre part, plus de soirées prolongées jusqu'à une ou deux heures du matin. Ça n'a l'air de rien, chaque chose prise séparément mais toutes ensemble, ça me fait une nouvelle tête. Je ne suis plus le même homme. Cela suffit-il à expliquer mon piètre appétit pour cette rentrée littéraire ? |
Lundi 10 septembre 2007. Autour
d'un crayon à papier véhicule. T. et moi retournons voir les alignements de menhirs dans la lumière matinale. Leur détachement. Beauté ou majesté naturelle du site. Et chacun à son tour d'essayer de comprendre, sans y parvenir. À moins de croire telle ou telle théorie. Dans la boutique de la Maison des mégalithes même, un petit Obélix autour d'un crayon à papier véhicule gentiment l'anachronisme des Gaulois facteurs de menhirs... « On comprend bien Que ça t'obsède D'être un jour dressée A la verticale Au-dessus des terres. On comprend bien.» (Eugène Guillevic, Carnac, p. 91) Revenus au centre du bourg, nous allons au Musée de la préhistoire. Beaucoup à lire, tableaux, listes, graphiques, mettre en relation textes, dessins et objets, mais pas trop. Des représentations se forment, un lien transhistorique... Le profane peut s'y retrouver tout en appréciant les précautions de langage. On pense traditionnellement qu'à cette époque les hommes chassaient pendant que les femmes faisaient la cueillette, ou quelque chose de ce genre, avec la distance du on pense traditionnellement. Qui va peut-être évoluer. Allons déjeuner avec nos hôtes aux Terrasses de la mer, à La Trinité. Moules-frites et crêpes dessert, avec plage, léger vent, mer et soleil, du classique. Partons ensuite pour Quiberon, nous arrêtant de temps en temps pour des points de vue sur l'isthme, le fort de Penthièvre. Un café à Portivy. Puis un kilomètre à pied le long de la Côte Sauvage. Encore un saut de voiture à travers les hôtels et les centres de thalassothérapie, puis à pied jusqu'à la pointe de Conguel, et la journée est déjà presque finie. Avec ces doses de vent et de soleil, on va bien dormir. Dîner à Auray, dans le typique petit port de Saint-Goustan, célèbre pour ses maisons de pierre et son passage de Benjamin Franklin. L'Aubépine sert une excellente choucroute de la mer, trois en prennent, et de l'andouille de Blaye que je suis seul à vouloir. Avec un pinot noir d'Alsace. Promenade nocturne dans les ruelles de Saint-Goustan où l'on trouve qu'il y a étonnemment de maisons à vendre... Alors que ne pensions qu'à faire nos valises et aller nous coucher, nous rentrons pile quand commence Lost sur TF1. Deux épisodes de la troisième saison, je suppose, qui nous font sauter dans une phase avancée de l'aventure. Nos hôtes sont un peu surpris de notre enthousiasme, de notre concentration soudaine sur ce qui n'est très normalement pour eux — je me mets à leur place — qu'une série américaine de plus. Mais pour T. et moi, retrouver Jack, Sawyer, Hugo, Sayid et les Autres n'a rien de banal... Commentaires1. Le mercredi 12 septembre 2007 à 11:36, par brigetoun : mon féminisme, pourtant faible, veut instinctivement, et en refusant de connaître la vérité, que la ceuillette amenant l'agriculture et la civilisation soit le fait des femmes. Idiot (je me suis toujours senti une grande fraternité avec Bouvard et Pécuchet) |
Mardi 11 septembre 2007. Arrivons
vessies pleines. Retour à Paris. Quittons Carnac et nos amis vers 10h30 par beau temps. Route nationale jusqu'à Plélan-le-Grand, avec un arrêt dans une station-service où nous achetons de quoi pique-niquer. Petites routes jusqu'à la forêt de Brocéliande, près Saint-Malon-sur-Mel. Déjeunons de sandwiches et salades (ça s'est bien amélioré, ce que proposent les stations-service) face à un bel étang (de la Marette) autour duquel il n'y a personne. Sinon deux propositions artistiques dans le cadre de l'opération régionale Étangs d'art. Puis nous nous chaussons comme il faut et allons marcher une petite heure en bordure de forêt, topo-guide en main, découvrant au passage le tombeau de Merlin — sûrement de la foutaise. Reprise de la route jusqu'à Rennes puis l'autoroute par Le Mans et Chartres, nous arrêtant deux fois pour éviter la somnolence tant la route est monotone et le trafic faible. Donc, on arrive vite, par exemple au péage de Saint-Arnoult avant 18 heures. C'est à ce moment-là que la radio annonce un accident à Rungis et le trafic perturbé à partir des Ulis. Or, sur cette portion (Les Ulis, Massy-Palaiseau, etc.), il n'y a quasiment aucune sortie qui permette de rejoindre facilement Paris tandis que les raccordements de bretelles se succèdent, augmentant toujours la quantité de voitures. Belle lumière rasante sur fond nuageux, T. s'occupe en remarquant les marques de voitures (très peu de Toyota dans le bouchon). Au lieu d'être à Paris à 18h30, nous arrivons vessies pleines place Monge vers 20 heures. Je dépose T. et les bagages avant d'aller rendre la voiture à l'agence Avis de la gare d'Austerlitz, heureusement ouverte jusqu'à 21h30. Enfin, libre comme l'air, soulagé de n'avoir plus charge de véhicule dans une ville où le stationnement est devenu un casse-tête, je rentre à pied par la rue Buffon. Dînons au Foyer Vietnam pour quelque chose de léger et de réparateur. Avant de me coucher, je peux enfin, Michel m'ayant donné la clé wep de son réseau wifi, envoyer les trois jours de JLR en retard. Je crois que cela n'a vitalement manqué à personne. Moi, ça me débarrasse. Commentaires1. Le mercredi 12 septembre 2007 à 16:59, par jenbamin : le foyer viet de la rue monge : vous avez pris le bo bun j'espère... 2. Le mercredi 12 septembre 2007 à 23:15, par m sonnet : que ça vous débarrasse, soit, mais c'est quand même pas écrit déchetterie ni ramassage des encombrants, ici... 3. Le jeudi 13 septembre 2007 à 02:26, par X : il veut dire : on était débarrassé de lui, et puis non, plus 4. Le jeudi 13 septembre 2007 à 02:27, par X : with love bien sûr 5. Le jeudi 13 septembre 2007 à 08:57, par Berlol : Fameux, le commentaire sous X ! |
Mercredi 12
septembre 2007. Près d'une heure à lire. Matinée courrier et téléphone. Après déjeuner, sortons marcher dans Paris (où le beau temps est revenu, en fait je ne crois pas qu'il ait jamais fait mauvais...). T. n'est pas très en forme, on avance petitement, on envisage peu d'activité. Librairie Compagnie pour un livre à lire de suite. Celui d'Olivia Rosenthal. Café Soufflot (logo de wifi gratuit, à essayer un autre jour). On y reste près d'une heure à lire, discuter et regarder les passants sur le trottoir, les créneaux souvent ratés des voitures. Jardin du Luxembourg, énormément de monde. On y reste près d'une heure à lire, discuter et regarder les passants qui descendent l'escalier. Rue de Vaugirard, quiches intéressantes aux Saveurs de Pierre Émile. On n'en a pas pour une heure à choisir quatre parts de diverses compositions pour ce soir. Retraversée du Luxembourg et retour. « Ce livre a pour but de m'accoutumer à l'idée que je pourrais être un jour ou l'autre atteinte par la maladie de A. ou que, plus terrible encore, la personne avec qui je vis pourrait en être atteinte. Mais, en même temps que j'écris cette phrase, je me refuse à admettre une telle éventualité et tout mon esprit se révolte contre le travail que je suis en train d'entreprendre et qui consiste à imaginer le pire. Car, si on s'engage dans une telle voie, pourquoi ne pas s'imaginer aussi victime d'un attentat, d'un accident de voiture, d'un cancer, d'une maladie de Creutzfeldt-Jakob, et de toutes sortes d'autres affections que je ne connais pas et que je souhaiterais ne jamais connaître. Si on se projette un tant soit peu dans l'avenir, il n'y a en effet aucune raison d'être particulièrement optimiste.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, Paris : Verticales, p. 17) Je (me) rappelle que ce blog a pour but de suppléer ma mémoire et qu'il a commencé sous les auspices... d'Olivia Rosenthal à Tokyo, il y aura bientôt quatre ans. Commentaires1. Le jeudi 13 septembre 2007 à 01:44, par F : au
Luxembourg et au Jardin des Plantes il doit y avoir wifi gratuit, j'ai
testé le système municipal Place des Vosges la semaine dernière ça
marchait impec 2. Le jeudi 13 septembre 2007 à 09:10, par Berlol : A pu, la coquille ! Corrigée ! M'en suis rendu compte quand pas d'accès, à Censier ! Quelle tuile, tout de même, dans le sein d'une université que pas d'accès wifi ! ça me déçoit de l'université... Merci pour les tuyaux (virtuels), on va les tester... 3. Le jeudi 13 septembre 2007 à 22:56, par DEVINE : Cher Berlol, 4. Le jeudi 13 septembre 2007 à 23:37, par Berlol : Il s'agissait des frites, non ? Des moules, c'eût été plus grave... Je retiens volontiers votre invitation lors d'un prochain passage à Cerisy et vous en remercie chaleureusement. Et j'appelle Bikun ce matin ! 5. Le vendredi 14 septembre 2007 à 05:48, par Manu : Et ben voilà, Berlol qui va finir par recontrer les parents de Bikun. La magie de l'Internet ! |
Jeudi 13 septembre 2007. Ne
compense pas le service calamiteux. Journée de service (malgré l'été indien). Participation au jury d'oral de sélection des candidats au Master professionnel de lettres appliquées aux techniques éditoriales et à la rédaction professionnelle de l'université Paris 3 - La Sorbonne nouvelle. C'est un master 2. Il y a quatre équipes de jury, je fais équipe avec un éditeur de (30 ans de) métier. Nous recevons 7 candidats le matin et 6 l'après-midi, idem pour les autres équipes. Les candidats ont déjà été sélectionnés sur dossier, puis épreuves écrites. Certains ont déjà fait un master 2 ailleurs. C'est la phase finale : motivation, adéquation au projet personnel, déroulement des stages déjà effectués sont les éléments auxquels nous devons être les plus attentifs. Entre les deux sessions, nous allons dans un petit restaurant nommé l'Olivier, près de l'hôpital des gardiens de la paix et de la clinique du sport, que je dirai moyen et dont le patron est assez peu sympathique. Le self de desserts ne compense pas le service calamiteux. Vers 17 heures, les jurys se retrouvent pour fusionner leurs notes et discuter de la liste d'attente et des cas limite. Rive droite (non sans hésitation quand le 27 franchit la Seine). Rue Saint-Anne à la nuit tombante tu, avec T., J. et sa copine Tara (13 ans chacune) pendant que leurs parents sont de sortie... On essuie les plâtres d'un nouveau restaurant japonais, le Taishoken. Soupe japonaise (ramen) et raviolis chinois grillés (gyozas), elles adorent. Il n'y a que ça sur la carte et c'est bien fait. Amusement de voir deux jeunes filles dans leurs premiers maniements publics de baguettes (J. s'était entraînée en Corse et ça se voit). Les nouilles et le miso leur plaisent. La ballade en bus aussi. Pour le retour, on marche jusqu'à la Seine, l'arrêt de bus devant les guichets du Louvre. « La tristesse est un état qui ne me quitte plus, je suis triste continuellement comme si cela faisait partie de mon tempérament. Pourtant quelque chose me dit que dans le passé j'ai été joyeux, j'ai été souriant, j'ai été content. Pourquoi faut-il aujourd'hui que je sois triste ? Je ne crois pas me souvenir d'un seul motif que j'aurais de l'être et pourtant je le suis, je suis triste, je suis triste continuellement. C'est une tristesse informe, inadéquate, qui n'adhère à rien, à aucun événement précis, c'est une tristesse de fond pourrait-on dire mais une tristesse qui, je le sens confusément, n'est pas la mienne. Elle occupe ma personne et s'en empare mais moi, je le sais, je le sens, moi, je ne suis pas triste, je ne l'ai jamais été.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 30) Commentaires1. Le vendredi 14 septembre 2007 à 22:09, par brigetoun : jamais
essayé de déjeuner dans ce quartier, me suis contenté de cafés dans le
bidule cafardant en face, un peu à droite, de la clinique du sport.
(j'avais l'immeuble mitoyen en gestion, sans intérêt) |
Vendredi 14 septembre 2007.
Vacances, exposées plein web. Sortie de tunnel. Depuis près d'un mois, j'avais sans arrêt devant les yeux l'enchaînement presque automatique des jours, préparé de longue main, et dont je ne pouvais m'écarter sans mettre en péril tout l'équilibre restant. La Corse, puis la Normandie, puis la Bretagne, puis le retour à Paris et la journée de service bloquaient toute marge de manoeuvre. Raison pour laquelle je n'avais même pas essayé de téléphoner à des amis, ni à ma famille — ce que je fais ce matin pour prendre des rendez-vous selon les disponibilités de chacun, sachant que je ne suis pas en position de faire le malin, après toutes ces vacances, exposées plein web. Avec T. à la banque, discussion sur mes petits placements (réellement petits) et mise du compte à nos deux noms, ça peut toujours être utile. Bus 87 pour École Militaire. On est en avance pour notre rendez-vous, découvrons la rue Clerc, qui ressemble étonnamment à la rue Daguerre (largeur, longueur, inclinaison, ambiance, mélange boutiques & restaurants). Arrêt à la maison Mary, spécialisée dans le miel depuis 1921. On prend du pain d'épices (pour comparer avec celui de Titine le mois dernier). Retrouverons Marguerite et Jacques au Café de l'esplanade, au coin des Invalides. Pas vus depuis un certain jour de Tokyo, pas si lointain, où nous les avions menés acheter du thé vert. Beaucoup à se dire tout de même sur les voyages, les retours à Paris, les familles, la politique, un peu. Pour des prix somme toute raisonnables, la qualité des produits est remarquable : mes haricots verts en salade sont encore croquants et vert foncé, les légumes grillés de T. sont goûtus à souhait, etc. Le chic de l'endroit et le comportement de m'as-tu-vu de certains clients m'avait fait craindre un endroit surfait mais il n'en est rien. Quand nous finissons, des rugbymen arrivent (on les reconnaît à leur carrure), des supporters, en fait. Pas de la France, évidemment. Quittons nos amis et rebroussons par la rue de Grenelle, de sorte que nous l'aurons vue intégralement. Façon de découvrir une ville, aussi : suivre une rue, un axe et voir, sentir les différents quartiers traversés, les ambiances. Arrêt à la librairie Gallimard. Dans les bacs extérieurs, T. trouve un ancien numéro de la revue Commerce dans lequel il est question de Guez de Balzac. À l'intérieur, elle me demande de lui montrer les livres d'Alain Sevestre, ce que je fais volontiers, lui en sortant cinq (que nous n'achetons pas puisque je les ai déjà tous). Près desquels nous trouvons, de chez Omnibus, les Contes de Perrault dans tous leurs états, qui semble une excellente compilation. Près de la caisse, je m'ajoute le Livre blanc de Philippe Vasset et nous voilà repartis. Jusqu'à la maison où nous posons quelques affaires avant de repartir côté Butte-aux-Cailles pour rencontrer à l'apéritif Scott Carpenter, son épouse et sa fille, en leur appartement parisien. Discussion sur colloque Mérimée, autres aspects de nos recherches, vie en pays étranger, nos expériences contrastées mais convergentes, adaptation à la vie parisienne, le sabotage de leur direction de voiture il y a vingt ans en Corse, des recherches informatisées en cours... Dînons ensuite simplement, T. et moi, au Canari, tout au bout de la rue Monge, en face de feu Le Physicien. « Les écrivains sont souvent superstitieux. Ils n'aiment pas raconter des événements épouvantables bien qu'entièrement inventés, de peur que la fiction ne finisse par rejoindre la réalité et que, par on ne sait quelle opération magique, ce qu'ils pensaient être le seul fruit de leur imagination ne se produise dans leur existence même. Les écrivains sont souvent superstitieux. Je connais même une étude universitaire très sérieuse sur ce phénomène qu'on peut appeler sens de l'avenir, prédiction ou propension inconsciente à calquer sa vie sur celle de personnages que l'on n'a forgés de toutes pièces.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 33 — j'ai moi aussi eu l'occasion d'évoquer ce livre de Pierre Bayard, bien que je ne l'aie pas lu...) Commentaires1. Le samedi 15 septembre 2007 à 08:39, par Philippe De Jonckheere : Il
existe de petits rugbymen (en général, les gros rugbymen ont du mal à
mettre la main dessus), mais je te l'accorde, il existe peu de
patineurs artistiques montés sur des chassis de déménageurs, donc tu as
sans doute raison, ceux-là étaient sans doute des rugbymen. C'est juste
que la méconnaissance de ce sport, comblée un peu trop vite par le
battage infernal de cette coupe du monde, fait que l'on pense que c'est
un sport dans lequel il n'y a que des gros, c'est vrai dans sa pratique
professionnelle un peu (beaucoup) dégoûtante, dans sa pratique amateur,
il y en a un peu de toutes les tailles. 2. Le samedi 15 septembre 2007 à 23:54, par F : pauvre Berlol, à quoi tu voudrais l'embaucher... 3. Le dimanche 16 septembre 2007 à 01:42, par Philippe De Jonckheere : Et
toi F, je pense que tu ferais un redoutable talonneur... dans une
équipe du dimanche, une équipe d'amateurs, une équipe de copains, ce
faisant, ce serait à toi que Berlol passerait le ballon à
l'introduction de la mêlée que tu t'empresserais de taper vers le fond
de la mêlée où nul doute je la couverais, le temps qu'il faut pendant
qu'on pousserait tous dans le même sens, avant que Berlol ne la
récupère, et combine, bref, ce qu'on fait tous les jours sur internet. 4. Le dimanche 16 septembre 2007 à 02:43, par Berlol : On
sera d'accord sur le rugby. L'opération commerciale en cours va
détruire tout ce qui restait de sympathique à ce sport... Comme toute
récupération commerciale ou politique, qui nécessairement
instrumentalise en réduisant au minimum utile l'objet exploité.
Vampirisme pour le fric. |
Samedi 15 septembre 2007. Mignon,
mou, kitsch, rose, plastique, voire attendrissant. Moi, je n'aurais même pas consacré deux lignes à Roger-Pol Droit... Surtout pas ces jours-ci — à peine le temps d'écouter un bout d'émission radio qu'il faut se préparer pour les rendez-vous du jour, sachant qu'il ne nous reste plus qu'aujourd'hui et demain. J'en profite pour présenter mes excuses aux amis et connaissances que je n'appelle pas ou auxquels je ne parviens pas à fixer rendez-vous. Il n'y en a pas des centaines, non plus, mais dès que les rendez-vous s'accumulent, j'ai l'impression de marchandiser et de consommer l'Autre, sans respect de sa spécificité ni sas de considération de notre relation. Alors ce sera pour une prochaine fois, on va s'écrire, se dire que c'était dommage, je ferai valoir que nous n'avions, T. et moi, que trop peu de temps à Paris, cette fois. D'ailleurs nous ne sommes allés ni au cinéma ni à aucune exposition ni rien... Quelques affaires qui peuvent rester en France dans un sac et nous partons à Choisy-le-Roi pour déjeuner en famille. C'est maintenant comme si ma sœur cadette nous recevait chez elle. Elle refait l'appartement familial et notre mère, plus souvent à la campagne qu'en région parisienne, ne retrouve plus ses plats. Jeu de générations, qui chez nous se passe plutôt bien. La première sœur est maintenant à Lyon, moi au Japon. Il devient de plus en plus difficile de se voir tous ensemble. Mais c'est normal. En revanche, je suis plus inquiet pour notre grand-mère qui a perdu son chien il y a deux ans. Elle s'ennuie. Elle en voudrait un autre. On le lui refuse jusqu'à maintenant au prétexte qu'après sa mort (celle de ma grand-mère), on se retrouverait avec le chien sur les bras. Je proteste mais suis à l'évidence mal placé puisque ce n'est de toute façon pas moi qui m'en occuperai... Brèves courses rue Mouffetard. Puis Pyramides (et re rive droite, que de folies !), rue des Petits-Champs, chez Kioko, Alimentation japonaise, où Titine et sa fille J. nous rejoignent. T. conseille et prépare en même temps pour le dernier dîner, qui sera japonais. Au restaurant Taishoken, puisque nous passons devant, T. signale un passage de L'Élégance du hérisson, quand M. Ozu invite sa concierge à manger une soupe de nouille et des gyozas. J'ajoute qu'une affiche du film Tampopo serait aussi du meilleur effet... Marche tranquille jusqu'au Louvre, traversée du Pont des Arts, envahi d'avachis buveurs bien sapés. Des qui-s'y-croivent, comme on disait... Même pas des qui-se-la-pètent, ce n'est pas le lieu, mais qui croient du dernier chic mondial de squatter la passerelle dans le couchant en picolant une bouteille de vin rouge. Sans doute des Américains, dira Alain. Car c'est bien à la rencontre improbable et merveilleuse de T. et d'Alain Sevestre que je participe au Mazarin. Le JLR l'avait eu comme lecteur, commentateur virtuel qui franchit ensuite la barrière du réel en m'envoyant un livre, qui me plut et m'incita à en lire d'autres, citer et commenter, jusqu'à se voir, un jour, près de l'Odéon, timidement. Mais ce qu'on attend de la littérature n'a rien à voir avec la réalité des personnes qui écrivent. Et plus l'on est exigeant avec le style, moins on est capable d'apprécier que l'auteur soit n'importe qui, un(e) beauf, un dragueur, un vieux beau, un suffisant, ou leur version au féminin, un(e) hystérique, etc. Et si la personne déçoit, sa littérature déchoit — en tout cas, pour moi, c'est comme ça que ça se passe. Et la réciproque, ce que c'est pour lui de me rencontrer, ce n'est pas à moi d'en parler. Mais rencontrer T., c'est aussi rencontrer un personnage du JLR et traverser l'illusion d'un miroir textuel. Au vin, nous avons brisé la glace avant de dîner, beaucoup parlé de littérature, un peu de blog, puis beaucoup de Japon, notamment de la difficulté de cerner par l'exemple le champ lexical du kawai — beau, brillant, mignon, mou, kitsch, rose, plastique, voire attendrissant à contre-emploi, comme on peut parfois dire d'un sumo ou d'un vieillard. « Sur la piste de ce que je viens faire ici, sur ou dans votre blog, aujourd'hui, dimanche, après avoir voté comme vous (non mais !) arrivèrent quelques raisons douteuses, évidemment. Ne nourrissant nul journal de mon côté, je me disais depuis plusieurs jours allons écrire ce que je fais ou ne fais pas ici, c'est un bon endroit, digne, chaleureux, plein d'intelligence partagée. Chaque jour, je serais venu parasiter ces pages, comme un sous-blog qui, avec les semaines (je m'en exagérais tout de suite l'impact), aurait épaissi, gangréné l'ensemble. Bon, je ne sais pas. Le temps me manquerait. Je vais continuer de lire et de vérifier vos scores au ping-pong, pour le moment. Bon dimanche » (commentaire signé « Alain », le 29 mai 2005) Commentaires1. Le dimanche 16 septembre 2007 à 01:01, par brigetoun : intimidée par la rencontre, par une idée de la conversation et par le Japon, j'ai tout de même flashé sur l'image des buveurs qui se la racontent sur le pont des Arts, et souri dans mon coin 2. Le mardi 18 septembre 2007 à 03:20, par christine : voilà
qui me console d’avoir été en vacances au moment de votre passage à
Paris : mon peu de valeur marchande en tant qu’Autre m’aurait sans
doute éliminée de la liste de tes rendez-vous !... et bien que n'étant
pas écrivain (j'imagine tous ceux que tu connais se demandant en te
lisant dans quelle catégorie ils se rangent) je suis un peu hystérique,
et assez kawai aussi parfois (je suis d'ailleurs ravie d'apprendre
qu'on peut qualifier un sumo de kawai) |
Dimanche 16 septembre 2007. Les
honorer et les remercier, encore une fois. Grasse matinée préventive (qui n'empêche pas T. d'avoir un début de rhume) et rangement. Déjeuner avec mon père à L'Atlas (couscous, tagine, etc.), restaurant mitoyen de la Tour d'argent. Temps idéal pour promenade le long de la Seine, sur les berges. Beaucoup de monde, beaucoup de vélib, beaucoup de bronzeurs. Raccompagnons mon père à sa voiture vers 16 heures. Jamais mis autant de temps pour traverser le pont Sully ! Mon père a une tendinite au talon, marche lentement, se gare toujours sur le quai Henri IV. On en profite pour admirer le paysage... T. rentre pour se reposer et préparer le dîner, tandis que j'ai rendez-vous à la fontaine Saint-Michel avec Bikun, auquel se sont joint Anne et Dom. Reformons un carré comme à Tokyo il y a six ou sept ans... Mais seulement jusqu'à 19 heures, après avoir mangé des boules de glace et marché jusqu'au Luxembourg. Il faudrait du temps, on en voudrait, on n'en a pas. Dîner japonais et quasi végétarien chez nos hôtes. Pour les honorer et les remercier, encore une fois. Pâte de poisson, tofu, algues, fines nouilles de blé, etc., tout fait l'unanimité, sauf le natto, qui par nature divise. Le poids de chaque valise voisine les 25 kilos. Faut qu'on en mette plus dans les bagages en cabine. Et que ça reste portable... Ça nous fait coucher bien après minuit — notre dernière nuit à Paris. On se serre. On ne pleure pas. « Faites un exercice. Quand vous êtes sûr que c'est la dernière fois que vous voyez quelqu'un, prononcez, non comme une injonction mais comme un constat, cette phrase dans votre tête : je ne le reverrai jamais.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 43) Commentaires1. Le lundi 17 septembre 2007 à 22:11, par alain : Hier,
accès aux commentaires fermé ! Je voulais dire que j'étais au
Luxembourg également, vers dix onze heures du matin, entre les tennis
et les tables d'échec (prises d'assaut (vers 11 h 30) par de chics
couples qui dressaient le couvert pour d'élégants déjeuners), et
qu'assis j'ai suivi les cours de taï-chi : un groupe nombreux à la
chorégraphie chancelante, deux types sur le côté qui bossaient les
atémis et suaient et une dame seule qui répétaient de petits pas sur
place. Apparemment donc, plusieurs écoles de taï-chi au milieu des
coureurs, des poussettes et d'une file de gens chics aussi s'allongeant
devant le restau du Luxembourg. Mais bon, je le dirai une autre fois. 2. Le mardi 18 septembre 2007 à 00:19, par Berlol : Eh, oui, pardon ! J'avais fermé pour le voyage. Des fois que j'en reviendrai pas... Mais c'est bon, on est arrivé. À l'autre bout de la terre. 3. Le mardi 18 septembre 2007 à 06:22, par Manu : Okaeri ! 4. Le mardi 18 septembre 2007 à 07:55, par Berlol : Oui, surtout si tu veux du beau temps... Je m'en amuse et c'est sans doute un hasard, une suite de coïncidences, mais cette année, le mauvais temps virait au beau avant notre arrivée quelque part et redevenait mauvais après notre départ. Avant hier, on s'inquiétait justement de ta maison, avec Anne, Dom et Bikun... Dis-moi quand tu as du temps libre cette semaine. 5. Le mercredi 19 septembre 2007 à 08:13, par Manu : On déménage ce week-end et on est en plein dans les cartons, donc plutôt après. 6. Le mercredi 19 septembre 2007 à 08:26, par Berlol : Okkay !! Attention au tour de reins... Mais après, ce sera comme avant, pour moi : SDL seulement. |
Lundi 17 septembre 2007. Ne meurt
pas si tôt que le cheminot. Taxi à 7h15. Je pensais qu'il fallait ça pour éviter les bouchons. Mais on est passé avant même qu'ils ne naissent. Roissy à 8 heures. Visitons le terminal 2F, prenons un café, achetons quelques revues (Technikart du mois avec article sur Volodine). Enregistrement des bagages vers 9h45. Contrôle des passeports et scanners vers 10 heures. Ça passe assez vite du fait de contrôles sans fouille. On retire les ceintures mais pas les chaussures. Boutiques duty-free (dépenser peu, quelques chocolats). Embarquement par escalier et bus, comme au retour d'Orléans. Dans l'avion, journaux et cinéma. En page 2 du Canard enchaîné du 12, ces propos, sous le titre "Le plus c... du Quai", qui me remettent dans le bain et amuseront assurément quelques amis : « À propos du mouvement diplomatique qui est en préparation depuis des semaines [...] Plus pittoresque : quand il a été question, lors d'un Conseil des ministres, de nommer ambassadeur à Berlin Bernard de Faubournet de Montferrand, un ancien conseiller diplomatique de Balladur, Sarko s'est écrié : "Vous n'avez pas pu trouver plus con ?" Apparemment...» Trois des films disponibles. Le Prix à payer (A. Leclère, 2007), très moyen. Lanvin s'enferme dans l'éternelle brute épaisse. Nathalie Baye se débrouille (contrepèterie). Dialogue avec mon jardinier (J. Becker, 2007), excellent film, avec une superbe composition d'acteurs, surtout Jean-Pierre Darroussin. Derrière leur intrigue de façade, ces deux films mettent en scène une forme de communication entre classe bourgeoise et classe ouvrière. Le premier de façon grossière et désordonnée, qui ne mène nulle part ; le second d'une manière fine, intelligente et taillée pour une longue carrière. En effet, Dialogue avec mon jardinier s'inscrit hors du temps présent et laisse apparaître qu'un homme cultivé, bien nourri et dont le métier n'est pas trop fatigant ne meurt pas si tôt que le cheminot qui a eu un métier de force pendant une trentaine d'année — même si son régime spécial de retraite lui permet de jardiner à sa guise... (Amusant de voir comme l'éternel s'incarne parfois dans l'ultra-contemporain.) Pur Week-end (O. Doran, 2007), amusant, sans autre commentaire. Commentaires1. Le mardi 18 septembre 2007 à 20:27, par Dabichan : Nathalie Baye se débrouille ? 2. Le mardi 18 septembre 2007 à 22:59, par Berlol : Nice try !... 3. Le mardi 18 septembre 2007 à 23:27, par Dabichan : Are ! Okashii na ! |
Mardi 18 septembre 2007. De
l'essence de la chefferie. Atterrissage comme prévu à 6h40 (avec trois doubles consonnes, un cas unique). Humidité sensible au sortir de l'avion, c'est le Japon. Ça pourrait être la Thaïlande ou Bali, mais c'est le Japon, et ça veut dire retour au boulot. Au contrôle de la douane, le dernier avant de sortir, on doit remettre un nouveau papier, distribué et rempli dans l'avion, et destiné à comptabiliser les produits contrôlés : tabac, alcool, etc. On a mis des zéros partout. Dans les neuf dix heures du matin, déballant et faisant tourner une machine de linge pendant qu'on tient encore debout, je mets tout de suite en route le Total Recorder, en commençant par les Mardis littéraires du 28 août, notamment — essentiellement, devrais-je dire — avec Antoine Volodine. Intéressant Travaux publics du 14 septembre avec Patrick Bazin, de la Bibliothèque municipale de Lyon (avec les défauts inhérents à l'émission et à son sémillant présentateur). Puis série sur l'autofiction dans les Nouveaux chemins de la connaissance, début septembre. Et puis... reprise de Ce soir ou Jamais, pile hier soir ! Frédéric Taddeï savait très bien que je ne pouvais pas être en France et voir son émission... On y parle de chef, de l'essence de la chefferie, avec Régis Debray, grand balanceur sur sa chaise conceptuelle, de Villepin qui radote son Napoléon tandis que Winock n'en pince que pour Clémenceau... Ça commence bien. Je finirai demain, déjà le dîner m'appelle (nous avons sauté le déjeuner en dormant). Une belle Fille comme moi (Truffaut, 1972), film que je n'avais jamais vu, sur TV5 Monde. Quelle liberté de ton ! Quelle originalité de tournage ! Au fait, vous ne trouvez pas que Marie Drucker ressemble étonnamment à Bernadette Laffont ? En moins garce, bien sûr. « En répondant aux questions du Mini Mental State pour mesurer l'état de vos performances intellectuelles, vous perdez vos moyens, vous transpirez, vous confondez, vous ne savez plus compter. Vous avez une peur panique de vous tromper.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 55) Commentaires1. Le mardi 18 septembre 2007 à 22:51, par Caroline : C'est, en effet, un excellent film, injustement méconnu. 2. Le mercredi 19 septembre 2007 à 02:11, par brigetoun : oh oui !pour le Truffaut. Je le reverrai bien. 3. Le mercredi 19 septembre 2007 à 04:13, par Berlol : Faudra que j'essaie le Lebrun pour frotter les meubles ! Mais... je n'ferai pas ça tous les jours ! 4. Le mercredi 19 septembre 2007 à 09:22, par m sonnet : Seul Truffaut que je n'ai jamais vu, et je me demande où il faut aller pour le voir |
Mercredi 19
septembre 2007. Jamais à la cheville de celles d'ici. Me suis rappelé d'une belle expression entendue samedi dans la bouche de mon beau-père et concernant, comme une épidémie, la frénésie consumériste : la fièvre acheteuse. Quand on fait trop chauffer la carte bleue, je suppose... Mais on n'a rien dit sur la cure. Je découvre ce matin que l'expression est déjà assez répandue, et prise en compte. Mes honorables lecteurs la connaissaient-ils ? Rangements, transferts informatiques, courriers... Une reprise en main, quoi. Ce n'est plus vraiment l'été mais il fait quand même bien plus chaud et humide qu'à Paris. On s'habille comme en juillet. On mettra la clim' dans l'après-midi. Déjeuner au Saint-Martin. Pendant que nous étions en Normandie et en Bretagne, Yukie était en Tunisie. Conséquemment, elle est aussi, voire plus bronzée que nous. Ce qui ne change rien à l'excellence — indétrônable — du poulet-frites du Saint-Martin. Si je me souviens bien, j'ai pris quatre fois des frites en un mois, sans compter les molles et collées de Cerisy, la dernière étant au Café de l'Esplanade, et elles n'arrivaient jamais à la cheville de celles d'ici... Quel mystère se cache là-dessous ? Enregistrement de 1966 et de la série des Nouveaux chemins de la connaissance sur la pornographie. Message reçu tout à l'heure, de Daniel Schneidermann, via liste constituée après pétition de soutien à Arrêt sur images et que je rediffuse parce que j'aime parler des médias qui « détestent parler des dérapages des médias » et pour que ceux qui le souhaitent y adhèrent : « Le saviez-vous ? Deux anciens dirigeants de TF1, Patrick Le Lay et Etienne Mougeotte, comparaîtront bientôt devant le tribunal correctionnel d'Alès (Gard), pour violation et recel du secret de l'instruction. Le Droit de savoir (TF1) avait filmé, et diffusé, les aveux d'assassins présumés, devant les gendarmes. Même TF1 ne peut pas tout se permettre ! Le saviez-vous ? La direction de l'AFP a dû modifier un titre de dépêche sur pression du cabinet de Xavier Darcos, ministre de l'Education. Il s'était un peu trop avancé sur une éventuelle réforme du bac ? Qu'à cela ne tienne, l'AFP change son titre. Le saviez-vous ? Non. Vous ne le saviez pas, parce que les medias détestent parler des dérapages des medias. Voilà pourquoi nous avons décidé de recréer Arrêt sur images sur le Net : pour que vous sachiez comment les medias vous informent... ou ne vous informent pas. D'ores et déjà, notre site provisoire vous attend (http://arretsurimages.net). Et pour que nous puissions enquêter en toute indépendance, notre première source de financement, ce sera... vous. En cinq jours, vous avez déjà été plus de 10 000 à vous abonner. Si ce n'est pas encore fait, abonnez-vous dès aujourd'hui (sur http://arretsurimages.net/abonnement). Plus vous serez nombreux, plus vous nous permettrez de construire un site définitif, indépendant et complet. Egalement au sommaire de cette première semaine de notre site provisoire : Pourquoi dit-on « on a gagné », mais « ils ont perdu » ? Sebastien Bohler vous l'explique. Les 20 Heures de TF1 et France 2 ont prêté (sans complexe) leur antenne au déménagement médiatique (sans complexe) de la ministre Christine Boutin à Lyon. Si vous les avez ratés, ne manquez pas le montage - rattrapage d'Aurélie Windels. Enfin, Elisabeth Lévy fâche (déjà) quelques uns de nos premiers abonnés en écornant l'icône Jacques Martin.» Commentaires1. Le mercredi 19 septembre 2007 à 14:09, par jenbamin : en rien honorable, mais oui, connais l'expression, et hélas trop bien la maladie qu'elle désigne... 2. Le jeudi 20 septembre 2007 à 01:32, par janu : Je
crois aussi que je la connaissais l'expression, même si je ne suis plus
tout à fait sûr de ne pas confondre avec la fièvre aphteuse - laquelle
des deux a pu faire florès la première dans les médias, y a-t-il eu
contamination ? 3. Le jeudi 20 septembre 2007 à 04:20, par Berlol : Raphaël Enthoven ? Il n'est pas désagréable à écouter. Il est vrai qu'il s'exprime avec préciosité et qu'il se positionne comme un philosophe. S'il ne fait pas un peu d'effort pour s'effacer (ne serait-ce qu'un peu, parce qu'il y a tout de même des invités qui méritent d'être secoués — et Iacub ne semblait pas très solidement juchée sur ses concepts, vous en conviendrez), s'il ne fait pas un eu d'efforts, donc, il fera pendant puis succédera à... Finkielkraut. 4. Le jeudi 20 septembre 2007 à 05:05, par janu : C'est exactement ça (que je lui reproche), il en prend tout droit le chemin. 5. Le jeudi 20 septembre 2007 à 05:30, par Berlol : Alors on est d'accord, entre secouer les gens et leur donner des leçons, il y a un pas que nos oreilles captent très bien. Qu'on le lui dise ! 6. Le jeudi 20 septembre 2007 à 06:41, par brigetoun : et
ce qu'il y a de bien dans la fièvre acheteuse c'est que si on veut s'en
débarrasser il existe de sympathiques gourous ou conseils ou ce qu'on
veut qui vous en délivrent, contre quelques monnaies. Les affaires
marchent. 7. Le jeudi 20 septembre 2007 à 09:42, par jenbamin : fièvre
acheteuse : il y a un an (ou quelque chose comme ça) j'avais lu un
article dans Le Monde sur les réunions de « consommateurs anonymes »
(sur le modèle des (célèbres) alcooliques...), ça m'avait bien fait
poiler... |
Jeudi 20 septembre
2007. Le trou béant dans votre histoire. Le fascisme
progresse.
Ne le voyez-vous pas venir, citoyens français ? À pas de loup mais... précisément. Le pouvoir en place parle d'e-ffi-ca-ci-té. Le Parlement, les savants ne pensent que Science, caméras, traces... Et quotas. Et délais. Ça les connaît. Oui, la génétique est efficace, nous le savons ! Mais... L'efficacité a toujours été le pied de biche avec lequel les fascistes ont fracturé la dignité humaine. Alors... Qui inventera le compteur d'indignité ? L'appareil qui grésillera sur l'humain baffoué Comme un compteur Geiger Comme de la peau qu'on incinère ? Pour faire sentir l'indignité. Et... Quand les parlementaires, ceints de toute leur efficace, vous diront... — Bientôt — Qu'il est plus sûr d'éliminer les clandestins que de les renvoyer chez eux. Que direz-vous, citoyens français ? Ou bien, c'est que vous l'avez déjà, la maladie de A. Le trou béant dans votre histoire. * * * Photos pour le colloque Mérimée. Comment faire la mise en ligne — il y en a près de 150 — sans y passer des dizaines d'heures ? J'essaie une page html classique, avec un grand tableau à plein de cases. Mais le chargement des photos d'environ 2,2 Mo chacune prendrait des heures... J'en reviens à la galerie photo que propose mon fournisseur, en php, mais qui n'accepte pas de photos de plus de 2048 Kb. Il faut donc les réduire une par une ? Ah, voilà un logiciel qui automatise l'opération pour une sélection de photos. Bon, on approche. Restera à télécharger sur le serveur, trois par trois, je n'ai pas le choix, et mettre des descriptifs. On verra demain si je peux finir... Projection de presse à l'Institut : Ne touchez pas la hache (Jacques Rivette, 2007), que j'écrivais, encore plus proche de moi, touche pas la hache.... Plongée merveilleuse dans le XIXe siècle. Je ne croyais guère à la reconstitution historique, à l'adaptation d'un énième Balzac, ni à Guillaume Depardieu. En moins d'un quart d'heure, j'ai été aspiré en 1818, scotché par ce choc d'un survivant de l'Empire contre les manières Restauration, autre avatar du survivant qui n'a plus sa place, comme l'était le colonel Chabert. La puissance de la reconstitution provient de la façon dont les comédiens habitent le décor autant que leur rôle. Les cartons, les dialogues, les lumières, toute la mise en scène renforce l'incarnation. Sortant de la salle mais pas encore du film, j'aperçois, dans la médiathèque, Christine — qui n'est pas sans faire penser à Jeanne Balibar... Nouvelles bonnes et nombreuses. Sur une future naissance. Sur l'exposition Antonin Raymond qu'elle préparait depuis plusieurs années et qui a commencée à Kamakura. La Gloire de mon père, sur TV5 Monde. La première fois que T. et moi regardons un film en direct sur TV5 par l'écran de l'ordinateur... Film agréable, amusant, mais sans plus. On alors, c'est qu'on est fatigué. _______________ « Ce fut, dit-il, l'un des plus grands chagrins de sa vie. Honoré de Balzac était tombé amoureux de la marquise de Castries, qui recevait amis et hommes de lettres dans son hôtel du faubourg Saint-Germain. Abusé par les faveurs que lui accordait cette allumeuse, Balzac se vit un jour brutalement opposer "une froideur inouïe", et en fut mortifié. Consolé dans les bras de Mme Hanska, il dépeignit sa "cruelle aventure" dans une nouvelle, Ne touchez pas à la hache, qui se transforma en un récit, La Duchesse de Langeais. Et qui fut déjà adapté au cinéma en 1941, par Jacques de Baroncelli, avec Edwige Feuillère et Pierre Richard-Willm. Décidé à "transposer en termes cinématographiques l'écriture de Balzac : longues phrases coupées par des incidentes, changements de vitesse surprenants, façon de dire presque en passant les choses les importantes", Jacques Rivette filme ici, fidèle donc à l'esprit mais aussi à la lettre, l'histoire de ce drame passionnel en quatre actes. 1. Mariée à un duc invisible, Antoinette de Langeais attire le général de Montriveau dans ses filets de sainte-nitouche, attise son désir par des regards expressifs, câlineries de voix, gestes de coquette, tout en prétextant la bienséance mondaine pour se refuser à lui. 2. Rendu fou par ses dérobades, Montriveau kidnappe la duchesse au sortir d'un bal, la séquestre et menace de la marquer au fer rouge pour la punir, puis la libère sans passer à l'acte. 3. Emue d'être épargnée, la duchesse s'avoue éprise et prête à se déshonorer, mais c'est l'officier qui la snobe, persuadé qu'elle continue à l'ensorceler, pour ne rien lui céder. 4. Après s'être heurtée à la porte close de son virtuel amant, Antoinette de Langeais se cloître dans un carmel d'où Montriveau, repentant, va tenter de l'arracher... Entre Rivette et Balzac, c'est une vieille histoire. Le goût des sociétés secrètes et des ténébreuses affaires, chez le cinéaste, que l'on trouve dès son premier film, Paris nous appartient (1960), que l'on repère ensuite dans Out One (1971), Le Pont du Nord (1982), Secret défense (1998), explique sa fascination pour l'Histoire des Treize tissée par le romancier, dont La Duchesse de Langeais est l'un des trois volets. Après ces sous-entendus de connivence avec les conspirations visant à abattre le pouvoir, celle par laquelle les insurgés napoléoniens de La Comédie humaine menacent l'aristocratie de la Restauration, celle des gauchistes de Mai 68 dans Out One, Jacques Rivette aura adapté Le Chef-d'oeuvre inconnu, où le peintre Frenhofer dénude son modèle, dans La Belle Noiseuse (1991). L'ALCHIMIE DES PLANCHES Ce constat machiavélique d'une déclaration qui, par deux fois (l'une venant d'elle, l'autre de lui) arrive trop tard, nous ramène à la manière dont Jacques Rivette a souvent dépeint le couple : un homme et une femme se livrant à un jeu dangereux, une guerre fatale, entre fausses vérités et faux mensonges, dont ils sont à tour de rôle la victime et le démiurge, et qui, lorsque l'énigme livre sa clé, se termine par la mort de l'héroïne, condamnée à ne plus être qu'un fantôme, ou ici "un poème". A la fois innocente et perverse, magicienne et prisonnière, manipulatrice et sadisée, "victime et tyran", comme l'écrit Balzac dans un autre récit, La Femme de trente ans, les héroïnes de Rivette (chastes, libertines, métamorphosées ou emprisonnées, comme Suzanne Simonin, la religieuse de Denis Diderot, en 1966) sont condamnées, quoi qu'elles fassent, à "une égale somme de malheurs". Connaissant le goût du cinéaste pour l'alchimie des planches, l'exploration du rapport entre comédiennes et metteur en scène, on ne s'étonnera pas de le voir choisir un texte fertile en coups de théâtre : l'horloge déréglée provoquant le rendez-vous raté, le rideau noir du couvent se refermant brutalement sur la religieuse entrevue. Autant d'objets qui illustrent une censure à la sauvagerie de la pulsion (qu'il s'agisse de la fougue du soudard comme de l'élan de la femme mal mariée, prise à son propre piège, torturée par un sentiment jusqu'alors inconnu pour elle), et auxquels il faut ajouter cette hache à double sens. L'IMBROGLIO OBSCUR Via l'allusion à la décapitation du roi d'Angleterre Charles Ier en 1649, cet instrument barbare souligne en effet l'allégorie politique qui permet à Balzac de fustiger des valeurs désuètes et à Rivette de rejeter un ordre trop pesant. Mais il fait aussi allusion à la torture infligée par Antoinette de Langeais à son soupirant, auquel elle a fait perdre la tête : "Vous avez touché à la hache", chuchote Montriveau, en suggérant qu'elle risque fort de subir à son tour un châtiment corporel. Ne touchez pas la hache est un film brûlant sur l'amour douloureux, la passion qui aliène. La mise en scène de Jacques Rivette est le plaisir de filmer des corps, celui de l'homme blessé ou celui de la femme captive, des enveloppes charnelles dévoilant l'invisible, l'art du masque et le révélateur de vérité, la façon dont le personnage s'arrange avec son propre scénario, son propre mystère ; et la façon dont l'acteur trouve le ton juste, loin des emphases, décors et costumes hollywoodiens, pour suggérer l'imbroglio obscur, la coïncidence entre ce qu'il est censé interpréter et ce qui lui appartient. La fragilité maquillée en provocations vaniteuses chez Jeanne Balibar, le douloureux vécu d'un obsessionnel empoté, claudiquant, chez Guillaume Depardieu.» (Jean-Luc Douin, dans Le Monde du 28 mars 2007) Commentaires1. Le jeudi 20 septembre 2007 à 13:53, par scott : Ils
sont beaux, ces vers terrifiants. Et justes. Mais les Français ne
s'inspirent pas seulement de leur passé -- ils ont un modèle plus
contemporain outre-Atlantique. La mode est à l'égoïsme. 2. Le jeudi 20 septembre 2007 à 15:18, par Berlol : Oui, tu as raison. C'est peut-être en voyant la série "24 Heures", il y a quelques temps, que je me suis rendu compte de l'influence actuelle de ce modèle... En dehors de la scène politique, bien sûr. 3. Le jeudi 20 septembre 2007 à 22:22, par Caroline : Merci de ce texte. Peut-être est-ce le fait de voir la situation de si loin qui rend si lucide. Ici, silence absolu. Silence assourdissant. 4. Le vendredi 21 septembre 2007 à 06:28, par brigetoun : pas
exactement la même catégorie les deux films. Le second ferait presque
partie des "divertissements" ayant l'effet secondaire mais non
négligeable d'endormir les éventuelles colères dans une gentillesse
benoite. 5. Le jeudi 27 septembre 2007 à 04:54, par jenbamin : Ca
fait maintenant une semaine que j'hésite à écrire un commentaire pour
ce billet. Je crois la question horriblement difficile. D'un point de
vue « pragmatique » d'efficacité dans le combat d'idées, je sais que
j'étais opposé, pendant la campagne, à ceux qui croyait bon de clamer «
sarko = facho ». Ce qui ne m'empêchait pas, à l'occasion, de crier,
tout seul chez moi devant ma radio, « fasciiiiiste ! », quand
j'entendais tel ou tel de ces propos honteux dont il avait le secret...
Si je devais en parler sérieusement avec des amis, j'expliquais grosso
modo que je pensais que Sarkozy était un républicain, pas un fasciste,
mais que d'une part il n'hésitait pas à récupérer des éléments d'un
discours pour le coup authentiquement fasciste (celui du FN), et que
d'autre part il était porteur, à la fois explicitement et
implicitement, d'une idéologie que je qualifiais de « pré-fasciste ».
(Ou peut-être pourrait-on utiliser le mot d'« archi-fascisme », que
Lacoue-Labarthe définit et emploie au sujet de la pensée de Heidegger.) 6. Le jeudi 27 septembre 2007 à 05:37, par Berlol : Comme quoi, il faut laisser chacun s'exprimer à son rythme. Une semaine après, il n'est pas trop tard, et votre préoccupation m'honore. Je crois que nous sommes nombreux à ressentir cette montée, et avec d'autant plus d'inquiétude que nous ne nous voulons pas habituellement alarmistes ou cassandresques. Donc, nous le disons d'une petite voix, pas très sûre d'elle-même, d'une petite voix qui souhaite encore quelque part que Sarkozy soit un vrai républicain — alors qu'à l'intérieur de nous, c'est une grosse voix qui gronde le danger. La perspective de la rigueur budgétaire devrait bientôt nous éclairer sur la réalité de l'ouverture ou le début des tours de vis (ou de vice). 7. Le jeudi 27 septembre 2007 à 11:54, par jenbamin : Mon
inquiétude serait surtout celle-ci : qu'il ne s'agit pas seulement d'un
individu, juste un petit con ambitieux nommé Nicolas Sarkozy. Qu'il
s'agit de quelque chose assez répandu au sein de l'UMP. Qu'il s'agit de
quelque chose très répandu dans toute la société. Évidemment, la
responsabilité de l'individu Nicolas Sarkozy est écrasante, c'est lui
qui dicte la politique effectivement mise en œuvre ; mais même lui ne
pourrait rien faire si son idéologie n'avait aucun écho dans l'opinion.
Et que ladite opinion soit elle-même construite et ne relève pas d'une
quelconque transcendance absolue (ou immanence absolue : c'est la même
chose), immuable, c'est là une évidence et c'est pourquoi il faut
continuer à se battre, y compris sur le terrain des idées. |
Vendredi 21 septembre 2007.
Critères QROQ. D'aujourd'hui, peu à dire, sinon que j'ai sorti mon vélo pour aller à la banque et faire des courses dans la matinée, que j'ai fini d'enregistrer les émissions du programme d'été de France Culture sur les années 60, puis deux Tout Arrive, l'un avec Richard Morgiève, l'autre avec Olivia Rosenthal, et qu'enfin nous sommes sortis en fin d'après-midi, essentiellement pour marcher, prenant prétexte de pain et de confitures à acheter chez Meidi-Ya pour prendre le métro jusqu'à Ginza-Itchome et en revenir à pied, non sans nous arrêter vers 19 heures dans un excellent restaurant régional de tonkatsu. Pour la quantité et la qualité, j'aurais sans doute payé pour nous deux entre 50 et 60 euros à Paris. Or la facture de ce soir ne s'élevait qu'à un peu plus de 3000 yens, soit l'équivalent de 20 euros. J'ai souvent fait cette comparaison entre restaurants en France et au Japon, avec ce qu'on pourrait appeler le carré de critères QROQ : qualité, régionalité, originalité, quantité — et non pour les mêmes plats puisque les différences de lieu, de culture et de disponibilité de produits ne permettent pas d'équivalence. Or depuis deux ans les résultats sont systématiquement à l'avantage du Japon : un même QROQ est moins onéreux au Japon qu'en France. Ce qui signifie aussi que des Français qui viendraient maintenant faire du tourisme au Japon seraient doublement avantagés : d'abord par le change, l'euro s'étant apprécié de plus de 25 % en deux ans, ensuite par le QROQ à peu près à moitié prix. Reste encore l'avion et l'hôtel... « Je vais faire la liste de toutes les maladies qui portent le nom d'un médecin : la maladie de Parkinson, la maladie de Creutzfeldt-Jakob, la maladie d'Alzheimer, la maladie de Hailey-Hailey [...] Il y a trop de maladies, beaucoup trop. Et il y a aussi trop de médecins. S'il y avait moins de médecins, certaines maladies ne porteraient pas de nom. On ne les connaîtrait pas. Elles flotteraient dans l'univers vague des maladies non identifiées et on pourrait ainsi être sûr de ne pas en être atteint. Alors que tous ces noms et toutes ces maladies et tous ces symptômes sont constamment autour de nous et nous menacent. Nous sommes menacés par les maladies et notre résignation est entamée, à un moment ou à un autre, par une peur sourde dont rien ne peut nous affranchir. Nous avons peur.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 61) « L'histoire des enfants, ça c'est aussi un élément important, je pense, qui est un peu humoristique mais je ne suis pas sûre que les gens l'entendent complètement. Mais il y a aussi une affirmation là-dessus, sur le jamais ou le toujours, j'ai des enfants, je n'aurai pas d'enfants, pourquoi est-ce que vous avez des enfants ?... Donc c'est vrai que j'ai voulu un peu déplacer les questions. Parce que d'habitude, on demande toujours aux gens pourquoi ils n'ont pas d'enfants quand ils n'en ont pas, parce que, voilà, c'est dans la nature des choses d'en avoir. Moi, je me suis dit que peut-être que la question qu'on devait aussi poser c'était pourquoi vous avez des enfants, donc. Et je pense qu'en déplaçant cette question, on va voir apparaître d'autres choses, sur la question de la transmission, de l'hérédité, qui ne sont pas celles qu'on a l'habitude de voir. Je pense que c'est aussi important que les livres posent des mauvaises questions, des questions qu'on ne voudrait pas entendre. Je pense que dans ce livre, je pose un certain nombre de questions que peut-être on ne voudrait pas entendre, mais moi, ça m'amuse de les poser et de donner des réponses complètement farfelues, mais bon, ça... » (Olivia Rosenthal dans Tout arrive du 10 septembre 2007) Commentaires1. Le samedi 22 septembre 2007 à 02:58, par patapon : Pas mal, le QROQ, je dirais même plus : fort pertinent!… J’ai moi-même eu l’occasion de vérifier. En tout cas, l’époque du Japon- pays-où-tout-est-plus-cher-qu’ailleurs, est révolue (jusqu’à la prochaine chute de l’euro...). 2. Le samedi 22 septembre 2007 à 03:59, par Berlol : Faut-il la souhaiter, d'ailleurs, cette chute ? Les économistes sont un peu comme les médecins de Molière, jamais d'accord... 3. Le samedi 22 septembre 2007 à 04:57, par vinteix : Salut Berlol ! "Hisashiburi" ! 4. Le dimanche 23 septembre 2007 à 08:56, par Berlol : Hisashiburi,
comme tu dis ! Ça faisait un bail ! Écoute, je te promets que la
prochaine fois qu'on ira à Beppu, je ferai tout ce qui sera possible
pour passer te voir à Fukuoka et que tu nous montres ça de près ! On
verra si le QROQ de Kyushu est meilleur que le QROQ de Honshu... |
Samedi 22 septembre 2007. Je suis
à la tête d'un État qui... « Je suis à la tête d'un État qui [...] Je suis à la tête d'un État qui [...] » — François Fillon en Corse l'a répété hier au moins trois fois. Les journalistes se sont intéressés à l'expression « en faillite » qui suivait l'une de ces anaphores. Mais Fillon n'est pas à la tête de l'État ! Que celui qui est chef d'un gouvernement, nommé par le Chef de l'État, se prenne pour le chef de l'État lui-même. C'est un lapsus étrange — calificatif, même. Ça ronronnait un peu, là, les premières émissions de Ce soir ou Jamais. Agréables, mais du convenu, finalement. Tout s'émousse, me disais-je hier... Mais la troisième ! (Celle du 19 septembre) Ah, superbe ! À voir toutes affaires cessantes ! Pourtant, ça commence mal, un extrait ridicule de François Hollande à La Rochelle pour entamer sur l'histoire révolutionnaire, puis un entretien lèchebottesque avec Christine Albanel (où est-ce que je pourrai faire ma com ?, avait-elle dû se dire quelques jours auparavant, bah tiens, chez Taddeï, service public oblige...). Et dans le débat qui suit, le piège, sans doute involontaire, qui consiste à demander à des politiques d'aujourd'hui ce qu'ils pensent du Che Guevara (comme Clémentine Autain et Xavier Renou). Oui, bon, le Che, une icône, une idée de révolte, un logo, presque une marque de fabrique, quoi ! Et puis la réalité de ce que fut le petit boucher, rétablie par Jacobo Machover (dommage que Patrick Deville ne soit pas là). Le débat est intéressant une bonne demi-heure mais finit par s'enliser quand les pro-altermondialisme ne veulent pas accepter la critique des égarements révolutionnaires (sous prétexte que quand on lutte contre de grands méchants oppresseurs il peut bien y avoir quelques bavures, et même quelques amis collatéralement torturés et fusillés). Et puis ils reconnaissent du bout des lèvres, ici et maintenant. Bien sûr, on leur fait remarquer qu'on ne les a pas entendu dire cela ailleurs, dans leurs tribunes habituelles. Alors l'erreur majeure, Xavier Renou tente une échappée, suivi par Clémentine Autain : invoquer un changement de génération. Les deux vieux, là (Jacobo Machover et Philippe Raynaud, donc), qui nous parlez de luttes anciennes, vous retardez, vous êtes complètement has been, laissez tomber vos vieilleries et regardez nos belles luttes d'aujourd'hui (et qui peuvent l'être, en effet, là n'est pas la question). Et par là-dessus la douche froide de Camille de Toledo, tel une Marguerite Duras, douce et lente, qui mettrait les pieds dans le plat de ron-ron contestataire bien médiatique, et qui dit, en prime gratuite, tout le bien qu'il pense de L'Édition sans éditeur d'André Schiffrin et tout le mal qu'il pense, pendant qu'on y est, de la ministre de la Culture (dont les apéritives platitudes m'avaient énervé)... Oh, oui, il faut voir et écouter cela ! C'est ça, la rentrée ! Plus tard, à l'Institut franco-japonais, dans une salle assez remplie pour voir Love Streams (Cassavetes, 1984), cette chaleureuse coulée d'êtres malformés pour le bonheur, qui se débattent dans des conditions de luxe mais irrémédiablement tordues par le manque d'amour, qui usent et abusent de libertés dont ils ne voient pas le prix dans une Amérique aveugle. Cassavetes se permet tout : ne pas présenter ses personnages, ne pas motiver son montage, une hilarante ellipse de voyage en Europe, des tas de plans fixes pour du temps qui passe, des scènes oniriques réalistes et même une fièvre acheteuse d'animaux juste avant la tempête. Et tout lui réussit car même quand on ne voudrait vivre comme ça pour rien au monde, on finit par comprendre et aimer ces errants qui nous ressemblent tant. T. est allée au sport, revenue mais pas à la maison, m'appelle pour la rejoindre prendre un dessert au Cozy Corner d'Iidabashi avec notre ami culturiste. J'emporte l'ordinateur portable pour leur faire tourner un diaporama Corse, Normandie et Bretagne que T. commente pendant que je m'enfile un parfait banane chocolat. Ce qui nous retardera le dîner. Peu importe. « Toute la journée je suis enfermé avec des gens complètement idiots qui ne comprennent rien à ce que j'essaye de leur dire toute la journée à me démener pour sortir de là toute la journée entouré d'incultes qui me demandent de participer je suis plus à l'école dites le nom d'une fleur je suis plus un enfant et aussi le nom d'un fromage et aussi le nom d'un monument camembert c'est pas le nom d'un monument et d'une couleur camembert c'est pas le nom d'une couleur rouge c'est bien et le nom d'une pâtisserie train ce n'est pas le nom d'une pâtisserie train faites encore un effort vous allez trouver paris-brest oui c'est ça j'aime pas quand ils me félicitent et le nom d'un pays je me souviens pas travailleurs de tous les pays pas tous un citez-en un camembert non je les emmerde moi camembert j'ai pas envie de répondre à leurs questions j'ai pas envie d'être encouragé j'aime pas l'école je les emmerde camembert camembert camembert et j'encule la psychologue de service je l'encule et je l'emmerde et quand je le lui dis elle répond juste que je suis pas gentil et elle continue de sourire pauvre folle » (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 91) Commentaires1. Le samedi 22 septembre 2007 à 10:39, par brigetoun : beau compte-rendu de l'émission, et mon énervement (pas à cause de moi, jeune ou vieille je n'ai pas pensé ni eu de formation politique) devant l'éternel allibi du changement de générations, (sur d'autres sujets, les éternelles générations sacrifiées), et l'incapacité à ouvrir les yeux sur les icones 2. Le lundi 24 septembre 2007 à 14:30, par pdf : ai regardé l'émission de Taddei sur podcast uniquement pour Camille de T. qui fait deux interventions sans parler de son livre jamais mais ose être à l'antenne (terrorisante) le déclassé qu'il écrit vouloir être dans ses livres troublants. "Fatiguant", ici l'épithète retrouve sans doute en sa bouche une vraie splendeur, celle des débats télé de notre jeunesse, des "droits de réponse" - perdus. 3. Le mardi 25 septembre 2007 à 02:24, par MV : Eh bien merci d'avoir indiqué l'émission de F. Taddéi. Je n'ai pas la télé, mais l'ai vue sur Internet. On ne peut ni ajouter ni retrancher quoi que ce soit à ce que dit, non sans panache, Camille de Toledo. Il redonne au passage une belle actualité au mot "sédition", et sa saillie sur les deux Guy Mocquet / Mollet est tout à fait pertinente. |
Dimanche 23
septembre 2007. Sans poulie, on combine. C'est donc également quand j'atterrissais au Japon, le 18 septembre, apprends-je par François Bon, qu'Éric Chevillard a lancé L'Autofictif, dont les premiers aphorismes retiendront assurément l'attention : « Vous publiez un nouveau livre, c'est le moment qu'attendaient impatiemment vos amis et plus fidèles lecteurs pour vous confier que le précédent leur est tombé des mains.» Pour l'instant, je parlerais volontiers de chutes de cahiers. De là à dire que c'est un blog... On va dire que je radote, mais je persiste et signe. Un blog sans commentaires, c'est comme l'amour sans la sueur, du gruyère sans trous, un ascenseur sans poulie, on combine comme on veut — bref, du blog Canada Dry. Et je le redis à mes amis écrivains qui bloguent. Bloguer, c'est se coltiner les commentaires. Sinon, ça revient à balancer des éditos du haut de sa revue, comme l'ont toujours fait les intellectuels, en se coupant de la base. Allez, ma journée ! Enregistrements de France Culture, retard presque rattrapé. D'abord la semaine d'À Voix nue avec Georges-Emmanuel Clancier — alors que je m'occupe de la galerie photo du colloque Mérimée et que j'écris le nom d'Anne Clancier dans certaines légendes... Puis quatre Jeux d'épreuves à la file, des bouts entendus à la volée, en faisant autre chose (comme les liens audio ne sont plus présentés dans les pages d'archives de cette émission, ce qui n'est pas le cas dans toutes, voici les liens pour aller directement écouter celles des 1er, 8, 15 et 22 septembre, au moins quelques mois encore). Mais la parole du jour, je ne m'y attendais pas, revient à une universitaire émérite, spécialiste de l'histoire des luttes sociales aux États-Unis. Total respect, Marianne Debouzy ! « Il y avait aussi une autre dimension à ce combat [contre la torture, dans les années 1950-60], c'est qu'il ne faut pas oublier la façon dont la torture, la pratique de la torture a été niée par les politiques à l'époque, et les mensonges énormes qui ont été opposés à ceux que l'on a désignés du nom méprisant de « chers professeurs ». Et évidemment il a fallu plus de trente ans, plus de quarante ans pour que, finalement, il soit reconnu que nous avions dit la vérité. Et voilà aussi un aspect politique de la torture, c'est qu'on la pratique sans le dire et même en proclamant qu'on ne saurait faire des choses aussi barbares. Antoine Perraud : — Donc il y avait là [...] un déni, une négation, voire une sorte de négationnisme. Et toute votre vie, vous avez, Marianne Debouzy, voulu combattre cette forme de négation. Marianne Debouzy : — Oui. Je termine ma vie en me disant que je ne suis pas certaine, ni moi ni les autres, d'y avoir réussi et je me dis qu'avoir passé une partie de mon enfance sous Pétain, avoir ensuite subi Guy Mollet, pour terminer avec Sarkozy, je me dis : quel parcours ! » (dans Jeux d'archives du 22 septembre 2007) Après ça, il faut du courage pour se farcir Valérie Pécresse au Rendez-vous des politiques d'hier. Elle ne dit pourtant pas que des conneries, mais faut voir après ce que ça devient dans les faits. Les Poivre d'Arvor sont à la littérature ce que les Bogdanov étaient à la science-fiction. Pendant ce temps-là, T. avait une réunion avec les copropriétaires d'ici et deux représentants du cabinet d'architecture du nouveau bâtiment d'en face. On leur reproche d'avoir mis fenêtres et balcons de notre côté et trop près, et bien sûr le mur de fer de trois mètres. Ils s'en sont pris pour leur grade, m'a-t-elle dit en substance. Ils ont dix jours pour rendre une réponse cohérente. Jusqu'à maintenant, ce n'était que borborygmes. En fin d'après-midi, sortie à Yurakucho et Ginza. On cherche une housse de table à repasser, la nôtre est cuite, on dirait de l'amiante. Pas trouvé. On revient avec des plats traiteur pour demain midi, parce que pour ce soir... Ah oui, c'est peut-être l'événement du jour ! Vers 13h45, on a entendu un sifflet sur deux notes. C'était un marchand ambulant de tofu (et non un marchand de tofu ambulant). Or, depuis que nous habitons ici, il n'est jamais passé de marchand ambulant de tofu. Nous sommes sortis illico pour en acheter, avons rencontré une voisine qui allait chez le coiffeur, à qui j'ai dit que justement j'allais y aller à trois heures, quelle coïncidence, mais sans doute pas le même, en tout cas je ne l'ai pas vue chez le mien. Et son tofu était très bon. Nous espérons qu'il repassera. Commentaires1. Le dimanche 23 septembre 2007 à 14:53, par cgat : puisque
"bloguer, c'est se coltiner les commentaires", en voici un ("de la
base"?!) pour dire que je ne suis pas d'accord du tout : je pourrais
citer des tas de mauvais blogs avec pléthore de commentaires, et je
connais de très bons blogs qui ont fermé ou n'ont jamais ouvert le
robinet ... il me semble même que si on en est à "se coltiner" les
commentaires (qui sont plutôt une gratification, comme disent les psys)
mieux vaut les fermer, non ? 2. Le dimanche 23 septembre 2007 à 16:17, par Philippe De Jonckheere : Berlol dear. Ah la question des commentaires, on n'a pas tout à fait fini d'en faire le tour, il me semble. 3. Le dimanche 23 septembre 2007 à 16:53, par Berlol : Mince, en mettant moi-même un commentaire, je diminue mes chances de saké ! 4. Le dimanche 23 septembre 2007 à 17:03, par christine : (… j'en ajoute un troisième, alors!) 5. Le dimanche 23 septembre 2007 à 17:15, par christine : (mon
commentaire était une réponse à Philippe De Jonkheere, envoyée avant de
lire ta réponse, pas encore arrivée par le fil rss, Berlol ... 6. Le dimanche 23 septembre 2007 à 19:04, par Dabichan : "casse-couilles" ? 7. Le dimanche 23 septembre 2007 à 20:09, par Philippe De Jonckheere : Berlol 8. Le dimanche 23 septembre 2007 à 21:51, par bernardg : ce
dimanche matin, par exemple, j'avais écrit à propos de l'extrait
présenté sur Lignes de Fuites : "s'agit-il d'une rédaction de classe de
seconde que ce monsieur a interpolé dans son livre ? ", question
sincère, malgré mon étonnement à voir une telle prose envahir Lignes de
Fuite, et que j'imaginais polie (la question) - j'ai vu apparaître mon
commentaire, et trois quarts d'heure après il n'y était plus : ça
compte comment, alors, dans votre concours de boissons fortes ? 9. Le dimanche 23 septembre 2007 à 22:35, par Berlol : Tant
pis, Bernard, c'était 8, le commentaire de Phil étant resté dans le
filtre pour une raison que j'ignore. Quant à "Ligne de fuites", il doit
s'agir d'une erreur de manip car notre amie est plutôt pour la
diversité des expressions (dans le respect mutuel, bien entendu, tout
comme ici). La "différence d'intensité" que vous évoquez se trouvait
déjà ici, le 22 août 2004 : 10. Le lundi 24 septembre 2007 à 01:29, par FB : je
confirme avoir aperçu hier matin ce commentaire sur Lignes de Fuites, à
propos de la station de métro décorée, et ça m'avait même fait sourire
: après, plus rien ? attendons le réveil de la lectrice 11. Le lundi 24 septembre 2007 à 01:36, par F : merci décompter ce post-scriptum dans le post
précédent, je m'en voudrais d'influer sur votre
affrontement au saké nouveau : 12. Le lundi 24 septembre 2007 à 02:35, par cgat : merci berlol de me défendre ! (et désolée, ça va faire 10) 13. Le lundi 24 septembre 2007 à 11:26, par sans : Les commentaires font mousser le blog, c'est sûr. 14. Le lundi 24 septembre 2007 à 12:01, par Philippe De Jonckheere : Berlol
et moi avons convenu par mail qu'on se moquait un peu de l'enjeu
dérisoire de ce pari idiot, je pouvais ajouter un commentaire, sans
être suspecté de tricherie, pour préciser que dans mon emportement à
propos des commentaires-mazout, j'avais omis que le débat partait du
blog d'Eric Chevillard. 15. Le lundi 24 septembre 2007 à 15:27, par Berlol : Je
ne suis pas trop saké, mais je le préfère encore au Beaujolais. Et tant
qu'on peut prolonger la discussion de façon intéressante (et non pour
accumuler les commentaires, sinon j'écrirais autrement — et si je
rangeais les commentateurs dans des boîtes, ce n'est pas dans
"casse-couilles" que je mettrais "sans", c'est dans "crétins
masochistes")... 16. Le lundi 24 septembre 2007 à 15:57, par cgat : quel effet cela fait-il d'être "dans le tiroir "Nombrils" rubrique "asexués" " ? 17. Le lundi 24 septembre 2007 à 16:21, par Berlol : De toute façon, je l'ai commandé, je l'attends. 18. Le mardi 25 septembre 2007 à 02:12, par Philippe De Jonckheere : Alors
Berlol, la comparaison, ou le lien, ou la volonté de rapprocher
Chevillard avec Perec, précisément, s'agissant de procédé ne me paraît
pas du tout ad hoc. 19. Le mardi 25 septembre 2007 à 03:08, par cgat : 19 ! mais ça ne compte pas vraiment car on ne parle plus des commentaires depuis un moment 20. Le mardi 25 septembre 2007 à 03:23, par Berlol : Très répétitifs ! Mais pourquoi répétitif peut tantôt être positif tantôt négatif ? C'est ça, la vraie question... 21. Le mardi 25 septembre 2007 à 03:36, par cgat : la vraie question ... exactement !... c'est là que je voulais en venir : en ce qui me concerne, c'est positif aussi chez Chevillard, et je me réjouis en lisant chacun de ses livres d'y retrouver des échos des précédents ; si c'est négatif pour vous, la raison en est ailleurs (comme la vérité!) 22. Le mardi 25 septembre 2007 à 09:54, par sans : Crétin? ... masochiste?... certainement comme tous à certains moments. 23. Le mardi 25 septembre 2007 à 14:28, par Berlol : Je n'ai en rien modifié le sens de votre commentaire. J'ai effacé mon nom propre comme je l'aurais effacé de tout commentaire. Et vous le savez très bien. Par le passé, je ne vous ai pas censuré, je vous ai exclu. C'est peut-être ce que je vais devoir faire à nouveau car je vois que vous êtes toujours la même salissure. 24. Le jeudi 27 septembre 2007 à 11:30, par Philippe De Jonckheere : Tu
vois Berlol, c'est cela que je n'arriverais jamais à faire, la police
dans les commentaires avec élégance. Si je devais m'acquitter d'une
telle tâche ce serait avec la brutalité d'un troisième ligne au rugby,
et ce n'est pas ce dont je suis le plus fier. 25. Le jeudi 27 septembre 2007 à 12:39, par sans : Je constate à nouveau que j'apprends beaucoup plus dans le commentaires que dans le blog (qui n'est finalement qu'un prétexte). Mais excluez, coupez, modifiez, je ne peux vous en empêcher. 26. Le jeudi 4 octobre 2007 à 23:56, par Philippe De Jonckheere : Suite à cette longue discussion de plus de 20 commentaires (si si), on m'envoie ce lien www.bouletcorp.com/blog/ faut aller regarder à la date du 28 septembre. 27. Le vendredi 5 octobre 2007 à 02:47, par Berlol : Merci, Phil, c'est excellent, en effet, comme souvent chez BouletCorp (je m'en régale chaque semaine). Mais as-tu fini de le télécharger, ce film ? Qu'on en finisse... |
Lundi 24 septembre 2007.
Mondialisée, elle aussi, la pitance. Me suis translaté de 350 km vers l'ouest. Lisant Anna Moï, il y a quelques temps, j'avais appris l'importance cruciale de la mise en branle des moines dans les rues d'un pays bouddhiste. Aussi, dès qu'il a été question des défilés de Birmanie, j'ai pensé à une amplification possible, qui finirait par mettre le régime en danger. La réaction politique peut être un massacre, tout le monde le sait. Mais les massacres sont de plus en plus difficiles à cacher, et les amis politiques du régime birman sont peu nombreux. Si vous doutiez encore de la nullité de Philippe Douste-Blazy, de Xavier Bertrand ou de François Fillon, l'état catastrophique de l'assurance-maladie — qui devait revenir à l'équilibre cette année selon leurs réformes — pourra vous aider à ouvrir les yeux sur la triste réalité de ces individus (deux des trois ont d'ailleurs amélioré leur position personnelle). Ceci pour faire suite à mes propos d'hier sur les paroles de Valérie Pécresse (car ce n'est pas de gaité de cœur que je parle de ces gens-là tous les jours). Ça y est ! Le limaçon qui tentait de diriger le Japon depuis un an est remplacé. Yasuo Fukuda, de vingt ans son aîné, ne paraît pas non plus être un foudre de guerre — ce qui ne sera pas plus mal pour les relations avec la Chine (fortement détériorées par les visites à Yasukuni de Koizumi). Quant à Shinzo Abe, il est à l'hôpital depuis une dizaine de jours, officiellement pour stress. Il y a des jours comme ça, où l'actualité politique m'interpelle (quelque part, au niveau du vécu). Les médias nous donnent ça comme pitance. Mondialisée, elle aussi, la pitance. Ça nous évite de penser au temps qui passe. Et à la mort qui vient. Moi, j'aime d'autant mieux être distrait de ces pensées-là que de toute façon y penser ne permet pas de comprendre la mort, et encore moins de la conjurer. Raison pour laquelle je n'apprécie guère les écrivains, penseurs, artistes qui se focalisent là-dessus. Je pourrais avoir de plus nobles distractions, alors. À moins que la fréquentation d'Antoine Volodine (chronique France Info du 22) ne finisse par me faire douter de la réalité d'une fin dans la mort... Ou que la maladie de A. ne m'évite de me souvenir de qui j'étais et qu'il faut mourir. Deux superbes façons de se défiler, non ? Mais à tout prendre, je préfère la première solution ; je ne voudrais pas laisser T. — merci, Olivia, de m'ouvrir les yeux. « Il ne m'aime plus, quand j'arrive il ne se tourne plus vers moi, je m'approche il ne me regarde pas, je l'embrasse il ne réagit pas, je lui prends la main il proteste et la retire, je ne sais pas si je dois le laisser là ou le forcer à me suivre, il ne m'aime plus, je ne suis plus rien pour lui, il m'oublie, il m'efface de sa mémoire, c'est la maladie, je sais, mais ce n'est pas seulement ça, je me demande si on peut effacer par choix, si on peut profiter de la maladie pour se faciliter la vie, se libérer d'un poids, tout recommencer, dans un grand dénuement certes, avec des moyens restreints, mais tout recommencer quand même, avoir une vie légère, une vie nouvelle, une vie sans contrainte, une vie sans lien, une vie sans obligation, une vie sans histoire, pas une vie comme la mienne.» (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 122) Commentaires1. Le lundi 24 septembre 2007 à 23:03, par Caroline : André Gorz n'a pas laissé Dorine. Ils se sont donné la mort : www.liberation.fr/actuali... 2. Le lundi 24 septembre 2007 à 23:11, par Berlol : Et merci, Caroline, de comprendre si bien. 3. Le mardi 25 septembre 2007 à 00:20, par brigetoun : et quand l'amour survit ... un ami a voulu donner un coup de couteau à son fils parce que cet homme, dont il ne savait plus qui il était, était trop près de sa femme et que ne surnageait que ce lien. 4. Le mardi 25 septembre 2007 à 07:24, par vinteix : Cher
Berlol, si je repense à ta remarque, certes un peu hâtive sur les
écrivains, penseurs ou artistes et la mort... et que je réfléchis à
ceux que j'aime le plus... j'ai la vague impression que ces derniers
sont presque tous obsédés par la mort et que, même s'ils ne "se
focalisent pas là-dessus", elle représente pour eux une sorte de noyau
central ou de moteur de leur pensée ou création... Je t'épargne une
liste de noms infinie et "fastidieuse", mais d'Héraclite à Derrida en
pensant par Hölderlin, Bataille, Celan, etc., peu me semblent avoir
échappé à cette obsession... Hegel en a même fait l'impératif
catégorique de la pensée... 5. Le mardi 25 septembre 2007 à 07:36, par vinteix : En
un mot, et pour le redire tout simplement, tout bêtement presque,
l'obsession de la mort me semble indissocibale de celle de la vie,
parce que vie et mort sont elles-mêmes indissociables. 6. Le mardi 25 septembre 2007 à 07:52, par brigetoun : il me semble qu'écrivain ou non, tout être conscient ne peut vivre vraiment qu'en pensant à la mort, au moins de façon sous jacente 7. Le mardi 25 septembre 2007 à 09:28, par Berlol : Oui, je me suis mal exprimé; "Qui se focalisent là-dessus",
qui en font étalage et leur fonds de commerce, avec le pathos, les
orgues et tout. Sinon, je sais que c'est notre cœur aporétique. 8. Le mercredi 26 septembre 2007 à 05:33, par vinteix : - A propos de ta remarque sur la mort, si tu voulais stigmatiser le pathos, en effet, là, je te rejoins davantage... 9. Le mercredi 26 septembre 2007 à 08:17, par Dom : Très
bon article Names of Burma/Myanmar dans la Wikipedia anglaise. "Myanma
is the written, literary name of the country, while Bama is the oral,
colloquial name of the country ..... Although Bama may be a later
transformation of the name Myanma, both names have been in use
alongside each other for centuries." 10. Le mercredi 26 septembre 2007 à 08:28, par Berlol : Total accord avec Dom & Wik. Dans le même genre, on a eu les changements de nom des villes (Saint-Petersbourg, etc.) ou des noms de peuples selon les idéologies. Actuellement la Corse ou la Belgique, où l'on ne sait plus très bien où l'on habite. Bien sûr les francisations sont parfois étonnantes. Je me souvient qu'étant petit j'avais une grande carte de l'Europe (jusqu'au Caucase...) et que pour Warszawa j'ai mis bien du temps à comprendre que c'était Varsovie... 11. Le mercredi 26 septembre 2007 à 22:01, par vinteix : Merci
pour ces précisions, Dom. Je suis bien d'accord sur l'emploi de termes
qui existent déjà en français... mais les toponymes, comme le langage
en général, évoluent aussi avec l'histoire... (la Hongrie, elle, n'a
pas changé de nom...). 12. Le jeudi 27 septembre 2007 à 00:18, par Dom : En
fait, de ce que je comprends, la Birmanie n'a pas non plus changé de
nom, ni en birman (ça a toujours été plus ou moins des variantes de
Myanma, lire dans Wiki le développement sur l'origine du r final,
amusant), ni en français. Le problème, c'est plutôt le rapport entre
les langues communes et la terminologie officielle. Myanmar est la
forme internationale officielle, je ne vois pas sur quelle base elle
devrait être adoptée par les variétés standard des langues qui
possèdent déjà des noms toujours en usage pour désigner un pays.
Quelles raisons aurais-je personnellement de modifier ma façon de
désigner ce pays, une fois qu'ont été écartées, appremment, toutes les
"bonnes" raisons politiquement corrrectes de le faire (colonialisme,
respect des minorités) ? Et alors même que la forme d'usage dans le
pays lui-même est plus proche des formes traditionnelles des langues
occidentales que de la forme officielle ? Et qu'il s'agit avant tout
d'une manoeuvre de propagande nationaliste d'un pouvoir autoritaire ?
Et si on en croit la Wiki que le but de la commission mise en place par
le régime en 1989 était de revenir sur les orthographes coloniales et
donc anglaises des noms de lieux pour les rapprocher de la
prononciation birmane, et ne concernait donc pas a priori les noms du
pays dans les langues étrangères (il s'agit aussi d'un problème de
romanisation du birman, cf. Rangoon (romanisation anglaise du birman)
qui devient Yangon, etc.) ? Le débat est fondamentalement le même que
Pékin / Beijing (et vu comme on massacre communément la prononciation
de Beijing (pour commencer, le "b" graphique est un "p" phonétique,
quant au j et au g, n'en parlons pas), mieux vaut encore s'en tenir à
la forme française traditionnelle). 13. Le jeudi 27 septembre 2007 à 01:31, par vinteix : Oui, d'accord pour la conclusion, Dom. De toute façon, il n'y a pas vraiment une "bataille terminologique", bien secondaire, la véritable "bataille" étant ailleurs et autrement préoccupante... 14. Le jeudi 27 septembre 2007 à 02:19, par Dom : Oui, bien entendu. |
Mardi 25 septembre 2007. Faut
être modeste. D'autres passeront. Mon bureau n'avait pas changé. Tout a redémarré comme si je n'avais pas été absent un mois et demi. J'étais plongé dans la préparation des cours, pour la reprise, quand la secrétaire de notre département a frappé à ma porte. Elle venait me donner une enveloppe de France. Un livre, dont voici l'incipit tout à fait prometteur. Un grand merci à la personne qui me l'a envoyé. Question : de qui est-ce ? « Il faut avoir connu Morlaix. Ce qui y dégoutte de miroitement dans tout. Au centre, le canal et la promenade, ses petits muscles ronds en platane, les bornes doigtant les ciels dans les panoramas de vitreuse vitre et la chaîne courant qui saute peu. Trente kilomètres qu'on voudrait en ligne droite et la mer fait au bout une nuit cani de chicots gris-blanc.» Le sentiment semble celui du jeune Rimbaud daubant Charleville dans À la musique... cependant pour « cani », je m'interroge... Quelque chose du chien, peut-être (mords-les) ? Mais trêve... Le devoir m'appelle. Un cours de langue, où je m'aperçois qu'un collègue qui avait au premier semestre le groupe dont j'hérite aujourd'hui a omis de différencier voyelles et consonnes, base du choix d'élider l'article défini pour les mots commençant par ? Une voyelle. OK, vous suivez. Qu'a-t-il pu faire, six mois durant, sans ça. C'est comme une voiture sans la bougie ou la courroie de transmission. Il a dû pousser. Second cours, de conversation, de troisième année, ce que c'est que l'ordinateur et l'internet, en français, avec des étudiantes très motivées. Ça va être un régal. De retour au bureau, je redémarre le blog dédié à ce cours. Ce qui m'occupe jusqu'à 20 heures. Après le dîner, je perds un temps fou (pas complètement perdu) sur le blog Léo Scheer à lire des commentaires plutôt intéressants, puis à réviser un peu l'article Wikipédia de Camille Laurens. Je n'ai pas le temps d'ajouter du contenu mais je mets en français à peu près lisible les deux premiers paragraphes. Faut être modeste. D'autres passeront. Chacun sa petite pierre. À votre bon cœur. Commentaires1. Le mardi 25 septembre 2007 à 11:12, par cgat : moi je sèche mais google répond du tac au tac : 2. Le mardi 25 septembre 2007 à 13:08, par brigetoun : je viens de lire la protestation de Camlle Laurens. Beau. 3. Le mardi 25 septembre 2007 à 14:31, par Berlol : Ô Google, je te maudis ! Bon, bah, voilà... 4. Le mardi 25 septembre 2007 à 15:10, par jcb : Il
s'agit en effet du tout début (page 9) de Corbière le crevant
d'Emmanuel Tugny paru chez léo Scheer, et dont j'avais parlé en juin
dernier. C'est un livre brillant, fort, original et puissant. Tout
simplement. Je le conseille à tous. 5. Le jeudi 27 septembre 2007 à 15:50, par Agnès : Cani : (ka-ni), n. m. Terme de marine. Bois qui commence à se pourrir |
Mercredi 26
septembre 2007. La catastrophe reste possible (large choix). J'y crois pas ? Poésie sur parole du 23 invitait les Poivre pour parler de Desnos ! Jusqu'où faut-il descendre pour faire de l'audience ? Ça me fait penser au bichonnage du (porte-monnaie du) lecteur, façon Chevillard, qui a bien raison : « On lui passe tout. On le couvre d’attentions, de prévenances. Monsieur est-il confortablement assis ? Désire-t-il un cognac, un cigare ? Madame devrait peut-être jeter un gilet sur ses épaules. On est aux petits soins pour lui. Je parle du lecteur français contemporain, traité avec beaucoup trop d’égards (et bien peu de considération).» (L'autofictif, #6, 25 septembre) Pfff !... Guère de temps pour la littérature, aujourd'hui. Cours (2) et réunions (2) se suivent. Déjeuner en espagnol avec David et un collègue bolivien. Dîner en anglais avec Andreas et Benoît (excellent izakaya dans le quartier de Motoyama, j'ai habité pas loin pendant deux ans et n'avais jamais eu l'idée d'y entrer...). Et faut encore que je (re)visionne Ascenseur pour l'échafaud avant le séminaire de demain... Juste écrire, pour ne pas oublier, qu'hier soir, ne pouvant dormir, finalement, j'ai regardé Ce soir ou Jamais de lundi, qui portait sur la vie sur Terre dans trente ans. Vision convaincante et plutôt positive des démographes (Emmanuel Todd et Youssef Courbage), possible rapprochement des modes de vie sur la planète malgré les différences de religion, surtout du fait de l'aphabétisation des femmes, et puis grande capacité des hommes à inventer de nouveaux moyens de produire de l'énergie en préservant l'environnement — sur ce dernier point, je reste assez sceptique. Il faut d'ailleurs un Alain Caillé pour plomber l'angélisme et rappeler que la catastrophe reste possible (large choix). Géopolitique, finances et tout ça, mais surtout, selon moi, mauvais penchant des hommes à toujours porter au pouvoir des fous furieux façon Bush, Sarkozy, Poutine (liste non exhaustive) — ça, c'est mon pessimisme à moi. Commentaires1. Le jeudi 27 septembre 2007 à 01:28, par brigetoun : vous lisant (je n'ai pas vu l'émission) je m'interrogeais sur ce que serait ce rapporchement des modes de vie. Et je crains que Tod rêve d'une uniformisation d'un modèle qui ferait une planète invivable |
Jeudi 27 septembre 2007.
Ça ne cloche pas, parce que c'est moebien. J'ai récrit quatre fois quelques lignes sur la Birmanie et puis je les ai effacées. Elles ne voulaient rien dire, ne servaient à rien. Sinon à écrire ce qui l'était déjà et à rendre pitoyable l'impuissance d'une pseudo compréhension. Comme si les quelques informations qui parviennent permettaient de savoir ce qui se passe. Et il sera trop tard quand nous pourrons comprendre. Préférer une fin heureuse et incompréhensible — hélas peu probable. Trois cours du jeudi et en supplément la première séance de préparation des étudiants qui partiront à Orléans en février prochain. Ils doivent se faire faire des passeports, énoncer leurs vœux pour les familles d'accueil et remplir des documents administratifs. Leur joie n'a d'égale que leur inquiétude devant ce gouffre béant qui s'ouvre devant eux : la France ! Au séminaire de cinéma, très bon accueil d'un film de cinquante ans. Après une quarantaine de minutes, je me suis retourné et j'ai pu voir que tous les yeux étaient grands ouverts, les visages captivés. L'Ascenseur pour l'échafaud fonctionne donc encore. Je craignais que le noir et blanc, le jazz et la relative lenteur du montage n'aient un effet soporifique sur des jeunes gens gavés d'intrigues superposées et ultra-rapides. Il faut croire que c'est le contraire qui s'est produit. On n'a vu que les deux tiers ; je me suis arrêté pile quand le flic (Lino Ventura) dit à la noctambule involontaire (Jeanne Moreau) qu'on recherche l'ancien para (Maurice Ronet) pour un double meurtre au Motel de Trappes... Comment tout ça pourra-t-il finir ? La seule chose qui cloche dans ce film pourtant très rigoureux, c'est ce qui constitue la preuve ultime — psychologique — de la culpabilité : les photos du couple dans l'appareil miniature. Car qui a pu prendre ces clichés dans de tels moments d'intimité ? Un passant, un ami ? Peu probable. Un retardateur automatique ? Où aurait-on posé l'appareil dans un tel cadre de verdure ? Non, ça ne colle pas. Ces photos viennent décidément d'un autre monde que celui de la fiction. Elles viennent d'avant la nuit, celle qui vient de finir et celle de la prison à venir. Elles viennent du hors-champ d'une réelle séance de photos destinée à fabriquer la preuve cinématographique du secret des amants, « là, quelque part, réunis », dit la femme prise dans le flagrant délit du bain de révélation filmé. Et donc ça ne cloche pas, parce que c'est moebien. Commentaires1. Le jeudi 27 septembre 2007 à 10:14, par jcb : ça me rappelle une polémique passée entre De Jonckheere et moi... 2. Le jeudi 27 septembre 2007 à 17:42, par Berlol : Merci, JCB, j'avais un très vague souvenir mais je ne savais plus que c'était chez toi... Et puisque ce Minox n'avait pas de retardateur, cela me confirme dans l'idée que la piste strictement fictionnelle n'est pas la bonne. Cette transgression de la frontière diégétique à laquelle nous sommes attachés malgré nous-mêmes n'est pas un accident ni un cas isolé. La littérature avait déjà employé ce moyen de secouer, déstabiliser le lecteur bourgeoisement engoncé dans la vraisemblance des intrigues, et notamment dans les années 50 comme peut en témoigner l'accueil houleux que la presse littéraire avait réservé aux premiers ouvrages de Robbe-Grillet (en 57-58, il devait être en train de rédiger Dans le Labyrinthe, ouvrage intégralement basé sur ce procédé...). 3. Le jeudi 27 septembre 2007 à 22:52, par brigetoun : cela ne déstabilise-t-il pas uniquement ceux qui n'ont pas accepté, dès qu'ils ont vu qu'ils aimaient le film ou le texte, de s'en remettre à son auteur, quitte à réfléchir ensuite, et donc à lui chercher éventuellement des raisons? 4. Le samedi 29 septembre 2007 à 09:03, par Philippe De Jonckheere : Sans
compter, je m'obstine, que parvenant enfin à s'extraire de l'immeuble,
le personnage de Julien Tavernier n'est pas repassé par le dernier
étage pour défaire corde et grappin et que c'est cela qui devrait
l'accuser avant même les photos (qui sont effectivement aussi fausses
que possible). 5. Le samedi 29 septembre 2007 à 17:31, par Berlol : Alors, Phil, coup de tonnerre pour toi ! Tiens-toi bien ! 6. Le samedi 29 septembre 2007 à 22:33, par Philippe De Jonckheere : J'ai
du mal y croire, j'ai dû voir ce film une petite demi-douzaine de fois
et la chute de la corde qui est ramassée par la petite fille, j'ai dû
dormir à chaque fois à ce moment-là, cela ne me dit plus rien du tout.
Bon va falloir que je télécharge ce film et que j'en aie le coeur net. 7. Le samedi 29 septembre 2007 à 23:41, par Berlol : Oui,
j'ai d'ailleurs fait refaire toutes les copies existantes en bobines,
en vidéo, en dévédé et en téléchargement pour y insérer la scène de la
petite fille... Je suis même allé chez les gens sans qu'ils me voient
pour échanger les copies déjà vendues depuis que la vidéo existe... 8. Le dimanche 30 septembre 2007 à 13:24, par christine : c'est
affreux, il y a une petite fille dans ma copie (je viens de vérifier :
ce n'est d'ailleurs pas si rapide que ça : Jeanne Moreau a le temps de
demander à la petite fille ce qu'elle fait là en pleine nuit(!), après
que la petite fille lui avait posé la même question)!)) : 9. Le dimanche 30 septembre 2007 à 17:25, par Berlol : Ce qui est très rapide, c'est quand elle ramasse la corde, juste avant de sortir du champ. 10. Le dimanche 30 septembre 2007 à 17:46, par christine : je me demandais pourquoi ses apparitions me rendaient systématiquement nauséeuse : c'était donc ça ! 11. Le dimanche 30 septembre 2007 à 18:56, par Berlol : Ça, entre autres... 12. Le lundi 1 octobre 2007 à 03:00, par christine : entre autres ! |
Vendredi 28 septembre 2007. Le
« je » gigogne de notre condition. « Je peux décrire comment ça se passe je peux c'est quand je cherche un mot ou un nom je sais que je l'ai connu mais je n'arrive pas à le faire venir chaque fois que je m'approche il s'éloigne il s'enfonce il tombe c'est comme un trou dans lequel les mots les uns après les autres s'engloutissent je m'efforce je descends je plonge vers eux pour les rattraper les faire sortir à la lumière mais beaucoup m'échappent beaucoup chutent dans le tourbillon je suis obligé de trouver des substituts je tourne autour je circonlocutionne je ne peux plus viser directement dans le mille » (Olivia Rosenthal, On n'est pas là pour disparaître, p. 169) Il y aurait une concordance à faire, un herbier littéraire de toutes les tentatives de formulation du mot sur le bout de la langue. Ici, la crainte d'une perte de mémoire plus conséquente, alzheimerement irréversible, évoque directement le travail d'écriture et ce que devient l'écrivain qui perd son acuité lexicale. À coup sûr, auteur, narrateur et lecteur se trouvent réunis dans le « je » gigogne de notre condition langagière. C'est ce que je commençais à me dire en pédalant. De retour au centre de sport où je n'étais pas venu depuis cinquante jours, j'y retrouve intacts le plaisir de l'échauffement en lecture et la tranquillité de la salle des machines le matin (après 18 heures, c'est nettement plus bruyant et il faut attendre devant certaines machines). Pour le déjeuner, je retrouve David au Downey, ce qui achève le cycle de la reprise. Après le mois passé en France, le sentiment d'élargissement des perspectives, des activités et des nouvelles rencontres, le retour à la normale (cours, réunions, collègues, sport, etc.) pourrait être déprimant, accompagné qu'il est par l'arrivée de l'automne. Mais au contraire, c'est un plaisir, au moins pour les premières semaines. Le plaisir du terrier, de se lover dans la gangue tiède d'où l'on était sorti très imprudemment, de retrouver ses marques familières et ne plus avoir à tout calculer. D'autant que s'amorce déjà la systole, les futures activités, les futures lectures, le programme de cinéma de l'Institut, le voyage de février-mars, etc. C'est donc sans tristesse que j'achève mon dossier administratif de cet été en envoyant à un responsable de bureau ma communication sur Mérimée et mon rapport final sur la mission. Avec gratitude, plutôt, car l'université — dans un pays où le statut d'enseignant-chercheur est encore un statut honorable — m'a d'ailleurs octroyé des crédits de recherche et de conférence à l'étranger qui ont couvert, pour une personne, le coût du billet d'avion et du séjour à Cerisy. Dans le train qui me ramène à Tokyo et avant de dîner indien avec T., je regarde un dévédé que David a eu la gentillesse de m'enregistrer mercredi soir : le troisième épisode de Petits Meurtres en famille que France 2 avait diffusé durant l'hiver et que TV5 Monde reprend ces jours-ci (j'ai vu les deux premiers épisodes la semaine dernière). Je trouve très distrayante et très réussie cette adaptation d'Agatha Christie dont la lecture me tomberait des mains. Et revoir Frédérique Bel (La Minute blonde) ou Grégori Derangère (Bon Voyage) ne m'est pas désagréable. Robert Hossein, en revanche, moins je le vois, mieux je me porte, et ça tombe bien parce que son personnage est déjà mort assassiné depuis le début — on cherche d'ailleurs qui a fait le coup. |
Samedi 29 septembre 2007.
Troupeau ayant passé mécaniquement le
gué. Matinée ratée, commencée tard et qui n'a débouché sur rien. Je sais ce que j'ai à faire (lire des livres, préparer des cours, écrire de la correspondance), mais je n'ai pas l'esprit disponible. En plus, c'est déjà midi, presque. T. aussi se met à ranger et ça n'avance pas vite. Faut pas croire qu'on déprime. Mais on ne se remet pas facilement de la première semaine de cours. Ça laisse des traces, et d'abord en bordel dans la maison. Après, normalement, les semaines suivantes, c'est mieux réglé... Le déjeuner au Saint-Martin nous remet d'aplomb, dans un rythme de samedi. T. prend le lapin à la moutarde, moi je demande daurade-frites et on échange à mi-assiette, c'est très réussi. À l'Institut franco-japonais, première séance de la 12e Semaine des Cahiers du cinéma, dont Pascale Ferran est le thème central, avec L'Âge des possibles (1995). Salle à moitié pleine. J'imagine que ça sera bondé demain, pour Lady Chatterley... Bien que réalisé en 1995, le film me laisse l'impression de parler des jeunesses des années 80. Même le Minitel, dont un des personnages use pour faire des rencontres, me paraît plutôt dater des années 80 que des années 90. Mais peu importe. Le film est bien accordé à mon humeur de ce matin, à la grisaille un peu fraîche d'aujourd'hui, premier vrai jour de l'automne à Tokyo. C'est une mosaïque de courtes scènes et de rencontres croisées d'une dizaine de personnages qui ont tous leurs hauts et leurs bas mais qui doivent faire des choix pour avancer dans la vie. L'amour, ou ce qu'on s'en figure, les boulots pas gratifiants, la fin des études pas vraiment utiles, ça fait beaucoup de choses assez lourdes, et même des jeunes gens plutôt privilégiés par leur milieu social (ou surtout ceux-là, peut-être), avec quand même pas mal de joie de vivre et d'énergie, ont du mal à passer pas le trou de l'entonnoir pour se socialiser. Si le film est agréable et bien fait dans le genre tranche de vie collective, l'idée d'un âge spécial pour un passage à l'état adulte me paraît piégée car elle sous-entend d'abord que tout le monde passe l'entonnoir plus ou moins au même moment, et surtout qu'une fois l'entonnoir passé, tout va aller comme sur des roulettes pour le reste de la vie. Alors qu'en fait à trente ans, à trente-cinq, à quarante, etc., beaucoup de gens continuent à avoir l'impression que des choix radicaux s'offrent à eux et que la vie peut encore partir dans une direction inconnue, bonne ou mauvaise — alors que d'autres sont dès l'âge de huit ans sur des rails dont ils ne sortiront que pour aller en bière. Pascale Ferran joue la tranche d'âge en caricaturant la synchronie des socialisations, qui deviennent ainsi des destins, et l'humanité un troupeau. Elle donne à un ou deux personnages une lucidité et une bonté d'âme qui provoquent d'intéressantes causeries mais en laissant un arrière-goût d'inanité à leur existence, à l'exception de celle qui décide de quitter la ville (Strasbourg) et dont la lettre filmée est un beau moment de cinéma. Non que l'inanité soit fausse, en tout cas c'est aussi ma vision de la vie, mais elle ne change rien à l'impression de troupeau ayant passé mécaniquement le gué. Dans mon souvenir, un film comme Un Monde sans pitié (E. Rochant, 1989) donnait une amertume plus parfumée à ces égarements de la jeunesse qui réfléchit (un peu). Mais faudrait que je le revoie parce que des fois, le souvenir, hein... À la médiathèque où je traîne un peu après le film, je suis littéralement happé par les premières pages du Dernier Monde de Céline Minard, récemment arrivé, et je repars avec, moi qui ne voulais surtout rien emprunter tant j'ai de livres déjà commencés. En dînant, nous regardons Une Nuit au musée, film emprunté au vidéo-club, qui fait à peine sourire, dont on aurait pu se passer et qu'on ramène tout de suite après. Comparativement, oui, L'Âge des possibles, c'est du vraiment bon cinéma ! On peut critiquer, comme ci-dessus, mais il y a quand même une échelle de valeur à ne pas perdre de vue. |
Dimanche 30 septembre 2007.
Quelques fleurettes dans un bocage. Dites ! C'est très joli, le bandeau d'@rrêt sur images ! Z'avez-vu ? Avec les têtes de quelques hommes célèbres. Et quand on passe la souris dessus, ça surbrille. Et quand on clique sur une des têtes, ça ouvre une page qui détaille, vidéos à l'appui, pourquoi la personne en question était heureuse de voir s'arrêter cette émission dérangeante. Moi, je ne m'en lasse pas. Ce qu'ils sont en train de faire, mine de rien, à @rrêt sur images (maintenant que ça s'appelle comme ça), c'est tout simplement génial ! Déjà 15.000 abonnés déclarés, sur la confiance qu'ils avaient dans l'émission télévisée, avant le démarrage du site à pleine vitesse le 7 janvier 2008. Et déjà chroniques et enquêtes écrites rythment l'attente, souvent vidéos à l'appui, je le répète — de quoi embarrasser quelques anciens copains des médias et en stresser quelques autres pour l'avenir... Il pleut, il pleut, il pleut — et c'est de ma faute. Je m'en suis souvenu ce matin. Il y a trois jours, je répondais à Laure qui m'avait envoyé des livres ; je la remerciais et j'ajoutais mon souhait qu'il pleuve afin d'avoir plus de temps pour lire... Franchement, est-ce que j'avais besoin de lui écrire ça ? Eh ben voilà, c'est arrivé. Voyant la grisaille, on est resté au lit. Vers onze heures, je suis allé à l'Institut voir si je pouvais avoir deux billets pour Lady Chatterley. Et j'en ai eu. Pierre Michon, Jacques Serena, Jérôme Gontier, Richard Morgiève, Antoine Volodine. Belle brochette ! Tels sont les noms des personnes dont j'ai enregistré les voix parmi celles que recevait Alain Veinstein cette semaine, dans Surpris par la nuit et dans Du jour au lendemain (à noter que cette dernière émission a enfin un bouton d'écoute unique ; depuis son décalage en partie au-delà de minuit et à cause de je ne sais quel problème technique, il y avait deux boutons correspondant aux deux parties de l'émission, ces deux parties n'étant d'ailleurs jamais au même niveau sonore, mais n'en parlons plus). Je les écouterai dans des trains. J'ai un peu avancé mes notes sur L'Étranger. Pas vite. Vaut mieux pas. Vers 16h30, on est allé à l'Institut et il y avait comme prévu beaucoup de monde pour l'une des deux seules séances de Lady Chatterley sans coupure au Japon (la seconde sera mardi à 18h30), qui plus est suivie ce soir d'un entretien avec Pascale Ferran. Le film qui sortira en salles (une ou deux) à Tokyo puis qui sera distribué en dévédé en version sous-titrée japonais sera amputé (châtré) d'une vingtaine de minutes, sans doute parmi les plus belles. C'est un film qui prend son temps, mais prendre son temps est dans son propos. Parce que découvrir l'attirance réciproque puis l'amour puis la confiance quand on est de deux milieux très différents juste après la Première Guerre mondiale dans l'Angleterre corsetée et industrialisée, ce ne sont pas des choses qui se font en cinq minutes. Parce que montrer l'être humain qui essaie d'entrer en harmonie avec son milieu naturel quand il se sépare un tant soit peu de son milieu social, c'est une chose très difficile, qui ne se fait pas en filmant juste quelques fleurettes dans un bocage. Surtout quand on veut respecter une œuvre littéraire visiblement exigeante. Pour le texte, je ne l'ai pas lu. Je n'ai donc pas à me poser la question de l'adaptation. Mais ce que j'ai vu ce soir, c'est de l'excellent cinéma, sans aucune réserve. Avec en prime Hippolyte Girardot campant un mari diminué par une blessure de guerre alors que je pensais à lui hier en évoquant le film d'Éric Rochant. Commentaires1. Le dimanche 30 septembre 2007 à 10:34, par Laure L : ...
c'est drôle, je viens de rentrer des "Correspondances" de Manosque.
Avec Olivia Rosenthal & Céline Minard on y a évoqué, autour d'un
verre de rouge, la "superstition", façon Demain est écrit de Pierre
Bayard. Une question que pose, comme tu le sais, Olivia Rosenthal dans
On n'est pas là pour disparaître... & que s'est posée Céline Minard
en faisant disparaître l'humanité toute entière dans Le Dernier monde
que tu as la chance d'être en train de lire - quel grand texte ! 2. Le dimanche 30 septembre 2007 à 17:20, par Berlol : Allez, je souhaite aussi, pour toi. En tout cas, ça a l'air de marcher, ici, la pluie s'est arrêtée. 3. Le dimanche 30 septembre 2007 à 23:28, par Laure L : Je n'y manquerai pas ! C'est vrai qu'il y avait une super ambiance, je raconte ça vite sur RLR. 4. Le lundi 1 octobre 2007 à 02:59, par christine : c'est drôle comme quand on a aimé un livre
on ressent de l'envie envers ceux qui ne l'ont pas encore
terminé ... 5. Le lundi 1 octobre 2007 à 04:19, par brigetoun : sur
le blog d'Emmanuelle Pagano il y a un renvoi à une revue qui publie un
passage (provisoire) des mains et je vais m'en faire un plaisir cet
après midi. 6. Le lundi 1 octobre 2007 à 04:51, par LaureL : Tout à faire d'accord (pour R.) : rougelarsenrose.blogspot.... |