Vendredi
1er décembre 2006. Ne soulève plus ni ire ni vivats. Au Centre culturel Canadien, rue de Constantine, où l'on va encore en 63, pour la matinée du Colloque des Invalides. Quelques belles reprises d'invectives mais pas d'empoignades verbales. Même Gabriel Matzneff ne soulève plus ni ire ni vivats. À la pause café, je vais saluer Éric Dussert, qui a fait une bonne prestation. C'est à ce moment, par la rue, qu'arrivent Cel et Bartlebooth. Surprise qui me laisse presque sans voix ! Peu de mots, donc, mais la sensation, pour moi, evec ceux-ci et celui-là, d'un sommet blogosphérique... (Encore un.) Déjeuner dans un restaurant thaïlandais du quartier avec mes deux acolytes d'Hubert de Phalèse, j'ai nommé Henri Béhar et Michel Bernard, pour discuter de l'avenir de notre équipe de recherche. Puis eux deux vont à l'après-midi du colloque. Bus 63 pour Odéon. Chez Champion, rue Corneille, pour le dernier livre d'Hubert Carrier. Bus 89 pour la BnF, encore, parce que T. a repéré un livre sur Mazarin, édité par la Mazarine, qui est à 100 euros alors qu'il est partout ailleurs à plus de 120. Bizarre... On y va et j'en profite pour en acheter d'autres, pour nous et pour des cadeaux. Puis dans la galerie du MK2 où j'achète trois dévédés. Et la librairie d'â côté où je trouve enfin King Kong Théorie. Retour en 89 et courses rue Mouffetard pour le dîner japonais. En passant devant le marchand de journaux, je me dis pourquoi pas et en effet, il ont un dernier numéro 1 du Magazine des Livres. Je lirai ça dans l'avion... Approximatif dîner japonais. Avec un fait-tout pour un nabe, un poulet fermier par moi découpé, une ciboulette molle et pas de chou chinois (Michel l'a mangé hier). Mais ça le fait quand même. Commentaires1. Le samedi 2 décembre 2006 à 06:18, par christine : moins de " querelles et invectives " dans le colloque ainsi
intitulé qu'à la bnf, alors ?... c'est un comble 2. Le samedi 2 décembre 2006 à 07:11, par Laure L : Ah, c'est Éric Dussert ! 3. Le samedi 2 décembre 2006 à 11:39, par Frédéric : Alors c'est lui, Grégory et cel ? 4. Le samedi 2 décembre 2006 à 13:24, par Berlol : Non et oui : c'est bien Eric Dussert. Pour Cel et Bart, je ne me serais pas permis. Dans la mesure où ED intervient dans un colloque ouvert au public, toute image prise dans ce cadre n'est ni contestable ni intime. Me trompé-je ? (Suis dans l'avion...) 5. Le samedi 2 décembre 2006 à 13:31, par Bikun : Tu pourrais au moins nous faire un coucou de ton hublot! 6. Le samedi 2 décembre 2006 à 13:51, par Berlol : J'ai fait des coucous, mais c'est des Russes, en dessous... 7. Le samedi 2 décembre 2006 à 16:27, par Manu : Fais gaffe, tu risques de te faire empoisonner si tu les surveilles de
trop près... 8. Le samedi 2 décembre 2006 à 16:37, par Manu : En lisant le billet suivant, je m'aperçois que je me suis trompé. Tu es encore en vol... L'horodatage des commentaires m'a induit en erreur... 9. Le dimanche 3 décembre 2006 à 00:29, par Berlol : Eh oui, toujours ce satané horaire américain... Ça y est, on est à la maison depuis une heure. On a tout déballé pour ranger. Presque fini. On commence à avoir faim... 10. Le dimanche 3 décembre 2006 à 08:53, par Cynthia 3000 : Trois mots échangés sur un trottoir parisien, c'est sommaire pour un sommet ! Etre présentés, comme "blogueurs", par nos pseudonymes "Cel & Bartlebooth", à T. qui resta T., et le réflexe de sortir l'appareil (à créer de la fiction), voila qui nous laissa bouche B. (comme Bernique !). 11. Le dimanche 3 décembre 2006 à 14:37, par Berlol : Chère Cynthia, je ne sais comment vous voulez qu'on vous appelle... J'ai deux bonnes photos à vous passer. Ne sont pas pour la diffusion publique, comme expliqué ci-dessus. J'étais moi aussi baba de vous voir. Si je n'avais eu le déjeuner déjà pris, je vous aurais proposé d'aller manger un morceau ensemble. Ce sera pour une autre fois, si vous voulez bien... 12. Le dimanche 3 décembre 2006 à 22:55, par Le Préfet maritime : Et ben mince, ma tête dans le journal... C'est pas dieu possible... Et sans mon uniforme en plus... |
Samedi
2 décembre 2006. Les deux mamelles du départ. Bourrage et pesage de valise sont les deux mamelles du départ. On arrive au poids autorisé. Appel pour un taxi, j'ai failli indiquer une mauvaise heure, comme si je ne voulais partir, dit T., qui n'a pas tort. Derniers instants dans le canapé à prendre ces notes à la lueur de la cour pendant que tout près une jeune fille révise ses leçons avec sa mère, digne exemple d'un samedi matin dans une famille française. Dernières courses rue Mouffetard, T. fait vidéo de tout, ça servira pour des souvenirs comme pour des cours. On croise même Frédéric Beigbeder qui fait aussi tout bonnement ses commissions. On passe à la poste, chez le boulanger. Un rosbif et des rates à sauter, des fromages droits venus de l'enfer. C'est parti pour un dernier déjeuner, familial et de grande ambiance... Juste avant de fermer l'ordinateur, je vois rapidement que Laure Limongi, suite aux échanges de ces derniers jours, vient de poster un important récapitulatif de ses sites et activités d'écriture peu ou prou liés à l'intime, rappelant opportunément que le sujet était déjà dans la marmite et dans le désordre en septembre... Mais voilà, y'a pas, faut fermer l'engin ! Taxi à trois heures. Embarquement à 6 et maintenant de l'avion à 9 (où la connexion est toujours gratuite, la prochaine fois mon profil créé sera reconnu et je verrai combien on me proposera de payer...). Demain, je compléterai avec ma lecture ravageuse de la page 2 du Magazine des Livres. Si quelqu'un veut anticiper, à votre bon cœur... Donc, quelques remarques sur la page 2 du
Magazine des Livres, vol 1,
novembre/décembre 2006 : Commentaires1. Le dimanche 3 décembre 2006 à 01:30, par Laure L : Bon voyage ! La prochaine fois, vous aurez droit à un fromage corse
à rapporter - non, ce n'est pas un piège façon Asterix... il y en a de très
doux... 2. Le dimanche 3 décembre 2006 à 09:47, par grapheus tis : Page 2 du magazine des Livres, ravageuse ? 3. Le dimanche 3 décembre 2006 à 14:42, par Berlol : Faites-nous donc partager vos lacérations ! Les blogs sont là pour ça ! Dans une sombre vidéo promotionnelle, Vebret déclare son Mag. des Livres entre Lire et le Mag. littéraire. Mais y a-t-il quelque chose comme un espace libre et inconnu ente ces deux revues qui se chauvauchent déjà allègrement depuis des décennies ? 4. Le dimanche 3 décembre 2006 à 23:06, par Le Préfet maritime : Si c'est à ce point calamiteux, on y va voir. Hop, un aller-retour en bateau. |
Dimanche 3 décembre 2006. Compactant le samedi
dans le dimanche. Avant l'embarquement, assis près de l'entrée du satellite numéro 5 du dédale de Roissy, pendant que T. faisait quelques courses dans la galerie commerciale duty free, j'ai commencé la lecture de la Dame d'Auxerre dont j'avais entendu parler il y a un mois et que l'auteur m'a amicalement offert mardi au Berthoud. Non que je m'intéresse particulièrement à la sculpture ou à l'ordre dédalique mais : « Dire qu'elle a, qu'elle est le nom de notre ignorance, ne se justifie pas seulement parce qu'on ne sait rien d'elle. D'où la question aussi, qu'est-ce que c'est que savoir quelque chose d'une œuvre d'art. C'est surtout à cause de son appellation homologuée, la Dame d'Auxerre, cette résultante à la fois familière et dérisoire, désituée — par rapport à la Vénus de Milo ou la Victoire de Samothrace — ce reliquat de folklore qu'elle traîne, accessoire de théâtre, caillou cassé, ayant failli finir aux ordures, vendue pour un franc, entrée à la sauvette sans même être enregistrée au musée d'Auxerre avant d'être échangée par le Louvre contre un tableau de Harpignies qui valait six fois plus, six francs. Cela, c'est la part du grotesque.» (Henri Meschonnic, Le Nom de notre ignorance, la Dame d'Auxerre (Éditions Laurence Teper, 2006.) Allez, on passe aux machines à fouiller tout pour entrer dans la salle d'attente. Moi, je n'ai ni liquide ni gel, excepté le tube de crème à lèvres qui reste dans ma poche. T. a des gouttes pour les yeux secs, dans une pochette plastique, bien. Mais elle a un petit flacon de Coco de Chanel dans son écrin cartonné. Ça a beau être du parfum — je m'en mets un peu sur les doigts pour que le cerbère puisse bien le sentir —, il FAUT qu'il soit dans un sac plastique transparent (voir JLR du 6/11). C'est le règlement. Si l'on fait exception pour ça, ou pour une bouteille d'eau dont quelqu'un peut boire devant tout le monde, alors c'est la porte ouverte... (Mais la porte ouverte à quoi ?... À la reconnaissance de la débilité du règlement, peut-être... Mais je ne dis pas jusque-là... Je ne suis pas fou...) Alors que faire ? Simple, retourner en deçà du contrôle des passeports, aux boutiques pour acheter un sachet plastique aux normes, dans lequel on pourra mettre le flacon de parfum, que l'on pourra poser dans le bac pour traverser le scanner. O.K. ! T. entre en salle d'attente avec nos affaires et je retourne au contrôle des passeports où la queue me dissuade d'attendre pour sortir, j'essaie la galerie commerciale duty free et je trouve, au point presse, un sachet plastique standard à 10 centimes, reviens et passe comme on vient de le dire. Juste après, dans la salle d'attente, je revois le cerbère de tout à l'heure et lui dis qu'il y avait des sacs au point presse, sans retourner dehors. Il est content pour nous et me dit : « Vous savez, entre nous, ces sacs plastiques, ce n'est ni plus ni moins que des sacs congélation...» Films vus dans l'avion entre les plateaux de gavages, la lecture de magazines, les connexions d'au-dessus de la Russie et les somnolences difficiles : Le diable s'habille en Prada (D. Frankel, 2006), très décevant ; Toi et moi... et Duprée (Russo, 2006), beaucoup mieux que ce que j'en imaginais ; L'Illusionniste (Burger, 2006), accrochante histoire et superbe faction.
En
fait, pour nous, il n'y a pas de différence entre hier et aujourd'hui. D'une rue Mouffetard l'autre. |
Lundi 4 décembre 2006. Un urinoir n'est jamais
qu'un urinoir. Sorti d'une grosse huitaine d'heures de sommeil
réparateur, je me réinstalle à l'enregistrement d'émissions de France Culture,
celles que je n'ai pas pu écouter durant mon séjour en France, trop dense pour
laisser quelque place que ce soit à la radio, ou de plus anciennes comme les
pièces de Beckett des dimanches depuis trois semaines. Philippe De Jonckheere, répondant à ce qui ressemblait fortement à une
attaque d'une éditrice, Sylvie
Gillet : « Aucun
désir, aucune envie que ce que vous appelez mon blog soit publié. [...] vous
avez une condescendance par rapport à ce qui se trouve sur Internet qui est
inversement proportionnelle à l'intérêt de ce que les éditeurs sont capables de
produire chaque rentrée littéraire.» Avec T., déjeuner au Saint-Martin, c'était couru. Pour du poulet-frites, évident. Mais aussi avec Morvan, ça c'est la première fois. Pourtant, je le connais depuis au moins dix ans ! Entre casanier et misanthrope, il ne fréquente pas beaucoup. Nous, à coup sûr, alors que l'estime semble réciproque. D'autres, je n'y suis pas, mais je n'y crois guère. C'est chez Giono, dans des montagnes isolées, que s'il était personnage littéraire je le logerai... Une fois, nous nous épanchâmes déraisonnablement. « La mare aux canards du Landerneau littéraire », « trébucher sur la
dernière marche du podium », « ce n'est pas au vieux singe qu'on apprend à
faire la grimace », « changer le cours des saisons », « les hirondelles ne font
pas le printemps », « à Saint-Tropez on se calme [et] on boit frais »,
« la poule aux œufs d'or », « conserver leur place au soleil », « tirent leur
épingle du jeu », « fondre comme neige au soleil », « Sea, sex and sun... et la
nave va », « un monstre à deux têtes », « vont bon train », « jouer les
Cassandres », « oiseaux de bon ou de mauvais augure », « retour vers le
futur », « dans le marc de café », « pétard mouillé », « la cuvée 2006 », « le
goût de bouchon », « pas dit son dernier mot », « de derrière les fagots »,
« la grenade dégoupillée », « le Landerneau des lettres », « l'effet d'une
bombe dans le microcosme germanopratin », « enfonce le clou », « allumé la
mèche », « pousse des cris d'orfraie », « les langues se délient », « à qui au
juste profite le crime », « son cheval de bataille », « un vent de glasnost
souffle donc sur la république bananière des lettres », « depuis que le monde
est monde », « tirent depuis toujours les ficelles de cette mascarade », « se
partagent les miettes du gâteau », « petits meurtres entre amis », « sont
légion », « telle la liberté guidant le peuple », « duels à fleurets
mouchetés », « des tambouilles en cuisine », « les bons comptes font les bons
amis », « n'y allait pas par quatre chemins », « attirent le chaland comme le
Label rouge sur les poulets fermiers », « pour le meilleur et pour le pire »,
« fait une entrée fracassante parmi l'élite », « mammouth qui écrase les
prix », « ce pavé qui sonne le retour », « brille au firmament des lettres »,
« en quête d'un second souffle », « jeune premier de Saint-Germain-des-Prés »,
« plongée au cœur de l'enfer des hommes », « le sauveur de la république des
lettres française » (sic), « prédisait [...] le sort funeste »,
« serrer les mains de ses ennemis d'hier devenus en quelques heures ses amis de
toujours », « presque à l'unanimité » [en fait, 7 contre 3], « entrée
fracassante dans les hit-parades » [mot composé employé trois fois],
« histoire d'une success-story », « moment de grâce », « les lecteurs ont
finalement le dernier mot ». Qui n'a rien à voir (heureusement). Commentaires1. Le lundi 4 décembre 2006 à 11:43, par Philippe De Jonckheere : Tu sais P, tu as l'air de penser que c'était une phrase en l'air de
sa part, et que je me suis emporté, la façon dont je vois les choses c'est
tout le contraire, elle s'est énervée parce qu'elle se sent menacée et je
suis resté en fait très calme (pour moi continuer de vouvoyer quelqu'un et
ne pas utiliser des gros mots et ne pas crier, c'est rester calme). 2. Le lundi 4 décembre 2006 à 13:52, par Berlol : Non, non, je sais que tu es resté calme et cela donne d'autant plus
de poids à tes paroles. Pour les propos de l'éditrice, ils n'étaient pas
involontaires comme "en l'air", par hasard, mais parce qu'elle ne
savait pas qui elle avait en face d'elle, et surtout parce qu'elle est plus
parlée, ventriloquée par son métier qu'elle ne s'exprime elle-même, hélas
(je crois qu'elle était plus elle-même à la fin qu'au début). Les éditeurs
sont tellement dans la merde ! (Et je n'irai pas non plus à leur enterrement,
je l'ai déjà dit.) Depuis dix ans, le monde a tellement changé, et ils
n'ont presque rien fait. Nombreux sont ceux qui leur ont dit de prendre les
commandes de ce changement dans leur secteur, mais ils ont préféré
"assurer" avec leurs anciennes méthodes, au lieu de prendre des
risques et d'innover. Aujourd'hui, petit à petit, d'autres prennent la place
qu'ils auraient dû s'inventer, et ces nouveaux vont ravager un métier qu'ils
ne connaissent pas et dont ils ne respecteront aucune tradition... 3. Le lundi 4 décembre 2006 à 14:21, par brigetoun : merci ! Lucchini m'exaspère, moins que d'Ormesson mais quand même, mais là il est formidable, dans son amour et sa façon de dire La Fontaine et dans sa façon d'anihiler Arrabal que pourtant j'aime assez en principe 4. Le mardi 5 décembre 2006 à 13:40, par jcb : Merci d'avoir mis en ligne le débat, qui, après l'avoir écouté est
très intéressant. Il est long, mais j'en aurais bien encore écouté plus.
Franchement, il est vrai qu'à un moment on peut croire qu'il n'y en avait que
contre Ph d J, et qu'il représentait tous les bloggeurs du monde. Il ne représentait
là que son travail et s'en est d'ailleurs bien tiré (que l'on soit d'accord
ou pas avec, mais comme face à tout artiste qui fait sa proposition, on est
libre d'aimer ou pas , moi elle m'intéresse depuis deux ans ), mais ce qui était
dommage c'est qu'on quittait alors le sujet du débat, ne restant que sur un
cas particulier sur lequel quelques-uns semblaient vouloir tout amalgamer.
Comme s'il devait supporter le poids de tous les péchés du monde ! Non,
vraiment ils ne savaient pas qui ils avaient en face d'eux ! J'encaisse à mon
compte tous vos reproches, ce n'est pas le genre de la maison ! |
Mardi 5 décembre 2006. Quelque chose après la
sonnerie.
Retour
à la base par train avec grosse valise retournant à son placard. Il fait
beau. J'arrive à choper un bout de Fuji par dessus l'épaule de ma voisine
pendant que je finis de corriger des copies. Gros tas de courrier à
l'appartement et au bureau. Quelques dramaticules, paraît-il, dans une ou
deux réunions pendant mon absence mais rien de grave (en tout cas,
j'espère). Arrivée de mon fauteuil de bureau, un Okamura
Baron très design et surtout très ergonomique (si c'est
différent) : de quoi travailler sans se tordre le dos. Fin d'après-midi, je commence à préparer l'entretien avec Jean-Philippe Toussaint, jeudi 14. Je potasse La Mélancolie de Zidane. La panenka. Le but de Hurst en 1966 (qui n'y était pas, finalement, selon une étude de scientifiques d'Oxford). Les légendes que ça fait. Le ciel de Berlin qui renvoie direct à La Télévision. Encore du très bon Ce soir ou Jamais hier soir ! Avec Philippe Starck en ouverture. Puis un débat d'architectes sur les tours d'habitation. Puis un débat sur la musique techno, marrant. Philippe Starck : « [...] Moi je suis anti-Bush,
profondément anti-Bush. J'ai une tendresse et une pitié pour le peuple
américain qui a un problème de dépression nerveuse globale. C'est un pays
qui a une dépression nerveuse. C'est un pays qui est en train d'imploser.
Donc, il faut plutôt s'occuper d'eux, il faut les materner. Parce qu'ils sont
quand même pas tous nuls. Évidemment, c'est des gens qui ont été tous
d'accord à 74 % pour aller voler le pétrole de quelqu'un. Après, quand
l'affaire a été moins rentable, ils ont été moins d'accord. Après, la
première élection, ils se sont fait avoir. Évidemment, il y a eu une fausse
élection, il y a eu tricherie. Mais l'erreur n'est jamais la première fois,
l'erreur est toujours la deuxième fois. Ils ont réélu le même sachant qui
il était. Alors là... Des choses qui mériteraient discussion, mais avec l'esprit desquelles je
suis tout à fait d'accord. Pour cette dernière idée, c'est étonnant, j'y
pensais ce matin avec l'idée enthousiaste de parler de la constellation à
laquelle je me sens appartenir. Celle de ceux et celles qui font le quotidien
de mes visites de blogs et dont je fais partie du quotidien ou de
l'hebdomadaire, je crois, sans que nous ayons à aligner ou systématiser quoi
que ce soit, que je rencontre(rai) à l'occasion et qui me sont plus proches
dans ma solitude essentielle et indiscutable que les voisins de pallier, de
famille ou de parcours scolaire, à de rares exceptions près. Commentaires1. Le mardi 5 décembre 2006 à 09:04, par christine : constellation... j'aime bien aussi, c'est beaucoup mieux que tribu, et on peut filer la métaphore : des trous noirs (les disparus), des super nova (les célèbres), des étoiles filantes, etc. etc. 2. Le mardi 5 décembre 2006 à 12:26, par caroline : 1°) le Fuji ? : Je vois le Ventoux. Quand on est indécrottable comme
moi, on voyage avec ce qu'on a. Au printemps quand les cerisiers sont en
fleurs dans la pleine et que le Ventoux est encore couvert de neige: je me dis
que je suis au Japon. Idem quand je me baigne un peu tardivement dans la
saison et que la piscine est couverte de brume. Je me dis qu'après, quand la
brume se lèvera, le Jufi (pardon le Ventoux) sera là. 3. Le mardi 5 décembre 2006 à 16:56, par Berlol : Il est bon que chacun ait son Fuji Yama. 4. Le mardi 5 décembre 2006 à 17:06, par christine : très vieux sage zen ce commentaire 5. Le mardi 5 décembre 2006 à 20:48, par Berlol : Et un alexandrin, en plus... 6. Le mardi 5 décembre 2006 à 20:59, par vinteix : La constellation, oui, très beau mot... qui me fait penser à
W.Benjamin ou à Kostas Axelos qui l'emploie souvent, notamment dans "Réponses
énigmatiques"... |
Mercredi 6 décembre 2006. Cet exquis effet
retard. Après quelques bonnes heures de cours et de travail au bureau,
après une sortie en voiture avec David pour passer à la mairie de Showa-ku
m'entendre dire que le renouvellement de ma carte d'étranger peut attendre
janvier, puis être allé au supermarché Matsuzakaya de Motoyama pour acheter
cinq bouteilles de vin pour demain, je me prends un moment de repos avec Ce soir ou Jamais
(tentative d'écluser mon retard). Oui, sauf que s'il n'a rien bu... même le poison n'aurait rien changé. Épatante quand même, Paulette ! Au dîner (carotte rapées, steack haché œuf à cheval), l'émission du 30 — qui passait donc en direct après le dîner au Père Fouettard, que j'aurais pu voir en attendant que T. revienne de l'avenue Théophile-Gautier, ce dont l'idée ne m'avait même pas effleuré l'esprit. Un débat sur l'autofiction que je recommande aux littéraires (suivi d'un long entretien avec Dieudonné, qui peut enfin ici essayer de s'expliquer) et dont j'extrais cet exquis effet retard littéraire et cinématographique : Pascal
Bonitzer :
« Une petite crise d'autofiction... Bon, y'a eu une polémique qui
était très publique entre Arnaud Desplechin et Marianne Denicourt, son
actrice et ex-compagne. Et j'ai eu envie, disons, de me servir très
anecdotiquement de ça pour amorcer un petit peu l'élément de la fiction... Paraît que la chaîne d'information internationale France 24 démarre ce soir. J'essaierai demain... Commentaires1. Le mercredi 6 décembre 2006 à 19:33, par Manu : Et oui, la gaikokujintorokushou, après l'anniversaire, pas avant ! |
Jeudi 7 décembre 2006. La boue d'une tranchée
de neurones. Faut que je m'y (re)fasse, c'est une condition matérielle
de base, mais n'être pas à Paris empêche d'assister à toutes sortes de
choses... Florence, par exemple, était où je n'étais pas : chez Tschann, le 3, pour écouter Henri Meschonnic. Apparemment,
c'était un bien bon moment autour de la Dame d'Auxerre. Je refroidis la boîte crânienne en cliquant mollement une petite centaine de fois sur le vote Ce soir ou Jamais du nouveau sondage de (ces sourds et aveugles de) Livres Hebdo (qui n'ont toujours rien compris à l'internet)*, puis je finis la soirée avec l'émission de mardi soir : les enfants des révolutionnaires, ça m'intéresse (notamment avec Christophe Bourseiller qui n'est finalement pas venu au Colloque des Invalides, même que quelqu'un en a fait la remarque comme quoi qu'il n'aurait pas prévenu et que c'est pas poli mais qui, ce soir, est là et parle bien, comme souvent). En revanche, les débats d'actualités avec une brochette de gens qui parlent tous en même temps, notamment Alain Finkielkraut, Gisèle Halimi, Jean-Jacques Beineix, etc. Ça, c'est pas tellement recommandable, c'est juste bon si on n'a rien à faire — ce qui n'est quand même pas mon cas. * D'ailleurs, depuis le 22 novembre, on n'a toujours pas vu venir la liste des 333 romans qui n'ont fait l'objet d'aucune critique et que chez Livres Hebdo on prétendait avoir établie, à moins que ce ne soit pas vrai. Commentaires1. Le jeudi 7 décembre 2006 à 15:17, par jenbamin : Bon, commençons par le début : la guerre, c'est moche. Vraiment. Et
dans ces conditions, faut s'entraider. Moi, j'ai été (un peu) mathématicien.
Mais c'était il y a longtemps. Depuis, je suis (un peu plus) musicologue,
alors pas envie de poser des équations, d'autant plus qu'en temps de guerre,
pas le temps de jouer les esthètes, faut aller vite, faut s'entraider. Tout
le monde doit s'y mettre, les gars, et si vous voulez qu'on minimise le nombre
de ceux qui auront perdu tout à la fois bras, œil, jambe et oreille, pas
question qu'il y en ait un seul qui n'y perde rien, d'autant plus que c'est
que des machins qu'on a en double : deux bras, deux œils, deux jambes et deux
noreilles chacun, alors commencez pas à râler. C'est ma-thé-ma-tique !
Mais, eh, oh, c'est pas tout, parce que la guerre c'est vraiment dégueulasse,
alors soyez pas mesquins : quitte à revenir éclopés, z'allez pas n'y perdre
qu'un seul truc, sinon c'est les petits copains qui vont morfler pour vous.
Pas à discuter : plus vous perdez de bidules, et moins il y en aura qui en
perdront plus. C'est ma-thé-ma-tique, j'vous dis ! Allez, allez, pas juste un
schmilblick, ni même deux, au point où vous en êtes : plus vous serez
nombreux à perdre trois choses, et moins y en a qui perdront tout. Ma-thé-ma-tique,
pas de ma faute, quand même ! Donc, on blinde les catégories : 25% perdent
œil-jambe-oreille, 30% perdent œil-bras-oreille, 20% perdent
bras-jambe-oreille, et comme ça sur les inévitables 25% qui perdent œil-bras-jambe,
on peut laisser deux oreilles (et la queue ?) à 15%. Et désolé pour les 10%
qui restent... 2. Le jeudi 7 décembre 2006 à 15:35, par jenbamin : La même, en équations : pour les sceptiques, et au cas où l'un de
mes élèves en maths (il m'en reste, plein !) vienne à lire ça, que je ne
perde pas toute crédibilité, enfin, toute trace de crédibilité, parce que
déjà... 3. Le jeudi 7 décembre 2006 à 15:43, par Dom : C'est de Lewis Carroll. Sa réponse, très lapidaire, est là : 4. Le jeudi 7 décembre 2006 à 15:59, par Berlol : 'Tain ! J'avais bon, alors ! Mince !... Merci à vous deux ! Et content de trouver Lewis Carroll là-dedans ! 5. Le jeudi 7 décembre 2006 à 16:05, par jenbamin : J'aime bien la solution de l'ami Lewis : compter le nombre de
blessures... 6. Le jeudi 7 décembre 2006 à 16:45, par christine : la démonstration de Lewis Carroll est en effet très élégante dans
sa troublante simplicité algébrique (au point qu'on se dit à la première
lecture que ça le fait pas et que ça doit être un gag) mais j'aime bien
aussi votre première démonstration, jenbamin, qui a l'efficacité d'une
fable 7. Le vendredi 8 décembre 2006 à 01:47, par brigetoun : charmant Bourseiller mais son expérience avait été tout de même moins radicale que celle de la fille de Linhart (qui à part le lycée de sa fille n'a fait aucune concession genre fois gras ou climat intellectuel) - une belle passion contenue cette fille, et le charme de la fille Costa Gavras qui m'a donné envie de voir son film |
Vendredi 8 décembre 2006. La Seine sur le siège à
côté. « Dans le contraste entre modelé et abstraction, il y a du perceptible et de l'imperceptible.» (Henri Meschonnic, Le Nom de notre ignorance, la Dame d'Auxerre, p. 45) C'est sur cette phrase, ruminée, la dernière lue sous la couette hier soir, que je me suis endormi. Ce matin, au sport où je retourne enfin, changement de siècle. « Il y a une fierté de domestique à devoir avancer entravées, comme si
c'était utile, agréable ou sexy. Une jouissance servile à l'idée de servir de
marchepieds. On est embarrassées de nos puissances. toujours fliquées, par les
hommes qui continuent de se mêler de nos affaires et d'indiquer ce qui est bon
ou mal pour nous, mais surtout par les autres femmes, via la famille, les
journaux féminins, et le discours courant.» (p. 20)
Et c'est comme ça depuis le début, cette superbe écriture, cette justesse du
propos. Oui, je sais ce que je dis. Déjà dans le bus qui nous ramenait de la
Bibliothèque nationale vendredi dernier — une semaine déjà — quand j'ai lu les
premières pages de
Virginie Despentes,
j'étais saisi. Ça bouchonnait pour arriver au pont d'Austerlitz et j'étais
content de ce retard, T. regardant la Seine sur le siège à côté, qui me
permettait d'entamer en beauté sa
King
Kong Théorie. |
Samedi 9 décembre 2006. La mélancolie... Par la
coquille fêlée du garnement. Poil de carotte, avant-dernier cours
à l'Institut franco-japonais. Cinéma à l'Institut, après le déjeuner au Saint-Martin (des merguez-frites,
ça réchauffe bien, alors qu'il fait humide et froid, un peu comme en
Suède...) :
Monika
(Ingmar Bergman, 1952), ou l'histoire d'une libération sexuelle & sociale, et
comme du féminisme involontaire chez une jeune fille qui veut seulement une
autre vie que celle des ouvriers et des petits-bourgeois. Heureusement que
je l'avais déjà vu parce qu'en suédois sous-titré japonais... Revenu à la maison, je reprends les enregistrements de France Culture avec un retard dans le suivi des programmes qui frise les trois semaines... J'arrive notamment à récupérer le Promeneur retrouvé de Dominique Meens (Surpris par la nuit du 29 novembre) et Cette Fois de Samuel Beckett dans les (Perspectives contemporaines du 28 novembre). Pendant que T. regarde
The
Libertine (Rochester,
le dernier des libertins, L. Dunmore, 2004), dont je décroche
rapidement parce que c'est maintenant de l'anglais châtié sous-titré japonais
(non sans avoir reconnu la belle
Kelly Reilly, la
Wendy de L'Auberge espagnole et des Poupées russes), je parcours
les constellations qui m'informent, en y trouvant peu de choses aussi
importantes à signaler que l'actualité d'Antoine
Volodine chez Remue.net,
grâce à un nouveau volume des Écritures contemporaines, dirigé par
Dominique Viart, chez Minard. Allez, pour la route, vous prendrez bien un petit Can !... Commentaires1. Le samedi 9 décembre 2006 à 12:25, par Dom : Can !! 2. Le samedi 9 décembre 2006 à 12:28, par Dom : Can. On tapait sur des cartons, on défonçait un vieil harmonium, avec un chum qui s'était fait la coiffure de Karoli, à Vigneux-sur-Seine. Et on se hurlait un peu de Neu pour bonne mesure. Et je les avais jamais vus, ou à peine. You tube ça tue. 3. Le samedi 9 décembre 2006 à 13:35, par Bikun : J'ai regardé aussi et je suis resté scotché sur mon siège! 4. Le samedi 9 décembre 2006 à 17:51, par Grégory Haleux : Berlol ! euh Patrick ! t'es complètement rock'n'roll ! la prochaine fois que je te croise à Paris dans un kollok mal famé, je t'emmène dans un endroit encore plus hardcore ! 5. Le samedi 9 décembre 2006 à 21:25, par Manu : Ça a l'air très bien Can ! 6. Le dimanche 10 décembre 2006 à 01:00, par brigetoun : est ce parce que je suis trop vieille pour en avoir rêvé - je les trouve charmants et leur musique agréable, mais ma doué sans plus 7. Le dimanche 10 décembre 2006 à 02:04, par Berlol : Oui, oui, oui ! Je vois que ça intéresse encore, Can, même des jeunes et des moins jeunes. Grégory, faudra que tu me dises à quel type d'endroit tu fais allusion... (Je connais peut-être...) |
Dimanche 10 décembre 2006. L'animal est je ne
sais où. Je n'en ferai pas des tonnes, journée des
droits de l'homme ou pas.*
Virée
en vélo, seul. Jusqu'à Shinjuku et autour. J'avais oublié combien il peut y
avoir de monde dans ce quartier un dimanche à trois semaines de la fin de
l'année : la frénésie des courses s'empare de pans entiers de la population.
Être sur deux roues permet de s'immiscer dans ces mouvements de foule pour en
sortir aussitôt et les voir à distance, mieux qu'en voiture et mieux qu'à pied.
Dans ces cas-là, il ne faut pas se contenter des trottoirs, il faut aussi
rouler à gauche des voitures, voire entre elles, voire à contre-courant. Le
sentiment de liberté pousse rapidement à faire n'importe quoi et je me rappelle
à l'ordre avant d'avoir, juste pour passer, des envies de meurtre.
Pendant
que Le dernier Samouraï passe à la télé, film qui ne m'intéresse
absolument pas (et témoignage s'il en faut de l'esthétisation / moralisation
destinées à cacher l'hystérie masculine qu'a toujours été la guerre), je
continue la lecture de
Despentes, double
allègrement le milieu en suivant la voie lumineuse de son récit-raisonnement. « Dans ces trois films [La dernière Maison sur la gauche, de Wes
Craven, L'Ange de la vengeance, de Ferrara, I Spit on your Grave,
de Meir Zarchi], on voit donc comment les hommes réagiraient, à la place des
femmes, face au viol. Bain de sang, d'une impitoyable violence. Le message
qu'ils nous font passer est clair : comment ça se fait que vous ne vous
défendez pas plus brutalement ? Ce qui est étonnant, effectivement, c'est qu'on
ne réagisse pas comme ça. Une entreprise politique ancestrale, implacable,
apprend aux femmes à ne pas se défendre. Comme d'habitude, double contrainte :
nous faire savoir qu'il n'y a rien de plus grave, et en même temps, qu'on ne
doit ni se défendre, ni se venger. Souffrir, et ne rien pouvoir faire d'autre.
C'est Damoclès entre les cuisses.» (Virginie Despentes, King Kong
Théorie, p. 49) * Pinochet a bien choisi son jour... Commentaires1. Le dimanche 10 décembre 2006 à 15:44, par brigetoun : et je commence à avoir envie de la lire, si ce n'est que nous savons
déjà ça. 2. Le dimanche 10 décembre 2006 à 16:36, par olivier : Bon, alors, voilà un certain temps que je voulais en parler ici, mais
il n'y avait pas d'opportunité... Merci Berlol de la perche tendue en ce
jour... En effet, puisque tu nous parles de sexe dans ce "post",
pourquoi ne pas y parler d'amour aussi... Nous connaissons le "Global
Warming Effect", mais que nous réserve le "Global Orgasm Effect"
??? Avez-vous, chers lecteur du "Berlol", entendu parler de
"l'appel à contribution" lancé pour le 22 décembre prochain ?? |
Lundi 11 décembre 2006. Heureusement ne se périme
pas. Beau débat sur Camus (Albert) dans le
Ce soir ou Jamais de mercredi dernier, que je ne vois que ce matin.
Jean-Claude Brialy et Jean Daniel réaffirment l'importance d'un penseur qui a
été malmené de son vivant, malgré son prix Nobel, récupéré diversement après sa
mort puis mis au placard — mais qui semble devoir être relu maintenant, y
compris en Algérie.
Très
beau temps, cette lumière blanche et rasante, ces stratus effilochés, comme un
tulle — encore plus déchiré que celui d'hier... Et pas grand-chose d'autre, sinon la lecture de Virginie Despentes. Aujourd'hui, chapitre sur la prostitution, aussi percutant que le précédent. je plains ceux qui, parmi les hommes, ne peuvent lire ces pages sans les lire de travers, pour leur faire dire autre chose que ce qu'elles disent pourtant avec clarté et simplicité (mais sans simplisme). C'est très certainement leur façon de se protéger... mais se protéger de quoi ? « Comme le travail domestique, l'éducation des enfants, le service sexuel
féminin doit être bénévole.» (Virgine Despentes, King Kong Théorie,
p. 84) Si vous voulez du Can, il y en a encore un peu par ici... À moins que vous préfériez des remix zarbi de Sheila... Commentaires1. Le lundi 11 décembre 2006 à 20:12, par Manu : Alors, vus et mangés ? 2. Le lundi 11 décembre 2006 à 20:31, par Berlol : Oui, bons ! Y'en a un, avec une tête deux bras et deux jambes, on ne savait pas si c'était un chat ou un ourson... T. me l'a montré après l'avoir étêté... 3. Le lundi 11 décembre 2006 à 21:36, par Manu : Un ourson, je crois, en plus ça devrait vous plaire. Certains ont perdu la tête au démoulage, d'autres à la sortie du four, ou encore, à la mise en boîte. |
Mardi 12 décembre 2006. Lis sans cillements. C'est quoi, cette histoire, François !? Je vois qu'il y a de l'écho dans la blogosphère
littéraire française pour s'émouvoir et s'indigner. Mais deux questions,
pour moi, se détachent. Ici, mardi froid et
humide. Train sans visibilité. Mais pas de quoi se plaindre. Dîner avec un collègue allemand. Avant de venir ici,
il a été trois ans dans une université où j'ai travaillé il y a fort
longtemps comme chargé de cours. J'avais arrêté parce que c'était trop
loin de Tokyo. Pour deux cours pas très bien payés, je perdais la journée
entière et j'étais crevé. D'ailleurs, il n'y avait pas de perspectives
d'avenir, le poste de titulaire était miné (du fait de relations difficiles,
voire explosives, dans le département de français). Du coup, ce soir, j'ai
pu avoir des nouvelles de Ketty, partie depuis en Nouvelle-Zélande. Ça m'a
rappelé un week-end encore plus ancien, à Chichibu,
ça devait être en 1994 ou 1995... Et puis comparer un peu nos approches
pédagogiques et l'usage que nous faisons des manuels de langue. Enfin,
voilà, tout cela en anglais, c'était ce genre de dîner, chez Rhubarb, avec
leurs excellentes crêpes. Commentaires1. Le mardi 12 décembre 2006 à 03:15, par brigetoun : c'est navrant au moins pour le risque sur le lancement de cette
collection |
Mercredi 13 décembre 2006. Je vais pouvoir
l'introduire.
Soudain, je me suis souvenu de ce chauffeur de bus qui nous avait ouvert la
porte au feu rouge du pont d'Austerlitz. Nous avions pris
le 24 après avoir traversé la passerelle Simone-de-Beauvoir et voulions
aller à Bastille pour ce merveilleux déjeuner italien rue de Sévigné. J'ai
appuyé sur le bouton juste avant l'arrêt qui suit la gare de Lyon mais le
chauffeur redémarrait déjà, après avoir été bloqué quelques mètres
avant l'arrêt par d'autres véhicules, et se lançait en travers des
nombreuses voies pour stopper au feu après lequel il traverserait la Seine.
T. s'était levée en même temps que moi et nous restions stupides devant la
porte, pensant déjà que nous allions devoir retraverser le pont, à pied ou
dans un autre bus, et perdre du temps, arriver en retard. Ce qui n'était
pas la fin du monde. Le conducteur nous avait repérés et avait sans doute
compris ce qui s'était passé, peut-être en voyant dans son rétroviseur mon
air hébété, même pas désagréable, en vérité, surpris et quand même
contrarié. Alors, en une fraction de seconde, juste après avoir stoppé son
bus et avoir je crois vérifié dans un rétroviseur externe qu'il n'y avait
exceptionnellement pas de voitures dans les trois ou quatre voies sur la
droite du bus, ni à l'horizon, il nous fit un signe mi-question
mi-proposition, auquel, à nouveau surpris, j'acquiesçais. Et la porte
s'ouvrit. Je descendis et mis pied à terre en regardant prudemment d'où
pouvaient venir les voitures, T. finissant de descendre les deux marches et me
tenant la main, quelque peu apeurée car jamais un conducteur de bus japonais
n'aurait osé ouvrir de cette façon. Dans la belle lumière de ce jour-là,
nous avons traversé les voies désertes, des voitures arrivaient mais encore
à une bonne centaine de mètres. Il avait bien calculé notre coup. Je me
retournais pour le remercier d'un signe de main et de tête, T. aussi. Le bus
redémarrait déjà. Il reçut notre salut et sourit à son tour. Enfin eu contact par mail avec Jean-Philippe Toussaint, qui est à Kyoto,
qui m'écrit que je n'ai rien raté vendredi dernier parce qu'il n'était pas
à l'Institut franco-japonais de Tokyo mais... à celui de Yokohama. Au temps
pour moi qui, après avoir manqué l'info au moment opportun, en ai tronqué
une autre dans l'après-coup... (Faudrait que je me concentre un peu.) « Une pensée de vanille », c'est l'expression poétique
qu'une étudiante a écrite dans une dictée de recette de cuisine. Elle a
confondu, comme cela arrive souvent à l'oreille nippone, les en et les
in, comme dans marrant et marin. Éric Chevillard et Antoine Emaz ont reçu une bourse
Thyde Monnier de la SGDL. C'est bien. La SGDL a organisé le 5 décembre
une sorte de colloque,
fait de trois tables rondes, intitulé La création littéraire à l'heure
du numérique. C'est très bien. Avec des journalistes, des éditeurs, des
créateurs et des gestionnaires du numérique et pas mal d'adresses web dans
le programme au format pdf : Encres
vagabondes, Comme un roman
(librairie), Le Littéraire.com (SGDL),
Chaoïd, Jean-Pierre
Balpe, Xavier Malbreil,
Patrick Morelli, Romain Protat.
Un des débats portait sur les nouveaux droits d'auteur. Ça aurait sans doute
plu à Philippe... Commentaires1. Le mercredi 13 décembre 2006 à 12:40, par Philippe De Jonckheere : P, pour être parfaitement honnête, j'y étais invité, mais je n'ai
pas pu m'y rendre, un rendez-vous prioritaire pris de longue date, et dont il
n'est pas trop intime de dire, même dans un commentaire, qu'il s'agissait
d'un rendez-vous important pour Nathan. 2. Le mercredi 13 décembre 2006 à 14:32, par une parisienne qui n'aime pas le foot : 1. pour faire bercy - bastille, le 87 eût été direct 3. Le mercredi 13 décembre 2006 à 15:32, par Berlol : Eh oui, le 87, bien sûr, mais il eut fallu que nous le chopassions... 4. Le mercredi 13 décembre 2006 à 15:53, par Bikun : Tiens, je croyais qu'il était interdit au bus de s'arrêter en dehors des arrêts de bus? 5. Le mercredi 13 décembre 2006 à 16:04, par christine : l'internaute n'a pas d'autre question pour l'instant et concède que les bus parisiens ne sont pas faciles à chopassionner 6. Le mercredi 13 décembre 2006 à 16:21, par Berlol : Bon, je reconnais que je l'ai un peu chargé, ce pauvre verbe... 7. Le mercredi 13 décembre 2006 à 16:36, par christine : c'est interdit en effet, Bikun, mais heureusement les humains
(certains au moins) savent composer avec les interdits pour que la vie des
autres humains soit plus fluide ... il en est de même des chauffeurs de bus 8. Le mercredi 13 décembre 2006 à 18:41, par Berlol : Philippe, j'ai bien lu qu'une grosse chose vous avait aimantés
ailleurs. Et c'était bien normal. En ce qui concerne les comptes rendus et
les enregistrements mp3 : le compte rendu prend du temps, c'est évident, et
il faut plus ou moins y être autorisé, ou mandaté, donc plutôt du ressort
de l'organisateur (ou de la puissance invitante), en revanche l'enregistrement
mp3 peut se faire discrètement, ne coûte rien, ne prend guère de temps
(celui de transférer dans l'ordinateur, de couper des bouts avant et après,
des silences, etc., voire de réécouter tout en faisant la vaisselle, et de
èftéper quelque part) et se diffuse facilement, même sans trop prendre de
gants si ce n'est pas clairement interdit. C'est ce que je fais pour la
plupart des colloques et conférences auxquels je vais, même si je ne les
diffuse pas toujours (je demande, et quand ça n'est pas souhaité, je
respecte). 9. Le jeudi 14 décembre 2006 à 01:11, par brigetoun : un restaurant italien rue de Sévigné ? c'est à ce genre de détail que je sens mon âge. De mon temps il n'y avait pas de restaurant |
Jeudi 14 décembre 2006. Y être pour ne rien
voir.
Bon, bah, il est plus d'une heure du matin et je viens de rentrer. Malgré la pluie, on est allé d'un restaurant à un bar pour discuter jusqu'à plus de minuit. Et c'est vrai qu'à la fin je portais un toast à Jean-Tilippe Phoussaint qui nous fit tous bien rire... J'y reviendrai demain ou quand j'aurai le temps. Juste dire que la
conférence-entretien avec Jean-Philippe Toussaint (soyons un peu sérieux)
s'est bien déroulée, qu'il y avait plus de soixante-dix personnes dans la
salle de l'Alliance française de Nagoya, que personne ne s'est endormi, je
crois, j'avais l'œil, et que l'on a même eu droit à quelques scoops —
outre le fait que c'était la première fois que Toussaint s'exprimait
publiquement sur La Mélancolie de Zidane, que l'Alliance avait fait
venir la librairie Maruzen pour vendre l'édition de Fuir en japonais,
sorti il y a deux ou trois semaines,
que des exemplaires du dernier opuscule envoyés par Minuit étaient aussi
disponibles, que l'auteur a accepté une séance de signature de plus de vingt
minutes, et qu'un collègue, Éric, pour ne pas le nommer, était venu de
Kyoto, inversant le mouvement habituel qui voit les francophones nagoyens aller chercher
pitance culturelle vers la rivière aux canards. Première photo avec son traducteur-interprète du jour, le professeur Kamada Takayuki (que j'ai connu doctorant à Waseda il y a treize ou quatorze ans). Deuxième photo avec une lectrice au moment de la dédicace de son exemplaire. Le lendemain... Tout d'abord, questionné par votre serviteur, également bien placé pour
les photos de profil,
Toussaint s'est expliqué sur la finesse de son livre,
qu'il appelle parfois plaquette. Mais plus justement encore : « geste »
littéraire. La Mélancolie de Zidane est un geste littéraire qui,
dans sa brièveté même, répond à la brièveté du geste de Zidane. Il a
voulu concentrer dans la subjectivité d'un instant les dimensions d'un
paradoxe inédit : qu'il fallait être dans le stade de Berlin et
assister à la finale de la Coupe du monde de football 2006, bien suivre des
yeux le ballon lors de la 107e minute pour ne rien voir de ce qui se passait
alors qu'une seule caméra le filmait, ce « ce » qui se passait, et le diffusait à des centaines de
millions de téléspectateurs — qu'il fallait donc y être pour ne rien voir. « Est-ce que ça ne l'affadirait pas », s'il était le dernier texte d'un recueil des précédents écrits de Toussaint sur le football, comme c'était préalablement envisagé ?... À venir, peut-être, sous sa plume lapidaire, un jour : Le Scandale de la brièveté. « Tout le monde n'a pas eu la chance de ne rien voir...», dit-il. D'ailleurs, Jean-Philippe Toussaint n'a rien vu de la sécession de la Flandre. Il pourra sans doute l'écrire... |
Vendredi 15 décembre 2006. Billets de constat ou
de dépit, mais peu de colère et peu de vraies explications.
Au sport le matin, pour finir d'évaporer les brumes de whisky d'hier soir, en
lisant en finissant Virginie Despentes. J'y reviendrai, c'est considérable. Parce que son ton me sidère et m'émeut, parce qu'elle est dans le milieu une des seules personnes qui en a, au point de dire ce qu'elle pense, de temps en temps, je recopie ce passage de Chloé Delaume, pour que ça circule et parce que c'est ce qui est le plus proche de mon avis et de ma sensibilité. J'ai lu ces jours-ci beaucoup de billets de constat ou de dépit, mais peu de colère et peu de vraies explications...
« La diffusion des petits éditeurs. La Fédération Diffusion, énième joujou de Léo Scheer relégué aux ordures, ça, excusez-moi mes petites poulets, mais fallait quand même s’y attendre. C’est rigolo, quand même, que personne ne m’écoute jamais, alors que depuis 2003 je dis à chacun de faire attention. Que les auteurs aient besoin de se taper eux même l’expérience du broyage et une dépression nerveuse sur mesure, passe encore. Mais que les éditeurs soient naïfs, s’imaginant que la dynamique n’est pas globale dans le cerveau du Docteur Olive, ça m’aura surprise jusqu’au bout. Commentaires1. Le vendredi 15 décembre 2006 à 01:09, par brigetoun : ça n'aura sans doute pas d'effet, mais ça soulage - le monde se vide de ce qui faisait son sel (à part les restaurants ?) 2. Le vendredi 15 décembre 2006 à 07:29, par vinteix : Monde de merde... 3. Le vendredi 15 décembre 2006 à 07:32, par vinteix : et c'est guère mieux... ceux qui intitulent eux-mêmes leurs sites persos "site de L'ECRIVAIN x" ! 4. Le vendredi 15 décembre 2006 à 13:00, par caroline : Saine (et vaine ?) colère... 5. Le vendredi 15 décembre 2006 à 14:36, par christine : comme Caroline, je crains que la colère ne soit hélas pas beaucoup
plus efficace que le constat ou le dépit 6. Le vendredi 15 décembre 2006 à 14:47, par Berlol : Chère Christine, ce n'est pas qu'elle seule aurait une vraie explication, c'est qu'en général on manque de vraies explications, des vraies raisons, et c'est ça qui fait rager. D'ailleurs, ça ne date pas d'aujourd'hui. On nous cache tout, on nous dit rien, disait Dutronc... 7. Le vendredi 15 décembre 2006 à 18:48, par vinteix : je me pique de le savoir... 8. Le samedi 16 décembre 2006 à 02:23, par hikikirinokogiri : "(...) un sinistre enculé de capitaliste,(...) son abyssale
frustration, sa bite qui en dépit de tous les déboursés ne peut
s’introduire nulle part. Et je souhaite ardemment que votre queue se nécrose
comme l’est déjà en vous toute trace d’intelligence.» 9. Le samedi 16 décembre 2006 à 03:11, par Berlol : Il s'agit de la belle métaphore filée de la danseuse et je m'étonne
que le vocabulaire et l'imagination vous choquent (ou choquent qui que ce
soit) : de quelle planète venez-vous ? Je n'y vois aucune boue (hélas, peut-être)
mais le portrait fantasmatique d'un homme, éditeur, qui massacre des outils
éditoriaux et des personnes qui s'y sont consacrées — pour son seul
plaisir (d'où l'analogie sexuelle) — et la colère, lexicalement élaborée,
d'une personne qui supporte mal cela, au moment-même où la situation empire. 10. Le samedi 16 décembre 2006 à 05:11, par hikikirinokogiri : Ce n'est bien évidemment pas à votre personne,dont je ne voudrais
pas, comme vous le faites fort bien vous-même, insinuer qu'elle ne la mériterait
pas, mais, comme le veut l'orthographe la plus courante, à votre titre, que
cette majuscule qui tant vous désagrée s'applique. 11. Le samedi 16 décembre 2006 à 07:08, par Berlol : Mais jusqu'où irez-vous dans le précieux ridicule ? On s'en fout
grave que ces vocables ne vous plaisent pas ! Vous voulez vous faire l'énerveur
à la petite scie qu'indique le choix de vos kanjis (expression archaïque qui
n'est plus que dans le dictionnaire et que les Japonais consultés (au
pluriel) avant ma première réponse ne connaissent pas) : vous passerez
comme ça partout dans des sujets où vous ne connaissez rien et juste parce
que des mots ne vous plaisent pas vous allez donner de la dent. Quelle vanité
! 12. Le dimanche 17 décembre 2006 à 07:55, par vinteix : hikiki la quequette ? 13. Le dimanche 17 décembre 2006 à 08:04, par vinteix : ah y'en a qui se la pètent en jap ! 14. Le dimanche 17 décembre 2006 à 08:26, par Berlol : Calme, calme... Sinon, ça va faire scie circulaire... 15. Le dimanche 17 décembre 2006 à 09:53, par vinteix : ça va, ça va... assez occupé par les tâches de fin d'année, les
préparatifs de l'année prochaine et l'accompagnement des étudiants en février
prochain à Louvain-la-Neuve et Paris... enfin, tu connais tout ça... 16. Le dimanche 17 décembre 2006 à 15:27, par olivier : On évitera donc d'entrer dans la polémique inutile avec hikiki-machin-chose, juste pour vous dire, cher Berlol et cher Vinteix, que je serai de même autour de Tokyo pour les fêtes... Si jamais vous avez un peu de temps... n'hésitez pas !!! 17. Le dimanche 17 décembre 2006 à 16:59, par Berlol : Eh ben, on va se prévoir quelque chose entre le 2 et le 4 janvier ! (On sera là aussi, à quatre.) 18. Le mercredi 20 décembre 2006 à 23:42, par le consul : "On s'en fout grave" 19. Le mercredi 20 décembre 2006 à 23:48, par le consul : ce que je trouve salvateur dans le billet de delaume, c'est l'art de
l'insulte, qui n'est pas celui de la polémique, et ça fait du bien, car que
dire de plus à Léo scheer, à de la Martinière ?? Ce sont de vrais salauds
qui ont détruit, qui détruisent de très belles choses et de très belles
initiatives... car maintenant comment va t on lire de la poésie contemporaine
sans Al Dante, comment réfléchir sans Lignes, comment ... comment... sans
... sans ... Ils laissent derrière eux un champ de ruines et pas certain
qu'une fleur n'y pousse... c'est à pleurer... et tout ça pour quoi ?? pour
avoir pensé qu'ils avaient pouvoir se faire un maximum d'argent dans l'édition...
ah le rêve de m. Gallimard, sans doute... 20. Le jeudi 21 décembre 2006 à 00:22, par Berlol : Un viol, oui, c'est ce à quoi l'on pense pour cette pauvre danseuse.
D'accord avec vous sur l'insulte — quand il n'y a plus de discussion
possible — juste pour la catharsis... 21. Le jeudi 21 décembre 2006 à 02:43, par le consul : On va retourner 20 ans en arrière avec cette histoire... quand on
pense à tout ce fabuleux travail fait par ces éditeurs, c'est vraiment à
pleurer... et tout ça pour quoi ?? on se le demande bien... 22. Le jeudi 21 décembre 2006 à 04:45, par hikikirinokogiri : Nous sommes dans un temps où nos professeurs confondent l'insulte et l'apologie de la castration, appellent art la fange, salvation l'embourbement... Laissons définitivement ces bassets à leurs jappements. 23. Le jeudi 21 décembre 2006 à 04:57, par Berlol : C'est ça, laissez-nous. Passez votre chemin. Il y a sûrement des
blogs bien proprets pour vous. 24. Le jeudi 21 décembre 2006 à 16:32, par christine : tout de même, chers Consul et Berlol, permettez-moi de m'inscrire en
faux contre un tel tokyocentrisme : il subsiste à Paris aussi quelques
esprits éclairés pour lire les livres publiés par Al Dante et les acheter
pour les rayons de vénérables institutions comme la Bnf (même si dans
certains de ces livres il y a de quoi effaroucher hikikiri...) 25. Le jeudi 21 décembre 2006 à 17:31, par le consul : Chère Christine, ok pour la BNF (mais c'est Paris) mais pour avoir beaucoup fréquenté les bibliotheques municipales de France, y'a pas bcp de Al Dante dans les rayons.... C'est pour ça que j'ai toujours trouvé pitoyable le débat lancé par Lindon sur le prêt payant en bibliothèque, on y trouve (surtout) ce qui se vend en librairie, et ce dont tout le monde cause... et ça c'est une forme de censure... 26. Le vendredi 22 décembre 2006 à 07:09, par John B. Cornaway : Je me souviens d'une dernière page de LIBé avec un portrait de Chloe Delaume en directrice littéraire chez Léo Scheer et accordant une interview au bar d'un "grand hôtel" ... Les temps changent 27. Le vendredi 22 décembre 2006 à 07:13, par Berlol : Eh oui, elle y a cru. C'est d'ailleurs ce qui alimente d'autant plus sa colère... Ça serait amusant à retrouver, ce document ! 28. Le vendredi 22 décembre 2006 à 09:02, par Dom : Voici, je pense. C'était le mercredi 16 janvier 2002. 29. Le vendredi 22 décembre 2006 à 15:13, par Berlol : Trop cool ! Arigato ! |
Samedi 16 décembre 2006. Seulement le saisir
quand c'est le. Dernier cours, ensoleillé, sur Poil de Carotte. En
revenant sur la conscience naissante qui poétise soudain la tempétueuse nature
environnante, les arbres qui frappent le sol et saignent par leurs fruits (« La
Tempête de feuilles »), nous comprenons mieux la conviction de Poil de
Carotte au chapitre suivant : tenir tête à sa mère, enfin lui dire froidement
« Non », même si ce n'est que pour une motte de beurre, et passer du
giron maternel, dont l'autorité s'appliquait sur le présent et les affaires de
la maison, à celui du père dont l'autorité s'étend sur le monde et l'avenir (« La
Révolte » et « Le Mot de la fin »). Déjeuner au Saint-Martin avec T. où, tandis que le ciel vire au gris froid,
on commence à discuter des dates d'ouverture durant les fêtes, de quand on y
viendra avec ma sœur et son ami, de plats spéciaux qui y seront proposés.
Nouveau passage à l'Institut où T. va saluer Kyoko et Kuniko. J'en profite pour
recommander Patrick Deville (Pura Vida et La Tentation des armes à
feu) et Virginie Despentes (King Kong Théorie) à Kyoko que cela
devrait intéresser. Dans mes essais d'enregistrements d'émissions de France Culture, j'ai
quelques problèmes ces jours-ci (depuis plusieurs semaines, en fait) : les
pages de
Surpris par la nuit ou de l'Atelier
de création radiophonique ne sont pas à jour, les morceaux de Tout
arrive ne sont pas toujours les deux bons, avec parfois une qualité audio
fort
dégradée (comme le 14 où l'on a
une moitié de Déon — oui, oui, Déon, la folle actualité de la lèche — et
une moitié de débat avec Henri Godard et Alain Finkielkraut — un
Finkielkraut qui commence à sérieusement patauger dans la semoule (ou à être
manipulé vers la sortie de lui-même), et je suis content que
Vive
le feu ! (l')ait (à) l'œil. Enfin T. met dans la machine le dévédé de
De battre
mon cœur
s'est arrêté et nous passons un très bon moment. L'ayant déjà vu
l'an dernier, je lui
en avais offert l'édition avec les sous-titres en japonais dès sa sortie, il y
a plusieurs mois, mais je sais, d'expérience, qu'il faut attendre que ce soit,
pour elle, le bon moment. Le
bon moment. Une chose
difficile à cerner. À moins qu'il ne faille même pas essayer, seulement le
saisir quand c'est le. Commentaires1. Le dimanche 17 décembre 2006 à 03:54, par brigetoun : je dirais surtout les cinéastes, nous sommes plus contraints et avons plus de mal à ignorer le "en trop". Comme le fait pour vous le mauvais fonctionnement de France Culture, parce que un demi Finkielkraut et même un demi Déon ça n'est pas suffisant ? |
Dimanche 17 décembre 2006. Sangliers, phacochères,
pécaris et leurs laies.
Après
fixation de la nouvelle selle, inquiétude de son étroitesse (comparée à
la pépère précédente)... mais aucune douleur après plus de deux heures
d'utilisation : un miracle, ce changement de selle. Il fait presque beau, assez frais, ce qu'il faut pour escapade à deux vers
midi, qui nous mène à Yotsuya, à Akasaka, et, puisqu'on y est presque, à Gaien
et au cimetière où T. devait passer dans quelques jours pour faire le ménage
sur la tombe familiale. Le faisons, comme ça, ce sera fait.
Sur
une ruelle qui borde le cimetière, une pâtisserie-salon de thé nommée
Chocolat Chic. Nous
nous y installons et commandons une soupe de fèves pour T., qui vient avec
pain, huile d'olive et gros sel, une quiche lorraine pour moi, avec petite
salade. Puis des gâteaux, c'est l'essentiel, dont ce Sicile absolument divin —
le biscuit, proche du macaron, accueille quatre couches de crème-coulis :
pistache, framboise, pistache et praliné.
Revenons par Aoyama, Shinanomachi, Akebonobashi et passons derrière
Bouetchou, le bastion de la défense nationale dont le contournement nous oblige
toujours, quel que soit le côté, à un détour. Bain avec la Dame d'Auxerre...
où j'apprends que religion n'a pas toujours relié, alors que
c'est devenu la tarte à la crème :
Place
à la calligraphie. À noter que la Poste japonaise sort de jolis timbres et même une superbe feuille de calligraphies que je vais tâcher de nous procurer. S'il y a des amateurs... Commentaires1. Le lundi 18 décembre 2006 à 02:21, par brigetoun : fascination la calligraphie - j'aurais peut-être assez de calme maintenant mais des mains trop maladroites - à propos de main est ce que l'instinct ne dit pas que le geste de la Dame d'Auxerre est en effet de recueillement ? |
Lundi 18 décembre 2006. Bientôt sous le sceau
rouge. Jour tranquille. « Rodin disait : « Il ne s'agit que de voir ». Non, puisqu'il y a à interpréter l'apparence. Et pour voir une peinture ou une sculpture, il faut traverser les effets du langage sur le visible, l'interposition du culturel entre l'œuvre et le regard. Pour faire apparaître qu'entre l'œuvre et le regard il y a du langage, il suffit de confronter des manières différentes d'en parler. Aussitôt ce qu'on prenait pour de la transparence se trouble, ce qu'on prenait pour l'œuvre apparaît comme une historicité du regard. Reconnaître cette historicité est la seule chose à faire, pour reconnaître l'œuvre, pour s'y reconnaître, pour s'y connaître, pour se connaître.» (Henri Meschonnic, Le Nom de notre ignorance, la Dame d'Auxerre, p. 69) À la pâtisserie, hier, j'ai ramassé un prospectus de musée (Kurita,
à Tochigi) montrant une statue
cuchimilco du
Pérou... Sur le moment, je me suis juste dit que c'était intéressant. Mais cet
après-midi, je me suis rendu compte que je n'aurai pas pris ce prospectus si je
n'étais pas en train de lire la
Dame d'Auxerre — qui me fait réfléchir sur ce que j'ai jusqu'à
maintenant pensé de la statuaire. Ai-je jamais vu les mouvements ou leur
absence ? L'entassement des instants de vie ? Ai-je jamais pu me relever de
l'écrasement par les statues équestres et par les statues aux grands hommes ? —
statues pour l'argent et statues pour la terreur... Voyons ce soir un dévédé loué, The Constant Gardener (F. Meirelles, 2005) qui me fait une très forte impression malgré un début un peu poussif — normal, puisqu'il montre en fait la relative banalité d'une histoire d'amour avant que ça ne se complique d'autres choses. L'enquête sur une opération impliquant diplomates, industrie pharmaceutique et organisations humanitaires dans un monde en voie de globalisation n'est pas sans rappeler Le Cauchemar de Darwin. Mais à la différence de ce dernier, La Constance du jardinier reste une fiction — basée sur des faits vrais — allant vers la poésie des grandes étendues et l'inconsolable tristesse de la perte, alors que le film de Sauper se donne des airs de documentaire, idéologisant sans réussir à convaincre de la véracité des faits qu'il avance. Commentaires1. Le lundi 18 décembre 2006 à 12:22, par caroline : Le côté cul-cul la pral' de la fin du film gâche un peu le message. Enfin, en ce qui me concerne, la fin a complètement occulté l'histoire de l'industrie pharmaceutique. Je n'aime pas l'eau de rose mal faite. 2. Le mardi 19 décembre 2006 à 03:47, par brigetoun : pour finir d'apprendre à regarder les statues, si ce n'est déjà fait je vous recommande les idoles des cyclades ou Hadju - et de là dans un style opposé Etienne Martin |
Mardi 19 décembre 2006. Conflit avec le vrai
réel. En route pour la dernière semaine de cours de l'année (il y en aura deux autres en janvier pour (nous) achever). Dans le shinkansen, lecture des trois dernières pages de la Dame d'Auxerre, puis roupillon, puis lecture de divers passages de La Télévision de Toussaint, en vue de préparer un calendrier des cours, et encore un roupillon avant de débarquer... Au cours de conversation de 3e année, un sujet mystère : comment
répondre à la question « Où sommes nous ? » Manu m'écrit pour m'informer que : « Wii, la courroie est moins forte que
toi ». Voici le texte de la brève : « Nintendo a lancé un vaste programme d'échange de courroies de sécurité, utilisées pour relier la manette de sa nouvelle console
Wii aux poignets des joueurs qui vient d'être lancée en Europe. Le nombre d'unités concernées s'élèverait à 3,2 millions. La version initiale de la
courroie s'avèrerait insuffisante par rapport à la force de certains clients. Selon
Wiihaveaproblem.com, un certain nombre d'utilisateurs ont fracassé leur téléviseur ou leur lecteur de DVD en lançant la manette lors de matches
virtuels
de base-ball ou de tennis endiablés.» Aucune nécessité de prendre
la défense de Tokyo, petits Portraits de l'aube, de Michaël Ferrier
— livre qui se défend
seul. Juste souligner, comme je l'écrivais chez Lionel en commentaire, que l'érudition et l'argumentation (celles de Vinteix, en l'occurrence) ne viennent pas toujours à bout d'une intime conviction, fût-elle contraire à la
nôtre... Au tout début de Ce soir ou Jamais de lundi soir. Jean-Marie Rouart, aussi bête que dans mon souvenir, mais d'une bêtise dangereuse : « Moi, je suis contre les sectarismes. Je ne voudrais pas détester les riches parce qu'ils sont riches. Je pense qu'ils apportent des emplois. Et c'est dommage de voir Johnny... Chais pas, il doit y avoir autour de lui des guitaristes, beaucoup de gens à qui il apportait un travail et... Un pays qui perd une de ses catégories, que ce soient les riches, les pauvres, les moyennement riches, je trouve ça dommage...» (C'est moi qui souligne.) Commentaires1. Le mardi 19 décembre 2006 à 10:02, par La Mère Fouettarde : En tout cas, vivement que la catégorie des cons aille payer ses impôts sur Mars... 2. Le mardi 19 décembre 2006 à 12:28, par caroline : "Et c'est dommage de voir Johnny..." 3. Le mardi 19 décembre 2006 à 17:04, par christine : Je n'ai pas lu (je vais lire) "Tokyo, petits Portraits de l'aube", mais j'ai un excellent souvenir de ma lecture de "Kizu (la lézarde)" de Michaël Ferrier. S'il n'est pas trop coquet à ce sujet et qu'il me lit ici, sa date de naissance me manque dans labyrinthe (perso.orange.fr/labyrinth... !? 4. Le mardi 19 décembre 2006 à 17:37, par Berlol : A y est, je l'ai mélé (à tout ça)... 5. Le mardi 19 décembre 2006 à 20:35, par Manu : La source, au cas où (pour une fois que je ne l'ai pas indiquée dans
mon message !): 6. Le mercredi 20 décembre 2006 à 15:01, par christine : merci pour ton entremise 7. Le jeudi 21 décembre 2006 à 00:33, par Berlol : De rien, c'était tout naturel ! |
Mercredi 20 décembre 2006. Le Fonds Ricœur
depuis hier. Il en avait été question lors d'un récent dîner : ouverture hier du site du Fonds Ricœur. * * Du coup, un peu tranquille dans l'après-midi, après le cours de
phonétique et le déjeuner hispanophone (avec un collègue mexicain et David
qui parle l'espagnol sans l'avoir appris, ce qui m'étonne toujours), j'ouvre Soi-même comme un autre,
reçu il y a quelques semaines. C'est tout de suite très intéressant. Mais
ardu. Plus tard, une petite pause blogs me permet de voir Céleste... Celle de Proust. Quelle tristesse, quand même. Mais quelle merveille aussi d'avoir ce document ! Au dîner et après, dans Ce soir ou Jamais d'hier, brouhahas récurrents, comme si personne ne pouvait s'arrêter de parler en même temps que les autres. Aminata Traoré, Guy Sorman, Frédéric Mitterrand, Shan Sa, Romain Goupil et quelques autres parlent parfois tous en même temps... Mais c'est quand même très intéressant, dans l'ensemble. Après ça, et bien d'autres discours, on se sent tout petit pour résoudre les problèmes du monde, on voit bien que des athlètes y ont brisé toutes sortes de lances et l'on serait bien en peine de défendre une thèse plutôt qu'une autre — même s'il ne me viendrait jamais à l'esprit de dire une connerie comme Rouart hier (trouver dommage que la catégorie des pauvres puisse disparaître). Ce que j'apprends d'un débat comme celui-ci (ce n'est pas d'aujourd'hui, toutefois), c'est qu'il y a trop de diversité humaine, trop de variété d'intérêts, trop de points de vue défendables, et aussi trop de malentendus (qu'il faudrait d'abord appeler des malécoutés), pour qu'une idée, une théorie, une explication suffise, satisfasse, soit acceptée. « Le rapport dialectique entre des idées contraires impose une gymnastique mentale à laquelle je ne me soustrais jamais sans une certaine gêne, étant entendu que la vie quotidienne s'arrange mal de ces incertitudes qui vous font passer pour un irrésolu ou un velléitaire. Il est généralement plus bénéfique de présenter à autrui l'image d'un obstiné. Savoir ce que l'on veut constitue l'un des premiers commandements de la morale pratique. Encore peut-on vouloir ne pas trancher, position difficile à tenir qui fait de vous un Oblomov ou un Pyrrhon, un ennuyé ou un ennuyeux.» (Georges Picard, Tout le monde devrait écrire, Paris : José Corti, 2006, p. 15) Plutôt envie de se retirer en haut d'une montagne — virtuelle (sinon, il faudrait du matériel...). À quand le jeu sur Wii d'un monastère avec vœu de silence... Commentaires1. Le mercredi 20 décembre 2006 à 22:00, par Manu : >À quand le jeu sur Wii d'un monastère avec vœu de silence... 2. Le mercredi 20 décembre 2006 à 23:07, par caroline : Merci pour le lien. J'ai pu grâce à lui commencer une journée-Céleste. Émouvant. 3. Le jeudi 21 décembre 2006 à 00:33, par Berlol : Une courroie de ceinture de robe de bure de moine des montagnes de F'murr, peut-être, alors. |
Jeudi 21 décembre 2006. Aux lieux souples et aux
dispositifs qui n'en ont pas l'air.
Trois derniers cours, plus une heure d'entretien avec une étudiante qui prépare son mémoire de maîtrise, pas de déjeuner, sieste à cinq heures, avant d'aller au centre de sport. Voilà le menu d'une journée bien remplie... Pédalant sur place quarante minutes, j'entame le livre de Georges Picard, Tout le monde devrait écrire et rapidement je trouve un propos raccord avec mon billet d'hier (que j'ajoute à hier), puis, quelques pages plus tard, ceci, que je ne peux pas m'empêcher de mettre en rapport avec l'écriture de ce journal littéréticulaire : « La fragilité de ma pensée, qui peut revêtir la forme inattendue de la polémique (mais en respectant un balancement entre des cibles assez opposées pour laisser entrevoir aux lecteurs attentifs que l'enjeu se situe au cœur du dispositif d'écriture), a besoin d'appuis extérieurs pour prendre conscience de ses ressources. Elle s'attaque moins frontalement à l'esprit dogmatique qu'elle ne l'enserre, le nargue et le déroute par l'ironie. Revendiquer une certaine faiblesse d'affirmation n'est pas un paradoxe aussi incongru qu'il peut paraître. J'en trouve la source lointaine dans la dialectique sublimée du taoïsme qui sait que le fer est d'autant plus tranchant qu'il est souple. La perplexité est la seule posture susceptible de s'adapter à tous les terrains dont elle épouse les configurations contradictoires sans lâcher prise.» (Georges Picard, Tout le monde devrait écrire, p. 18) La semaine des grands débats de Ce
soir ou Jamais continue avec, hier soir, des thèmes culturels. C'est
moins bordélique que l'émission dont je parlais hier et il se dit beaucoup
de choses intéressantes, notamment de la part d'Olivier Py, de Dominique
Jamet et d'Yves Michaud. Même si c'est un autre que je citerai tout à
l'heure. Justement hier, je parlais de Jean-Jacques Beineix avec une étudiante qui fait son mémoire sur l'univers graphique et les décors dans les films de Jeunet, notamment Amélie Poulain, et je lui reliais ça avec Beineix, sorte de filiation, avec co-présence de Dominique Pinon, par exemple. Voilà-t-il pas qu'il est là ce soir, Beineix, qu'il s'exprime peu pendant une heure pour finir en beauté, avec un placage en règle de Florian Zeller (les applaudissements sont autant pour la performance que pour le contenu, je crois). Qu'on apprécie plutôt (ou qu'on l'écoute) : « Bizarrement, la censure a disparu, pour une simple raison, c'est que tout est promotionnel, que tout est fait pour que circule le flux des œuvres, sans entraves, de la manière la plus simple possible. C'est les autoroutes de l'information. Le star system c'est idéal, c'est des gens reconnaissables, immédiatement, par le plus grand nombre. L'argent va à l'argent. On marie les gens beaux avec les gens beaux, et on s'appauvrit de plus en plus, à tel point qu'on n'a franchement plus besoin de metteurs en scène. Qu'est-ce qu'on va s'emmerder avec ces gars-là. On n'a plus besoin d'auteurs, on n'a plus besoin de rien ! C'est magnifique ! Et tout ça, ça coule, ça glisse. Et on n'a même plus besoin de censure puisque de toute manière les auteurs aujourd'hui, ils ont... Qu'est-ce qu'ils viennent foutre dans ce monde-là... Moi, je me sens totalement décalé. Je sais pas où je suis, ce soir. Puisqu'il n'y a plus de censure — bravo, jeune homme ! [s'adressant à Zeller] Tout va bien, c'est merveilleux, et on est dans le monde des gens beaux, du star system. Voilà, il faut de l'argent. La promo, en effet, il faut saturer. Plus il va y avoir d'affiches, plus on de chances d'être perçu. En-deçà d'un certain nombre, il n'y a plus rien, plus rien n'existe. Donc on est en train petit à petit de s'appauvrir. On arrache tout avec des filets, on attrape tout avec des grosses mailles. Et alors tout ce qui fait le défaut d'aspect, tout ce qui fait le baroque, qui est pas rond, tout ça, ça existe plus. Moi, je suis effondré quand je vois un beau jeune homme comme ça blond [Zeller, donc], jeune auteur, qui me dit « y'a plus de censure, c'est merveilleux, on vit dans un monde merveilleux », j'ai l'impression que c'est Alice au Pays des merveilles. C'est ce que vous avez dit tout à l'heure. J'ai rien dit parce que je voulais laisser... Alors, j'ai pas beaucoup parlé jusque-là, j'ai rien dit jusque-là. Non mais, je pense que vous avez réussi à vous conformer à cet univers qui a été rêvé par le pire des hommes de marketing. C'est-à-dire qu'on n'adapte plus maintenant le produit idéal pour le plus grand nombre, mais vous êtes formatés, tous, pour coïncider à ce monde dans lequel on vous fait rentrer dans des grilles, dans des boîtes. Et vous ne vous révoltez même plus ! Mais c'est génial ! Et on est obligés d'aller passer devant des commissions pour faire des films. Il y a quatre gardes-barrières qui décident de toute la production française. Au théâtre, c'est un peu la même chose. Dans la littérature, les gens n'écrivent plus leurs livres. Et bientôt, il n'y aura plus de chefs d'orchestre, c'est totalement inutile un chef d'orchestre, mais qu'est-ce qu'il va nous faire chier à lire l'œuvre. C'est ça que vous êtes en train de dire, ce que j'entends, moi, de tout ça, ce soir. Et je suis fou de rage !...» (Jean-Jacques Beineix, en clôture de Ce soir ou Jamais du 20 décembre 2006) * À propos d'Arrêt sur Images, j'ai oublié d'en parler lundi, je signale que la dernière édition (visible sur le site jusqu'à la prochaine émission, en janvier) est particulièrement savoureuse. On y traite des images de tireurs embusqués en Afghanistan qui étaient en fait des vidéos d'un DVD de chasse à la marmotte (et non au Taliban, c'était sur France 3), des propos littéraires de Pascal Sevran sur la « bite des noirs » et son amitié télévisuelle avec des personnalités comme Didier Barbelivien et Nicolas Sarkozy, et bien sûr du canular sécessionniste de la RTBF (c'est le dossier central). Commentaires1. Le jeudi 21 décembre 2006 à 14:09, par trublionne pathétique : On ne peut pas dire que ça invite les lecteurs silencieux à intervenir ! 2. Le jeudi 21 décembre 2006 à 15:10, par Berlol : Baaahhh, je n'ai rien contre. Ne me faites pas dire, etc. Je les ai déjà
invités plein de fois à s'exprimer. Donc, c'est plutôt un constat sur le
mode médiologique, quand même basé sur trois ans de journal... À part ça,
il n'y a pas de statut attribué, chacun se décide quand il le sent. Moi-même
je suis très très silencieux sur la plupart des blogs que je visite, même
quand je les apprécie beaucoup... Merci, trublionne ! 3. Le jeudi 21 décembre 2006 à 16:51, par christine : soyions patatoïdes, donc, et traçons avec grâce et souplesse les
intersections de nos ovales... (c'est un peu les gibis contre les shadocks,
non ?) 4. Le vendredi 22 décembre 2006 à 00:28, par JF Paillard : Moi je ne fais quasi que ça, intervenir intempestivement partout ou ça me chante. Souviens-toi d'ailleurs ma premiere intervention ici... Souvent me prends les pieds dans le tapis, mais ça peut créer de beaux échanges. Il faut de la violence dans les propos, de temps à autre, à mon avis, pour remuer le blogueur, le mettre devant ses responsabilités, surgir comme d'un(e) diable(sse) d'une boîte, si on est honnete bien sûr avec ce que l'on veut exprimer, sinon, chapeau bas, Beineix, pas évident de synthétiser en quelques minutes devant la caméra ce discours anxiogène, sans s'emporter, en maintenant le fil (de l'épée) et en gardant le crachoir : beau geste ! Malheureusement aussi beau qu'inutile... 5. Le vendredi 22 décembre 2006 à 05:21, par Berlol : Faut dire aussi que tu avais de bonnes raisons de débouler puisque je m'en étais pris à ton livre... et qu'on a pas mal ferraillé après. Suis d'accord qu'entrer dans le lard direct (verbalement) est parfois une bonne méthode (mais pas toujours)... 6. Le vendredi 22 décembre 2006 à 05:52, par le consul : dommage que Beineix ne soit pas un bon cinéaste....... mais là c'est
pour faire polémique que je mets ce message... mais c'est vrai aussi qu'il
est meilleur cinéaste que Zeller est romancier (sic)... 7. Le samedi 23 décembre 2006 à 05:32, par Emmanuel d'Astier de La Vigerie : La censure existe, en une sorte de brutal retour du refoulé. Prenons l'exemple d'Antoine Perraud, qui animait le mois dernier un après-midi sur l'intime et son écriture électronique à la BNF. Eh bien ce garçon fut licencié de Télérama l'été dernier pour "abus de la liberté d'expression". Son tort : avoir voulu chroniquer un livre d'Edwy Plenel, en ne pensant qu'à ses lecteurs et en se foutant des basses stratégies du clan Colombani. Lourdé le Perraud ! Il sortira en février un livre sur "La Barbarie journalistique" chez Flammarion. Affaire à suivre... 8. Le samedi 23 décembre 2006 à 07:22, par Berlol : Cher Emmanuel (qui vous exprimez du royaume des ombres...), j'ai enregistré des dizaines d'émissions Tire ta langue animées par Antoine Perraud, je suis un fan de ses reparties et de sa curiosité, j'étais d'ailleurs au premier rang lors du débat à la BNF (j'avais causé juste avant son tour, voir au 30 nov.), aussi ne suis-je guère étonné de ce que vous m'apprenez ! J'attends son livre avec grand intérêt ! 9. Le samedi 23 décembre 2006 à 09:29, par JF Paillard : J'ai récemment échangé un mail avec un journaliste qui eut, lui, maille avec Gallimatiard, ayant dézingué en toute liberté (le croyait-il) un de ses auteurs, depuis ledit journaliste ostracisé... D'où: non seulement tenus (par la barbichette) de parler des auteurs galligraflamseuils, les journalistes soi-disant critiques, mais tenus d'en parler bien (à tel point que le contraire paraît incongru), ou sinon attention aux doigts ! Il faut en effet vendre : bien comprendre qu'ici l'enjeu de censure n'est pas littéraire, il est é-co-no-mique. |
Vendredi 22 décembre 2006. Renoncé aux puces. J'ai constaté depuis trois jours, dans la liste des liens entrants sur le JLR, une reprise des requêtes Google concernant les bagages perdus par British Airways. Alors qu'en août-septembre je savais pourquoi, et que les médias en parlaient, ces jours-ci je n'ai rien entendu au sujet de la compagnie britannique ou de l'aéroport d'Heathrow, sinon qu'un fort brouillard avait cloué tous les avions au sol hier. Ces requêtes en nombre signifient qu'il y a de nouveau des bagages perdus, alors que cela s'était semble-t-il résorbé en octobre-novembre — et que, cette fois, aucun média n'en parle... On peut être mort de rire en relisant cet article de juin 2005 (il y en a d'autres) indiquant que BA devait arriver à zéro erreur en faisant des économies grâce aux puces traçables, et surtout en constatant que les médias qui avaient joyeusement relayé cette information économique se sont bien gardés de dire ensuite que BA n'avait pas lancé son opération (voir ici au second paragraphe, où l'on ne dit pas non plus pourquoi BA a renoncé aux puces). Nul doute qu'on arrivera au suivi RFID, et que nous en bénéficierons tous, mais au prix de combien de désinformations des compagnies aériennes qui ne veulent pas que leur image ait à souffrir des ratés ? (Alors que les passagers sans valises, eux, souffrent.) Les Salons littéraires sont dans l'internet (PUF, 2002), dont je parlais hier, semble être épuisé, ou très fatigué, voire pilonné... Une personne m'a écrit en privé qu'elle l'a cherché en librairie sans succès. Mes relations avec les PUF étant proches du néant depuis quatre ans, je ne suis pas vraiment bien placé pour lui répondre. Est-ce que par hasard ceux de mes gentils lecteurs et gentilles lectrices qui viendraient à passer dans une librairie et à l'apercevoir, même (ou surtout) d'occasion, ne pourraient pas nous en avertir ici, en indiquant le nom et l'adresse de la librairie où l'ouvrage devenu précieux parce que rare aura été localisé ? Radio rattrapage. Georges Picard, justement, dans Du Jour au Lendemain d'hier ! Travaux publics sur Julien Gracq — très bien, c'est rare ! Mardis littéraires sur Duras et les nouvelles parutions durassiennes — très bonne émission aussi, mais qu'il vaut mieux éviter d'écouter si l'on croit aux histoires de MD comme les enfants croient au Père Noël (j'aurai prévenu). Et à venir ce soir, Peinture fraîche sur Tzara et les arts dits primitifs, avec Marc Dachy, Alain Jouffroy et Christophe Tzara, fils de Tristan... « Combien d'écrivains resteraient-ils fidèles à la littérature si elle ne leur rapportait ni argent, ni notoriété ? Combien d'écrivains continueraient-ils à écrire s'ils n'avaient aucune chance d'être publiés ? On peut se poser la question pour soi-même : selon la réponse, on saura à quelle sorte d'écrivain on appartient, écrivain social ou écrivain vital. La frontière établit d'ailleurs un tracé subtil à travers les genres littéraires, les styles et les thèmes : il y a cette voix qui ne trompe pas, cette ardeur d'écriture que l'on ne ressent que si l'on est soi-même un lecteur passionné.» (Georges Picard, Tout le monde devrait écrire, p. 48-49) Sinon, moi, j'ai fini mes sujets d'examen, déjeuné avec David au restaurant universitaire (rare un vendredi, mais faute de temps), rempli divers documents administratifs, fait ma valise et pris le train jusqu'à T. — qui était en train de regarder Priscilla, Folle du désert (S. Elliott, 1994), film que je lui avais recommandé à la boutique de location... On voit que les fêtes approchent. |
Samedi 23 décembre 2006. Troupeau, en avant
première. Y'a pas à dire, quand il n'y a pas de cours le samedi matin,
c'est quand même quelque chose ! On fait la grasse matinée, on range des
affaires, on planifie les activités avant l'arrivée de ma sœur. Et ça doit
commencer par l'achat d'un radiateur à huile. Le plus tôt possible, pour éviter
les foules. Mais comme on n'arrive pas à partir avant 11 heures, on commence
par aller déjeuner au Saint-Martin.
De
retour à la maison, c'est l'heure de finaliser les cartes de vœux, avec les
tampons rouges, deux ou trois, bien placés, la calligraphie de l'adresse et
quelques mots personnels. Ça prend beaucoup de temps. La soirée, en fait. Même pas le temps de lire un livre. Les vacances, c'est encore pire que quand on travaille, en fait ! À suivre... Commentaires1. Le dimanche 24 décembre 2006 à 01:32, par brigetoun : ils ne font pas le ¨bonhomme de neige chez Dalloyau Tokyo ? succès chaque année auprès des plus jeunes pour les yeux, auprès des grands pour le palais 2. Le dimanche 24 décembre 2006 à 04:08, par K : juste un koukou,là, que le temps s'arrête là un peu.........ciaO |
Dimanche 24 décembre 2006. L'humanité n'existait
pas. Quel beau jour ça aura encore été ! À tel point qu'on pourrait presque ne rien en dire. Comme si sa perfection était non pas indicible, mais inutile à rapporter. Pourtant je sais déjà des jours où il me consolera de lire ce que je faisais. Ce beau jour-là aussi. * * Nous avons sorti nos vélos, dans le froid et le soleil. Les avons menés dans Kagurazaka jusqu'à la boîte postale où nous avons glissé un gros paquet de cartes de vœux. Ils nous ont ensuite portés jusqu'au supermarché Seijo Ishii de Korakuen et nous avons acheté plein de bonnes choses, notamment pour un petit dîner à deux ce soir. Qui est avalé, maintenant. Qui a été avalé en regardant les six derniers épisodes de 24 Heures,
saison 5, que T. a
miraculeusement trouvés, disponibles au vidéo club alors qu'ils étaient
manquants depuis des semaines. J'ai aussi enregistré (mais pas encore écouté) la première partie du récent colloque Butor de la BNF (sur le canal Chemins de la connaissance de France culture, il y aura six autres parties). Un dernier petit cadeau ? For God's Sake... Commentaires1. Le dimanche 24 décembre 2006 à 09:51, par caroline : Joyeux Noël aussi... Un peu en retard, alors qu'ici on n'a pas commencé ! 2. Le lundi 25 décembre 2006 à 02:17, par brigetoun : une très jolie image de Noël 3. Le lundi 25 décembre 2006 à 06:15, par Berlol : Merci ! Je m'entraîne... 4. Le lundi 25 décembre 2006 à 18:09, par le consul : avais trouvé le Butor un peu tristounet... par contre Volodine était vraiment passionnant, le Rohe très interessant.... et Kadour assez excitant, dans son analyse de Colette... 5. Le mardi 26 décembre 2006 à 04:05, par Berlol : Le colloque Butor, c'était un colloque QUE sur Butor (cf. reportage Poezibao du 20 octobre). À ne pas confondre avec les dix conférences d'écrivains (dont en effet celle de Volodine était remarquable...). 6. Le mardi 26 décembre 2006 à 06:27, par di folkken : Merci de ta fidélité, merci pour ton regard et ton écriture si
justes. 7. Le mercredi 27 décembre 2006 à 01:38, par Berlol : Cher Philippe, merci du compliment. Tu n'écris pas trop mal non
plus... Et ton "On ne peut pas descendre plus bas !", ça,
c'est vraiment un trait de génie ! |
Lundi 25 décembre 2006. Comme on binerait le
dimanche. On devrait s'interdire d'écouter Finkielkraut un jour de Noël,
a fortiori quand il s'agit de
parler des Bienveillantes, le livre que l'on fait
suivre
partout du nombre d'exemplaires vendus. Si j'étais l'auteur et si j'avais du
tact, je ferais interdire cette indécence publicitaire. C'est comme les blogs
qui pètent leur score à tout va. Mais quel rapport peuvent-ils bien voir entre
le nombre de visiteurs et la qualité ? S'il y en avait un, depuis des milliers
d'années, on le saurait. En cas d'injection de Répliques, malgré l'avertissement, l'antidote est ici : « Triomphe de la littérature moyenne C'est ce que j'ai trouvé de plus doux — de plus homéopathique. Surtout pour les foies délicats qui auraient abusé du champagne (ou d'autre chose) dans la nuit. Ajoutons qu'en sus des journaux, magazines, revues et émissions télévisées, cette littérature médiatique (que je dirais aussi doxique) qui doit bien représenter 90 % du marché a maintenant ses blogs spécialisés, des lycéens rédigeant résumés et fiches de lecture comme on binerait le dimanche aux apprentis journalistes qui singent les pages littéraires des journaux nationaux — espérant des piges ? Aux indoxiqués : « Et ce n'est pas encore le jour de la multiplication des pains ! » L'événement du jour, c'est que je me rends avec T. à l'université de Tokyo
où elle reçoit solennellement, vers 16h20, son diplôme de docteur ès arts
libéraux. Oui, un jour de Noël ! Je sais, c'est bizarre, mais ici, c'est comme
ça. Ça ne dure guère plus de trois minutes, au demeurant. Pour ce qui est du champagne, on vient de s'en finir une bouteille, avec quelques brisures de marrons glacés. Après un nabe pas si léger que T. le prétendait, après les tournedos de ce midi et les rillettes du petit déjeuner, va falloir qu'on freine... Grand jeu-concours : fenêtre condamnée. Commentaires1. Le lundi 25 décembre 2006 à 08:03, par JoseAngel : Félicitations! Un doctorat, cela ne tombe pas tous les jours de Noël. Faites attention à la crise post-doc, maintenant, cela arrive parfois. 2. Le lundi 25 décembre 2006 à 09:59, par Frédéric : Je suis d'accord avec Georges Picard. 3. Le lundi 25 décembre 2006 à 11:18, par trublionne pathétique : Un scoop : samedi 23, juste après avoir écouté cette émission de Finkielkraut je l'ai vu longuement errer comme une âme en peine dans le rayon DVD de Gibert (Joseph, celui du boulevard). Pas vu pour lesquels il s'est finalement décidé (moi : Alphaville, Les producteurs, Assurance sur la mort et La belle américaine). 4. Le mardi 26 décembre 2006 à 03:43, par Manu : T. peut essayer Jamendo (à condition d'avoir un client BitTorrent, Opera par exemple). 5. Le mardi 26 décembre 2006 à 14:12, par grapheus tis : J'avais décidé de rien lire sur ces "Bienveillantes", j'ai
entendu des choses à droite et à gauche, louangeuses ou très irritées. |
Mardi 26 décembre 2006. M'obliger — ce bout de
plastique. Pluie, pluie et pluie. Le soir, annonce officielle de pluies torrentielles. On a bien réfléchi (des mois) avant de déplacer la bibliothèque. Il n'y a
que trois mètres à faire, mais pour un meuble chargé de centaines de volumes...
J'en vide les étages supérieurs. Après quoi on arrive, à deux, à la glisser
jusqu'où était mon bureau avant sa translation à l'autre bout de la pièce. T. reste pour se reposer et je vais au Saint-Martin avec Manu, sous la pluie, pour une crépinette de porc qui mérite le déplacement. Discutons des visiteurs qui vont arriver, ma sœur d'un côté, Bikun de l'autre, de la recherche de boulot et de l'intérêt pour Manu, éventuellement, d'en changer, du blog et d'une typologie des commentaires. Comme ça jusqu'au nougat glacé. On se sépare dans Kagurazaka, toujours sous la pluie. Pour accueillir nos visiteurs, il ne manque rien... que... un rideau de
douche (de m...). « Pourtant, je ne connais pas une seule esthétique qui repose sur autre chose que sur le tempérament. C'est lui qui conditionne en dernière analyse les différents ingrédients formels de l'art d'écrire — quand ce n'est pas le cas, on est en présence d'un exercice, fût-il de très haute école, beaucoup plus que d'une œuvre sourcée au cœur de la personnalité du créateur.» (Georges Picard, Tout le monde devrait écrire, p. 55) Commentaires1. Le mardi 26 décembre 2006 à 15:07, par christine : alors il y a aussi des magasins Muji au Japon ! ce n'est pas seulement un truc pour les bobos français comme moi : pour l'anecdote, c'est chez Muji que j'ai trouvé le premier mini parapluie pliant (pas cher non plus) capable de résister aux terribles bourrasques de l'esplanade de la BnF (peut-être que les parapluies japonais sont aussi aux normes antisismiques) 2. Le mardi 26 décembre 2006 à 16:27, par Berlol : Euhhh... Je dirais même que c'est surtout au Japon qu'il y a des magasins Muji... D'ailleurs, faut que je mette des liens dans cette page... 3. Le mercredi 27 décembre 2006 à 00:20, par Manu : Et chose assez rare pour être signalée, Muji est moins cher ici qu'en France. 4. Le mercredi 27 décembre 2006 à 01:16, par Manu : Au fait, en lisant le titre, j'ai d'abord cru que tu parlais du téléphone, que tu décrivais hier comme un objet intrusif. 5. Le mercredi 27 décembre 2006 à 01:26, par Berlol : Ceci dit, tu n'as pas tort, il n'y a pas qu'un bout de plastique qui nous oblige... En plus — cerise sur la galère — la cafetière à expresso que je voulais, il n'y en avait plus... 6. Le mercredi 27 décembre 2006 à 03:24, par Manu : Tu as eu/vu mon message à propos des cafetières soldées sur Amazon.co.jp ? Pas de Delonghi cependant... 7. Le mercredi 27 décembre 2006 à 03:32, par Manu : Bon, j'aurais dû vérifier AVANT d'écrire. 8. Le mercredi 27 décembre 2006 à 05:28, par Berlol : Oui, oui, je les ai vues, d'ailleurs moins chères qu'au magasin... Merci. |
Mercredi 27 décembre 2006. Dernières nébulosités
qui titubent. Voyant ces derniers jours que les nuées voulaient faire la
bringue et que bien des groupes de nuages en avaient gros sur la patate, on
s'est dit qu'il valait mieux leur laisser carte blanche. On leur a dit :
« Allez-y !, chamaillez-vous !, pissez-vous les uns sur les autres !, tonnez !,
inondez !, foutez-nous-en partout mais... Car il y a un mais ! Que tout soit
fini, nettoyé, nickel pour le 27 !... » Pour fêter mon anniversaire, je m'étais promis d'entamer Vue sur l'ossuaire, d'Antoine Volodine. Dans le Narita Express qui me mène à l'aéroport puis dans le hall des arrivées en attendant l'heure, même assis à côté d'un type qui pue l'alcool, je me plonge dans les noires délices de la romånce... Ma sœur et son ami, appelons-les M.&B., ont voyagé sans problème. Leur premier vol France-Japon. Je les ai filmés pimpants à leur sortie de la douane (M. a un énorme pot de foie gras dans sa valise). Du train pour Tokyo, belle série de cartes postales, que je commente sans excès : rizières inondées et bosquets de pins, alignements de petites maisons préfabriquées, premiers immeubles, le Mont Fuji profilé dans le lointain, puis des gares de plus en plus grosses, des immeubles de plus en plus serrés, des fleuves bordés d'autoroutes et d'usines. Repos. Explications sur l'usage des choses dans l'appartement. Vers 19h30, sortie pour dîner au restaurant Ootoya, simple, modique et bon. Faire quelques petites courses en arpentant une Kagurazaka toute illuminée. À suivre... « À supposer que Maria Samarkande réussît à tuer le soldat et à sortir du bâtiment, et ensuite à franchir l'enceinte de la caserne, ce qui, il faut bien le dire, exigeait une conjonction de hasards et de négligences invraisemblables, elle aboutirait dans la rue et elle serait là sans aucune perspective de rejoindre la clandestinité ou de s'abriter chez des proches. Les réseaux clandestins n'existaient pas, c'était une invention littéraire qu'elle-même avait contribué à forger, dans des écrits propagandistes que l'officier de l'Aviation et le référent décortiquaient devant elle ligne à ligne afin d'y traquer des flous et des contresens, et des métaphores qui démontraient qu'elle vacillait idéologiquement depuis longtemps et que, loin de servir avec loyauté la Colonie, la société à qui elle devait tout, elle préparait avec cynisme sa défection. Les filières souterraines appartenaient au domaine des contes, et dans la réalité, loin des féeries romanesques, il y avait seulement deux systèmes totalitaires très semblables, la Colonie et les Nouvelles Terres, et, où que l'on se tournât, des camps : d'isolement, de relégation, de transit, de concentration, sanitaires, d'expérimentation, de bûcherons, de rééducation, d'extermination, de semi-liberté, autogérés, de quarantaine, de vacances.» (Antoine Volodine, Vue sur l'ossuaire, Gallimard, 1998, p. 17-18) Commentaires1. Le mercredi 27 décembre 2006 à 08:10, par Bikun : Bon anniv! 2. Le mercredi 27 décembre 2006 à 12:16, par Dominique Fromentin : on en dit autant, mais avec tous les achats faits tous ces jours et
qui remplissent le réticulinaire, doit être difficile de trouver un cadeau ?
- un deuxième ordi pour voir 2 télés en même temps + 1 dvd de séries américaine
pour que 2007 en fasse encore plus que jusqu'ici ? un ordinateur alimenté par
pédaleur automatique utilisable dans le train ? 3. Le mercredi 27 décembre 2006 à 12:37, par christine : très bon anniversaire aussi ! 4. Le mercredi 27 décembre 2006 à 16:20, par Berlol : Merci à vous ! Et bonne fin d'année de votre côté ! Que ce soit doux et tranquille... et quand même bien animé ! Au passage, je confirme la difficulté pour tout le monde de trouver un cadeau qui me plaise... 5. Le mercredi 27 décembre 2006 à 22:45, par d'Orléans : hokaron et saucisson de cheval 6. Le jeudi 28 décembre 2006 à 01:22, par Berlol : Ah, ça, du saucisson de cheval ! je dis pas non... 7. Le jeudi 28 décembre 2006 à 12:13, par Dominique Fromentin : honte à moi, je n'avais pas compris que l'assertion de réalité posée
sur le saucisson de cheval, lors de l'arrivée supposée à Orléans un
dimanche matin il y a 1 an, était à nouveau, comme si souvent dans ce blog,
un montage méta-textuel à partir de la chanson de Bobby Lapointe - sans
doute qu'il en est de même, ces jours-ci, avec les liens vers tous ces
magasins de Tokyo posés comme allégorie benjaminienne de la marchandise
technologisée ? est-ce que nous disposerons un jour de l'intervention récente
à la BNF de Philippe Lejeune, celle qui s'intitulait donc "vies fictives
et vie réelle, l'illusion du blog mise au profit de l'autofiction : l'exemple
berlolien" ? notons que vous n'avez plus jamais parlé de vos parties
supposées de ping-pong depuis qu'il fut démontré ici qu'il ne s'agissait
que d'une métaphore de l'Internet 8. Le jeudi 28 décembre 2006 à 16:31, par Berlol : D'habitude, on m'appelle plutôt tête de mule... Mais bien que je
n'aie pas la culture de chanson de saillies, je m'insurge contre cette montée
en épingle d'un unique détail de ma relation journalière. Après tout, qui
est-ce qui se focalise sur le saucisson de cheval ? Hein ?... 9. Le jeudi 28 décembre 2006 à 23:24, par Dominique Fromentin : mais non, ami, c'était du David Lynch que cette quête d'un homme arrivant en exil volodinien un dimanche matin froid dans cette province hivernale et ne trouvant pour subsistance que ce saucisson (de mule) - et c'est sans doute pour ça qu'on revient au jlr, et l'interrogation justement sur ce statut de présence du réel : la chenille du citronnier, les menus du St Martin et ainsi de suite, même mon cher magasin d'épicerie de gros où une fois ils m'ont fait acheter un régime de banane parce que je me présentais à la caisse avec 2 (bananes), et l'interrogation complémentaire qu'on peut avoir, de pourquoi et comment une telle lecture questionnante, par les livres (perso, je lis pas trop les compte rendus de télé et le feuilleton des films et dvd) peut maintenir un journal de cette façon même sans les coups de gong du deuil de l'année précédente ni rien de "notable" souvent, sauf cette attention aux gestes et aux gens - ai beaucoup apprécié cette année l'ouverture sur les cours et la vie professionnelle (plus côté Nagoya que Poil de Carotte, mais cet atelier hebdo récurrent, qu'on avait eu pour Balzac et Beckett, c'est aussi une des dimensions qui fait qu'ici on revient) - donc fidèlement 10. Le vendredi 29 décembre 2006 à 02:17, par Laure L : Joyeux anniversaire (tardif) ! |
Jeudi 28 décembre 2006. Refusant l'onction et le repos que nous
réclamions. Il y a trois ans, on quittait Perth après d'extraordinaires vacances — et Noël en été. Il y a deux ans, la Terre bougeait de son axe quand JCB m'envoyait une carte d'anniversaire en japonais — et nous étions avec le père de T. L'an dernier, je découvrais Bloglines et Writely et j'envoyais balader Weyergans — et autant de soleil à Tokyo qu'aujourd'hui. JCB (justement) m'a écrit hier qu'il cherchait la photo-mystère, dont je
parlais lundi. À ma connaissance, c'était le seul qui cherchait. Du coup, je
l'ai cherchée aussi, la photo. Et... je ne l'ai pas retrouvée. Pas en tant que
photo publiée dans le JLR. J'ai retrouvée la photo originale, bien sûr.
Dans le dossier de février 2006... Mais je ne suis pas arrivé à comprendre
comment j'ai pu m'en souvenir en tant que photo du journal. Ai-je rêvé
la mettre en ligne ? L'ai-je montrée à quelqu'un en privé mais ayant une
relation au JLR ?
Par grand soleil, M.& B. et moi prenons le métro et accompagnons T. au
cimetière de Aoyama où elle va nettoyer la concession familiale. Promenade dans
ce que c'est qu'un cimetière japonais, avec plus de visiteurs que d'habitude,
tous venant nettoyer, ça doit avoir à voir avec le nouvel an... Faisons un
point géographique avec une grande carte de Tokyo. Et des photos. On continue Aoyama-dori jusqu'à Omote-Sando, que l'on prend en direction de Harajuku. Long arrêt dans le magasin de promotion de la région de Niigata pour
détailler à M.& B. des produits régionaux, beaucoup à base de riz (grain, mochi,
sake, pour ne prendre que les principaux), de légumes ou de poissons. Le lendemain matin (parce
que mes yeux se fermaient et qu'il était près d'une heure)... Après repos, repas : nabe de canard, en toute simplicité, à
la maison. Vers 20h00, réception d'un paquet d'Amazon. Quelle surprise : ce
sont des écouteurs Shure offerts par Manu. Merci ! Malgré ma branchitude
éhontée, c'est la première fois que je reçois un cadeau par réseau +
livreur !... Commentaires1. Le jeudi 28 décembre 2006 à 22:43, par Manu : De rien ! 2. Le jeudi 28 décembre 2006 à 23:26, par Dominique Fromentin : merci pour les photos ! 3. Le vendredi 29 décembre 2006 à 01:04, par brigetoun : là aussi je me sens petite femme ancienne et je ne pourrais même si
j'en avais les moyens supporter ce centre qui, sur la photo me fait penser à
une vision clean de l'enfer, ou à une coursive de prison pour vip si cela
existait. Je peux me laisser tenter par une boutique, mais là je crois qu'une
chape de cafard claustrophobe me tomberait dessus. 4. Le vendredi 29 décembre 2006 à 18:00, par Bikun : le Bikun est bien arrive... |
Vendredi 29 décembre 2006. Un cadeau peut en
cacher un autre. Jour anniversaire de ma sœur, M., pour la
première fois de sa vie au Japon. Ça se fête ! Puis en déjeunant avec T. qui nous rejoint au
Tsubame Grill de
Lumine 2, à la
sortie Sud de Shinjuku. Puis T. nous quitte pour continuer ses courses (on ne
sait pas quoi...) tandis que, toujours visitant des quartiers, nous allons
jusqu'à Yamaya où nous achetons du champagne, au cas où... Après le retour de T., nous nous préparons puis allons dîner à six au Saint-Martin. Il y a nous quatre, plus un ami du centre de sport de T. et sa fiancée. Effet réel de l'effet virtuel du Journal, lui-même effet textuel du réel vécu : c'est pour avoir lu maintes fois sous ma plume que le poulet-frites était excellent, que ma sœur et son ami veulent en prendre — et ne sont pas déçus. Attention : un cadeau peut en cacher un autre. Je savais que T. faisait ce matin des courses de son côté à seule fin de trouver un cadeau pour ma sœur (pendant que je les promenais dans Shinjuku). Mais je ne savais pas qu'elle en chercherait également un pour moi, qu'elle irait ensuite le déposer au Saint-Martin pour que je ne le voie pas à la maison avant le dîner. Ce qui fait qu'arrivés au dessert, après que nous avons eu donné son cadeau à ma sœur (un collier avec deux perles en pendentif), j'ai reçu par surprise le cadeau que T. me faisait pour mon anniversaire (une écharpe bien chaude — tout à fait opportune pour le froid qu'il fait depuis ce matin). Enregistrements de France Culture : Segalen, Beckett et la fiction de Mauvais genres. Et puis, dans un moment de lecture, cette rare pépite de bonheur volodinien. Le soleil ni la mort...
« — Naïa, dis-je. J'ai menti à vos parents depuis quinze ans. Je ne suis pas
critique d'art. |
Samedi 30 décembre 2006. Je suis contre la peine
de mort. Grand soleil ici dès matin — et l'annonce de la
neige à Kyoto nous incite à ouvrir grand le compas. Nous irons donc à trois (T.
ayant du travail à finir) à l'aventure, avec gants et bonnets. Sortis, au coin de la rue, soudain dans l'ouverture de la perspective,
prévu, le choc visuel du bâtiment Asahi, de l'autre côté du pont. L'étron doré
de Philippe Starck, surmontant l'immeuble, produit toujours son petit effet. Au
milieu du pont, nous partageant en trois un gros melon pan acheté tout à
l'heure près du temple, la surprise, cette fois pour moi aussi, des mouettes
qui viennent se mettre en vol stationnaire à moins d'un mètre au-dessus de nos
têtes, prêtes à nous voler du gâteau. L'avalons.
Prenons ensuite le monorail de la ligne Yurikamome pour Shimbashi et déambulons
cou cassé en arrière entre les tours futuristes que j'ai vu construire au gré
de mes passages en shinkansen depuis trois ou quatre ans et où je n'étais
encore jamais venu à pied. Jusqu'à Shiodome et retour. Dans le tourbillon de cette symphonie urbaine, une discrète et sombre migraine basse est venue m'habiter, que je contiens jusqu'à ce que, pain acheté chez Dalloyau, nous rentrions au bercail. Un bon bain n'aura pas raison d'elle. Elle restera docile, tout de même, durant le dîner à quatre. Mais je me jetterai sur le lit une bonne heure avant d'avoir l'idée — en réalité, le souvenir et le courage — de faire le geste qui sauve : du thé au jasmin. Effet miraculeux — et toujours incompréhensible — car en trente minutes le mal de tête s'évapore. Qui n'a rien à voir. Je suis contre la peine
de mort. Commentaires1. Le samedi 30 décembre 2006 à 21:58, par F : merci pour le lien vers l'affaire Saint-Nazaire, assez (tristement)
passionnant et qui nous concerne tous - du moins ceux qui ne sont pas hébergés
sur la côte Pacifique, ce qu'on devrait tous faire à titre préventif 2. Le samedi 30 décembre 2006 à 23:12, par vinteix : Ce n'est plus "à Kyoto rêvant de Kyoto"... mais à Tokyo rêvant
de Kyoto... et par contagion poétique et réticulaire, quelque part en France
rêvant de Kyoto... Bref, cela revient au même, ou presque, que l'on bouge ou
pas, que l'on soit ici ou ailleurs... 3. Le dimanche 31 décembre 2006 à 02:25, par brigetoun : merci pour cette ballade, son rythme et sa puissance d'évocation. Je
suivais dans l'ombre. 4. Le lundi 1 janvier 2007 à 20:42, par olivier : Instrumentalisation à tous les étages, indeed!! 5. Le mercredi 10 janvier 2007 à 20:12, par Kyoko : Le Japon a encore la peine de mort. Quatre personnes ont été exécutées
le matin du 25 décembre. Dont deux avaient plus de 75 ans. 6. Le jeudi 11 janvier 2007 à 02:01, par Berlol : Merci De ces informations, Kyoko, qui nous ont échapées durant les
"Fêtes"... |
Dimanche 31 décembre 2006. L'an à ses ouailles
frétillantes. J'enregistre — en écoutant de longs moments — l'impressionnante lecture de Peau d'âne, en version originale de Charles Perrault, diffusée hier comme fiction de Mauvais genres.
Ça ne me met pas en avance mais ce n'est pas grave parce que le programme
d'aujourd'hui est plus limité que celui d'hier. Pendant que T. continue ses
devoirs de vacances (préparation de sujets d'examens), M. & B. et moi allons
vers le Tokyo Dome. Par la voie nord, nous arrivons à Korakuen, dans le centre
LaQua, où je fais un tour de
grande roue avec ma sœur, en prenant des photos.
Il y a une intéressante exposition photographique pour jalonner les 70 ans
d'histoire du lieu. On y voit notamment l'évolution des bâtiments,
les sports et autres activités accueillies, les modes vestimentaires et vedettariales. Yakitoris à la maison. Sortie pour aller voir ce qui se fête à Roppongi, dans la tour et à côté...
De retour...
On
se contentera d'admirer le paysage urbain. Nous ne sommes pas allés sonner des cloches dans des
temples. Na ! Commentaires1. Le lundi 1 janvier 2007 à 03:05, par atoyot : C'est parfois irritant, le plus souvent intéressant. 2. Le lundi 1 janvier 2007 à 04:59, par Berlol : Merci, et bonne année à vous aussi. 3. Le mardi 2 janvier 2007 à 08:44, par F : Lu dans Internet'Actu : |