J
ournal LittéRéticulaire de Berlol

Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Août 2005

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Lundi 1er août 2005. Quand les infirmiers n'en sont pas.

Ayant acheté un moule à soufflé, je cherche des recettes dans le réseau.
Impression désagréable que celle de trouver, parmi les recettes de soufflé au fromage, soufflé au Grand-Marnier et autre soufflé au chocolat, des mentions de souffle au cœur...

Dentiste. Ajuste un bridge, trente-cinq minutes, remet la résine temporaire, pose définitive lundi prochain. Promenade avec T. jusqu'à l'ouverture des magasins à la station Aoyama-Itchome. Il y a quelques jours, en effet, dans une manipulation malencontreuse, T. a laissé tomber un saladier tchèque à motif d'oignons bleus sur un autre saladier de la série Thomas de Rosenthal — heureusement que je n'étais pas là sinon j'aurais eu un arrêt cardiaque ! Résultat : les deux sont morts, l'un explosé sur le coup, à la poubelle les oignons tchèques !, l'autre fissuré qui fit croire un temps être encore valide mais grinçant quand je l'essuyai hier — on va y planter des paquerettes.
Donc plusieurs boutiques de vaisselle pour finalement jeter notre dévolu, chez Villeroy & Bosch, sur un moule à soufflé en porcelaine blanche (pouvant servir de petit saladier, de temps en temps — ou inversement) et un haut saladier en bois léger fabriqué au Vietnam (assez haut pour fatiguer la salade sans en faire tomber).
Quelques autres courses rapides puis déjeuner au Saint-Martin. La patronne, Yukié, s'est inquiétée de ne pas nous voir samedi. On la rassure et, comme l'an dernier, on informe que le restaurant sera ouvert en août...

Dans le shinkansen qui me ramène pour la dernière fois du semestre à l'université, puis au centre de sport où je lis en pédalant, je continue la découverte d'Assia Djebar. J'ai achevé avec plaisir, mais sans sauter au plafond, la première nouvelle, en fait la plus récente du recueil Femmes d'Alger dans leur appartement, qui s'intitule La Nuit du récit de Fatima (2001). Elle met en scène une succession de narratrices qui racontent à gros traits des vies entières, comme pour tracer des chemins, sans y insister, afin de s'échauffer, se mettre en train avant de pousser plus loin.
Plus loin, c'est par exemple la seconde nouvelle, celle qui donne son titre au recueil, un petit roman, en fait. Commence par une description à laquelle on ne comprend rien : visage, pose, pleurs, mouvements, infirmiers... Puis les infirmiers n'en sont pas et le moteur qui accepte enfin de démarrer, c'est celui d'une « gégenne », instrument de torture. On relit la description, de surcroît filmique semble-t-il, on comprend mieux.
On s'habituera à ce procédé récurrent de Djebar, que j'appellerai volontiers suspense descriptif et qui est une figure du dévoilement, provoquant à chaque fois un c'était donc ça du lecteur qui revient en arrière enrouler sa lecture sur lui-même, comme il est souvent dit que les narrateurs/trices successifs/ves le font. Dévoilement et enroulement, techniques de conteurs ancestraux, ici reprises dans une véritable écriture textuelle telle qu'explorée par de nombreux auteurs contemporains (cette nouvelle date de 1978).
Comme euphémisé par une héritière d'autres traditions littéraires, tout en étant dénonciateur de l'inadmissible et dans un genre d'écriture propre aux années 70-80, il y aurait là un versant opposé, comme on dit en montagne, de ce qu'on peut lire chez Guyotat. À suivre.


Je t'appelle tôt demain jeudi. Ne me rappelle pas. Ou bien réponds ici. Pour vendredi, je ne sais pas.
2005-08-03 19:16:41 de A


Mardi 2 août 2005. À cheval sur un boulet.

À cheval sur un boulet, je traverse cette journée sans pouvoir sauver une minute pour la littérature, si ce n'est le journal de Jean-Claude Bourdais que je lisais ce matin, quand tout était encore tranquille, et qui me donnait bien envie d'être allé avec lui voir et écouter François Bon à Melle... même si je ne sais vraiment pas où ça se trouve !

Ici, c'était d'abord, matinale, la dernière réunion, celle où l'on met en commun les notes des étudiants pour les discuter, voir si elles s'équilibrent, et pas trop de recalés... Ça dure presque deux heures, après quoi chacun peut remplir ses feuilles administratives et les déposer au service idoine. Fin officielle du semestre.
Puis c'est une petite heure de courrier en relation avec Cerisy.
Puis déjeuner et des courses à faire avec David à Osu, au centre-ville où l'on va en voiture (petits matériels informatiques) — au point de ne pouvoir être de retour pour un rendez-vous de conseil à une étudiante. Il est déjà 16h15.
Puis visite à nos amis de l'informatique pour leur demander comment je fais pour gérer le site de notre département de l'extérieur de l'université. J'ai essayé d'effectuer la connexion par ftp mais ça n'a pas marché. C'est qu'il faut, nous apprend-on, pour plus de sécurité, une connexion sftp, pour laquelle on nous recommande le logiciel FileZilla. Bon, ça paraît simple, je vais télécharger et installer ça...
Finalement, il est 18 heures passées et il faut rentrer à la maison pour y attendre Clotilde. Bavardons ordinateur et blog. Louis, enfant roi lui a remémoré un Rossellini qu'elle avait vu en 1968 et que je ne connais pas : La prise de pouvoir par Lous XIV (1966). Dînons léger au Rhubarb en devisant par exemple de l'essentielle différence entre Duras et Sarraute : voix unique et voix multiples.

Cette rédaction en écoutant Les fantaisistes de dimanche, téléchargeant FileZilla... Interrompu par un coup de téléphone de Bikun qui, ça y est, saute des deux pieds dans la ronde — un de plus à mettre dans la colonne de gauche et à suivre d'un œil amical ! (Partant demain vers l'inconnu, sans doute a-t-il éprouvé le besoin d'un ancrage à la fois virtuel et sécurisant.)


sftp, sage précaution, car le simple ftp, lui, transmet les données en clair, y compris le nom d'utilisateur et le mot de passe pour se connecter au serveur...
2005-08-03 02:48:49 de Manu

Voici un article fort intéressant ! Surtout avec les dichtomies faciles que l'on entend souvent en ce moment.
« La Corée du Nord, atelier du merveilleux pour l'Occident
LE MONDE |
Pyongyang de notre envoyé spécial
Située au centre de la capitale dans une tour ultramoderne, la société SEK est l'une des entreprises les plus performantes de la Corée du Nord (RPDC). Studio d'Etat, elle produit des dessins animés aussi bien pour son marché que pour la Chine, l'Espagne, l'Italie et la France. Ce n'est pas seulement une question de coût. "Nous nous adressons à SEK surtout pour la qualité de ses productions, sans comparaison avec ce qui est offert dans le reste de la région", assure Michel Gantier, superviseur pour différentes sociétés françaises de production. Séjournant à Pyongyang pour la réalisation d'une série de 13 épisodes de 26 minutes, il est l'un des plus fidèles clients français de SEK.
Les sociétés étrangères écrivent les scénarios, créent les personnages, les ambiances et les décors puis les envoient pour réalisation au studio. Tout est livré dans la langue d'origine et traduit en coréen pour la bonne compréhension par les équipes. La fabrication manuelle de l'animation des personnages comporte en général quelque 18 000 dessins par épisode. Le reste est informatisé. "Le premier épisode est de toute beauté. Du très 'beau boulot'", commente Michel Gantier. SEK va produire prochainement un 52 minutes consacré à Monte-Cristo et un autre dans la série Les Trois Petits Cochons.
Les dessinateurs et les décorateurs qui travaillent dans des bureaux climatisés sont jeunes. "La moyenne d'âge est de 30 ans", indique Choe Myong-jo, chargé des relations extérieures. Les meilleurs talents du département des dessins animés de l'Ecole des beaux-arts sont vite repérés ­ - parfois dès le secondaire - ­ et recommandés à SEK.
Créée en 1957 et employant 1 600 personnes ­ soit pratiquement autant que tous les studios français réunis ­, SEK a commencé à travailler avec la France en 1985. Les transpositions à l'écran des aventures de Corto Maltese ou de Bécassine ont été réalisées en RPDC. La vieille dictature nord-coréenne est ainsi devenue l'un des ateliers du merveilleux destiné à l'Occident.
Mais si les commandes étrangères sont une source de devises, SEK travaille surtout pour le marché intérieur. Ce qui n'empêche pas des productions à vocation éducative, comme Le Blaireau intelligent, d'être vendues dans plusieurs pays. "Plus que la politique, le message de nos productions valorise les valeurs morales", observe finement M. Choe.
Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 03.08.05 »
2005-08-03 03:35:38 de Arnaud

en cliquant sur "Bon à Melle" j'ai obtenu un message d'alerte :
"Accès à WWW.RENCONTRE.FR refusé".
Berlol ? qu'est -ce donc que tu réticules là ?
2005-08-03 11:21:18 de Arte

Pour moi, ça marche sans problème. En revanche, je crains que ça ne vienne d'un pop-up de pub qui peine à s'ouvrir (et j'ai constaté que Mozilla Firefox, censé bloquer les pubs, laisse depuis deux semaines passer une pub de club de rencontre, justement !).
Sur un autre plan, ça veut dire que je suis plus ouvert aux rencontres que toi !...
2005-08-03 11:40:40 de Berlol

Rencontre ? ben oui, mais ELLE est en vacances ... (si Mademoiselle nous lit... )
2005-08-03 13:34:35 de Arte

Berlol, je te presente par avance des excuses, car je vais tenter le surprenant, l'incroyable, l'impossible tour de force suivant :
:0046:
2005-08-03 14:25:47 de Arte

...et c'est raté ! (merci quand même)
2005-08-03 14:26:20 de Arte

Quoi t'est-ce que c'était, c'truc ? t'es pas fait mal ?
(Ai vu que t'étais passé chez Bikun...)
2005-08-03 14:31:13 de Berlol

Je laisse un message à Gros Lulu, si jamais il passait dans le coin : t'as oublié un Lobo-Antunes dans le camion, je mets la clé sous le chat.
2005-08-03 14:35:59 de Bartlebooth

Où que soit le chat ?
2005-08-03 14:38:19 de Berlol

nouvelle tentative (encore désolé hein :d )
[img]http://forumprog.free.fr/panos4/GS_a38a8b6281e27e6612c579260c419d6e.png[/img]
2005-08-03 14:45:03 de Arte

ah ben c'est re-raté :d
2005-08-03 14:45:23 de Arte

Il est toujours au même endroit le chat, à côté du flamant rose. A ce propos, voici un article de Libération qui m'a paru intéressants, je me permets de le citer (c'est surtout pour changer du Monde, c'est pas bon de puiser qu'à une source).
Les zoos, hauts lieux de vols pour les flamants roses
Les rapts d'espèces en captivité seraient fréquents dans les parcs.
Par Hélène LAM TRONG
mercredi 03 août 2005 (Liberation - 06:00)
«Quand le gardien a fini sa tournée à 2 heures du matin, ils étaient encore là. A 6 heures, ils avaient disparu.» Consternée, l'équipe du zoo d'Amiens n'a pu que constater le vol de 14 flamants roses du Chili, le 6 juin. Sans bruit, les ravisseurs ont capturé leur butin avec des filets trouvés sur place. Sans gêne, ils ont chargé les volatiles dans les poubelles du parc avant de les faire rouler tranquillement vers l'extérieur. Avec une valeur pouvant atteindre 3 000 euros pièce, les flamants roses sont devenus la cible privilégiée de trafiquants d'animaux d'un nouveau genre : ceux qui viennent directement faire leur marché dans les zoos.
Plaintes. Le rapt d'espèces en captivité progresse en France depuis que les douanes ont renforcé le contrôle sur l'importation de la faune et de la flore protégées. Les animaux exotiques volés dans les parcs animaliers sont d'autant plus recherchés qu'ils sont la plupart du temps interdits à la vente. Comme pour le commerce illégal d'antiquités, les amateurs sont donc des connaisseurs. Parfois gourmands, comme en témoigne la remarque d'un directeur de zoo : «Les flamants roses sont appréciés parce que ça fait joli au bord d'un étang. On les vole en groupe parce qu'un seul ça fait un peu minable.»
Cette année, les parcs d'Amnéville (Moselle) et de Beauval (Centre) se sont aussi fait subtiliser des wallabys et des singes. Et chez nos voisins, la technique fait des émules. A tel point que l'Association européenne des zoos et aquariums (EAZA) s'est émue de ce qui est devenu, selon elle, «un phénomène international».
«J'ai plutôt l'impression que ça s'est calmé.» Bernard Liauzu dirige le Jardin aux oiseaux. Un espace ouvert de six hectares, près de Valence, autant dire un terrain rêvé pour les voleurs potentiels. «Il y a quelques années, il y a eu une véritable vague dans les zoos de l'est de la France. On y a eu droit, comme tout le monde.» Sauf qu'à la troisième tentative, il a pris les malotrus la main dans le sac. «Ils étaient venus en pleine journée, un dimanche ! Un visiteur les a surpris en action et on a prévenu les gendarmes.» Une chance, car après deux plaintes pour l'enlèvement de toucans et de grues couronnées, les autorités étaient devenues soupçonneuses. Les coupables, deux cinquantenaires, étaient des collectionneurs. «Ils faisaient aussi du trafic avec la Belgique, qui était ce qu'on appelle une plaque tournante.» C'était il y a six ans. «Depuis, plus rien.»
Vocations. «A ma connaissance, ce n'est même pas un problème», explique Patrick Caillé, vice-président de l'ANPZ (Association nationale des parcs zoologiques français). Agacé, il trouve qu'on monte l'affaire en épingle «de manière tout à fait injustifiée». Son établissement, le zoo de la Palmyre, près de Royan, «n'a jamais eu aucun problème». Une précision suivie d'une mise en garde : faire la publicité des cas de vols ­ «très marginaux, j'insiste» ­ risque de susciter des vocations. Déjà prêt à doubler son peloton de vigiles, le directeur se ravise. Le trafic, pour les particuliers ça a toujours été «du bidon». «Et puis, quel abruti paierait 10 000 euros pour un ouistiti ?»
2005-08-03 14:48:43 de Bartlebooth

et le chat fut !
2005-08-03 14:50:42 de Arte

Bartle, rends immédiatement la girafe au monsieur !
2005-08-03 14:56:18 de Arte

et moi qui rigolais en famille avant-hier pour le rapt de 2 manchots au zoo des Sables d'Olonne !
on dirait tout ça le début d'un roman de Chevillard
quant à toi, Berlol, tu me feras 2 h de Poitou-Charente au retour de Cerisy, de la même façon qu'à Tokyo tu m'as montré le souk informatique, je te jure que je veux bien te présenter mon vieux pays...
en plus qu'on y avait trinqué à ta santé (au Champigny, près Saumur, on t'offrira une carte...)
2005-08-03 17:05:23 de FBon

c'est pas Kourkov qui a piqué un pingouin au zoo de Kiev ?
(Berlol, je savais que tu comprendrais en passant chez Greg :d )
2005-08-03 18:03:44 de Arte


Mercredi 3 août 2005. Un point de vue imprenable.

Ça vole de tous les côtés ! — même dans les zoos... À Toronto, c'était limite ! Une vraiment bonne nouvelle ! Côté navette spatiale, on ne sait plus si on pourra rentrer ! On rafistole en mouffles. Là dessus, voilà David et sa petite famille qui décollent vers Hokkaido (doit être au frais, à l'heure qu'il est, parce qu'ici, c'est tiède). Et en fin de journée, c'est le tour de Bikun : s'envole pour l'Ouzbekistan. Enfin !, depuis que j'en parle, il est devenu un vrai personnage, celui-là !
Me laissent seul dans une fac déserte où je finis de remplir mes feuilles de notes. Installation, paramétrage du FileZilla (voir hier), puis connexion et trafic en sftp réussis ! Et plein d'autres petites choses comme ça... sans intérêt. Et encore pas de temps pour avancer mon papier pour le colloque, qui est dans dix jours...
Je me rappelle qu'il y a deux ans, au colloque Meschonnic, j'avais été étonné que deux des organisateurs, si sérieux par ailleurs, aient eu à finir sur place, en heures de nuit, leur intervention — ce qui les empêchait de se distraire avec les autres, le soir. Éh bien maintenant, je comprends mieux ! Enfin, je vais quand même essayer de finir.
D'ailleurs, — j'entends la réflexion... — si je ne passais pas quotidiennement une heure ou plus à ce journal, ça ferait du temps pour le colloque... Oui, sauf que ce que je prépare sort en partie de cette expérience de près de vingt mois : questionnements et événements littéréticulaires forment une expérience et un point de vue imprenables. C'est un vécu qui n'est pas qu'expérimental, car la forme même de ma vie a changé, dans cette affaire : la discipline d'une écriture journalière longtemps souhaitée et jamais réalisée avant cet attrait de la mise en ligne, la rencontre de commentateurs et de blogueurs entre lesquels se tissent des liens jusque dans la réalité, une pratique et une critique littéraires discontinues, comme aléatoires — autant de marcottes et d'appeaux pour un essai à venir... En attendant, je rouvre un modèle...

« Ceux qui ont vendu leur âme à la littérature ne devraient pas se plaindre ensuite de se sentir floués.» (Daniel Oster, Rangements, P.O.L., 2001, p. 224)

« Lundi et mardi, enregistrement d'une émission "À voix nue", avec Mathieu Bénézet. Je tente d'expliquer en quoi "à voix nue" c'est tout moi, vu que je ne crois pas à la nudité dès qu'il y a langage. [...] » (Id., p. 226)

« Entendu hier soir à la radio une émission "Figure de proue", Chancel, avec Paul Auster et Hubert Nyssen. Beaucoup de grotesque. Satisfaction, menteries, écrivasserie habituelle, avec lèche-bottes de service. Et puis "Masque et la plume", renvois d'ascenseurs, aucune analyse, chacun tire en public les bénéfices de son petit pouvoir. L'auditeur gogo. Métaphores plus ou moins culinaires : "on se délecte", "c'est délicieux", ou bien métaphore du train : "Dès qu'on a lu la première ligne, on est entraîné, on ne le lâche plus." Nous autres avons appris à lire en nous arrêtant à chaque phrase. Avons horreur d'"être tenus en haleine" (Id., ibid., p. 227-228)

Ça s'enroule ici même. Six ans plus tard, Daniel Oster n'est plus là — mais ses livres sont importants. Et je suis de plus en plus d'accord avec lui. Mathieu Bénézet continue la poésie et la radio, pour notre plus grand plaisir. J'ai écouté ce matin deux épisodes du Lexique de l'actuel, une émission socio-lexicologique de la grille d'été, avec toute la pertinence impertinente de Pierre-Marc de Biasi — qu'Oster connaissait bien. Nous continuons, dans la joie et la bonne humeur, jusqu'à ce que nous aussi disparaissions au bout du chemin. Voir Wanderlust et les oxycèdres, de Claude Ollier. On ne peut pas dire mieux.


Et oui, ce site de rencontres résiste aux trois anti-popups que j'utilise (sur différentes machines). On dirait qu'"ils" ont trouvé la parade. Ça se passe en deux temps semble-t-il: il y a d'abord un petite fenêtre qui s'ouvre avec une erreur 404 (simulée?), puis plus tard le site de rencontres. Si on ferme cette petite fenêtre "404" suffisamment vite, le site de rencontres n'apparaît pas...
2005-08-04 07:07:20 de Manu

Il y aura sans doute un jour (si ce n'est déjà esquissé) une floraison de manuels sur l'ensemencement des blogs en ligne ou en batterie. Il y a longtemps maintenant que se pratique sur le Web l'insémination artificielle par greffons ( sortes de parasites tolérés dont on escompte les fruits ou les fleurs, la sève peut-être).
Vous devenez poète Berlol avec vos métaphores arboricoles et musicales ,à Cerisy ils seront contents ! Je m'en réjouis !
N'oubliez pas de préparer votre intervention à la lune montante et parmi les instruments de maternelle les plus conviviaux je vous recommande la grenouille guiro 18 cm (qui ressemble plus à un gecko en réalité).
Pour mémoire :
Lune
"Le marcottage comme le bouturage se pratique en lune montante. Le flux de sève est plus actif, l'enracinement a plus de chance de réussir."
2005-08-04 07:40:08 de Marie.Pool


Jeudi 4 août 2005. Arrêt de tourner en rond.

« Encycl. La propriété qu'ont les tiges, les branches et même les feuilles de certaines plantes d'émettre des racines lorsqu'elles sont plongées dans un lieu humide, est très-diversement développée suivant les espèces et les milieux où l'on opère. Chez certains végétaux, la production de ces racines est si facile qu'on les voit se développer spontanément à l'air ; chez d'autres, elle s'opère différemment et ces racines ne se développent que sur des rameaux séparés appelés "boutures" ; tandis que chez d'autres encore cette émission, plus difficile et plus lente, n'a lieu que dans le cas où la branche plongée dans la terre est encore attachée à la plante mère. Cette branche placée dans de telles conditions prend alors le nom de "marcotte". Le "marcottage" présente donc cet avantage sur les autres modes de multiplication, que la branche sur laquelle on expérimente, demeurant attachée à la tige mère, peut attendre tout le temps nécessaire à la production des racines adventives. D'autre part, il existe des moyens pratiques d'activer cette production, qu'on pourrait appeler artificielle. Dès longtemps, il a été constaté que les racines prennent particulièrement naissance sur les renflements, les bourrelets, etc.; dès lors, dans les cas où les résultats du "marcottage" se font trop longtemps attendre, on en provoque la manifestation soit par une ligature, soit par une incision annulaire ou une torsion qui, faisant affluer les sucs, donne lieu à la formation de l'un de ces bourrelets qui favorisent l'apparition des racines. [...] » (Grand Dictionnaire universel du XIXe siècle par Pierre Larousse, DVD)

Où j'entends — sans doute, est-ce la chaleur... :
La propriété qu'ont les blogs, les pages et même les commentaires de certains sites web d'émettre des racines lorsqu'ils sont plongés dans un lieu littéraire, est très-diversement développée suivant les espèces et les milieux où l'on opère. Chez certains individus, la production de ces racines est si facile qu'on les voit se développer spontanément en parlant ; chez d'autres, elle s'opère différemment et ces racines ne se développent que sur des textes séparés appelés "posts" ; tandis que chez d'autres encore cette émission, plus difficile et plus lente, n'a lieu que dans le cas où la page plongée dans le blog est encore attachée au site web. Cette page placée dans de telles conditions prend alors le nom de "marcotte".
Et ainsi de suite, à votre bon cœur, si quelqu'un veut continuer...
(Et merci, Marie.Pool, pour les encouragements !)

Je viens de me faire une heure d'actualités littéraires... Fatigant ! Faut que j'aille me coucher, moi... (Et c'était intéressant (et pour ça fatigant, dans mon état...), de Balpe à Autié, en passant par Grapheus Tis et Cousu main...)
Bien sûr, mon mal vient de plus loin. Ça fait trois jours que je traîne jusqu'à une heure et demi du matin et que je me lève à sept heures pour être sûr de tout faire et de ne rien oublier avant le grand voyage (voyage + colloque). Aujourd'hui, pire encore : après être allé au sport moins d'une heure, juste pour mise en forme et bain, j'essayais de faire ma valise une première fois (pour aller de Nagoya à Tokyo) tout en pensant aux documents à ne pas oublier dans un ordinateur, puis, monté au bureau dans une chaleur atroce pour un ajustement supplémentaire (occasionné par mon fournisseur de site qui a décidé d'une migration technique qui prenait effet pour moi ce matin), je pensais alors aux vêtements que je risquais d'oublier — ai-je bien pris mon maillot de bains ? et mon coupe-ongle ?
La complexité du phénomène vient du fait qu'étant de différents plans des activités, les choses ont quand même une égale importance devant l'oubli. Essayez d'oublier un simple câble USB ! Vous allez voir la complication...

Arrêt de tourner en rond vers 15 heures. Tout est bouclé mais il fait si chaud et la valise est tellement lourde que je renonce à aller jusqu'au métro et hèle un taxi pour la gare de Nagoya. Charmante conductrice qui me fait la causette en se contentant de mon piètre japonais — et tant d'énergie économisée dans son habitacle rafraîchi !
Grâce à cela peut-être, j'ai quelques neurones qui acceptent de faire passer l'état actuel de mon exposé de une à deux pages. Le plus gros reste à faire. Je gambarimasse ! (fais de mon mieux, m'efforce — difficile de traduire...)

À Tokyo le soir, connexions web-vidéo avec mes sœurs, l'une à Lyon, l'autre à Paris, l'une avec son mari et son bébé, l'autre avec notre grand-mère, et T. est là pour en profiter aussi. On a raté les parents de peu, ils avaient dû reprendre la route... Après les essais de la semaine dernière, ce sont les premières séances où l'on est à peu près à l'aise, pas obnubilés par la technique (parce que ça marche, justement). Le petit Charlie auquel il faut changer la couche est donc d'un monde où l'on cause gratuitement avec Tokyo, d'un monde dans lequel on voit plus souvent son oncle dans un écran dans un écran (deux fois, oui) qu'en chair et en os. Ça va compter pour toutes les dimensions de son être. Et nous, formés autrement, on n'y comprendra rien. À moins qu'on ne commence déjà à y réfléchir...


Pense à Bikun, il n'aura pas le taxi climatisé au Tadjikitsan avec sa grosse valise !
Au moins, ça fait moins de pollution et de réchauffement de l'extérieur, c'est déjà ça !
2005-08-05 02:44:05 de Manu

Justement, j'ai pensé à lui en me disant que je ferais mieux d'aller en métro, que je ne suis pas si vieux que ça pour recourir au taxi, etc. Mais chaleur + poids ont vaincu économie + jeunesse...
Il doit être arrivé à Dushanbe, maintenant ? Et toi, ça baigne ?
2005-08-05 06:39:48 de Berlol

Cette histoire de "tonton virtuel" sur écran gigogne est à méditer.
A notre génération,et sans parler des fossés entre niveaux d'accés à la photo selon les pays,il n'était pas rare de ne pas connaître le visage de nos anciens ou ou de certains membres d'une parenté proche, cela tenait souvent du fait de leur disparition précoce.
Les familles étaient souvent regroupées et "enracinées" dans des terroirs et l'évocation pouvait se faire ou pas, de bouche à oreille,selon le statut affectif du disparu. La fameuse image de" L 'oncle d'Amérique" que l'on fantasmait comme riche,dissident et porteur plus ou moins excentrique d'un Ailleurs inatteignable avait beaucoup d'intérêt dans l'imaginaire des familles qui restaient à garder la terre et à faire fructifier le patrimoine dans la lignée. Il pouvait être un chanceux ou un banni, parfois un déshérité ( certains partimoines transmis à l'aîné exclusivement par exemple et je ne parle pas des femmes... les Tantes d'Amérique étaient extrêmement rares...).
"Partir c'est mourir un peu" dit le proverbe.Du point de vue de ceux qui restent le voyageur est aussi celui dont l'image devient floue dans les mémoires. Lorsqu'on le retrouve en chair et en pied, on le regarde sur toutes les coutures pour savoir quelle sorte d'être concret il est, ce qui a changé, ce qu'on a perdu de lui et qu'on retrouve plus ou moins facilement. Avec vidéo ce type de regard un peu anxieux et curieux est perceptible, la webcam c'est encore autre chose puisque c'est celui qui , sauf erreur, fait entrer l'autre dans son image qui garde la maîtrise du cadrage et du "temps d'exposition". Heureusement, pour nous décrisper un peu dans ces moments de "drôles d'émotions",il y a le discours et la voix, qui sont(quand les gens s'aiment) le premier plaisir retrouvé pour les retrouvailles ( le miroir sonore précède le miroir visuel disait Didier ANZIEU).
Alors que se passe-t-il lorsqu'on peut conserver de façon unilatérale et assez longtemps l'image lointaine de l'autre (pour cause de voyage durable ou de mort définitive) . Qu'on peut se la passer "en boucle" comme un cd favori ? Quel statut mental ont nos "absents", comment les convoquons-nous et pourquoi faire ? J'avais remarqué chez mes enfants dispersés que la première chose qu'il faisaient en se retrouvant étaient de se chahuter physiquement dans des rires de potaches comme pour mieux éprouver leur présence charnelle et leur connivence d'enfance commune. J'ai vu une scène similaire dans une émission style" perdu de vue" au moment du rassemblement d'une fratrie très nombreuse placée par la DASS (au fur et à mesure des grossesses de la mère sans doute bien perturbée) que l'un des frères s'était obstiné à vouloir reconstituer à l'âge adulte. La caméra voyeuse avait capté ce moment d'intense tragédie et de bonheur inattendu que constituait l'irruption de l'image réelle
et sensible des personnes concernées. Les mots partaient dans tous les sens comme l'eau d'un tuyau (ou la lumière d'un tunnel d'ignorance) qui n'a pas servi depuis longtemps , qui crachote ou fuse violemment pour retrouver quelque chose de neuf et de plus assumé dans l'effusion. Le petit Charlie est pour l'instant exempté de devoir de mémoire et il est probable que tout ce jouera dans les bras de l'Oncle du Japon s'il a la chance de les rencontrer avant sa majorité.Il faudra compter aussi avec l'amnésie infantile. Lorqu'il sera en âge de surfer peut-être qu'il répondra à l'appel du large que représente un adulte familier autre que ses parents. Comme une alternative naturelle au nid parental. Ce qui est important me semble-t-il, c'est l'ouverture et la facilitation des rapports interpersonnels que procure l'usage de la visualisation instantanée par webcam. Mais comme dans le film de WENDERS , les ailes du désir, cela ne remplace pas la sensation de tenir une tasse de café brûlante que l'on vient de se faire offrir dans le monde des vivants.
Bon préparatifs BERLOL !
2005-08-05 07:58:11 de Marie.Pool

Tres beau commentaire, Marie.Pool, dans lequel je me retrouve beaucoup : "L'Oncle d'Amerique", "Partir, c'est mourir un peu", les images des disparus ou des absents, le proche et le lointain, "Les ailes du desir"... autant de themes et de citations qui font partie de mes meditations quotidiennes... N'ai pas maintenant de "reagir" davantage... de plus, suis accable de fatigue par la chaleur nippone (36 degres cet apres-midi a Fukuoka)... en tout cas, ces propos nourrissent encore la reflexion et la meditation (que je separe pas d'ailleurs).
2005-08-05 08:53:56 de vinteix

Glossolalie rethorique !
2005-08-05 11:14:13 de Arte

Mon cher Arte, je vous invite a reviser votre definition de la "glossolalie"... ou d'aller voir du cote de Artaud...
2005-08-05 13:16:44 de vinteix

Et puis un petit peu d'orthographe aussi, pour la rhétorique...
2005-08-05 13:37:47 de Berlol

je suis ridicule sur le H mais je maintiens sur l'ensemble du commentaire !
2005-08-05 14:42:43 de Arte

L'Histoire avec sa grande Hache ne te le pardonnera pas...
"Silence ininterrompu"... ca c'est de la rhetorique tout court...
2005-08-05 15:18:44 de vinteix

« Américains et Japonais à la rescousse d'un sous-marin russe en difficulté
LEMONDE.FR |
La marine russe était engagée, vendredi 5 août, dans une course contre la montre pour sauver les vies de l'équipage d'un sous-marin bloqué par 190 mètres de fond dans une baie du Kamtchatka (Extrême-Orient russe), et Moscou n'a pas hésité, cette fois, à demander rapidement l'aide du Japon et des Etats-Unis.
Le Japon a dépêché quatre navires de guerre à la rescousse, parmi lesquels figure un bateau de sauvetage de sous-marins, le Chiyoda, et un ravitailleur, a précisé le ministère des affaires étrangères japonais. Deux autres navires, des chasseurs de mines, sont partis de Hokkaido, la grande île septentrionale du Japon, située face à la péninsule du Kamtchaka. Selon l'agence de presse nippone Jiji, les navires japonais devraient arriver sur zone d'ici lundi matin. L'information n'a toutefois pas été confirmée officiellement.
De son côté, la flotte américaine dans le Pacifique a décidé d'envoyer deux robots sous-marins, à la demande des autorités russes, a indiqué un porte-parole de la flotte. La porte-parole de la marine russe, le capitaine Dygalo s'est voulu catégorique sur sa volonté de coopération internationale : "Quand il s'agit de sauver des gens en difficulté sous l'eau, il faut exploiter toutes les possibilités. Il est impossible d'avoir trop d'aide, plus il y en a et mieux c'est".
FAIBLE RÉSERVE D'OXYGÈNE
La confusion initiale et des informations divergentes sur les réserves d'air dont dispose le bateau, en immersion depuis mercredi soir et immobilisé depuis jeudi matin par le câble d'un chalut, ont accru la tension. La situation rappelait, toutes proportions gardées, celle du sous-marin Koursk, coulé il y a presque exactement cinq ans dans la mer de Barents à la suite de l'explosion accidentelle d'une torpille. La Russie avait alors décliné les propositions d'aide étrangère, changeant d'avis alors qu'il était déjà trop tard pour sauver d'éventuels survivants. Les 118 hommes à bord avaient tous péri.
Jeudi matin, dans un premier temps, le porte-parole de la marine russe, le capitaine Igor Dygalo, a affirmé que les réserves d'air emportées par le bathyscaphe étaient suffisantes pour 120 heures, soit cinq jours. Mais d'autres sources à l'état-major des forces navales ont affirmé avec constance que ces réserves ne représentaient au départ que 48 heures de consommation, ce qui signifierait que vendredi en milieu de journée il n'en resterait plus que pour quelques heures. Le porte-parole a fini par reconnaître qu'il fallait encore vérifier ces calculs.
Une dizaine d'unités de la flotte russe du Pacifique étaient engagées dans les opérations de secours, consistant pour le moment à tenter d'accrocher avec des ancres le câble retenant le bathyscaphe au fond, ou le bathyscaphe lui-même, pour le dégager.
MAUVAIS ÉTAT DU SOUS-MARIN
La situation du sous-marin était observée grâce à des caméras immergées à proximité de l'appareil, tandis que l'équipage, qui n'avait pas de contact audio avec les bâtiments de surface, communiquait avec eux par des signaux sonores utilisés habituellement par les sous-marins, a indiqué le capitaine Dygalo.
L'appareil, long de 13 mètres et large de 5 mètres, destiné à secourir des submersibles en panne et qui peut descendre jusqu'à un kilomètre de profondeur, effectuait un exercice de routine dans la baie Berezovaïa (75 km au sud de la ville de Petropavlovsk-Kamtchatskiï). L'état des sept membres de l'équipage a été qualifié de "normal" par le porte-parole de la flotte du Pacifique. La température à bord s'élève à 5 degrés centigrades et les marins portent des vêtements chauds.
Enfin, selon l'entreprise de Nijni Novgorod qui avait construit le bathyscaphe AS-28, ce dernier serait en mauvais état technique et avait besoin d'être remis à neuf. "Les militaires le savaient" et les travaux étaient déjà programmés pour les mois d'octobre ou de novembre prochains, a déclaré une porte-parole du chantier naval Krasnoe Sormovo, Olga Konstantinova, citée par l'agence russe Itar-Tass.
Avec AFP et Reuters »
2005-08-05 16:29:57 de Arnold

La question( simplifiée) que j'ai voulu aborder était : qu'est-ce que les techniques actuelles de production, de conservation et de transformation des images change et va changer dans notre rapport à l'autre, à la mort, au virtuel qui peut parfois être rattaché à la pensée magique qui rend présent quelque chose qui n'existe pas ou plus ? Et pour ce sous-marin en perdition avec des vies humaines à bord ? Qu'est-ce que la technologie de l'image peut modifier dans le drame qui se joue ?
Quel effet réel peut avoir" une attaque de la pensée de l'autre"SUR LE WEB ( notion "d'attaque de la pensée "foncièrement psy que je n'hésite pas à proposer, apparentée aussi à la notion de SEARLES dans "L'effort pour rendre l'autre fou"... ne serait-ce que pour dire que cela ne peut avoir d'effet autre que de susciter " la parole défensive "ou" le silence ininterrompu" dont parle VINTEIX) ?
J'oscille entre réponse (patient) et silence (patient aussi).
Ne sachant pas pourquoi il y a cet empêchement d'entendement réciproque y compris dans le désaccord d'opinions. Je me dis qu'il doit y avoir autre chose et qui est de l'ordre d'une plainte, d'une blessure narcissique inavouée.
Voir du côté d'ARTAUD Oui ! qui délirait beaucoup, quoiqu'on en dise, et dont la toxicomanie morphinique a cramé les neurones prématurément. Les électrochocs n'ont été que les remèdes désespérés de l'époque face au désastre. Je ne sais pas dire les choses autrement que je les connais. Toute agression sur le blog de Berlol me paraît hors-sujet et d 'intérêt très relatif. Je dis ici les choses calmement. Si on me pose de vraies questions ou me propose de vrais échanges, il est probable que je dirai simplement ce que je pense. Je ne m'interdis pas de penser plus loin que moi-même en fréquentant des blogs plus intellos. que le mien. Je ne suis pas confinée dans mon maquis poétique. Mais il faut trouver chant commun pour pourvoir exulter dans l'usage du langage.
2005-08-05 21:27:18 de Marie.Pool

J'avais, il y a quelques temps, tilté à cette phrase de vous, Mary Pool : "Elle est folle et détestable". Vous parliez de la "maladie" du terrorisme mais j'avais l'impression d'y percevoir quelque chose de votre rapport étrange à la folie...
En parlant de délires, vous en faites un d'une grossièreté dégoûtante : "Les électrochocs n'ont été que les remèdes désespérés de l'époque face au désastre." C'est honteux et ridicule de vouloir faire passer l'histoire psychiatrique pour un joli conte de fées. Le désastre, c'est plutôt celui réalisé par ces institutions infâmes. Désespérés, les psychiatres ? laissez-moi rire ! L'aveugle foi en la science, du désespoir ? Du désespoir, la violence faite aux corps et aux âmes par des terroristes soi-disant thérapeutes?
Laissons Artaud vous le cracher :
"J'ai 2 ou 3 dents contre la société actuelle.
Je vais les sortir une bonne fois pour toutes afin qu'il n'yait plus d'erreur ni recours possible de moi contre qui que ce soit et de qui que ce soit contre moi
et dans aucun sens.
Bien qu'absolument lucide et sain d'esprit,
je viens de passer 9 ans interné dans les asiles d'aliénés,
et c'est une chose que je ne pardonnerai jamais à cette société de castrats imbéciles et sans pensée, qui depuis X ans qu'elle tourne sa langue dans son giron sale n'a jamais pu à travers je ne combien de penseurs, de poètes, de philosophes, de scribes, de rois, de boudhas, de bonzes, de fétiches, de soviets, de parlements, de dictateurs, n'a jamais su proposer à personne une raison valable d'exister.
Mon corps est à moi, je ne veux pas qu'on en dispose. Dans mon esprit circulent bien des choses, dans mon corps ne circulent rien que moi. C'est tout ce qui me reste de tout ce que j'avais. Je ne veux pas qu'on le prenne pour le mettre en cellule, l'encamisoler, lui attacher au lit les pieds, l'enfermer dans un quartier d'asile, lui interdire de sortir jamais, l'empoisonner, le rouer de coups, le faire jeûner, le priver de manger, l'endormir à l'électricité. Tout cela après l'avoir baptisé un jour, un certain jour, alors qu'il était trop petit pour se défendre, et je ne sais même pas si ce n'est pas ce baptême qui a tout fait. Mais je dis qu'ainsi c'est assez, interné, empoisonné, endormi à l'électricité, la colonne vertébrale scindée en 2, le dos poignardé de 2 coups de couteau, c'est maintenant trop et plus que trop, les choses en sont au point où la question tombe, la question d'elle-même tombe, et que pour une explication dernière il ne peut plus y avoir que la bombe ou le couteau.
Et je dis que cette explication au lieu avant qu'il soit longtemps, car j'ai vu bien des saletés dans mon existence et j'ai fini par en attraper une peste morale,
une espèce de purulence pressante,
et je ne sais pas s'il y a des bombes atomiques, mais je me sens en état de gangrène atomique qui ne pourra manquer lu aussi concurremment avec telle ou telle maladie de l'espace de provoquer corporellement son explosion, le monde des révoltes morales, et qui ne surent être que morales, étant clos.
J'ai contre la société actuelle une dent concernant l'opium et toutes plantes appelées d'une manière aussi méphitique que stupide : drogues et stupéfiants.
J'en ai contre l'internement, la médecine.
J'en ai une à propos de tout ce qui touche aux envoûtements.
J'en ai une contre la guerre et elle est de poids, car pour la guerre il faut le temps et on m'a volé tout mon temps avec 9 ans d'internement, enfin le Dr Gaston Ferdière de Rodez m'a volé je ne sais combien de trilliards de siècles de mémoire avec 2 ans d'électro-choc.
[...]
Un jour de février 1943, peu de jours après mon entrée à l'asile de Rodez, tourmenté par de pressantes coliques, j'allai trouver le Dr Gaston Ferdière, médecin directeur de cet asile, et lui demandai de me faire l'aumône de 25 gouttes de laudanum de Sydenham. Je vis son visage se fermer, devenir raide.
Ah non, me dit-il d'un ton pesant, ça non, par exemple. Car voilà votre vieille toxicomanie qui vous revient et pour vous l'enlever je vais vous faire l'électro-choc.
Et il m'en fit pendant 2 ans.
L'électro-choc dont je mourus fut le troisième.
Je m'étais mal endormi sous la décharge du courant et je me souviens d'avoir tourné hagard pendant un temps indéterminé comme une mouche dans mon propre gosier, puis je m'étais senti crever et jaillir au-dessus de ma propre dépouille, mais sans parvenir à me séparer tout à fait de mon corps.
Je flottais dans l'air comme un ballon captif, me demandant de quel côté était la route, et si mon corps m'y suivrait jamais car n'était-il pas tout ce que j'étais et ce que j'étais maintenant n'était-il pas rien devant ce que mon corps avait toujours été, qu'il ne pouvait pas ne pas être à jamais.
J'en étais là de ce débat lorsqu'un brusque déclic me fit sombrer en terre et je me réveillai dans la chambre où l'électro-choc m'avait foudroyé.
J'appris après que le Dr Ferdière, me croyant mort, avait donné l'ordre à 2 infirmiers de transporter mon corps à la morgue et que seul mon réveil à ce moment-là m'avait sauvé.
Je ne sais pas dans quel recoin obscène de l'inconscient de sa propre pensée le Dr Ferdière puisa l'ordre de continuer à me faire l'électro-choc, mais après cette sinistre incartade des choses l'électro-choc me fut encore continué 2 années malgré mes protestations réitérées."
(in Histoire vécu d'Artaud-Mômo, t.26)
2005-08-06 00:09:12 de Bartlebooth

Je comprends en partie votre colère que vous argumentez dans les pas d'Artaud qui a eu la chance ( que n'ont pas d'autres)d'avoir des mots pour nous faire percevoir l'atrocité de son vécu mental et de ses douleurs physiques.
Je ne suis pas d'accord avec vous lorsque vous prétendez que je transforme la psychiatrie en conte de fée.J'ai assez de recul maintenant pour faire la part des choses et de l'histoire qui comporte plus de "misère" que d'exploits scientifiques et éthiques.
Avant tout, il faut avoir l'honnêteté de constater que la psychiatrie a toujours été mandatée pour une double fonction contradictoire : remettre les gens dans le circuit ordinaire et les isoler lorsqu'ils présentent un danger pour l'ordre public et pour eux mêmes. Il faut savoir aussi que lorsqu'une société accepte d'enfermer un certain nombre de gens dans une promiscuité insalubre, cela crée automatiquement des effets désastreux sur les individus et les désocialise de façon gravissime. Mais en Italie la fermeture des hôpitaux a entraîné un transfert de l'errance psychique et de la désinsertion sociale dans la rue ou dans des structures privées qui ramassent du pognon au passage . En Russie c'est le moyen-âge. En Afrique on attache encore des patients agités aux arbres et un patient hospitalisé doit payer avant d'être soigné , sa famille reste responsable de lui et doit le garder . Ce ne sont que des exemples généraux. Je vous conseille vivement de lire l'histoire de la psychiatrie dans le "Que Sais-Je" de Jacques HOCHMANN (Qui a été un fervent militant contre la propension asilaire) pour comprendre l'évolution si lente et insatisfaisante des moyens dont la psychiatrie a été dotée pour répondre à la folie et à ses conséquences. Les premiers psychropes ont moins de 60 ans d'existence. Avant dans les hôpitaux c'était la castagne ,l'occupationnel forcé (malades travailleurs qui faisaient fonctionner l'institution avec très peu de personnel qualifié), la camisole , les douches et les bains et surtout la désespérance...
Malgré les progrès indéniables dans l'utilisation de médicaments (réservés aux pays riches) je reste très critique , même aujourd'hui sur les moyens utilisés pour traiter les personnes qui ont recours à la psychiatrie ( et ils sont de plus en plus nombreux puisque un simple mal de vivre, une vicissitude de l'existence mal supportée, une maladie incurable, une crise d'adolescence peuvent mener dans l'un des bureaux de psychiatres de moins en moins nombreux).
Des Etats Généraux de la Psychiatrie ont eu lieu récemment et ont établi un panorama de l'ampleur des lacunes. On est passé de l'enfermement à la non assistance à personne en danger. Combien de patients schizophrènes qui , laissés sans soins se défenestrent un jour de délire et de désespoir ? Vous vous trompez d'interlocuteur si vous pensez que je cautionne les manquements de toute société face à toute personne qui souffre. Artaud était un patient parmi les autres et il démontre que la création n'immunise pas contre la détérioration inexorable des capacités mentales.
On peut considérer qu'Artaud relevait de la neurochirurgie et que sa propension à l'auto-médication par le Laudanum ne lui a certainement pas apporté que des améliorations. L'électrochoc qui s'appelle convulsivo-thérapie s'utilise encore chez les grands mélancoliques. Il est considéré comme une thérapeutique de dernier recours pour les personnes qui ne réagissent pas aux médicaments courants ou qui n'en supportent pas les effets secondaires.
Les psychothérapies de soutien dont devrait bénéficier toute personne malade qui en fait la demande ne sont toujours pas remboursées. Les moyens budgétaires pour la gestion des hôpitaux et des centres de consultation sont de plus en plus rationnés et misen concurrence avec les autres secteurs de la santé. La violence sociale est de plus en plus préoccupante et de plus en plus de gens ne se soignent pas correctement faute de moyens.
Le Drame de Pau et d'autres meurtres similaires sont venus nous rappeler qu'on est en train de tirer sur l'ambulance... La plupart des patients apprécient les contacts qu'ils ont avec leurs soignants et ce serait caricaturer et diffamer de dire que tous les efforts accomplis pour soutenir les patients actuels sont malveillants et inefficaces. On soigne un humain avec un autre humain qui l'accueille et s'abstient de tout jugement moral à son égard. Les techniques de soins, quant à elles, ne cessent de se remettre en question malgré la pression sociale et le cynisme économique ambiant.
Et pour finir: vous connaissez un malade du diabète ou de cancer qui est content de prendre son traitement ? On aura fait de réel progrès lorsque la société considèrera les troubles mentaux comme des troubles somatiques et qu'on arrêtera de considérer ceux qui les soignent comme des brutes épaisses.
La vraie violence c'est la solitude et l'indifférence... Essayez de prendre des renseignements et du recul vous aussi. Cela vous évitera je l'espère de m'agresser sans discernement.
2005-08-06 07:16:41 de Marie.Pool

Bravo Mary Pool pour votre sang froid et pour vos explications très claires auxquelles je n'ai rien à redire sinon ceci : je maintiens que la phrase que je reprenais de vous est choquante et va dans un autre sens que votre réponse, que par contre j'apprécie fortement : en somme, après l'électro-choc, le laudanum, c'est mieux dans ce sens.
2005-08-06 14:09:02 de Bartlebooth

Pemettez-moi de préciser avec "sang-froid" et très sereinement que je n'ai pas de" rapport étrange à la folie", elle m'est familière depuis longtemps puisque je la côtoie en permanence... C'est pourquoi j'évite si possible d'en rajouter là où elle est déjà bien trop envahissante. Et c'est par respect pour ce que vous avancez que je ne tiens pas à vous laisser dans l'erreur d'appréciation que vous avez plusieurs fois répétée sur ce blog. Artaud a fait couler beaucoup d'encre,tout comme Camille Claudel ou Hölderlin, ils ont tous subi les traitements de leur époque et aucun des trois ne s'en est sorti. Croyez-vous vraiment que l'on puisse rester sans question face à de tels destins ? Sommes-nous pour autant compétents et suffisamment informés pour affirmer qu 'il y a eu "assassinat" dans ces cas d'enfermement psychiatrique ? Je ne peux pour ma part parler que de ce que j'observe aujourd'hui dans les pratiques telles que je les perçois.C'est subjectif et je l'assume sans craindre la controverse. L'inconvénient du Laudanum est aussi redoutable que l'électro-choc, le soulagement temporaire n'équivaut pas à l'éradication du mal et les effets secondaires sont également indésirables. La poésie résiste mal à la destruction du cerveau.
Je ne comprends pas ce qui vous choque dans la phrase que vous évoquez.Est-elle complète ? L'avez-vous comprise telle que je la concevais ?
2005-08-06 23:26:58 de Marie.Pool


Vendredi 5 août 2005. Faire tourner puces et neurones.

Vitesse de croisière dans les recherches ; pas encore sorti des nuages, mais bonne altitude.

Selon mon plan, c'est le jour : deux heures ce matin pour concevoir, créer et paramétrer un blog ILF2005. La particularité en est qu'environ 25 personnes, les participants du colloque, en reçoivent le sésame afin de pouvoir toutes y poster des notes, et pas seulement des commentaires. J'ai fait des recommandations par courriel pour que l'on soit circonspect côté modifications. On verra bien !
Ce soir, je constate que seules deux personnes y ont contribué, deux qui sont habituées à du fonctionnement collectif, justement (faute de frappe : j'avais écrit coollectif, qui correspond bien aussi...).
Sans doute qu'une majorité sont en vacances, ou enterrés quelque part à préparer leur intervention...

Déjeuner au Saint-Martin. Avec une nouveauté au menu, pour changer de l'habituel (mais excellent) poulet-frites : steack haché d'agneau (épicé façon merguez), avec haricots verts et frites à l'américaine (quartiers de pomme de terre frits avec la peau). Un nouveau must de la maison !
Fait toujours aussi chaud, on retourne s'enfermer, faire tourner puces et neurones.

Dans les médias japonais, aucune mention de la mort de Marylin Monroe le 5 août 1962, ni de l'anniversaire de l'abbé Pierre... C'est que l'on s'apprête à commémorer demain les 60 ans de dévastation de Little Boy, la bombe d'Hiroshima. Avons vu ce soir un long documentaire télé plutôt bien fait. L'aspect politique est exploré de plusieurs points de vue (japonais, américain, russe), les fautes politiques, militaires et diplomatiques des diverses parties sont relevées, documents d'archives à l'appui. De nombreux témoins s'expriment, la parole et les écrits des survivants sont enfin valorisés. Des reconstitutions en 3D permettent presque de ressentir... l'indescriptible.
Sur France Culture, c'est la fin d'une semaine consacrée au même sujet, au rythme de trois émissions par jour.
Écoutons, voyons, comprenons, transmettons — même si l'on a autre chose à faire, que ce soit boulot ou plage.


Inédit :
Bourth: le tracteur s'emballe et écrase l'agriculteur
Mercredi soir, un agriculteur de 70 ans, originaire de Breteuil-sur-Iton, a été écrasé par un tracteur et son chargement de blé.
Le maire de Bourth, Michel Lesueur, parle « d'un accident terrible », les riverains du hameau de Beaufour, où s'est déroulé l'accident, de « séquence dramatique » ou « d'affreuse catastrophe ».
Mercredi soir, un tracteur chargé de blé, parqué dans la cour d'une ferme, s'est emballé pour une raison encore inconnue et a écrasé un agriculteur septuagénaire, originaire de Breteuil-sur-Iton, qui était venu prêter main-forte à une de ses collègues pour les moissons. Lesquelles battent son plein actuellement dans cette partie du Sud de l'Eure. Les gendarmes de la communauté de brigades de Verneuil-sur-Avre continuent actuellement leurs investigations afin de déterminer les circonstances exactes de ce drame.
A la verticale dans le fossé !
Celui-ci s'est noué vers 20 h 30. D'après les premiers éléments de l'enquête, l'homme en question bricolait l'engin. Il serait tombé du siège. En chutant, a-t-il lâché le frein ou enclenché malencontreusement une vitesse? (NDLR : les autorités n'ont pas encore déterminé si le moteur de l'engin était allumé ou pas.) Il est trop tôt pour le dire.
Quoi qu'il en soit, l'agriculteur est d'abord passé sous la roue arrière gauche, puis sous la remorque remplie de blé. Roland Jarry, un Bretolien de 70 ans, est évidemment mort sur le coup. Les sapeurs-pompiers et le Samu, présents sur place, ne pourront que constater le décès.
Le tracteur, continuant sa course, a défoncé la haie de la propriété puis s'est engagé sur la chaussée de la RD54. Le volant s'étant coincé, le véhicule agricole a opéré un virage à 90 degrés vers la droite. La remorque s'est alors renversée sur le bitume. Le tracteur, quant à lui, a terminé son funeste périple à la verticale dans le fossé. « Heureusement qu'aucune voiture ou aucun vélo n'est arrivé à ce moment-là venant de Rugles ou Bourth », remarque un gendarme, sinon, nous aurions sans doute connu un bilan plus lourd encore. »
Rapidement, la brigade motorisée de Verneuil ainsi que l'Equipement ont mis en place un dispositif de régulation de la circulation, le temps des secours et de l'évacuation des véhicules. Ce n'est qu'après 23 heures que la RD54 à cet endroit devait être complètement dégagée. L'enquête des gendarmes se poursuit.
PASCAL AUDOUX
Paris Normandie 04/05/2005
2005-08-05 18:42:12 de Arte

Copie colle rhetorique !
2005-08-05 19:42:56 de vinteix

non, écholalique !
2005-08-05 22:08:22 de Arte

Encore pire !
2005-08-06 04:25:22 de vinteix

Mais l'epoque est a l'echolalie generalisee et au psittacisme.
2005-08-06 04:26:54 de vinteix

Oui Coco.
2005-08-06 07:38:15 de Arte

"Petite méditation entre Amis" ou " La vie des Bloggeurs entre Perroquets Bleus et Anges Evanescents"...
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Des perroquets,je ne dirai pas grand chose, sauf la blague du quidam qui ne croyait pas ceux qui disaient que le perroquet enchaîné à son perchoir dans un parc avec à côté de lui un molosse était dangereux. Le quidam goguenard s'en va tester par lui même la férocité virtuelle du perroquet.Au moment où il est tout proche , il entend celui-ci dire : "Attaque Ramsès !".
Des Anges,je rappporterai simplement des passages du livre de Régis DEBRAY : "Les enjeux et les moyens de la transmission" Editions Pleins feux.
Je précise au préalable que je ne crois pas à la réalité des anges, par contre je crois à la transmission de la culture avec ses avantages et ses inconvénients ( entre autre le surencombrement mental et la dissension perpétuelle).
"Les Anges sont des messagers - "angoulos" en grec signifie "le messager"... une sorte de facteur du très haut"."
"On peut peindre des anges, on ne peut pas photographier des anges"
"Ce qu'il y a d'extraordinaire chez les anges c'est qu'ils sont hiérarchisés, organisés. C'est une troupe , une armée...Ily a des trônes, des dominations,trois sortes d'anges...[etc...].
"L'Ange peut se transformer en Démon... Le Démon est un Ange qui a mal tourné..."
"Pas de transmission directe mais à travers une chaîne d'anges, c'est àdire d'intermédaires, à travers un échelonnement."
"La transmission du symbolique est diabolique"
"Là où le processus de transmission devient explosif, tout à fait vertigineux"
"Symbole veut dire réunir,mettre ensemble selon l'étymologie"
"Dia-bolique est ce qui sépare"
"Il y a des tempéraments diaboliques qui aiment semer la zizanie, faire que les gens se brouillent et puis il y a des tempéraments heureux ou symboliques qui aiment que les gens se rencontrent."
"L'étonnant provient de ce que Dieu ne peut pas transmettre son message lui-même"
"Il lui faut l'Ange de l'annonciation"
"Il existe des anges orgueilleux qui captent les messages"
"Exemple d'un Ange qui se renverse en Diable ... qui se présente lui-même comme plus important que ce qu'il a à transmettre"
"L'occultation du message par son porteur "
"Au fur et à mesure que la transmission devient technique elle tend à s'uniformiser"
"Il y a 3000 langues parlées dans le monde, dix système d'écriture et seulement un standard ou deux de transmission télévisuelle"
"La technique est ce qui standardise, homogénéise, ce qui unifie la planète, or, la culture est ce qui différencie les hommes lesuns des autres"
"La culture est ce qui fractionne l'espèce humaine et la technique est ce qui l'unit contrairement à ce que l'on entend souvent"
Bon week-end BERLOL ! N'oubliez pas la relaxation avant Cerisy... L'idéal est peut-être de vous coller des ailes d'ange sous les omoplates, du genre Gabriel si possible...
2005-08-06 10:32:51 de Marie.Pool

Merci Marie.Pool ! Je retiendrai surtout la distinction étymologique entre symbolique et diabolique...
Merci Arte, je vais essayer de ne pas me faire écraser par Google en actionnant involontairement le clic...
2005-08-06 11:06:07 de Berlol

La difference entre culture et technique est loin d'etre aussi nette que les propos de Regis Debray semblent le laisser entendre. C'est d'ailleurs un point d'achoppement de la philosophie que de ne pas reussir a penser la technique... et ce depuis Platon. Le livre, instrument de culture, est aussi un outil et entre dans le domaine de la technique, comme d'ailleurs tous les objets de memoire, ce que Platon a appele des "hypomnemata" et l'ecriture est aussi une "hypomnesis", c'est-a-dire une memoire technique. "La transmission" dont parle Debray a toujours ete technique, vehiculee par des procedes techniques, depuis toujours, depuis les origines de l'ecriture et meme depuis les premiers outils en pierre - ces procedes techniques ont simplement evolue... et leur diffusion a pris plus d'ampleur, une ampleur planetaire (changement d'echelle, menacant certes...), c'est tout.
La technique, comme la culture, peuvent unifier et standardiser les hommes, autant qu'elles peuvent les differencier et les singulariser. La difference entre les deux effets reside dans leur usage "politique"... et les propos de Debray cites ci-dessus sont par trop simplistes et dichotomiques. Certes, l'usage massif et industriel qui est fait actuellement de la technique et qui domine de maniere planetaire va bien dans le sens d'une standardisation generalisee des esprits, des ames et des corps... mais ce n'est pas une fatalite intrinseque a la technique (la, il faut revoir toute l'histoire de la technique et la lier precisement a ce que l'on appelle "culture", ce dernier terme etant d'ailleurs trop souvent idealise.) De plus, la technique regnante vehicule une culture, la culture de masse (qui est bien sur une catastrophe, celle de "la misere symbolique" actuelle... et de l'echolalie, et du psittacisme, etc.), ce que Bernard Stiegler appelle "le capitalisme industriel"...
Sur cette vaste et complexe question, Stiegler, que j'evoquais recemment, me semble jsutement le penseur actuel le plus pertinent et "honnetement equipe", tant sur le plan philosophique (et litteraire) que technologique.
2005-08-06 11:46:36 de vinteix

Disposant de la conférence de Stiegler à L'ENSAD en fevrier 2005, au format MP3, (75 Mo) je tiens la copie à la disposition de qui la souhaite !
2005-08-06 12:24:32 de Arte

Ce que l'on occulte, aussi, c'est que l'usage d'instruments (pierre, bois, etc.) dès les temps les plus primitifs se produit sur tous les lieux géographiques d'existence des êtres humains, donnant lieu à des développements très différents mais qui toujours, de génération en génération, font qu'une proposition technique prolonge la précédente, et ainsi de suite.
Chacune de ces propositions procède d'une pensée (recherche d'amélioration ou découverte de hasard) qui conçoit l'avantage et se transmet, participant donc totalement de la culture locale.
Technique et culture ne sont donc pas loin d'être deux noms d'une seule et même chose qui serait l'ingéniosité (voir étym. du mot "engin") dont la prise en considération créerait progressivement des groupes humains divergeants au sein de toutes les tribus, ceux qui pensent philosophiquement (et "culturellement" en est) et ceux qui pensent techniquement.
L'ingéniosité pourrait provenir en fait des deux organes polyvalents de l'être humain : la main et la bouche. La station debout ayant rendu la main presque inutile lui donnait en fait la chance de tout faire (je crois en avoir déjà parlé l'an dernier, Cf. Ulysse dans l'index) tandis que le dévellopement des cordes vocales (pour appeler pendant la chasse ?) permettait d'élaborer des messages beaucoup plus complexes que les mains ou le mime, et progressivement les langues (qui sont donc aussi des résultats techniques).
Pourquoi tant de gens conçoivent et veulent que culture et technique s'opposent ? Quel dessein cela sert-il ? Quel refoulement cela manifeste-t-il ? L'ingéniosité est-elle actuellement une qualité également partagée par tous les êtres humains ? Voilà de quoi rebondir...
Et bien sûr Stiegler est important.
2005-08-06 12:31:49 de Berlol

"aucune mention de la mort de Marylin Monroe le 5 août 1962"
ici, aucun journal n'a rappelé l'assassinat commis le 29 juin 1972 à Cerisy-la-Salle :
"Dagny WASMUND : Monsieur Sollers, je trouve certaines de vos conclusions erronées. Vous avez commencé par décrire la société reposant "sur un crime commis en commun", une grande partie de l'assemblée s'est identifiée à cette citation de Freud et nous l'avons vue, lue, avant d'écouter votre conférence. Evidemment, on l'avait toujours présente, on a bien vu comment certains participants de l'assemblée ont réagi. Puisqu'il y avait processus d'identification, ils l'ont rejetée d'abord sur vous en vous demandant, Philippe Sollers, ce que vous faites, vous-même. Vous avez donné un tas d'exemple, mais votre première phrase était à peu près celle-ci : Artaud a été assassiné. Excusez-moi, je suis psychanalyste et je me suis demandée tout de suite : qui va être assassiné maintenant ici dans l'assemblée ? Mais la manière dont la discussion s'est faite, je l'ai prédit pendant la pause, c'était sûr, avec tous les détails.
Philippe SOLLERS : Qu'est-ce que vous avez prédit exactement ?
Dagny WASMUND : Le déroulement de la discussion.
Philippe SOLLERS : Mais qui sera assassiné ?
Dagny WASMUND : Un moment. (Rires)
Philippe SOLLERS : Ah ! parce que je m'excuse, deux secondes, je parle d'un assassinat réel, n'est-ce pas, pas métaphorique.
Dagny WASMUND : Oui, exactement.
Philippe SOLLERS : Alors donc quelqu'un va être assassiné (Rires). Non, soyons sérieux, là nous sommes dans le réel, nous ne sommes plus dans l'imaginaire.
Dagny WASMUND : Artaud sans doute a été assassiné, réellement, plus ou moins entre guillemets, mais il a été assassiné, tandis qu'ici, il y avait une certaine d'assassinat...
Philippe SOLLERS : En un autre sens du mot alors.
Dagny WASMUND : Oui, comme vous voulez...
Philippe SOLLERS : Ah ! non."
(Fin de la discussion après la communication de Sollers, "L'état Artaud" du Colloque "Vers une Révolution Culturelle : Artaud, Bataille" tenu du 29 juin au 9 juillet 1972 à Cerisy-la-Salle)
En espérant que les débats sur l'ILF soient aussi drôles et ne fassent pas trop de morts.
2005-08-06 14:31:55 de Bartlebooth

Je partage ton avis Berlol. En fait, juste avant de lire ta remarque, je me disais que j'allais simplement écrire "la technique ne fait-elle pas partie de la culture?". Et j'ajouterai ceci: avant qu'une technique ne devienne un standard, souvent plusieurs d'entre elles, semblables, s'affrontent sur différents aspects (efficacité, rentabilité...) dont l'enjeu n'est-il pas souvent d'imposer une culture ?
Bon, Bikun vient d'arriver chez lui. Et nous, Berlol, quand est-ce qu'on se voit avant ton départ ?
2005-08-06 15:38:32 de Manu

Bon, j'ai aussi "L'histoire du point de croix du 17 eme à nos jours" en format PDF, mais là, je propose même pas, hein, c'est un peu technique ...
2005-08-06 15:55:04 de Arte

"La technique est ce qui se reçoit" - Elle peut devenir obsolète, elle concerne des savoirs et des savoirs faire sur la matière
"La culture est ce qui s'hérite" - Elle suppose un mouvement de transmission volontaire , Debray la situe d'ailleurs à un niveau singulier : c'est ce qui échoit à chaque individu dans une culture donnée et dont il accepte ou subit plus ou moins le contenu  (voir du côté des modes de pensées ,des idéologies familiales et sociales).
C'est simpliste, oui ! Mais ça m'aide à penser certains décalages entre le discours scientifique et la façon dont l'humain perçoit son propre développement dans un tissu culturel donné. La technique ramène à l'outil, la culture interroge l'outil et l'utilise selon des critères de plusieurs ordres et qui correspondent à des représentations subjectives et échangées.
2005-08-06 22:56:21 de Marie.Pool

POST-scriptum : "L'ingéniosité" est souvent favorisée par la pénurie ou la catastrophe.
2005-08-07 07:57:04 de Marie.Pool

Et le figuier donne de délicieux fruits comestibles appelés figues.
2005-08-07 08:38:18 de Arte

Usant de l'écriture, qui est justement la conjonction ingénieuse des dispositions spéciales de la bouche et de la main (de la parole et de la trace, ou du bruit et de l'empreinte, comme on voudra), j'en profite pour indiquer à Manu qu'on pourrait sans doute déjeuner mardi, avec ou sans figues. A confirmer !
2005-08-07 14:58:48 de Berlol

On est jamais assez informés que ce soit en matière de vols dégriffés ou de figues, je vous rapporte dans le panier de la ménagère de quoi nourrir les conversations sans jus continu :
1/HISTOIRE
Autre fruit biblique, la figue ne nous paraît pas non plus un fruit exotique. Mais... Savez vous qu'il existe des figues blanches, des figues vertes et des figues noires ?
Connue depuis des temps très lointains, le figuier serait originaire d'Asie Mineure. On le trouve dans le bassin méditerannéen et aussi sur les bords de la Caspienne, de la mer Noire allant même jusqu'à la Chine. Introduit en Grèce avant l'ère chrétienne, il se répand dans la Rome Antique et gagne la Gaule. Pline nous dit que la figue fait partie de l'alimentation réservée aux athlètes et ne peut être remplacée que par de la viande.
Planté en 1621, un figuier exceptionnel, tricentenaire se trouvait dans le Finistère sur la commune de Roscoff, il fut abattu en 1986, abattage un peu hâtif car on aurait pu le sauver ! Le micro-climat breton l'aurait protégé tout ce temps, jusqu'à nous, plutôt impressionnant ! A Paris, se trouve, la rue du Figuier, entre la rue Charlemagne et la Seine dans le 4ème arrondissement. La rue fut baptisée ainsi aux environs de 1280. Nom inspiré d'un figuier gigantesque poussant au milieu du carrefour situé devant l'hôtel de Sens, maintenant la bibliothèque Formey. Cet arbre fut abattu en 1605 sur l'ordre de la reine Margot, car il gênait le passage de son carrosse ! Cela dit il y a toujours un figuier dans cette rue du Figuier, un descendant du premier pourquoi pas ?
Après avoir mangé la pomme, Adam et Eve s'apperçuent qu'ils étaient nus et se firent des pagnes avec des feuilles de figuier et non de vigne. Auraient-ils plutôt croqué une figue ?
Victor Hugo, dans les misérables, dit que le figuier serait le grand-père des jupons. Colette imagine des propos tenus par Eve pour une de ses filles en disant: "Ma fille, c'est le figuier de la plaine qui vous habille ? Il vous engonce, celui de la colline vous va mieux".
Aujourd'hui, les principaux pays producteurs sont la Turquie, l'Italie, le Portugal et la Grèce. En France, on la cultivait en région parisienne à Argentueil, désormais on la trouve surtout dans le Sud du pays Vaucluse, Var, et Languedoc-Roussillon.
2/Les FIGUES de BARBARIE , quelques conseils pour ramasser et consommer
-----Le matériel nécessaire est représenté par un roseau que l'on refend à son extrémité la plus large en quatre pans, au moyen d'un couteau. Vous placerez entre ces quatre pans une pierre qui écartera préalablement les lames du roseau et vous facilitera la saisie de chaque fruit.
-----L'écartement ne doit pas être trop large car vous devez pouvoir le bloquer sur chaque fruit de telle sorte qu'en faisant tourner votre roseau sur lui-même vous exercez une torsion du fruit sur sa feuille et ce dernier se détache depuis sa base.
-----L'opération de la cueillette des figues de barbarie DOIT se faire le MATIN avant que le soleil ne soit à son zénith, car sa chaleur favorise l'explosion des bouquets d'aiguilles urticantes et généralement on se trouve sous le figuier ou pas très loin et on reçoit toutes les aiguilles qui volettent dans le cou ou les cheveux.
-----Une fois attrapée, chaque figue doit être déposée dans un seau plastique rempli de sable. Cette première opération va consister à secouer votre seau contenant sable et figues, ces dernières en se frottant au sable vont perdre tous leurs piquants urticants. Une fois l'opération rendant satisfaisant la manipulation des fruits, vous pouvez les passer à l'eau et les présenter dans une assiette.
Vous voyez que la figue est perfide, elle ne donne pas son nectar au premier nippon venu.
2005-08-07 21:06:39 de Marie.Pool

@ARTE
Je suis très intéressé de pouvoir récupérer en mp3 la conférence de Stiegler à L'ENSAD de fevrier 2005. Mais je ne vois pas ton mail...
Peux-tu me contacter sur mail<chez>christian-faure.net ?
Merci
2005-09-14 21:06:22 de Christian Fauré


Samedi 6 août 2005. Le tunnel de l'histoire littéraire.

Tout le monde l'a entendu, je pense : 8h15 à Hiroshima, il y a 60 ans, la bombe explose (et trois jours plus tard à Nagasaki, ne l'oublions pas, celle-là, même si, symboliquement, mondialement, c'est la première qui compte, et pas la première essayée chez soi, dans son petit désert local, mais la première essayée dans le cadre d'une guerre contre un ennemi dont on sait pertinemment qu'il ne sera pas constitué que de militaires, et peut-être même pas tant pour massacrer des Japonais que pour adresser un message à l'autre ennemi que tout le monde croit allié mais qui risque d'entrer en guerre lui aussi contre le Japon quelques jours plus tard car ça fait presque trois mois depuis la capitulation allemande et alors si les Russes participent faudra partager avec eux parce qu'ils veulent l'île de Hokkaido tout le monde le sait déjà chez les stratèges américains...).

Pour moi, après le coiffeur, c'est le tunnel de l'histoire littéraire qui continue. Le soir, j'arrive à la fin du XVIIIe siècle. Ouf ! Encore deux...
Pas de visites de blogs. Pas de mouvement sur le blog ILF2005, sans doute n'ont-ils pas le temps...

Promenade nocturne et digestive avec T. dans les ruelles autour de Kagurazaka. On découvre toujours des maisons originales, des recoins de verdure, des ruelles de campagne. On tourne en rond, on se perd presque. Et d'un seul coup, on est devant la maison où habitaient A. et Dom, maintenant partis depuis deux ans. Étant venu plusieurs fois chez eux, je n'avais jamais prolongé la marche dans cette rue. Eux sans doute la connaissaient-ils, la regrettent-ils... Après une heure de cette douce tiédeur, nous rentrons pour encore une séance de travail. Et se coucher.

Et Jean-Claude ? Je pensais que quelqu'un en parlerait ! Sans doute tout le monde est-il en vacances, sauf nous... Comme j'y suis impliqué, valait mieux que ce soit quelqu'un d'autre qui en parle. Mais d'un autre côté, si je ne dis pas combien c'est amusant et impressionnant, je passerai pour un ingrat.
Sa manière de revisiter l'univers du blog, son blogopoly, c'est tout simplement épatant !


Dimanche 7 août 2005. La moitié du prix des billets annulés perdue.

Finalement, on ne s'est pas couché, hier soir. Beau début de chapitre pour un roman.
Comme T. voulait vérifier notre plan de vol pour mercredi, elle a été fort déconvenue que nous devions passer plus de vingt heures dans l'avion... Elle était informée que nous aurions un stop à Bangkok, les horaires étaient à sa disposition sur une feuille que je lui avais donnée, nous étions d'accord pour ce choix économique tout en sachant que cela prenait plus de temps que le vol direct. Mais là, dix heures de plus, c'était trop. Le ton est un peu monté, c'est normal, mais on a évité la grosse engueulade. D'abord (et surtout) parce qu'il n'y avait pas vraiment de torts, d'un côté ou de l'autre : elle était trop occupée en mai et juin par les suites de la mort de son père pour s'occuper du voyage en France, et pour ma part je n'avais caché aucune information. Et j'étais optimiste (ça, c'est peut-être un tort) sur nos capacités à supporter le voyage et enchaîner sur le travail juste après. Car pendant qu'elle argumentait, je voyais de mieux en mieux que ça serait l'enfer : un premier vol de Japonais survoltés qui vont en vacances en Thaïlande, suivi d'un encore plus long vol d'Européens cramés rentrant des plages, des bordels, des treks du nord, etc., je sentais bien qu'on arriverait pas frais du tout... La nuit passait. Tantôt déprimant (genre : elle reste et je pars seul), tantôt échaffaudant des scénarios euphoriques (que l'agence de voyage nous trouve un vol direct pour le même prix). Quand l'aube a blanchi les shoujis, nous savions quoi faire...

STOP Âpres négociations téléphoniques avec l'agence de voyage (le seul bureau ouvert le dimanche), en plusieurs étapes, de 10 heures à midi, menées brillamment par T. (arguant du manque d'information orale et écrite sur la durée des vols, pas facile à calculer du fait des décalages horaires — spécieux, mais ça marche...).
Résultat : on annule les billets par Bangkok. On prend deux places qui restent sur ANA en vol direct, qu'on paye au prix arrangé aujourd'hui, tellement inférieur à ce qu'on m'avait indiqué en mai pour août que malgré la moitié du prix des billets annulés perdue, on arrive finalement à ce total de mai ! Comme si j'avais donc réservé et payé en mai...
Pas dit que ça marche à chaque coup (pour ceux qui s'y prennent au dernier moment) mais belle leçon sur la déréglementation des tarifs aériens ! (Et la souplesse du service japonais.)

Plus tard, je passe un bon moment avec Germaine de Staël... Ça devrait faire un bon petit épisode de ma causerie. Pas allé plus loin que 1820 mais vaut mieux prendre l'air. Bien calmés, on fait un grand tour par les avenues désertes du dimanche. On dîne au chinois. Je rédige ça et je replonge...


Suis-je dans l'Exagereratium si je dis que T. est sans équivoque très supérieure à toi en Negocium, pendant que tu te prélasses dans l'Otium... ?
2005-08-07 16:26:55 de Arte

On peut le dire comme ça, oui, ça ne me vexe pas...
2005-08-07 16:47:23 de Berlol

ben c'était un compliment pour les deux , en fait !
2005-08-07 17:07:53 de Arte

Merci, je m'en doutais, mais je dois rester modeste, tu vois...
2005-08-07 17:12:28 de Berlol

Tiens je vais m'inscrire sur Rencontres.Com, peut-être qu'ils offrent l'anti-popup aux adhérents !!!
2005-08-07 17:52:30 de Arte

Petit coucou de Dushanbe! Je prend même le temps de
lire rapidement quelques pages de ton blog Berlol!
J'suis bien arrivé, je vais me remettre à mon blog dès que possible également! Beaucoup de retard (ai pas de fibre optique à la maison, ni adsl, ni modem d'ailleurs...euh et pas de téléphone non plus! En fait il ne marche pas) et aussi beaucoup de choses à dire!
Et je sens que ce voyage va me changer à tout jamais...mais dans quel sens...
Bon vol à toi et T., et à bientôt dans la blogsphère!
2005-08-08 06:58:12 de Bikun

Une fois, en cherchant le moins cher — c'était vers la même période que toi, et il n'y a pas vraiment de "pas cher" fin août ou début septembre...), je suis allé à Paris par Cathay Pacific via HK.
Je n'avais jamais bien réalisé la distance jusqu'à HK, et franchement, ça a été difficule. Cinq heures aller, trois heures à attendre là-bas, puis, alors que je pensais qu'on prendrait une voie directe via l'Arabie Saoudite, et bien non ! On s'est mis à remonter par la voie sibérienne. Bref lorsqu'on survola la Corée, on avait déjà douze heures dans la vue et il en restait encore onze...
Les vols avec escale c'est très bien, mais encore faut-il que l'escale en question soit à peu près dans le tracé logique du voyage...
Pour changer de sujet :
« Au Japon, la mémoire de l'horreur nucléaire d'Hiroshima s'estompe
LE MONDE |
HIROSHIMA de notre envoyé spécial
La ville est avenante, aérée, avec ses avenues verdoyantes et ses rivières paisibles : Hiroshima, la "ville de l'eau" , disait-on, parce qu'elle s'étend dans le delta du fleuve Ota et de ses six bras. Aujourd'hui, ses monuments aux victimes du feu nucléaire, la carcasse du dôme de ce qui fut la chambre de commerce ­ l'un des rares vestiges du bombardement du 6 août 1945, comme son Mausolée à la paix, qui occupe le centre de la ville ­ sont intégrés au paysage urbain. Dans les esprits s'opère un estompage analogue : lamémoire s'effrite, l'horreur se dilue, le drame se fossilise.
Les témoins disparaissent et le nombre de visites des écoles diminue : de moins en moins d'écoliers peuvent donner la date du bombardement, indiquent les enquêtes de la municipalité. Parfois, des monuments sont profanés par des jeunes qui, pour s'amuser, mettent le feu aux guirlandes de grues en papier multicolores, symboles de paix. Saturée de culte du souvenir, Hiroshima doit renouveler son message pour qu'il porte encore dans un monde qui, en soixante ans, a connu d'autres formes de massacres de populations civiles.
Sur les 541 800 atomisés d'Hiroshima et de Nagasaki, 266 000 étaient encore en vie en mars 2005. A Hiroshima, où 140 000 personnes sont mortes lors de l'explosion de la bombe ou dans les semaines suivantes, on décompte 120 000 survivants. Ils ont en moyenne 73 ans. Combien seront-ils, dans dix ans, à pouvoir raconter ce qu'ont été le 6 août 1945 et les années d'après ? Car, si la mort a frappé certains d'un coup, elle a été moins miséricordieuse pour d'autres, qui ont vécu une lente agonie : la survie dans les gravats et la pestilence, les larves dans les plaies de corps écorchés vifs, les cheveux qui tombent, les vomissements de sang... puis les leucémies et les cancers. Aujourd'hui encore, les survivants vivent dans les affres de ces symptômes.
Avec pudeur, économie de mots ou au contraire en un flot intarissable, les atomisés racontent leur calvaire. "C'était ainsi" , dit cette vieille dame qui retrouve une sereine tranquillité après avoir égrené, les yeux clos, un long récit apocalyptique commencé par ces simples mots : "Ce jour-là..." Certains se murent dans le silence. D'autres, encore terrifiés par les éclairs des orages, revivent au soir de leur vie le traumatisme qu'ils ont subi. Parfois, ils se sentent coupables de ne pas avoir porté secours aux survivants hagards ou aux agonisants implorants. Ils tendent à s'identifier aux morts, et certains mettent fin à leurs jours, hantés par le cri du poète atomisé Sankichi Toge : "Rendez-nous notre humanité !"
ABANDONNÉS À LEUR SORT
Pendant des années, les victimes du feu nucléaire ont été abandonnées à leur sort. Les plus pauvres ont croupi dans des bidonvilles, comme celui de Motomachi, la "honte d'Hiroshima" , disait-on. Au début de l'occupation américaine, en septembre 1945, les hôpitaux militaires avaient été fermés. En dépit de médicaments fournis par la Croix-Rouge internationale et l'occupant, ainsi que du dévouement d'infirmières et de médecins, les irradiés furent laissés pratiquement sans soins, en raison du secret que les Etats-Unis voulaient entretenir sur les effets de la bombe. Longtemps, on a ignoré comment soigner ces terribles blessures, stopper les hémorragies des écorchés vifs. Jusqu'à la signature du traité de San Francisco, en 1951, les informations sur Hiroshima ont été censurées. Fin 1946 avait été ouvert un laboratoire militaire américain, baptisé Atomic Bomb Casualty Commission (ABCC) : il ne prodiguait aucun soin, mais pratiquait des tests sur les irradiés et exigeait les cadavres pour les autopsier. Parfois, lorsqu'il n'y en avait pas assez, il les achetait, raconte le photographe Kikujiro Fukushima : "Un homme vendit ainsi le cadavre de sa femme pour pouvoir lui organiser des obsèques" , dit-il.
L'ignorance de l'origine des maladies et la crainte que l'irradiation soit contagieuse firent des atomisés (60 % des victimes étaient des femmes, des enfants et des personnes âgées) des êtres déshumanisés, rejetés par les employeurs, un éventuel conjoint, leurs voisins, voire leur famille. Leur calvaire est raconté dans une bande dessinée, Gens aux pieds nus , de Keiji Nakazawa, qui rappelle, dans un récit poignant, ce qu'il vit avec ses yeux d'enfant (J'avais six ans à Hiroshima , Le Cherche Midi éditeur, 1995). L'ostracisme à l'égard des atomisés en renforça d'autres, la discrimination frappant les Coréens ­ 30 000 irradiés ­ et les descendants des hors-caste de l'époque prémoderne (équarrisseurs et bouchers), qui devinrent doublement victimes.
Jusqu'en 1957, les atomisés ne bénéficièrent d'aucune assistance spéciale. La misère et la désagrégation du tissu social firent de l'Hiroshima des années 1950-1960 une "ville sans loi" : les bandes criminelles formées par certains des milliers d'orphelins du bombardement y étaient si célèbres qu'elles ont inspiré l'un des classiques des films de yakuza s (gangsters), Batailles sans honneur , une série de Kinji Fukasaku qui brosse avec un réalisme cru un portrait de la pègre de l'après-guerre.
C'est cette mosaïque de souffrances et de drames individuels silencieux qui constitue l'héritage d'Hiroshima : des drames reflétés dans des peintures d'amateurs ou dans les oeuvres d'écrivains comme Hisashi Inoue, telles que Chichi to kuraseba (Vivre avec mon père), 1994, adapté au cinéma en 2004 par Kazuo Kuroki sous le titre anglais The Face of Jizo , qui raconte le tête-à-tête entre une fille et le fantôme de son père, trois ans après le bombardement. L'approche n'est pas politique mais empreinte de tendresse. "Ces bombes ont été lancées non seulement sur des Japonais mais sur tous les êtres humains" , écrit Hisashi Inoue.
ACTE D'INHUMANITÉ
Longtemps, la première ville atomisée du monde s'est perçue uniquement comme victime. Son drame semblait suspendu dans un vide historique. Que s'était-il passé avant ? Hiroshima se résumait à une promesse de paix. Ce n'est plus le cas : depuis une dizaine d'années, le musée rappelle l'expansionnisme japonais et l'origine de la guerre. Mais Hiroshima parvient mal à élargir la portée de l'acte d'inhumanité dont elle a été victime en faisant de son drame le fanal d'une condamnation du terrorisme d'Etat que représente tout bombardement de populations civiles. La voix des atomisés faiblit : le premier ministre, Junichiro Koizumi, a rompu avec la tradition de les rencontrer lors des cérémonies du 6 août.
"Reposez en paix. Les erreurs ne se reproduiront plus" , peut-on lire sur le monument aux victimes. "Répéter ce voeu pieux n'a plus de sens" , estime Yuki Tanaka, professeur à l'Institut de la paix d'Hiroshima. "Hiroshima a connu l'horreur à l'état pur : ses habitants ont été victimes d'un génocide mais, pas plus que dans le cas des juifs, ces atrocités ne doivent faire oublier d'autres tragédies. Nous devons nous dégager de cette myopie et lier le drame d'Hiroshima à notre époque. Unique, le bombardement atomique présente des similarités avec d'autres massacres de populations civiles que nous avons sous les yeux" , explique-t-il. L'allergie au nucléaire reste profonde chez les Japonais, mais ils semblent plus fatalistes face à l'usage de la force contre des populations civiles, comme si, peu à peu, leur allergie se dissociait du pacifisme dont ils se réclament.
Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 06.08.05 »
2005-08-08 13:26:55 de Arnaud

"Hiroshima Nagasaki
Nagasaki Hiroshima
arigato Vanunu
ko n nichiwa Mossadegh
arigato Mordechai
ko n nichiwa Mohammad
Hiroshima Nagasaki
Hiroshima Nagasaki
ko n nichiwa arigato
Nagasaki Hiroshima
Nagasaki Hiroshima
arigato Vanunu
ko n nichiwa Mossadegh
arigato Mordechai
ko n nichiwa Mohammad
Hiroshima Nagasaki
ko n nichiwa arigato"
(Robert Wyatt, "Foreign Accents" in Cuckooland, 2003)
2005-08-08 14:32:11 de Bartlebooth

Arte ? Alors, des rencontres ?
Bikun, ne change pas trop quand même... qu'on puisse te reconnaître (on attend des photos !)
Arnaud, on t'avait reconnu... Y'en n'a qu'un qui copie le Monde, ici.
Merci copie Wyatt, Bartlebooth, et liens sur ton blog rené !
("René va renégocier"... Qui a chanté ça ?)
2005-08-08 15:20:33 de Berlol

j'ai donc trois propositions :
- une Moscovite très très belle et très très intelligente mais pauvre, qui ne parle pas un mot de français et adore mes textes !
- un blogeur de Rouen, qui me demande si j'aime la musique de John Cage et les barbus !
- et une Japonaise : mais là, je crois que c'est le barbu de Rouen qui lit du Wyatt... (je reconnais son accent !)
je vous tiens informé, bien sûr...
2005-08-08 17:05:02 de Arte

(c'est pas Bashung ?)
2005-08-08 17:05:53 de Arte

ben si
Dean Martin
Tout n'est pas rose chez les flamands roses
Bene va bene Benelux
La vie en rose, on n'a pas autre chose
Gratte moi là j'ai une puce
Elle fait l'amour qu'à Dieu, elle fait ça qu'avec God
Confessez la, confessez
Car le port de l'angoisse est toujours prohibé
L'ai je bien montée ?
Dean Martin, j'entends des voix de velours
Dean Martin, j'attendrai ton retour
Zorro s'est décommandé, a d'autres chattes à fouetter
J'en ai les bals masqués, René va renégocier
On se fait des bises sur le Titanic
Entends tu mon ukulélé
Dansons sur des truites saumonées, des truites, des truites
Le paso va doubler, le paso va doubler, paso doublé
Je bande à l'envers au fond de la vallée
Pas recommandé
Dean Martin, j'entends des voix de velours
Dean Martin, j'attendrai ton retour
Zorro s'est décommandé, a d'autres chattes à fouetter
J'en ai les bals masqués, René va renégocier
Tout n'est pas rose chez les flamands roses
Bene va bene Benelux
Plus un mot d'elle, déchiré le book
Demain il me les faut toutes
Le mousse avait la barre avec un chalumeau
Besame besame
Et le port de l'angoisse est toujours prohibé
L'ai-je bien montée
Dean Martin, j'entends des voix de velours
Dean Martin, j'attendrai ton retour
Zorro s'est décommandé, a d'autres chattes à fouetter
J'en ai les bals masqués, René va renégocier
Dean
Je bande à l'envers au fond de la vallée
Si ça vous dit on peut recommencer
Le paso va doubler, le paso va doubler, paso doublé.
2005-08-08 17:08:26 de Arte

Bravo !
Au printemps, je redoute que les trois suisses me livrent... dit-il ailleurs.
2005-08-08 17:31:33 de Berlol

Robinson Crusoé n'a plus un vendredi d'libre
au printemps j'redoute qu'un des trois suisses me livre
... Helvete Underground, c'est le même disque : Passé le Rio Grande.
(on joue au Quizz :d )
2005-08-08 18:32:49 de Arte


Lundi 8 août 2005. Entendez-vous rire ?

Intime ? Si hier c'était ma fête (au passage, bonne fête à Dom), aujourd'hui, c'était celle de N°1 Travel, la branche de H.I.S. avec laquelle j'avais réservé deux vols pour Paris via Bangkok. En deux coups de téléphone (assez longs), l'un après le dentiste qui a définitivement fixé mon bridge (c'est beau), l'autre après un sandwich et déjà dans les murs de l'énorme agence H.I.S. de Shinjuku Takashimaya (une centaine de personnes doivent y travailler), T. reprend poliment les manquements dûs surtout, en cas de réservation par internet, à des règles de travail assouplies (ou de mauvaises habitudes prises) du fait de la dématérialisation du client. On obtient finalement de ne payer que le quart des billets annulés... et nos nouveaux billets ANA sont prêts. Au passage, on a glané quelques petits cadeaux au Tokyu Hands, et T. peut être chez son coiffeur à 15h30, toutes opérations achevées.

Moulages et prothèses sont-ils de l'ordre de l'intime ? Probable qu'à y regarder de près, le public se divise entre des franchement contre (quelle horreur ! quelle honte !) et des pourquoi-pas (ça dépend de ce qu'on en fait...). Ça me fait une belle jambe !

Mais que révèle la photo ? Donnant la forme exacte d'une machoire, l'empreinte nue des dents, sans chair sanguinolante ni muqueuse dégoulinante, elle pointe la nature animale où tout squelette nous ramène, elle distancie de toute intimité par son inscription dans un champ scientifique (le dentiste, la conservation des empreintes, les taxinomies), enfin elle garde et communique mémoire d'un moment, celui de la photo, la prise, empreinte non plus de la machoire dans la pâte mais du temps lui-même dans l'image. C'est dans ce dernier rayon que je trouverais de l'intime car de toute évidence ce cliché n'appartient pas clichéiquement aux documents dentaires que pourraient conserver un praticien, une école, une académie. En effet, l'arrière-plan de droite attire inévitablement l'œil, alors qu'un cliché médical ou anthropométrique est sans fond (fond blanc ou uni). Ici, une table floue portant des objets rectangulaires dans diverses positions. Sur le cliché grand format proposé, le rectangle incliné et de profil ressemble furieusement à un écran plat comme on en fait pour les ordinateurs depuis quelques années ; ce serait donc un bureau, d'appartement ou d'entreprise — de toute façon un espace de vie qui s'inscrit en arrière-plan de l'objet, qui enveloppe la machoire, qui la tient dans les dents de l'image. Quant au bord gauche, sombre, il suggère une autre pièce, la possibilité d'un passage, d'une autre intimité, à jamais refusée au spectateur. Deux côtés antagoniques, deux lignes de fuite pour la méditation, pour qui ne zappe pas sur tout.
Reste une chose que l'on n'a pas vue, ou trop vue : l'ouverture de la machoire. Aucune articulation ne permet cette ouverture naturelle pour un moulage. À l'évidence, il s'agit d'une mise en scène, reproduisant ce que les os qui tiennent les machoires permettent, quand il y a des os, de la chair, de la peau : le mouvement qui sert soit à manger, à parler ou à rire... Lequel des trois vous est suggéré ? Êtes-vous prêt(e) à être mordu(e) ? À m'entendre parler ? Entendez-vous rire ? Selon votre choix, c'est plutôt de vous qu'il est question, non ?

Côté colloque, j'en suis justement à l'époque de la naissance de la photographie...


Première réaction :
Ben Berlol il est pas paléontologiquement en avance, vu la taille des canines !
(Arte, dit La Molaire)
2005-08-08 18:02:46 de Arte

Vanitas vanitatum et omnia vanitas (http://www.educreuse23.ac-limoges.fr/projets/Baroque/images2Pet/VaniteSimRenPet.jpg , par Simon Renaud de Saint-André : l'arrière plan masqué, l'accent est mis sur un ensemble d'objets qui évoque avec insistance la fuite des années, la fin inéluctable de tout et le manque de bridge)
2005-08-08 18:10:12 de cel

J'ai justement effacé une phrase sur les vanités, parce que je ne voulais pas que ça déborde sur autre chose, l'histoire de l'art ou quoi... Le lien que tu donnes, Cel, c'est tout à fait ça ! Merci.
Qu'est-ce qu'elles ont, mes canines, Arte ?
2005-08-08 18:23:37 de Berlol

Pas un chat à Paris.
Au Franprix, les rayons de frais sèchent, se périment. C'est Barthes qui notait le vide de la capitale aux places de stationnement vacantes, dans un cours.
Paris bée.
Comme une bouche, si vous voulez.
2005-08-08 19:05:59 de Alain

ben elles sont "paléontologiquement" très belles :d
2005-08-08 19:06:38 de Arte

On dirait, je ne sais pas, un sourire japonais. C'est la mâchoire d'un Japonais. C'est la photo. L'effet de la photo. Barthes raconte, dans "L'empire des signes" (ou dans un cours), qu'il avait comme ça été japonisé sur une photo de journal, plutôt les yeux, d'ailleurs.
On dirait aussi un gâteau d'anniversaire.
Bref, vous avez raison, un memento mori.
2005-08-08 19:13:41 de Alain

Tu veux dire la dent bridée ?
2005-08-08 20:03:23 de Arte

Que peut -on mettre sous une dent
de porcelaine ?
de résine ?
de plâtre ?
de bois ?
Une certaine idée de la précarité des mâchoires ?
Une apologie des techniques prothésistes ?
Le scandale de l'inégalité devant la préservation du patrimoine
dentaire individuel ?
Une dent contre quoi ?
La royauté ?
Un couronnement ne passe jamais inaperçu et le blog de BERLOL révèle sa place d'événement dans la vie du blogueur.
Sans niaque on est plus grand chose à la table du monde !
Un blogueur digne de ce nom ne se résigne pas à manger mixé et c'est tout à son honneur de carnivore évolué.
2005-08-09 08:46:22 de Marie.Pool

en somme j'ai débordé (mince ! mais on dirait que tu nem'en veux pas) mais c'est vrai que ton image, et surtout ce que tu disais de l'arrière plan, le fait que cette denture soit placée dans un contexte, cela doublé de ton questionnement sur l'intimité et la nature animale du squelette rappelle bien ce domaine (sans faire rimer vanité avec orgueil - il ne semble pas que tu sois fier de nous montrer les dents), et c'est vrai aussi que les dents évoquent facilement le morbide et l'inquiétant (dans Le Locataire de polanski par exemple) qui ne sont jamais loin de l'ambiance des vanités
2005-08-09 23:11:53 de cel

il a l'air dur le chewing-gum !
2005-08-10 09:50:54 de Arte


Mardi 9 août 2005. D'autres distorsions, comme toujours...

Elle n'a pas lâché le morceau, T., elle a téléphoné ce matin au ministère des transports, à une section de consommateurs de la mairie de Tokyo, au syndicat des agences de voyage et à la direction de H.I.S., ni par amusement ni par vengeance, mais par détestation de l'hypocrisie. Et je crois qu'elle aime argumenter, elle aussi. Dans sa langue. Au final, H.I.S. constate les manquements et le défaut d'envoi des conditions du contrat de voyage, craint une procédure et propose le remboursement total des billets annulés. De la section de consommateurs, on appelle T. pour la féliciter car si les litiges sont apparemment nombreux avec H.I.S., personne n'arrive à les convaincre de leurs torts...

Ça turbine plein pot dans le ciboulot. Ça sera peut-être nul, lundi prochain, mais au moins m'y serai-je jeté à fond. Pour éviter l'échauffement neuronal, je sors déjeuner avec Manu au Champ de soleil, quartier de Kanda. Après Bikun dont on attend la mise à jour tadjikistanaise, Manu a le blog qui le démange, qui se tortille, tapote la coquille du bec, ça va éclore sous peu, on l'attend — et chacun de déterminer ses priorités, ses rythmes, ses thèmes, ce qui, quoi qu'on en dise, fera toujours un portrait de soi. Les spaghettis sont plutôt moyens mais la conversation les fait subtilement glisser au second plan. On se quitte pour quelques semaines et je vais à pied à Akihabara pour compléter le trousseau informatique de T. avec une clé USB d'un giga. Belle ondée odorante à grosses gouttes éclaboussantes, mais j'ai un parapluie et je me réfugie à temps dans un magasin d'informatique. Quand j'en ressors, c'est fini, il y a du soleil, je rentre à la maison, clé en main. Un moment vidéo avec ma sœur et mon neveu, toujours à Lyon, toujours très sage, peut-être fasciné par l'image et le son alors qu'il ne se reconnaît pas encore lui-même dans le miroir, me dit ma sœur.
Puis je replonge dans l'histoire littéraire, ses apories, ses distorsions réticulaires, elles-mêmes combinées à d'autres distorsions, comme toujours...

« Oui ! Même à notre époque où ses livres figurent en bonne place dans toutes les bibliothèques et où d'innombrables études auscultent son œuvre sous toutes les coutures, qui donc cherche encore à entendre ce que Nietzsche a réellement voulu nous dire ? Certes pas, en tout cas, les surveillants appointés de la « bonne conscience communautaire » qui semblent avoir pour mission de désamorcer subtilement les charges explosives des pensées subversives ! Ces bataillons de sapeurs de la Grande Armée Universitaire qui, à l'aide d'une casuistique habile (à l'instar d'une combinaison échiquéenne !), s'ingénient à faire dire à cette œuvre (à vrai dire suffisamment éclectique pour le permettre) ce qui est manifestement au goût du jour — l'acclimatant, lui conférant, au bout du compte et à force d'arguties, un sens respectable et politiquement correct (Denis Grozdanovitch, Petit Traité de désinvolture, p. 128.)


Cher Berlol, je n'ai pas bien saisi tous les épisodes de cette histoire de billets.
Quels manquements il y a-t-il eu de la part de HIS ? Vous avez annulé les billets et ils n'ont pas voulu rembourser la part qu'ils vous devaient ? Ou bien, il y a-t-il un problème avec les nouveaux billets ?
D'ailleurs, quand partez vous finalement ?
Excuse-moi pour mon inattention...
2005-08-10 10:43:04 de Arnaud

Si je puis me permettre, CHER A. , je viens vers vous pour une tentative d'éclairage situationel (deux n ?) situationnel:
- Y'a B. qui se prélasse dans l'Otium, et donc il a pris des billets sans vraiment reflechir, vu que lui, le Negocium, c'est pas son truc,
- sur ce, arrive le jour J - quelque chose : et là GARGL !!! (déjà cité) : Blast it ! GULP ! , good lord !!! que Dieu va sauver le reine ! re GARGL (déjà cité) ...le voyage est pas cher, mais fait un leger crochet via je sais plus où, qui rallonge un brin le trajet, et T. le sent pas du tout, mais pas du tout...
- Bon là il y a l'épisode du dentier, B. mache son chewing-gum eternel, mais bon, je crois que c'est une tentative pour calmer ses nerfs vu Cerisy, Cerysi, Cerysye, enfin, là où il doit dire des choses intelligentes (pas comme dans "Le Monde" quoi :p )
- Sur ce (j'aime beaucoup "Sur ce", non ?) T. brandit son Negocium Laser et met KO le vilain HIS, en trois (ou quatre ) épisodes... mais elle obtient gain de cause, vu que le Negocium d'en face a eu peur et que T. a une très jolie voix.
- Donc voila.... Berlol a économisé des heures d'avion, et de quoi acheter une clef USB 1 Go (on ne dira jamais assez la révolution de la PRWM grand public qui va tout révolutionner, mais là, chuttt, on attend l'article de C. sur le sujet dans 3 ans !),
- Personne n'est dupe, évidemment, B. a acheté une clef USB à T. pour se racheter, hein ! Mais bon, c'est inconscient, alors on peut pas trop développer... y'a de l'animus, y'a de l'anima, c'est complexe,
- Finalement, tout s'est arrangé sans vanité, grace à T. au dentiste, et à alleluia. Amen.
- Sinon, ça va Vous ? :-)
2005-08-10 12:04:31 de Arte

Je vois un peu mieux là.
Mais quel est le rapport avec HIS là-dedans ?
2005-08-10 13:24:12 de Arnaud

Ben HIS, c'est le méchant !!!
2005-08-10 14:29:12 de Arte

Merci Arte. Là, je crois que tu as un assez bon résumé, Arnaud !
Disons que les billets réservés ne nous convenant plus, on leur a cherché des poux dans la tête, et on en a trouvé : 1. quand tu téléphones à HIS et que tu es étranger (i.e. que tu ne parles pas japonais), on te balance automatiquement sur N°1 Travel, qui est la branche de HIS pour étrangers (majoritairement), et là, il semblerait que le service soit moins performant que pour les Japonais, si tu vois ce que je veux dire ; 2. (qui découle du 1) on m'a envoyé un "voucher" pour retirer les billets à l'aéroport SANS m'envoyer en même temps les conditions du contrat (contenant notamment les conditions d'annulation), ce qui constitue en fait une faute professionnelle grave.
On avait d'abord accepté le principe de payer la moitié des billets annulés. Mais T. n'a pas bien vécu le ton qu'on a employé avec elle et qui devait être celui qu'on emploie le plus couramment avec les étrangers...
Voilà, c'était un aperçu du dessous des cartes.
2005-08-10 14:40:43 de Berlol

I see... Bref, rien de neuf de ce côté-là...
Entre les agences de voyage et celles de location immobilière, on a le gratin de "l'intelligentia" du Tertaire...
2005-08-10 15:15:00 de Arnaud

Si T. insiste encore un peu, vous allez peut-être même être dédommagé. Prochain voyage gratuit ?
La prochaine fois que j'ai un truc à négocier, j'appelle T..
Quant à mon blog, je me demande encore si je peux ainsi disposer de l'image de mes enfants...
Et aussi pourquoi, pour qui ? (mais ça, c'est le cas de tous ceux qui "bloguent")
2005-08-10 15:43:42 de Manu

Et sinon, bon voyage !
2005-08-10 15:44:48 de Manu


Mercredi 10 août 2005. Dire ses quatre heures en quarante minutes.

Journée lourde et un peu poisseuse à Tokyo. Le parfum de dissolution que le premier ministre a répandu ajoute à l'air des rues une hagarderie dont elles n'ont pas l'habitude. Les gens se demandent s'ils sont réellement libres de voter le 11 septembre prochain (le gouvernement avait pourtant le choix pour la date) et, sans doute autant inquiets des quelques gouttes qui pourraient tomber que des changements qu'entraînerait leur véritable opinion (ils ont peur de leur propre opinion, mettent la main au-dessus de leur tête pour se protéger), ils vont voter comme on le leur a enseigné pour le maintien de l'ordre le plus proche du précédent. Sauf événement particulier d'ici là, je ne vois pas cela autrement que par le renforcement du centralisme autoritaire — et le démantèlement de la poste japonaise pour, à échéance, larguer les secteurs non rentables — comme une fusée largue ses réservoirs vides (faut dire que dans vingt ans, est-ce que ça existera encore, l'acheminement des lettres timbrées ?).
C'est pas tout ça, mais on a des valises à faire...

Dire à Michel qu'on arrivera demain place Monge vers 18h30, heure de Paris (et non pas vers 8 heures du matin comme initialement prévu).

Dire à ma famille la même chose, et qu'on leur téléphonera un peu après.

Dire à Régine et Henri qu'on va se voir mais plutôt à Paris s'ils peuvent venir, vu qu'après Cerisy T. voudrait se concentrer sur ses recherches et ne pas trop perdre de temps en déplacements.

Dire à François que T. n'est pas chaude pour faire un détour par Melle...

Dire à Denis que j'espère qu'on pourra se voir mais que je n'en sais encore rien.

Dire la même chose à Olivia.

Dire à Bikun qu'on attend toujours la première photo de Dushanbe (ou Dushambe) — moi, ma douche est en L inversé (comme beaucoup). Vu le problème de l'eau, je n'insiste pas.

Dire à Manu qu'il ferait mieux de se poser ses questions sur le blog... dans un blog. Que la tergiverserie fait perdre toute spontanéité.

Dire à David que j'attends ses commentaires sur Sapporo et qu'il me prévienne des dates de la reprise des réjouissances.

Dire à mes collègues de l'ILF que c'est bien dommage qu'ils ne profitent pas du blog mis à leur disposition. Mais que je ne leur en veux pas et qu'on se retrouve dans trois jours ! (Dans tout ça, je ne sais toujours pas si quelqu'un apportera une imprimante...)

Dire à Jean-Claude que j'espère bien qu'il y sera aussi.

Dire à la cantonade que j'ai bien avancé mon exposé (sept pages sur deux colonnes + un document annexe de 9 pages rassemblant une trentaine de tableaux bourrés de liens hypertextes — disponible un de ces jours, pour ceux que ça intéresse). Je dois en avoir assez pour une séance de quatre heures, ce qui n'a rien d'original dans le domaine des recherches. La qualité de l'intervenant se mesure à sa faculté de dire ses quatre heures en quarante minutes. Et ça, c'est beaucoup plus difficile. J'ai imprimé, je vais relire dans l'avion, biffer, rajouter, etc. Ou dormir.
On est sorti déjeuner au Saint-Martin où notre arrivée a surpris (en ce moment même, je devrais être affalé sur un fauteuil de l'aéroport de Bangkok et je suis tranquillement à la maison à écrire — encore merci, T.). Il a fallu expliquer toute l'affaire, ce qui a beaucoup amusé. Comme d'habitude, les frites étaient excellentes.


Pessimiste, Berlol ?
Le Minshutô (Parti Démocrate) talonne le PLD à la Diète (180 députés), et la probabilité de fracture partielle au sein de ce dernier étant importante (50 députés concernés sur leurs 230). Sachant en plus que Koizumi et les cadres du PLD insistent sur la nature de référendum des prochaines élections — ce en quoi ils ont bien tort, car l'opinion leur est défavorable sur la Poste —, moi je pense que, plus que jamais, on ne peut pas lire l'avenir. Cette crise me semble salutaire, osons le dire.
De toute façon, même s'ils passaient malgré tout, cela entraînerait une fracture politique nette au sein de la société japonaise.
Quand à lettre timbrée (elle est pas folle la lettre !), cela me semble un enjeu et un objectif important de l'État national moderne. Sans réseau de communications centralisé et unifié, il n'y a plus de nation. L'enjeu est là. Et on doit dire la même chose à propos du désengagement vis-à-vis des autoroutes en France : ces néo-libéraux, tout ce qu'ils cherchent c'est à casser l'État.
2005-08-11 03:00:01 de Arnaud

Quant à moi, désolé pour les fôtes ! ;0)
2005-08-11 03:01:46 de Arnaud

Nouvelle détonnante !
« AFP 11.08.05 01h43
Un Californien, excédé par le déclenchement nocturne de l'alarme d'une voiture garée devant son domicile, a pris son revolver et tiré une demi-douzaine de balles sur le véhicule, a rapporté mercredi une chaîne de télévision locale.
David Owen Rye, 48 ans, habitant une zone résidentielle de Simi Valley, à une cinquantaine de kilomètres au nord-ouest du centre de Los Angeles, a été arrêté et inculpé d'usage inconsidéré d'arme à feu et de vandalisme pour avoir vidé son chargeur dans le capot d'une Toyota dont l'alarme s'était mise en marche à 22h00 mardi soir, selon CBS2.
La voiture était celle d'un jeune militaire venu fêter son retour aux Etats-Unis chez des voisins de Rye, après huit mois sur un porte-avions. Il avait emprunté le véhicule pour la soirée à sa mère, selon la chaîne.
La Constitution des Etats-Unis garantit le droit des Américains à posséder des armes à feu. »
2005-08-11 03:15:35 de Arnold

Moi, vu de ma petite ville du Sud de la France et l'oreille sur le transistor, j'ai appris la nouvelle de la dissolution au Japon, pour une histoire de privatisation de la poste, pour une bonne nouvelle. Je me suis dit: " C'est bien fait pour tout ceux qui croyaient que la mise en pièce des services publiques pour appliquer l'AGCS se ferait sans problème" (Je n'ose pas dire comme une lettre à la poste). Et que le grain de sable vienne du Japon, m'a plutôt réjouie. Ce n'est pas un pays révolutionnaire et pourtant, ils disent NON ! Est-ce le premier signe d'une opposition aux ultramondialistes-ultra libéraux-ceux qui dirigent la planète ? Je suis peut-être trop optimiste.
Bon voyage !
2005-08-11 07:08:35 de Caroline

En France, on a eu il y a quelques jours un vieillard qui a tiré des coups de fusil sur un hélicoptère de pompiers qui travaillait sur un feu de forêt, parce que celui-ci, bruyant, l'empêchait de faire sa sieste...
2005-08-11 09:30:35 de Manu

Quant aux élections au Japon, beaucoup pensent que, quel que soit le résultat, ce sera le début d'un vrai débat politique au Japon, avec une opposition forte...
2005-08-11 09:32:13 de Manu

La Poste au Japon est aussi (avant tout ?) une gigantesque machine électorale du PLD et un des verrous de la domination politique du Japon rural sur l'État japonais, via un clientélisme dont nous avons peu idée vu d'Europe. Koizumi a souvent laissé entendre qu'il voulait aussi réorienter l'action de l'administration vers la prise en compte prioritaire des problèmes auxquels sont confrontés les habitants des grandes métropoles (il est lui-même élu de la conurbation du Kanto, caractéristique rare à ce niveau de responsabilité dans l'histoire politique récente du Japon). Comme souvent, c'est gris contre gris dans cette histoire, n'en déplaise à Caroline. (Il promeut effectivement des politiques libérales sur le plan économique et il entre en outre une bonne part d'enjeux internes au PLD dans cette tentative de privatisation de la Poste.)
2005-08-11 12:12:20 de Dom

Je comprends tout à fait ton interprétation Caroline, mais je ne pense pas, pour ma part, qu'il s'agisse d'oppisition à la "mondialisation" ou autre mot peu clair de ce genre. Car il me semble un peu rapide que de réduire toutes les luttes (d'ailleurs souvent "grises-grises", comme dit Dom) à une dichotomie entre les bons et les méchants.
Sans avoir à invoquer d'arguments trop compliqués, on peut dire qu'il s'agit de façon claire d'une réaction de défense de "l'État" en lui-même, au niveau de l'un de ses organes majeurs. La dimension économique a bien sûr à voir là-dedans, mais sans rapport avec l'international. C'est plutôt une lutte pour savoir comment l'on veut construire ou non "le national", je pense, et des limites qu'on veut accorder à la sphère d'influence de la machine étatique.
Sinon, sans rapport aucun avec tout cela, mais tombant à point avec le voyage de Berlol, voici un article intéressant du Monde, avec lequel je ne suis pas forcément entièrement d'accord mais dont le fond de l'argumentation me semble vrai.
« Edito du Monde : L'idiot du voyage
Voilà quinze ans, l'anthropologue Jean-Didier Urbain a publié un essai tonique qui garde toute son actualité. L'ouvrage avait pour titre L'Idiot du voyage et pour sous-titre "Histoires de touristes" (Petite Bibliothèque Payot). Ouvrage prémonitoire, car ces touristes auxquels était consacrée l'étude n'ont cessé d'augmenter. En 2003, ils étaient 75 millions en France et 700 millions sur la planète. Le chiffre d'affaires induit par ces déplacements est estimé, pour la seule Union européenne, à 213 milliards d'euros. C'est donc un secteur capital de l'économie.
Pourtant, comme le montrait l'essai, le touriste a mauvaise presse, surtout dans les sphères culturelles. Il ne voyage pas, "il ne fait que circuler" ; c'est "un nomade aux pieds plats" qui se déplace en hordes. Les griefs contre lui sont innombrables. Il est destructeur, use inconsidérément les monuments ou les sites qu'il regarde à peine et ne comprend guère. Il favorise la pollution, oblige à des aménagements inutiles et coûteux. Pour lui, une visite au Louvre se borne à une course effrénée avec halte obligée devant la Joconde et la Vénus de Milo, engorgeant les salles du musée au détriment des "vrais visiteurs". C'est un adepte de la culture "surgelée".
A cause de lui, les pays d'accueil se fabriquent des identités caricaturales et stéréotypées, les détournant de leur "authentique culture". Enfin, le touriste peut être vécu comme un agresseur insupportable par certaines sociétés. Bref, le touriste est un envahisseur qui paye, ultime avatar de la mondialisation.
Mais qui est le touriste ? C'est toujours l'autre, alors qu'en réalité chacun d'entre nous est, a été ou sera un touriste. Plutôt que de vilipender cet empêcheur de voyager correctement, il vaut mieux s'interroger sur le statut du touriste dans notre société. "Quelle est la valeur anthropologique de ce nomade inscrit au coeur d'une évolution sociale profondément marquée par le cosmopolitisme et le développement des voyages internationaux ?", demandait Jean-Didier Urbain. En clair, l'anthropologue invitait à comprendre que le touriste participe à l'échange pacifique des civilisations. En se déplaçant, il perçoit, même fugitivement, même faussement, l'identité de l'autre. Ce n'est pas seulement un exportateur d'influence, c'est aussi un importateur. Il favorise les hybridations, les métissages. L'extraordinaire succès des "musiques du monde" lui doit beaucoup.
Le touriste est surtout un caméléon, qui accompagne l'élargissement de la notion de culture. Celle-ci a débordé de ses frontières traditionnelles, annexant désormais l'histoire récente, l'industrie, le social, l'urbanisme ou la gastronomie. Le tourisme suit le mouvement. Il ne visite plus seulement les châteaux de la Loire ou les pyramides d'Egypte. Il arpente les chantiers navals de Saint-Nazaire, les "cités" du 93, les ghettos de Soweto ou la prison de Mandela en Afrique du Sud, parcourt les rues dévastées de Belfast. Activités dérisoires, superficielles ? Ce peut aussi être une promesse.
Article paru dans l'édition du 12.08.05 »
2005-08-11 14:25:50 de Arnold

Arnold, tu n'aurais pas un frère jumeau ?
2005-08-11 16:18:22 de Arte

Grand & musclé ? ;)
2005-08-11 16:27:38 de Arnold

qui bosse au Monde !
2005-08-11 17:03:09 de Arte

T. et Berlol ! Très contents de vous savoir finalement arrivés à bon port...
Mon escape hokkaïdienne fut, comme à l'accoutumée, une réussite. Au programme de cette été : la région à l'ouest de Sapporo incluse dans le triangle Niseko, Toyako, Shakotan. Très bon choix de "ryôkan" (auberges japonaises pour les non-connaisseurs) avec "onsen" (thermes naturels) particulièrement appréciables. Pas grand chose à faire à Hokkaido sinon s'enivrer de la beauté de paysages grandioses et lire... Louis Clapet de Zozoglio. Bref, le repos du citadin fatigué par le rythme aliénant de 13 semaines de cours-réunions-corrections etc...
De retour dans la moiteur étouffante de Nagoya (à Hokkaido, le climat est humain... en été certes), je m'en vais réintégrer mes pénates à la fac pensant me lancer résolument dans des activités intellectuelles créatrices et là plus d'accès au réseau ! Notre administration, ayant prétexté de la désertion du campus de tous les enseignants-chercheurs dès la fin de la période des examens, a coupé le robinet d'internet jusqu'au 12 afin de procéder, m'a-t-on rapporté, à des travaux d'envergure ! On verra après O-bon !
Heureusement que pour me réjouir, tous les jours depuis le 8, il y a Koizumi et sa dissolution un peu suicidaire mais plus dans la veine gaullienne que chiraco-villepinienne ! Son entêtement (que je qualifierai à présent de conviction intime) à privatiser les services postaux - peu importe ce qu'on pense de ce projet par ailleurs - l'a conduit à ce formidable coup de poker personnel (il a annoncé son retrait en cas de défaite) mais aussi à poser cet acte de refondation de la démocratie japonaise : que le Peuple fasse son choix et qu'il relègue aux poubelles de l'histoire cette anomalie insupportable qu'est à mes yeux le PLD. En 1993, la défection d'Ichiro Ozawa du PLD avait échoué à le briser, trop d'ambition personnelle alors. En 2005, Koizumi semble ne pas chercher à rester pour durer mais bien déterminer à se battre pour ce qu'il croit indispensable pour l'avenir de son pays. Les électeurs japonais ont un brelan d'as à jouer... Réponse le 11 septembre ! Y aurait-il de l'effondrement dans l'air ?
Très bon colloque à vous deux et aux participants.
Au fait, n'oublie pas mes éponges hein ?!
2005-08-12 19:34:43 de dabichan

Merci, David, d'avoir répondu à mon appel. Je suis content que tout se soit bien passé dans le Nord où vous avez pu sortir un peu de la prison de chaleur... pour y revenir de plus belle, hélas !
Je garde tes éponges en ligne de mire...
2005-08-13 05:51:58 de Berlol


Jeudi 11 août 2005. Et je nous en sommes allés.

De Paris, place Monge (ou presque)...
Gros choc à l'arrivée, pendant que T. et moi faisions notre première promenade dans la tiédeur de fin d'après-midi : Le Physicien a disparu, remplacé par une pizzeria ! Le Physicien, c'était ce restaurant de cassoulet où nous avions eu rendez-vous ce fameux 22 mars, tout en bas de la rue Monge, côté Gobelins, avec Frédérique (bise au passage), François, Jean-Claude et quelques collègues d'Hubert de Phalèse. Ce restaurant, je l'avais connu par Claude Duchet qui m'y avait emmené en 2002 pour un déjeuner très ensoleillé alors que nous préparions sa venue à Tokyo pour le colloque Hugo...
Pour le reste, tout à l'air à peu près à la même place. Encore que je ne le jurerai pas...

Notre voyage s'est idéalement passé : horaires respectés, pas trop de turbulences, juste ce qu'il faut pour qu'on ne confonde pas l'avion avec le train, repas de bonne qualité et deux films (avec un système de visionnement à la demande, alors qu'avant on prenait toujours une diffusion en marche), les deux mêmes que T. et moi avons regardés mais pas en même temps, Sahara et Danny the Dog (il y en avait d'autres mais on a préféré ne pas). Et même pas de maux de tête... Les voyages ne sont plus ce (i. e. les emmerdements) qu'ils étaient !
Sur ce sujet, une autre surprise : le temps qu'on sorte de l'avion, à Roissy, qu'on traverse des boyaux et qu'on montre notre minois au policier-physionomiste, les bouches d'arrivée avaient déjà commencé à déglutir nos bagages. La location de voiture s'est ensuite vite et bien passée et je nous en sommes allés en Mégane avant de faire ouf, et il n'y avait même pas de bouchons sur le périph'...
La suite demain parce j'ai les yeux qui se croisent. L'essentiel, c'est d'arriver, dans la vie.


Bienvenue à vous deux en France !
Ravi que l'impression d'arrivée soit bonne et agréable. profitez-en bien... Et puis bonne occasion de rappeler aussi qu'il n'y a pas qu'ailleurs que les choses soient toujours mieux... La France a (encore) du bon. De toute façon, il est bien connu que Paris au mois d'août...
2005-08-12 00:43:48 de jcbourdais

je m'unis à JCB (c'est une image, n'est-ce pas !).
2005-08-12 01:58:06 de Arte

Malheureusement, à Paris comme à Kanda, les bonnes boutiques cèdent les pas aux revendeurs de pizza-sandwichs, de téléphones mobiles, de vidéos pornos et autres GAP & co. C'est l'esprit de capitalisme... mais aussi celui des gens qui soutiennent tout cela et délaissent les bons magasins pour leur préférer "les marques" et" la mode".
À qui la fôte ?
2005-08-12 02:47:40 de Arnold

Pas à mon père !
Pas à ma mère !
Tu aurais pu chanter cela !
2005-08-12 08:26:11 de Berlol

Heureuse de vous savoir bien arrivés à la capitale.
Téléphone à maman et...à dimanche prochain.
2005-08-12 08:29:37 de La plus grande de tes soeurs
Maman n'a pas le WEB !?!? Si vous êtes assez nombreux (enfants) songez à lui acheter un P.C. et les cours qui vont avec. Pour ses 70 ans un ami à moi André ROUMIEUX a reçu un cadeau de ce genre et il s'en sert ! Je ne sais pas si c'est transposable et je reconnais que la voix ou la présence c'est beaucoup mieux, mais la vidéo-internautique a montré tout son intêret pour la rencontre entre Berlol et son neveu,alors avec sa maman qui parle ,et répond, ça vaut le challenge.
Il faut parler aux gens qu'on aime...
Bonnes vacances et bonnes retrouvailles entre siens.
2005-08-12 11:21:57 de Marie.Pool


Vendredi 12 août 2005. L'effet de la programmation est un compte à rebours.

Étonnant pour moi, d'écrire cette date, veille de deux années de mise en place, horizon qui semblait ne jamais approcher, mécano de tant de petites choses, imbrication de langages électroniques et de vagues promesses que l'on veut bien tenir jusqu'au bout.

Les activités du jour m'apparaissent comme d'ultimes épreuves, non point parce qu'elles seraient désagréables, mais parce qu'elles se suivent pour mener où nous savons très bien aller ― l'effet de la programmation est un compte à rebours, il faut accepter l'enchaînement...
Par exemple lorsqu'on décide d'aller faire des courses en voiture au Champion d'Italie 2, avec T. et la belle-mère de Michel. Dans le parking souterrain, bien éclairé mais très mal signalisé, on tourne dix minutes à pied pour trouver l'ascenseur, croisant des gens qui me demandent si je suis familier des lieux et si je saurais où est la sortie piétons... Après avoir trouvé l'ascenseur caché ― je ne peux pas dire autrement ― nous arrivons à faire nos courses. Pour repartir, ayant demandé à l'accueil les conditions de gratuité du parking (moins d'une heure et plus de 29 euros d'achat ― pourquoi 29, ça, on ne le saura jamais) et ayant obtenu la carte jaune qui doit servir à sortir, nous remontons directement en voiture, courses dans le coffre, et j'introduis la carte d'entrée du parking puis celle donnée à l'accueil dans la machine de la barrière ― qui les refuse l'une après l'autre. Bien sûr, j'appuie sur le bouton de secours et je recule pour me garer. Un garçon arrive pour dépanner, à qui j'explique ce que j'ai fait, qui me dit qu'il fallait d'abord mettre la carte dans la machine près de l'ascenseur pour la valider, que maintenant c'est trop tard, qu'elle n'est plus bonne, que je n'ai plus qu'à payer (et il reste deux minutes avant que ça fasse une heure) ― ce à quoi, habitué au service à la japonaise, désolé de le dire, je ne puis me résoudre. Alors je remets la carte d'entrée dans la machine près de l'ascenseur puis, sous les yeux du gars qui me le déconseille visiblement, la carte jaune donnée à l'accueil... Et la machine dit OK, cliquète gentiment, et me rend la carte jaune validée qui nous permet de repartir, laissant l'employé perplexe au sujet une fonction qu'on ne lui avait pas expliquée.

Après le déjeuner, Michel et moi faisons des tests de matériel et tentons de nous connecter par webcam... dans le même appartement, d'une pièce à l'autre. C'est très pratique parce que comme le son ne fonctionne pas très bien, larsène, nous envoie dans un sous-marin où le sonar pulse ― on n'a qu'à élever un peu la voix pour se le dire et tenter d'ajuster. On y arrive à peu près. Il me restera que la première image vidéo de Michel par l'internet, je l'ai obtenue quand il était à moins de dix mètres de moi.

On voit mon père pendant un petit moment. Il a eu la gentillesse de venir de chez lui jusqu'à la place Monge pour économiser notre temps, surtout le mien en fait. Temps que l'on reperdra (pas de sa faute, évidemment) en le raccompagnant jusqu'à la gare de Lyon en voiture à cause de gros travaux qui bouchent la circulation jusqu'à Austerlitz. C'est fou ce qu'on refait comme rues et avenues, en août !
Puis j'accompagne T. place de la Contrescarpe car deux connaissances japonaises qui vont rentrer en France demain nous ont téléphoné ― T. avait donné le numéro de téléphone puis complètement oublié... Mais puisque c'était promis, et je ne veux pas laisser T. seule alors qu'elle n'est pas venue à Paris depuis trois ans, je retrouve l'épouse et la sœur de Katsunori et nous buvons un coup désinvoltement, touristement installés à la terrasse... alors que je devrais être en train d'essayer d'expliquer ce qu'il y a de commun entre Peire Godolin et Jean-Jacques Rousseau d'une part, et entre Vincent Voiture et Jacques René Hébert d'autre part.
Si quelqu'un trouve, je lui paye un coup !


Facile ! le e, le r !
2005-08-13 07:26:55 de Alain

On dirait que tu as fait des études de lettres...
2005-08-13 07:39:58 de Berlol

Excellent cet épisode dans la parking !!
Comme quoi, il n'y a rien de pire que le personnel non qualifié et a-responsable. On ne peut pas discuter. Ce qui est peut-être l'objectif d'ailleurs.
Bon courage pour la fin des préparatifs, Berlol !
2005-08-13 08:42:04 de Arnaud

Italie 2, sous l'immeuble de Kenzo Tange?
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3246,36-630579@51-627794,0.html
2005-08-13 09:02:14 de Arte

http://www.ktaweb.com/works/en_index.html
2005-08-13 09:09:23 de Arte

et juste avant ton intervention, tu regardes CA :
http://www.apple.com/trailers/fox/ice_age_2/medium.html
ça va te détendre !
2005-08-13 09:18:51 de Arte

Pour moi, ça sera un Sancerre.
2005-08-13 10:08:55 de Alain

Tu finis ton Pétrus ou tu files dans ta chambre !
2005-08-13 12:00:41 de Arte

Merci beaucoup à T-san et à Berlol.
Elles sont arrivées au Japon hier après midi.
2005-08-15 02:48:22 de koike1970


Samedi 13 août 2005. Youpi, c'est l'e-Cerisy !

On y est !

Le voyage s'est bien passé malgré pas mal d'accordéon sur l'autoroute. A quatre dans une mégane scenic, avec les valises, c'était la limite, mais tous très calmes...

A Cerisy, dès qu'on arrive, une petite voiture électrique se jette dans le fossé, évacuation du passager par hélicoptère. Aucun rapport avec les colloques ILF et Schwob, paraît-il...

Dîner dans le réfectoire, quelques présentations avec les voisins proches, puis au grenier avec présentations officielles. L'étonnement de voir certaines têtes de gens connus depuis près de dix ans !

Demain, on commence...

Mais la première grande nouvelle, c'est que je poste ce message et que ça passe, grâce au réseau wifi qu'Alexandre Gefen a installé ! Youpi, c'est l'e-Cerisy !


Dimanche 14 août 2005. Pas raconter les exposés...

Je ne vais pas raconter les exposés, non plus !
Ce qu'on voit par la fenêtre, c'est tout pour vous !

Et quand même deux spécialistes, à reconnaître...
Le vainqueur aura une photo dédicacée.


Vers 22 heures...
Merci pour les quinze commentaires bien délirants... Je vois que Cerisy inspire. La photo dédicacée, c'est une photo de T., bien sûr !

Exposés du jour :
Michel Bernard dégrossit le champ...
Henri Béhar bétonne l'historique d'Europe...
Après le déjeuner, Claude Bourqui nous promène dans Artamène...
Enfin, Isabelle Aveline pour propulse dans l'ultra-présent qui décoiffe.
Un jour, je mettrai des liens. Pour l'instant, je sauve les fichiers son. Grosse frayeur, je n'avais pas installé le driver de l'i-river. A fallu que je surfe comme un fou au lieu d'écouter le petit atelier nocturne d'Etienne Brunet. 'reusement, j'ai trouvé !


Une photo de qui ?
2005-08-14 16:25:27 de Arte

C'est un site de jeux ici.
Des coups à boire, des photos. On répond juste mais on ne gagne jamais.
Remboursez!
Là encore, facile ! Mais j'attends mon premier lot !
2005-08-14 16:38:41 de Alain

Très docte et très cher Hurlu Berlol,
Quelque peu surpris de voir et savoir Vincent Voiture et Jacques René Hébert à Cerisy, et faisant d'une pierre deux coups, j'attends que tu, dépassant en cela Vrain-Lucas, me livre par dive bouteille cette photo dédicacée.
2005-08-14 18:42:56 de Bartlebooth

Tiens ! j'aurais dit Peter Eisenman et Tadao Ando (avec insistance pour photo dédicacée de qui tu sais !).
2005-08-14 19:27:05 de Arte

Hors-sujet, Arte ! Et pourquoi pas Daniel Gélin et Jackie Chan ?
2005-08-14 19:50:50 de Bartlebooth

ben pace que jackie chan ne porte pas de lunettes tiens !
2005-08-14 19:57:46 de Arte

non mais vous n'êtes pas bien ! on reconnait parfaitement Richard Gere à gauche et Stephane Paoli à droite
2005-08-14 19:59:15 de cel

Pfff, Paoli est Corse, pas Irlandais !!!
2005-08-14 20:00:52 de Arte

peu importe du moment qu'il est postmoderne :d
2005-08-14 20:01:53 de cel

Paoli postmoderne ! C'est la Cerisy sur le ghetto !
2005-08-14 20:08:18 de Bartlebooth

D'abord Paoli il était dans la petite voiture electrique, d'autre part, ce ne peut pas etre Berlol et T. en personnes, on ne voit pas la clef USB 1 Go... je penche donc pour Rafarin ET son fils caché!
2005-08-14 20:12:47 de Arte

ah oui, et puis on vois très nettement mazarine pingeot en arrière plan ! arte, tu me fais douter...
2005-08-14 20:16:40 de cel

tu veux dire le troène à gauche, là ?
2005-08-14 20:19:42 de Arte

Après la rose "Arielle Dombasle", le troène "Mazarine Pingeot", ah que c'est villepinesque ! Au fait, ces deux spécialistes le sont peut-être dans l'art topiaire de Cerisy-le-jardin, ce qui expliquerait le dyptique !
2005-08-14 20:33:54 de Bartlebooth

"C'est un jardin extraordinaire:
Il y a des canards qui parlent anglais.
Je leur donne du pain, ils remuent leur derrière
En me disant "Thank you very much, Monsieur Trenet".
On y voit aussi des statues
Qui se tiennent tranquilles tout le jour, dit-on
Mais moi, je sais que, dès la nuit venue,
Elles s'en vont danser sur le gazon.
Papa, c'est un jardin extraordinaire:
Il y a des oiseaux qui tiennent un buffet.
Ils vendent du grain, des petits morceaux de gruyère.
Comme clients ils ont Monsieur le maire et le Sous-Préfet.
(...)
Mon jardin extraordinaire.
Un ange du Bizarre, un agent nous dit:
"Étendez-vous sur la verte bruyère,
Je vous jouerai du luth pendant que vous serez réunis."
Cet agent était un grand poète
Mais nous préférions, Artémise et moi,
La douceur d'une couchette secrète
Qu'elle me fit découvrir au fond du bois. "
(Trenet, cerisy 1957)
2005-08-14 20:53:47 de cel

Et les réunions se déroulent bien ? Comment sont les lits ?
2005-08-15 05:10:19 de Arnault

Très bien, les lits, en tout cas dans notre chambre. Il y a trois bâtiments d'accueil, d'âge et de condition différentes, donc certaines disparités possibles, mais je n'ai entendu personne se plaindre de l'hôtellerie. Car Cerisy, c'est aussi cela, un simple hôtel, si l'on veut. Avec des groupes qui vont et viennent mais qui font moins de bruit que des hordes de campeurs, que des groupes de touristes, que des équipes de foot, etc. Il y a des personnes qui viennent ici sans être intervenantes d'aucun colloque, juste vaguement intéréssées par l'un plutôt que l'autre pour choisir leurs dates, et disposant ainsi d'un superbe château et de la pension complète...
2005-08-16 07:56:40 de Berlol


Lundi 15 août 2005. Les ombres z'allongées.

Juste à côté de moi, Alexandre est en train d'expliquer le RSS, le fonctionnement des parsers et les stratégies d'agrégation et syndication de contenus à Marie, Anne, Nathalie, Isabelle, Michel et Alckmar. Moi, j'écoute d'une oreille distraite en traitant mes photos de plage. Il est 22h15 et je suis debout depuis 6h15.
Ma communication s'est bien déroulée ce matin, merci, à part que Norbert a trouvé une erreur dans une des requêtes Google de mon document annexe. Mais cela n'invalidait pas mon constat de faiblesse de la position de Gallica dans Google (surtout par insuffisance de liens des sites littéraires vers les textes de Gallica), un des sujets de mon questionnement aporétique.
Anne a fait une présentation royale de France Culture, on a découvert des morceaux du site que personne n'avait encore aperçu, comme l'internet culturel...
Alexandre vient d'être remplacé par Isabelle qui montre comment elle intègre les flux parsés dans la version de Zazieweb pas encore publique. Dans une pièce à côté, Henri et Etienne font des essais de connexion à Frantext sans passer par Nice, il est 22h30. Après le déjeuner, Yun-Sun nous a présenté exhaustivement, a-t-on cru, le site de Remue.net. Elle a été suivie de Nathalie qui présentait FloriLettres, les fleurs qu'elle découpe pour envoi à plus de 6000 abonnés.
C'était dense, tout ça. On avait besoin d'aération. On a pris la voiture, T. avait fini sa lecture dix-septiémiste, il faisait bien meilleur qu'hier, la route était dégagée malgré les mouvements d'estivants, les vingt kilomètres furent vite avalés... Les pieds dans l'eau, quarante minutes de marche salée, quelques photos dont celle-ci, de T., qui aurait pu être celle qu'elle aurait dédicacée, mais comme personne n'a trouvé qu'hier c'était Etienne Brunet et Kazuo Kiriu, hein...

Ah ! comme j'aime ces retours à Cerisy
par la route rose, les ombres z'allongées !

(le "z" est pour Anne...)

Au retour au château, peu de temps avant le coucher du soleil et alors que la cloche sonnait déjà pour le dîner, nous revenions tout juste de la plage de Hauteville, j'ai tenté de refaire la photo que j'aime bien...
Au fait, RSS hacking et blog spamming, savez ce que c'est, vous ?
(C'est le jeu du jour...)


Oooh, et ils ont la plage en plus du château !!
Comme je t'avais dit, Berlol, je regrette vraiment de ne pouvoir être des vôtres !! La prochaine fois, je serai là ! ;0)
2005-08-16 02:45:39 de Arnault

J'ai d'abord cru que c'était une photo sortie de tes archives, mais non, c'est bien un "remake" !
Pour ce qui est du RSS hacking, j'ai bien une idée: j'imagine que quelqu'un vient mettre le contenu qu'il/elle veut dans le fil RSS d'un autre.
Quant au blog spamming, ça me paraît moins clair: créer plein de blogs avec des pubs pour le viagra?
2005-08-16 03:32:03 de Manu

moi je sais, mais je négocie la photo d'abord !!!
(tiens faudrait que j'apprenne à mettre des liens dans les coms ...)
2005-08-16 09:29:03 de Arte

Parce que tu voudrais quoi, comme genre de photo ?
2005-08-16 10:57:39 de Berlol

Salut!
FYI:
RSS, sigle de Really Simple Syndication (syndication vraiment simple), ou de Rich Site Summary (résumé complet d'un site) est un format de syndication de contenu Web. C'est un dialecte de XML. Il existe sept formats différents de RSS, ce qui rend indispensable l'établissement d'une norme.
Pour en savoir plus: http://fr.wikipedia.org/wiki/Really_simple_syndication
Je t'ai envoyé un message via ton blog, tu l'as reçu?
Bonnes vacances! ^^
2005-08-16 11:04:20 de Cédric - Elinas

d'un(e) certain(e) écrivain(e) : l'album complet :p
2005-08-16 12:18:21 de Arte

Je vois qu'on en profite...
ps : t'as pas appelé maman (elle est pas contente !!)
A dimanche
2005-08-16 13:17:00 de La plus grande de tes soeurs

Cher "Berlol" !
Je suis nostalgique de ces riches journées à Cerisy. Mon retour était néanmoins nécessaire : à Paris, m'attendait un millier de lettres de Claude Debussy. Si tout va bien, une prochaine FloriLettres sera envoyée à la fin du mois consacrée à cette correspondance. Ce sera une nouvelle fleur que je découpe pour envoi, comme tu le dis si joliment, non à plus de 6000 abonnés, mais à plus de 60 000 ! J'espère que le soleil illumine toujours le parc du chateau... Bonne fin de colloque. Bien à toi et aux autres. On se voit bientôt à Paris. Nathalie
2005-08-18 16:58:07 de Nathalie

Chère Nathalie,
Tu nous a manqué, certes, mais la vie continue, et Debussy, ce n'est pas mal non plus. Il a fort plu ce matin (19) mais dégagé après le déjeuner. On se voit à Paris dans quelques jours.
2005-08-19 21:39:23 de Berlol


Mardi 16 août 2005. Un bon kilo qui m'abrutit.

En vrai sauvage, je profite du temps des interventions de l'après-midi pour préparer mon journal. Faut dire qu'en général, je sais déjà ce que les intervenants vont dire (pour l'avoir lu dans leur proposition ― ou dans leur papier, pour ceux qui l'ont déjà donné). Et puis c'est Michel, comme on le voit ci-contre, qui préside aujourd'hui ! Je peux ainsi rester dans un coin ou me déplacer sans souci, faire des photos, poser des questions, même. Attendre la cloche du déjeuner... Côté cloche, j'ai celle de l'appel à nos séances à sonner. Elle pèse un bon kilo qui m'abrutit littéralement quand je la secoue.

On nous a annoncé qu'il y aurait coupure de l'accès internet ce soir, après 21 heures. On va pouvoir faire des choses analogiques : danser, picoler, plus si affinités...

Ici, la séance avec Michel Lemaire, très beau panorama d'études littéraires informatisées.

Ici, Xavier Malbreil, concentré avant sa propre intervention.

Après le déjeuner et malgré le soleil, on y retourne. Hajime Sawada nous présente ses programmes pédagogiques et finit sur des recherches balzaciennes et notemment ceci...
Je finis ma page en écoutant la parole engagée et franche de Marie Lissart.

Après, ce sera Philippe, pour finir en beauté... et en désordre.

Le surlendemain...

Pour ajouter deux photos de Philippe De Jonckheere, que nous remercions de tout coeur.





Et à l'heure d'Onfray, vous branchez France C. ?
2005-08-17 20:00:47 de Arte

tu nous fais une Wi-InFi ?
2005-08-18 10:39:57 de Arte

Une quoi ? Une Ouin-Fin ?
2005-08-18 10:59:15 de Manu

Pour France Culture, on verra la semaine prochaine. On vient d'ailleurs de relâcher de nos geôles la responsable du site...
2005-08-18 12:42:18 de Berlol


Mercredi 17 août 2005. La dérogation du 17 août et ses pourquois.

Plus de vingt-quatre heures après, à froid, qu'aurais-je à dire, à me souvenir d'un hier si riche ― et qu'au présent je ne puis évoquer pleinement, tout pris par l'écoute de Norbert sur la littérature réunionnaise...
Sinon d'une part la studieuse matinée s'il en est, qui vit, aux interrogations baudrillardesques d'un Alckmar, succéder l'intelligence de la statistique textuelle par Etienne ; et d'autre part l'ensoleillement maximum de la plage de Hauteville où T. et moi nous sommes secrètement rendus...
Et où, à peine les pieds sur les pavés avant le sable, nous étions rejoints par trois donzelles qui venaient se la dorer de la même sorte. Nous leur avons fixé un rendez-vous optionnel à Carteret, 19 heures, entrée de la plage.
Pour aller aux toilettes il faut, en France, consommer dans un café. Avec T., bronzette acquise, nous avisons un PMU-journaux-café où elle trouve vite fait son petit coin pendant que j'attends pour commander une tenancière qui ne vient pas. On n'achète donc que des cartes postales, parce qu'on est gentil.
Le soleil donne toujours et je suis obligé de mettre la clim dans la voiture pendant que défilent au galop d'un cheval les belles côtes normandes, les champs où les meules en rouleaux sont maintenant sous blister, les caravanings à la bonne franquette, la côte sans la pute (mot que j'emprunte à Thomas sans payer). On arrive à Portbail, un des plus petit ports de France où nos jambes demandent à se dégourdir, où T. achète du pain d'épices avec mon porte-monnaie et où l'on croise deux autres locataires de Cerisy.
Carteret est à notre portée et les bronzés refluent. Petite ville où les voitures tournent en rond dans les sens uniques. On trouve à se garer sans mal, près d'un endroit quelque peu ammoniaqué...
Mais qu'à Hauteville le sable est plus fin, l'eau est plus claire.
Ici, il y a une douche de plage, des équipements pour handicapés, des cabines de bain. On joue au beach volley ― pas nous, c'est un on d'observateur. Sur le sable, beaucoup de graisses voudraient fondre, qui n'arriveront qu'au mélanome.
Ici aussi, les ombres s'allongent. Comme partout, comme chaque jour. L'heure veut ça. Presque sept heures, justement. Le drapeau vert est amené par une maître-nageuse. Un enfant caprice de fatigue. On s'asseoit pour des gauffres ― toujours pas nous, non.
Nous remontons et juste quand nous arrivons à la voiture, nous apprêtant à quitter le lieu du rendez-vous optionnel, elles arrivent, Isabelle, Marie et Marie-Hélène. Revisite de la plage. Marche jusqu'à la digue. La même plage et la même digue qu'il y a deux ans où, sous la pluie, je faisais une statuette d'argile, mais cette fois avec du soleil, des jeunes filles et des mouettes ― que je fais fuir pour la photo.
Et du vent, aussi. Les grains de sable nous entrent partout, et dans les appareils-photos.
Décidons de manger au premier restaurant venu, qui à l'air bien , Le Cap, me dit T., mais qui ne l'est pas spécialement, bien, je veux dire. On y sert des plateaux de fruits de mer qui n'ont pas l'air de venir d'en face, des gratins de langoustine trop salés, des frites molles et pas assez salées, des morceaux de fromage quasi transparents, le tout avec une lenteur... Heureusement qu'on a bonne humeur.
Sortis vers onze heures. Une heure de voiture pour le retour. Limitations de vitesse scrupuleusement respectées. Minuit et demi, on est au lit. Voilà qui fait pas mal de pourquois, me figuré-je.


2 articles sur internet dans www.lemonde.fr aujourd'hui :
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-680977@51-645160,0.html
et
http://www.lemonde.fr/web/article/0,1-0@2-3234,36-680978@51-645160,0.html
mais rien sur l'ILF Cerisy
2005-08-18 17:02:47 de jorgensen

C'est toujours pareil, on me dit jamais rien :
http://www.amazon.fr/exec/obidos/tg/detail/-/english-books/0465015514/reviews/ref=cm_rev_more_2/402-6203305-3828964
2005-08-18 21:36:19 de Arte

Vraiment, qui d'entre vous est intéressé par ce que va dire ou ne pas dire le Monde ? Quelle en est l'importance et la justesse ? Serait-ce une preuve à vos yeux de quoi que ce soit que le Monde en parle ? Ce colloque n'a t-il été conçu que pour qu'on en parle ?
Je pense, et je l'espère, que non. Ce qu'en disent Berlol ou De Jonckheere me suffit pour l'instant. Et puis il y aura un jour sans doute, quelque part, ce que les gens invités ont dit...N'est-ce pas là le principal pour celui que cela intéresse ?
Le reste...
2005-08-18 23:48:48 de jcb

Merci, Jean-Claude. Ces articles du Monde vont d'ailleurs tellement dans l'ornière...
2005-08-18 23:53:30 de Berlol

Alors, on tient pas ses promesses ? Où sont les photos ?
2005-08-19 02:18:41 de Manu

Voilà, sont en ligne. Alors ? des commentaires ?
Parce que côté commentaires, c'est aussi un peu mou, ces jours-ci...
2005-08-19 09:03:34 de Berlol

JCB dans mes bras... (c'est une image hein !)
Au moins, les articles du Monde ne sont-ils que pointés (ça se dit ça, chef ?) plutôt que copiés... On (d'observation) n'impose pas !
Comme Dora Diamant, On (vous) pourra y revenir plus tard ...
2005-08-19 09:41:50 de Arte

C'est d'un cafe internet apres une promenade que je t'envoie cette petite bafouille. Je peux difficilement voir les photos tellement l'ecran est de mauvaise qualite avec le soleil sur le cote. Bonne continuation a Cerisy. Profitew bien des plateauz fruits de mer!
2005-08-19 14:44:04 de Bikun

Ben, tu ne nous as jamais dit qui avait gagné pour le RSS-hacking et le blog-spamming, alors je me suis arrêté là ! ;)
2005-08-19 15:43:26 de Manu

Moi je boude.
2005-08-19 18:02:07 de Arte

Bon, je ne sais si vous voyez mais vos copies d'adresse, ça élargit très disgracieusement la fenêtre. Je vais vous attaquer en justice pour atteinte à l'intégrité d'une oeuvre numérique...
Pour ce qui est de gagner, faudrait déjà répondre autre chose que des "je crois que" ou "ça pourrait bien être", hein !
Allez, je vais préparer les photos du 18.
2005-08-19 18:34:21 de Berlol

Tout ce que je perçois de Cerisy pour l'instant, et que l'article du Monde a (encore une fois !) raté, c'est l'événement incommensurablement significatif de cette compagne ( T. pour les non intimes) qui pique le porte-monnaie de Berlol ( pour les intimes) pour s'acheter du pain d'épice ! On te l'avait pas dit Patrick, qu'il fallait un garde du corps et du coffre pour entrer en France ! Tu vas rentrer tout pauvre et tout démusclé ! Le sport cérébral à Cerisy ne saurait remplacer tes entraînements quotidiens à la raquette et au tempo nippon.
Pour l'instant , à Cerisy, nous, on voit rien, on entend rien...
Il y a aura des actes ?
2005-08-19 23:17:10 de Marie.Pool

Bon, j'ai perdu alors...
Pour le lien trop long, tu l'as coupé ou ça ne le fait pas chez moi ?
2005-08-20 15:12:59 de Manu

Manu,
C'est une des différences pénibles entre Internet Explorer et Firefox. Firefox applique strictement les recommandations des standards et ne coupe les chaînes de caractères qu'en présence d'un espace (partant peut-être du principe assez raisonnable qu'une page Web ne devrait pas contenir de telles chaînes illisibles...). IE les coupe un peu au petit bonheur la chance, en appliquant sans doute les règles de césure de l'anglais; il n'a pas trop de mal avec celle qui nous gêne, qui est pleine de tirets. Sous Firefox, une possibilité est de qualifier l'élément avec le paramètre overflow:hidden, qui cache la partie de la chaîne qui "déborde" afin qu'elle ne déforme pas l'élément "boîte" censé la contenir. (En fait, comme il s'agit d'une chaîne de texte, il faudra l'insérer dans un élément div, overflow est un attribut des seuls éléments de type "boîte".)
Des indications là, entre autres :
http://www.w3.org/TR/REC-CSS2/visufx.html
2005-08-20 16:33:40 de Dom

Merci Dom !
En fait, je me doutais un peu que ça venait du navigateur, sans savoir qu'une fois de plus, IE ne respectait pas les standards.
Ceci, dit, c'est un peu à cause d'U-blog tout ça, parce que si on pouvait écrire les commentaires en HTML, on aurait la possibilité d’insérer de vrais liens.
Il ne reste plus qu'à faire la mise en page des adresses trop longues soi-même.
2005-08-21 01:10:41 de Manu


Jeudi 18 août 2005. Cahots, panne, tergiversations et visite du château.

Gestion de planning quelque peu cahotique puisque panne de réseau ce matin, puis rétablissement permettant de revenir au programme prévu (Thomas, Michèle et Jean-Claude); ensuite annonce qu'il y a la visite publique du château ― jeudi oblige ― d'où, pour nous, pause non programmée ; annonce tardive de l'absence d'un intervenant qui occasionne une petite réorganisation (de fait, désengorgeante), enfin nécessité de prêter notre salle du bas (et pas notre salle de bains...) avec vidéo-projecteur à ceux de l'autre colloque, les un rien taciturnes schwobiens, comme on les appelle ― besoin qui cesse d'en être un deux heures plus tard, pour finalement le redevenir, qu'en fin de compte on monte au grenier achever la discussion après les interventions de Norbert et d'Isabelle.

Tiède, le grenier. Mais ça vaut le coup. On est en plein dans les statuts des créations dites littéraires en ligne, déjà bien discutées dans la liste E-critures par exemple (oups... savent pas que je suis membre sous pseudo...).
Ces atermoiements et tergiversations nous repoussent aux derniers rayons solaires. Moi qui comptais sortir à 16h15 pour aller visiter Coutances, j'en suis réduit à zoner sur le gazon, à proposer le tour de l'étang (de l'étant ?) à une T. méconnaissablement brunie, radieuse et joyeuse, Maximes de La Rochefoucauld à la main. Ça complote...

Dîner spécial, tradition cerisienne, à savoir moules-frites, ça je pense que c'est selon la saison, quand même, mais surtout omelette norvégienne, ici copieusement servie dans l'assiette d'Henri, après fondu au noir, appel des cuisinières, baisers des directeurs aux susdites.
Inauguration aussi d'un nouveau lieu dans Cerisy, l'Estaminet, volonté d'Édith, sorte de cyber-café dans les granges réhabilitées, avec trois ordinateurs, l'ADSL et le wifi. Si si !
Petit atelier improvisé de Norbert qui tourne un peu à la cacophonie, au point que je n'entends plus dans mon casque le son des interventions de la journée dont je suis en train de faire le découpage avec Total Recorder. Je m'enfuis...
Pour finir à la bibliothèque à côté de Michèle et de Jean-Claude qui modèrent AgregLettres en direct.


Si tu manges déjà des moules-frites à Cerisy, plus besoin d'aller au Champ de Soleil...
2005-08-20 15:09:54 de Manu


Vendredi 19 août 2005. Quand on n'arrive plus à couper le contact.

Dernier jour. Le colloque fait de l'auto-allumage.
Savez ? Quand on n'arrive plus à couper le contact.

Belles performances dixneuviémistes, sortes de socles du colloque : vingt ans de numérisation de Balzac (Kiriu) suivi de la saisie collective des manuscrits d'Emma Bovary (Girard & Leclerc)... Pendant ce temps, il pleut des cordes.

Derniers feux, superbes : précise typologie descriptive des œuvres numériques (Bouchardon) et posmodernité inquiète sur les livres, les réseaux, les codes (Gefen)...

pas de courage pour la plage
d'ailleurs, pas de T. à l'horizon
et je mesure déjà troix mètres sur le gazon

Et maintenant même, depuis 21 heures, Serge, puis Isabelle puis Xavier présentant des sites littéraires interactifs, récits, revues, animations... Ça ne s'arrête plus... Sur le tableau de l'administration, j'ai écrit sous la mention de ces ateliers qu'il y aurait ensuite ping-pong au rez-de-douve, comme on dit ici. Analogique, ai-je ajouté. Je m'y prépare.

Réponse à un questionnement : pourquoi plusieurs occurrences d'ombres allongées. Parce qu'ici, dans la campagne normande, c'est flagrant pour moi (ça me flagre), nous sommes dans un monde majoritairement horizontal, au moins pour tous ceux des grandes villes, vivant dans du massivement vertical.


Z'avez vu la dernière de JCB ?
Magnifique, non ?
Moi j'adore ! C'est plein d'humour, de finesse... et en prime on s'éclate.
Merci beaucoup JCB de ces savoureuses "connivences" (comme dirait l'Autre) berloliennes.
2005-08-20 19:47:50 de dabichan

Oui, un vrai (b)honneur ...
2005-08-20 20:44:32 de Arte

Pas de doute, JCB est un artiste !
Je me demande combien de temps il passe à faire tous ces montages !
2005-08-21 01:14:45 de Manu


Samedi 20 août 2005. Grand est le réseau, anguilles sont les gens.

Dernier réveil dans notre chambre somptueuse, dans le calme d'une riante campagne, dans la proximité de tant d'intelligence rassemblée ― après deux années de longues et lentes approches, trouvailles et hameçonnages car grand est le réseau, anguilles sont les gens, ardu leur tri.
Sous la douche, je me souviens ne pas avoir été brillant au ping-pong vers minuit. Claude, Serge et les deux Isabelle jonglaient mieux avec les très mauvaises raquettes, les murailles à moins d'un mètre.

Matinée de bilan dans notre bibliothèque, tels quels, avec l'estrade, Michel et moi dessus, sans prendre la peine de se mettre avec les sièges en rond au milieu de la pièce comme paraît-il le font les colloques comme si ce jour-là une hiérarchie parenthésait, soulignant son emprise des autres jours ― abolie hiérarchie chez nous de longtemps, esprit d'Hubert de Phalèse quand même disciplinant.
Michel fait une très belle synthèse qu'on publiera un jour, je rappelle ensuite les absents, quelles que soient leurs raisons : BnF & Gallica, ATILF & TLFi, Inventaire/Invention, ARTFL, etc., avant de cadrer les bilans individuels pour donner la parole à chacun, y compris les pertinentes remarques d'un Maurice de Gandillac qui fêtera bientôt ses cent ans (et qui a assisté à une bonne moitié de nos séances sous la surveillance de la douce Catherine), ce qui se fait dans un impeccable horaire car déjeunons à midi pour que ceux qui partent en train lèvent l'ancre à 13h45.

Pour nous, voiture ― après longs adieux
maintes promesses ― pleurs rentrés et banalités
moult tournoiements ― brassées de saluts
se disant que ce n'est point quittailles, qu'avec tous ces liens réticulaires...

Même équipage qu'à l'aller, même bouchon au péage de Dozulé.
Mais quand même : Paris, Porte d'Orléans vers 18h45.


un peu ébahi par la simplicité des 3 ar
et la générosité de tous
bref ému par tant de grandeurs approchées (je pense aussi aux photos dès l'entrée)
le plus fort c'est quand même le rapprochement des pixels du silicium de nos disques durs avec la force des troncs et frondaisons des essences du parc de Cerisy
Patrick je t'envoie en ce sens quelques photos par cédé et voie postale
jc bourdais : merci pour ce montage désopilant
important de rester imperméables aux incessantes manipulations des grands médias autistes et l'humour est une arme efficace
important à présent de témoigner de ce colloque marquant, de retransmettre et de ne pas décevoir ceux qui comptaient sur nous pour que tout le monde sache
à bientôt tous
2005-08-21 00:40:38 de jorgo

un petit salut ici
http://www.tierslivre.net/spip/article.php3?id_article=135
aurais bien sûr tant aimé être des vôtres (c'est pas de la faute à Berlol si)
F
2005-08-21 06:53:52 de FBon


Dimanche 21 août 2005. Va falloir décompresser.

Remerciements à ceux qui en parlent déjà : Philippe, François, les Remue et JCB encore et encore...

Un lendemain comme ça, on devrait déprimer, n'était l'anniversaire de longue date prévu de ma sœur cadette, occasion de retrouvailles familiales au Vauvert près Étampes, de rencontre des ami(e)s des sœurettes et prendre le poul d'une jeunesse qui se trentenarise et bien sûr d'une rencontre immédiatique du neveu de huit kilos.

Mon I-river, enfin libéré de son rôle de secrétaire-greffier, m'évade et redécouvre la bande FM...

Quand même bien fatigués, le soir. Va falloir décompresser.


Lundi 22 août 2005. De tout ce que j'avais feuilleté d'autre, rien ne me faisait envie.

Matinée à réfléchir avec Michel, à concocter une formule pour l'édition des Actes du colloque de Cerisy. On arrive à une proposition qui va maintenant faire le tour du Comité scientifique, dont il ne peut ici être fait mention en l'état. Après quoi Michel s'en retourne en Corse finir ses vacances, nous laissant à Paris une dizaine de jours. D'ailleurs la pluie arrive.

Déjeuner à la Muraille du Phénix, rue Saint-Jacques. C'est bon et les gens sont sympathiques.
Je dis à T. : « Après, j'aimerais bien passer à la librairie Compagnie pour acheter UN livre.»
Elle est d'accord et me demande : « Qu'est-ce que c'est ? Tu as déjà décidé ? »
Moi : « Non, mais je n'en veux qu'un.»
T. : « C'est bizarre. Je vais t'accompagner.»

Elle en a pris deux : les Mémoires de la Grande Mademoiselle, édition de Bernard Quilliet, et Les Mémoires du Cardinal de Retz en folio. Moi, un seul : Pris au piège d'Yves Ravey, chez Minuit. Choisi après avoir bien tourné dans la librairie. De tout ce que j'avais feuilleté d'autre, rien ne me faisait envie.


Ça sent un peu la déprime post-colloque tout ça...
2005-08-23 03:03:14 de Manu

parce que c'est de la science scientifique, ce qu'on fait ? !
bon séjour quand même à Paname, passe voir Big Bang à Beaubourg
2005-08-23 06:26:20 de FBon

--Cher François,
tu sais comme moi que pour les universitaires, il y a des instances de légitimation, surtout si on cherche des subventions pour une publication...
Et toi, comment ça se passe, la Mousson d'été ?
2005-08-23 10:22:51 de Berlol

Bonjour,
je suis un lecteur assidu et je trouve ce blog absolument superbe, genial, instructif, bien écrit, bien commenté, intelligent, beau, synthétique, syncrétique, sympathique, synpatrick, trick de cheval, cheval de mer, mer de chien, chien et chat ...
CHAT ???? Qui a dit chat ???
2005-08-23 13:11:45 de cha cha cha

oui, je suis d'accord
surtout les commentaires, d'ailleurs ?
non non, plaisantons pas, à part ce nain au nez rouge dont faudrait bien que l'hôte nous explique...
à propos : je me suis mis au rss
2005-08-23 14:09:36 de FBon

ceci sera pour T. _
pour une fois non pas un article concernant le Japon, mais ce petit château près de Saumur, où 150 après lui, dans une malle sous un escalier, on avait découvert les Historiettes de Tallemant... Probablement que ce sera fini d'aller y faire un petit tour au passage chaque hiver, en rêvant de ces pages d'avant blog, Céline dit qq part que Tallemant sa force c'est qu'en 10 lignes il met tout, les amours, le fric, la mort...
Indre-et-Loire
Un magnat de la presse rachète les Réaux
( 23/08/2005 )
Le château des Réaux, au nord de la commune de Chouzé-sur-Loire (à Port-Boulet, très exactement) : un château à vivre, pas un sanctuaire.
Lors d'un séjour au château des Réaux à Chouzé-sur-Loire, un riche Ukrainien a été séduit par le lieu. Il vient de racheter le domaine qui, depuis plus de cent ans, appartenait à la famille de Florence Goupil de Bouillé. Un château dont les propriétaires avaient fait une demeure à vivre…
Qu'on se le dise : le très beau château des Réaux, édifié au nord de la commune de Chouzé-sur-Loire, n'est plus dans le giron de la famille Goupil de Bouillé. Ce château, entouré de douves, vient de changer de main : son nouveau propriétaire est un riche Ukrainien qui possède, selon les informations dont nous disposons, plusieurs groupes de presse.
Pour l'heure, Jean-Luc Goupil de Bouillé veut rester assez discret sur cette transaction encore fraîche. « C'est un concours de circonstances qui est à l'origine de cette affaire, raconte-t-il. Voilà quelque temps, le nouveau propriétaire a séjourné, en famille, au château des Réaux. C'était un client comme un autre. Huit jours après son séjour, il est venu me voir et m'a demandé si le domaine était à vendre. Or, nous avions pris la décision de nous séparer de ce bien qui était dans la famille de mon épouse, Florence, depuis cent ans ».
Le magnat ukrainien de la presse a été séduit par l'atmosphère qu'ont su créer les châtelains, par la convivialité familiale qui règne dans ces lieux. Le nouveau propriétaire ouvrira-t-il le château à des hôtes, comme le faisait la famille Goupil de Bouillé depuis des années ? Il semble que ce soit son intention première, même si, avec le départ de Jean-Luc et Florence de Bouillé, c'est un peu l'âme de la bâtisse qui s'en va…
Florence et Jean-Luc Goupil de Bouillé avaient fait des Réaux une demeure à vivre, et non un sanctuaire. Ils avaient transformé en chambres d'hôtes ce château qui fut construit à partir du XIVe siècle et qui connut pas mal d'évolutions architecturales, jusqu'à la fin du XIXe siècle. On suivait ainsi les pas de la maîtresse de maison qui contait l'histoire du castel par le menu, et on dînait aux chandelles dans la grande salle à manger, avant de regagner sa chambre dans quelque aile de la demeure. C'était raffiné à souhait.
L'arrière-grand-père de Florence Goupil de Bouillé avait acheté le domaine en 1897. Il a fait construire un pavillon dédié à l'empire ottoman, où l'on trouve des objets et des tableaux que l'aïeul « archéologue » et « responsable des chemins de fer en Égypte », a ramenés de ses nombreux voyages. Dans le château lui-même, meubles, boiseries, vases, sont autant de témoins muets des XVIIe et XVIIIe siècles.
A l'extérieur, dans un parc de douze hectares, on trouve une chapelle funéraire de la Renaissance (entièrement refaite sous Napoléon III), un cellier et de fort belles créations botaniques. Bref, un élégant château dont les propriétaires faisaient partager le charme à des hôtes de passage.
2005-08-23 14:16:12 de FBon

Les dix lignes de TALLEMENT siouplè François BON ?
BERLOL , alors les subventions, y'en aura ?
2005-08-23 18:43:14 de Marie.Pool

on peut lire Gédéon in extenso sur l'inusable ABU
http://abu.cnam.fr/BIB/auteurs/tallemantg.html
2005-08-23 19:09:40 de FBon

Justement, je cherchais de la lecture... Merci. Des Réaux, c'est peut-être plus moderne que bien des bouquins qui sortent ces jours-ci, à ce que j'ai pu feuilleter. Ne désespérons pas, tout de même, de trouver quelques bons auteurs contemporains, n'est-ce pas, François !
2005-08-23 20:55:58 de Berlol

je répète :
ce sont des lectures pour T., la dix-septièmiste !
quant à moi, en ce moment, je suis toujours dans mon deuxième tour Saint-Simon, hier soir c'était le czar en visite à Paris en 1718, on aurait cru Berlol dans son échappée française annuelle...
quant à tes visites dans les librairies: si par hasard tu tombes sur "lichen, lichen" d'Antoine Emaz quelque part, tu me dis où c'est, apparemment, complètement disparu...
2005-08-23 21:04:21 de FBon

je rajoute un comment :
marrant de voir que si Berlol est en France, les messages Litor nous arrivent avec un décalage horaire, indiquant l'heure du Japon et donc s'insérant dans les messages reçus il y a 7h et quelques...
2005-08-23 21:15:51 de FBon

Bouhouhou !... J'ai pas le droit de prendre de Tallement... Comment je vais pouvoir dormir ?
Je transmets à T. et je garde un oeil sur Emaz.
2005-08-23 21:21:46 de Berlol

Berlol, change le fuseau horaire de ton portable, pas seulement l'heure...
2005-08-24 03:15:39 de Manu

Je l'ai à peine commencé mais je peux déjà conseiller fortement, "Volume" d'Orion Scohy (chez P.O.L.) dont, seuls pour l'instant, parlent (en tous cas sur le net) Sitaudis et le blog de Laure Limongi (évitons la revue littéraire la plus nulle, Lire, qui ne le cite que comme "le plus abscons" de la rentrée littéraire ; évitons aussi, au passage, les poncifs sur cette dernière).
2005-08-24 17:13:20 de Bartlebooth

rectif : j'ai confondu, ce n'est pas Lire, mais Didier Jacob pour le NouvelObs, ce qui ne retire rien à mon avis, bien au contraire puisqu'à mon avis il tient le blog littéraire le plus nul, ex-aequo avec Stalker (Juan Asensio ; je ne le nomme que pour voir s'il rappliquera dans les parages avec son scalpel mal aiguisé).
2005-08-24 18:17:51 de Bartlebooth

Ce n'est que mon avis, hein.
2005-08-24 18:19:27 de Bartlebooth


Mardi 23 août 2005. L'avenir du texte est au net.

« J’ai passé l’étape d’aspirer à une publication de ces notes, reste valide que les travailler sans aucun support matériel en ma possession, même pas de trace dans l’ordinateur, mais seulement dans la circulation précaire d’un serveur dont je n’ai même aucune idée de la localisation, soit l’outil principal de ce travail sur soi qui pourrait me permettre, à terme, intensification de mon rapport à l’écriture, dans ce que cela suppose d’erratique, d’obéissance, de déport incessant, et peut-être traverser parfois, même aussi localement qu’une histoire en trois lignes de Franz Kafka, ces failles du fantastique.» (François Bon)

Enfin un écrivain qui renonce, localement, à du livre.
Se délivrer du livre, ce n'est pas se délivrer de la publication ni du lectorat. Se délivrer du livre, même pour une fois, c'est se délivrer de la chaîne éditoriale, autrefois précieuse, de nos jours ravalée, presque partout, à la pire putasserie. Qu'il existe des exceptions, d'admirables artisans et de fervents papivores, ne doit pas nous cacher l'essentiel : l'avenir du texte est au net.

« Ce fut lui qui mit Marion (de l'Orme) à mal. Il fut huit jours cachée (sic) chez elle dans un méchant cabinet où l'on mettoit du bois: là, elle lui apportoit à manger, et la nuit il alloit coucher avec elle. Depuis, comme elle a eu plus de hardiesse, elle l'alloit trouver en une maison au faubourg Saint-Victor, qu'il avoit fait fort bien meubler, où il y avoit un grand jardin. Il appeloit ce lieu, l'Ile de Chypre. Elle devint grosse trois ou quatre fois; mais elle se faisoit avorter. Une fois, elle s'en avisa trop tard, et quoiqu'elle eût pris assez de drogues pour tuer un Suisse, s'il eût été dans son corps, elle fit pourtant un petit garçon qui se portoit le mieux du monde, et qui crioit le plus fort.» (Tallemant des Réaux, Historiettes, chap. Des Barreaux)

Comprenne qui pourra. Pour moi, matinée à faire un album photos sur une page Yahoo. Dehors, temps d'octobre ou de novembre, même aux jardins du Luxembourg. Dans l'écran de télévision du déjeuner, subtile alternance entre prosélytisme catholique et crétinisme touristique ; de ce point de vue, c'est encore le mois d'août.
Lecture de quelques pages de Pris au piège, qui me plaît bien. J'en reparlerai tantôt.


Je pense plutôt que l'avenir du texte n'est pas net, et que si l'écrivain renonce au livre, il faudra bien quand même qu'il le
livre ...
2005-08-24 11:08:38 de jcb

Quant à ce que la dé-livraison du livre ne passe plus forcément ou exclusivement par le livre...ça peut se discuter...et ça ne me gêne pas...
J'attends avec impatience :
- l'avenir du sexe est au texte
- l'avenir du net est au texte
- l'avenir du net est au net
...:-)
2005-08-24 11:23:53 de jcb

http://deligne.over-blog.com/article-732892.html
2005-08-24 13:37:12 de Arte

"Il etoit beaucoup de fois un petit garçon qui avoit survécu à toutes les dérobades maternelles et paternelles et qui crioit tellement bien qu'il eut pignon sur net au point de ne plus cesser de foire des livres sans livres sur un écran coloré et dupliqué"
C'est Tallement mieux de partager son goûter !
Tout petit garçon ayant ou non réellement existé est prié de ne pas s'offusquer des plaisanteries Tallement textuelles ci-dessus.On ne conçoit bien que ce qu'on perçoit sous les émois de bon aloi. Des livres avortés y'en a plein nos armoires !
2005-08-24 13:51:09 de Marie.Pool

http://deligne.over-blog.com/archive-07-17-2005.html
2005-08-24 17:30:47 de Berlol

bonjour
voilà que gaignon se met aussi au blog http://garygaignon.blogspot.com/
et merci pour l'album photo
2005-08-24 18:29:45 de isabelle

Un texte qui parle du lyber, qui doit dater un peu (l'auteur compte en francs, mais j'espère qu'il prophetisait juste) : http://www.freescape.eu.org/eclat/3partie/Valensi/valensi.html
2005-08-24 21:06:53 de cel


Mercredi 24 août 2005. Adieux de la superbe machine.

Courses au marché de la place Monge. Triste, avec moins d'un tiers des commerçants. Malgré ses nombreux passages en France, T. s'amuse tout de même de la taille de certains légumes. Le concombre, pas fugitif pour deux sous, l'aubergine, même couleur ecclésiastique, sont quatre fois plus volumineux que leurs congénères nippons. La chair du poivron, trois fois plus épaisse, est aussi plus sucrée. Les têtes d'ail, elles, sont presque pareilles. On prend du cantal aussi, fromage presque impossible à trouver à Tokyo.

Midi, place Monge encore, ma sœur et mon beau-frère arrivent, sans le petit Charlie resté avec ses grands-parents à Étampes. En voiture pour Bizan, restaurant japonais de la rue Saint-Anne, coin rue Rameau. Mais point de place où se garer, quinze minutes à tourner en rond puis 5e sous-sol du parking Bourse. Certes un peu cher, dira-t-on (19 euros le menu avec bœuf grillé, 30 euros le bento de la maison), mais d'excellente facture que nous pouvons garantir du label comme là-bas.

Plus tard, à Campo-Formio, sortie du métro pour l'école de Chimie-Physique de 76 à 79, le plein de la Mégane Scenic avant de l'aller rendre cour des arrivées de la gare d'Austerlitz. Coûteux adieux de la superbe machine qui nous a transportés à Cerisy, à Carteret, à Étampes ces deux dernières semaines.
Retour à pied par le jardin des Plantes.

« Elle disait aussi, c'est une histoire qui se passe dans un village, la femme d'un notaire en est le personnage principal.» (Yves Ravey, Pris au piège, Éd. de Minuit, 2005, p. 14)
« A la fin d'un paragraphe, il y avait le mot gelinotte et je lui ai demandé ce qu'il signifiait [...] » (p. 15)
« [...] il se demandait ce que pouvait comprendre un pauvre gosse (il me désignait avec le doigt) à cette histoire de femme, de marché aux bestiaux, de notaire, de pharmacien, de ferme, de départ en malle-poste, c'était un livre d'une autre époque, il fallait vivre avec son temps.» (p. 16)
« C'était le moment où le personnage principal achète du tissu. Cette femme s'offrait des habits, à n'en plus finir, a-t-elle dit, avec l'argent de son mari.» (p. 22)
Quel livre Madame Domenico est-elle en train de lire au petit Lindbergh ?


En voyant la photo, j'ai cru que vous étiez déjà rentrés ;).
Bon alors, tes problèmes de datage sur Litor ?
2005-08-25 02:46:52 de Manu

Madame B . . . . Y
(la photo, la photo !!! )
2005-08-25 07:25:28 de Arte

Bravo pour Bovar-y !
Quelle photo ? J'ai promis une photo, c'coup-ci ? C'était trop facile, non ?
Cependant, y'a pas eu foule, pour répondre. Sans doute la gelinotte qui ne passe pas...
Manu, merci de t'inquiéter des fuseaux horaires mais le serveur utilisé pour la distribution Litor étant au Japon, je ne crois pas pouvoir en changer à ma guise l'horaire. Pis faut que les utilisateurs s'habituent à la notion toute relative de l'heure...
2005-08-25 13:28:13 de Berlol

la photo sinon je mets une adresse de quinze km de long ... :d
2005-08-25 16:53:34 de Arte


Jeudi 25 août 2005. Cette même exquise politesse.

Ravey faisait allusion à Madame Bovary, sans doute. Mais sans gelinotte, alors. Même avec plusieurs sources numériques du texte et en essayant plusieurs orthographes, cette poule est un nullax... Ravey nous mène en bateau.

En attendant qu'on tire ça au clair, voici un passage érotique, un coup de langue à la Flaubert :
« Selon la mode de la campagne, elle lui proposa de boire quelque chose. Il refusa, elle insista, et enfin lui offrit, en riant, de prendre un verre de liqueur avec elle. Elle alla donc chercher dans l'armoire une bouteille de curaçao, atteignit deux petits verres, emplit l'un jusqu'au bord, versa à peine dans l'autre, et, après avoir trinqué, le porta à sa bouche. Comme il était presque vide, elle se renversait pour boire ; et, la tête en arrière, les lèvres avancées, le cou tendu, elle riait de ne rien sentir, tandis que le bout de sa langue, passant entre ses dents fines, léchait à petits coups le fond du verre.» (Gustave Flaubert, Madame Bovary, 1ère partie, chap. III, version ABU, version U-Rouen)

Ci-dessous la transcription de Pascale Prioleaud du manuscrit de Flaubert, I, chap. 3 : Charles retrouve Emma – brouillons, vol.1, folio 130v, site du Centre Flaubert de l'U de Rouen :

Suivant la mode de la campagne

       sitôt   f                 , ou parce qu’il avait
      Dès qu’il fut entré, suivant la
très chaud sans doute
mode de la campagne
, elle lui offrit de boire
                                   
 mais elle insista [illis] elle
quelque chose – il refusa ; elle insista, et lui proposa

mais insistant,

                 elle lui proposa pr rire
et à la fin tout en riant de prendre un verre
                                            
donc
                              alors       donc

de liqueur avec elle,- Elle alla chercher dans
l’armoire une bouteille de Cuiraçao, atteignit
                                                        
l’un
deux petits verres sur le buffet, emplit jusqu’aux
bords, versa à peine dans l’autre et après
avoir trinqué, le porta à sa bouche.
                                 
2            1
Comme il n’y avait dedans, presque rien

Comme il était presque vide
elle se renversait pour boire,
ainsi
et la tête en arrière,

et la tête ainsi,
en passant
entre ses dents fines,

                                  2          1
elle se renversait pr boire en arrière (-ses
   
tomb par leur poids d’eux-même  et un moment [illis]
et bandeaux un instant s’écartèrent de ses tempes)
/et/ la tête ainsi  aussi avancées
avançant les lèvres & le cou tendu, elle riait
de ne rien sentir, tandis que le bout de sa langue
léchait à petits coups le fond du verre.


Près d'un quart d'heure à la boucherie, avec trois clients devant moi, pour avoir trois tranches de jambon. Le boucher est très serviable. Professionnellement, il se pique de savoir ce que veulent ses habitués. D'autres fois, il engueule sa femme devant tout le monde, et elle lui répond. On craint que les couteaux ne volent. Mais en tant que patronne, elle tance les clients qui voudraient défendre la femme insultée. Un duo sado-maso bien réglé, entre côtelettes et fromage de tête.

Dans l'après-midi, je vais jusque chez Gibert, boulevard Saint-Michel. Pendant que j'y suis, à regarder les livres anciens et nouveaux, une averse passe. Paris rincé quand j'en sors, mais plus besoin de parapluie. Dans mon sac, trois livres d'occasion : Longue Vue de Patrick Deville (« pour amateurs de romans intellectuels, genre Nouveau Roman », dixit Amazon), Dieu est un steward de bonne composition d'Yves Ravey et 1905, autour de Tsoushima, textes réunis et présentés par Alain Quella-Villéger et Dany Savelli.

Dîner au Foyer Vietnam avec T. et Philippe De Jonckheere, bien remis de son passage à Cerisy. J'ai dû passer des centaines de fois devant ce 80, rue Monge sans me rendre compte que c'était un restaurant (et un bon). Philippe, lui, le connaissait déjà de longue date. On parle de Toussaint, qu'on aime bien. Jean-Philippe, pas la fête. On parle de Remue et de JCB. D'informatique aussi, de wiki et de php, mais pas trop, ça ennuirait T.
Puis promenade digestive jusqu'à Notre-Dame et retour.

Malgré mon aversion pour la rive droite,
J'aime les ponts, j'aime la Seine,
J'aimais beaucoup la Samaritaine.

En revenant, au niveau des Arènes, j'aperçois ma collègue CM qui, nous ayant sans doute aperçus, change de trottoir. Ce qu'elle ne sait pas, c'est que par cette même exquise politesse, j'ai aussi évité de la saluer, il y a trois jours, lorsque je l'ai aperçue dans un cyberespace du bas de la rue Descartes...


Patrick
A "la course des deux blogueurs qui se recontrent en vrai quel est celui qui en rend compte le plus vite dans son blog?", j'avoue que tu as gagné cette fois-ci. Je demande donc une revanche aux échecs, au go ou au ping pong, tu as donc le choix des armes.
http://www.desordre.net/bloc/vie/reprise/2005/20050825.htm
Amicalement
Phil
2005-08-26 12:22:41 de Philippe De Jonckhheere

la photo !
2005-08-26 19:39:25 de Arte

Merci, Philippe !
Dis donc, Arte, tu veux quoi, comme photo ?
2005-08-26 21:06:20 de Berlol

Bonsoir, Berlol !
Dans "Madame Bovary", je trouve aussi ces lignes d'un érotisme à venir....
"Ma cravache, s'il vous plaît, répondit-il.
Et il se mit à fureter sur le lit, derrière les portes, sous les chaises ; elle était tombée à terre, entre les sacs et la muraille. Mademoiselle Emma l'aperçut ; elle se pencha sur les sacs de blé. Charles, par galanterie, se précipita et, comme il allongeait aussi son bras dans le même mouvement, il sentit sa poitrine effleurer le dos de la jeune fille, courbée sous lui. Elle se redressa toute rouge et le regarda par-dessus l'épaule, en lui tendant son nerf de boeuf. "
2005-08-26 21:27:45 de grapheus tis

La photo, à toi de choisir celle qui me ferait plaisir ... :-)
2005-08-26 21:38:21 de Arte

"en lui tendant son nerf de boeuf"...
Effectivement, ça effleure le sujet !
Je vois que ça s'est bien passé, en mer. Un peu chaud sur la fin, quand même...
2005-08-26 21:49:30 de Berlol

Patrick
Voilà, avec quelques rames de retard, là où nos blogs se sont croisés http://desordre.net/blog/blog.php3?debut=2005-08-21&fin=2005-08-27#122.
Amitiés à T, dont j'apprends avec plaisir qu'elle se soit un peu départie de ses mazarinades dans la journée d'hier, grand bien lui fasse.
Amicalement
Phil
2005-08-27 14:59:39 de Philippe De Jonckheere


Vendredi 26 août 2005. Panneaux qu'on ne peut pas lire.

Elle fait une pause, T., aujourd'hui : journée complète dans le XXIe siècle (avec photo pour qu'Arte connaisse l'œuvre d'art T., dont le sens est interdit).

Après quelques légumes achetés au marché de la place Monge qui commence doucement à se remplumer (paraît qu'il sera bien achalandé dimanche) et un salut amical à JP de la librairie La Boucherie que je n'avais pas vu depuis mars, départ à pied, tranquilles, pour la Place d'Italie, sous un soleil entrelardé de nuages, avec fond frais de l'air. Marché le long du boulevard Blanqui, tarifs des fruits nettement moins élevés que place Monge... Remontons la rue du Moulin des Prés, empruntée il y a cinq mois avec Frédérique (Comment va-t-elle ? Faut que je l'appelle !), pour visiter la Butte aux cailles.
鶉が丘 (uzuragaoka), dit T. ― à laquelle, quand elle était enfant, son père avait offert des cailles vivantes, pour les manger, mais elle ne put (se résoudre à) les tuer...
Au passage, un restaurant nous tape dans l'œil, au coin de la place Verlaine, rue Vandrezanne, chez Nathalie, à croire qu'on a des antennes.
Eau gazeuse rare quoique d'un prix raisonnable : la Chateldon (que le docteur Fagon recommandait à Louis XIV ― incartade bien involontaire dans le XVIIe siècle...). Pour T., terrine d'aubergine aux anchois, puis brochettes de gambas ; pour moi, pressé d'artichauts au foie gras accompagné de ficoïde glaciale, une salade fort rare et d'un étrange croustillant, puis du bar grillé avec purée de carotte et citrouille. On se fait goûter mutuellement, tout est succulent, bien choisi, fait à son mieux.
Quelques courses au Printemps d'Italie 2 (chaussettes, qu'est-ce qu'on en use !) avant de couper le 13e en travers par la place Jeanne d'Arc et la rue Charcot qui va bientôt être prolongée par dessus les voies de chemin de fer (j'explique à T. les étonnantes transformations de ce quartier depuis plus de vingt ans que je le connais, et au moins cinquante ans dans la littérature policière, tout en regardant le plan et évidemment, je marche dans la m..., no comment. Au MK2 Bibliothèque, acquisition de Bon Voyage, film de Rappeneau qui pourrait servir pour un cours, et de la réédition des films de... Marin Karmitz lui-même, chose que j'attendais depuis un moment parce que j'en avais beaucoup entendu parler sans jamais avoir pu les voir.

C'est encore une belle après-midi quand on redescend vers le Quai de la Gare mais un attroupement au-dessus duquel des perches avec micro passent nous font craindre un tournage de film, mais avec quand même un peu beaucoup de policiers... Et puis, encore à cinquante mètres, ça crève les yeux que les gens ne sont pas des badauds qui attendent les starlettes. De près puis dans la foule, tout  diffère de ce qu'on pensait de loin : les gens défaits, ébahis, d'autres durs, fermés, quelques panneaux qu'on ne peut pas lire parce qu'ils ne sont pas brandis, puis l'immeuble, les fenêtres éventrées, les vêtements accrochés aux fenêtres...
Alors incendie ?, évacuation ?, expulsion manu militari ? en passant, comme ça, on n'apprend rien, sauf que c'est grave, que nombre de journalistes, preneurs d'images et de son sont parmi la foule, en attente, leurs véhicules plus haut sur le boulevard Vincent Auriol (on ne saura qu'aux informations du soir, Soir 3 puis le journal de France 2 ce qui s'est passé dans la nuit et au matin... ce qui signifie que sur les lieux d'un horrible drame, quelques heures après il n'est pas toujours possible à quelqu'un qui arrive de savoir ce qui s'est passé... tout ce que j'ai entendu aux infos m'a fait instantanément penser au métier de Romain Duris dans De battre mon cœur s'est arrêté, qu'autour tout se modernise et que cet immeuble doit bien gêner des intérêts immobiliers... même si c'est un accident, il y a la pression de la transformation du quartier...).
Inconscients, donc, nous traversons quiètement les pâtés de maisons et les jardins qui constituent la Pitié-Salpêtrière, sur mes pas du 15 mars et heureux qu'enfin T. m'accompagne par ici, pour déboucher dans les plans finaux avec plus de quarante ans de retard, je me répète mais cela m'émeut à chaque fois, de Cléo de 5 à 7, côté square Marie-Curie. Émotion toute intime et qui n'a rien à voir avec celles qui nous attendaient à la maison, cet incendie, ces enfants disparus, ce reportage d'il y a quatre mois pourtant si clair sur les dangers, ces passages de politiciens qui vont toujours faire quelque chose ― mais qui ne l'ont pas fait avant.


merci :-)
Bon séjour à vous deux !
2005-08-27 00:19:30 de Arte


Samedi 27 août 2005. Grandes salades et intimes palabres.

Chez Nathalie, mais cette fois ce n'est pas le restaurant de la Butte aux Cailles. C'est Nathalie Jungerman, la responsable des Florilettres (Fondation La Poste), qui me reçoit pour un entretien dont elle tirera sans doute quelque chose à l'automne, si je n'ai pas dit trop de banalités sur l'Internet Littéraire Francophone, le colloque de Cerisy, l'histoire d'Hubert de Phalèse, etc.
J'ai à peine osé le lui dire mais, pour ce que j'en ai vu, je crois qu'elle a aussi beaucoup de talent comme peintre...

Après un déjeuner de grandes salades et d'intimes palabres rue des Abbesses, je la quitte près de chez Michou.
Le temps de faire deux photos, je me retrouve devant la Librairie Vendredi, 67 rue des Martyrs, sa sobre vitrine qui tranche sur le quartier, et où je trouve, dans le bac de trottoir, deux numéros des Lettres nouvelles (1er juillet 1959 et 30 septembre 1959), le second ayant un article d'Alain Robbe-Grillet intitulé Dans les couloirs du métropolitain.
La libraire me dit, une fois que je suis à l'intérieur pour lui en demander le prix, qu'ils sont cadeau, comme c'est d'ailleurs marqué dessus. Interloqué, je parcours ses rayonnages puis lui demande Lichen, lichen d'Antoine Émaz. Qu'elle a, que j'achète, que je lirai avant de l'envoyer à François, s'il le veut bien. Comme quoi, la littérature, c'est par hasard mais pas tout à fait n'importe où.

Marche tranquille jusqu'au Pont-Neuf et métro ― politain, donc. Repos, lecture et sortie avec T. pour dîner avec Kazuo Kiriu, rue Servandoni. Nouvelles palabres, en deux langues. Le Bon Saint-Pourçain est une excellente surprise : que ce soit la compote de lapereaux ou le tian de légumes, la souris d'agneau, l'entrecôte ou le poulet à l'estragon, tout est parfait !
Pour aider ça à descendre, le vin de Saint-Pourçain ne suffira pas (Ah, ces souvenirs de descente de la France dans l'Opel Kadett de mon père, surchauffée, de grandes serviettes de bain sur nos sièges, quand le gamin que j'étais faisait le co-pilote et affirmait avec conviction que la prochaine ville serait Saint-Pourçain-sur-Sioule et qu'on y camperait pour la nuit...); nous y aiderons par une grande promenade digestive, jusqu'à l'Institut de France d'abord, puis par le Pont des Arts couvert de gens assis, les quais rive droite jusqu'à l'Hôtel de Ville, retour par Notre-Dame, ses musiciens fatigués et ses rollers acrobatiques, enfin la rue Monge depuis sa naissance. Et il est presque minuit.

Commentaire de Philippe au JLR d'avant-hier, qui m'invite à relire notre soirée ― et à prendre connaissance de la lettre qu'il envoie à Jean-Philippe Toussaint, Fuir l'ayant confirmé dans ses coïncidences...


tu es fidèle dans la quête...
tu l'as acheté, Lichen lichen, livre impressionnant d'un mec impressionnant, ou bien je peux téléphoner au libraire pour me le garder jusqu'à mardi ?
ici à Pont-à-Mousson on avait quand même un peu d'air du Japon via Corinne Atlan
Foudre et tonnerre !
à chaque éclair
le monde guérit
2005-08-28 02:47:05 de FBon

Je l'ai acheté pour le lire, puisque tu dis que c'est bien. Après, je te l'enverrai.
2005-08-28 08:52:53 de Berlol

non non, merci
c'est plutôt moi qui te rembourse l'achat pour que tu gardes un texte aussi essentiel
(lis le passage sur l'odeur d'eau de Javel, et dis moi si ce n'est pas quelque chose comme on trouve parfois dans tes notes au quotidien...)
mais il y a un sérieux pb de distrib, la Hune par exemple ne peut plus, paraît-il, en recevoir d'exemplaire
en plus, si je le demande à Antoine, il me l'enverra, tel que je le connais, mais c'est plus que rassurant de savoir qu'il y a encore au moins un libraire qq part pour ce genre de texte
mais je retiens le geste, et l'intention
2005-08-28 14:23:32 de FBon

J'en suis à la page 40. Merci du compliment, au passage. Mais c'est très supérieur à ce que j'écris, en concision surtout.
Les éditions Rehauts ont une adresse à Paris, 105 rue Mouffetard, c'est tout près, je vais passer voir...
2005-08-28 15:54:11 de Berlol

Il s'agit de la libairie Vendredi. Il n'y en a qu'une qui fasse cadeaux des livres ainsi dans sa carriole, comme elle dit. On trouve également un rayon dévolu spécialement aux situationistes, un autre à la poésie rare, un autre. On y boit du bon vin. On peut y fumer. On y discute des heures. Je pourrais en parler des heures. C'est ma libraire depuis plus de dix ans. Oh lala.
2005-09-01 19:17:45 de Alain


Dimanche 28 août 2005. Avant qu'un bruit ne rompe le charme.

Je ferme le blog ILF 2005, ouvert le 5, mais qui n'a pas été utile (ou jugé tel). Je n'en sauve que ces quelques lignes de Philippe puisqu'elles contenaient adresse de prépublication de sa performance...

« Depuis que je suis invité au colloque je réunis les éléments qui constitueront l'essentiel de ma présentation dans le wiki du désordre, comme je le fais de tous les autres projets en cours. Voici donc pour le colloque de Cerisy. Par ailleurs une nouvelle version du désordre existe de façon souterrainne depuis plusieurs mois et ne demande qu'à être révélée le jour même de la présentation, du colloque.»

Instant d'éternité. Silence et belle lumière. « Quand il ne se passe rien, vivre est démesurément plus vaste que lorsqu'il arrive quelque chose.» (Antoine Émaz, Lichen, lichen, éd. Rehauts, 2003, p. 38.) L'après-midi s'étire. T. somnole assise sur un canapé. Je la regarde de temps en temps, je finis doucement un livre avant d'en commencer un autre. Cela dure presqu'une heure avant qu'un bruit ne rompe le charme ; c'est mon père qui sera en retard.

Yves Ravey déstabilise en finesse le lecteur, comme avec des ingrédients Minuit, une ambiance à la Pinget, des constats de chez Beckett, quelques répliques comme du Toussaint :
« Je m'en veux. Je ne mérite pas tout ce confort, une cuisine aussi bien équipée... Elle ne l'a pas laissé continuer : Robert, cette fois, tu perds les pédales. Tout ce que tu possèdes, tu le mérites. D'abord, tu as déjà fini de payer les traites de la maison. Je te rappelle que tu es le premier aussi à avoir acheté un poste de télévision. Tu ne te souviens donc pas de monsieur Barclay ? Le jour de la livraison ? Quand ils ont posé l'antenne ? Je le vois encore. Il a dit, mot pour mot, je m'en souviens : Je vous envie, monsieur Domenico, je suis moi-même directeur d'agence, mais jamais je n'obtiendrai un crédit à un taux aussi avantageux que le vôtre. Non, vraiment, Robert, il faut te faire soigner. Tu ne te rends même plus compte que tu as réussi là où les autres ont échoué.» (Yves Ravey, Pris au piège, p. 76-77)

« Être débordé, ce pourrait être l'expression pure du pathétique.» (A. Émaz, op. cit., p. 35)
Je me demande d'ailleurs s'il ne serait pas taoïste, Émaz : « S'égarer est sur la route.» (p. 36) « Méthode. Commencer peut-être par saper la confiance en soi, se vider, réduire la vanité, ne plus savoir. Écrire. Ensuite, casser l'écrit, et trouver dans les miettes qui restent de quoi encore écrire, parce que ce sera ça ou rien. Là, on commence d'ordinaire à arriver sur zone.» (p. 15)

En tout cas, je commence à avoir mal aux pieds. Longue promenade avec mon père, au soleil de fin de journée, de la place Monge à Sully-Morland et au quai Henri IV où il gare souvent sa voiture quand il vient de banlieue par l'autoroute. Puis, après le dîner, autre longue promenade, d'un pas plus ferme, avec T., rue Monge, rue des Écoles, boulevard Saint-Germain, rue du Dragon, rue de Sèvres, boulevard Raspail, rue de Vaugirard, et retour par le Panthéon et la Contrescarpe, comme d'habitude.
Au dîner, la belle-mère de Michel, septuagénaire marseillaise à Paris l'été, nous fait des beignets de fleurs de courgettes. Les voir discuter un peu chaque jour, elle et T., voilà qui est surprenant, rebondissant, réjouissant.
« Pas si misérable que ça, le petit tas de secrets.» (A. Émaz, op. cit., p. 41)


c'est un merci :
- pour Cerisy, où je n'ai pu venir qu'un jour, le premier, en visiteuse en dilettante en curieuse, et j'aurais bien aimé rester, alors j'ai reçu avec plaisir les images Yahoo et j'ai tout lu et lis ce journal, et celui de Ph. de J. quotidiennement désormais et alors.. les nuits sont courtes
- pour Cléo de 5 à 7 que je n'avais point vu et qui bonheur passait aujourd'hui même au St-André-des-Arts ( A. Varda d'ailleurs viendra lundi 4 dans cette même salle discuter de ce même film)
- pour Paris où j'ai emménagé il y a peu et dont je découvre ainsi des rues et des restau, post it dans mon sac pour mes errances à venir
- pour la relecture de ces lignes d'Emaz, un de ceux que je préfère entre tous (c'est un peu comme une coïncidence)
Alors donc, en ce dimanche soir avant de retourner au boulot où je devrai m'éloigner de tout ça pendant 39h blourp : merci Patrick R. !
C.
2005-08-29 00:56:47 de C.

A mon tour de te remercier de ta présence, même brève. Tu étais avec Isabelle de Zazieweb, je crois ?
Par ailleurs, je suis très heureux que "Cléo de 5 à 7" passe quelque part et plus encore de savoir qu'Agnès Varda vient en causer ― sauf que je ne pourrais pas y être...
2005-08-29 14:35:36 de Berlol

LICHEN LICHEN … cette manière d’attente active que constitue votre passage en France laisse sur votre blog une sorte de mélancolie sans objet défini. La référence à EMAZ nous renvoie aussi à l’époque où vous parliez des RHIZOMES . Je trouve toujours étrange l’usage que nous faisons des mots, c’est pourquoi la poétisation me semble si souvent un langage juste…et parfois apaisant…
LICHEN / Rappel
Les champignons, dépourvus de chlorophylle, sont incapables d'utiliser l'énergie solaire. Pour se développer ils vont exploiter (comme nous le faisons nous-mêmes) l'énergie provenant de la dégradation de la matière organique élaborée par d'autres êtres vivants. Ils sont hétérotrophes vis-à-vis du carbone et trouvent leur "nourriture" selon 3 modalités différentes.
Le saprophytisme :
Les champignons se développent aux dépens de la matière organique en décomposition (litière, bois mort, excréments...). Ce mécanisme permet le recyclage des éléments à la surface de la planète.
Le parasitisme :
Les champignons puisent leur matière organique dans un être vivant (animal ou végétal) et provoquent des mycoses. De nombreuses plantes cultivées sont ainsi la proie de champignons microscopiques (oïdiums, fusariums, rouilles...).
La symbiose :
1er cas : les champignons s'associent avec un partenaire chlorophyllien macroscopique, Spermaphyte, Ptéridophyte ou Bryophyte : il y a symbiose mycorhizique.
2ème cas : Les champignons s'associent avec un partenaire chlorophyllien microscopique, Algue ou Cyanobactérie : il y a symbiose lichénique.
2005-08-29 22:37:34 de Marie.Pool


Lundi 29 août 2005. Du cercle au carré en passant par l'horizon.

Déjeuner avec Alexandre Gefen au Cercle, café-bistrot branché au 1, rue Gay-Lussac, au coin de la place du Luxembourg (place Rostand, en fait). On discute essentiellement de stratégie de publication des Actes du colloque de Cerisy, des possibilités de nous revoir dans les mois qui viennent, de quelques connaissances communes, en profitant du bel ensoleillement et d'une chaleur d'été enfin revenue.
J'ai mis mon T-shirt 毎日が地獄です, ce qui amuse beaucoup Tsuyoshi, un collègue japonais que nous croisons par hasard en revenant vers la Sorbonne.

Bien sûr, je l'avais encore sur moi, cette phrase, quand T. et moi sommes arrivés à L'Horizon, après être allés chercher des thés Kusmi à la Grande Épicerie du Bon Marché. L'horizon, sa ligne que nous admirons. Notre ligne. Nos bourrelets qui s'arrondissent. L'arrondissement de notre ligne depuis que, bien nourris en Normandie pour peu de sport, encore bien nourris à Paris, malgré les marches postprandiales. L'Horizon, donc, dans le 6e arrondissement de Paris, au coin des rues de Rennes et Saint-Placide, enduites de soleil, où T. et moi décidons placidement de nous prendre une glace en terrasse : banana split pour elle, pêche melba pour moi. Avec plein de crême chantilly ― à l'horizon, c'est l'enfer...

Soir. Après épisode final d'un téléfilm atridesque, rentrée de Campus. Premier plateau carré, première partie fourrée. Guillaume Durand montre répétitivement des livres avec des grandes feuilles de notes dedans, pour mieux nous faire comprendre qu'il y a du boulot derrière tout ça, que les sélections c'est du taf, et pas de la frime ou du copinage. Alors, qui s'y retrouve ? Nothomb interviewée quelques jours avant, Houellebecq en grand absent dont tout le monde parle pendant plus d'une heure, et pour présenter leurs livres eux-mêmes, quand ils peuvent en placer une, Nina Bouraoui, Pierre Mérot, Philippe Besson, Bayon. Le carré des invités. Orion Scohy passe une petite minute, avant l'hommage à Claude Simon qui dure exactement quatre-vingts secondes.
Seul véritable étonnement : l'annonce qu'à partir de la semaine prochaine, l'émission s'achèvera toute l'année par un journal littéraire d'Alain Robbe-Grillet !


Mardi 30 août 2005. Mise en place... avant la fuite.

« Mon incarnation actuelle se dégrade ; je ne pense pas qu'elle puisse tenir encore longtemps. Je sais que dans ma prochaine incarnation je retrouverai mon compagnon, le petit chien Fox.
Le bienfait de la compagnie d'un chien tient à ce qu'il est possible de le rendre heureux ; il demande des choses si simples, son ego est si limité. Il est possible qu'à une époque antérieure les femmes se soient trouvées dans une situation comparable ― proche de celle de l'animal domestique. Il y avait sans doute une forme de bonheur domotique lié au fonctionnement commun, que nous ne parvenons plus à comprendre ; il y avait sans doute le plaisir de constituer un organisme fonctionnel, adéquat, conçu pour accomplir une série discrète de tâches ― et ces tâches, se répétant, constituaient la série discrète des jours. Tout cela a disparu, et la série des tâches ; nous n'avons plus vraiment d'objectif assignable ; les joies de l'être humain nous restent inconnaissables, ses malheurs à l'inverse ne peuvent nous découdre. Nos nuits ne vibrent plus de terreur ni d'extase ; nous vivons cependant, nous traversons la vie, sans joie et sans mystère, le temps nous paraît bref.»
(Michel Houellebecq, La Possibilité d'une île, Fayard, p.11.)

D'emblée, cet incipit déprimant, que certains prendront pour de la parodie de Houellebecq (mon libraire de La Boucherie vous dirait si c'en est), est aux antipodes de mes conception et perception du monde, qu'il s'agisse de réalité ou de fiction. Cela me fait penser à la première phrase de mon exposé de Cerisy qui est :
« Dans ce propos sur le danger et les apories du milieu littéréticulaire, il ne sera nullement question de retour en arrière, d'idéalité d'un monde sans ordinateur et sans réseau, ni de coercition policière ou gouvernementale.»

Vers 11 heures, la PLV arrivait en librairie, c'est-à-dire une palette comme à Rungis, avec des tas de possibilités d'îles dedans, et un ordre de vente à partir de demain.
Moi, d'îles, j'ai surtout une certitude, celle d'y retourner demain.
Aussi mes parents viennent-ils pour un dernier déjeuner, à l'Hyppopotamus d'Italie 2 car je crois pouvoir leur faire plaisir. Sauf que pour T., cette chaîne est toujours catastrophique, et je m'en veux d'y être retourné ; cette fois, c'est sa salade qui n'est réellement pas fraîche, puis son plat qui est en retard, on avait apporté une côte de bœuf au lieu des côtes d'agneau... On jure solennellement de ne jamais y retourner, chez l'Hyppo.
Plus tard, promenade à deux dans la tiédeur de fin de soirée. On diraît que le climat d'ici fait un effort pour s'ajuster à celui de là-bas, qu'on soit juste raccord côté température.


"On jure solennellement de ne jamais y retourner, chez l'Hyppo." Comme on jure qu'on ne lira plus jamais Houellebecq. Qaund est-ce qu'on prend la résolution de tenir ses résolutions ?
2005-08-30 22:26:01 de http://

Mais le boycott n'est-il pas un traitement de faveur, par son caractère exceptionnel même ? Le mieux serait l'indifférence, l'ignorance. L'essayer permet au moins de se détourner en connaissance de cause. Au moins suis-je déjà certain que ce que j'ai lu de Ravey et d'Emaz ces derniers jours sera pour moi bien plus important que ce livre de Houellebecq ; je puis m'en détourner, comme du tapage médiatique, avec certitude.
Mais ceux qui ont cette certitude sans en lire ne serait-ce que quelques pages, par l'oukaze apriorique qu'ils ont prononcé, moi je ne leur fais pas confiance.
2005-08-30 23:30:04 de Berlol

bon voyage...
http://deligne.over-blog.com/article-771836.html
2005-08-31 08:38:20 de Arte

Je suis d'accord avec vous, Berlol, ce n'est pas non plus ma vision du monde... Mais lit-on seulement pour retrouver une vision du monde identique à la sienne, je me le demande...
2005-08-31 14:11:06 de Eli Flory

Question pour Eli FLory et qui veut : après un incipit aussi minable, comment peut-on avoir envie d'aller plus loin sans avoir une idée misérable de la littérature et de la lecture ?
Et une autre : si Houellebecq rime avec Dantec, Stalker rime-t-il avec Steiner qui rime avec Hitler ?
Et une pensée perso : un boycott est moins un traitement de faveur que cette manie ou ce réflexe de parler de la "rentrée littéraire" ou d'un Houellebecq
(perso, je m'y suis pris un peu à la manière d'un boycott avec lui : vers 94, j'avais aimé son "Extension du domaine de la lutte...", ensuite je suis tombé sur un article de lui sur Prévert, d'une telle bêtise l'article et d'une telle puanteur qu'il a déprécié ce que j'en avais lu et que je me suis dit que jamais il ne pourrait m'intéresser, je n'ai donc pas lu les "Particules" pour cette unique raison et la suite m'a confirmé que ça n'en valait pas le coup)
2005-08-31 20:41:41 de Bartlebooth

Des cet incipit vraiment minable (oui, le mot est tout a fait adequat), Houellebecq parle de lui, pour lui... laissons le parler... sans trop en parler...
2005-09-01 11:15:12 de vinteix


Mercredi 31 août 2005. Demain, il sera plus tôt.

Étalées, nos affaires prennent une place invraisemblable.
Il faut plusieurs heures pour leur faire intégrer quoi la valise quoi le sac.
Suspense devant la balance. Léger surpoids, un peu comme nous.
Souhaitons la tolérance au guichet d'enregistrement !

Demain, il sera plus tôt.

Post scriptum :
Avons quitté la mort dans l'âme la rue Monge et notre hôtesse, La Boucherie et la rentrée littéraire, etc.
Taxi fort bavard jusqu'à Roissy, qui distrait T.
Enregistrement ANA sans difficulté, avec trois places pour deux, l'avion n'étant pas plein.
Encore une fois, voyage sans maux de tête. Cet aller-retour et celui de mars semblent confirmer des changements dans les systèmes de pressurisation et de climatisation, responsables selon moi de mes gênes aériennes.
Pour faire passer le plateau-repas très moyen cette fois, regardons deux films : un dessin animé tout à fait distrayant, Madagascar, et le dernier Ridley Scott, Kingdom of Heaven, revisitant finement les premières croisades, malgré les combats et les effets spéciaux. De quoi passer d'un monde à l'autre.

©Berlol, 2005.