J
ournal LittéRéticulaire de Berlol

Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Juin 2005

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Mercredi 1er juin 2005. La grue et la girafe sont dans un bateau...

Au centre de sport, je pédale et je sue avec devant moi... Une Saleté :

« [...] même si je n'étais pas la perle rare dont ils rêvaient, j'avais eu toutes les peines du monde à enfiler la robe, ta grand-mère, donc, me soufflant à l'oreille, je sentais sa main s'écraser sur mon épaule et s'accrocher au tissu de ma robe, ta grand-mère me murmurant au creux de l'oreille de ce ton mielleux dont elle a toujours usé avec moi que son fils lui appartenait et que je ne pourrais jamais m'interposer entre eux c'est-à-dire entre son mari, son fils et elle, que je ne pourrais jamais les séparer, c'était sans doute ce que je voulais, le garder pour moi seule, l'accaparer, parce que c'est ce qu'on cherche mais je n'avais rien à espérer, ça ne risquait pas d'arriver parce qu'elle nous surveillerait, son fils et moi, vous n'aurez pas une minute de répit, vous m'entendez, espèce de petite pute, voilà ce qu'elle me disait à l'oreille sur le perron en s'accrochant à moi, l'heure de la cérémonie approchait, vieille cinglée folle de son fils [...] » (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 14)

La maîtrise du ton associée à un subtil désordre des discours rapportés qui circulent d'emblée entre trois générations augurent superbement. C'est du marigot familial comme chez Faulkner ou comme dans L'Herbe de Claude Simon, avec du Sarraute dans la rapidité des changements. Je ne m'arrête qu'au bout de trente minutes, quand l'appareil sonne, et je n'ai pas vu passer mes douze kilomètres.

Suis toujours étonné, au sortir du bain et observant involontairement mes congénères, ici majoritairement nippons, par la radicale différence entre ceux qui s'essuient les jambes tels des girafes (gardant les pieds au sol, se pliant, tête au plus bas) et ceux qui se les essuient tels des grues (moi, pliant une jambe jusqu'à la taille, puis l'autre, tête haute). Girafes du Non, je ne peux pas quitter ma station d'équilibre, mes racines, etc., et grues du Oui, je tente quelque chose, je regarde devant moi, je vais de l'avant...
Paraît que 80 % des électeurs de droite ont voté Oui dimanche. Pas surprenant. Mais cela veut dire que 80 % des électeurs de droite, ça fait bien moins que 46 % de la population ! Oh Ooooh !...

Aux banalités céliniennes des Mardis littéraires on préférera écouter Sur un cheval de Guyotat dans Culture plus d'hier. Et suivre À voix nue la semaine guyotienne. Surtout quand on n'a pas pu, comme moi, assister aux trois soirées Guyotat à Tokyo, la semaine dernière !
Si la réalité et l'actualité villepinosarkoziennes pèsent, on écoutera ou réécoutera Nuit de rêves de Jean Thibaudeau aux Fictions de Mauvais genre...

Correction de conjugaisons pendant une réunion. Le verbe peindre a un peu souffert, je recopie : je peind, tu peinds, il peind, nous peinons, vous peinez, ils peinent...

Déjà que ce matin, je peinais parce que mes cordes vocales étaient amoindries par un petit rhume très localisé sur la gorge, ce soir je n'ai carrément plus de voix. Et demain, trois cours ! Qu'est-ce que je vais bien pouvoir leur faire ? Du mime ? La grue et la girafe sont dans un bateau...


Coucou Berlol! Me pardonneras-tu d'avoir parasité, à la date du trente mai, ton blog, par des commentaires que l'air ambiant, un rien brûlant, a distendu au-delà du raisonnable? Saleté!
2005-06-01 18:04:06 de Frédérique Clémençon
On pourra également reécouter Jacques Alain Miller, qui donne l'envie d'apprendre les langues ... étranges
2005-06-01 18:47:52 de arte

Petit exercice à mimer berlolissimoamanontroppo , pour demain ,en attendant que l'aphonie se dissipe .
Conjuguer : peigner la girafe entre les palétuviers et repeindre la grue en jaune vif chantier
2005-06-01 21:09:10 de Marie.Pool

Sauf relance, j'essaie d'en faire ma dernière intervention sur le référendum, mais j'aimerais revenir sur tout ce qui tourne autour du peuple, du fossé élite-peuple, etc. J'écris télégraphique, je numérote. Je crois qu'il y a des choses à creuser, pour dédramatiser le débat, sur les lignes d'arguments esquissées. Toutes mes excuses habituelles, mais le blog de Berlol, c'est aussi ça : un blog littéraire, extime, qui prend de temps en temps de travers des bourrasques de "débats de société". Ca fait un style. Non ? Go.
1. La sociologie du vote est claire : monde rural + diplômes intermédiaires (à Maastricht, c'était pas de diplôme ou diplômes secondaires, mais c'est la dernière parenthèse, I swear) + pauvreté + chômage + territoires de relégation + couches moyennes bloquées dans l'ascenseur en panne = vote non.
2. Je ne crois pas à une réponse "spontanée" du "peuple", il y a eu politisation (normale) du débat par des politiciens, certains fourvoyés ou cyniques. Mais le non n'est pas instinctif, tripal, etc., comme beaucoup nous le présentent (Frédérique : "je trouve réjouissant que le peuple, le petit peuple ignorant, en proie à la peur, au malaise, mu par ses tripes et non par son cerveau, ait dit : "NON""). Signe : l'effort d'"éducation populaire" autour du texte dont fait état Frédérique : autodidaxie, lectures en groupes, etc. etc.
3. Je ne crois pas à une réaction affective, déclenchée, comme naturellement, comme une réaction quasi immunitaire, par la peur ou la souffrance. Ce dolorisme de l'ultra-gauche, aux forts relents religieux (la préférence pour les pauvres, etc.,), assisté d'un matraquage médiatique presque délirant (faut-il compter en temps de parole pour le non tous ces reportages dans la France profonde à coup de chômeurs effondrés au bord du suicide, de familles à la dérive, ce tableau permanent d'une catastrophe globale, à coups de petits faits vrais et d'assomption au statut d'exemples édifiants de cas particuliers ultra-minoritaires : la PME où on propose aux salariés de rejoindre la nouvelle unité en Roumanie, etc.), est actuellement en train de plomber, pour longtemps peut-être, la possibilité d'une politique effective de solidarité sociale en Europe
4. Sur quoi ont pu s'appuyer les politiciens tenants du non ? Sur une profonde revendication de justice et sur des agressions permanentes de ces intuitions populaires de justice (pas très loin chez certains d'intuitions de justice populaire). On peut s'appuyer là sur des travaux dans la lignée de Thompson sur la culture ouvrière, de R Dupuy sur le moment jacobin pendant la Révolution française, etc.
5. Faisons des hypothèses, sans doute contestables mais pas peu fécondes : cette "politique du peuple" est fondamentalement non démocratique et foncièrement communautariste, autant dire, dans la tradition politique française, républicaine. Elle ne remet pas en cause les hiérarchies naturelles au sein de la communauté, mais elle exige des riches et des puissants une contrepartie au dévouement-dévotion dont ils font l'objet. C'est presque aussi vieux que la chute de la démocratie antique sous les coups du clientélisme et de la soumission au patronus. Si le puissant tient son rang, exerce son pouvoir de décision au profit de la communauté, redistribue le capital accumulé en terme de reconnaissance symbolique ou de libéralités économiques, etc., sa domination n'est pas remise en cause. Transposer en sauvegarde de l'Etat-providence, en quête de protection, le maître-mot de l'interprétation assez générale des mouvements actuels, en refus de la délibération démocratique, de la négociation, du compromis (phrase extraordinaire d'A Laguillier lors d'un débat télévisé : "ils trouveront bien une solution", ce n'est pas mon affaire, laissons-les décider, je refuse d'assumer une quelconque part de cette responsabilité-là). Là dessous aussi, le refus persistant et fondamental du pluralisme : la communauté doit être unanime, "amalgamée" et souveraine dans ses choix; la volonté du peuple est toujours "générale", etc. (On retrouve des dimensions analogues dans la "politique du peuple" japonaise, sur l'exigence d'unanimité, d'être d'"un seul souffle", etc.). L'individualisme rompt le réseau des solidarités extra-économiques et met en péril les contributions de tous au bien commun, etc.
6. Deux pratiques sont refusées, activement, par cette "politique du peuple" : le calcul et la délibération. Le fossé se noue là, le monde vécu des "élites" se déployant intégralement dans ces deux dimensions du calcul (se constituer un patrimoine, suivre des stratégies de promotion sociale sur plusieurs décennies, etc.) et de la délibération = participation à la prise de décision, jusqu'au despotisme éclairé, au souci de faire le bien du peuple sans sa participation, etc.
7. Moment tocquevillien : en France, la seule communauté effective, "sérieuse", est la communauté de travail; l'Etat a confisqué tout le reste (cas typique : l'éducation, aux fins de propagande républicaine)
8. ce n'est pas la concurrence libre et non faussée qui est rejetée (je la crois au contraire profondément acceptée dans nos sociétés et source de reconnaissance et de fierté communautaire : cf. scènes émouvantes du vol de l'Airbus, etc. Cf. aussi le sport comme rite et métaphore). Ce sont les pratiques managériales qui remettent profondément en cause, au nom des valeurs du calcul et de la délibération rationnelle, les dimensions extra-économiques de la communauté de travail. Le problème fondamental tourne autour de la légitimité du pouvoir dans l'entreprise, il ne s'agit pas fondamentalement de remettre en cause les exigences de rentabilité, etc. (la France est un des pays les plus productifs au monde, en termes strictement économiques). D'où le vécu du licenciement comme un drame existentiel, alors qu'il est banalisé dans les pays sociaux-libéraux (interviews étonnantes d'un salarié danois dans la presse il y a quelques mois, qui en était genre à son cinquième licenciement en deux ans et vivait tout cela très bien). Quant à la flexibilité, elle est vécue sur le mode de la rupture du monde vécu, de la dissolution du collectif, et non sur celui du déploiement des compétences et des talents personnels.
9. Ce n'est pas que les "élites" ne veulent pas répondre aux exigences de ces principes de justice : elles ne le peuvent plus (crise fiscale, remise en cause par l'ordre économique contemporain des pratiques de patronage et de clientélisme, démission et renfermement des élites (cf. ségrégation territoriale : le vrai ghetto n'est pas à Saint-Denis, il est à Neuilly), qui refusent d'être entraînées "vers le bas" par ces exigences de justice alors que leurs références sont internationales (cf. les patrons français mal payés !, etc.), etc.). Et on peut aussi s'interroger légitimement sur la capacité de tels principes de justice à servir de fondement légitime au fonctionnement de nos sociétés hyper-complexes. D'où discrédit, délégitimation, crise de confiance, rancoeur, décalage, fossé, incompréhension mutuelle, etc.
10. Les pays qui accepteraient les modèles libéraux seraient les pays dans lesquels ces principes de justice trouvent à s'exercer dans des communautés civiques locales "empowered", à qui sont attribuées des compétences spécifiques fortes (religieuses, éducatives, de solidarité sociale ou familiale) et qui ne souffrent pas du même phénomène de ghettoïsation des élites. Le collectif de travail n'y fait pas l'objet d'un investissement identitaire exclusif, comme c'est le cas dans le modèle français.
11. La xénophobie, qui semble poser tant de problèmes dans les accusations mutuelles des ouiistes et nonistes, se vit sur le même mode : exclusion "naturelle" de l'étranger non intégré, sans agressivité démesurée, mais parce qu'il est extérieur à la communauté de travail et n'a pas de droits à faire valoir (cf. la difficulté que nous avons à déconnecter accès aux droits et communauté des travailleurs : rumeurs persistantes et passablement délirantes sur le parasitage de la couverture maladie universelle, etc.); intégration dans le moule commun après une phase transitoire : on veut bien de l'étranger s'il devient le même, et on s'étonne alors d'être accusé de xénophobie, là où il n'y a simplement que refus de l'ouverture et de la solidarité envers l'autre qui veut rester autre.
Juste pour conclure : I have a dream : on poursuit la ratification, on constate qu'une très nette majorité d'Etats ont accepté le texte, on fait revoter tout le monde, ceux qui ont rejeté le texte et ceux qui l'ont accepté, en demandant confirmation de ce vote sur le modèle du référendum européen : 55% des Etats, 65% des votants. Si c'est non, c'est non. Non ?
2005-06-02 12:07:47 de Dom

D'où le vécu du licenciement comme un drame existentiel, alors qu'il est banalisé dans les pays sociaux-libéraux (interviews étonnantes d'un salarié danois dans la presse il y a quelques mois, qui en était genre à son cinquième licenciement en deux ans et vivait tout cela très bien).
Il a combien pour vivre ? Il est propriétaire de son logement ?
Il part au ski ?
Ne poussez pas le raisonnement trop loin, DOM , sinon on vous les envoie à domicile tous les licenciés , vous allez certainement les débriefer avec brio...
Excusez-moi mais votre argumentaire est extrêmement dangereux. Le" moule" dont vous parlez n'existe pas et il s'agit de répartir et d'échanger les richesses de façon plus équitable. Ce n'est pas un joujou de statistiques, c'est du vrai DRAME pour certains à taux inconcevables. Quant à votre plaidoyer pour le texte, il est un peu moins de la moitié convaincant. La solidarité se construit à partir du moment où l'autre est reconnu comme un semblable au niveau des besoins fondamentaux même si ses goûts et sa culture sont différents. Existe-t-il des peuples masochistes ?
Je dis NON ! Pour moi la religion n'est pas une compétence, c'est une façon comme une autre de capter le pouvoir et elle génère des effets qui sont loin d'être rassurants non plus.
Laïcité et Solidarité, c'est un concept idiot ?
2005-06-02 12:47:21 de Marie.Pool

(Vous devriez mettre vos noms en haut à gauche de la copie, comme ça on saurait tout de suite qui parle, sinon il faut faire clic clic vers le bas pendant deux heures, puis re clic clic vers le haut pendant deux heures, ca devient lassant ...).
2005-06-02 13:06:14 de arte

(Berlol, puisque Dom poursuit au jour d'aujourd'hui, je vais glisser ici ce que j'ai posé là-bas, que tu peux effacer.) Et après, pouce.
A Dom, donc, à Arnaud aussi. Sur le problème de l'élite et du peuple, je n'ai rien de plus à dire que ce qu'écrit Kahn dans Marianne, hélas inacessible sur le Net. Pouvez-vous vous le procurer? Si non, je veux bien faire encore un peu la secrétaire.
1. Dumping fiscal et social – fonds structurels
a) Dans les années 80, l’élargissement à l’Espagne, au Portugal et à la Grèce a finalement été un succès malgré les craintes initiales de délocalisation et de dumping fiscal, craintes qui avaient nourries les extrêmes politiques des anciens pays membres. Mais cette réussite est pour une bonne part (j’y insiste, chiffres – peanuts ? pas vraiment - à l’appui, consultables sur la page « Budget » du site de la commission européenne : www.europa.eu.int/comm/budget/index_fr.htm) la conséquence des transferts importants consentis par les états membres vers ces pays : les fonds structurels européens avaient doublé en volume entre 1987 et 1993, qui ont largement égalé les économies réalisés par les réformes que vous dites, et dont les conséquences se font cruellement sentir au Portugal aujourd’hui, lesquelles ont accéléré le départ d’un Barroso honni à Bruxelles. Comment éviter un dumping social et fiscal accru si les pays riches se refusent à aider (voyez qu’il est question ici de partage nécessaire, et non de je ne sais quelle préférence nationale – ces suspicions partout ressassées de xénophobie, qui sont une malhonnêteté – scandaleuse - en même temps qu’une facilité évitant de se coltiner la réalité, sont véritablement agaçantes, ce qui ne signifie bien entendu nullement qu’elles n’existent pas) les pays d’Europe centrale et orientale qui, non, ne vont pas nous envahir. (Où avez-vous lu que je le redoutais ? Il semble bien que vous n’ayez pas compris les propos de ce polonais – mais peut-être cette anecdote était-elle maladroitement présentée.) Comment alors reprocher à ces pays de faire feu de tout bois pour attirer entreprises et capitaux ? Ainsi que de nombreux économistes s’accordent à le dire, mais aussi des contributeurs actifs à la construction européenne, parmi lesquels Delors donc, il semble qu’il soit bien tard pour redresser la barre avec, en ligne de mire, le problème du « rabais britannique » négocié par Thatcher dans les années 80, rabais que veut éliminer la commission à l’occasion de la négociation du budget 2007-2013, problème auquel viennent s’ajouter les difficultés économiques croissantes des principaux pays contributeurs, que la rigidité du pacte de stabilité contraint à des économies tous azimuts, quand il faudrait véritablement investir.
b) Vous vous trompez en écrivant que le dumping fiscal ne concerne en fait que la délocalisation des sièges sociaux, pas des unités de production. Grâce à un taux d’impôts sur les sociétés de 10%, contre plus de 30% dans les principaux pays européens, l’Irlande a concentré une partie significative des centres d’appels et des usines multinationales américaines, même si la disponibilité d’une main d’œuvre formée, anglophone et peu chère, a joué aussi un rôle déterminant. Si on veut éviter un dumping social durable, il faudrait augmenter les fonds qu’on leur apporte, de sorte qu’ils connaissent une croissance forte et puissent rattraper rapidement le niveau de vie, et donc les coûts salariaux, de l’ouest de l’Europe. Or la radinerie de la vieille Europe risque d’hypothéquer ce rattrapage et d’empêcher (c’est fait avec le TCE) tout accord sur l’harmonisation de la fiscalité des entreprises.
Pour un état des lieux précis des effets du dumping fiscal et social mettant aux prises anciens pays membres et nouveaux entrants, aller là (appel des économistes européens : http://www.france.attac.org/a1610) (http://www.humanite.presse.fr/popup_print.php3?id_article=460853)
2. Traité de Nice
Je me suis trompée en effet sur la date, mais après consultation scrupuleuse de mes sources, la réalité s'avère encore plus drôle que ma bourde. Pour consulter le traité de Nice, aller là: htttp://mjp.univ-perp.fr/europe/nice.htm
Ce vilain traité, au reste salué à l'époque (certains lui ont trouvé le nez un peu de travers, et puis, hop, on en n’a plus parlé : il était bien joli, ce traité, après tout – pour le lifting, on verrait plus tard), n'est pas si vilain que cela, au regard de certains points du TCE, qui nous arracherait à l'enfer. Voici les principaux reculs que l'on peut noter de l'un à l'autre texte, ce qui ne signifie nullement que l'on doive somnoler trop longtemps sur la promenade des Anglais ni jeter aux orties tout le Traité constitutionnel pour lequel, dans maints domaines, on ne trouve rien à redire et dont on peut à lister, à l'inverse, les avancées, réelles. Mais il est malhonnête d’invoquer, avec ce retour au traité de Nice, on ne sait quel tragique recul, et, ne vous en déplaise, vous avez usé sans distance, et non sans une certaine arrogance, portée j’en sûre par une conviction sincère, du même épouvantail que le camp des tenants du OUI, en trouvant mille défauts à un texte certes perfectible, mais certainement pas abominable.
- Le préambule du Traité instituant la Communauté européenne (TCE), partie du traité de Nice, « assignait [aux Etats membres] pour but essentiel à leurs efforts l’amélioration constante des conditions de vie et d’emploi de leurs peuples ». La formulation du préambule de la Constitution européenne qui s’en rapproche le plus « Convaincu que l’Europe... » est en recul. Pas fondamental, mais un symbole, pour un texte qui prétend au rang non de pur traité, mais de traité établissant une constitution pour l’Europe.
- Il convient de noter que la Conférence intergouvernementale (CIG) qui a suivi la Convention sur l’avenir de l’Europe a supprimé la citation de Thucydide, proposée en exergue de la Constitution européenne par la Convention : « Notre Constitution... est appelée démocratie parce que le pouvoir est entre les mains non d’une minorité, mais du plus grand nombre."
- Certains domaines qui passent à la majorité qualifiée tels que la libre circulation des travailleurs, les nouvelles missions et statut de la BCE, la culture, le statut et siège de l’Agence de l’armement, la compétence de la Cour de justice en matière de propriété intellectuelle constituent autant de menaces compte tenu de la trajectoire actuelle de l’Union européenne.
- Les SIEG ne sont plus une valeur de l’Union (III-122) alors que les SIEG sont une valeur de l’Union dans le traité de Nice.
- L’extension de la majorité qualifiée pour les professions médicales, paramédicales et pharmaceutiques (III-141) est une menace (cf. la directive Bolkestein).
- L’extension du pouvoir de la Commission désormais chargée de promouvoir l’intérêt général de l’Union (I-26) alors qu’elle n’a aucune légitimité pour ce faire.
- L’extension des délégations de compétence non contrôlées démocratiquement dans les domaines sensibles de l’asile et de l’immigration.
- La suppression de la clause permettant de suspendre temporairement l’espace sans frontières dit de Schengen. Cette clause de sauvegarde existe dans le traité de Nice.
- Dans le cadre de la politique commerciale commune, sauf s’il y a atteinte à la diversité culturelle et linguistique que devront prouver les pays concernés, la Constitution supprime l’exception culturelle et audiovisuelle (III-315) que le traité de Nice maintient.
- Toujours dans le cadre de la politique commerciale commune, et sauf perturbation grave, la Constitution européenne supprime l’unanimité dans les domaines de la santé, de l’éducation et des services sociaux (III-315).
- La suppression progressive des restrictions aux investissements étrangers directs (AMI - AGCS) et la réduction de tout obstacle au libre-échange mondial (adjonction de la mention "et autres" qui n’est pas présente dans le traité de Nice) (III-314)
- Le traité de Nice n’indique pas la compatibilité obligatoire de la défense européenne commue avec l’OTAN qui est consacrée comme fondement de la défense collective et de sa mise en oeuvre (I-41).
3. Et maintenant on fait quoi ?
D’abord, on respire et lit avec profit ces deux contributions de Jean-Paul Fitoussi et Jean-Claude Guillebaud cette semaine dans le Nouvel Obs.
http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2117/a269715.html
http://www.nouvelobs.com/dossiers/p2117/a269714.html
Je ne doute pas que, de ce grand bazar, sortira quelque chose qui ne sera pas nécessairement pire que les actuelles projections. Il n’est pas certain que, en dépit de rapports de force en effet défavorable en Europe aux partis de gauche, nous courrions à la catastrophe. Attendons, et soyons vigilants quant à la manière dont notre vote sera porté par nos gouvernants dans les semaines à venir, une vigilance que les débats houleux autour de ce texte ont sans aucun doute fortifiée.
4. A Arnaud
Je pense que l’injonction faite aux tenants du NON est mal venue. On a demandé aux citoyens de se prononcer en leur âme et conscience sur un texte qu’ils ont, in fine, désapprouvé. Invoquer leur irresponsabilité est une insulte en même temps qu’un déni de démocratie : il eût été plus simple, en ce cas, puisqu’on les jugeait inaptes à rendre un avis dûment réfléchi, de faire ratifier le traité par le parlement. D’autre part, il n’appartient pas aux citoyens d’accomplir une tâche qui incombe à ceux qu’ils élisent et qui doivent porter honnêtement leur choix. Je reproduis ici, en réponse à votre injonction, les propos tenus par Frédéric Lordon, économiste hostile au traité :
« Dans la foulée pourtant, les partisans du oui voudraient charger la conscience des électeurs avec des questions qui ne sont pas les leurs : « avec qui négocierez-vous ? » s’égosillent-ils pour leur extorquer des aveux d’impuissance après ceux de souverainisme rampant. Mais cette question n’est pas la nôtre ! Celle qui nous est posée ne demande que notre avis sur le traité constitutionnel. Il ne nous interroge pas pour savoir quelle tête nous ferons au sommet européen qui suivra immédiatement un éventuel non, ni si nous loucherons sur la pointe de nos souliers plutôt que d’éviter le regard des autres dirigeants européens, car nous ne sommes pas dans les sommets européens. « Avec qui négocierez vous ? », c’est l’affaire des excellents qui nous ont conduits jusqu’ici. Heureusement, rien de tel que de se sentir dans le dos l’épée de la colère populaire pour découvrir en soi des trésors d’imagination : clauses d’opting out, nouvelle rédaction d’articles, protocoles additionnels pour sanctuariser les services publics, ce qu’ils veulent, c’est leur problème. Les demi-hystériques qui somment les électeurs d’accompagner leur non d’une procédure de négociation et pourquoi pas d’un accord déjà ficelé, ont-ils conscience du déni de démocratie que leur injonction emporte ? Si, comme nous le disent ces spécialistes, il est impossible de rien renégocier, il est donc exclu de pouvoir voter non, mais alors pourquoi voter tout court ? Contre ce qui s’apparente à une forme commençante de totalitarisme, il faut donc réaffirmer que nos chers représentants qui se battent pour le plaisir de nous conduire et la jouissance du pouvoir, doivent en accepter les ivresses et les inconvénients : renégocier, c’est leur affaire - au moins connaissent-ils désormais l’ensemble des contraintes et savent-ils d’où viendra la prochaine claque en cas d’insuccès.»
http://www.monde-diplomatique.fr/2005/05/LORDON/12175
http://www.sociotoile.net/article104.html
Ceci dit, les propositions fleurissent, et on peut lire, entre autre, les propositions d’Attac, qui n’est pas porté que par le seul et contreversé Nikonoff. Avant de les jeter en pièce, y réfléchir. http://www.france.attac.org/a5119
Cette fois-ci, c’est la dernière. Et puis, j'ai soif, et une faim de loup!
2005-06-02 13:08:34 de Frédérique Clémençon

Pour Frédérique :
1.a Le contexte est pris pour le texte, on ne demandait pas de se prononcer sur la politique mise en oeuvre par les Etats mais sur le cadre dans lequel elle l'est
1.b Vous avez raison sur le dumping fiscal et l'implantation des investissements étrangers, je m'en suis rendu compte juste après avoir posté, mais il s'agit de "manque à gagner" pour les pays mal placés dans cette compétition-là, pas de pertes, et pas de délocalisation, en l'occurrence + l'impôt sur les bénéfices est facile à recouvrer et difficile à fuir, mais c'est vraiment un impôt mal foutu, qui se substitue mal à l'extrême difficulté de bien imposer les reveus du patrimoine + toujours ce malentendu sur l'harmonisation : ce mot est tabou des instances de l'Union, pour des raisons que j'ai cherché à exposer, ça n'empêche nullement de progresser dans la même voie (coopérations renforcées)
2. Nice est "abominable", mais là réellement, sur les procédures de décision et la composition des institutions. Rien n'aurait été envisagé si les dispositions qu'il prévoit n'étaient ne serait-ce qu'applicables en l'état, on l'a su dès le lendemain de la signature. Pour le reste, c'est un "petit" traité, comme d'ailleurs dans son genre le traité constitutionnel lui-même (la liste des points nouveaux du traité constitutionnel tient en deux pages et est à peu près aussi sexy que celle que vous citez; au début, je voulais aussi voter non, parce que ça ne me paraissait pas en valoir la peine). Sur les micro-arguments article par article, il y a des réponses, mais c'est inutile ici. Cela dit, s'il y a déjà dégradation entre Nice et constitution (ça me paraît plutôt des nuances sans grande portée, qui ne devraient franchement n'intéresser que les juristes), ça présage effectivement peut-être d'un délitement progressif de la volonté politique de faire l'Europe. Thucydide, mal interprété, a paru à certains annoncer un super-Etat fédéral, d'où rejet. Dommage, la citation est belle. Vous ne serez enfin pas étonnée que beaucoup de ce que vous percevez comme des reculs m'apparaissent comme des avancées..., par exemple votre défense surprenante du corporatisme des professions médicales, fossoyeuses libérales pur jus du système français de protection sociale, votre lecture de III-315, article très technique, qui me semble dire exactement l'inverse de ce que vous dites et qui ne concerne que les accords commerciaux entre l'Union et des tiers dans les passages auxquels vous faites allusion, etc. + si la France n'avait pas rejeté la CED en 1954, on ne serait sans doute pas obligé de faire de l'OTAN, à laquelle nous appartenons encore, au fait, le fondement de la sécurité européenne...
3. Wait and see. Je vous rappelle,pour refroidir un peu votre enthousiasme, que le non de gauche est minoritaire en France (combien : 60% d'un PS à 30% = 18% + 4% du PC + quoi 5 % d'extrême-gauche + 60% de 8% de verts = 5 % == 32 %) (pas dans l'électorat de gauche, mais là on est dans la cuisine politicienne, dans l'électorat tout court) et ultra-minoritaire en Europe (les Néerlandais ne sont pas du tout sur la même logique).
4. Cette citation corrobore intégralement ma caractérisation de la "politique du peuple" : c'est pas mon affaire, je m'en remets aux excellents, qui ont intérêt à l'être, sinon... La France crève à petit feu de cette attitude.
2005-06-02 15:28:56 de Dom

DOM (oui, c'est moi, Dom, eh eh eh, mais là c'est court, alors mince, je le mets ou pas mon nom en haut à gauche de la copie)
Les Lettons ont ratifié : voie parlementaire, 71 oui, 5 non, 6 abstentions.
Cette information me fait plaisir (en plus, j'y ai fait un petit tour l'année dernière et j'ai un respect immense et quasi irrationnel pour l'histoire des Baltes) et elle vous fait sans doute ricaner.
2005-06-02 15:54:55 de Dom

Moi, quand on me pose une question, je pose mes sandales sur ma tête et je retourne à la salle de prière...
Et puis d'habitude je ricane, mais là, bof !
(Frédérique, je veux bien les "morceaux choisis" de Marianne)
2005-06-02 16:45:30 de arte

Alors comme ça vous comptez différemment de tout le monde? C'est plus fort que vous. Ce vote porte bien, majoritairement, un non de gauche, qui doit à la cassure de l'électorat du PS, auquel sont venus s'agréger les autres. Je ne peux, hélas, guider vos yeux boudeurs vers les jolis camemberts dont tous les sites ont été abreuvés, mais c'était bien vrai.
(Voyez comme vous êtes : pourquoi ricanerais-je en écoutant les résultats venus de Lettonie? Laissez mon moi, mon surmoi et le reste batifoler tranquilles - ils sont bien plus bienveillants que vous ne l'imaginez et n'ont pas plus peur des polonais que de Dark Vador)
Bon, c'est l'heure de l'apéro.
2005-06-02 20:42:05 de Frédérique Clémençon

Allez, on s'en jette un derrière la cravate. t'a bien travaillé, Frédérique ! Dom, tu t'amènes ? Et si on parlait de ce qu'on va faire maintenant, concrètement ?...
2005-06-03 00:44:27 de Berlol

Juste deux tout petits mots, pour insister sur le poids des grandes inerties sociologiques : on partait d'un non à 49% (Maastricht), avec un socle très fort d'opposants constants à toute construction européenne, quelle qu'elle soit. Le PS était partagé 40% non 60% oui lors de Maastricht, il s'agit juste d'une inversion, soit 20% du PS qui basculent et qui correspondent exactement aux 6% qui rendent compte du non en 2005. Sociologiquement, il s'agit essentiellement du retournement des classes moyennes du public, qui avaient sauvé la mise en 1992, retournement en partie conjoncturel, le PS étant désormais dans l'opposition. Les 'autres' ne sont pas venus s'agréger à un non de gauche, c'est un non de la gauche "moyenne" (en particulier les bataillons serrés des "profs") qui a rejoint le socle permanent des eurosceptiques.
2005-06-03 08:06:29 de Dom

Oui, là, oui. (Euh, c'est quoi, une grande inertie sociologique ? je suis d'humeur taquine ce matin, j'ai pincé la joue du chauffeur de taxi qui travaille en bas de chez moi, fait une grimace à la voisine détestée du troisième, tapé la causette avec le chien du quatrième, chanté Bellini le nez dans le chèvrefeuille... une bonne journée qui commence)
Tiens, j'ai entendu Jacques Rancière tout à l'heure sur France Culture, dans les Matins, qui évoquait l'Europe, et c'était non seulement drôle, mais aussi juste, très juste. Dom, voilà une bonne ordonnance, et de quoi vous requinquer, à moins que vous ne plongiez fissa dans les affres du désespoir. Je serai là...
En réponse à ta question, Berlol, là, mon objectif immédiat, mon engagement pour et dans l'avenir va consister probablement à .... regarder cet après-midi les demi-finales hommes de Roland G. Eh ouais. Le premier qui moufte se prend le traité sur la tête...
2005-06-03 09:10:59 de Frédérique Clémençon

Je m'inquiète du moral post-référendum des chroniqueurs propagandistes des matins de france-cu. Vont-ils bien ?
2005-06-03 16:55:56 de Bartlebooth

Elle pousse au tennis...
2005-06-03 17:06:23 de Berlol

Le tennis est déjà bien propagé...
2005-06-03 17:19:30 de Bartlebooth

le tennis est en expansion on dirait...
2005-06-03 19:26:39 de cel

décidémment on ne parie pas sur le tennis :d
2005-06-03 19:29:54 de cel

"La bêtise mousquetaire des moustiques de service qui froufroutent ici ou là, n'ont aucune vertu humoristique patente" (Mary Pool)
Le tennis de patente ne connaissait pas, en 69, la raquette de Berlol qu'est, Molly, trop petite (a moins qu'il pratique, en pong, le tennis en Lacoste !)
)!
2005-06-03 21:04:34 de Bartlebooth

(Le tennis de patente ne connaissait pas, en 69, la raquette de Berlol qu'est, Molly, trop petite (a moins qu'il pratique, en pong, le tennis en Lacoste !)
???????????????????????????????????????????????????????????
!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!!
Ce que vous écrivez est incompréhensible.
Ce que j'ai écrit vous concerne ? Vous êtes sûr ?
2005-06-03 21:23:02 de Marie.Pool

"La pertinence sémantique de l'épigraphe est souvent en quelque sorte aléatoire, et l'on peut soupçonner, sans la moindre malveillance, certains auteurs d'en placer quelques-unes au petit bonheur, persuadés à juste titre que tout rapprochement fait sens, et que même l'absence de sens est un effet de sens, souvent le plus stimulant ou le plus gratifiant : penser sans savoir quoi, n'est-ce pas un des plus purs plaisirs de l'esprit ?" (Gérard Genette, in Seuils).
Et pour répondre autrement : non, bien sûr, rien de ce que vous écrivez ne me concerne, même quand vous me déclarez incompréhensible.
2005-06-03 21:54:01 de Bartlebooth

Alors passez au large, j'en fais autant depuis longtemps et cela semblait jusque là calmer vos propos très "étranges" et présomptueux .Quant au sens...on le trouve là où on peut. Je fais donc ce que je peux.Si vous me cherchez, vous allez certainement me trouver. Ne soyez pas masochiste, ou changez de sujet contraphobique. Je ne vous guérirai pas c'est certain.
2005-06-03 22:18:35 de Marie.Pool

http://www.fatrazie.com/contrep+.html
(une bibliographie qui devrait éclairer le débat)
2005-06-03 22:51:27 de cel

Je suis déjà au large, sortez de l'étroit ! Ah Mary Pool et sa déformation professionnelle... enfin si elle a bien vocation à guérir.
2005-06-03 22:53:36 de Bartlebooth

Après qui en avez-vous très exactement ? Des psys se sont opposés à votre mégalomanie ? Passez au large encore une fois, j'ai d'autres urgences à rater. Un comme vous c'est très très fatiguant et il faut impérativement travailler en équipe.
2005-06-03 23:15:09 de Marie.Pool

Si vous vous disputez, c'est ma faute !
Car on n'a que les lecteurs qu'on mérite et qui vous corresponde. Or j'ai voté NOUIN, c'est-à-dire précisément "comme" Frédérique ET Dom, que je comprends tous les deux, car c'est l'addition de leurs points de vue qui m'habite. Or mon langage intérieur va de celui de Marie.Pool à celui de Bartlebooth, qui semblent pourtant s'exclure. Je les gère tous correctement en interne, et sans doute beaucoup d'autres avec eux, mais en externe, je n'y peux rien, ils se chamaillent...
2005-06-03 23:33:43 de Berlol

"l'addition de leurs points de vue t'habite"... dans le rang des parapèteries c'est presque aussi beau que "Il habite au Pakistan", chapeau bas Berlol !
2005-06-04 01:46:10 de cel

De l'éloignement durable ( comme on dit développement durable)SVP BERLOL . Pas de chamaillerie. Ma position est claire et assumée. Les contrepèteries sont des activités anales et sexuelles qui ne m'apportent aucune jouissance. Désolée. Encore une fois, que les lecteurs qui ne supportent vraiment pas mes propos passent au large. J'en fais autant et le niveau humoristique des contributions n'en sera que préservé.
2005-06-04 09:32:08 de Marie.Pool



Jeudi 2 juin 2005. Un peu plus fatale la fatalité.

Sans voix, on est vite largué dans une classe. Sincèrement désolés, les étudiants ouvrent de grands yeux compatissants durant les cinq premières minutes de mimiques accompagnées de cette chose rauque qui sort encore de votre gorge. Et puis ils décrochent l'un après l'autre, se plongent dans la révision du cours suivant ou s'endorment, pour les plus chanceux. Quand en plus on s'aperçoit qu'ils n'ont rien retenu d'une bonne partie de l'unité 1 alors qu'on est censé passer à la 3, là, j'avoue, il y a un grand moment de solitude.

« Mon Frère, je vous ai nommé capitaine de frégate. Cette preuve de confiance vous portera à illustrer votre carrière et à justifier les grandes espérances que la nation attend de vous. Ne vous fiez point sur le nom que vous portez ; il est glorieux de ne rien devoir qu'à son mérite. Avec vos bonnes dispositions, votre caractère et plus de connaissance du métier, quel bien n'auriez-vous pas pu faire si vous aviez commandé l'escadre du contre-amiral Missiessy ! Ce n'est pas que je sois mécontent de cet officier ; mais c'est la volonté, le caractère, l'application et l'audace qui m'ont fait ce que je suis.» (Napoléon Bonaparte à son frère Jérôme, 2 juin 1805, Milan — ceci pour tous les admirateurs de l'empereur aux cent jours avant la chute.)

Ce qu'il y a de bien avec le JLR, c'est que même aphone, je peux encore l'ouvrir ! Par exemple pour saluer l'attitude responsable de Dom et de Frédérique (qui ont bien failli se rencontrer en mars) de continuer la discussion en bas de page du 1er juin après plus de 60 commentaires le 30 mai — alors que des petits rigolos font des paris sur des nombres scabreux... Ceci dit, il n'y a pas de limite. À votre bon cœur !
Justement, à propos de L'Auberge espagnole, et même à 90 % aphone, on a continué le bilan du thème sexuel / amoureux dans le film (oui, je sais que les deux mots n'ont pas le même sens, merci...). Après les scènes vues la semaine dernière, on se demande pourquoi le film se focalise sur Wendy presque jusqu'à ce que Xavier quitte Barcelone. Klapisch ne l'a voulue prude, studieuse et gentille depuis le début que pour rendre plus surprenante son aventure avec un américain de passage — ce qui donnera au frère de Wendy l'occasion de racheter toutes les conneries qu'il a pu dire et faire en sacrifiant sa réputation d'hétéro pour sauver sa sœur... Ce frère qui, après une soirée bien arrosée, vomit abominablement pendant que sa sœur chante à tue-tête No Women No Cry, c'est aussi lui qui mime à Xavier comment d'un crachat du mâle la mouche femelle tombe enceinte...
Tiens, au fait, je me demande comment va ma sœur. Je n'ai eu que deux fois de ses nouvelles depuis son accouchement. Et tout allait bien. Mais quand même, j'y pense souvent. Je nous revois en mars sur les quais de Saône, elle avec son gros ventre, et tellement souriante. Faut dire que chez nous, les faire-part n'avaient pas la même couleur depuis deux semaines. Bien qu'elle ait repris ses cours à la fac et que les étudiants la distraient par leur fraîcheur et leur dynamisme, T. m'a dit au téléphone qu'elle ressentait un peu plus triste la tristesse, un peu plus fatale la fatalité, un peu plus vide chaque jour l'appartement vide qu'occupait son père. Je m'en doutais un peu ; je vais vite la rejoindre demain.


Ah, le petit rigolo c'est moi ! (je ne trouvais pas d'autre chiffre remarquable après le 62, suis-je bête, je suis allé trop vite, j'oubliai "68", plus chic. Mais bon, le pari était fait avec Bartle, dont je crains peu de heurter les oreilles prudes).
Promis, je te ferai un jour un commentaire de 12 pages contre les ignorants qui votent NON, pleines de contresens, d'artefacts, de rhetorique douteuse, et de sophismes, mais avec de la suffisance et de jolis mots non scabreux. :)
No Limits !
2005-06-02 19:07:27 de arte

On cause, on discute, on bavarde... mais et cette voix, est-elle revenue maintenant?
2005-06-03 09:16:47 de Frédérique Clémençon

Sur le site du Figaro ce matin
http://www.lefigaro.fr/referendum/20050603.FIG0130.html
Quand je lis ça, eh bien, je me dis que ce vote a été utile - et ridiculise un brin ceux qui disaient haut et fort qu'il n'y aurait rien si le NON l'emportait. Le crier était malhonnête (mais à la guerre comme à la guerre) - le croire revenait céder aux sirènes du catastrophisme.
Dans cinq heures, le début de la première demi-finale. Waouh.
2005-06-03 09:40:20 de Frédérique Clémençon

t'as du pot, toi! Moi, je ne peux pas le voir? ?suis dans le shinkansen? essai?
2005-06-03 10:24:33 de Berlol

Ricanement. Ridicule. Si vous arrêtez, j'arrête. D'ailleurs j'arrête déjà.
J'ai lu Kahn, pas très imprévisible. Je n'y crois pas, à la rébellion. C'est plus compliqué que ça. La tentation d'un "moment jacobin", mais avec des coalisés aux frontières fantômes, plutôt. Enfin, c'est un avis.
2005-06-03 10:45:36 de Dom

L'énergie du désespoir c'est quand on met tout le reste de la gomme intérieure dans le dernier renvoi...Quand il n'y a plus assez de jus, on se sent amers... on peut toutefois rester amers dans le sens de balises maritimes. L'Art de la conversation ressemble à celui de la navigation, il exige un cap , de la patience, de l'humilité et de la précision dans les manoeuvres. L'Océan n'est jamais à soi tout seul et lorsqu'il y a risque d'arraisonnement, il faut s'abstenir ou alors manoeuvrer au plus prudent. La rébellion n'est pas à confondre avec la mutinerie. On peut être en rébellion contre soi-même lorsqu'on n'arrive pas à faire coïncider l'image de soi avec l'image qu'ont les autres de nous , version désobligeante et désagréable s'il en est... mais on doit l'accepter pour ne pas grimper aux rideaux à tout instant.
Hier, il y avait un type devant mon pare-brise, passant de voiture en voiture au feu rouge avec un journal des "sans abri".J'en croise souvent et je donne autant qu'il m'est possible de donner, mais là, cette fois, je n'ai dit que "BONJOUR !" à ce visage d'homme fatigué, émacié, édenté... Je lui explique cela très simplement :" je ne peux pas donner tout le temps et à tous ceux qui sont là". Il me répond tranquillement "mais ce n'est pas grave Madame,aurevoir !" Je redémarre avec l'idée que la frontière est là, et qu'elle n'a rien de fantomatique... Et je retourne à mon travail de fonctionnaire à l'Hôpital avec un pincement au coeur... C'est bien ici que ça commence !!!
2005-06-03 12:11:06 de Marie.Pool

Marie.Pool, j'arrête pour ne pas lasser, moi je continuerais des jours, ça commence à se voir et à se savoir, non ? Et je voudrais rassurer tout le monde, je ne suis pas desespéré, tout juste un peu attristé. Et c'est vrai, peut-être un peu amer aussi, et peut-être pas qu'un peu enragé contre certains, mais ça ne me desespère pas.
2005-06-03 13:35:05 de Dom

Ca va mieux ta voix, Berlol ?
Comme tu le notes, heureusement qu'on a encore nos yeux.
2005-06-03 14:31:58 de Arnaud

Merci à Frédérique et Arnaud de s'inquiéter de ma voix. Elle revient, faiblarde encore. Mais comme je n'avais pas de cours aujourd'hui, mes cordes vocales ont pris du repos...
Faut que je fasse des gargarismes pour demain matin !
2005-06-03 14:51:56 de Berlol

Nous voilà contents.
Pour détendre un peu l'atmosphère qui s'appesantit encore fin mai, voici une petite information trouvée dans le dernier numéro de Courrier international, issue du China daily, de Pékin. Et je demande à ces messieurs de se pencher sur elle - si j'ose dire - pour me donner leur avis.
Les Chinois ne pourront plus déguster de sushis servis sur des femmes nues (vous ne pouvez pas voir la photo, là, dommage). Le ministère de l'Industrie et du Commerce vient d'interdire ces fantaisies, qui portent "atteinte à la dignité humaine" et "répandent des pratiques commerciales culturellement douteuses"
Et aussi, mais c'est trop long, un article sur le tri sélectif au Japon, la ville de Kamiktsu détenant le record avec 44 catégories de déchets, sur fond de dénonciation et poursuite des voisins peu scrupuleux, billets doux désignant par leur nom sur les lieux de tri les coupables, principalement des "intellectuels" (Berlol?), des célibataires, et des jeunes, forcément...
2005-06-03 15:35:26 de Frédérique Clémençon

Pile entre la lettre de Napoléon et les gargarismes de Berlol, paraissait en juin 1905, dans la revue Poesia, un article d'Alfred Jarry, pas sans rapport avec la "fabrication du Japon" que nous évoquions :
LE FOUZI YAMA
L'excellence de l'armement des Japonais, confirmé par leurs triomphes, consiste aussi bien en leurs canons de 305 millimètres qu'en leur incomparable mousquetterie.
Mais l'habitude qu'a ce peuple subtil de s'exprimer en phrases enveloppées, allégoriques et volontairement obscures fait que nul n'a pénétré le Secret de la Défense Nationale Nippone.
On sait pourtant que l'invention de la poudre et des armes à feu remonte, chez les peuples extrême-orientaux, à la plus haute antiquité ; à tel point que les Chinois et les Japonais, sans doute, il y a deux mille ans, blasés sur l'usage meurtrier du salpêtre, en préféraient faire emploi pour de bénins feux d'artifice.
Les premières missions qui pénétrèrent le Japon apprirent que Tokio était défendue par un cratère béant d'où pouvaient s'échapper, à intervalles, des explosions, feu et fumée. Et depuis la légende s'est accréditée et perpétuée par les atlas - confusion pire que celle du Pirée avec un homme - qu'il y avait une montagne haute de trois mille sept cent cinquante mètres - la portée du fusil - du fusil yama.
Que si l'on objecte que le prétendu volcan est assez peu en activité, qui soutiendrait qu'une arme à feu peut être à jet continu.
Dans les religions orientales, yama désigne uniformément le dieu de la mort.
Le nom du fusil japonais est donc bien - de même que celui de la Longue Carabine du héros de Fenimore Cooper : Mort Certaine.
Et les petits nippons, considérant l'ignorance européenne de la Géographie de leur île, doivent, s'appuyant sur leur arme, éclater, comme Oeil de Faucon, d'un bon rire silencieux."
2005-06-03 16:38:20 de Bartlebooth

Bien vu, Bartle ! C'est un thème que j'aime beaucoup, la fabrication du Japon !
2005-06-05 04:52:46 de Berlol

Les Japonais aussi d'ailleurs… ;)
2005-06-05 13:36:04 de Acheron



Vendredi 3 juin 2005. Laissant son manteau entre mes mains.

 Poètes ! Si j'en prenais un par le revers de son manteau, si je lui disais « viens à mon aide », il penserait « qu’est-ce que c’est que ce crabe ? » et s'enfuirait en laissant son manteau entre mes mains.

C'est de qui, ça ?

Le lendemain.
C'était Sartre... La Nausée, p. 177. Comme ça, hors contexte, ça ne veut pas dire grand-chose, hein ! J'en reparlerai dans la page de demain (aujourd'hui, en fait...).

« [...] j'étais assise derrière ta grand-mère qui regardait droit devant elle, je remarquai qu'elle avait un cou très fin, que j'aurais pu tenir entre mes mains et serrer jusqu'à ce qu'elle s'étouffe, ça ne me déplaisait pas de l'imaginer se tordre sur le siège avant, les yeux exorbités et la peau violacée, ses mains essayant de me faire lâcher prise puis se détendant, elle avait relevé ses cheveux en chignon, les cheveux blancs trop courts pour être attachés recouvraient sa nuque ridée, dont la peau flasque était piquée par endroits de taches brunes, elle avait un grain de beauté juste au-dessous de l'oreille droite, un grain de beauté aux bords irréguliers d'où sortait un long poil brun, sur le visage aussi elle avait des grains de beauté, tous assez gros et hérissés d'un ou deux poils, qui devenaient de plus en plus épais et longs à mesure qu'elle vieillissait [...] » (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 51)

On a tous quelqu'un à étrangler. Quelqu'un de la famille ou de l'entourage professionnel. De mon côté, je vois très bien qui. Mais ne pouvant le faire passer à l'acte, l'auteur focalise le regard du personnage sur ces grains de beauté, qui portent si mal leur nom. Leur macro-photographie devient, avec l'évocation du temps (à mesure que), film montré à l'enfant, ce qui est une autre manière de crime, crime de mémoire... Très juste, me dis-je en passant au onzième kilomètre sur le cadran de mon vélo statique. Après, soulevant des poids, je me demandais quelle motivation avait FC en écrivant ce livre. Je ne me pose pas toujours la question, à propos d'un livre. Parfois c'est très clair, parfois ça n'a pas d'importance. Mais ici, et connaissant l'auteur, sa gentillesse, et n'étant pas du tout certain que cela puisse (ou doive) être autobiographique, je m'interrogeais et me rendais compte que c'était le principal suspense de ces cinquante premières pages. Qu'on ne me dise rien, bien sûr, je me délecte d'attendre...

Dans le shinkansen, j'écoute une émission Du jour au lendemain avec Dominique Meens, pour son livre Aujourd'hui je dors. Et effectivement, après cinq minutes d'entretien, je dors.
Quelques passes verbales cryptées entre amis (Veinstein et Meens), quelques questions poético-banales et je m'enfonce pour plus de deux cents kilomètres. Près d'arriver à Tokyo, je me dis quand même qu'il faudrait dépasser le cap des dix premières minutes d'entretien et je redémarre le fichier. Il y a en effet quelques sujets intéressants, mais impossible de se faire une idée du livre ou du style de la personne. N'était l'admiration de Meens pour Ollier, je n'aurais rien perçu de littéraire dans cette émission. Je regarderai tout de même à la bibliothèque de l'Institut s'il y a quelque chose à lire de lui.

Rapide dîner avec T. au Saint-Martin (choucroute) avant de préparer le cours sur Sartre, en regardant de temps en temps augmenter déraisonnablement le nombre de commentaires au JLR du 30 mai...


Villepin ?
2005-06-03 17:24:22 de Bartlebooth

Gollnisch ?
2005-06-04 03:43:30 de Arnaud

Gargl!
2005-06-04 05:43:33 de Berlol

Gargamel ??!
2005-06-04 06:17:56 de Arnaud

Non ! "Gargl", c'est parce que je m'étrangle de ce qu'on me propose ! Allez, une piste : sur qui, sur quoi fais-je cours le samedi matin ?...
2005-06-04 07:45:14 de Berlol

Chirac et la constitution ?
Hé, hé, hé ! :)
2005-06-04 08:39:44 de Acheron

Moi je sais !! (Mais je ne le dirai pas ;)
2005-06-04 12:53:38 de Arnaud

Moi je sais !! (Mais je ne le dirais pas ;)
2005-06-04 12:53:44 de Arnaud

Je reconnais avoir été récemment un peu énervé (mais Christian, "limités du bulbe", c'était du discours indirect libre ironique, un supposé noniste parlait par ma voix...), j'aimerais intervenir sans doute une dernière fois (mouvements dans les rangs de la gauche) pour cette fois strictement l'opposition oui de gauche / non de gauche, puisqu'il faut bien commencer la nécessaire clarification entre nous. Donc, on n'évoque plus les problèmes de tactique, rien que les principes. Plus d'invectives.
J'ai relu rapidement Généreux (oui, le oui lit aussi), et il me semble que son raisonnement, cohérent une fois qu'on s'est habitué à sa lecture systématiquement biaisée et alarmiste du contenu du traité, repose sur deux grandes assertions complémentaires, pas si évidentes qu'il ne le dit et jamais interrogées. Or, à la base du oui de gauche se trouve très probablement une remise en cause profonde de ces deux postulats :
1. le modèle social français fonctionne, il atteint en principe ses objectifs, etc., et si ça semble ne pas être le cas, c'est parce qu'il est en butte aux agressions du néo-libéralisme, dont il faut, au minimum, se protéger (on n'en est plus à espérer le renverser). Il ne comporte aucun dysfonctionnement majeur sur le plan des principes. Ça a un petit relent de "globalement positif" à la Marchais (le socialisme, ce serait super s'il n'y avait pas le capitalisme en face). On peut en déduire des postures protectionnistes, ce n'est pas le cas de Généreux, qui plaide pour une Europe politique forte, fédéraliste, comme mes interlocuteurs ici même
2. il ne peut pas exister de société libérale, les deux termes sont contradictoires. Le libéralisme se développe quasi-nécessairement en néo puis en ultralibéralisme, et aboutit nécessairement à une destruction radicale des fondements mêmes de la vie en société, au seul profit des élites en place, etc. Les Etats qui pensent pouvoir répondre aux exigences de justice de leurs citoyens en recourant à ces politiques se trompent et les trompent, c'est impossible sur le principe même. Il est donc légitime qu'une vraie constitution européenne rende ces politiques libérales impossibles, parce que ces Etats sont essentiellement illégitimes et que leur existence met en péril le seul modèle de société viable, juste, etc. (Généreux pense en outre que le traité proposé à la ratification rend quant à lui impossible la mise en oeuvre de politiques authentiquement socialistes (au sens PS du terme, donc sans que ça aille de toute façon très loin dans l'expropriation des riches et des puissants), ce qui est largement douteux vu le poids respectif de l'Europe et des Etats.)
Comme de nombreux tenants d'un oui de gauche, je pense que l'une et l''autre de ces assertions devraient être interrogées plus avant, et que les institutions européennes doivent être organisées de façon telle que cette confrontation entre modèles soit rendue possible sans affrontement ouvert et dans un espace global de coopération et de solidarité.
Rosanvallon est excellent, merci à Arnaud de l'avoir remis en valeur ici.
2005-06-04 13:48:51 de Dom

Oui, cet article de Rosanvallon est excellent. Il paraît qu'il a parlé l'autre jour à la radio, m'a-t-on dit.
Il y a effectivement, je pense, une opposition gauche-gauche tant sur certains présupposés pourtant pas évidents, comme tu le notes, que sur les méthodes pour mener la politique elle-même (réformisme Vs radicalisme, selon la remarque de DSK).
Car, pour ce qui concerne le libéralisme, il faut quand même rappeler que la construction européenne s'est toujours basée sur ce fondement, durant toute l'après-guerre. Et cela sans pour autant viser "nécessairement" à un quelconque ultra-libéralisme, loin de là.
Quant à la critique du modèle français qui soit-disant "marche", il me semble que nous devrions davantage prêter l'oreille aux remarques de nos voisins anglais et allemands, et ne pas juste prétendre, comme le fait Acrimed.org, qu'il s'agit d'une conspiration ou d'un montage.
2005-06-04 14:30:57 de Arnaud

Une précision sur le complot.
Lordon, contrairement à ce que vous avez compris, ne parle nullement de complot. Il a raison, car il n'y en a pas. Au moins, pour une fois, sommes-nous tous d'accord, encore suis-je à peu près certaine qu'après avoir suggéré que je me prosternais au pied de la douce préférence nationale, vous avez dû penser que je devais être un brin borderline paronaïque. Eh non. (Cette position n'est pas partagée par Acrimed, qui a le tort, parfois, c'est tout à fait vrai, de crier trop vite à la manipulation, ce qui nous éloigne du problème.)
Rappelons simplement que, dans les semaines qui ont précédé l'ouverture officielle de la campagne, le CSA, l'Observatoire français des médias et l'émission Arrêt sur images ont noté un écart sensible entre les pro-oui et les pro-non, de l'ordre de 70/30 à 60/40. Etaient exclues de l'évaluation les multiples interventions des chroniqueurs et éditorialistes, presque tous favorables au OUI, d'où il ressort que les écarts n'en auraient été que plus grands. Il était normal qu'ils s'expriment ; il était curieux qu'il n'y ait en face nulle opposition - sans doute l'intelligence ne se déploiyait-elle que dans ce camp-là... et c'est bien là que se niche ce qui gêne.
Ce déséquilibre s'est amoindri au début de la campagne proprement dite, sous l'impulsion conjointe des injonctions du CSA à rééquilibrer le temps de parole, d'hommes politiques pro-oui jugeant que cet état de fait risquait d'être in fine contre-productif (et ils avaient raison puisque certains électeurs se sont déterminés en raison même de ce matraquage, qui a fini, quelle ironie, par accréditer la thèse du complot : pourquoi n'y avait-il en face que le silence ou une bande de neuneus criant à l'invasion?), des lecteurs/auditeurs exaspérés par ce déséquilibre et, surtout, d'un texte émanant des rédactions de France Télévision (quelque 110 journalistes) appelant à un traitement équitable de l'information. Précisons qu'un nombre non négligeable d'entre eux se sont prononcés pour le OUI, mais ont jugé contraire à la déontologie ce qui s'est produit. Les émissions à l'origine de leur appel (très suivi : 19000 signatures) étaient celles de Christine Okrent et d'Arlette Chabot, où l'on était en pleine caricature. Les avez-vous au moins vues? Moi oui. Un ouiste proférant des généralités, on laissait faire. Un noniste faisant de même, on lui tombait dessus et le sommait de s'expliquer sur le champ, texte en main. Je n'invente rien. D'autre part, cet appel a été renouvelé depuis les résultats, puisque le déséquilibre prévaut de nouveau et qu'on ne voit sur les plateaux de TV - Fabius excepté - que des opposants de droite au traité (voir, sur Acrimed, la petite histoire contée des exclus : http://www.acrimed.org/article2052.html) J'ai regardé la récente 'émission de la sympathique et souple Arlette Chabot sur France 2, et j'étais atterée de voir que ne figuraient sur le plateau que des poujadistes bas du plafond - j'avais honte - quand en face pétillaient des ouistes à l'oeil brillant, et naturellement très respectables.
Un reportage diffusé sur France Culture auprès des journalistes de France Télévision quelques jours avant le referendum, un autre diffusé jeudi dernier dans le cadre d'Envoyé Spécial, ne laisse aucune place au doute et Stéphane Paoli, rédac chef de France Inter et pro-oui, le reconnaissait : il y a bel et bien un problème au sein des rédactions qui ont porte sur le devant de la scène un OUI dans des proportions jugées rétrospectivement problémantiques, et un clivage sur lequel il convient de s'interroger, lequel ne met pas seulement aux prises le bon peuple et ses élites, mais le coeur même des rédactions. Ajoutons encore que l'injonction de la direction du Figaro à ses propres journalistes de signer collectivement un texte en faveur du OUI a soulevé l'indignation des journalistes, qui ont refusé. Idem à RTL : nul texte exigé, mais une main mise sur toutes les émissions par la direction qui a donné des consignes formelles, sur les personnalités à inviter. Mais peut-être s'agit d'une affabulation...
De la même façon qu'il est évidemment passionnant de faire la sociologie des NON, on pourrait faire de même pour le OUI dans le corps médiatique.
Pas de complot ni de manipulation dans cette affaire, mais bien plutôt un clivage de "classe" au sein des rédactions, un forcing qui s'est en quelque sorte auto-propulsé, qui oppose de manière caricaturale les grands éditorialistes et les rédacteurs "stars", et les rangs de journalistes plus anonymes. Ceci m'a été confirmé par deux amis, l'un travaillant dans une grande radio nationale, l'autre à l'AFP, peu suspects l'un et l'autre de voir des loups partout, et du reste partagés sur le traité, et est patent pour qui suit tout cela de près, sans se borner à un unique journal ou une seule station de radio.
Lordon ne fait rien d'autre que dénoncer cet état de fait, porté par l'arrogance (oui) de certains d'entre eux et, que cela vous plaise ou non, Colombani et July ont écrit des choses non seulement sottes mais indignes.
Sur le libéralisme, il convient, Arnaud, d'apporter une précision d'importance, et vous auriez tort de croire que Lordon, brave économiste d'ordinaire discret officiant dans un obscur laboratoire du CNRS mais poussé hors du bois par tant d'âneries, voit dans le libéralisme le monstre que vous croyez sans doute qu'il voit. Il le redit du reste dans ce texte que vous avez mésinterprété. Si cela vous chante, voici deux liens pour lire ce qu'il écrit (avant de vous plonger peut-être dans ses livres passionnants, mais oui, sur le libéralisme, précisément), où il remet en perspective l'évolution interne de la France sur cette question, à quoi s'ajoute une mention sur les métamorphoses du libéralisme.
Libre à vous maintenant de juger inexacts ses propos et de les démanteler. Quant à l'arrogance et toutes ces sortes de choses déplaisantes que vous lui reprochez, Dom, relisez ce que vous m'avez écrit la première fois, et convenez que je suis de bonne composition... ceci dit tout à fait aimablement, considérant qu'on n'aime guère, par ici, qu'une petite main vous tape sur l'épaule et vienne vous souffler à l'oreille que, sans le savoir, vous dites des choses abominables... j'adore)
http://www.sociotoile.net/article104.html
http://www.alencontre.org/page/France/EuropeLordon03_05.htm
Rosenwallon, c'était sur France Culture dans Les matins, le 30 mai.
2005-06-04 18:26:24 de Frédérique Clémençon

Voilà, vous continuez : Colombani est un âne, moi je mésinterprête, Dom doit relire ce qu'il a déjà lu, et s'il n'y a pas complot il y a bien manipulation et folie collective...
N'est-ce pas paradoxal de critiquer les autres qui, soit-disant, aurait l'arrogance d'apporter la vérité, tout en disant dans un même temps qu'ils ont tous, sans exception, tort, et que vous avez raison ? À méditer.
Et comment classeriez-vous ce texte de Lordon ? Comme une brillante étude d'économie, précise et objective, digne d'un chercheur du CNRS ? (Tiens, un membre des "élites" qui n'est pas critiqué ? )
2005-06-04 18:54:05 de Arnaud

« État de fait », « indigne », « le bon peuple », etc. etc. Vous devriez faire attention : vous commencez à écrire comme Nordon et autres idéologues à la langue de bois, à la poursuite des "socio-traîtres"...
2005-06-04 18:56:28 de Arnaud

Seigneur, mais écoutez, bon sang. Contestez-vous les faits, dont j'ai essayé de rendre compte objectivement? Je comprends très bien que, compte tenu de la position qui est la vôtre, le ton de Lordon vous agace. Mais qu'en est-il de l'essentiel? Vous me prêtez des intentions que je n'ai pas, des idées qui ne sont pas les miennes.
Vous êtes, finalement, comme ces gens : autiste.
On arrête là. Ces dscussions tournent en rond et commencent vraiment à m'énerver. Vous aussi. C'est parfait.
2005-06-04 19:19:45 de http://

Il n'empêche, je ne m'explique pas cet autisme dans les "échanges" entre partisans du oui et ceux du non... Comme si les arguments contre l'économie ultra-libérale venaient buter contre un mur : finalement pour ceux qui ont voté oui, que l'économie devienne encore plus libérale ne pose pas problème... Comme s'ils considéraient qu'on ne peut faire autrement... Qu'il n'y a pas d'autre solution.
D'accord avec Frédérique Clémençon pour dire que, sur le fond, mon interprétation de la Constitution est proche de celle de Lordon (Mais, dans la forme c'est vraiment indigeste... La lecture fut longue et laborieuse).
D'accord aussi sur le fait que, "bizarrement", depuis le vote, on ne voit plus que les gens souverainistes de droite dans les médias... Pour ma part, je trouve cela inquiétant et absolument pas représentatif de ce que j'ai entendu resortir des sondages faits lors des élections. Pour moi, ce n'est pas un complot, c'est juste un fonctionnement des médias histoire de faire dans le "sensationnel", puisqu'une fois dit que la majorité des votants s'inquiétait du fait que le libéralisme se trouverait constitutionnalisé, ils ont tourné la page...
De même, ce post est le dernier sur le sujet : au cas où quelqu'un voudrait y réagir, désolé, mais je ne donnerai pas suite... C'est le der des der sur la question et je n'y reviendrai pas !
2005-06-04 22:40:54 de Au fil de l'O.

RICOCHET SOUCHON
(Un qui chante OUI à l'EUROPE et que j'aime bien)
{Refrain:}
Dans les poulaillers d'acajou,
Les belles basses-cours à bijoux,
On entend la conversation
D'la volaille qui fait l'opinion.
Ils disent :
"On peut pas être gentils tout le temps.
On peut pas aimer tous les gens.
Y a une sélection. C'est normal.
On lit pas tous le même journal,
Mais comprenez-moi : c'est une migraine,
Tous ces campeurs sous mes persiennes.
Mais comprenez-moi : c'est dur à voir.
Quels sont ces gens sur mon plongeoir ?"
{Refrain}
"On peut pas aimer tout Paris.
N'est-ce pas y a des endroits la nuit
Où les peaux qui vous font la peau
Sont plus bronzées que nos p'tits poulbots ?
Mais comprenez-moi : la djellaba,
C'est pas ce qui faut sous nos climats.
Mais comprenez-moi : à Rochechouart,
Y a des taxis qui ont peur du noir."
{Refrain}
"Que font ces jeunes, assis par terre,
Habillés comme des traîne-misère.
On dirait qu'ils n'aiment pas le travail.
Ça nous prépare une belle pagaille.
Mais comprenez-moi : c'est inquiétant.
Nous vivons des temps décadents.
Mais comprenez-moi : le respect se perd
Dans les usines de mon grand-père."
Mais comprenez-moi...
Ben, OUI, on a compris mais comment qu'on s'y prend maintenant ?
2005-06-04 23:18:52 de Marie.Pool

En pensant au MANTEAU... je pense soudainement à celui de St MARTIN !
2005-06-04 23:20:09 de Marie.Pool

Ce n'est pas que le "ton" m' "agace". C'est qu'il parle comme un idéologue d'ultra-gauche. Terrifiant.
Si ce type de personne était au pouvoir, bbbrrrr, où serions-nous jetés, nous les "universitaires et journalistes", comme il nous met dans le même sac.... On croirait lire un Khmer rouge.
Si vous n'appelez pas cela du populisme, alors répondez à la question suivante s'il vous plaît : qu'est-ce que vous appelez populisme ? Si vous ne voyez pas que ce texte se range dans du populisme haineux et anti-intellectualiste, alors trouvez-moi ne serait-ce qu'un seul texte sur le net que vous pourriez classer, vous, dans cette catégorie. J'attends.
2005-06-05 03:52:45 de Arnaud

Ces discussions m'énerveraient ? Il y a deux jours, l'Italie a demandé à ce que l'on étudie un retour à la double circulation lire-euro ! On en est là, à peine quatre jours la "victoire" du Non. Où va l'Europe ?... Se méfier des soit-disant acquis...
Quant à l'ultra-libéralisme soit-disant "inscrit dans la constitution" et dont on dit que je le défendrais, se reporter à l'article de Rosanvallon, déjà présenté. Ce mot est devenue un anathème de l'ultra-gauche, pour critiquer ses propres incapacités à gouverner. Il faut dire qu'ils n'ont jamais gouverné d'ailleurs, au LCR & co.
2005-06-05 04:04:38 de Arnaud

"Rosenvallon, c'était sur France Culture dans Les matins, le 30 mai", disais-tu, Frédérique. J'ai essayé de réécouter sur le site mais ça ne marche pas (même en bidouillant le nom de fichier). Est-ce que quelqu'un l'aurait enregistré ?
2005-06-05 04:51:17 de Berlol

Jacques Rancière, le vendredi 3, même émission, c'est très bien !
Et le fichier est bien disponible à l'écoute.
2005-06-05 05:51:39 de Berlol

"Populisme : n.m. (1929; du lat. Populus "peuple"). Ecole littéraire qui cherche, dans les romans, à dépeindre avec réalisme la vie des gens du peuple. "
2005-06-05 10:04:06 de arte

Tiens, voici une définition intéressante que je ne connaissais pas, cher Arte !
Quels écrivain(e)s représentent ce courant littéraire ? Quels pays concerne-t-il ?
2005-06-05 10:18:28 de Arnaud

Cara Frédérique,
Si on invite des "poujadistes bas de plafonds" (halte aux invectives), n'est-ce pas aussi parce que leur position a le mérite d'une indubitable cohérence idéologique et politique ?
Si on sommait les nonistes de se justifier texte en main, n'est-ce pas aussi parce qu'une part des arguments qu'ils avançaient reposaient sur des falsifications éhontées ?
(juste un exemple rappelé [il faudra désormais rappeler beaucoup] parmi les plus caricaturaux : le non 'féministe", d'un texte normatif sans doute le plus féminise qui soit, au nom d'une prétendue remise en cause du droit à l'avortement par l'article II-62-1 [il fallait bien que quelque chose allât de travers jusque dans la charte] : Toute personne a droit à la vie, alors que l'affaire avait déjà été réglée [des recours contre la loi française fondé sur une disposition analogue de la convention européenne des droits de l'homme avaient déjà été déboutés], tout simplement parce que tout juriste [c'est un métier] sait que l'embryon n'est pas une personne juridique [limites de l'autodidaxie, chers "éducateurs populaires"].)
2005-06-05 11:51:46 de Dom

Ouf, ça y est, j'ai fini de rattraper mon retard dans le JLR par les 2 bouts (30/5-3/6 d'un côté, 4/6-7/6 de l'autre : on dirait presque un score de tennis). Ce fut long, surtout les 109 commentaires du 30... Après ça, plus trop envie de mettre mon grain de sel...
2005-06-08 09:59:42 de Manu



Samedi 4 juin 2005. Le concept de ricochet.

J'avais idée de faire un petit bilan des commentaires post-électoraux mais je crois qu'il est encore un peu tôt... Attendre que le cake sorti du four soit froid pour le découper.

Et puis j'étais encore tout étonné d'avoir pu formuler clairement, je crois, une idée sur le texte de Sartre alors qu'hier soir et ce matin encore, elle était brumeuse. C'est l'exemple typique de l'injonction de penser à laquelle celui qui n'a que quelques notes d'une lecture attentive doit obéir devant ses étudiants pour réussir un cours — par rapport à celui qui rédigerait à l'avance (ce rédigé-à-l'avance qui rend souvent les conférences et les colloques si soporifiques).
En effet, j'avais bien noté aux pages 175-176 la convergence paroxystique des éléments épars de la nausée de Roquentin (le dégoût de l'humanisme, le galet, la valorisation du toucher, les objets perdant leur utilité, leur devenir monstre, tout comme Roquentin lui-même, contraint de s'enfuir), j'avais même déjà remarqué la raison probable du choix du « galet » comme chose inaugurale de la nausée (son paragrammatisme avec « égal », « que tout me soit aussi égal, ça m'effraie » (p. 175), qui ouvre le chemin de la contingence et de la gratuité, du « trop » (p. 183) des choses et des actes), mais je n'avais pas prévu de trouver la « clef » (p. 184) cachée du déclenchement des crises : le concept de ricochet (p.14 et al.). Ne préparant mes cours d'explication de texte le plus souvent qu'avec ma propre confrontation à l'œuvre, je ne sais si des chercheurs ont déjà dégagé cela de leur lecture — un googlage tend à faire penser que non. De quoi s'agit-il ? Éh bien, du fait que la nausée que ressent Roquentin vient chaque fois de l'extra-ordinaire manifestation d'un objet (galet, poignée de porte, manche de couteau, etc.) qui, perdant sa fonction sociale conventionnelle, devient monstrueusement présent (existant) et inutile, c'est-à-dire aussi prêt à n'importe quoi (vertige de l'infini fonctionnel). Or qu'est-ce que le ricochet ? C'est le rebond d'un solide sur un liquide du fait du faible angle d'arrivée (à mesurer à l'inclinomètre de précision de Cel) et de la vitesse au point de contact. Dans la plupart des cas (ordinaires) de contact entre un solide et un liquide (la densité de l'un étant généralement supérieure à celle de l'autre), il y a pénétration, passage, entrée dans le liquide, ce qui correspondrait ici à l'usage normal d'un objet dont la fonction conventionnelle et sociale (se) passe normalement, c'est-à-dire sans qu'on y fasse attention : il est à côté, on le prend et on l'emploie. Dans un nombre de cas beaucoup plus rare (extra-ordinaire), l'objet résiste, il ne livre pas sa fonction, ou la perd (amnésie), ou l'a perdue (objet provenant d'un temps ou d'une civilisation lointaine) et devient objet d'un regard détaillé pour lui-même qui le rend proprement montrable, c'est-à-dire monstrueux (et parfois esthétisant pour en faire un objet d'art exotique).
Le ricochet serait donc à la fois analogon proleptique et mise en abyme de la nausée en tant que phénomène de résistance (le ricochet par résistance du liquide, la nausée par résistance de la fonction). La suite au prochain épisode...

Déjeuner au Saint-Martin parce que T. avait promis aux deux gardes-malade de son père venues en visite amicale, maintenant réaffectées séparément à la garde d'autres personnes, de leur faire connaître ce restaurant français dont elles avaient entendu parler durant six mois. Le simple (mais excellent) poulet-frites les a enchantées.
Ai pris un café avec Arnaud de retour de France où il était allé briguer des postes (je n'en dis pas plus, résultat dans quelques semaines...). Lui aussi est étonné par le phénomène des commentaires dont le nombre décolle à l'occasion d'événements importants comme le vote de la semaine dernière. Nul doute que les chercheurs, les médias, les politiques, bref presque toutes les instances de la société devront bientôt tenir compte de ces nouveaux phénomènes dans leurs démarches de communication ou de saisie de l'opinion publique.


Le ricochet et Saint-Martin?
Ça m’a evoqué cette scène d’un film français.
http://ameliepoulain.france-techno.com/wallpapers_2.jpg
2005-06-04 18:38:30 de koike1970

Pour ce qui me concerne, on devrait être fixé à la fin du mois de juin. Je tiendrai tout le monde au courant, bien sûr.
2005-06-04 18:46:23 de Arnaud

héhé, merci pour le ricochet !
2005-06-04 20:10:37 de cel



Dimanche 5 juin 2005. Relativisons leur stock d'études...

Deux choses à dire dès le matin :

Rendre à Poincaré, Henri, qui, il y a 100 ans, publiait une note qui influença le jeune Einstein, ce dernier oubliant ensuite d'où l'idée était venue...

« Si le monde tend vers l'uniformité, ce n'est pas parce que ses parties ultimes, d'abord dissemblables, tendent à devenir de moins en moins différentes, c'est parce que, se déplaçant au hasard, elles finissent par se mélanger. Pour un œil qui distinguerait tous les éléments, la variété resterait toujours aussi grande ; chaque grain de cette poussière conserve son originalité et ne se modèle pas sur ses voisins ; mais comme le mélange devient de plus en plus intime, nos sens grossiers n'aperçoivent plus que l'uniformité.» (Henri Poincaré, La Valeur de la science, p. 200)

Dans la nuit...
Il y a bien longtemps que nous n'avions plus eu le loisir de nous promener ensemble un dimanche, T. et moi. C'est le cadeau que me font les amis pongistes, aujourd'hui indisponibles. Et aussi celui que T. reçoit finalement de son père : retrouver du temps libre. De chez nous à Iidabashi, puis d'Iidabashi à Jimbocho en passant par l'hôtel Edmont, puis dans quelques magasins de sports de montagne où nous achetons quelques articles pour de futures randonnées, puis de Jimbocho à la gare de Tokyo, en traversant la galerie de l'immeuble OAZO... Uniquement des rues et des avenues désertes le dimanche.

J'écoute sans l'écouter Rimbaud. Sans l'écouter, parce que si je l'écoute, je ne peux pas écrire en même temps, ni lire autre chose, ni discuter avec T. Mais j'écoute au sens où je surveille d'oreille le flux de son numérique que j'enregistre. Et je fais bien parce qu'après deux heures de diffusion, ça coupe. Il y a bien la limite. Il faut cliquer OUI pour dire si l'on veut continuer l'écoute (toute similitude avec un récent scrutin serait fortuite), et c'est reparti pour deux heures. Maintenant, j'attends qu'il soit une heure du matin pour recliquer pour deux heures. Pour après, j'ai programmé un arrêt et un redémarrage automatique pour les deux dernières heures, de 3h à 5h du matin, les Illuminations...


Heu ce post n'a rien a voir avec la choucroute, mais en fait j'aimerais demander à Arnaud sa spécialité. Très curieux (trop peut-être...), le fait qu'il ait fait le tour des départements de japonais en France me titille... Mais, comme je n'ai pas d'autre mode de contact avec lui, ben, merci Berlol de me permettre au moins de poser la question... Et puis, pour ne pas monopoliser la place ici, Berlol, tu peux donner mon adresse mail à Arnaud, ce sera plus simple... Merci encore pour tout !!
2005-06-05 11:52:33 de Au fil de l'O.

Le camarade Arnaud est historien.
2005-06-06 05:31:08 de Acheron

Je vois les posts de ce jour avec retard. Trop pris par les autres jours...
Berlol, tu peux transmettre bien sûr mon email à l'O. Je suis historien, donc. Spécialiste de la période moderne et contemporaine.
Ce passage de Poincaré est très intéressant, Berlol. Surtout qu'il recoupe tout à fait (mais tu devais y penser ?) les discussions que l'on a eu l'autre jour au sujet de la linguistique, qui ne me semble pas réfléchir la proximité des langues autrement qu'en les saisissant dans un rapport de filiation ou de non-filiation commune, soit sans conférer toute l'importence qu'ils méritent aux phénomènes de convergence.
Pourtant, l'homogénéité, même superficielle, est toujours le résultat d'un processus historique, et ne relève certainement pas d'une homogénéité ancestrale, mythique.
2005-06-06 14:30:06 de Arnaud

Et oui, la Culture et la langue sont comprises presque selon les mêmes principes au XIXème et au début du XXème.
La filiation : toujours la question qui turlupine…
2005-06-06 15:27:20 de Acheron

Oui. Autant la linguistique était à la pointe méthodologique de la recherche universitaire dans les années 1930, autant j'ai l'impression que ça n'a pas bougé beaucoup depuis.
Bon, comme je ne connais pas très bien je ne peux pas donner un avis très construit, mais c'est l'impression que j'ai en lisant des textes récents ou en discutant avec eux. Notamment sur la prégnance du point évoqué ci-dessus dans leur raisonnement.
2005-06-06 16:28:09 de Arnaud

Tu veux dire la pregnance du poincaré?
2005-06-06 17:56:29 de arte

Damned, parfois même si je sors le dictionnaire je ne comprend pas ce que vous dites monsieurs-dames...:
"... Surtout qu'il recoupe tout à fait (...) les discussions que l'on a eu l'autre jour au sujet de la linguistique, qui ne me semble pas réfléchir la proximité des langues autrement qu'en les saisissant dans un rapport de filiation ou de non-filiation commune, soit sans conférer toute l'importence qu'ils méritent aux phénomènes de convergence." .
Le dernier "ils" c'est qui c'est quoi???
Mille excuses si ma question paraît stupide, d'ailleurs là j'ai la tête sous le sable...non, pardon, submergé par les photos c'est déjà suffisant!
2005-06-06 18:28:15 de Bikun

ILS ça doit être les phénomènes de convergence à la pregnance du Poincaré qui reflechit pas assez autrement linguistiquement parlant qu'ils ont eu l'autre jour comme sujet de discussion, tu vois ?
2005-06-06 20:59:55 de arte

Oui, le dernier "ils", ce sont les phénomènes de convergence.
2005-06-07 02:20:58 de Arnaud

La prégnance de la question de la filiation et des origines des langues.
2005-06-07 02:22:13 de Arnaud

Attention à votre langage : converger est obscène… oui, oui, je sais, je m'en vais…
2005-06-07 03:18:02 de Acheron

Ha ha ha
Et « incorporer » alors ? Ceci-dit, plus sérieusement, il paraît que cela désigne un type de traitement des morts de la communauté, c'est-à-dire non par enterrement ou crémation, ni par rejet, mais par... cqfd.
2005-06-07 04:16:08 de Arnaud

De plus en plus dégueulasse…
2005-06-07 11:32:09 de Acheron

C'est vous qui me lisez de travers... ;)
2005-06-07 11:51:30 de Arnaud

Mais c'est toi qui est plein d'ambiguïté et de lapsus ! Oups, pardon, voilà que ça recommence…
2005-06-07 11:59:15 de Acheron

Berlol, y'a des rigolos qui font des plaisanteries scabreuses (sic), là... t'as vu?
2005-06-07 12:21:27 de arte

Eh, z'avez pas des trucs à faire, là ? Ch'ais pas, moi, la vaisselle, des courses, l'usine, la fac... Au lieu de traîner chez moi vos airs concupiscents...
2005-06-07 12:36:06 de Berlol

Non :)
Et puis comme tu t'y mets aussi…
2005-06-07 12:54:29 de Acheron

Bah, c'était pour détendre un peu l'atmosphère bien emmanchée (oups !) de l'autre jour. ;)
2005-06-07 14:44:13 de Arnaud



Lundi 6 juin 2005. Premières chaleurs, premiers grillons.

Ceux qui croient à la beauté du verbe
Ceux qui croient à la puissance du verbe
Se battent les uns contre les autres

Le dentiste fixe ma couronne, fin d'un premier cycle de soins dentaires.

Premières chaleurs, premiers grillons. Dès qu'on sue, c'est dans leur vacarme.

Le GRAAL sur Benoziglio à quatre (les autres sont ailleurs). Série de digressions sur la Suisse, la France, l'Europe, la Révolution, les Capet et les Bourbon. Inrésumable.

Dînant, je regarde Le Rôle de sa vie, film de François Favrat (2003), avec Agnès Jaoui et Karin Viard (et aussi Martial Di Fonzo Bo, acteur que j'apprécie beaucoup). Même si je n'ai pas d'autres titres tout de suite à l'esprit, j'ai l'impression que l'observation du trou noir relationnel qui se forme autour d'une vedette est un classique du genre.
Ce film plutôt fin et agréable à regarder — et pas seulement parce qu'il y a Agnès Jaoui — montre bien, avant que Karin Viard ne l'énonce à la fin, que la vedette, de plus en plus stressée par un emploi du temps infernal, détachée du monde par des préoccupations centripètes, capricieuse comme un enfant n'ose pas l'être, est autant responsable de ce phénomène que les membres de cet entourage eux-mêmes, tous différemment serviables jusqu'à la servilité. Leur ensemble est un ballet qui devient vite une sarabande et finit souvent en pugilat. Ici non, parce que l'on n'a pas voulu en faire une tragédie, une femme fatale, et parce qu'il y a des gens qui ne vont pas naturellement et systématiquement voir ce qu'il y a au fond des trous noirs.


Mardi 7 juin 2005. Un os, un os tal gît.

Perle formique dans mon paquet de copies matinal : Je crois qu'il a 27 ants.

À première vue, réécouter, sur le site Scopitones, A Whiter Shade of Pale (Procol Harum, 1967), est plutôt un truc marrant que l'internet permet de faire à n'importe quelle heure. On rigole en découvrant ces poses ridicules, ces costumes affectés dans une campagne avengeresque. Et le chanteur qui bouge à peine les lèvres alors que la voix tonitrue son mal de mer... Puis soudain, on rigole moins. Une fine et longue aiguille vient de transpercer la mémoire  — glace les sangs. Ce tube, c'est une des musiques sur lesquelles on emballait le mieux dans les années 70, quand j'allais en colo de ski. Ou à d'autres occasions dans l'année. Quand ça dansait, on l'attendait — sa première note d'orgue. Ce n'est pas que telle joue, telle lèvre, une épaule, une taille, voire la bombe d'un sein, d'une fesse me soient précisément réapparues, telles que chaloupantes dans l'ombre enfumée d'alors. Mais leur somme dans le lointain, brumeuse, indistincte, toujours irradiante cependant. Et la sensation qui les accompagnait, à nulle autre pareille. Ce qui n'était encore qu'un tout petit Berlol presqu'illettré, brûlé de belles fièvres, ramène sa frimousse en filigrane vidéo. La chanson devient barge qui drague la mémoire des dragues et des pelotages d'antan. Est-ce pour vouloir y replonger ? Pour sûr que non. J'en ai soupé de la danse, cette frustration verticale d'un désir horizontal (Pierre Desproges). Commencé comique, le scopitone ! Et fini sur un os, un os tal gît !
Oui, c'est vrai, « tal » ça ne veut rien dire. Tant pis.

Le ping-pong vespéral est de grande qualité. David se surpasse et une collègue prof d'économie et pongiste surdouée (celle dont l'humour nous rétame de son clair « nice try » quand on fout tout bonnement la balle à côté) consent même à lui donner quelques leçons pendant que j'étale un autre participant en match à l'ancienne (en 21). Tout ça se passe dans le brouhaha musical des majorettes qui s'entraînent et crient dans une moitié de notre salle. De temps en temps nous les regardons en envoyer une en l'air au millimètre près, idem pour la réception dans un lit de bras. Après le départ de David, je joue un match en trois manches contre Miss Nice Try qui sait aussi reconnaître « nice smash »... Et de fait, je gagne la première manche, perds giri giri (de justesse) la seconde et me fait humilier à la belle. Encore tant pis. I'll be back.


"Putain, ce que j'en ai emballé des filles sur ce truc !", lâche, à peu près, Jean-François Stévenin larmoyant, dans Lune Froide, pendant que Bouchitey préfère tripper sur Jimmy Hendrix.
Tout en lisant ta note, j'écoute, en vinyle que j'ai trouvé ce week-end en brocante, l'album Home (1970) de Procol Harum. Très beau, très émouvant.
2005-06-07 22:41:44 de Bartlebooth

Je trouve ça dans le Monde. Comme nous en avions parlé dans ces lignes il y a quelques mois… Comme Ishihara est un facho nationaliste de première, cet argument pourrait faire mal ;) : qu'est-ce qu'ils avaient au Japon côté math quand nous on avait Descartes…
Le gouverneur de Tokyo traite le français par le mépris et l'injure
La mesure dans les propos n'est pas la qualité première du gouverneur de Tokyo, Shintaro Ishihara, connu pour ses formules provocatrices et un populisme xénophobe souvent tourné contre les Chinois ­ responsables, selon lui, de l'augmentation de la petite criminalité.
Dans la même veine, il s'en était pris il y a quelques mois à la langue française : "Inapte au calcul, il est normal qu'elle soit disqualifiée comme langue internationale" , aurait-il déclaré. Propos aussi outranciers qu'injustifiés : l'école mathématique française, reconnue au Japon, a largement contribué, après la seconde guerre mondiale, à la diffusion de cette discipline chez les sientifiques japonais.
Une douzaine de professeurs de français s'apprêtent à attaquer en justice le gouverneur de Tokyo pour diffamation d'une langue qui figure parmi celles des Nations unies. Ce n'est pas la première fois que M. Ishihara est traîné en justice : il a déjà été l'objet d'une plainte déposée par 468 Japonaises à la suite de ses déclarations sur "l'inutilité des femmes après la ménopause" , employant pour désigner celles-ci le terme péjoratif de "baba" (la "vioque" ). Déboutées en première instance, les plaignantes ont fait appel.
Dans le cas des propos sur la langue française, le service de presse de la municipalité n'est pas en mesure de confirmer ou d'infirmer qu'ils aient été tenus, mais aucune mise au point ni démenti n'ont été adressés au quotidien Mainichi, qui les avait publiés. La municipalité n'a pas non plus répondu à une demande d'éclaircissements de son confrère Asahi.
Ce qui aurait pu rester une simple "ineptie intellectuelle" de M. Ishihara, selon la formule d'un de ses adversaires, a suscité une volée de protestations d'enseignants français et de leurs homologues japonais francisants.
Les propos du gouverneur de Tokyo sont d'autant plus alarmants, estiment-ils, qu'ils semblent confirmer le traitement subalterne dévolu à la langue française dans la réforme de l'enseignement concoctée par la municipalité de Tokyo.
Bien que, entre 1999 et 2003, le nombre des étudiants de français ait fléchi de 10 %, 240 000 Japonais l'étudient encore dans 500 des 670 établissements d'enseignement supérieur. Le déclin du français est dû à plusieurs causes : la décision du ministère de l'éducation de rendre facultatif l'apprentissage d'une seconde langue, la focalisation sur l'anglais, exigé par beaucoup d'entreprises, et l'essor du chinois et du coréen.
Philippe Pons
Article paru dans l'édition du 08.06.05
2005-06-08 00:42:30 de Acheron

Merci d'avoir mis cet article Acheron. C'est bien que Pons en parle.
2005-06-08 02:44:27 de Arnaud

Oui merci, c'est trop trop bien que Pons il en parle. Merci encore hein !
2005-06-08 13:53:03 de arte

Oui, merci Acheron. Tu as bien fait.
2005-06-08 15:04:10 de Acheron

Tiens, un troll ? C'est rare ici encore.
C'est quoi ces deux messages précédents, signés de arte et de Acheron ?!
2005-06-08 15:21:41 de Arnaud

Ce doit être Acheron qui se congratule d'être utile. ;)
2005-06-08 15:34:08 de Acheron

Ha bon, au temps pour moi alors.
2005-06-08 16:53:27 de Arnaud

Oui, on parle beaucoup de cet article qui vient tout de même un peu tard... tout comme les réactions (à venir?) de l'ambassade. Enfin, tant mieux!
France-Japon.net a attiré l'attention sur ce problème des le mois de novembre 2004 (!), puis à 4 reprises:
Pour celles et ceux qui n'auraient pas bien suivi "le film", lisez les articles:
http://france-japon.net/modules.php?name=News&file=article&sid=182
http://france-japon.net/modules.php?name=News&file=article&sid=167
http://france-japon.net/modules.php?name=News&file=article&sid=166
http://france-japon.net/modules.php?name=News&file=article&sid=129
Bonne soirée.
2005-06-08 17:15:13 de Christian

Ça me fait bien marrer que le service de presse du maire ne soit pas en mesure de confirmer, etc...
La vidéo est toujours en ligne. C'est à la 3e minute...
2005-06-08 17:18:59 de Christian

Merci pour le rappel de "Lune froide". En fait, de Procol Harum, je crois que je ne connais que cette chanson. Ils en ont donc fait d'autres !...
Merci pour Pons aussi mais plutôt d'accord avec Christian : tout ça vient un peu tard. Par exemple avant le massacre de Toritsu, ç'aurait été bien de faire pression et de lutter contre ce type extrêmement dangereux. Maintenant, c'est un peu trop tard.
Il se verrait bien en premier ministre, j'imagine.
2005-06-08 17:34:38 de Berlol

Reconnaissons un seul avantage à Ishihara: il dit tout haut ce que d'autres pensent tout bas. Il est ainsi plus facilement repérable.
Depuis le 19 OCTOBRE, date de sa déclaration, le temps a dû paraître bien long à ceux qui ont eu à subir toutes sortes de mesures de suppression de postes, de restrictions de cours, etc.
On ne peut pas dire que le soutien soit venu de l'ambassade et/ou de la France en général. Et s'il arrive maintenant, il est bien tard!
Car dès le 6 novembre 2003 (oui, 2003!), france-japon.net publiait cet article intituté "Université Municipale de Tokyo: conflit avec la mairie":
http://france-japon.net/modules.php?name=News&file=article&sid=5
Déjà plus d'un an et demi!!
Beurk.
2005-06-09 01:39:25 de Christian

Entièrement d'accord avec toi Christian. Mais peut-être qu'en France aussi ils étaient réticents à en parler, car cette déclaration aurait lieu devant Delanoë, lors de son passage à Tôkyô (ville jumelée avec Paris). Et, souhaitant éviter l'incident diplomatique, le service de presse de la mairie de Paris n'a pas été, lui aussi, en mesure de confirmer cette déclaration de l'homologue de Tôkyô.
Ceci-dit, pour ce qui est de la facilité de repérage, je ne suis qu'à moitié d'accord. Ishihara a été élu (et même deux fois). La majorité des habitants de Tôkyô le soutiennent, rien de plus clair.
2005-06-09 02:49:22 de Arnaud

L'Ambassade de France n'a pas soufflé mot ???? C'est une honte !!!!
2005-06-09 07:46:50 de vinteix

Arnaud, les raisons de se taire devant l'inadmissible n'ont jamais été de bonnes raisons.
Parce que des excuses, on peut en trouver d'autres...
Par exemple, le statut du lycée franco-japonais en cours de modification et ayant besoin d'autorisations et de la reconnaissance officielle de la municipalité de Tokyo, les ventes de produits de produits de luxe et d'Airbus, etc...
Et puis, tu crois que les gens qui l'ont élu ne le connaissent pas?
Au contraire! C'est en parfaite connaisssance de cause qu'ils l'ont choisi. C'est bien triste mais c'est comme ça. Le "bon peuple" de Tokyo s'est choisi un maire à son image!
De Vinteix nous dit que "c'est une honte" que l'ambassade n'ait pas pipé mot. Mais aucun politique français non plus, mon cher Devin Teix... L'ambassade prend ses ordres à Paris que je sache.
2005-06-09 09:54:03 de Christian

Quid de ces "DE Vinteix" ou "DEVIN Teix" ???
2005-06-09 12:58:12 de vinteix

Je ne suis ni noble ni devin... Merci.
2005-06-09 13:00:04 de vinteix

Je precise, bien que cela n'est absolument aucune importance, que ce pseudo "Vinteix" est simplement la contraction de mes nom et prenom (Vincent Teixeira), ce que vous ne pouviez pas savoir, il est vrai, mon cher Christian... mais je vous dispenserais de ces jeux de mots faciles et vides...
Si vous voulez faire de l'insulte litteraire, ayez dans ce cas, un peu plus de style et d'allure... jetez par exemple un coup d'oeil a certains tracts surrealistes, a "Un cadavre" ou aux insultes - mais O combien truculentes et stylees - qu'ont pu s'echanger, par exemple, a un monent donne Breton et Bataille...
2005-06-09 13:16:08 de vinteix

cela dit, merci pour l'information concernant les liens entre Paris et l'ambassade... je suis assez beotien en la matiere.
2005-06-09 13:17:05 de vinteix

Moi de même.
2005-06-09 16:45:21 de Arnaud

"Oui, c'est vrai, « tal » ça ne veut rien dire. Tant pis."
Oui, mais une fois dit, gît tal.
2005-06-11 08:25:10 de jcb



Mercredi 8 juin 2005. Aucun angle d'attaque n'est reproductible.

Comme souvent en milieu de semaine, pas grand-chose à dire. Ou pas beaucoup de capacité à dire grand-chose. Ce qui n'est pas tout à fait pareil. Parce que des choses à dire, il y en aurait toujours. Rapport au temps qu'il a fait, aux personnes croisées, à ce qu'on a vu dans le réseau, au courrier reçu... Et les oiseaux de Bartlebooth, et les maiko de Bikun, tant qu'on y est.
Et ce qui manque n'est même pas tant la motivation que l'angle d'attaque — comme un lieu fermé dont on devinerait les merveilles contenues mais pour lequel on n'aurait aucune clé ni porte.
L'angle d'attaque est la possibilité qu'une masse compacte et inaccessible devienne une matière préhensible, malléable, étalable et transmissible. Chaque angle d'attaque produit un résultat unique et inimitable et aucun angle d'attaque n'est reproductible.
Dire sa journée ou dire quelque chose de sa journée n'est ainsi jamais deux fois de la même eau.

« Quand le jour se lève se pose alors le problème de ce que je vais faire de ma journée. Éh bien en général je ne fais rien parce que je n'ai goût à rien, parce que je n'ai envie de rien. Je reste allongée sur mon lit, somnolant dans mes draps sales, mordant une tablette de chocolat au lait, vidant un pot de miel à l'aide d'une petite cuillère que je lèche avec soin, lisant un peu mais seulement des histoires vraies, des témoignages, des faits divers, toutes sortes d'entretiens, les inepties des romans et de la poésie ne m'intéressent pas, imaginant une autre vie que celle que je mène ici, une vie qui n'appartiendrait qu'à moi.» (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 60-61)

Quand on s'échine sur un vélo statique — et qu'un petit vélo tourne aussi au plafond —, il vaut mieux lire ça que de regarder le match de football Japon-Corée du Nord. Quoiqu'à l'autre bout du spectre de mon possible, cette scène d'abandon de soi s'entend parfaitement. Les lignes qui suivent — et que je ne cite pas pour laisser du suspense — donnent la clé de ce comportement. On métaphorise en allant construire des barrages, comme un castor au bord de la rivière — des barrages contre les agressions, comme une castrée au bord de la mère...
Où l'on voit aussi un auteur qui se met en abyme par l'absurde moebien (se dire en disant son envers phobique), qui serait quelque chose un peu comme du Robbe-Grillet coulé dans du Claude Simon.


J'ai peu de référence littéraire, aussi je fais le fier : Tu réponds à un commentaire (note du 3 Juin) par l'onomatopée : "GARGL!".
Fais-tu ic référence au dialogue entre Romuald et Athanase dans HI-Yo C'EST L'ECHO ... ? :
Romuald : "c'est de la comtemplation des cieux que naissent les grandes idées...
Athanase : GARGL !"
2005-06-08 18:14:06 de arte

Ce matin, cinq heures vingt. Mieux que lundi et mardi, et que tous les jours d'avant. Lundi, quatre heures moins dix. Mardi, quatre et quart. Oeil ouvert, je ne sais quoi faire. J'allume l'ordinateur, erre, viens ici, repars. Tout le jour ensuite, je chercherai un coin pour dormir. Tous les jours, je cherche. J'ai apporté un coussin au travail mais, comme dans mon bras, je ne peux m'y assoupir : on nettoie les salles pendant l'heure de déjeuner. Depuis plus de deux ans, le sommeil m'éjecte. C'est un feuilleton.
2005-06-08 20:44:54 de Alain

Et cela vous étonne encore que "Paris" n'ait rien dit ?? Mais, Paris étant le nombril du monde, les quelques éléments (tel Ishihara) qui ne tournent pas autour de façon obséquieuse, on préfère ne pas les voir... Question de "point de vue"... Il leur faudrait (enfin ?!) accepter que depuis le XVIIIème siècle "Paris" n'est plus le centre du monde, et ça, les "parigos" qui nous dirigent ne sont pas encore près à le faire... Et puis, c'est connu, qui aime vraiment la France fait "tout" pour apprendre cette "merveilleuse" langue... Alors, les autres...
En attendant, sur Jrecin (liste de publication des postes en fac) les postes en anglais et chinois explosent et les autres (français en tête...), ben ma foi, c'est au compte goutte... Mais, c'est pas grave, cela évite de se fouler le poignet à rédiger trop de CV...
2005-06-09 10:08:12 de Au fil de l'O.



Jeudi 9 juin 2005. L'effaçante et les petits poissons.

Pas de rechute d'aphonie malgré les cours. Après repos et traitement du week-end, je craignais les journées de cours et qu'un coup de vent me repousse dans le silence. Passant voir ce que j'écrivais l'an dernier à pareille date, je me rends compte que j'avais complètement oublié avoir eu un rhume assez dur. Regret alors de ne pas avoir de notes des années précédentes... Si ça se trouve, il y a un phénomène climatico-social qui m'attaque annuellement début juin, assez intelligent pour effacer sa trace dans ma mémoire — mais pas assez pour lutter contre le JLR !
À moins que ce soit une allergie aux Frédérique puisque l'an dernier je lisais Vargas... Mais ça, je n'y crois pas trop.

Ça me rappelle l'effaçante selon Meschonnic... L'oubli imparfait laisse l'idée que quelque chose a été oublié, même si on ne sait plus quoi, tandis que l'oubli véritable efface même cette idée. Certains vont jusqu'à oublier qu'ils sont oublieux, comme l'est tout être humain. Ils se croient donc supérieurs alors qu'ils sont victimes d'effaçante d'effaçante. Il se peut d'ailleurs que j'aie déjà parlé de cela...

Alors que j'écoute ces jours-ci le feuilleton radiophonique de Manhattan Transfer, d'après Dos Passos — avec plus de plaisir que Sur la route d'après Kerouac —, je reçois aujourd'hui le Magazine littéraire consacré à New York. Est-ce une coïncidence ou y a-t-il une actualité newyorkaise qui m'aurait échappé ?
Toujours est-il qu'à la page 31, Pierre-Yves Pétillon présente ce roman et note que « tout le livre a été écrit "vu du pont", du temps où Dos Passos, comme d'ailleurs Hart Crane, habitait au 110 Columbia Heights.»
Or, la Lettre des antipodes de Simon Leys (p. 23), dans la même revue, est sous-titrée « le savoir depuis le haut du pont »... Traitant d'un « décès de l'idée même de l'université » si l'on nie que la Vérité préexiste à la réflexion et au débat, il conclut avec une fable sur le bonheur des poissons selon Chuang Tzu qui, n'étant pas lui-même un poisson, avait acquis la certitude de ce bonheur des poissons « du haut du pont.»

Utile pour le bac philo ! On planchait notamment ce matin sur : « le juste et l'injuste ne sont-ils que des conventions ? » — formulation malhabile qui induit une valeur inférieure et comme insuffisante de la convention sur autre chose qui reste fatalement à nommer...
Pourtant, même si l'on veut que la Vérité ou la Réalité excèdent (ou précèdent) conventions et lois, l'esprit qui tente de connaître cette Vérité et cette Réalité est lui-même borné de conventions à son insu...
Ce qui est juste, c'est que j'aie mes sept heures de sommeil, me souffle mon colocataire.


Ce matin, quatre heures vingt. Je me recouche. Je ferme les yeux, pousse. Je ne sais pas comment on pousse pour regagner le sommeil. Si, je sais. Je chevauche des phrases, les allonge, les refais. Il y en a bien une, il y en aura toujours bien une pour m'arracher de la veille et du noir de la chambre. Mes tentatives durent trois quarts d'heure, trois quarts d'heure de logorrhée poussive dont rien ne surnage. Je me lève à cinq heures dix. Par la fenêtre, à l'étage en dessous, un voisin antiquaire, débarqué du sommeil, je vois de la lumière, regarde des conneries à la télévision, j'aperçois son grand écran. Aucune solidarité n'existe cependant entre nous. Je ne lui ai jamais parlé. Je connais sa femme que je croise emmenant leurs enfants à l'école. J'imagine qu'il est antiquaire aux meubles que j'entrevois. Je m'installe à l'ordinateur mais on ne travaille pas bien ainsi.
Ensuite, je pars travailler à vélo. Je termine à quinze heures, fatigué, usé de la moindre perspective. Le soleil alors est si intéressant que j'hésite : bronzer ou faire la sieste. Je m'allonge de toute façon, lis un peu Cormac Mc Carthy, ne tiens pas, dors. La journée est passée.
(prochain épisode : la pharmacopée)
2005-06-09 19:54:50 de Alain

CHAQUE PAS

Au clocher du village
le temps fait des grains noirs.
Est-il l'heure, est-il l'âge

de marcher sous les ormes
où l'ombre a ses quartiers ?
J'entends la vie qui vit,

ses silences qui disent
les mots de tous les hommes
écrasant de leurs pieds

les insectes qui dansent,
la paille des remises,
la poussière des lits

qui poivre l'espérance.

****

Inédit de Didier POBEL, cité page 172 dans "111 poètes d'aujourd'hui en Rhône Alpes", anthologie présentée par Jean-Louis ROUX,
Edité par Le temps des Cerises / Maison de la poésie Rhône-Alpes.
2005-06-09 22:57:32 de Marie.Pool

Sympas, ces textes. Le salon continue à prendre forme...
Si on pouvait voter pour la contribution qu'on a préférée...
Au fait, comment vas-tu numéro 6? Comment? Tu avais oublié que tu étais le numéro 6?...
2005-06-10 14:40:01 de Christian

Bonjour,
je m'appelle Julien et je suis le webmaster du tout nouveau expat-blog.com. J'aimerai vous envoyer une description de mon projet, pourriez-vous s'il vous plait m'envoyer un email à julien(at)expat-blog(point)com ? Je n'ai pas trouvé votre adresse email sur votre blog.
Merci d'avance,
Julien
2005-06-10 16:21:31 de julien

Cher Julien, je n'ai pas l'intention d'être rangé dans la catégorie des expatriés. D'autant que ce terme concerne ici des personnes qui ont un très gros salaire, ce qui n'est pas mon cas, et des préoccupations très différentes des miennes... De plus, je ne souhaite pas être noyé dans une masse d'anglophones qui auraient la même étiquette que moi... Je vous souhaite de trouver les personnes qui correspondent à votre projet.
Enfin, pour m'écrire, il suffit de cliquer sur la petite enveloppe qui se trouve dans la colonne de gauche. La voyez-vous ?
2005-06-10 16:38:59 de Berlol

Eh bien, cher numéro 6, heureusement que tu nous montres cette enveloppe car je ne l'avais jamais remarquée. Sa couleur noire n'est d'ailleurs pas très engageante...
Je viens d'aller sur le blog de l'ambassadeur et y ai trouvé quelques commentaires intéressants, notamment celui-ci:
--- début de citation ---
# fred8 『Monsieur l’Ambassadeur,
Apres les declarations de Monsieur Ishihara, Gouverneur de Tokyo, a l’encontre de la langue francaise et indirectement des Francophones, je me dois de vous faire-part de mon mecontentement. En tant que Representant officielle de la France sur le territoire japonais, il est de votre devoir de reagir a de telles divagations en demandant des excuses publiques. Il s’agit bien la d’une question d’honneur.
Monsieur Ishihara doit comprendre que ses declarations denouees de sens commun sont indignes de la fonction qu’il exerce. Le discredit revenant bien sur a l’auteur de la polemique, je suis pour une declaration officielle de votre part relayee par la presse japonaise.
--- fin de citation ---
2005-06-10 16:45:24 de Christian

M. l'Ambassadeur répondra-t-il ?
Les actions peuvent-elles être motivées par l'honneur, à l'Ambassade de France ? A priori, tant qu'il n'y a pas de réactions...
2005-06-11 03:52:17 de Arnaud

En même temps, cette réaction sur le blog de l'Ambassade est une réaction récente, n'est-ce pas ? C'est-à-dire la réaction d'un expatrié uniquement anglophone qui découvre d'un seul coup — oh stupeur ! — (et avec dix mois de retard dans le présent cas) que le charmant préfet de la charmante ville de Tôkyô n'est pas si charmant que ça et que sa ville l'adore. Lourd de sens.
2005-06-11 03:54:47 de Arnaud

Nouvelle AFP (qui se réveillent bien tard eux aussi).
« Menace de plainte après des critiques du maire de Tokyo contre le français
AFP 03.06.05
Un groupe de professeurs, d'étudiants, et de traducteurs de français menace de porter plainte contre le maire de Tokyo, Shintaro Ishihara, pour des propos calomnieux qu'il aurait tenus sur la langue française, a-t-on appris vendredi auprès de leur avocat.Ce groupe de dix personnes, des Japonais et un Français, Malik Berkane, directeur d'une école de langue française à Tokyo, envisage de déposer plainte "d'ici à la fin juin", a déclaré à l'AFP Me Miuki Sakai.Les propos visés ont été tenus par le gouverneur Ishihara lors d'une cérémonie inaugurale d'une nouvelle structure universitaire à Tokyo en octobre "Le français étant une langue inapte au calcul (mathématique), il est tout à fait normal qu'elle soit disqualifiée comme langue internationale", avait notamment déclaré le maire, cité par M. Berkane.Une association, visant à protester contre les propos du gouverneur populiste de droite de Tokyo, a été constituée.D'autres étudiants et professeurs francophones pourraient s'associer à la plainte, rapporte de son côté le quotidien nippon Asahi Shimbun.Volontiers provocateur, le gouverneur de Tokyo aurait fait ces remarques devant des professeurs de français de l'université municipale, opposés à des projets universitaires de la mairie qui prévoyaient alors la suppression des sections spécialisées en littérature étrangère, notamment française.Selon M. Berkane, le maire de Tokyo s'était moqué de "certains individus qui s'accrochent à une telle langue".M. Ishihara, 72 ans, est un ancien romancier connu pour ses opinions nationalistes. Il s'est rendu célèbre dans le monde entier avec son pamphlet anti-américain "Le Japon sans complexe" (le titre anglais est "Le Japon qui peut dire non") en 1989. »
2005-06-11 04:08:51 de Arnaud

Bonjour,
À propos d'éventuelles réactions de l'ambassadeur aux propos de M. Ishihara, un ami me disait que le maire de Tokyo n'occupait pas de fonction au gouvernement japonais, qu'il n'était "que" maire de Tokyo.
Son argument était qu'on peut donc concevoir difficilement une réaction du gouvernement français envers une personne ne faisant pas partie d'un gouvernement étranger.
On voit mal, en effet, le gouvernement japonais réagir à la moindre déclaration anti-japonaise des milliers de maires français, y compris celui de Paris.
Ceci dit, je me rappelle fort bien que le gouvernement turc a émis une protestation officielle pour que les "bains turcs" (toruko buro トルコ風呂), des établissements de massage et de prostitution soient débaptisés car ils constituaient une insulte à la Nation Turque. Il a été entendu, après une polémique qui a duré assez longtemps, puisque dans tous le pays lesdits établissements ont été renommés du nom très poétique et évocateur de "soap land". Pourtant, ce n'est pas le gouvernement qui gère ces établissements! Quoique... allez savoir...
En tout cas, les Turcs, ils ont des couilles!
(Mais aussi sans doute moins d'intérêts économiques au Japon, alors que les Japonais en ont partout dans le monde, y compris en Turquie)
Patrick,
Le terme "expatrié" concerne en effet des personnes ayant un gros salaire et c'est un mot communément admis et utilisé dans ce sens.
Mais le terme correct, en tout cas celui utilisé dans les administratrions et les entreprises est "détaché".
Que sommes-nous, sinon des expatriés?
2005-06-11 12:28:47 de Christian

Le problème dans le cas présent, c'est qu'on ne peut réduire Ishihara au poste de maire. Il n'est pas maire, il est le préfet (si l'on admet qu'un préfet puisse être élu, ce qui n'est bien sûr pas le cas en France), ou gouverneur, du « département » de Tôkyô. Ce n'est pas la même chose. Il a un fort pouvoir politique et policier. Il cumule les fonctions de super maire, et de président de région, et de préfet. Il a une force de pression sur ce qui est enseigné à l'école… non, vraiment, le réduire à une simple fonction de maire, c'est vraiment méconnaître le système japonais et la décentralisation de beaucoup de pouvoirs au régions de ce pays.
Les régions ont une autonomie au Japon qu'elles n'ont pas en France. Dire que Ishihara, n'est qu'un maire… ça lui donne le droit de tenir des propos xénophobe sans être ennuyé ?
C'est bien, je vois qu'à l'ambassade ils sont toujours autant à côté de leurs pompes… Vraiment, elle semble lointaine l'époque où Maurice Gourdeau-Montagne était encore ambassadeur…
2005-06-11 15:26:00 de Acheron

Que Ishihara soit "maire" ou "prefet"... on s'en fout ! Le fait est qu'il est en effet prefet ou gouverneur... et pas de "Petaouchnock", mais de Tokyo ! Alors, la reaction s'impose ! Assez de chicanes subtiles et ratiocinations !
2005-06-11 15:45:19 de vinteix

Ben tu sais, déjà, quand il traite plus bas que terre les émigrés coréens ou chinois, ou encore les clochards, ça n'intéresse personne ici, alors bon… Il en faut moins en France pour susciter la gronde des journaux et attaquer des dirigeants du FN, et c'est tant mieux.
Ce serait bien que l'ambassade se fasse porteur de cet état d'esprit…
2005-06-11 16:08:34 de Acheron

Je ne peux qu'aller dans ton sens, Acheron. Effectivement, Ishihara est à la fois maire et gouverneur, gérant l'ensemble de la ville-département de Tôkyô comme haut fonctionnaire départemental (mais élu) de l'Etat.
A ce titre, il a la haute main sur des décisions relevant (on peut le dire) de politique gouvernementale, notamment sur des taxations locales qu'on ne pourrait voir que dans le cadre d'un système fédéral (comme aux Etats-Unis) — qui ont causé des procès notamment avec les banques —, dans le système éducatif, dans les médias (utilisation abusive de tele Tôkyô ), ainsi quei dans le système financier avec la création de sa banque, financée par les immenses impôts locaux. Tout cela est d'autant plus important que la majeure partie des structures soutenant le Japon, à tous les niveaux, sont à Tôkyô.
Aussi, que cela soit par sa taille ou par les prérogatives qu'elle suppose, la gestion préfectorale de la ville-département de Tôkyô relève de l'Etat dans l'Etat. C'est le problème avec toute capitale — Paris n'avait plus de mairie jusqu'à Giscard, car on estimait cela trop dangereux, et était gérée par le gouvernement —, et ce problème prend des proportions inquiétantes au Japon. Surtout que n'étant soit-disant pas liée par le gouvernement, cet homme qui occupe pourtant une place d'une importance comparable à celui-là (le gvt) fait en permanence des déclarations de politique étrangère, sur des questions bien plus graves que la nature de la langue française et portant sur les contentieux territoriaux, la Chine, la Corée, les immigrés, la répression violente légitime en Iraq, le bien-fondé de la domination coloniale, la "race" japonaise et son "ADN", les femmes ou les clochards.
2005-06-11 17:19:07 de Arnaud

Quand je disais qu'un reaction s'impose, je pensais bien sur, non seulement, a ses propos sur la langue francaise, mais surtout aux sujets en effet plus graves evoques ci-dessus... Mais il est vrai que, globalement, la population japonaise ne se mobilise guere : regne de la pensee molle, ramollie de confort et de bien-etre, obsedee de materialisme, regne de la misere symbolique... Ce matin encore, ma compagne pestait en parcourant des blogs ou de jeunes Japonais font des commentaires repugnants au sujet de la guerre, d'Hiroshima, d'Okinawa... dont ils se foutent eperdument et voudraient bien que l'on ne leur en parle plus !!!
Comme disait Melville : "Ils ne sont pas humains : ils n'ont plus de memoire."
2005-06-11 20:24:07 de vinteix

Nous sommes donc bien tous d'accord.
2005-06-12 01:44:19 de Acheron

Et c'est précisément parce qu'ils voudraient oublier qu'ils élisent des gens comme Ishihara — les actuels préfets de Chiba, Saitama, Ibaraki et Kanagawa sont sur la même ligne (c'est-à-dire tous les départements du Kantô).
2005-06-12 02:40:11 de Arnaud

Ils n'oublient rien du tout dans ce cas très précis : ils ont élu ces "braves hommes"… et tu trouves toujours et partout des gens pour te dire que Ishihara est vachement bien…
Et quand tu as la bonté de les mettre au courant des déclarations xénophobes quotidiennes du sieur en question, ou de ses incartades armées, dignes de milices, sur les îles frontières en dispute avec les pays voisins, ils écarquillent les yeux de surprises…
C'est ça qui est au fond pour moi le plus épuisant dans la politique ici : c'est que les gens passent à ne pas savoir ou ne pas vouloir savoir ce qui se passe. Les "choix" politiques ne sont pas du tout assumés en tant que tels.
Il est donc "rigolo" de voir qu'à l'ambassade, on fait finalement comme la majorité des gens ici…
2005-06-12 11:37:54 de Acheron

Nous vous proposons d'envoyer une copie de ces commentaires à l'ambassadeur. Ou d'en poster une copie directement sur son blog.
http://d.hatena.ne.jp/Montferrand/
Un copier-coller fera très bien l'affaire.
Merci de votre intérêt pour les affaires de la France.
2005-06-13 01:02:32 de Ambassade

C'est à dire que les Affaires de la France se trouvent être également les nôtres. Le jour où les citoyens français se ficheront des affaires de leur pays, ce sera la fin des principes qui constituent leur démocratie.
Je pense que le gouvernement a su prendre des postures parfois fortes et justifiées par le passé sur des points de politique étrangère, et je crois que nous voudrions voir le même genre de posture sur ce genre de questions, il est vrai, moins envahissantes. C'est une certaine idée de la France qui va avec…
2005-06-13 04:10:39 de Acheron

Tout à fait, Acheron.
En tant que citoyens français, nous sommes naturellement préoccupés par ces problèmes. Et nous nous inquiétons, depuis la position de résidents au Japon qui est la nôtre, des déclarations du maire-préfet de Tôkyô.
2005-06-13 05:19:14 de Arnaud



Vendredi 10 juin 2005. Folle situation cybernétique.

Mon colocataire ne l'ayant pas fait depuis au moins deux semaines, je passe l'aspirateur. C'est un plaisir ! Ceci dit sans ironie, tant l'aspirateur sans sac satisfait le désir d'efficacité. Il y en a pour un petit quart d'heure, mais inconcevable sans la climatisation. C'est que l'humidité associée aux 26°C qui ne sortent plus des murs commencent à nous poisser sérieusement, sur Nagoya.
Sans doute est-ce pour cela que Bikun a jugé bon d'ouvrir la petite fenêtre des toilettes avant de partir. Il faut quand même que je le lui interdise formellement car c'est ainsi qu'il y a trois ans j'ai eu la frayeur de ma vie en trouvant une araignée grosse comme la main. Et quand j'avais eu réussi à l'écraser, ç'avait été encore plus dégoûtant — le plus-que-parfait surcomposé s'impose pour tenir cette horreur à distance.

Déjeuner au Downey, avec R. et David. Excellents sandwiches en discutant des derniers rebondissements de notre esclavage progressif. Notre Guillaume Tell de la bougnette préserve sa chemise, aujourd'hui. Mais le surnommer est une occasion d'évoquer l'histoire de la Suisse... Depuis que j'ai écouté Benoziglio le dire sans méchanceté, je me suis en effet rendu compte qu'à l'instar d'une grande partie des Français, j'ignorais à peu près complètement l'histoire de ce pays. Manque à combler. David connaît ça sur le bout des doigts, il nous ravit pendant qu'une ondée rafraîchit l'atmosphère.

Écoute ferroviaire de Daniel-Henry Kahnweiler, entretiens de 1961 avec Paule Chavasse (rediffusés début 2004). Sublime époque, élocution simple et agréable : il fait revivre le Bateau-Lavoir qu'il a connu tout jeune marchand d'art et galeriste, notamment Picasso, Braque, puis les poètes qu'il a édités, Guillaume Apollinaire et Max Jacob. Émouvant extrait de Pelléas et Mélisande de Debussy (livret de Maurice Maeterlinck)...
Mon ordinateur portable ayant été reconfiguré en anglais par mon colocataire, je passe le temps du shinkansen à lui remettre des documents, rangement et optimisation. À un moment, quand je relève le nez, je me rends compte de la folle situation cybernétique : je vois le paysage japonais défiler des deux côtés du train à 250 km/h, je transfère un giga-octet de mes photos depuis quatre ans dans un portable de moins d'un kilogramme et j'écoute trois heures d'entretien de 1961 avec un appareil de moins de 50 grammes...

Deux écrivains m'ont envoyé un courriel cette semaine, suite aux propos tenus sur leurs œuvres dans le JLR. Je ne dirai pas leur nom parce que ce n'est pas le propos. Et je ne signale pas cela pour me faire mousser mais pour continuer un constat de changement des comportements entre auteurs et lecteurs, issu de la présence de critiques libres dans les blogs. Ils ne critiquent pas ce que j'ai dit d'eux, d'ailleurs, ils signalent juste qu'ils sont à l'écoute, qu'il y a du répondant...

Grrrr !... T. regarde le Psycho de Gus Van Sant pendant que je prépare le cours sur Sartre.


Berlol, tu es un formidable "ながら族", c'est à dire quelqu'un qui fait plusieurs choses en même temps! J'ai l'impression que tu ne peux être que "multitâches"...
2005-06-11 15:01:24 de Christian

C'est normal, il tourne sous Mac OS X…
2005-06-11 15:13:52 de Acheron

« L'"île extrême" du Japon en mer de Chine orientale voit monter les tensions stratégiques
LE MONDE |
YONAGUNI de notre envoyé spécial
Taïwan : 110 kilomètres. Tokyo : 2 112 kilomètres." Ces distances sont gravées sur un rocher qui marque l'extrémité ouest du Japon au cap Irizaki. Elles résument la situation de ce bout du monde nippon. Par beau temps, on aperçoit à l'horizon les contours de petites montagnes de Taïwan. Au pied du phare qui se dresse sur une falaise tombant à pic dans la mer passe le "Courant noir" , un flux marin chaud qui remonte vers le nord et embrasse l'archipel.
Petite île d'une vingtaine de kilomètres de circonférence, Yonaguni risque de se trouver dans l'oeil d'un cyclone en formation : la présente montée de tension entre la Chine et le Japon. Au cours de la semaine, Tokyo puis Taïpeh ont décidé d'envoyer des patrouilles dans une zone maritime contestée par la Chine, le Japon et Taïwan. Une cinquantaine de chalutiers taïwanais se sont rassemblés sur ce secteur, dans un geste de défiance aux Japonais. L'expulsion de ces bâteaux de pêche par des unités de la marine nippone a suscité une protestation du ministère des affaires étrangères à Pékin, qui l'a qualifiée de "violation des droits souverains de la Chine" .
Tokyo est en train de "découvrir" l'importance de ses frontières occidentales et méridionales. Le détroit de Taïwan est certes l'abcès de fixation majeur, mais la Mer de la Chine orientale qui baigne Yonaguni est aussi un foyer de conflits territoriaux potentiels. Au nord-est se trouvent les cinq îlots des Senkaku (Diaoyutai en chinois) que se disputent Chinois, Taïwanais et Japonais pour les ressources énergétiques que recèleraient les fonds marins.
Plus au nord, en Mer du Japon (Mer de l'Est pour les Coréens), les Chinois, qui ignorent la ligne de démarcation de leur zone économique spéciale avec le Japon, ont entrepris depuis 2003 des forages d'exploration de champs gaziers sous-marins que contestent les Japonais. A un millier de kilomètres au sud-ouest de Yonaguni, d'autres îlots sont revendiqués par le Japon, et le provocateur gouverneur de Tokyo vient de planter un drapeau sur l'un de ces récifs à fleur d'eau : Okinotori. Les incursions de bateaux chinois ou taïwanais dans les zones de pêche nippones sont enfin une source de frictions.
Yonaguni n'a pas de ressources pétrolières mais, alors que les Senkaku ou les autres îlots du sud sont inhabités, la petite île a une population de 1 700 âmes qui se sentent otages d'enjeux géostratégiques qui les dépassent. Un peu méfiants, les habitants esquivent ces questions. Leur île se trouve au centre d'un enchevêtrement stratégique. L'espace aérien au-dessus de l'île revient à Taïwan tandis que les garde-côtes japonais patrouillent en mer. Depuis février, Tokyo a inclus Taïwan dans son aire de sécurité et fait de l'île un "objectif stratégique commun" du système de défense américano-nippon.
"S'IL Y A UN INCIDENT..."
Dans l'hypothèse d'un conflit entre la Chine et Taïwan, l'Agence de défense nippone a élaboré un plan de protection de ses îles éloignées. Selon ce scénario, la Chine pourrait vouloir en contrôler certaines (Yonaguni, Ishigaki et Miyako) afin de bloquer des opérations de renfort destinées à Taïwan à partir d'Okinawa où sont situées les plus importantes bases américaines de la région.
"En temps de paix, pas de problème. Mais s'il y a un incident..." dit, laconique, Yoshikane Otsuji, le maire de Yonaguni. L'île n'a aucune défense. En 1996, au cours d'une crise dans le détroit de Taïwan, la Chine tira un missile dans une zone de pêche à 60 km au nord-ouest de l'île tandis que Taïwan s'adonnait aux mêmes activités à une trentaine de kilomètres à l'ouest... Deux unités de la marine américaine sont arrivées. Mais Tokyo n'a rien fait.
Un peu endormie dans sa chaleur tropicale, Yonaguni est un bout du monde nippon un peu négligé : "l'île extrême" , dit-on avec une nuance de dédain. Avant-guerre, lorsque Taïwan était une colonie japonaise, elle fut un avant-poste des échanges entre la grande île chinoise, le continent et le Japon. Elle compta alors jusqu'à 12 000 habitants. Avant d'être annexé par le Japon au milieu du XIXe siècle, le royaume indépendant des Ryukyu ­ devenu par la suite le département d'Okinawa ­ était un Etat océanique florissant, commerçant avec toute la région.
En dépit de la proximité géographique, il n'y a aucun lien direct avec Taïwan. "Mieux vaut regarder vers Taïwan que vers Tokyo, et la création d'une zone de libre échange nous sauverait. Mais le gouvernement refuse" , poursuit M. Otsuji. Yonaguni est victime de sa situation stratégique. Le budget de l'île dépend à 90 % des subventions étatiques et, en l'absence d'un lycée, les jeunes doivent émigrer dès l'enseignement obligatoire terminé. Les habitants, dont un quart ont plus de 65 ans, se sentent quelque peu abandonnés. En octobre, ils ont rejeté par référendum un projet de rattachement administratif à Ishigaki, l'île voisine plus développée. "Nous avons toujours été traités en parents pauvres, alors, par réaction, on a dit non : on se débrouillera" dit la vieille dame qui tient un musée d'objets quotidiens et de vieilles photographies donnés par les habitants : un siècle d'histoire d'une petite communauté insulaire qui vit de la pêche à l'espadon et à la bonite.
En dépit de ses côtes escarpées, de quelques plages désertes de sable blanc et de prairies plantées ça et là de palmiers où paissent des vaches, Yonaguni n'attire guère les touristes, sinon des plongeurs sous-marins, des jeunes fuyant la monotonie citadine et des amateurs de botanique. De grands travaux ont commencé afin d'allonger la piste de l'aéroport et de réaménager le port. Pour attirer des touristes ou pour des raisons plus stratégiques.
Philippe Pons
Tokyo lorgne sur une immensité maritime
Le Japon n'est pas seulement formé de quatre îles. Selon le dernier recensement du secrétariat d'Etat à la sécurité maritime (1986), il en compte plus de six mille, dont beaucoup sont inhabitées. Si, en termes de surface terrestre, le Japon ne représente que 370 000 km2, avec sa poussière d'îles et d'îlots (la "surinsularité" nippone, selon l'expression du géographe Philippe Pelletier), et avec les droits qui en découlent (eaux territoriales et zones économiques exclusives de 200 milles marins), l'espace dont Tokyo peut revendiquer la souveraineté est dix fois plus étendu : il atteint 4,4 millions de km2, faisant du Japon le sixième plus "grand" pays du monde. L'importance géostratégique et économique de ces îles et îlots est bien supérieure à leur taille.
Article paru dans l'édition du 12.06.05 »
2005-06-11 17:28:05 de Arnaud

Effectivement, Berlol, la technologie et les possibilités offertes se sont accrues de façon phénoménale depuis dix ans, de façon même totalement impensable il y a peu encore. On ne s'en rend pas bien compte car l'environnement extérieur, lui, n'a finalement que peu bougé, du moins en surface. Pourtant, sur certains aspects (dont ceux que tu évoques), on a plus rien à envier à l'univers de Blade Runner.
2005-06-12 03:41:52 de Arnaud



Samedi 11 juin 2005. Ce que c'est que l'urbanité.

Avant-dernier cours sur La Nausée de Sartre (p. 200-215). De l'illumination du jardin public — tout est fait d'une même pâte d'existence — à l'extinction de l'étoile Anny, l'ex de Roquentin, qui lui avait écrit de la venir voir. Le seul intérêt de cette conversation chez elle, qui par ailleurs est relativement banale (mais c'est peut-être ce que Sartre voulait), réside dans l'explication biographique de la petite folie d'Anny, avec laquelle Roquentin a vécu jadis sans rien y comprendre. Enfant, sa conceptualisation des « moments privilégiés », ceux que représentaient les gravures des livres d'histoire, puis sa recherche, adulte, des « instants parfaits » en avaient fait la stoïque prêtresse d'un style aussi inutile qu'invivable. Et tout cela s'achève aussi pour elle dans une même pâte des choses (rien n'est différent ou au-dessus de rien). Ça me rappelle cette scène de 2001 L'Odyssée de l'espace quand, entré dans le monolythe, le cosmonaute se retrouve dans un appartement tout blanc et que tous les objets dans le frigo ou ailleurs sont d'une même matière bleu fluo (si je me souviens bien...).

« Cet intérêt profond qu'elle porte à mon essence éternelle et son indifférence totale pour tout ce qui peut m'arriver dans la vie — et puis cette drôle de préciosité, pédante et charmante à la fois — et puis cette façon de supprimer dès l'abord toutes les formules mécaniques de politesse, d'amitié, tout ce qui facilite les rapports des hommes entre eux, d'obliger ses interlocuteurs à une invention perpétuelle.» (Jean-Paul Sartre, La Nausée, p. 201).

Déjeuner avec Katsunori au Saint-Martin. Discutons de ce que c'est que l'urbanité. Pendant ce temps, T. est avec des amis dans un centre de sport d'Omote-Sando. C'est la première fois qu'elle y retourne depuis... environ trois mois.

« Selon l'abbé Gédoyn, l'urbanité, ce mot tout romain, qui dans l'origine ne signifiait que la douceur et la pureté du langage de la ville par excellence (Urbs), par opposition au langage des provinces, [...] en vint à exprimer bientôt un caractère de politesse qui n'était pas seulement dans le parler et dans l'accent, mais dans l'esprit, dans la manière et dans tout l'air des personnes. Puis, avec l'usage et le temps, il en vint à exprimer plus encore, et à ne pas signifier seulement une qualité du langage et de l'esprit, mais aussi une sorte de vertu et de qualité sociale et morale qui rend un homme aimable aux autres, qui embellit et assure le commerce de la vie. En ce sens complet et charmant, l'urbanité demande un caractère de bonté ou de douceur, même dans la malice. L'ironie lui sied, mais une ironie qui n'a rien que d'aimable, celle qu'on a si bien définie le sel de l'urbanité. Avoir de l'urbanité, comme Gédoyn l'entend, c'est avoir des mœurs, non pas des mœurs dans le sens austère, mais dans le sens antique : Horace et César en avaient. Avoir des mœurs en ce sens délicat, qui est celui des honnêtes gens, c'est ne pas s'en croire plus qu'à personne, c'est ne prêcher, n'injurier personne au nom des mœurs. Les esprits durs, rustiques, sauvages et fanatiques, sont exclus de l'urbanité ; le critique acariâtre, fût-il exact, n'y saurait prétendre. Les esprits tristes eux-mêmes n'y sont pas admis, car il y a un fond de joie et d'enjouement dans toute urbanité, il y a du sourire. À considérer les soins extrêmes que prenaient les anciens pour donner à leurs enfants, dès le sein de la nourrice, ce tact fin et ce sens exquis, on est frappé de la différence avec l'éducation moderne. » (Sainte-Beuve, Causeries du lundi, t. 3, 1850, p. 68-69)

Je suis vraiment très heureux d'avoir trouvé, grâce à la définition du mot dans le TLF, la référence précise dans les Causeries. Cela correspond exactement à ce que je sens être l'esprit du salon littéraire, réel ou virtuel — et du JLR. Les blogs d'invectiveurs aigres et de cuistres professoraux sont hors-jeu dès leur premier mot, tous ceux qui se spécialisent dans quelque chose et font mine de borner un territoire, prêts à en découdre, ne valent guère mieux.
Ainsi sur les 109 commentaires post-électoraux du 30 mai, 80 % font tristement preuve d'un manque élementaire d'urbanité. Je devais le dire, quand bien même ce serait à certains de mes amis que cela s'adresserait.

Chez Bartlebooth, une nouvelle et excellente composition en écoute. Comme ça, avec mes références qui commencent à dater, ça m'a rappelé l'ambiance de l'album Sinsekai de Tanzmusik, ou des compositions d'Air Liquide, par exemple sur l'album The Increased Difficulty of Concentration. À écouter attentivement.


Alors comme cela un autre de tes visiteurs fait de la musique!?
Fallait le dire plutôt! ;)
Suis allé écouter de ce pas. Très intéressant!
A chaud, je dirais qu'on est pas loin d'un Howie B / Tricky, mais il faudra que je réécoute plus tard (quand les enfants et la route seront calmes)...
2005-06-12 09:03:26 de Manu

Cher Berlol,
Voici donc le résumé, il était annoncé.
Il convient !... Surtout à ceux qui (se bornant à jouer le « FOU », quitte à passé pour un imbécile) n’ont pas pris part au débat, ayant de trop fortes idées et engagements sur le sujet pour se laisser aller au superficiel des réactions épidermiques.
Mais alors, il est une attitude qui ne convient pas (si je puis me permettre), qui revient à lier l’Urbanité à la sanction postérieure, même polie, du maître de maison. Car Urbanité inclut la politesse mais la dépasse : elle est une « manière d’action » et César, l’Urbain, faisait régner l’ordre dans sa maison ! (Voir l’excellente et éphémère revue URBI ayant choisie ce nom à propos).
Sans doute les « amis » évoqués se reconnaîtront. Tant mieux. Pas de confusion, je ne suis pas « chez moi » ! Mais je ne vois pas pourquoi je ne leur dirais pas mon dégoût profond pour leurs « manières ». Et je vais le leur dire à la façon Urbaine, en citant les seules attitudes que j’ai trouvées « honnêtes », sans flagornerie, mais avec ironie :
- Tout d’abord, la tienne : avouant un choix et le doute qui l’accompagnait, reconnaissant pouvoir s’être trompé, avoir eu peur peut-être, craignant la rupture sans doute, en tout cas, être prêt à reconnaître la légitimité du choix opposé. Belle honnêteté intellectuelle.
- Celle de Frédérique Clémençon ensuite : qui n’intervint pour commencer que pour dire la « générosité » et l’espoir que sous–tendait son choix. Et qui donna prise immédiatement à ceux qui n’ayant lu que la forme (et encore, ont–ils prêté attention à la langue ?) se crurent légitimes à recommencer une campagne perdue par eux, et sur le même ton de mépris. Ceci allant jusqu’à la conclusion dérisoire de la sommer de répondre à une question … dérisoire !
Réponse qu’elle n’a pas faite ! Quelle maîtrise. C’est là l’ironie de l’Urbanité !
Retournant à mes bêtises habituelles.
Amicalement.
Anton.
2005-06-12 19:34:01 de arte

Euh... ... ?
Donc si l'on est pas d'accord avec vous, on est forcément « méprisant » ?
Le texte haineux du chercheur du CNRS, cité, vous le rangez dans la catégorie « générosité » ?
Et le président d'Attac qui ne serait soit-disant pas représentatif du syndicat dont il est le président, ce serait donc «honnête»?
Mais bien sûr, vous avez votre bonne foi pour vous, c'est évident.
Ca me fait plaisir d'avoir pris du temps d'argumenter son propos... Merci pour votre « résumé »...
2005-06-13 13:35:43 de Arnaud

mon propos
2005-06-13 13:36:38 de Arnaud

Non tu vois, Arnaud, quand tu écris (et tu n'es pas le seul), on a l'impression que ta vie est en danger, que tu défends quelque chose bec et ongle ! On essaie d'être entre amis, donc il vaut mieux choisir des mots qui de toute façon ne blesseront pas (on n'est pas forcément méprisant quand on n'est pas d'accord, et l'on doit choisir ses mots pour ne pas l'être ni le paraître). Et ça, ça prend du temps, ça demande de tourner la phrase, et de ne pas croire que son avis est le seul bon et valable.
Ce que j'aimerais te/vous faire comprendre, c'est que nous ne sommes pas dans un tribunal où l'on juge un crime (de penser ceci ou cela), ni à une tribune politique où l'on défend des lignes d'action et de réelles conditions d'existence. Je croyais que la définition de l'urbanité était suffisamment claire. Peut-être est-ce moi qui me fourvoie et que tout cela n'existe plus depuis longtemps (ayant fait place au pragmatisme d'un combat qui pour être toujours politique doit toujours laisser quelqu'un sur le carreau). Peut-être est-ce toi/vous qui lis/lisez trop vite ou réponds/répondez trop tôt.
Et d'ailleurs, que les commentateurs soient toujours les mêmes, n'est-ce pas une forme de sclérose de quelque chose ? Je m'interroge. J'aimerais bien que d'autres personnes s'expriment, si elles le souhaitent, je ne force personne, mais je me demande si elles ne sont pas plus arrêtées par la crainte de certains commentateurs que par celle du blogueur. C'est une chose que j'ai déjà remarquée sur d'autres blogs et qu'il me déplaît de voir chez moi. Cela dit en toute amitié et dans le but d'un respect mutuel et urbain.
2005-06-13 15:52:02 de Berlol

Ta définition était très claire, Berlol. Et je n'ai jamais eu l'intention de dire que j'aurais eu un comportement exemplaire lors de ce débat, où j'ai été parfois agressif. Aussi ais-je lu ton texte sur l'urbanité en le prenant aussi pour moi. Je n'ai rien à y ajouter, rien à en commenter.
Par contre, j'ai été étonné du post plus haut qui semblait nous accuser, moi et Acheron (et peut-être Dom aussi ?), de façon très unilatérale, mobilisant pour lui seul la "bonne" urbanité (et en invoquant des exemples qui me semblent contestables).
C'est trop facile. C'est tout ce que je voulais dire, rien de plus.
2005-06-13 16:02:26 de Arnaud

« Sans doute les « amis » évoqués se reconnaîtront. Tant mieux. »
N'est-ce pas unilatéral d'écrire cela ? N'est-ce pas normal que je prenne ce type de phrases sur moi ?
2005-06-13 16:05:25 de Arnaud

Eh oui, le détachement d'Arte passe pour de la supériorité. C'en est peut-être. Peut-être pas. Je n'arrive pas à le savoir.
2005-06-13 16:31:08 de Berlol

détachement ? j'y vois le contraire...
2005-06-13 16:53:32 de cel

Quoi ? de l'attachement ? Mais pas au sens de la participation, de l'implication dans le débat, alors !
On peut peut-être avoir de l'attachement pour quelque chose avec du détachement dans la façon. Ça revient à l'urbanité. Mais le détachement dans la façon, ça peut aller jusqu'où ?
(comme l'enfant qu'on propose de couper en deux pour donner une moitié à chaque mère : la vraie mère est celle qui refuse et cède son enfant pour qu'il ne soit pas découpé...)
Comme quoi la psychologie et le langage sont des choses bien plus complexes que les technologies qui les transmettent et les conditionnent.
2005-06-13 17:07:49 de Berlol

ben si, attachement au débat, à l'idée de conviction (avec ce que ça implique pour tous de capacité à l'argumentation et donc de réflexion préalable au dépot d'une opinion), bref...
2005-06-13 17:15:54 de cel

N'empèche que je ne saurais jamais si "GARGL" venait d'une inspiration crétrice soudaine, ou d'une connaissance approndie du Genie des alpages "N° 6 : HI YO, C'EST L'ECHO !!!" (auquel je suis TRES attaché).
2005-06-13 17:21:06 de arte

En fait, je croyais créer mais je ne faisais sans doute que me souvenir de ce qui a été pour moi aussi beaucoup plus qu'une bande dessinée... Fallait-il me mettre le nez dedans ? cruel !...
2005-06-13 17:24:33 de Berlol

Deux fois que ma chute saute. Toutes mes excuses.
Sévère correction du maître des lieux. Mais correction excessive ? "80 % font tristement preuve d'un manque élementaire d'urbanité" ? Mais la parfaite urbanité n'aurait-elle pas été de n'en pas parler du tout, ce à quoi auraient sans doute veillé une vraie "maîtresse de salon" ? Et justement pour cette raison, l'urbanité est-elle bien ce parangon de toute vertu ? Ce qui me gêne, dans ton urbanité, c'est qu'elle se déploie nécessairement (?) sur un fond d'indifférence, à entendre en plusieurs sens : indifférence fondamentale sur les causes en jeu, qui s'épanouit dans une ironie détachée de bon aloi, mais aussi indifférenciation des habitus, qui permet seule le déploiement de l'entre-soi, de l'implicite, de cette ironie partagée. Et cette tentation de présenter le salon comme paradigme ultime de toute sociabilité légitime, est-elle bien fondée ? N'existe-t-il pas d'autres régimes du dialogue, où l'esthétisation délicate de l'existence doit céder à la confrontation un peu plus brutale de l'argument (il y eut des critiques, stoïciens, cyniques, etc., de l'urbanité, au moment même où cette notion prenait forme, avec la chute de la République, est-ce vraiment un hasard ?) ? Et encore, cette utopie du salon médiatisé, réticulaire, résistera-t-elle à la puissance d'effraction essentiellement démocratique de ce média (on ne peut pas entrer dans tous les salons, mais on peut faire effraction sur tous les blogs) ?
Un de nos beaux esprits d'engouffre alors tout naturellement dans cette belle brèche, sans doute dégoûté par la foncière vulgarité de la politique démocratique (quoi, on devrait y parler commerce ! économie !! droit !!! intérêts !!!! je retourne à mon Celan). Le même qui fit preuve d'une admirable résistance aux réactions épidermiques :
"Pour obtenir un OUI franc et massif, la question à poser était :
"Voulez vous rejeter cette constitution de merde ?" " (mais il s'excusa). Et il blesse. Touché. Avant qu'on s'aperçoive qu'il veut nous signifier son "dégoût profond pour nos manières". Petit marquis.
La centaine de commentaires se sont accrochés sur la révélation de ton vote, tu n'étais nullement contraint de le faire. Le faisant, et de cette façon (les deux "haines"), tu devais sans doute savoir que tu t'aventurais sur un des débats publics les plus vifs de ces dernières années, avec des protagonistes qui, effectivement, prenaient très à coeur de défendre leur position. Il ne s'agit pas d'un tribunal ni de laisser quelqu'un sur le carreau, ni de l'emporter définitivement et de réduire l'autre à rien. Mais il y a une réelle douleur dans ce débat autour du référendum, dont il est sans doute difficile de trouver le sens et qui est peut-être étrangère aux beaux esprits. Douleur qui s'ente sur un profond sentiment de gâchis et sur des peurs réelles (les ouistes aussi ont peur; disons, d'un mot, Weimar : haine des élites, entreprise de délégitimation systématique du politique et des exigences de la délibération rationnelle, montée aux extrêmes, refus de l'éthique de responsabilité au nom de convictions devant lesquelles tout doit céder; où le fanatisme, dans cette affaire ?). Aussi sur la consternation devant, non pas les votes des nonistes (nous partions de plus de 49% de non), mais le cynisme démagogique de ceux de leurs porte-parole qui nous sont les plus proches. Il était vraiment bien difficile de faire montre d'enjouement dans telle circonstance.
Bien sûr, je me suis relu. Cuistre, c'est irrémédiable. Et les cuistres ont toujours été le ridicule des salons (d'immenses développements ici seraient nécessaires, salon et académie, etc.). Mais manquant de la plus parfaite urbanité ? J'ai cherché volontairement à être blessant, deux ou trois fois, quand l'irréprochable Frédérique (je le dis absolument sans aucune ironie, pour le coup), sans donner l'air de rien toucher, nous renvoyait (sachant bien qu'on s'énerverait peut-être un peu), vers des propos d'une exceptionnelle outrance, Lordon bien sûr, mais aussi Kahn. Je regrette trois propos, dont deux furent taxés, un peu rapidement, d'invectives : qu'on s'adressait à des rebelles (mais ce sont eux qui se revendiquent tels, même si ça continue à me faire bêtement ricaner); que la gauche sublime d'avril 2002 fut bien pussilanime (synonyme : couard, faible, lâche, pleutre, timoré), mais ça après tout je le maintiens; qu'il y a des limites à l'autodidaxie : je n'aurais dû le dire qu'en présentant des titres de créance de juriste consommé. Pour le reste, c'était une joute loyale, argument contre argument, parfois véhémente, mais nous sommes coriaces, non ?
Pas très urbain, tout cela, pas trop affable (l'affabilité, c'est notre urbanité à nous, vernaculaire et bien française; du coup, un peu moins séduisante, comme vertu, non ? Un peu raffarinienne ?). Mais dans tous les emplois que nous dépeint Sainte-Beuve, je prendrais bien celui du critique acariâtre, j'espère pas toujours inexact. Et si ça devait m'exclure du cercle enchanté de la parfaite urbanité, eh bien, après tout, je m'en fous peut-être un peu. L'éducation moderne, que voulez-vous.
2005-06-13 18:22:21 de http://

Ah, au fait c'était bien moi (peu en doutaient). Je passe de poste en poste et perds mon pseudo chaque fois.
2005-06-13 18:23:18 de Dom

Paul Celan (avec André Du Bouchet) est mon poete preféré :-)
2005-06-13 20:51:26 de arte

Au moins comme ça tout est clair : discuter autour d'un antagonisme avec certains est une impossibilité qui touche à la structure.
Argumenter pour se voir répondre "ça" après des messages et des messages…
Mais il est vrai qu'il est plus "urbain" de rester cacher au fond du jardin…
2005-06-14 00:34:48 de Acheron

Ça y est les enfants, vous avez fini de vous disputer ?
Il y a eu un débat: chacun a sa façon de s'exprimer. Que telle ou telle manière plaise ou non c'est une chose, mais qu'on laisse aux gens la liberté de s'exprimer comme ils le souhaitent, du moment qu'il y a un minimum de respect. Je ne sais pas pourquoi tout à coup cette notion d'urbanité a lancé un débat sur le (/la forme du) débat du 30. Je trouve pour ma part que tout est resté plus que correct (certes notion sans doute relative). En ce qui me concerne, pour ce type de discussion, je me contente du respect. Nul besoin je crois, d'aller jusqu'à l'urbanité...
2005-06-14 03:08:55 de Manu

Merci du retour, l'ami. Je ne connaissais ces deux groupes que de nom, je vais m'y intéresser de plus près.
2005-06-14 03:14:39 de Bartlebooth

Certes, Manu. Des cool comme toi, y'en n'a pas deux.
Acheron : la structure de quoi ?
2005-06-14 04:47:55 de Berlol

Des boyaux de la tête ? ;o)
2005-06-14 04:50:56 de Acheron

Je suis bien d'accord avec tout ce que tu écris, Dom. Y compris sur Weimar, malheureusement.
2005-06-14 08:49:18 de Arnaud

SURTOUT sur Weimar… :o(
2005-06-14 09:40:00 de Acheron



Dimanche 12 juin 2005. Animal dans et hors son aire.

Devra rester pour moi comme le dimanche des quatre bonnes nouvelles. Deux qui me concernent de loin, comme citoyen du monde (apatride, voire panpatride plutôt qu'expatrié) : l'effacement de la dette des pays pauvres décidé par le G8, et la libération de Florence Aubenas et de son guide. Deux qui me concernent de près, en tant que petit animal dans et hors son aire : l'exposition sur le symbolisme en Belgique (vue à Bunkamura le dernier jour en compagnie de Katsunori, après la matinée ping-pong à laquelle Bikun a aussi pris part) et la bonne qualité du dernier disque d'Air Liquide (dont je parlais hier et que je suis allé chercher à Tower Records après l'exposition).

Bon, c'est vrai que la dette, on peut se demander pourquoi on décide de l'effacer maintenant, alors que certains demandent ça depuis des années...
Et si c'était dans le but de réanimer l'Afrique pour avoir un moyen de lutter contre la Chine ? Un cadeau imprévu cache parfois un plan machiavélique...

Le symbolisme n'est sans doute pas ce que je préfère en art. Néanmoins, il faut reconnaître sa place dans l'histoire, ses vertus et ses réussites. Les œuvres de Félicien Rops, Fernand Khnoppff, James Ensor, Jean Delville, etc., rassemblées à Bunkamura, produisent d'ailleurs une forte impression, et pas que sur moi (quoique j'aie vu des gens passer là comme en un supermarché). À choisir, j'aurais un petit faible pour Léon Spilliaert.
Kahnweiler, de son ton urbain, aurait sans doute dit que tout cela était fini et surtout... décoratif.

Malgré la chaleur de ce soir — supportable cependant et donc sans brancher encore la climatisation — j'ai largement complété de Sainte-Beuve le billet d'hier, pour ceux qui voudraient encore savoir ce qu'est l'urbanité et ce que je pense des commentaires du 30 mai.


L'annulation de la dette, une bonne nouvelle, à condition que ce ne soit pas au détriment d'investissements futurs dans ces mêmes pays.
2005-06-13 07:14:15 de Manu

A mon avis, cette décision d'annuler cette dette est liée au fait que la situation internationale étant déjà assez tendue comme cela en ce moment, il vaut mieux travailler dans le sens de la stabilité, selon tous les angles possibles.
2005-06-13 10:57:00 de Arnaud

On peut aussi être de mauvais esprit et se dire que pour être remboursé par ces pays un jour, il faudrait qu'il pleuve des louis d'or. Autant alors faire "un geste". Tant mieux ceci-dit.
Sont tellement dans la mouise…
2005-06-13 13:04:44 de Acheron



Lundi 13 juin 2005. Un grand arbre qui frémit et le ciel bleu.

J'étais tranquillement en train de manger un confit de porc au Saint-Martin, avec T., dans le doux courant d'air que permettent les portes-fenêtres grandes ouvertes, quand soudain ma couronne toute neuve s'est détachée sous la pression-torsion dont on use des dents avec la fibre de porc, toute en longueur.
C'est qu'elle n'était pas encore fixée définitivement. À l'essai seulement, pour vérifier si la forme convenait... Appelé de suite, le dentiste propose de me prendre à quatre heures.

Entre temps, je grapille quelques pages de Dominique Meens, Ornithologie du promeneur, puis de Serge Doubrovsky, Un Amour de soi (tous deux trouvés à la médiathèque de l'Institut franco-japonais), j'installe des enregistrements de radio sur mon portable, je regarde la semaine des Guignols sur le site de Canal + : Chirac déprime, de Villepin se gargarise, Raffarin se la coule douce, Jospin s'époumonne, Bayrou se croit courageux, tout cela n'est pas faux...

Je passe quand même un long moment allongé à côté de T. sur le lit de son père.
Sommes tous deux immobiles, concentrés, silencieux.
Et regardant émus par la fenêtre ouverte un grand arbre qui frémit et le ciel bleu.

Le dentiste me recouronne
sûr tour de main
colle forte
en dix minutes.

GRAAL en deux parties. Moitié écoute et discussion de l'émission Du jour au lendemain de février dernier avec Benoziglio, grâce à l'ordinateur portable branché sur une chaîne hi-fi. Moitié écoute et discussion de Laurent qui a préparé un excellent exposé sur les uchronies en littérature, avec le livre de Éric B. Henriet. Voir aussi quelques uchronies à lire en texte intégral dans le dossier Utopies de Gallica.


J'espère que tu n'a pas mal
2005-06-13 17:57:26 de Snoopynette

Très urbain(e) la snoopynette :-)
Tu ne serais pas une shibuyette?!
Egarée seule dans sa maisonnette, à faire la tête:-)
Ou à charrier des brouettes!
Hou la...je crois que d'un seul coup j'ai baissé le niveau littéraire de ce blog moi! Gomen ne Berlol!
2005-06-13 19:03:49 de Bikun

Jeudi : 4 h moins 10, vendredi : 4 h 15, samedi : un 5 h moins le quart dont je me suis satisfait jusque vers 13 h, et sieste. Dimanche, hier, je ne sais plus. Ce matin, cinq heures peut-être. Mais si le souvenir reste vague pour les jours proches et si j'ai retenu les plus éloignés, c'est que pour les premiers, précisémént, les plus lointains, j'avais prévu de venir ici en noter l'horaire de lever mais harassé déjà de la répétition et peut-être aussi n'imaginant pas quoi en dire, je n'étais pas venu les écrire. Alors que maintenant, à 19 h 30, ce lundi, je découvre dans leur pauvre récapitulation, le sujet même de mon intervention et de la notation de mes matins, — dans l'ajournement, sans doute.
2005-06-13 19:33:26 de Alain

Un exemple d'urbanité au Japon ;o)
Deux mois après la mise en service, sur certaines lignes de métro et de trains urbains à Tokyo, de wagons réservés aux femmes afin d'enrayer les actes de harcèlement sexuel dont elles sont victimes, les Japonaises se disent satisfaites. Les hommes aussi : "Au moins, ainsi, je ne risquerai pas d'être pris pour un pervers" , plaisantent certains.
Ces dernières années, les Japonaises avaient commencé à réagir à une pratique de "mains baladeuses" dans les transports en commun qui avait pris des proportions alarmantes. Au début des années 1990, un "spécialiste" avait même publié un livre à succès, Journal d'un peloteur. Sous couvert de confessions, il enseignait ses "recettes". Sous la pression d'associations féministes, le livre a été retiré des librairies... après avoir été vendu tout de même à 50 000 exemplaires.
En 2004, les cas de harcèlement dénoncés dans la capitale se chiffraient à 2 201. Dans la majorité des cas, ces violences ont lieu le matin entre 7 heures et 9 heures. Une enquête de la municipalité de Tokyo montre que les deux tiers des femmes de 20 ans à 30 ans ont subi des attouchements dans les trains. La loi punit le responsable de tels actes d'une amende de 50 000 yens (420 euros).
La sensibilisation de l'opinion au harcèlement sexuel avait aussi eu son effet "pervers" : de nouvelles formes d'escroquerie. Une femme outrée d'avoir été agressée dans le train, et hurlant son indignation en désignant un homme (innocent en réalité), négociait ensuite un arrangement financier à l'amiable avec le faux coupable, trop content d'éviter le scandale.
Devant cette recrudescence d'incidents, la police a donc exhorté les compagnies de métro et de trains urbains à mettre en service des wagons réservés aux femmes. C'est le cas, aux heures de pointe, sur neuf lignes de métro et de trains à Tokyo, qui ont ainsi suivi l'exemple donné en 2001 par JR East sur la ligne Saikyo, connue pour ce genre d'agissements en raison de la longue distance entre les stations.
Ce n'est pas la première fois que le Japon met en service des wagons spéciaux pour certaines catégories de voyageurs. Dès 1947, afin d'épargner les bousculades des heures de pointe aux femmes et aux enfants, des voitures qui leur étaient réservées existaient sur la ligne Chuo. Elles furent supprimées en 1973 avec l'introduction des sièges prioritaires (handicapés, femmes enceintes, personnes âgées). Par la suite, la région du Kansai (Kyoto-Osaka) allait être pionnière dans le rétablissement de wagons réservés aux femmes : 23 des 29 lignes des deux villes en sont équipées et, sur certaines, ils sont en service toute la journée.
Les voitures réservées aux femmes sont généralement moins surchargées que les wagons ordinaires. Les Japonaises sont satisfaites d'avoir un espace qui leur est propre, mais beaucoup voyagent indifféremment dans"leurs" wagons ou dans ceux communs aux deux sexes parce que ces derniers s'arrêtent à un endroit du quai plus pratique pour les sorties ou les changements. Désormais, certains hommes demandent également des wagons réservés.
Philippe Pons
Le Monde, article paru dans l'édition du 14.06.05
2005-06-14 01:10:34 de Acheron

Ah, elle est belle, l'urbanité d'aujourd'hui !
Rappelons tout de même qu'il y a autant de types d'urbanité que de types de lieux. Ainsi l'urbanité des toilettes n'a-t-elle rien à voir avec celle du bureau, celle de la salle d'attente du dentiste, celle de l'avion, etc.
2005-06-14 04:43:48 de Berlol

Ha, ha !
Heureusement ! Je n'aimerais pas subir pendant 11 heures de voyage la même « urbanité » que lorsque je suis sous la lampe de mon dentiste !!
2005-06-14 04:54:18 de Acheron



Mardi 14 juin 2005. Quant à moi...

« Sans but, sans bout. Immobile au volant, on se meut, pur plaisir de l'espace. Avec des haltes, n'importe où, dans les motels qui vous attendent. Sans quitter la bordure de la route, on couche tout droit. Tout du long, jusqu'au terme. Nulle part. Moi, j'aime. Il faut choisir : vivre ou raconter. Roquentin qui dit ça dans La Nausée. Si l'on choisit de raconter sa vie, alors on est bien forcé, par moments, de vivre. Pour avoir quelque chose à raconter.» (Serge Doubrovsky, Un Amour de soi, Livre de Poche, n° 6862, p. 43.)

Quant à moi...

J'ai traversé de l'espace nippon et du temps pictural, Kahnweiler me racontait ce matin les développements du cubisme entre 1907 et 1912 pendant que j'admirais la netteté humide des rizières et des buissons de thé.
Après les cours et quelques tâches administratives, je suis allé dîner en ville...

Il était prévu de longue date que nous dînerions, Bikun et moi, avec T. F., un ancien de Tokyo qui travaille actuellement pour le pavillon français de l'Expo d'Aichi. Avant-hier, j'ai reçu un appel du quasi invisible Étienne Barral qui signalait son passage professionnel à Nagoya (pour voir les robots présentés à l'Expo, justement) et que j'ai aussi convié au dîner.
Finalement, nous allons au restaurant à trois, avec Étienne, car T. F. a prévenu qu'il s'était profondément entaillé en faisant la cuisine — au point d'avoir besoin d'aller aux urgences... Sans doute un acte manqué pour ne pas me revoir, car qu'on se le dise, Berlol fait peur ! À moins que ce soit l'idée de se retrouver dans le JLR... Étienne n'est pas à ça près, évidemment. Après avoir traîné un peu dans la moiteur de Sakae, où il est difficile de trouver un bon restaurant, tant il y a de clubs, de bars, d'établissements de massage, etc., nous nous rabattons sur ce que je connais, le Tiger Café, près du bâtiment de la NHK, où je n'étais pas allé depuis plus d'un an. À manger, parler et rire des robots, des photos et des frites (moins bonnes que celles du Saint-Martin), à regarder passer les belles créatures (de quoi nourries ?) qui défilent nuitamment dans ce restaurant et à siroter des bières pour se remettre de la tiédeur du jour, il est près de minuit quand nous nous séparons, Bikun et moi prenant encore l'avant-dernier métro, celui qui s'arrête à l'Université de Nagoya, nous obligeant à finir à pied — ce qui aide à la digestion mais pas à la rédaction du journal... Il faut choisir.


Il y a un métro à Nagoya ?!
2005-06-15 14:50:23 de Arnaud

Vas-y, moque toi !...
2005-06-15 17:37:15 de Berlol

à ça prêt ou à ça près (ou prêt à ça) ?
Après ça,
quand nous séparons ou quand nous nous séparons ?
"nous obligeant à finir à pied — ce qui aide à la digestion mais pas à la rédaction du journal... Il faut choisir. "
Effectivement!
A moins que ce ne soient les bières...
Oulala, je suis méchant aujourd'hui !!! ;)
2005-06-16 02:52:13 de Manu

Heureusement que t'es là !...
2005-06-16 03:56:35 de Berlol

"Les Poupées Russes " les 20 ans de par chez nous ont adoré, l'ont trouvé mieux que l'auberge espagnole. Finalement grandir , c'est pas mal non plus ! Ce la me fait un drôle d'effet de comparer ce type d'histoires avec celles que nous ont raconté ce matin nos invités : deux infirmiers du Burkina , en stage de découverte. Les conditions de soins et de non soins , l'espérance de vie moyenne 47 ans pour les
femmes... Cela remet les pendules d'ERASMUS à l'heure des
choix de société. Un intervenant a annoncé dans cette réunion l'effacement de la dette extérieure dont le montant venait de nous être mentionné.Tout le monde a éclaté de rire. Cela fait "un petit souci" en moins, provisoirement...En attendant c'est pas la joie là bas, et pourtant taux de suicide très bas, c'est la honte qui tue quand l'un d'entre eux a commis une faute ou a un comportement incompatible avec la vie des autres, il est "banni" du village...Mais la solidarité joue, par culture et par reflexe de survie... Belle leçon de lucidité !!!
2005-06-17 23:35:44 de Marie.Pool



Mercredi 15 juin 2005. Oiseaux dans les cheveux.

Petit pli — plastique à bulles — mis en boîte le 9 et vol
Tout entier visage
s'aére se déplie libère une carte
Henri Meschonnic m'y dit qu'en plus même il a vu, passant devant la librairie Maisonneuve et Larose, là, oui, juste au-dessus de la Sorbonne, un peu après le cinéma, nan c'est avant le cinéma, nan après !... mais avant la rue Soufflot, de toute façon, bon, bref, la semaine dernière, juste une semaine donc, oui rapide, même tarif normal... que Fortunes de Victor Hugo était bel et bien sorti, alors là, même le thomiste que je suis est bien obligé d'y croire, de reconnaître que c'est vrai, bien que c'était pas mes yeux qui voyaient, mais la confiance ça existe, même si je n'ai pas encore reçu les quinze exemplaires envoyés genre il y a un mois et demi... Du coup, j'appelle l'éditeur, obtiens d'autres détails, pas de quoi expliquer un an et demi de retard, mais de quoi être sûr que cette fois le livre est sorti...

images nuages
tête pluie
le paysage est dedans
j'ai des collines dans les bras
la rivière
dort dans mes yeux
quand je me réveille j'ai
des oiseaux dans les cheveux
(Henri Meschonnic, Tout entier visage, Arfuyen, 2005, p. 80.)

Au club de sport où j'ai l'occasion d'aller en milieu d'après-midi (plus calme que le soir, et le soir je reste au bureau jusqu'à 9 heures), je pédale une trentaine de minutes avec régularité, avalant du même coup plus de trente passionnantes pages de cette déconfiture familiale que nous a cuisinée Frédérique Clémençon. Où l'on voit aussi que d'une génération à l'autre, il peut ne pas y avoir de progrès...

« [...] nécrose : mortification cellulaire et tissulaire se produisant au niveau d'un tissu, d'un organe, d'une région anatomique, alors que le reste de l'organisme continue de vivre. Il y avait déjà des parties mortes dans le corps de papa, mais ça je l'avais compris depuis longtemps. Quand un corps commence à sentir mauvais, c'est qu'il est en train de pourrir. C'est curieux mais quand je le voyais comme ça, coupé de partout, je pensais à la petite sirène et à la douleur qu'elle ressentait à chacun de ses pas en marchant sur le sable, une lame de rasoir farfouillant à l'intérieur. C'est amusant de voir de quelle façon les pensées s'entrechoquent, les pensées entre elles, les pensées et les souvenirs, ce qu'on voit et un souvenir, le corps abîmé de papa et celui de la petite sirène, les blessures de papa et celles de la petite sirène. Je ne sais jamais très bien moi expliquer, mettre de l'ordre dans tout ça c'est-à-dire dans mes pensées c'est-à-dire dans ce que j'appelle mes pensées mais que beaucoup (parmi lesquels maman) (parmi lesquels les médecins) préfèrent appeler mes pensées folles, mes idées de rien. Il me semble souvent que je laisse les choses venir à moi, que je ne pense pas, ce qui est logique puisque je ne choisis rien, puisque je ne fais pas d'efforts particuliers pour penser ceci plutôt que cela, puisque mes pensées sont des accrocs, des égratignures. Je reçois mes pensées, je les accueille, je les laisse entrer en moi, envahir mon cerveau, toutes sortes de pensées auxquelles ma volonté reste étrangère.» (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 91-92.)

Ça m'a beaucoup questionné, cette histoire de lame de rasoir dans le corps de la petite sirène. Ça ne correspondait pas à mon souvenir, lointain, tout de même, du conte d'Andersen. J'en ai retrouvé plusieurs éditions web et ai pu vérifier qu'il y était question d'un philtre qui donnerait des jambes à la sirène en séparant douloureusement, comme avec un couteau ou une épée, sa queue en deux parties... L'Édith mi autiste mi-otaku de Clémençon, rêvant de s'enfuir et d'un prince, a dû fantasmer et produire des images obsessionnelles et horribles, des « pensées [qui] s'entrechoquent » — les images de blessure, associées au père et exagérées jusqu'à l'insupportable farfouillement intérieur de la coupure, l'empêchant en même temps de passer à l'acte, de partir.
Car partir est souvent vécu étymologiquement, du fait d'une croyance à la vie de ce que l'on laisse de soi derrière soi. Comme si le passé, le souvenir, l'attachement au vécu, par exemple au vécu commun avec une famille, l'attachement aux racines, fantasme d'un infini radiculaire de soi, étaient choses vivantes capables de soutenir notre vie au présent, tellement peu justifiable, parfois. D'où l'enfermement sécurisant dans la crasse et l'excrément, équivalents matériels du souvenir et des racines. Mais qu'est-ce d'autre, l'identité, ontologiquement, que cette concrétion constamment revitalisée des passés de soi ?

Ça m'a aussi rappelé trois jours à Copenhague avec T. et une longue promenade jusqu'au Kastellet...


Article intéressant.
« La nouvelle génération de cadres face à la "société de défiance"
LE MONDE | 15.06.05 |
Ils appartiennent à la dernière génération éduquée avant la généralisation de l'ordinateur individuel. La dernière génération qui vécut sa jeunesse avant la chute du mur de Berlin. Presqu'un autre monde... Aujourd'hui, ils ont entre 30 et 45 ans et arrivent aux marches du pouvoir. Derrière des aînés grandis pendant les trente glorieuses, la libération sexuelle, et qui occupent toujours la place.
Il y a un peu plus d'un an, l'agence de conseil Euro-RSCG avait réalisé une vaste étude qualitative auprès des décideurs pour tenter de comprendre les rapports de force entre élites et le relations entre élite et société. Le constat en était terrifiant. Repli, isolement, incommunicabilité, chaque pouvoir se vivait en autarcie, s'inquiétant d'une société anomique et sans repères. Bref, selon l'agence, "une société de défiance généralisée" .
Cette fois, l'enquête a porté sur les nouvelles générations du pouvoir, celles-là même qui sont censées reprendre les rênes de cette société bloquée. Et leur constat est... funèbre. A leurs yeux, la société française est en miettes. "Une mutation fondamentale prend corps sous leurs yeux : la dérive du modèle républicain, laïc, vers un système qui entérine l'existence et la coexistence de communautés, expliquent Séverine Lèbre-Badré et Yamini Kumare, codirectrices d'Euro-RSCG/CNO qui ont piloté l'étude. Ce basculement s'est, selon eux, opéré très progressivement depuis le coeur des années 1980, dans une forme de déni et d'insouciance qui a rendu tout retour en arrière compliqué." Ces jeunes élites redoutent que le communautarisme se soit installé en France, en se superposant parfois à une certaine tradition corporatiste du pays. Hyper-lucides, hyper-informés, hyper-insérés ils s'exaspèrent du décalage grandissant entre les valeurs promues, déclarées et la réalité. Et regrettent très largement ce qui faisait une part de l'identité française : la foi en l'universalisme.
Mais ils enregistrent aussi la crise du progrès, crise qui est à leurs yeux l'un des ressorts de la défiance généralisée. Cela les conduit très largement à stigmatiser la gauche, accusée d'avoir rayé le progrès de ses discours pour se déporter vers une idéologie de la préservation, voire de la conservation. La gauche, et notamment le Parti socialiste, devrait d'ailleurs regarder attentivement l'étude, puisque Stéphane Fouks, codirecteur d'Europ-RSCG France qui l'a commandé, conseille fréquemment le PS. Car s'il apparaît que cette élite est principalement attachée aux valeurs qui fondent l'histoire de la République et du socialisme ­ lutte contre les inégalités sociales, redistribution, émancipation par l'éducation ­ il est aussi clair qu'elle juge sévèrement que le PS les aient abandonnées. "Cette génération garde dans sa mémoire consciente un événement fédérateur, le 10 mai 1981, qui la marque à la mesure du désenchantement qu'il a provoqué, note Yamini Kumare. Et elle a parfois le sentiment de payer le prix du renoncement auquel elle a assisté."
À LEUR CORPS DÉFENDANT
Les jeunes générations du pouvoir, élites à leur corps défendant, sont d'ailleurs particulièrement impitoyables pour les élites françaises en place depuis trente ans. Elles les jugent médiocres, cyniques. Et avant tout menteuses. Du coup, face à la réalité d'une société malade, la fameuse exception française n'est plus vécue que sur un mode péjoratif. La génération 68, qu'ils perçoivent très largement représentée dans les médias et la politique, est vilipendée avec une rare violence. Et pas seulement parce qu'elle occupe encore le pouvoir. Car les 30/45 ans interrogés dans l'enquête n'échappent pas au sentiment dominant leur génération : "l'idée qu'il faut grimper est dévalorisée" , dit l'un des interlocuteurs de l'étude. Ils préfèrent multiplier les expériences plutôt qu'une progression verticale dans la hiérarchie. Mais s'ils critiquent la génération 68, c'est d'abord pour son renoncement.
C'est d'ailleurs, au fond, le vrai point positif de cette enquête : les nouvelles élites du pouvoir refusent de succomber à la passivité. Certes, ils arbitrent très soigneusement entre leur vie privée et leur engagement et refusent de sacrifier l'une pour l'autre. Mais ils croient le changement possible et reprochent à leurs aînés d'avoir asséché les discours de transformation.
Ils considèrent pourtant que si la société est bloquée, c'est qu'elle n'a jamais réglé ses comptes avec son passé et qu'elle y a perdu son identité. "Pour nos interviewés, il n'y a dès lors plus à tergiverser, écrivent les auteurs de l'étude, il va falloir choisir : soit continuer de se leurrer, de blâmer la mondialisation et la globalisation, la crise économique et l'impuissance des politiques, soit convoquer notre histoire et se livrer une fois pour toutes aux indispensables processus de libération et d'exorcisation de la mémoire française. En somme, le purgatoire... ou la purge."
Raphaëlle Bacqué
Les ressorts d'une étude qualitative
Euro-RSCG, comme plusieurs sociétés de conseil, réalise de nombreuses enquêtes "qualitatives" pour ses clients (entreprises, annonceurs publicitaires, partis politiques). Ce sont des enquêtes tirées d'entretiens semi-directifs menés sur des groupes ou des individus, sans souci de constituer un panel représentatif. Les entretiens restent toujours anonymes, sans spécification des catégories professionnelles, selon des méthodes importées des Etats-Unis il y a plus de vingt-cinq ans. Le but n'est pas de trouver des corrélations statistiques mais de comprendre les représentations sociales d'un groupe.
Cette enquête a été menée auprès d'une centaine de personnes, en position de pouvoir ou insérées dans des sphères d'influence, âgées de 30 à 45 ans. L'étude, normalement confidentielle, est accessible aux entreprises et partis politiques clients de l'agence.
Article paru dans l'édition du 16.06.05 »
2005-06-16 03:22:46 de Arnaud

F.C se serait égratignée en découpant une petite sirène à coup de lame de rasoir en laissant derrière elle de petites concrétions ??? Seigneur, je défaille...
2005-06-16 16:53:14 de arte

Dans un livre d'enfant qui se trouvait dans la maison de mes parents - il y avait à l'intérieur, je crois, plusieurs adaptations de contes d'Andersen -, on disait qu'à chaque pas qu'elle faisait, la petite sirène ressentait dans les pieds des douleurs atroces, comparables à de petits coups de couteau. Plus tard, une de mes amies, qui avait chez elle la même édition, m'a avoué combien cette image l'avait hantée, et avait nourri chez elle de terrifiants cauchemars.
2005-06-16 17:36:43 de Frédérique Clémençon



Jeudi 16 juin 2005. Pas cinquante ans, la planète.

D'une génération l'autre,
pour reprendre un sujet d'hier et l'article du Monde...

« C'est la génération salle d'attente, celle qui pense son heure venue, rêve de changer la société et fouler les allées du pouvoir mais se contente du status quo. Question : l'élite soixante-huitarde bloque-t-elle l'ascenseur social des trentenaires ? En politique, les chiffres parlent seuls : en 1980, plus de 30 % des députés avaient moins de 40 ans, aujourd'hui ils sont moins de 10 %.
Clémentine Autain, elle, a 32 ans. Cette jeune adjointe au maire de Paris, plaide pour la relève : "Quand on n'a pas fait 68, en gros, on n'a pas tellement voix au chapitre, y'a un côté très paternaliste chez la génération de 68 qui, en fait, ne fait pas tellement confiance dans les jeunes..."
L'enquête Euro RSCG confirme un constat : oui, les cadres trentenaires ont le sentiment que la génération de leurs parents accapare le pouvoir et surtout refuse la transformation.
Laurent Guimier est journaliste, auteur du livre Génération 69 : "On nous a pris surtout pour une génération d'enfants sages, on nous a cantonnés dans une image d'adulescents admirateurs de Casimir qui mangeaient des fraises Tagada. Déjà on dit maintenant, c'est fini, ça suffit, on a 30 ans, on a compris. Le fait d'énoncer ces simples vérités que la société est bloquée et que les trentenaires sont totalement verrouillés par la génération précédente, c'est déjà quelque chose d'absolument explosif."
Pas si simple, explique Bernard Cathelat. Pour le sociologue, le soixante-huitard est un responsable bien commode pour justifier l'immobilisme actuel des trentenaires : "On n'est pas devant un choc de générations, on est devant le choc d'une minorité de trentenaires face à une minorité de cinquante ou de soixantenaires. Ces trentenaires-là, que j'appellerai plutôt branchés et élitistes, au lieu d'avoir viré leur adolescence à quinze ans ou à dix-huit ans en s'en prenant à leurs parents personnels, le font aujourd'hui sous une forme un peu collective à l'égard non pas de leurs parents mais d'un ensemble de parents qu'ils appellent les soixante-huitards."
Entre révolte et soumission, impatience et atonie, les trentenaires cherchent encore les moyens de forcer le passage. En attendant, leurs aînés décident souvent à leur place.»
(Reportage France Info)

Au 20-heures de France 2, il était amplement question de la suite de l'Auberge espagnole, de Klapisch :
Les P[Po[Pou[Poup[Poupé[Poupée[Poupées russes]russes]usses]sses]ses]es]s...

Cet après-midi, avec mes étudiantes, on revient en détail sur le concept de « bordel » que serait devenu le monde, selon Xavier, alias Romain Duris. Ça se passe dans les premières minutes du film, après avoir quelque peu démagogiquement mis en scène que le système administratif d'Erasmus serait inutilement compliqué (liste interminable de documents à fournir, politesse limite dans les bureaux, etc.), Klapisch prête à Xavier un monologue en voix off sur fond d'échangeurs d'autoroute superposés, selon lequel tout serait « mal foutu, pas rangé », ponctué de « je ne sais pas si...» et de « j'imagine » qui font apparaître la vraie nature de ce discours : impressionniste, passéiste, involontairement réac, typique de ceux qui ne parviennent pas à percevoir les bénéfices de la technique et qui en aperçoivent plus rapidement les défauts.
Parmi mes étudiantes, deux vont justement partir cet automne étudier à l'université en France pour 8 mois dans le cadre d'un protocole d'échange. Elles témoignent qu'elles ont eu elles aussi à remplir des dossiers, une vingtaine de documents en tout, certains n'étant pas encore validés ou obtenus, mais sont conscientes des nécessités administratives contenues dans ce genre de programmes qui auparavant n'existaient pas parce que personne ne voulait / pouvait imaginer la complexité des responsabilités croisées, des besoins d'information, de prise en charge, etc., à un coût acceptable pour les familles et pour les institutions.
Cependant, le personnage de Xavier n'est réac qu'en apparence (ou en préjugé, tout comme Anne-Sophie n'était raciste qu'à défaut d'y avoir réfléchi), et Klapisch y veille car aussitôt après il se ridiculise en croyant que le monde d'avant était simple (sous-entendu : agréable, heureux) parce qu'on y aurait eu un rapport direct aux choses (champs, cochons, couvées, etc.), surtout résumé au monde de Martine, le livre pour enfants, ce qu'Audrey Tautou, alias Martine, ramène prosaïquement à un monde sexiste, et j'ajouterai : sale et brutal...
Même s'il refusera finalement son poste au ministère, Xavier aura vécu heureusement la complexité des rapports humains multilingues, bénéficié d'un système administratif complexe pour apprendre l'espagnol, se sera déplacé dans des avions qui sont des machines complexes, autant en technique qu'en infrastructure, aura téléphoné avec des portables dont l'utilité n'est plus à démontrer malgré la complexité des réseaux et des contrats, et voudra devenir écrivain en pianotant sur un clavier d'ordinateur dont le système est autrement compliqué que le classique crayon-feuille de papier. Il aura fait sa place et trouvé les avantages qui permettent d'accepter les inconvénients.
Tout cela ne veut pas dire qu'il faut laisser aller toutes les dérives technicistes, les gabegies industrielles ni les expérimentations biopolitiques, mais que c'est précisément en ne tombant pas dans la facilité de dire que toute technique est mauvaise qu'il doit être possible de surveiller pour éviter les catastrophes et aller vers des lendemains qui chantent (appeau). Alors qu'un désintérêt massif de la population, à supposer qu'elle puisse se passer des facilités qu'offrent les voitures, fours à micro-onde, TGV, etc., laisserait un boulevard à tous les apprentis-sorciers de la planète, qui n'y résisterait pas cinquante ans, la planète.


...autrement PLUS compliqué que... ?
2005-06-17 03:08:37 de Manu

Euh... non, là, c'est pas nécessaire...
2005-06-17 03:32:28 de Berlol

J'aurais dû me méfier un peu plus. J'ai hésité et puis je me suis dit ça ne coûte rien, après tout, je ne fais que suggérer...
Aïe, d'un coup, là, je perds toute ma crédibilité...
Moi qui allais te demander de rémunérer mes relectures et corrections ! ;)
2005-06-17 10:20:28 de Manu

Tu les factures combien tes relectures??!!!
2005-06-17 11:13:20 de Bikun



Vendredi 17 juin 2005. Délivré de ce prurit.

Bien que j'eusse écrit il y a fort longtemps déjà que de le lire « l'arrêt public délivre », j'ai mis le blog d'Assouline dans mes liens dynamiques Firefox et, passant en revue l'ensemble des titres des blogueurs, il m'arrive d'en ouvrir un de cette pompeuse République des livres dont, avec une exaspérante régularité, je suis déçu. Ce fut le cas aujourd'hui, attiré par un titre a priori odieux : Da Grozda Code. Quand on se souvient avec quelle attention j'ai patiemment lu les Rêveurs et Nageurs de Denis Grozdanovitch (voir index du JLR) (et je ne suis à l'évidence pas le seul), il est triste de voir le ton de mépris supérieur et bouffi avec lequel un critique en vue se permet d'expédier un ouvrage de cette qualité, truffant son texte d'indignes potacheries, à commencer par le titre...
Or, c'était bien de cabotinage et de prétention injustifiée et décevante, entre autres, que parlait Philippe De Jonckheere après avoir tenté de discuter publiquement de littérature et d'internet avec Pierre Assouline et Hafid Aggoune dans une librairie. Du Coq à l'âne reprend cela en détail. Où l'on a aussi la gentillesse d'opposer à ce type de non-rencontre le futur colloque de Cerisy — en espérant qu'il sera à la hauteur des espoirs...

Ce que pointe aussi Philippe, c'est que Pierre Assouline, en homme déjà placé dans les médias, ne conçoit sa présence sur internet qu'en termes d'occupation du terrain, et non en termes de propositions créatrices. Ses billets dépourvus par principe de liens hypertextuels — ce que j'avais désigné l'an dernier comme une tare des blogueurs-qui-n'ont-rien-compris — étalent au grand jour sa centripétie galopante, d'ailleurs entretenue par quelques réguliers caudataires de ses bas de blog.
 À l'inverse de cette démarche isolante et obsessionnelle, qui ne fait que reproduire sur un lieu passant et gratuit ce qui est le fonds de commerce de la critique traditionnelle, Philippe devrait être d'accord pour que nous identifiions les hyperliens à de nouveaux tropes, permettant, on le sait, la réticulation, par exemple vers des tresses de blogs amis — son Désordre étant en partie fait de ces liens et de ce qu'ils ajoutent, chose encore inconcevable pour beaucoup, à une production artistique et littéraire déjà fort touffue.

Délivré de ce prurit (qui me permet aussi de faire le point et d'avancer mon intervention au colloque), je peux revenir à mes moutons et finir mon cours pour demain, le dernier sur La Nausée...


:)
2005-06-17 17:11:47 de hurlu

Volubile vous êtes, vocabulaire recherché vous utilisez,un peu dtrop descendeur en flammes, je me sens comme à la fameuse Battle of England.
L'ennemi est sensé tombé en vrille.
2005-06-17 19:28:48 de Traube

« Il semblait pourtant facile de remarquer combien les êtres, comme les astres, ne se maintenaient qu’un court instant à leur zénith » écrit Denis Grozdanovitz dans "Rêveurs et Nageurs ". Une lectrice lambda de mon acabit trouve ce livre passionnant, précisément en raison de sa sincérité narrative. J’apprécie de plus en plus les écrivains qui laissent apparents les étais des galeries qu’ils creusent dans l’écriture pour les intégrer au coffrage qui deviendra un livre solide à traverser. Il faut être un peu tatillons ou légèrement persécutés pour ne pas penser que l’écrivain est parfaitement conscient de son approche et de sa méthode narrative. Nathalie Sarraute a pu dire à juste titre que pour devenir un « vrai » écrivain, il faut inventer quelque chose. Souvenez-vous le tollé soulevé par le tryptique Goncourt de Pascal Quignard qui en a bousculé plus d’un. Coup de tête et de talent dans la fourmilière . Ca valait le coup vraiment de mélanger les genres, de sortir des classifications pesantes : poésie-prose-essai-récit-roman-nouvelles. Il est bon de casser la baignoire pour permettre à l’eau du bain de jaillir autrement.Bien sûr ça éclabousse un peu les Gribouilles et les Gargouilles de Blog ( Comme on dit grenouilles de pénitenciers).C’est presque rafraîchissant toutes ces giclées de jalousie littéraire. On va remplir la piscine, c’est bientôt l’été ! Allez Denis, je plonge après vous (sans érection, ça peut calmer l’ambiance ?). Merci Patrick de m’avoir fait découvrir ce livre et cette écriture.
2005-06-17 23:13:03 de Marie.Pool

Denis Grozdanovit-ch ! et non pas Z ( qui me plaiZait) Oups, vous voyez comme on se trompe dans la restitution des fois !!!
2005-06-17 23:21:13 de Marie.Pool

3 heures 25. Il fait trop chaud peut-être.
Je viens ici vers 5 heures 10. Des klaxons lointains. Des sorties de boîtes peut-être, c'est le quartier, c'est l'heure. J'ai repris la lecture des Frères Karamazov. O ! Aliocha ! qui ne connaît pas l'offense. Mais je ne lis jamais le matin. Par hygiène plus que par principe.
J'ai acheté quatre armoires hautes et maigres et métalliques de bureau. Tous les matins, pour aller au travail, je passe à vélo devant une brocante jamais ouverte, rue de Rochechouart, à l'angle de la rue Pétrelle. Chaque fois, je jette un oeil en passant aux meubles, aux trucs, étiquetés à la va-vite d'un post-it jaune. Je passe. Je n'ai pas d'argent ni guère de besoin. Des camionnettes à l'occasion y sont garées en file, siglées Débarras, et des types attendent devant leur véhicule, des noirs, toujours des noirs, en salopette. C'est le signe que la boutique est ouverte. L'autre jour donc, j'avise ces armoires, met pied à terre et conlus l'affaire en cinq minutes. J'ai très peu de temps; je n'ai pas de voiture mais le patron me livrera le soir même gratuitement.
Depuis je décape mes armoires. Le patron m'a dit qu'elles provenaient d'un institut de géographie qui bazarde ses placards et ses rangements, passe définitivement à l'ordinateur. Je retrouve, c'est vrai, des liasses de formulaires parlant cadastre, réunion de parcelles.
5 heures 30. Tiens, mon voisin antiquaire du troisième est réveillé. Ses rideaux sont tirés mais c'est la pièce de la télévision. Il doit la regarder. J'entends à l'instant qu'il ouvre la fenêtre, mouvement qui déclenche des battements d'ailes chez les pigeons, des roucoulements. Le jour se lève.
Juste en face, au même étage que moi, il y a un antiquaire également, jamais là. Je ne sais pas quelle heure il est chez les gens mais chaque fois que je me suis levé dans la nuit et qu'il était là, c'était allumé chez lui.
J'y pense. Mon voisin de dessous, juste en dessous, un troisième voisin, est antiquaire également. Il travaille dans un cabinet d'architecture mais le plus clair de son temps, il le passe à chiner. Il me raconte. Il collecte tout ce qui est industriel et les gros pots de fleurs en ciment. C'est peut-être le quartier qui veut ça, le quartier Drouot. Ou l'âge. Ils ont tous plus de cinquante ans. Ou l'immeuble.
Je ne suis pas antiquaire. Je suis spécialiste du décapage, thermique, chimique, mécanique. Avec mes quatre armoires (que je ne peux poncer à cette heure), je m'attaque à des surfaces insidieuses. Le gel de Décapex dissout à peine la fine couche de peinture grise. Impossible de chauffer : toute l'armoire se met à chauffer, gondole et livre un claquement. J'ai essayé dans le dos de l'une et découvert une belle couleur de métal mais avant d'obtenir la même chose partout, ça me prendra des mois. Chaque armoire comporte dix petits casiers fermés d'une porte. A raison d'un casier par jour, ... mais non. Je ne termine pas un casier dans la journée. J'en mets partout, attaque plusieurs casiers en même temps, ai fait une tentative de peinture sur une autre. C'est un chantier. Ces armoires sont une erreur. Elles sont devant moi. Je ne suis pas près d'y ranger quoi que ce soit. Elles ne me donnent même pas envie de dormir.
2005-06-18 06:00:41 de Alain

"le ton de mépris supérieur et bouffi" est celui la plus part du temps adopté par P. Assouline. Ca fait rire quand il s'attaque à un homme politique, Président de la Région Languedoc Roussillon, (pardon Septimanie), qui a lui aussi un "ton de mépris supérieur et bouffi". On le trouve vraiment insupportable quand il s'attaque à Hugo Chavez qui distribue un million d'exemplaires de Don Quichotte à la population vénézuelienne dans le cadre d'un plan d'alphabétisation.(18 avril 2005). On fait rire avec un tel geste, on cherche le message tordu et politicien qui se cache derrière tout ça, on préfère regarder ça de son arrondissement parisien au lieu d'essayer de comprendre. Creux et vain.
2005-06-18 07:23:36 de Caroline

« Edito du Monde :
Blair prend la main
LE MONDE
Jean-Claude Juncker, le premier ministre luxembourgeois, qui exerce jusqu'au 30 juin la présidence de l'Union européenne, a l'ironie cruelle. "Demain, je vais expliquer en détail aux Etats-Unis la force et la vigueur de l'Europe" , a-t-il affirmé, en soulignant la "crise profonde" dans laquelle elle est entrée après le double échec d'un sommet de Bruxelles dont elle sort sans Constitution et sans budget 2007-2013.
Les dix nouveaux pays membres ont eu beau, l'un après l'autre, se déclarer prêts à renoncer à une partie de leurs exigences financières pour aboutir à un compromis, rien n'y a fait. Tony Blair a refusé tout gel du rabais arraché par Margaret Thatcher pour la Grande-Bretagne en 1984. Jacques Chirac s'est opposé à la remise à plat de la politique agricole commune (PAC). Les agriculteurs français, bien qu'ils soient les principaux bénéficiaires de cette PAC, n'en ont pas moins voté massivement contre la Constitution européenne, rejetée par les Français le 29 mai.
Le double échec de Bruxelles se solde par une double victoire de M. Blair. Le premier ministre britannique, conforté par sa réélection et par l'affaiblissement du couple franco-allemand, a imposé ses vues. Sur la Constitution, il a convaincu la plupart des pays qui s'apprêtaient à organiser un référendum à y surseoir. L'Union a même repoussé d'un an, à la fin de 2007, après l'élection présidentielle française, le délai prévu pour la ratification du projet de Constitution.
Sur le papier, on peut incriminer, comme l'ont fait M. Juncker, M. Chirac et Gerhard Schröder, l'intransigeance britannique sur le budget. Le président français était habilité à défendre bec et ongles une PAC sanctuarisée par un accord unanime en 2002. Mais M. Blair a eu beau jeu de dénoncer l'"anomalie" consistant à consacrer 40 % du budget européen à la PAC, c'est-à-dire sept fois plus que pour des dépenses d'avenir sur les sciences, la technologie, la recherche, le développement et l'éducation.
Ce n'est pas le moindre paradoxe que de constater aujourd'hui que le double non français et hollandais ­ motivé en France par un refus de l'Europe libérale ­ aboutit à une remise en selle du champion d'une ligne social-libérale ! Le seul plan B qui existe n'est pas celui qu'annonçaient les défenseurs français du non de gauche. C'est bien le plan Blair.
A deux semaines de la présidence britannique, le 1er juillet, M. Blair a pris la main. Il n'hésite pas à donner une leçon d'Europe à ses pairs, car "les gens en Europe ne sont pas satisfaits de la direction prise par l'Europe" . Il en appelle à un "débat fondamental" et voit même dans cette crise "un moment de renouveau" . M. Blair se défend de rogner l'Europe sociale, mais le programme de réformes qu'il esquisse ­ sur la flexibilité du marché du travail, la réduction des subventions publiques ou la libéralisation du marché de l'énergie ­ est on ne peut plus libéral. L'Europe est en panne. Contrainte de se réinterroger sur ses priorités, parviendra-t-elle à un nouveau consensus ?
Article paru dans l'édition du 19.06.05 »
2005-06-18 13:09:16 de Arnaud

Jean-Claude Juncker, 18 juin 2005
"J'ai eu honte lorsque j'ai entendu l'un après l'autre tous les nouveaux pays membres, tous plus pauvres les uns que les autres, dire que, dans l'intérêt d'un accord, ils seraient prêts à renoncer à une partie de leurs exigences financières (...) Demain, j'irai expliquer en détail aux États-Unis la force et la vigueur de l'Europe".
On se sent vraiment mieux depuis que nous sommes à l'abri de l'ultra-libéralisme.
2005-06-18 13:44:31 de Dom

Tiens, .JC Junker va aux Etats-Unis ... et DOM se sent mieux !
Berlol, tu sais que tu es beau quand tu te mets en colère :x (de toute façon, c'est toi qu'on écoute, pas Assoupline :x )
2005-06-18 14:17:58 de arte

Ca, c'est sûr qu'on commence à sentir les "bons" effets du Non, et la "montée" de l'influence française... ...
2005-06-18 16:51:36 de Arnaud

Arnaud sois sage !
2005-06-18 17:05:41 de arte

Ca, au lendemain du non, et à sec de projets que sont France et Allemagne, on va la sentir passer la présidence britannique…
Remarque, un démembrement progressif de l'Europe, fera peut être sentir à beaucoup de ceux qui ont voté contre à quel point ils en dépendaient sans en avoir forcément une conscience forte. Notamment dans certains milieux agricoles. Curieux quand même.
Pendant ce temps, le rabais Thatcher est toujours d'actualité pour le RU qui s'engraisse toujours autant tout en donnant si peu… Mais il faut dire que l'on a perdu le cadre que l'on se proposait pour discuter, alors bon…
2005-06-19 02:05:07 de Acheron

Aigreur et Réchauffage sont dans un bateau...
L'échec du sommet et les plans erratiques des politiques n'invalident a posteriori ni les raisons de dire oui ni celles de dire non.
Par contre, ce que nous voyons est exceptionnellement intéressant : Naturel revient au galop, Bêtise et Égoïsme l'accompagnent.
Je vote pour l'exclusion de la Grande-Bretagne de l'UE. Ah... il n'y a pas de scrutin ? C'est bien dommage, parce que là je savais quoi voter.
2005-06-19 02:07:41 de Berlol

Il ne s'agit pas d'invalidation, il s'agit de conséquences agravées d'un mal qui couvait depuis un moment.
Après le non, le "débordement" était d'autant moins contrôlable… et d'autant plus prévisible.
2005-06-19 02:14:16 de Acheron

Je trouve cela incroyable qu'arte traite ainsi tout le monde avec condescendance sans rien apporter lui-même à la discussion. (A part ses "résumés").
Quant au vote du budget, la non-ratification du traité constitutionnel donne maintenant libre cours au néo-libéralisme débridé (et notamment celui qui veut casser la PAC), sans qu'il y ait de voie de recours puisqu'il n'y a pas de cadre de discussion régulant les débats et que, du coup, la France se voit isolée. Et je ne vois pas comment cela pourrait changer maintenant.
Retour au franc dans cinq ans ? Certains en discutent...
2005-06-19 02:51:32 de Arnaud

Arnaud, tu ne pourrais pas laisser ton sérieux de côté cinq minutes ?
On n'est pas ici dans une tribune / instance politique. Si tu veux agir, il y a des partis et mouvements dans lesquels aller militer. Je croyais qu'Aigreur et Réchauffage suffisaient à faire comprendre mon message... De plus, au lieu d'accuser encore une fois les votants du non (je rappelle que j'ai voté oui), tu ferais mieux, en historien, de t'interroger sur les causes objectives de ce vote, sur la vague de mécontentement qui en est la cause. Qui a provoqué la vague ? D'où venait-elle ? Ça ce serait une vraie bonne contribution. Et je suis sûr que tu aurais les félicitations d'Arte en prime !...
2005-06-19 03:09:08 de Berlol

" De plus, au lieu d'accuser encore une fois les votants du non (je rappelle que j'ai voté oui), tu ferais mieux, en historien, de t'interroger sur les causes objectives de ce vote, sur la vague de mécontentement qui en est la cause. Qui a provoqué la vague ? D'où venait-elle ? Ça ce serait une vraie bonne contribution."
Voilà une remarque sensée !
2005-06-19 03:17:01 de jcb

Cher Berlol, on ne peut pas s'extérioriser ainsi par rapport à la société dans laquelle on vit. Car on en est partie prenante.
Je suis obligé d'avoir un avis sur la question, sauf à prétendre rejeter le politique et la société. C'est normal.
J'aimerais simplement avoir l'avis des nonistes maintenant que nous faisons face à une crise budgétaire sans précédent.
Quant à réfléchir sur les causes de la crise et du vote du non, j'ai déjà mis ici quelques articles qui me semblaient pertinents (Rosanvallon, etc.). Tu as toi-même vu les réactions anti-intellectualistes qui ont suivies...
Croire que chaque position serait également argumentée me semble une erreur. Je comprends que le respect de chacun entraîne le relativisme, mais il y a un moment où l'on doit accepter le fait d'être dans une impasse. La "générosité", ce n'est pas un argument.
2005-06-19 03:19:30 de Arnaud

Bah, y'a pas tellement grand chose d'autre à ajouter je pense.
Par contre, je voudrais vraiment que les nonistes s'expriment clairement MAINTENANT. Qu'ils nous donnent leur vision de la crise budgetaire. Si ils nous répondent, quand même, que ça n'a "rien à voir", c'est qu'ils sont quand même un peu à côté de leurs pompes en ce qui concerne le fonctionnement politique des États… Je ne tends de piège à personne, je voudrais juste avoir leur avis.
Par ailleurs, avant de s'intérroger en historien sur les causes du problème actuel, je pense que c'est davantege le moment de discuter, et d'écouter ce que disent les uns et les autres. Et je trouve justement que les nonistes sont assez (trop ?) silencieux d'une manière générale.
Voici un papier du monde intéressant sur Chirac :
Le conseil européen à peine achevé, Jacques Chirac et Tony Blair ont cherché, au cours de deux conférences de presse séparées, à se renvoyer la responsabilité du naufrage budgétaire. "Je déplore que le Royaume-Uni se soit refusé à apporter une part raisonnable et équitable aux dépenses de l'élargissement" , a lancé le président français. C'est l'intransigeance britannique, a ajouté M. Chirac qui a conduit "quelques autres pays à la surenchère" . Et de fustiger "l'égoïsme affiché par deux à trois pays" . Un peu plus tôt, M. Blair avait affirmé : "L'Europe n'est pas la priorité d'un seul, mais de nous tous." Il s'était moqué, dans une allusion à M. Chirac, de "ceux qui ont dit autour de la table que la politique agricole était une politique moderne" .
Pour le président français, l'échec de la discussion budgétaire et le gel de la Constitution sont bien plus dommageables que pour le premier ministre britannique. M. Blair s'est certes un peu isolé, mais il apparaît comme le nouvel homme fort de l'Europe. Jacques Chirac, après un non massif au référendum du 29 mai, revient de Bruxelles sans avoir remporté aucune bataille décisive ni s'être imposé comme le "sage" qui aurait su mettre tout le monde d'accord.
Ses qualités de stratège aussi ont été mises à mal. Ainsi a-t-il été surpris du ton peu aimable des commentaires de M. Blair après leur dernier entretien à l'Elysée, mardi 14 juin, alors que celui-ci lui avait paru "cordial et chaleureux" . Pendant la campagne du référendum, il a longtemps voulu se rassurer en pensant que M. Blair ne pourrait éviter d'organiser une consultation. Aujourd'hui, elle est reportée sine die.
CONCEPTIONS DIVERGENTES
C'est pourtant dans le domaine international que M. Chirac avait marqué des points depuis sa réélection en 2002. Avec constance, les sondeurs le créditent d'une forte cote de confiance sur le terrain diplomatique, un pic ayant été atteint pendant la guerre d'Irak. Ce nouvel échec sur le terrain européen risque d'affecter sa crédibilité sur la scène mondiale et, par ricochets, de l'affaiblir encore davantage sur la scène intérieure.
Dès le mois de mars, M. Chirac avait repris ses attaques, entamées dès 2002, contre le chèque britannique, en expliquant que celui-ci était "inacceptable" . Ces appels ont rencontré un certain succès, puisque vingt-quatre capitales réclamaient la mise en cause du "chèque britannique" . Forts de ces soutiens, les Français ont poursuivi leur offensive au cours du sommet, en laissant entendre dans l'après-midi qu'ils pourraient bouger, afin d'obliger les Britanniques à transiger.
Mais depuis quelques jours, M. Blair avait choisi de contre-attaquer sur la Politique agricole commune, dont la France est la principale bénéficiaire : "Le rabais existe du fait des distorsions qui persistent au niveau des dépenses de l'Union" , répétait-il. Face à un Jacques Chirac affaibli par le non français au référendum, M. Blair, qui vient d'obtenir un troisième mandat, a réussi à placer son rival sous pression durant toute la durée du Conseil, alors que les dépenses de la PAC sont en principe sanctuarisées jusqu'en 2013.
Derrière l'opposition entre les deux hommes pointent des conceptions divergentes de la construction européenne, et des leçons à tirer de la crise actuelle. "Ce n'est pas une question de relations personnelles mais de visions différentes" , a constaté M. Blair. Il s'est appuyé sur le rejet de la Constitution en France et aux Pays-Bas pour réclamer une refonte des politiques européennes. "Le non au référendum ne peut pas être ignoré" , a lancé M. Blair, pour justifier la mise en cause de la PAC au profit de la recherche et de l'éducation. "Il est temps de mener les réformes dont l'Europe a besoin" , a asséné M. Blair. A ses yeux, un compromis sur le budget aurait témoigné d'un progrès pour l'"Europe politique" , un an après l'élargissement. "L'essentiel n'est pas de savoir qui est le plus solidaire, mais de quelle solidarité l'on parle, ce n'est pas nécessairement celle d'il y a cinquante ans" , a-t-il poursuivi.
"Il y a eu un affrontement sur deux conceptions de l'Europe : ceux qui veulent le grand marché et rien d'autre (...) et ceux qui veulent une Europe politique intégrée" , a estimé le Luxembourgeois Jean-Claude Juncker : "je pressentais depuis toujours que ce débat éclaterait un jour" , a-t-il dit. Minoritaire sur le budget, M. Blair sait que sa démarche et les performances économiques du Royaume-Uni, sont citées en exemple par une partie des Etats membres, en particulier parmi les pays de l'élargissement, ce qui n'est le cas du "modèle social" défendu par M. Chirac.
Salué par M. Juncker, le président français a également reçu l'appui du chancelier Schröder : "veut-on un marché doté de quelques instruments, ou veut-on une union politique avec tout ce que cela comporte ?" , a lancé ce dernier. Pour M. Schröder, "ce qui se passe en Chine, en Inde, en Amérique du Sud, exige une réponse politique de l'Europe, pas seulement économique" .
Mais le chancelier est lui aussi dans une position difficile. Sa rivale chrétienne-démocrate, Angela Merkel, est donnée gagnante lors des élections anticipées convoquées à l'automne. Qu'adviendra-t-il alors du couple franco-allemand ? M. Blair ne s'y est pas trompé, qui, lors de sa dernière visite à Berlin, est d'abord allé voir Mme Merkel, libérale en économie et favorable à une révision de la PAC, avant de rendre visite à M. Schröder.
Béatrice Gurrey et Philippe Ricard
Article paru dans l'édition du 19.06.05
2005-06-19 03:22:20 de Acheron

Et pour terminer, à côté de cet article figurait en inclusion la réaction de Fabius, qui est, en ce qui me concerne, fort médiocre. Là aussi, j'aimerais bien avoir les avis des uns et des autres. Ce que ce grand basard montre, c'est qu'alors que le non est en partie (je pense aux arguments d'un bout de la gauche) passé contre une orientation libéraliste, ben, là, pour le coup, ça a l'air de repartir plus fort que jamais dans ce sens là. Voyez-vous comment le "non" (qui n'est pas, redisons-le, un "non" homogène) est exploité par les ultra-libéraux ?
M. Fabius s'en prend à MM. Blair et Chirac
Interrogé juste avant l'échec du Conseil, Laurent Fabius a estimé que Tony Blair et Jacques Chirac "portent une responsabilité" dans cette crise. "Le premier ministre britannique, parce qu'en réclamant son rabais en permanence, il veut une Europe au rabais. Et ça, on ne peut pas l'accepter", a expliqué le champion du non. Il a ajouté que "M. Chirac porte aussi une responsabilité parce que lui, il veut une diminution du budget global alors qu'on a besoin au contraire d'aider d'avantage la recherche, les technologies" . "C'est vrai que Jacques Chirac est affaibli parce que cela fait des années qu'on ne voit pas sa ligne européenne. Mais ce n'est pas parce que M. Chirac est affaibli que la France, elle, est affaiblie" , a-t-il indiqué. Pour M. Fabius, "ce que l'on voit au sommet de Bruxelles est révélateur d'une crise ancienne et profonde". "C'est cette crise là qui a créé les "non" [au référendum du 29 mai] et non pas les "non" qui ont créé la crise", a réaffirmé l'ex-numéro deux du Parti socialiste. Pour Jean-Marie Le Pen, Jacques Chirac est "un piètre négociateur, un européen honteux et n'ayant aucune vision politique à moyen et à long terme".
Et je rajouterais donc à cette intervention de Fabius la remarque suivante : que proposez-vous donc, Monsieur Fabius ?
2005-06-19 03:27:11 de Acheron

Je remarque que pendant que je concoctais mes posts, cela s'est agité là-haut.
Une remarque : il ne faudrait pas mélanger trop simplettement l'actualité et l'activité historicisante, hein. Le non à la constitution, ce n'était pas il y a 30 ans ! Nous tentons de penser les cause et les effets le plus sérieusement possible, tout en étant "à chaud". C'est comme ça que la politique peut rebondir en des moments de crises. Pas en écrivant une thèse de 800 pages, qui sort 10 ans après la bataille…
Je suis déçu par ta réponse, Berlol.
2005-06-19 03:37:41 de Acheron

Gardiens revendiqués du vote du 29 mai, les partisans du non de gauche devaient se rassembler, jeudi 16 juin, à Paris, à Bruxelles, et dans toutes les grandes villes de France. En fin de journée, place de la République à Paris, à l'appel d'une trentaine d'organisations devraient ainsi défiler côte à côte les socialistes Henri Emmanuelli et Jean-Luc Mélenchon, la communiste Marie-George Buffet, le trotskiste Olivier Besancenot ou bien encore les Verts Francine Bavay et Yann Wehrling ­ bien que ce dernier ait fait campagne pour le oui. Au moment où se tient le premier conseil européen après le double non français et néerlandais, tous exigent la négociation d'un nouveau traité constitutionnel.
En parallèle, à l'initiative d'Attac, une délégation composée notamment de son président, Jacques Nikonoff, d'Yves Salesse, président de la Fondation Copernic, Francis Wurtz, député européen communiste, Pierre Khalfa de l'union syndicale Solidaires, Philippe Martin, représentant Laurent Fabius, Françoise Castex, députée européenne proche de M. Emmanuelli et Jean-Pierre Chevènement, a demandé à être reçue par le Conseil européen pour "exposer les raisons du non", et "présenter des propositions alternatives pour une refondation démocratique de l'Europe".
La crise ? Unanimes, les tenants du non de gauche balaient ce constat. Depuis plusieurs jours, Laurent Fabius ne cesse de le répéter : "Ce n'est pas le non qui amène la crise, c'est la crise de l'Europe qui a débouché sur le non". Pour tous, l'Union européenne était déjà mal en point bien avant le référendum français. "C'est l'impasse d'une Europe qui ne fonctionne pas, qui n'a pas de politique économique et sociale, pas de budget conséquent, pas de position commune sur les conflits", affirme M. Salesse. M. Emmanuelli, lui, explique qu'il ne s'étonne pas de la discorde Chirac-Blair sur le budget : "Chirac et Schröder s'étaient déjà disputés sur le sujet, à Weimar, une semaine avant le 29 mai, assure-t-il. Nous l'avions dit dans les débats : ce budget n'est pas à la hauteur."
Face aux partisans du oui, qui dénoncent de plus en plus fort l'absence de "plan B" , ­ défendu pendant la campagne par le camp du non ­ chacun esquisse des scénarios de rechange. Interrogé sur France 2, mercredi 15 juin, M. Fabius a commencé par ironisé : "Si l'idée est de dire que dans le coffre-fort de M. Barroso -président de la Commission européenne- il y a un texte en cinq articles, deux protocoles et trois annexes, personne ne l'a jamais prétendu". Il a alors réitéré ses "solutions" : refuser les directives "contestables", renégocier le texte en conservant la Charte des droits fondamentaux, en aménageant la partie institutionnelle et en supprimant celle sur les politiques économiques contenues dans le titre III.
UN "PLAN MARSHALL"
Tout en qualifiant au passage son parti de "blockhaus" , l'ancien numéro deux du PS, a plaidé pour une réévaluation du budget européen afin de financer l'élargissement aux nouveaux entrants. Il a souhaité "un effort de solidarité" qu'il avait déjà présenté le 4 juin, devant le conseil national du PS comme "un plan de relance économique" . Il reprend ainsi l'idée d'une sorte de "Plan Marshall" développé par M. Emmanuelli et estimé par ce dernier à 250 milliards d'euros sur cinq ans. Un projet semblable était avancé dans les "propositions pour une relance européenne", scénario alternatif présenté à l'initiative du PCF. Mme Bavay, figure du non des Verts, suggère de le financer par "une taxe sur les ressources non renouvelables, en échange d'un minimum social européen." Pour beaucoup, l'actuelle Constitution étant "morte", il faut l'abandonner et en rédiger une autre. "Sauf à vouloir aggraver la crise, le processus de ratification doit s'arrêter", estime le sénateur PS de l'Essonne, Jean-Luc Mélenchon, qui préconise l'élaboration d'une nouvelle version par une "commission du Parlement européen".
Pour l'appel des 200, c'est une "assemblée constituante" qui devrait s'y atteler. Selon ses responsables, le texte doit se limiter à réglementer les relations entre les "systèmes de représentation des populations", revoir le fonctionnement des institutions européennes en limitant le champ d'action de la Commission, et prévoir des conditions de révision plus souples. La Charte des droits fondamentaux serait revue "à la hausse". Parmi les "mesures d'urgence" exigées, figure la révision ­ ou la disparition ­ du pacte de stabilité et son remplacement par le fameux "plan de relance".
L'arrêt des directives européennes contestées (Bolkestein, temps de travail, transports publics...) complète ce socle commun du non de gauche qui s'appuie sur la renégociation d'un nouveau texte et une politique de relance. Là est leur plan B.
Isabelle Mandraud et Sylvia Zappi
Le Monde, article paru dans l'édition du 17.06.05
2005-06-19 04:04:00 de Acheron

On se calme et on boit frais...
Pour le ton, vous vous êtes un peu policé. Je vous en remercie. Veuillez faire part de vos doutes sur vos propres avis. Cela ne leur enlèvera aucune force et vous rendra plus urbains, plus agréables aux yeux des autres (notamment ceux qui ne partagent pas vos avis).
Et puis relire un petit bout du JLR du 30 mai ne peut pas faire de mal :
"L'avenir dira s'ils ont eu raison ou tort (et moi du même coup) mais dans l'immédiat, ça va plutôt être grave, et peut-être bien d'abord pour ceux qui ont voté non, car un passage par la case Sarko ira dans le sens contraire d'un plus social. Je les comprends aussi, ces fêtards nonistes, parce que le précédent scrutin, pour ne prendre que celui-là, a montré l'autiste cynisme de nos gouvernants. Aujourd'hui, ces mêmes gouvernants sont en train de se voir et de se téléphoner toute la journée comme des fous, de l'Élysée à Matignon et dans tous les ministères pour savoir dans quel sens on va faire tourner les chaises, comment on va gruger les Français en leur faisant croire au changement qu'ils souhaitent alors qu'on repart de plus belle dans l'autre sens..."
2005-06-19 08:38:06 de Berlol

Je suis tout à fait d'accord avec ce que tu avais écrit là, Berlol (comme j'avais déjà dû le noter). Je pense moi aussi que la période dans laquelle on entre va être difficile, mais espère que l'on aboutira tout de même quelque part.
Il ne s'agit, bien sûr, pas de faire ici acte de militant, mais plus simplement de discuter. L'acte de discussion entre l'ensemble des citoyens de la communauté est à la base du fonctionnement de la Cité. Et notre Cité, dorénavant, c'est l'Europe.
Mais je sais que nous sommes tous d'accord sur ce point, et c'est l'essentiel.
2005-06-19 09:00:02 de Arnaud

" De plus, au lieu d'accuser encore une fois les votants du non (je rappelle que j'ai voté oui), tu ferais mieux, en historien, de t'interroger sur les causes objectives de ce vote, sur la vague de mécontentement qui en est la cause. Qui a provoqué la vague ? D'où venait-elle ? Ça ce serait une vraie bonne contribution."
C'est le plan D : Dolorisme, Désinvolture et Démagogie. Vu l'ambiance, je préfère faire vite. Mais aigre.
Ce serait bien aussi d'arrêter de faire comme si les politiciens tenants du non n'y étaient vraiment pour rien et qu'ils se contentaient de suivre les volontés du Peuple de France.
Détaillons quand même un peu : au début, c'était le texte qui était intrinsèquement mauvais. Maintenant, on nous parle de mécontentement. Mais on ne vote pas sous le coup d'une passion irrépressible; on ne voyait pas les nonistes débarquer au scrutin échevelés, livides. Il s'agit de convictions, fondées sur des arguments et une analyse de la situation politique et du rapport de forces. Les arguments sont ce qu'ils sont (assez dangereux, si vous voulez mon sentiment (ah ah)), et il est effectivement sans doute inutile de continuer à les réchauffer. Mais tous les développements récents me confortent dans l'idée que c'est surtout l'analyse de la situation qui est profondément viciée chez les nonistes. À commencer par ce sentiment d''avoir remporté une difficile victoire sur un ennemi surpuissant, alors que s'étale au grand jour la profonde faiblesse de la construction européenne actuelle. En fait, tout se passe comme si les nonistes avaient été en avance d'un scrutin : ils tendent à détruire le seul cadre dans lequel leur vote aurait pu avoir une quelconque signification. Ils le savent si bien qu'ils réclament une autre constitution, bien plus ci bien plus ça. Mais personne ne veut jouer avec eux. Zut, alors. (C'est l''aspect désinvolture de la chose). Ciao.
2005-06-19 12:00:22 de Dom

Ah oui, au fait, je ne parle toujours que des nonistes qui m'horripilent, les "non de gauche pro-européens"; ce que je viens d'écrire ne s'adresse qu'à eux. Les autres (souverainistes, révolutionnaires, etc.), qui votèrent et voteraient contre tout ce qui provient de l'Europe dans toutes les circonstances imaginables, je ne suis pas d'accord avec eux, mais dialogue et respect, à la loyale. Mais qu'une de nos connaissances, cfdt, extrêmiste du centre, qui a dû voter PS AU PREMIER TOUR depuis qu'elle a l'âge, ait pu voter non cette fois-là, ça ne passe pas. D'où certaines aigreurs...
2005-06-19 12:24:30 de Dom

C'est reparti comme en 14 !
2005-06-19 13:49:53 de vinteix

Alain, qui que vous soyez... j'aime !
2005-06-19 15:35:06 de arte

N'oubliez pas que nous avons affaire à la "perfide Albion"...
Honni soit qui mal y pense!
Amen! Etc...
Au fait, quel est le contraire de noniste? Ouiiste titi?
C'est curieux quand même d'appeler ainsi des gens qui ont simplement dit "non" ou "oui". Ça ne vous choque pas?
2005-06-19 16:30:24 de Ambassade

M'sieurs Dames, vous êtes particulièrement pénibles à vous acharner sur cettt affaire. Vous n'avez pas de patates à éplucher, de lait sur le feu, de romains à "tabasser", de projets ou hobbies qui vous occupent un peu, histoire de laisser l'eau couler sous les pont? Et aussi laisser les honnêtes gens vivre en paix et tourner la page? Nom de zeus...
Y'en a pas un d'ailleurs au passage qui veut bien m'acheter une petite photo que je puisse payer Berlol pour son hébergement :-) Voyez ou sont mes préoccupations MOI!
2005-06-19 16:31:57 de Bikun

Moi, ça va, je suis déjà au 19. J'ai repris l'Europe en main, moi.
2005-06-19 16:59:57 de Berlol

Je n'ai pas trop envie de parler d'Europe (sauf quand il s'agit de la revue dont la richesse et la qualité me sidèrent) mais de Groz, parce que je considère la section Apologie des fantômes de son livre Rêveurs et Nageurs comme une des choses les plus belles, les plus profondes, les plus bouleversantes que j'ai lues depuis longtemps sur le thème de la mort, du souvenir des disparus, avec cette façon qu'il a d'aborder le sujet par différents côtés, différents biais. Alors je choisis par exemple cette citation qui n'est peut-être pas si éloignée du second débat qui semble s'être greffé sur le post à proposdu blog d'Assouline (je partage totalement le point de vue de Berlol et je suis légèrement agacée quand je vois la place que les médias paresseux lui accordent dès qu'il s'agit de "blogs littéraires" !) : "Ne sommes nous pas, bien souvent à notre insu, le théâtre de luttes d'influences sans merci que les générations passées perpétuent en notre for intérieur ? (page 47).
2005-06-19 17:18:09 de florence Trocmé

C'est qu'il s'agit d'idéologie, Ambassade.
2005-06-19 17:21:27 de Arnaud

berlol + Florence trocmé = vendu... je commande lundi !
2005-06-19 19:21:58 de arte

Une histoire vraie pour illustrer les propos de Philippe de Jonckheere quant à l'absence de liens chez certaines "stars" de la blogosphère littéraire : il y a quelques mois, j'ai eu au téléphone un des responsables du site internet de France 2. Je m'étonnais de l'absence, dans leur rubrique culturelle, de liens vers d'autres sites... Il m'a répondu très clairement que "cela ne se faisait pas", par crainte de voir le lectorat déserter ! Ainsi, vous remarquerez que sur le blog de Campus, il n'y a pas d'autres liens que les liens "autorisés", rebattus, tels le site de Libé, du fig littéraire (Durand n'est d'ailleurs pas rancunier !)... Aucun lien qui ne pointe vers des blogs !
Ce qu'il ne faut pas oublier, c'est que les bloggueurs tels que nous, nous le sommes par passion. Nous écrivons, pensons, sentons, partageons gratuitement. Les blogs des journalistes, pour la plupart, sont des produits d'appel promotionnels, contrats publicitaires à la clé.
2005-06-20 11:57:46 de Eli Flory

Excellent, ce coup des liens interdits de page web dans les médias en ligne ! Pour ce qui est de "notre" place dans ces mêmes médias, je ne suis pas pressé qu'elle se fasse : s'exprimer sans entrave et sans intérêt me paraît bien plus intéressant. Et ceux qui veulent nous trouver nous trouvent.
2005-06-20 15:02:58 de Berlol



Samedi 18 juin 2005. Au bout de l'impasse ontologique.

Une dernière fois, aux aurores, j'ausculte Roquentin. Il vient de fermer l'ultime parenthèse de sa vie antérieure (Anny, qu'il voit partir avec un bel homme bronzé) et assiste à la déchéance de son copain l'Autodidacte, pris en flagrant délit de pédophilie. Il va quitter Bouville pour Paris où il n'a rien de mieux à faire que dépenser chichement sa rente. Il n'a plus aucune trace d'optimisme en lui, ni comme ceux qui œuvrent au progrès (humanistes et capitalistes dans le même sac) ou se bercent d'un éternel retour (de la patronne du café à Oswald Spengler, ça fait du monde), ni comme ceux qui croient à la vie après la mort (paradis, réincarnation, etc.).
Dans l'impasse ontologique, c'est encore la musique qui vient percer une nouvelle route : selon Roquentin, la musique, qui n'est pas faite pour la compassion entre existants (mortels), montre la voie de l'art qui permet à celui qui crée d'atteindre l'être... Mis en abyme, Roquentin-Sartre envisage le roman en y mettant le point final.

Impoli, de ne pas pouvoir rester déjeuner avec mes étudiants ! Je dois filer au temple à Akasaka pour une cérémonie dite des 35 jours (après la mort du père de T.). J'arrive, en sueur, juste au moment où le prêtre agite une sorte de grand plumeau, comme on salue d'un mouchoir à grands mouvements de bras pour être vu du paquebot qui a déjà quitté la rade.
Déjeuner à quatre, excellent bento, dans la salle de classe où T. jouait il y a plus de quarante ans et où sa sœur avait joué avant elle. Les jeux ont changé. On pourrait même dire que les jeux sont faits.
Puis à trois, T., sa sœur et moi, allons à la pâtisserie traditionnelle Shiono, à deux rues de là. Petite boutique, excellents gâteaux. Très cotés, plus encore que ceux de Toraya, surtout parce que Shiono n'a pas de succursales. À la qualité s'ajoute la rateté — et que c'étaient les gâteaux préférés du père de T. Et puis c'est aussi un fournisseur de la maison impériale...
On y reste au moins une heure parce que T. et sa sœur écrivent une cinquantaine d'adresses sur des bons de livraison et choisissent pour chacune les pâtisseries qui seront envoyées aux personnes qui avaient assisté ou contribué aux obsèques de leur père. Comme ça dure et que la facture sera élevée, on nous offre le thé et des gâteaux. Délicieux, vraiment ! Il avait bon goût, le père de T.
Sieste méritée.
Qu'est-ce que mériter sa sieste ?
Y faut-il preuves fournir ?
Bast' ! Après dormir, ni vu ni connu.

Soir, film nul à la télé, T. en regarde un autre, enregistré une nuit de la semaine, Hier, aujourd'hui, demain (film à sketches italien que j'ai dû voir il y a vingt ans au ciné-club de la 3...), pendant que je finis, enfin, d'actualiser l'index du JLR, directement sur la version avec fenêtre en haut (frame), en arial ; la version monobloc disparaissant après quelques sutures de code.


Dimanche 19 juin 2005. Europe, fille aux grand yeux : peur pure pour pure proue.

origine d'Europe
histoire d'Europe
villes d'Europe
langues d'Europe
mythe d'Europe
désir d'Europe
frontières d'Europe
peuples d'Europe
guerres d'Europe
pages d'Europe
climats d'Europe
fruits et légumes d'Europe.

Changeons de sujet :

Séminaire sur la cigale

Comment s'en souvenir ?
Dans une cigale
il n'y a rien
que du bruit
et de l'été

 蝉のゼミ

 覚えているどのように
 蝉の中に
 何もいない
 音だけあります
 と夏少しある


C'est parti de presque rien, des propos de table avec Katsunori. Après qu'il m'a copieusement battu (au ping-pong, par 6 manches à 1), nous sommes allés au Tsubame Grill de Mark City. Inspiré par l'hirondelle, peut-être, il m'a dit que dans sa région, on mange des sauterelles () et des larves d'abeilles (). Je lui ai demandé si l'on mangeait aussi des cigales (, qui se lit sémi — alors que séminaire se dit zémi), mais il a répondu qu'il n'y a rien dedans...
Après, c'est de moi, je l'ai écrit chez nous, en fin d'après-midi, dans la grande tranquillité du 4e étage, sur le lit du père de T., pendant qu'elle écrivait des lettres de remerciement. Même le japonais, c'est de moi, d'où la simplicité. Mais la sonorité me plaît.

« [...] une dernière fois, il parcourait du regard le sol autour de lui et, levant un peu la tête, suivait des yeux, sur sa gauche et sur sa droite, les kilomètres de rivage où, dans un kaléidoscope fou de formes, de tailles et de couleurs, s'entassaient des millions et des millions de pierres parmi lesquelles, il le savait, l'attendait il ne savait trop laquelle sinon qu'il savait qu'elle l'attendait et qu'il allait quitter les lieux sans l'avoir trouvée, des jours durant à s'en crever les yeux, il aurait en vain à sa recherche parcouru la plage en tous sens, dix fois peut-être passant à moins d'un mètre d'elle, dix fois lui marchant littéralement dessus sans la remarquer [...] » (Jean-Luc Benoziglio, Peinture avec pistolet, p. 18.)

C'est ça aussi, l'art.


Une belle constellation de mots-clefs qui fait réfléchir, notamment par la proximité des mots : Origine, Histoire et Mythe. J'y reviendrai.
Peut-être faudrait-il ajouter le mot Fondation ?
2005-06-19 17:24:02 de Arnaud

bel humour ....
2005-06-19 19:18:44 de arte

Nous ne mangeons pas toujours les insectes, cher grand poète...
2005-06-19 19:51:23 de koike1970

was steht in der Mandel ?
Das Nichts.
2005-06-19 20:06:00 de vinteix

Il serait important de rajouter "Europe Barbare", ou barbares d'Europe, si tu préfères. Comme ça on a aussi le stade qui précède les "Peuples". ;o)
2005-06-20 01:30:47 de Acheron

Je note que l'empire Ottoman figure sur cette carte, qui s'arrête juste après. Et c'est bien normal.
2005-06-20 03:38:39 de Arnaud

Les cigales m'ont rappele celles de BASHO... A ecouter sur France Culture, l'emission "Une vie, une oeuvre" du dimanche 19 juin consacree au poete bananier.
Mais pour commencer la semaine "sur les chapeaux de roue", un petit haiku du lundi, de SANTOKA :
des bites et des chattes
en train de bouillir
affluence au bain public
Ah ! comme on peut regretter cet hedonisme japonais d'avant la prude et hypocite americanisation...
2005-06-20 05:58:02 de vinteix



Lundi 20 juin 2005. Belle actualité chez les Immortels !

En matinée :
Elle se méfie des 20, maintenant, T. : ça fait la troisième personne de la famille qui a changé de monde le 20 d'un quelconque mois. Disons que pour les deux premiers, sa grand-mère et son frère, il y a bien longtemps maintenant, elle n'y avait pas fait attention. Mais le troisième, le mois dernier, crée un effet de série. On dit qu'une droite se définit à partir de deux points ; pour une série, psychologiquement, je crois qu'il faut au moins trois événements. Avec deux, ce n'est encore qu'une coïncidence, sauf dans les cas où l'orchestration apparaît nettement — ce qui sort du sort, des séries de hasard auxquelles nous sommes tous sensibles, quand bien même nous dirions-nous contre les superstitions...
On a tout de même vérifié qu'on n'allait pas prendre l'avion le 20, mais non, c'est bien le 10 août que nous nous envolerons pour nous retrouver à Cerisy le 13, qui ne sera pas un vendredi... Ouf !

Nouveau signe d'ouverture et d'intelligence de l'Académie française, l'élection d'Assia Djebar sous la Coupole m'aide aussi à résoudre une difficile équation : trouver pour le GRAAL des livres à lire et à commenter qui soient à la hauteur, tant en termes de qualité littéraire, bien évidemment, mais aussi en termes d'actualité critique, sociétale, historique, etc. Pour cela je vais proposer son recueil de nouvelles Femmes d'Alger dans leur appartement que je commande illico.

En soirée :
Lorsqu'on se sent d'humeur photographe, on imagine parfois l'œil devenant génial, traquant et calculant scène, cadre, angle et lumière, le tout au bon moment — avec une petite prière pour que l'appareil-photo ne fasse pas de caprice.
Nez au vent, je monte dans le JR à Iidabashi pour aller à Ebisu et, dans le temps d'ouverture des portes à chaque station, je vois s'il y a quelque chose à prendre. Ici, des pêcheurs à la ligne de l'autre côté du canal. Là les cinq ou six personnes du coin fumeurs au bout du quai. Et ainsi de suite.
Jusqu'à l'incroyable, ce que j'aurais préféré ne pas avoir à photographier, cette clocharde hésitante et comme narguée dans son dos par un produit de mode, brandi par un homme comme il faut, propre, coiffé, souriant, zen.
Il y a un cynisme indécent de la publicité quand elle vante ce que son propre circuit économique rend inaccessible à une partie de ceux devant lesquels elle s'étale. Clochard chaplinesque devant une bijouterie, image banalisée, déjà recyclée et mille fois reclichée. Pourtant, à mon tour, au moment d'appuyer et ensuite, de l'avoir fait, j'avais la sensation d'être à mon tour cynique et indécent.
Nous sommes enfermés dans la société qui ne marche pas, du fait même que l'économie marche. Veux-je dire que l'économie ne marche qu'à la condition de produire des clochards ? Je crains que oui. Du moins tant que l'économique prime sur le social.

Au GRAAL, ma proposition d'étudier Djebar à l'automne enthousiasme. Reste à trouver le second. À élire parmi deux des dernières Pléiades sorties : Bataille ou Stendhal ? On en recause...
Mise au point, enfin, sur Guillaume Tell et les Trois Suisses (ont-ils existé avant d'être un catalogue ?). Reprenons Benoziglio, quand Capet écrit des brèves mélancoliques (p. 74-77) et quand Capet dîne en ville (p. 102-114). Et plus on avance, plus on apprécie la finesse des détails, mi dépeints mi suggérés, et la phrase restructurée sans graisse.


Jacques Roubaud explique, dans l'une des branches de sa grande entreprise qui commence par Le Grand Incendie de Londres (mais est-ce le premier tome ou l'un des suivants ?), comment il s'y prend pour se raser, par quelle joue il commence.
J'y pense en ponçant mes armoires métalliques.
2005-06-20 07:25:01 de Alain

"Bataille ou Stendhal ?"........ BATAILLE !
Enfin, c'est mon choix... d'autant que je viens de me replonger dans "mes premieres amours" (G.B.) pour une longue etude sur "Histoire de l'oeil" et ses illustrations (Masson, Bellmer, mais aussi le Japonais Kaneko, inconnu en France).
2005-06-20 17:24:26 de vinteix

Stendhal. Cent fois Stendhal.
d'autant que je viens de me replonger dans La vie d'Henri Brulard à des heures perdues.
2005-06-20 20:29:24 de Alain

Stendhal ! Ne serait-ce que pour ne pas toucher à Bataille, qu'on a voulu rendre respectable et inoffensif par cette pléiade (de plus sous la direction d'un spécialiste de Sartre, fade sacrilège !) Même Sade s'en retourne une nouvelle fois dans sa tombe, oui, celle qu'il ne voulait pas ("La fosse une fois recouverte, il sera semé dessus des glands, afin que, par la suite, le terrain de ladite fosse se trouvant regarni, et le taillis se retrouvant fourré comme il l'était auparavant, les traces de ma tombe disparaissent de dessus la surface de la terre, comme je me flatte que ma mémoire s'effacera de l'esprit des hommes")
Ou Bataille, tiens, par pari, pour voir comme le texte résiste et que tout ce qui l'accompagnera ne pourra être que bavardage mondain, à la hauteur ou la bassesse des discussions de couloirs de chez Gallimard.
Question qui me vient subitement : pour parler vraiment librement d'oeuvres que l'auteur a du signer Pierre Angélique, les commentateurs ne devraient-ils pas user de pseudos à leur tour, tel que Berlol par exemple ?
> Alain : si je ne me suis pas trompé dans mes vérifications, ça doit être dans le Grand Incendie ou La Boucle, première ou deuxième branche, seuls exemplaires que je n'ai pas sous la main. En feuilletant ainsi l'oeuvre, je suis retombé avec plaisir sur, entre autres, un beau passage sur le bain.
2005-06-20 22:45:45 de Bartlebooth

ce ne sont pas les deux derniers pléiades...
Mais entre les deux je choisirais Bataille, que les japonais doivent moins bien connaître que Stendhal.
"J'ai été élevé seul et, aussi loin que je me le rappelle, j'étais anxieux des choses sexuelles."...ça ne te tente pas ?
2005-06-21 01:16:37 de jcb

Certes, la Pléiade de Bataille a été dirigée par un sartrien.. j'en ai d'ailleurs parlé réemment avec Michel Surya... mais il y a aussi Denis Hollier, Gilles Ernst... Et cette édition a l'avantage de montrer des illustrations, dont certaines inédites, et des textes de jeunesse inédits.
Quant au début (mais tout le récit aussi), d'"Histoire de l'oeil", il vaut mieux lire la première version de 1928... (pardon jcb) :
"J'ai été élevé très seul et aussi loin que je me rappelle, j'étais angoissé par tout ce qui est sexuel." Enfin, il y a beaucoup à dire sur ces deux versions, si différentes, ce qui a été un des thèmes de mon récent travail...
Je ne crois pas que réfléchir, penser et parler à partir de Bataille soit seulement "bavardage mondain"... Bataille a d'ailleurs toujours été lui-même dans l'entretien (infini) et le Collège de Sociologie, par exemple, est une suite de conférences et de discussions. Je crois au contraire qu'il dérange à tel point la pensée, molle, assise, anesthésiée des "mangeurs de fromages", qu'il ne peut qu'être fécond. De plus, au Japon, contrairement à ce que dit jcb, il est très connu et étudié, sous des angles différents que ceux abordés par les spécialistes français, installés... Un croisement intéressant et fécond...
2005-06-21 04:38:18 de vinteix

Tout à fait d'accord vinteix, comparer les deux versions est très intéressant...merci de le préciser et de donner envie...
Je ne pensais pas aux japonais cultivés et érudits...Je me plaçais du point de vue des étudiants de Patrick, déformation professionnelle peut-être...
Mais pourquoi Patrick ne demanderais-tu pas à tes étudiants de qui ils ont le plus envie que "tu leur causes" ?
2005-06-21 07:26:21 de jcb

En fait le GRAAL n'est pas un cours avec des étudiants mais un groupe de lecture, avec des amis et des collègues. Bien sûr, on a commencé à en parler et on a décidé... de décider plus tard. Merci en tout cas à vous qui m'aidez par ces très intéressantes remarques... que je rapporterai au GRAAL. Il ne manquerait plus que vous puissiez y venir ! Mais bon, pour certains, ça fait un peu loin, je sais...
2005-06-21 07:43:37 de Berlol

La Boucle, oui, le bain, j'avais oublié. Merci.
Oui, Bataille, évidemment. Et Lascaux.
Cependant, j'avais rouvert L'Abbé C, relu sans plaisir quelques chapitres, cherché des pistes de lecture. Je l'avais trouvé daté (?). Tout comme j'avais essayé de reprendre les premiers Leiris (sa vaseuse tauromachie métaphorique ! ou son poussif Glossaire, j'y serre mes gloses) et l'avais trouvé bien pâle à l'ombre de Michaux.
Des goûts.
2005-06-21 08:23:19 de Alain

Question de goût peut-être, mais le Glossaire... de Leiris ne me paraît pas si vaseux que ça... Bien sûr, Michaux ! ...
Certes, "L'Abbé C." est un peu tarabiscoté comme récit... ce n'est pas ce que Bataille a écrit de mieux... mais L'Oeil, Edwarda, L'Impossible et Le Bleu du ciel ont gardé toute leur fulgurance ! Qu'on aligne d'autres textes érotiques contemporains à côté d'"Histoire de l'oeil"... Je ne pense pas qu'il y en ait beaucoup...
2005-06-21 09:28:53 de vinteix

Je fais la fine bouche mais j'ai un bon souvenir de Louette, une intervention sur "Intervention", de Michaux, justement.
Je voulais surtout exprimer une sorte de malaise que peuvent me procurer certaines publications momificatrices de certains auteurs. Bataille et Sade en pléiade, y a de quoi rire, et pourquoi pas d'un rire participant d'une expérience intérieure, malheureusement tout est justifiable.
Quant aux illustrations, il y avait déjà le coffret Bataille de chez Pauvert ; on peut d'ailleurs se reporter au même pour les oeuvres complètes de Sade, qu'on peut lire chez lui sans le désagrément de la compromission.
Et pendant ce temps, dirait A-E. H., Antoine n'en finit pas, pour faire plaisir à papa, de publier le journal de Julien Green !
Je vous offre deux citations, qui m'amusent, tirées des mémoires de Pauvert (Viviane Hamy, 2004)
La première est tirée d'une interview de 1960 :
"Une fois, on a demandé à Gaston, "Pourquoi éditez-vous ?" Et il a eu cette réponse admirable : "Pour me faire une bibliothèque". Remarquez, il disait ça... mais avec tout ce qu'il a publié depuis, elle ne serait pas belle, sa bibliothèque ! Enfin, je veux dire pas très triée... Tandis que moi, c'est vrai, je ne publie que ce que j'aime : à trente livres par an (je ne veux pas dépasser ce chiffre), dans quarante ans, cela fera douze cents volumes. Une gentille petite bibliothèque, et bien à moi !" (p.303)
La deuxième est elle-même une citation, de Robert Aron citant Gaston s'adressant à Jacques (Rivière) :
"Quand tu m'apportes un manuscrit de qualité mais qui, de toute évidence, sera une panne commerciale, tu es bien heureux pourtant que j'accepte de le publier. Mais chaque fois, c'est un coup dur pour la maison. Veux-tu, oui ou non, qu'elle continue à vivre et à remplir son rôle ?... Je sais aussi bien que toi que Gaston Leroux ou Toudouze ne valent ni Valéry, ni Claudel, ni toi-même. Le malheur c'est qu'ils se vendent mieux, pour le moment du moins. Alors je t'en prie, Jacques, comprends-moi ; ne fulmine pas contre ce qui est nécessaire et inévitable. Laisse-moi, sans compromettre la "collection blanche" ni le sigle NRF, ni la revue que je dirige, faire la pute s'il le faut par des publications dont j'assume seul la responsabilité" (Hum !) "qui portent le nom de Librairie Gallimard, et pas celui de la NRF. Laisse-moi me dévouer, me compromettre, me sacrifier." (p.332-333)
Reconnaissons donc à Gaston le fangeux mérite d'avoir, avec des émotions si batailliennes, su faire la pute et d'avoir su faire de sa maison un si beau bordel (rue sébastien-bottin, amateurs de sensations fortes, prenez note) où l'on peut lire le meilleur éclaboussé du pire.
2005-06-21 14:27:11 de Bartlebooth

Un petit groupe de lecture sur Broch ... Non?
2005-06-21 14:36:43 de arte

Je suis bien d'accord avec ces anecdotes concernant Gallimard... et il est vrai que Bataille a d'abord publie anonymement (sous pseudo) chez des editeurs caches... Il n'empeche... peu importe... au -dela du snobisme (anti-Pleiade)... quand je parlais des illustrations, je voulais dire aussi celles du "Mort", de "L'Abbe C."... jusqu'a present inedites, ou presque... On peut regretter par contre l'impasse sur celles de "Madame Edwarda"... pourquoi ?
Que Bataille ou Sade soit dans la Pleiade ne me semble guere momificateur en soit... la n'est pas du tout le probleme... Ce n'est pas tant l'edition en elle-meme qui va statuer ou satufier sur l'auteur que la reception, plus generale, d'une epoque, d'une critique, d'un public, d'une "intelligentsia", d'une episteme, d'une pensee plus generale, en gros "l'air du temps"... Arriere le respect ! Arriere la guenille ! Bien d'accord ! Le respect mortifie, reduisant a l'insignifiance ceux qu'il pretend deifier. Mais je ne suis pas sur que La Pleiade soit l'instrument de cette mortification... en tout cas, il me semble, beaucoup moins que la majorite des medias, qui, a l'occasion, se faisant mousser, vont citer Bataille ou autre... dans la plus grande vacuite, insipide, diluee dans le brouillage mediatico-publicitaire-commercialo-demago-miserable-mou-vide, etc. (suis bourre, pardon...) Criticable ou pas, avec des erreurs (que je suis le premier a critiquer...), la Pleiade est quand meme, en general, le fruit d'un travail a la fois savant et passionne... Au-dela, basta de la politique ! meme si... Je en suis pas sur que Bataille lui-meme aurait desavoue... loin de la, meme...
En tout cas, chez Gallimard ou Tartanpion... la n'est pas l'essentiel...
2005-06-21 17:18:01 de vinteix

Bourré, Vinteix.
Je cherche tout de go des références, un site sur vous mais non, des liens vers ici.
Parlons vin. Je me demandais il y a longtemps mais seuls me suivaient des amis encore plus bourrés que moi s'il y avait une littérature "construite" avec vin (ou quelque liquide hissant hors de soi comme le vin). Nous misâmes sur Beckett aussitôt puis l'intérêt même du propos de juger une forme à l'aune du bu nous glissait entre les doigts, faute de savoir vraiment sans doute.
Quant à la Pléiade, grand écrivain, momie, peu importe en effet.
Ce soir, je ne sais plus. Il n'est pas tard. je n'entends pas la musique mais je la crains. Oui, ce soir, je crains la musique. J'écoute Jefferson Airplane, de toute façon, Long John Silver, en boucle. Ensuite, je mettrai Dashiell Hedayat.
2005-06-21 19:48:16 de Alain

Ah ! Dashiell Hedayat !!! Perle rare !!! A propos des ecrivains et l'alcool, Michel Covin a publie un livre sur ce sujet chez L'Harmattan... mais je ne l'ai pas lu... Mais je pense que la liste est longue des ecrivains qui ont ecrit avec l'alcool, en particulier du cote des Americains dont un paquet s'y sont brules... Inutile de faire une liste, non ?
2005-06-22 05:10:35 de vinteix

Quel galimatia d'intellectuels qui se prend pour le nombril du monde ! du vent ! encore du vent toujours du vent !
2005-06-29 14:40:58 de http://

Déjà le mot "galimatia" est un choix d'intellectuel, non ?
Qui es-tu, toi ? Autre chose que du vent, sans doute ?
Grand bien te fasse !
Allez !, passe ton chemin et laisse-nous à nos nombrilades, tu as sans doute mieux à faire.
À moins que tu veuilles tout de même que nous te remarquions ?...
2005-06-29 15:44:53 de Berlol



Mardi 21 juin 2005. Tout misé sur la candeur.

Ça y est ? C'est l'été ? La Fête de la musique ? Je n'entends rien, d'ici... Mais bon sang, mais c'est bien sûr ! c'est aussi le jour de naissance de Sartre, il y a cent ans !

Dans le shinkansen, ce matin, j'installe le dévédérom de la revue Europe (1923-2000) qui fonctionne enfin avec mon portable (quand il était en OS japonais, ça coinçait quelque part). Me voilà plongé pendant quatre-vingt-dix minutes dans quelques-unes des dix références d'Assia Djebar. Sa première mention est dans le numéro d'octobre 1968, intitulé Le roman par les romanciers, que je connaissais déjà pour y avoir ramassé autrefois la réponse de Claude Simon. Assia Djebar, qui publie alors depuis plus de dix ans, écrit Le romancier dans la cité arabe, un article de sept pages. En janvier 1970, c'est une note de lecture de Jacques Gaucheron pour des Poèmes pour l'Algérie heureuse que Djebar publie à Alger. Puis évidemment, je finis le voyage sans achever le tiers du quart du numéro intitulé Littérature algérienne de juillet-août 1976 (j'allais entrer en Seconde, c'est dire combien j'étais loin de tout ça, moi). On y trouve des poèmes, des nouvelles et des extraits de roman de divers auteurs (Mammeri, Dib, Yacine, Boudjedra, notamment), quelques articles de fond et une passionnante Chronologie de l'Algérie avant 1830, signée Bachir Hadj Ali, suivie d'une Chronologie historico-littéraire de l'Algérie depuis 1830, signée François Desplanques. Très précieux, y revenir souvent.
« Mais j'en ai vu
Des paysages, des visages
Et des squelettes foudroyants !
J'en ai connu des hystéries et des mirages
Des minarets repus et des sens interdits
Des discours emphatiques et des printemps abstraits
Des soleils imperturbables et des bas-fonds
Où l'amertume mûrissait un goût inquiétant
D'hémorragie !...

J'en ai récolté des naufrages, à tant prendre
Fait et cause...
Pour avoir sans équivoque pris fait et cause
Et tout misé sur la candeur, j'ai maintes fois perdu
Mes réserves d'illusions — et jusqu'à ma confiance
En l'Homme, pourtant doué de raison...»
(Ahmed Azeggagh, extrait d'Outremer, in Europe, juillet-août 1976, p. 140.)
Au cours de maîtrise-doctorat, on travaille en ce moment sur l'éthique du travail dans le Japon d'aujourd'hui. Automatiquement, on bute sur le problème du mot-concept qui n'existait pas au Japon et qui a été importé avec la philosophie occidentale (tetsugaku, 哲学, on en a déjà parlé), ici « éthique », évidemment.
Cela signifie-t-il que l'éthique n'existait pas dans le Japon ancien ? Qu'elle est arrivée par bateau dans le troisième tiers du XIXe siècle ? Ce serait bien étonnant...
A-t-on le droit d'aller voir du côté de la pensée traditionnelle (shisou, 思想) s'il n'y a pas quelque chose qui ressemblerait à de l'éthique ? (À ramener pour la semaine prochaine.) Quelques questions, en vrac, que je pose, sans y répondre, pour aujourd'hui et pour cadrer : s'il y avait des lois et qu'il y avait une sorte d'esprit des lois (même sans Montesquieu), cela n'a-t-il rien à faire avec l'éthique ? le seppuku n'est-il pas basé sur une éthique, des fois ? Les rudes Japonais qui ont la soixantaine, se sont tapés la reconstruction, et reprochent à des jeunes de trente ans leur désinvolture, qu'ils aient raison ou tort, ne se réfèrent-ils pas implicitement à une éthique du travail ? — Qui n'est plus celle d'aujourd'hui, leur rétorquent, éthiquement ou pas, les jeunes précaires qui font semblant d'être libres de choisir leurs petits boulots non qualifiés alors qu'ils ont fait quatre ans d'université ?
Voilà de quoi désorienter de l'occident même des étudiants aguerris...

Après cela, un ping-pong s'impose. Jour pas glop : la salle du gymnase est occupée et l'on doit se rabattre sur une salle d'un autre bâtiment, avec deux tables, sans climatisation. Après un quart d'heure et pendant une heure, c'est sauna, sans pierres chaudes et sans eau. On produit tout nous-mêmes, à six. De plus, dans un terrible smash (réussi), je m'empale le tibia sur un montant métallique de table. Sur le moment, je fais le fier, non, y'a rien, et puis en fait, c'est quand même bien entaillé. Et je passe la soirée à désinfecter. Je rassure : je vais survivre. Faut juste que j'aille me coucher.


note de Bikun à ceux/celles qui s'inquiéteraient, le Berlol va bien, il a même prévue un sauté de poulet pour demain soir ! :-) Miam!
2005-06-21 18:21:13 de Bikun

C'est marrant, j'ai eu une discussion ressemblante sur la question de l'éthique avec un prof l'autre jour. J'ai ainsi appris que pour certains philosophes chauvins ici, le concept d'ethique est inutile, dans la mesure où l'on a celui, "bien japonais" de "vertu" (dôtoku)…
D'ailleurs, à l'argument que chez nous aussi, la "vertu" ça existe, on répond qu'au Japon, c'est bien plus englobant. Englobant que quoi ? Que le concept de vertu occidental. Qui veut dire lui-même quoi ? Ah, ben… là on ne sait pas répondre par contre alors… mais c'est plus englobant au Japon c'est sûr. Plus englobant que ce que l'on ne connait pas, mais plus englobant quand même, hein…
Le concept d'humanité aussi, ça bloque souvent, d'humanisme idem…
Enfin bon bref…
2005-06-22 01:27:33 de Acheron

Effectivement, c'est assez incroyable la façon dont les mots sont employés comme des incantations pour catégoriser l'Autre, sans que l'on sache bien ce que le terme employer signifie. Mais l'essentiel c'est qu'il englobe...
2005-06-22 03:23:18 de Arnaud

oups : le terme employé.
2005-06-22 03:23:53 de Arnaud

Trouvé sur le NET :
Quelle définition pour l’éthique ?
A la fin du XXè siècle, l’éthique a connu un regain d’intérêt sans précédent ; les hommes ont pris conscience d’un certain nombre de dangers inhérents au développement des pratiques notamment médicales et scientifiques. Mais, l’éthique est l’affaire de chaque homme qui, par son éducation, sa culture, a acquis des principes, une morale, des valeurs… ou ne les a pas acquis ; alors il n’y a certainement pas de consensus total sur l’éthique. Il convient donc de s’essayer à une définition satisfaisante de l’éthique, eu égard aux préoccupations grandissantes qu’elle sous-tend. Plusieurs acceptions de l’éthique ont été avancées, qui diffèrent selon leurs auteurs : Ainsi, pour le philosophe P. Ricoeur, l’éthique relève du bien, la morale recouvrant le domaine de l’obligation. Le scientifique J. Bernard propose une définition plus élaborée : deux origines étymologiques de l’éthique : le terme « ithos », qui signifie la tenue de l’âme, le style, au sens dans ce mot dans la France classique : « le style, c’est l’homme », et le terme « ethos », complémentaire du premier, peut désigner l’ensemble des normes nées du respect dans la mesure. L’éthique est une science qui prend en considération l’ithos et l’ethos. Elle est la garantie de l’harmonie qui résulte de la bonne tenue de toute chose, de tout acte, de l’accord entre l’âme et le développement. Elle suppose une action rationnelle, elle est le propre de l’homme. Ethique et morale sont deux notions proches ; seulement, la tradition catholique préférera parler de morale, et la tradition protestante d’éthique. Aujourd’hui, le mot morale est singulièrement dévalorisé. On le remplace volontiers par celui d’éthique, considéré comme plus moderne. Si l’on part de la définition que donne le Robert de la morale, on constate qu’il s’agit d’une science du bien et du mal qui soumet la conduite de l’homme à des règles (devoirs) en vue du bien. Il précise que ces règles de conduite sont considérées comme valables de façon absolue. L ‘éthique nous semble devoir être appréhendée comme la science de la morale, l’art de diriger la conduite selon la morale, selon ce qui doit être considéré comme bien « de façon absolue ». En réalité, l’éthique ne cache pas sa volonté d’adapter ses règles à l’évolution de la science ou des domaines concernés (ici le journalisme) et, de manière plus générale, à l’évolution des mœurs dans une société et à une époque donnée. En ce sens, l’éthique introduit une tentation, celle de faire perdre à la morale sa dimension de morale absolue, et de la réduire à un élément adaptable. Quel fondement pour la morale ? La question est de savoir ce qui peut permettre de déterminer ce qui est bien de façon absolue. En d’autres termes, quelle est la source de définition du bien absolu ? Une telle recherche renvoie inévitablement à une réalité qui transcende les diverses approches du bien et du mal que l’on rencontre dans les différentes sociétés et civilisations humaines, c’est-à-dire les comportements considérés comme recommandables mas variables d’un groupe à l’autre. Plus fondamentalement, il est nécessaire de rechercher la vérité sur ce qu’est l’homme en profondeur, par delà tout ce qui peut différencier les civilisations et les valeurs sociales : cela suppose la reconnaissance d’une nature humaine commune à tous les êtres humains. Cette nature humaine constitue le socle sur lequel il est possible de rechercher ce qui fait la dignité de toute personne humaine et les comportements et actions compatibles avec celle-ci. C’est donc l’adéquation entre les actes et la dignité de l’homme, lisible dans la nature humaine, qui permet de considérer qu’un comportement est moralement et universellement bon, c’est-à-dire conforme à la morale naturelle. L’homme cherche à établir des relations toujours plus étroites et harmonieuses en direction des réalités matérielles, des réalités spirituelles, et en direction des autres hommes qui sont à la fois des réalités matérielles et des réalités spirituelles. Dès lors, toute action visant (ou aboutissant) à empêcher systématiquement ou à pervertir l’expression d’une de ces aspirations par lesquelles l’homme affirme et développe sa dignité peut être considérée comme intrinsèquement perverse et interdite par la morale naturelle. Cette idée est en partie à la base d’un texte comme la déclaration universelles des droits de l’homme. Pourtant, malgré le caractère normatif de ce texte de référence, on constate la montée d’un relativisme moral grandissant qui laisserait à penser qu’aucune morale naturelle ne peut être retenue comme valable pour tous les hommes. Un des arguments fondamentaux de ce relativisme est qu’une règle morale universelle et contraignante est une entrave insupportable à la liberté individuelle qui constitue la valeur suprême au dessus de laquelle rien n’existe. Mais de la même façon que sans règles morales il est impossible d’exercer authentiquement son libre arbitre qui est cette faculté d’exercer des choix conscients et lucides entre plusieurs options, de même c’est la morale qui permet à la liberté de s’épanouir et non pas la liberté qui définit les règles de la morale. Le problème de la moralisation de l’information Les sociétés d’information connaissent un relativisme philosophique et moral qui tend à invalider toute définition de critères fermes dans ce domaine : au nom de l’information des messages publicitaires ou des articles journalistiques développent des attitudes de voyeurisme peu compatibles avec la dignité de l’homme (et encore plus de la femme). En outre, les journalistes peuvent refuser toute censure au nom de la morale, par exemple en invoquant le principe intangible de la liberté d’opinion et d’expression tel qu’il est présenté par l’article 19 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « Tout individu a droit à la liberté d’opinion et d’expression, ce qui implique le droit de ne pas être inquiété pour ses opinions et celui de chercher, de recevoir et de répandre, sans considérations de frontières, les informations et les idées par quelque moyen d’information que ce soit ». Pourtant, cette liberté est fortement limitée par la dépendance de fait induite par le recours massif à la publicité et les possibilités de censure indirecte que cela implique pour un organe de presse qui ambitionne une vaste audience. Dès lors, on ne peut que constater que les contraintes économiques viennent en premier lieu, suivies des contraintes légales et que les considérations morales ne sont reconnues que dans le cadre de la loi. En d’autres termes : aucune autonomie n’est reconnue à la morale pour pouvoir imposer ses limites au droit d’information des médias. Par ailleurs, ce relativisme se combine avec le refus de l’autocensure par les journalistes eux-mêmes. Ce refus d’autocensure est renforcé par les enjeux économiques de l’information de masse : le public est friand de révélations, d’images, de propos « scandaleux » qui sont officiellement et socialement réprouvés. Il convient de remarquer que ces refus d’autocensure sont passibles de sanctions légales, lorsque l’on envisage les médias classiques (presse, télévision, radio) ; ces réflexions sont donc encore plus pertinentes dans le cadre du journalisme sur l’Internet, dans la mesure où le cadre légal y est beaucoup plus diffus et partiel, la réglementation étant particulièrement difficile à mettre en œuvre. Pour les professions, on se réfère à la morale qui en sous-tend la pratique : c’est la déontologie. Mais la déontologie ne s’impose pas facilement. La déontologie ne s’imposerait que s’il y avait des sanctions appliquées en cas de manquement, or c’est loin d’être le cas ; dans les médias, c’est la loi du profit qui souvent supplante l’éthique. En outre, les professionnels des médias s’opposent vivement à toute censure par les Etats, au nom de la liberté d’expression, condition de la démocratie. Pourtant, il nous a semblé que cet argument ne pouvait ni ne devait faire oublier que certaines idées sont nocives pour l’homme (le terrorisme, les déviances sexuelles, la pédophilie, la pornographie…) ou pour l’existence ou la légitimité même d’une profession. Le journaliste est donc dépositaire d’une certaine responsabilité ; ne devrait-il pas alors se voir imposer le respect de certaine règles évidentes d’éthique ? (exemple : le respect de la présomption d’innocence, pour ce qui concerne la France ; à noter qu’au Japon, la présomption d’innocence n’existe pas ; Internet y est encore très peu développé ; on imagine les abus futurs : quid des droits de la défense ?). Pour nous, l’éthique sur Internet doit donc avant tout relever du « bon sens », de la recherche de ce qui est bon pour l’homme et pour la profession, et de la prohibition de tout comportement portant atteinte au respect de la personne humaine et à la déontologie inhérente au journalisme, dans le contexte de ce début de XXIè siècle. [...]« Internet est le média de l'instantanéité par excellence, pour le meilleur et pour le pire. Et l'instantanéité ne permet pas la vérification. Les citoyens devront apprendre à éviter les pièges. Après tout, c'est ce qu'ils font, avec plus ou moins d'intensité, depuis que la conquête de la démocratie a libéré les communications. » Ignacio Ramone, auteur de « la Tyrannie de la communication »
2005-06-22 12:47:05



Mercredi 22 juin 2005. Plus prompt à éponger le crachat qu'à relever le gant.

Tout à l'heure, j'ai trouvé ceci sur le blog de l'ambassadeur de France au Japon :
« des propos ont été prêtés au Gouverneur de Tokyo sur le français. Je ne souhaite en aucune façon engager une polémique. La seule ambition des services français au Japon est de soutenir l'enseignement du français par tous les moyens. L'apprentissage du français peut être un moyen privilégié de s'ouvrir à l'Europe. Près de 400 entreprises japonaises sont installées en France et plus de cinq cents entreprises françaises ont une présence au Japon. Elles ont besoin de jeunes qui connaissent l'autre culture.»

Pourquoi suis-je choqué et en profond désaccord ?
D'abord parce que c'est très mal écrit. Rien que l'opposition phrastique entre « La seule ambition » et « par tous les moyens » sent la langue de bois à quinze mètres — et le souhait de ne rien dire en impressionnant un max. Rodomontade.
Ensuite, parce qu'un système automatique de création de liens est employé (que je n'ai pas recopiés), pour donner l'illusion qu'il y aurait dans le blog de l'ambassadeur des liens pertinents. Or ces liens renvoient à n'importe quoi et principalement à des choses qui n'ont rien à voir avec la mission de l'ambassade, voire lui sont contraires, par exemple le mot « au » de la première phrase renvoie au site commercial des téléphones portables AU (d'un verbe japonais qui signifie rencontrer).
Enfin, venons-en au contenu :
  • 1. alors que les propos du maire-gouverneur (sans majuscule, merci) de Tokyo ont été enregistrés et sont vérifiables par tout un chacun, ils deviennent « prêtés », euphémisation mensongère qui, en même temps, constitue un propos diffamatoire de l'ambassadeur contre tous ceux qui ont bien compris ce qu'ils ont compris ;
  • 2. « Je ne souhaite », expression personnelle qui ne sied pas à la fonction du monsieur, il eut été plus correct de dire « le représentant...  n'a pas à... », ou quelque chose dans ce genre, à moins d'être assez imbu de sa personne pour la croire supérieure à sa fonction ; de plus « engager une polémique » tendrait à dire que l'on irait chercher des noises au maire de Tokyo qui serait blanc comme neige, alors qu'en l'occurrence, c'est lui qui a engagé la polémique par ses propos insultants, bien certain de son impunité, ce en quoi il a raison si l'on s'en rapporte à la pusillanimité de l'ambassadeur de France, plus prompt à éponger le crachat qu'à relever le gant ;
  • 3. « soutenir l'enseignement du français par tous les moyens » : milliers d'éclats de rire jaune des enseignants de français, Français et Japonais, entre autres, qui n'ont jamais vu la figure de l'ambassadeur ni de son conseiller culturel à leurs congrès mais qui ont vu disparaître le seul stage de formation que co-finançait l'ambassade depuis plus de 30 ans et qui ont assisté sans un mot de l'ambassade au démantèlement de l'université municipale de Tokyo l'an dernier — et je suis sûr que l'on pourrait rajouter des éclats de rire à s'en couper de partout ;
  • 4. je passe le « s'ouvrir à l'Europe » qui est une concession à la mode et qui ne mange pas de pain ;
  • 5. et on en arrive tout naturellement au cœur du problème, seul souci de l'ambassadeur (très récurrent pour qui lit ses billets de temps en temps) : les entreprises — car l'économique a depuis longtemps pris le pas sur toute autre considération ; comprenez : il ne faut rien faire d'idéologique ou d'éthique qui dérangerait le milieu feutré dans lequel les affaires se font ; mais quel rapport avec les propos du maire de Tokyo ?
  • 6. c'est ici qu'importe la dernière phrase : « Elles ont besoin de jeunes », les entreprises ; et pas de vieux ou de demi-vieux, tous potentiellement grincheux, non, que des jeunes, de la jeune chair fraîche bien moulée dans des moules universitaires qui empêchent toute conscience politique, par exemple ceux que le maire de Tokyo a fondu l'an dernier, Merci Monsieur le Maire (bien majusculé), des jeunes bien flexibles sur le marché du travail et qui ne demanderont pas de CDI, des jeunes qui n'entendront même pas les insultes tellement ils seront occupés à être jeunes, qu'est-ce qu'on en a à péter que le maire i dit des trucs contre la langue française, du moment qu'on a du boulot, on pourrait même abandonner le français, comme i demande le maire, puisque c'est que les entreprises qui comptent et que nous on veut réussir et monter dans les entreprises ;
  • 7. populisme jeuniste dans la parole d'un ambassadeur, c'est pour le moins étonnant, voire incohérent ; est-ce parce que c'est bon pour la cote et le prochain poste ?, parce que le but n'est sans doute pas de rester au Japon.
J'ajoute que c'est presque chaque ligne, voire chaque expression de son blog qui pourrait faire l'objet d'une explication de texte d'où suinterait du pas propre.

Plus tard.
Coincé au bureau par de la paperasse et de la webasse, je navigue vers de nouveaux blogs (pas de sport car j'ai d'hier les guiboles nazes). En même temps, j'enregistre les trois pièces de Sartre récemment mises en onde sur France Culture, présentées par Michel Contat, puis une émission de dimanche sur Basho.
Bien des sites plus loin, au détour d'un commentaire, je découvre le site Jamendo et la possibilité d'écouter en ligne des dizaines d'artistes, sans faire de copie ni rien d'illicite. Bien sûr, je pourrais faire des copies et graver, pour m'en mettre de côté, mais je pense de plus en plus que la disponibilité n'est pas quelque chose qui va diminuer, quelles que soient les intentions coercitives et procédurières des politiques à la traîne et des compagnies de disques à l'affût, voire aux abois. Par contre, il y a un croissant besoin de réticularité (relier, faire connaître, commenter).
Combien de cassettes, de MD, de MO, de CD et de DVD a-t-on ainsi enregistrés par devers soi, utilisés un peu ou pas du tout, pour finalement les stocker en pensant à un plus tard qui, tant qu'il y a du nouveau à découvrir, ne vient jamais ?


Moi je me demande surtout si dans l'actuelle conjoncture internationale, et au vu de la position pas franchement favorable de la France au sein de l'Europe, justement, Son Excellence a ne serait-ce que le droit de ne "pas avoir d'opinion". Par ce que c'est ça au fond, hein : "foutez-moi la paix" !
Et puis pour qu'une procédure judiciaire soit en route, c'est que les propos de Ishihara sont d'une réalité bien nette.
Je vais voir si on ne peut pas faire passer des messages sur le site de la présidence de la république. Après, faudra pas nous faire croire qu'au gouvernement ils sont Gaullistes… Ces gens-là ont perdu toute Idée de la France.
Remarquez, nous sommes bien à une époque où Paris veut vendre des armes à la Chine alors…
2005-06-22 13:21:58 de Acheron

C'est marrant, parce que j'arrivais pour parler du blog de l'ambassadeur et je vois que c'est le premier sujet de ton carnet d'aujourd'hui.
J'ai également publié la nouvelle - qui n'en est pas une - sur france-japon.net de cette non-réaction aux affirmations du gourreverneur, puisqu'il écrit que "des propos ont été prêtés au gouverneur de Tokyo".
Qui ne les a d'ailleurs pas rendus. Il faudrait lui faire rendre... gorge!
Je partage entièrement ton analyse.
Dans un commentaire précédent, je disais que les Turcs avaient eu des couilles, eux, pour demander que le nom de leur pays ne soit plus associé à celui d'établissements de prostitution.
Bon, allez, la critique est facile mais si on se cotisait pour payer des couilles à l'ambassadeur et au gouvernement?
2005-06-22 16:50:51 de Christian

Oui, Christian, à mon avis, on va être nombreux à ne pas trop apprécier cette non-réaction, comme tu dis. Je proposerais bien un boycott de la réception du 14 juillet mais il serait trop content de faire des économies...
Acheron, tu parles de quelle république ?... ;)
2005-06-22 17:20:10 de Berlol

Eh ben dans mon village, Monsieur le Maire il a dit qu'on en avait rien à battre du Japonais, vu que la Moissoneuse MITSUBISHI, le mode d'emploi était directement traduit en "Frenssait" ! Alors...
2005-06-22 18:05:11 de arte

Réaction très décevante de l'Ambassade de ... France.
Comme le dit Acheron, ces gens-là n'ont plus aucune idée de la France. C'est bien la seule chose qui soit nette dans cette réaction sur leur blog.
Blog dont ils n'ont d'ailleurs pas grand chose à foutre, parce que le coup du "au" qui renvoie à la compagnie de téléphone AU, il fallait oser quand même !!
Ils ne semblent connaître que le désintérêt total et mépris. Bref, c'est l'immobilisme.
2005-06-23 02:52:36 de Arnaud

Et bien j'imagine que c'est le "tout économique" quoi… il ne faudrait pas faire de vagues qui seraient susceptibles de nuire aux affaires. Plus bourgeois que ça comme politique, tu meurs…
Ceci-dit en passant, les Japonais ont abandonné le projet Iter. L'Europe avait précisé il y a quelques mois que si le Japon continuait à s'entêter à le vouloir chez lui, les Européens se débrouilleraient seuls chez eux (c'est un projet européen à l'origine). Le Japon reste partenaire quand même. On doit pas être si mauvais en math, finalement ;o).
2005-06-23 04:33:29 de Acheron

Berlol : la République fromagesque de France, bien sûr :o).
2005-06-23 04:34:42 de Acheron

J'ai entendu parler d'une pétition ou d'une action lancée par certains profs de français (japonais et français)... Avez-vous des informations là-dessus ?
D'autre part, pourquoi ne pas initier quelque chose, une lettre, une petition de protestation auprès de notre pitoyable Ambassade...?
2005-06-23 05:26:47 de vinteix

Sans aucun rapport (ou peut-être pas après tout...), une nouvelle de l'AFP de ce matin.
« Baleine: nouveau revers pour le Japon
AFP 23.06.05 | 04h57
Le Japon, en tête des pays militant pour une reprise de la chasse commerciale, a essuyé un nouveau revers jeudi à la réunion annuelle de la Commission baleinière internationale (CBI), en Corée du Sud.
La CBI a rejeté par 29 voix contre 26 une proposition nippone qui visait l'établissement d'une exemption au moratoire sur la chasse à la baleine, en vigueur depuis 1986, pour les baleines de Minke. Ces cétacés sont considérés par Tokyo comme non menacées.
Le soutien recueilli par le Japon est largement inférieur aux deux tiers des voix que le projet devait réunir pour être approuvé. L'Archipel demandait qu'on lui permette de pêcher 150 baleines de Minke par an dans la mer d'Okhotsk, formée par l'océan Pacifique au nord-est du Japon.
Tokyo multiplie les revers depuis l'ouverture, lundi, de la réunion annuelle de la CBI dans le port mérdional d'Ulsan. Ses propositions ont été jusqu'à présent rejetées et la Commission a adopté une résolution non contraignante, présentée par l'Australie, et enjoignant le Japon à renoncer à son projet de doubler ses prises de baleines dites à des fins "scientifiques".
Tokyo avait annoncé lundi qu'il comptait doubler ses captures de baleines de Minke, pour les faire passer de 440 à 850 par an, et qu'il allait étendre sa pêche à des espèces réputées menacées, comme le rorqual commun et la baleine à bosse. Cette extension porte au total à 1.300 le nombre de cétacés pêchés chaque année par le Japon.
L'Archipel n'a pas besoin de l'approbation de la CBI pour ce projet car il fait partie, selon lui, d'une pêche "scientifique", qui bénéficie d'une dérogation au moratoire de la chasse commerciale. Les pays anti-chasse estiment cette justification fallacieuse. Tokyo voudrait cependant aller plus loin et demande que soit purement et simplement autorisée la pêche commerciale. »
2005-06-23 06:50:41 de Arnaud

J'ai goute une fois a de la baleine et je n'avais pas trouve ca tres bon. Peut-etre le restaurant n'etait pas de grande qualite.
Mais le plus etonnant ne vient pas de moi, mais de la tres chere maman de ma dulcine. Elle m'a en effet raconte qu'etant enfant, je ne sais plus si c'est a l'ecole primaire ou au college/lycee (mais cela remonte aux annees 50-60), ils mangeaient frequemment de la baleine et ca n'etait pas tres bon, mais ils n'avaient rien d'autre!
2005-06-23 07:53:27 de Bikun

Moi, j'en ai mangée crue en marinade quand je vivais au Canada, et c'était vachement bon.
Là n'est pas la question : je vote contre le Japon à l'ONU… ah ? Comment ? On vote pas pour ça ? Pourtant, le choix…
2005-06-23 07:56:26 de Acheron

La baleine Canadienne serait meilleure que la japonaise?!!
...faudrait essayer en sushis...:-)
2005-06-23 08:09:35 de Bikun

Tout dépend des morceaux et de la preparation de la dite baleine... Après, des goûts et des couleurs... A Kyushu, on mange souvent une partie de la peau, de couleur blanchâtre, qui est très bonne...
Mais le nec plus ultra serait peut-etre le spermaceti, comme dans "Moby Dick"... ça, pas goûté...
2005-06-23 08:34:50 de vinteix@hotmail.com
Le nec plus ultra serait peut-être d'arrêter d'en manger aussi.
2005-06-23 09:21:48 de Arnaud

Je ne veux pas du tout justifier la position du Japon en la matiere, mais toutes les especes ne sont pas menacees !
2005-06-23 11:28:46 de vinteix

Oui, certes, mais quant aux viandes consommées la baleine est tout de même plus menacées que la vache ou le thon hein !
2005-06-23 12:59:40 de Arnaud

Au Canada, il n'y a que le Inuits qui ont le droit de la chasser. Et ils font ça avec des moyens bien primitifs. C'est pareil pour certain grand mammifères terrestres également durant l'année.
Du coup, ça limite. Les japonais nous disent que c'est culturel, que c'est traditionnel de chasser la balein chez eux, ben ils ont qu'à faire ça traditionnellement, comme autrefois. Je vous promets qu'au fusil ou au harpon à main, et sur embarcation précaire, ils n'en choperont pas beaucoup dans l'année…
FAut être cohérent jusqu'au bout.
Ceci-dit, la baleine crue en marinade, c'est excellent.
2005-06-23 13:18:42 de Acheron

Tout a fait d'accord... Mais il y a baleines et baleines ! Relire "Moby Dick" ou Melville n'en finit pas de decrire les differentes especes... et quelqu'un d'informe me disait un jour que l'espece la plus chassee par les Japonais est une baleine relativement petite qui n'est pas reellement menacee... Apres, qu'ils veuillent elargir le cadre de leur peche, c'est autre chose... Mais une interdiction totale n'est peut-etre pas reellement necessaire... Enfin, je pense qu'il y a beaucoup d'autres especes aussi voire beaucoup plus menacees... Et je ne vais pas entrer dans le debat de savoir si c'est bien ou pas de manger de la baleine... genre debat impossible sur la tauromachie...
2005-06-23 13:39:33 de vinteix

... ou le foie gras...
2005-06-23 13:39:50 de vinteix

... ou slip ou calecon...
2005-06-23 13:40:24 de vinteix

Mais j'avais aussi pose une question concernant l'action engagee par des profs de francais a l'encontre du Gouverneur de Tokyo... Personne ne peut me renseigner ?
2005-06-23 13:42:53 de vinteix

Non, je ne sais pas.
L'espèce qui pose là vraiment problème, c'est la baleine à bosse, qui a déjà été sur le point de disparaître plusieurs fois, et est toujours menacée.
Quand aux canards gras, ils ne sont pas menacés de disparition que je sache ! Sinon, que le Sainte Croix du Mont serait triste…
2005-06-23 14:13:08 de Acheron

Oui, mais la Tauromachie c'est plus équitable : de temps en temps les toréros se font embrocher. Et puis, dans ce cas-ci il est certain qu'on est pas en pénurie de taureaux ;)
Enfin bref. Laissons ces questions de côtés.
Pour l'action intentée contre le préfet-maire, peut-être le mieux est-il de prendre contact via la page de Toritsu Daigaku indiquée par Berlol.
2005-06-23 14:20:52 de Arnaud

A propos de calcul, j'ai appris tout à l'heure que le Japon, malgré tous ses prix nobels (bien mérités, bien sûr), n'avait jamais eu de prix nobel d'économie....
2005-06-23 14:21:48 de Arnaud

Il serait presque plus "fondé" de rétorquer qu'on ne devrait plus enseigner le japonais car ce n'est pas une bonne langue pour l'informatique (fonte prenant de la place en mémoire, système de saisie compliqué...). Bien sûr, je ne trouve pas que ce soit une bonne raison d'abandonner le japonais !
2005-06-23 15:22:44 de Manu

Surtout que les mathématiques modernes viennent des civilisations arabes ;)
2005-06-23 16:38:00 de Arnaud

Bonsoir,
De vinteix, au sujet de l'action en justice contre le gouverneur de Tokyo, tu peux consulter http://france-japon.net qui a récemment fait le point.
L'article s'intitule "FLE : Du nouveau sur le maire de Tokyo dans Le Monde!". Il reprend divers articles précédents dont ceux qui présentent les motifs de l'action en justice.
Ta question, c'était quoi? Parce qu'ici les pages tournent quotidiennement...
2005-06-23 17:05:35 de Christian

Bonsoir et merci De Christian (encore une fois, je ne m'appelle pas DE vinteix, mais Vinteix tout court... merci de bien vouloir oter cette particule ridicule).
Bon, je voulais simplement avoir plus d'informations sur les profs de francais qui ont engage quelque chose contre le gouverneur de Tokyo...
Je vais donc jeter un coup d'oeil sur france.japon.net
2005-06-23 17:38:02 de vinteix

(A Christian,
Je viens de m'apercevoir que mon pseudo etait precedemment sans majuscule... Autant pour moi...)
2005-06-23 17:40:35 de Vinteix

Revenons a nos baleines... un court instant... je voulais juste ajouter qu'a Kyushu, une des regions du Japon ou l'on en mange le plus, cette chasse fait vivre pas mal de monde... Cela dit, je ne suis pas du tout pour que les Japonais vident les oceans !
2005-06-23 17:52:44 de Vinteix

Oui mais bon. Et la déforestation aussi fait vivre le prolétariat d'Amérique du Sud. On peut aller loin avec ce type d'arguments.
Je comprends bien ce que tu veux dire, Vinteix. Mais je pense qu'il y a un moment où il faut mettre en balance tous les enjeux de ce type de débat homme / nature.
Et puis, comme disait Kherberos, ce type de chasse et de consommation alimentaire n'est absolument pas "traditionnel". C'est tout ce qu'il y a de plus moderne et récent, et peut, en conséquence, être à nouveau modifié.
2005-06-24 14:34:14 de Arnaud

Je ne vois pas bien ce que l'argument "traditionnel" vient faire, a part peut-etre le fait qu'il est revendique par le Japon lui-meme (c'est cela, j'imagine ?)... Dans ce cas-la, bien sur...
Evidemment qu'il faut mettre les enjeux en balance et sauver les especes en danger... Mais dans le cas ou CERTAINES especes de baleines ne seraient justement pas menacees, je ne vois pas pourquoi on interdirait completement leur chasse...
2005-06-24 15:29:03 de Vinteix

Je n'ai jamais entendu parler de cert argument. Aurais-tu des sources objectives pouvant apporter des précisions à ce sujet ?
2005-06-24 16:54:31 de Arnaud

Mais enfin, c'est tres connu ! Il y a des dizaines d'especes de baleines differentes... et toutes ne sont pas menacees de la meme maniere... Voila pourquoi il faut toujours se mefier des generalisations ("LA baleine"...)
En l'occurence, le Japon chasse majoritairement le petit rorqual (Minke Whale), qui est une espece assez abondante... Ceci dit, l'evaluation des populations de baleines est tres aleatoire et les specialistes sont justement en train d'etudier le comportement et l'evolution precise de cette espece.
Bon, je ne vais pas passer mes jours et mes nuits sur les baleines... mais pour plus d'informations ("objectives"), tu peux consulter le tres serieux site www.baleinesendirect.net
ou le site officiel de la Commission baleiniere internationale...
Bonne reverie... et gare a Moby Dick !
2005-06-24 17:35:44 de Vinteix

À propos de "LA baleine".
Et moi, qui croyais qu'il n'y avait qu'une seule baleine que les Japonais poursuivaient depuis des siècles, une sorte d'animal mythique après lequel on court sans jamais l'attraper...
Vous avez détruit mon rêve!
Merci, Vinteix (dont je n'écorche plus le nom) pour ces précisions pleines de bon sens.
2005-06-25 00:54:29 de Christian

Moi, je me méfie des arguments à la "c'est très connu", "c'est évident".
Mais le doute me saisit, et je vais donc consulter le site indiqué afin de savoir si je me serais fait berner depuis des années par les NGO et autres organisations anti-capitalistes "de bon sens" (comme dirait C.).
2005-06-25 03:36:06 de Arnaud

J'ai été lire sur la page indiquée :
http://www.baleinesendirect.net/FSC.html?sct=2&pag=2
S'ils notent ici très clairement que les programmes de "chasse scientifique" ne visent que certaines espèces précises (deux ou trois) — ce qui est bien sûr obligatoire car la chasse doit alors s'insérer dans un programme de "recherche" bien encadré —, ils expliquent que c'est tout de même un moyen de contourner le moratoire et que les programmes japonais sont très critiqués d'une part, et, d'autre part, ils ne semblent pas du tout convaincu, sur ce site, que la chasse commerciale soit capable de suivre ce type de "restrictions" et notent de façon assez explicite (emploi du conditionnel, etc.) que les arguments pro-chasses sont surtout tenus par... les pro-chasses.
Du moins est-ce l'impression que j'ai eu en lisant cette page.
2005-06-25 03:48:14 de Arnaud

Bon, OK, je ne vais pas pinailler a l'infini... Quand je disais "c'est tres connu", il ne s'agit absolument pas d'un "argument" (jusqu'a la preuve du contraire... question de logique...); je voulais dire que si on connait un peu le sujet et vivant au Japon (ce qui est ton cas, non ?), ce fait est assez connu... Par ailleurs, je repondais seulement sur la question des ESPECES MENACEES... En l'occurence, il est assez clair que le petit rorqual, principal cetace peche par le Japon (peche commerciale), est une espece relativement abondante... ou alors, je ne sais plus lire ! et c'est ce que j'avais entendu depuis longtemps au Japon.
Apres qu'il y ait des hypocrisies, des manoeuvres, des critiques justifiees... bien sur... c'est tellement humain, universel... Bon, bref, moi, j'arrete la... je jette l'eponge, j'ai d'autres baleines a fouetter...
2005-06-25 06:01:34 de Vinteix

Un ami ethologiste a l'IFREMER, specialiste de la faune marine, m'a confirme mes dires. Je m'excuse, cher Arnaud, mais quand il ne s'agit pas d'une idee ou d'un sentiment personnels, mais d'"informations" ou de donnees "objectives", j'ai pour principe de ne pas parler de ce que je ne connais pas et de verifier d'abord ce dont je parle. Mais, bon, je ne vais pas continuer ces ergoteries pleines d'arguties a l'infini... Que tu sois contre la chasse aux baleines et la consommation de leur viande pour des raisons ethiques, OK... Quant a moi, je disais simplement et je le redis clairement (pour etre bien compris) que cette consommation et cette chasse ne me choquent pas DANS LA MESURE OU elles visent exclusivement des especes non menacees (ce qui n'est pas toujours le cas, j'en conviens...). Ceci dit, ma fascination pour cet animal mythique reste entiere ! ce qui ne m'empeche pas d'y gouter, bien au contraire (Bataille a dit a ce sujet des choses tres profondes et fascinantes dans "La part maudite")... et "Moby Dick", un tres grand livre, reste pour moi une source de reveries et de meditations infinies...
2005-06-25 08:33:55 de Vinteix

Cher Vinteix, je ne critique pas ta position et je comprends bien que toutes les espèces ne soient pas également concernées. Tout ce que tu écris me semble tout à fait raisonnable, et je suis d'accord sur l'ensemble.
C'est juste que concernant la pêche commerciale, j'ai le souvenir très net d'avoir vu et lu des explications concernant la chasse de baleine de grande taille au Japon, qui n'étaient pas des catégories précisées plus haut, qui sont plus petites.
Mais c'est le cas du Japon. Au Canada ou dans les pays scandinaves, peut-être que c'est mieux géré. Cependant, dans le cas de ce type de commerce, et du capitalisme en général, la frontière entre la bonne et la mauvaise foi est souvent difficile à tracer, et donc j'ai pour habitude de faire attention. Surtout lorsque des intérêts économiques sont en jeu derrière, quelque soit le pays.
Peut-être que la pêche "scientifique", que tu présentais plus haut, est finalement la meilleure solution ? C'est bien possible. Evidemment ça paraît un peu hypocrite, mais au moins les espèces pêchées sont bien spécifiées, dans le cadre d'un accord qui doit être respecté. C'est peut-être encore ce qu'il y a de mieux ?
2005-06-25 10:02:42 de Arnaud

Et l'ambassadeur, dans tout ça ? Fait-il partie d'une espèce menacée ? Sa pêche scientifique est-elle autorisée ?...
2005-06-25 10:55:38 de Berlol

Peche commerciale... Nous n'en ferons qu'une bouchee !
2005-06-25 10:58:25 de Vinteix

Je ne pense pas qu'il fasse partie d'une espèce menacée : à mon avis, il y a même une tonne de prétendants qui se pousse derrière pour le bouffer et prendre sa place. On peut dire que c'est une représentation idéele de "la lutte pour l'existence", sans frein éthique, ni limitation quant aux mutations génétiques... Eugéniquement parlant, j'ai des doutes...
2005-06-25 14:46:11 de Arnaud

En relisant les derniers commentaires, je me suis demandé comment à partir d'un article de Berlol sur la non-réaction de l'ambassadeur aux propos diffamatoires du gouverneur de Tokyo sur la langue française, on en était arrivé à parler de baleines.
Il suffit de remonter le fil... le coupable est Arnaud qui nous a balancé ses baleines sans aucun rapport, il le dit lui-même!
(Berlol avait parlé de baleine, hier)
Eh dis, Arnaud, si notre discussion-sur-la-non-réaction-de-l'ambassadeur-aux-propos-diffamatoires-du gouverneur-de-Tokyo-sur-la-langue-française t'ennuie, dis-le!
Bon, d'accord, on est dans un salon mais quand même...
Je me marre... comme une baleine, évidemment.
2005-06-25 15:59:26 de Christian

Au fait, Arnaud, t'as fait le test?
http://www.lettres.net/troll.htm
2005-06-25 16:02:17 de Christian

Euh, Christian... je ne te suis pas du tout quand tu mets "notre discussion", ou quand tu parles de "coupable". On est dans un salon, et l'on parle d'un sujet concernant le Japon (cf. l'article).
Si tu veux te poser ce genre de questions, personne ne t'en empêche, mais merci de ne pas interdire aux autres de discuter comme ils l'entendent (car je ne discute pas tout seul hein !).
2005-06-25 17:08:42 de Arnaud

Qu'i sont-y turbulents, ceux-là !
2005-06-25 17:16:17 de Berlol

Qui est le troll ? ;)
2005-06-26 02:31:06 de Arnaud

Je prends connaissance des réactions molles de l'ambassadeur de France aux propos du Gouverneur de Tokyo sur la langue française.
Faut-il vraiment s'en étonner lorsque en pleine semaine de la francophonie, son conseiller culturel fait la promo de la langue anglaise auprès des étudiants de français, leur disant en substance que l'anglais est bien plus utile que le français. Si les profs de français au japon pensent à une pétition, ils devraient demander à SE de balayer d'abord devant la porte de l'Ambassade et particulièrement à la tête du Service culturel qui brille surtout par son inanité et son incompétence.
2005-06-27 02:54:39 de Gilles

C'est assez grave ce que vous rapportez là. Le nouveau conseiller culturel est si inconscient de sa mission que cela ?!
2005-06-27 14:36:28 de Arnaud

Au point qu'on se demande comment il se fait qu'il ait été nommé conseiller culturel ! Ou, si cela a été fait sciemment, pour QUOI faire...
Si l'ambassade était une entreprise, elle devrait faire autrement qu'avec ses caractériels et bras cassés récurrents, sinon elle irait à la faillite sans coup férir !
2005-06-27 14:48:27 de Berlol



Jeudi 23 juin 2005. Qu'une baleine m'avale...

Je poste en touche.
Cours, déjeuner, cours, réunion, dîner avec amis, une jointure telle que pas un instant pour réfléchir. Suis à la limite de l'abrutissement et vais me préparer pour la nuit. On verra demain si l'inspiration revient...
Je rêve déjà qu'une baleine m'avale...

Le lendemain, ou l'esprit de l'escalier...
En repensant à hier, il y a deux points qui me sont revenus et que je voudrais laisser dans cette mémoire externe qu'est le JLR, même si la journée elle-même ne mérite pas spécialement d'être contée.

Séance de web autour de L'Auberge espagnole (séminaire de cinéma). Bien sûr, les étudiantes ont toutes l'internet à la maison, avec l'ADSL. Et elles naviguent, écrivent des courriers ou vont sur des forums, etc., plusieurs heures par semaine. Mais tout en japonais. Mais n'ont pas spécialement cherché de documents sur Klapisch ou Duris, etc., depuis trois mois. Mais n'ont même pas trouvé les passages de ce JLR où je traitais du film, avec des liens pertinents (qui pourraient leur éviter de perdre des heures avec les sites commerciaux et publicitaires). Mais ne savent pas que l'on peut mettre des guillemets dans une recherche d'expression avec Google pour diminuer le nombre de résultats (vers plus de pertinence, mot qu'elles ont découvert hier...), ni que l'on peut employer le signe – (moins) pour obtenir de meilleurs résultats (exemple : <"auberge espagnole" -klapisch -duris> pour voir ce qu'est une auberge espagnole en dehors du contexte du film). Mais ignorent aussi que l'on peut ouvrir un lien dans une autre fenêtre (par exemple pour garder celle qui contient une liste de liens), ou que l'on peut chercher un mot dans un document avec la fonction "Rechercher / Find" sans être obligé de le lire (ce qui n'interdit pas de le lire s'il correspond au type de document recherché — quelques prélèvements visuels permettent de le savoir...).
Bref, il est probable que baignant tous dans l'internet comme des poissons dans l'eau, nos étudiants ignorent une grande partie de ce qui en fait un outil de recherche puissant et pertinent et n'utilisent les nouvelles technologies qu'à 5 ou 10% de leur potentiel. Les discours qui tendent donc à retirer les outils de recherche informatique de nos compétences d'enseignant sous prétexte que tout le monde en dispose doivent être combattus. Et ça ne sera pas facile, car l'argument poisson-dans-l'eau est popularisé à outrance par les médias et les entreprises de commerce électronique.

Vivre ou raconter, reprenait Doubrovsky qui reprenait à Sartre, etc. La journée d'hier montrait aussi qu'on peut ne pas du tout avoir le temps d'écrire — puis tomber comme une (vieille) masse sur son lit. Cela m'a rappelé autre chose, en m'endormant. Quand j'étais en Seconde, justement. J'avais un prof de physique original et sympathique, souvent drôle, qui venait en ciré jaune quand il pleuvait. Un jour, en guise d'introduction aux indices de réfraction de la lumière, et avant de nous le dire, il proposa d'aller sauver une personne qui se noie... Dessinant au tableau une rivière vue de dessus, avec sa largeur, un sujet noyable au milieu, et un passant, à l'écart de la berge et encore à bonne distance, mais qui entendrait les cris. Le sauveur doit donc courir puis nager. Mais doit-il courir tout de suite à la berge et nager en travers de la rivière (qui n'aurait pas de courant, pour simplifier) ? Ou courir un maximum, jusqu'à être en face du noyé, à la perpendiculaire de la berge ? Ou encore un moyen terme, courant un peu plus ou un peu moins qu'il n'aura à nager ?
On sent bien que cela dépend de la vitesse et que le sauveur n'a pas la même dans l'air (en courant) ou dans l'eau (en nageant). Je me souviens que j'avais proposé de courir au maximum et de nager le moins possible. La première de la classe avait ensuite choisi la bonne solution : courir un peu plus qu'il n'y a à nager, selon le rapport des deux vitesses (je suis sûr qu'elle avait préparé à l'avance). Tout le monde avait pensé que je m'étais trompé, mais il y avait une autre différence, c'est qu'elle était bonne nageuse et moi très mauvais. Ma vitesse dans l'eau étant proche de zéro, j'avais effectivement choisi de réduire au minimum ma présence dans ce milieu hostile, définissant ainsi l'indice de réfraction d'un milieu hyper dense.


Moby Dick !?!?!?
2005-06-23 17:54:06 de Vinteix
Bah alors fréro ! c'est l'âge...
2005-06-23 18:31:57 de La plus grande de tes soeurs
Encore heureux qu'au japon, ils aient renoncé à présenter la baleine en sugata zukuri ...
2005-06-24 00:56:22 de arte

Bonjour,
Tout à fait d'accord avec ce que tu écris sur les techniques de recherche avec Google (ou un autre moteur de recherche).
Et j'ajoute, c'est aussi grave avec beaucoup plus d'enseignants que l'on pourrait le penser. Et souvent sans rapport avec l'âge.
On comprend pourquoi certains de nos collègues continuent à dénigrer le web en disant qu'ils n'y trouvent rien: leur récolte est directement proportionnelle à leur niveau en techniques de recherche!
2005-06-24 08:32:24 de Christian

Ça me fait penser à une petite animation que j'ai vue en ligne hier à propos d'une nouvelle fonction de Windows 2003.
Il s'agit de donner la possibilité à l'utilisateur d'aller restaurer lui-même un fichier qu'il aurait effacé ou modifié par erreur.
Le but étant d'éviter de faire appel au département informatique (qui est toujours occupé et lent, nous laisse entendre la vidéo)
La manip est simple: il faut faire un clic-droit sur le fichier, aller dans les propriétés, puis dans un onglet dédié (style copies/versions) et enfin sélectionner la version à restaurer.
On peut difficilement faire plus simple, mais quand je vois que certains ne savent pas créer un dossier pour organiser leurs fichiers, les administrateurs de systèmes ne sont pas prêts de ne plus être sollicités pour ce genre de tâches.
Moralité : rien ne sert de créer des fonctions si on n’y forme pas les utilisateurs…
2005-06-24 10:09:03 de Manu

Jolie petite histoire que cette introduction à la réfraction
2005-06-24 10:10:00 de Manu

Ces histoires de baleine, de noyade et de poissons dans l'eau qui n'en sont pas... ne me disent rien qui vaille...
2005-06-24 10:56:21 de Vinteix

Il y a une inconnue : le "sujet noyable", c'est une fille ou un garçon ?
2005-06-24 12:40:14 de arte

Une grosse bise à ma soeurette et ne t'inquiète pas pour mon âge ! Je suis tout à fait requinqué !... La baleine n'a pas voulu de moi. trop turbulent, qu'elle a dit...
2005-06-24 12:41:12 de Berlol



Vendredi 24 juin 2005. Papillon pataugeant dans un marais puant.

Mon Dieu, mais faites-le taire ! J'ai essayé d'écouter le Tout arrive de mardi avec Michel Déon. Vraiment pitoyable. Si l'on écoute un pareil barbon, il n'y a plus rien de bon dans la littérature française (à part lui-même, mais on n'en parle pas parce qu'il est modeste...).

« Peut-être que papa n'est pas mort après tout et que nous ne nous en apercevons même pas. Peut-être qu'il s'amuse là-haut, mange des kilos et des kilos de charcuterie sans grossir et pense à nous de temps en temps. Grand-père lui ne croyait pas du tout aux histoires de résurrection. Mieux valait ne pas en parler devant lui mais avec grand-mère c'était difficile. Laisse-nous tranquille avec ces foutaises, c'est ce qu'il disait quand il entendait grand-mère remercier le Seigneur pour un oui ou pour un non, le temps qu'il faisait, ce qu'il y avait dans son assiette, une lettre que le facteur venait d'apporter. Boniments d'église, la vérité c'est qu'il faudrait enfermer tous les curés, ah mais foutez-moi la paix. Grand-mère se décomposait, disant les mains jointes tu iras en enfer tais-toi par pitié. Après il parlait de la guerre, des morts qu'ils avaient vus, éventrés, puants, l'amour de Dieu mais quel amour, il parlait des dizaines de morts éparpillés sur les routes, dans les champs, accrochés déchiquetés dans les arbres, des mouches qui tourbillonnaient autour des corps et venaient y pondre leurs œufs, de soldats que la guerre rendait fous, de ceux qui ne dormaient plus parce qu'ils avaient la peur au ventre, du jour où il avait été [...] » (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 120-121)

Je me disais dans un premier temps, pédalant ce matin, qu'on était là dans le registre du convenu. Ça me décevait. Et puis j'ai réfléchi un peu — même en pédalant, c'est possible. Je me suis demandé : qui parle ?, et de qui ? Et puis comment ça parle d'une chose et d'une autre ?, c'est-à-dire comment ça s'enchaîne ? Et là, tout s'est éclairé. Il faudrait citer plus longuement pour repérer les enchaînements, mais j'ai coupé là exprès...
Cette sorte de monologue intérieur est comme un flux de pensée mal contrôlé (ou pas contrôlé du tout, fictionnellement) émanant d'une jeune personne peu éduquée et encore moins expérimentée ; elle rapporte, elle se souvient, elle mélange et elle interprète un peu. Et ce qu'elle rapporte de sa misère nous arrive au travers de la misère des autres, de leurs vies étriquées ou ratées. En revanche, un peu plus loin, l'auteur nous donne un extrait du journal d'Édith (la même que celle qui monologue) et le contraste est saisissant. Dans son journal, Édith parle d'elle-même à la troisième personne et ne décrit que des détails en apparence insignifiants, surtout au regard de ce que son flux de conscience nous déversait la page précédente... Son journal, miroir embellissant, est à l'image de ce qu'elle voudrait être à ses propres yeux, et de ce qu'elle sent pouvoir ou devoir l'intéresser... quand elle aura réussi à fuir cette maison, ce qu'elle ne sait pas faire. Un côté papillon pataugeant dans un marais puant, rêvant d'ailleurs s'envoler, sans savoir qu'il n'a pas d'ailes. Ou quand l'art est ingrat.


Samedi 25 juin 2005. Soldes, musiques et palabres.

J'ai entendu que les soldes commençaient dans le nord de la France. Éh bien, ici aussi, T. et moi sommes allés ce matin aux soldes de Sun Motoyama, dans un hall d'exposition de Yurakucho. Il s'agit en fait de soldes dites de luxe organisées par un magasin dit sélect qui rassemble des grandes marques importées et japonaises. Un petit pull en cachemire peut y coûter 5000 comme 50.000 yens, ça dépend de la marque. Nous, on n'a pas trop de budget mais on y va quand même parce que T. reçoit la carte de V.I.P. et on achète deux ou trois bricoles, selon notre budget. L'an dernier, j'avais trouvé des chaussures, cette année deux pantalons et une chemisette bleue, T. une jupe en lin et un corsage en soie.
À midi on était revenu pour aller déjeuner au Saint-Martin, T. ayant invité une amie de son centre de sport qui tient une boutique de sacs et fringues et qui va commencer à apprendre le français pour importer des articles de pays francophones, moi ayant proposé à Manu de venir déjeuner, parler blog et famille avant d'aller à la fête de la musique.

En attendant que je complète demain, quelques photos...
Merguez-frites de Manu au saint-Martin

Tambours en famille dans le jardin de l'Institut


Sorte de butoh + musique électronique

Funk-rock 2nd degré amusant et puissant
Palabres tous azimuts pour douce nuit

Le lendemain...
Des différentes formes qu'a prises la Fête de la musique à l'Institut franco-japonais de Tokyo, celle de cette année restera dans bien des mémoires. Sans doute comme la mieux organisée, même si la fin de soirée laissait à désirer, le DJ tenant plus du juke-box de tubes que de la création d'ambiance. La scène construite dans le jardin y fut évidemment pour beaucoup car de réelles prestations d'artistes pouvaient y avoir lieu. À l'opposé de cet espace ouvert et convivial, et tout aussi nécessaire, l'Espace Images, avec ses cent et quelques places, accueillait feutré le classique, joué par différentes formations, de touchants amateurs aux concertistes confirmés. D'un programme riche et dense, à tel point qu'on ne pouvait tout entendre, je retiendrai le trio funk-rock Aquabomb dont l'aisance comique dans la puissance de guitare faisait penser à Zappa, ainsi que deux prestations classiques. La jeune fille et la mort, ou Schubert joué superbement par un quatuor de jeunes filles — j'étais placé par hasard de façon telle que je voyais une violoniste de dos et qu'elle avait, il faisait plus de 30°C hier, un maillot sans manches, de sorte que les mouvements d'un archet que je ne voyais pas naissaient de variations d'angle du bras par rapport au buste, infimes ou importantes, accompagnées de fascinants tensions, vibrations, relâchements de divers muscles de l'arrière du bras jusqu'au coude, de l'épaule jusqu'à l'omoplate par la clavicule, et, parfois, jusque sous l'aisselle soudain dévoilée... L'autre prestation, plus émouvante encore, était une succession d'airs classiques fin XIXe et début XXe siècle en japonais, italien et français, dont un très touchant Après un rêve de Gabriel Fauré (un de mes compositeurs préférés) par une très jeune fille à la voix incertaine (Kanako) et littérallement clouée sur la scène par le trac. Minako, l'épouse de Katsunori, soprano confirmée, a donné de très beaux airs dont Les oiseaux dans la charmille, air d'Olympia, automate des Contes d'Hoffmann, composé par Offenbach — Spalanzani, alias Katsunori, remontant de temps en temps le mécanisme. Cela s'est achevé par un Je te veux d'Éric Satie à trois voix (Kanako, Mariko et Minako) du plus bel effet.
Suis rentré, ai préparé pour T. et moi une tortilla con patatas avec une salade de tomates, et suis retourné à l'Institut pour la fin de soirée. Ayant beaucoup discuté avec eux, assis à même les planches de la scène nuiteuse, j'aimerais bien voir les photos de Philippe et de Cédric...


Y'en a bien un qui va nous sortir un article du Monde sur les Merguez-Frites là, non ?
2005-06-25 18:36:11 de arte

Non, ça foutrait du gras sur les pages du journal…
2005-06-26 01:05:17 de Acheron

Moi je mets les articles concernant le Japon parce qu'on est aussi sur un blog concernant le Japon hein, arte.
2005-06-26 02:32:58 de Arnaud

Je ne savais pas qu'il y avait des merguez au SMA. Il faudra que je les essaie tantôt !! Décidément, un restaurant français qui réservent plein de surprises.
2005-06-26 02:33:56 de Arnaud

Quelle vie trépidante. Et penser que moi aussi j'ai acheté un pantalon à Sports 2000 au centre commercial de La Riche Soleil un de mes 2 futes en alternance ayant craqué à Bruxelles en pleine avant-lecture heureusement que pas pendant. Ai traversé la fête de la musique mardi soir en revenant de Pantin, souvenir à Stalingrad des flics ayant coincé le métro et passant avec des matraques entre les gens disant "ça sent le shit, c'est pas bon pour la santé" et quand le métro a redémarré il y a avait 15 blacks debout contre le mur de la station mains appuyées au carrelage, 1 flic pour 3 blacks 1 mètre en arrière avec 2 qui passaient pour la fouille au corps, de + en + convivial mais de musique pas trop. A part ça merci et bravo à notre ambassadeur des entreprises, que c'est triste: quel mauvais esprit ce blog décidément... Bon dimanche (nous il commence).
2005-06-26 08:26:14 de FB

Merci François de nous rappeler que c'est pas la fête pour tout le monde dans le Sarkoland (et ça ne va pas s'arranger).
Merci aussi de m'avoir cité dans la Lettre du 25 de Remue.net :
http://www.remue.net/article.php3?id_article=842
Euh... c'est où, ça La Riche Soleil ?
2005-06-26 11:46:26 de Berlol

"Jean-Philippe Guinand, directeur des hypermarchés Géant France, a indiqué «qu’il était fier de ce centre». Tout en ajoutant que le Groupe «poursuivait sa réflexion sur de nouveaux concepts pour coller toujours plus à la demande des clients» et de conclure «nous apporterons toujours services et qualité au client de Tours grâce à ce centre commercial dont nous sommes persuadés qu’il va grandir encore.»"
http://www.groupe-casino.fr/legroupe/?sr=5〈=fr&%3Bamp%3BPHPSESSID=514f4370f08f99481036dad0899caa6e
2005-06-26 12:15:06 de arte

merci pour le lien Casino !
ce qui est surtout Géant chez Géant, et celui-là en particulier, c'est le choix musical qu'ils vous mettent dans les oreilles, c'est d'ailleurs un des éléments qui faisaient que le bouquin de Jean-François Paillard méritait distinction et signalement
bon, on a un lycée japonais à St Cyr sur Loire pour compenser (lycée Konan)
mais ce qui m'épate c'est ça : on achète un falzar le même jour à la même heure ou presque avec le décalage et tout Internet à quoi ça sert : à nous le dire !
faut dire que le mien pour 49 euros ramenés de Bruxelles a même 2 poches sur les côtés qu'est-ce que ça fait mode!
2005-06-26 13:21:30 de FB

je reviens...
mérite vraiment le détour, le site Casino, du point de vue de la langue française langue de bois langue de fric (monsieur l'ambassadeur sera content)
sur la même page, on a 2 liens:
http://www.groupe-casino.fr/legroupe/?sr=5&id_art=10007200〈=fr
un vers prolifération de la version bas prix (Leader Price) pour balancer nos saloperies aux Lituaniens et Estoniens, l'autre sur comment vendre un max à Ryad entre 4 prières (horaires d'ouverture en fonction du muezzin...)
et tout ça dans la syntaxe de Rimbaud et Montaigne...
j'aime notamment, à Ryad:
"une centaine de chariots remplis de produits alimentaire [sans s] ont été donnés aux pauvres DESIGNES par les autorités locales"
et pour Leader Price à la "conquête de l'Est":
"assurer les prix les plus bas dans les pays Baltes, répondant ainsi à un besoin dans ces états en pleine expansion"
ils ont au moins le mérite de la franchise, on pige mieux l'affaire des 30 millions d'euros donnés à leur directeur licencié il y a 2 mois...
"saletés", dirait une...
2005-06-26 13:33:51 de FB

sans oublier bien sûr d'aller voir leur conseil d'administration, avec les Giscard d'Estaing et les Rothschild
je crois que je vais aller rendre mon falzar pour défaut de fabrique
2005-06-26 13:35:51 de FB

Allons allons ! Et que feras-tu, cul nu ?
2005-06-26 14:17:13 de Berlol

je confirme : rien dans Le Monde sur "japon" + "cul nu" !
désolé.
2005-06-26 15:16:42 de arte

Merci beaucoup pour votre présence, et pour ta présentation de notre jeu.
À toi de chanter, la prochaine fête!
2005-06-26 16:35:31 de koike1970

Et sur Arte ?
2005-06-26 16:54:51 de Arnaud

Je veux pas jouer au "méchant", mais là je viens de trouver un blog de quelqu'un qui est au Japon, et qui est particulièrement culte !!! ;)
http://www.nordnet.fr/yepd1520/pages_des_jeunes_04_05/zoe_spriet.htm
Certains passages assez classiques :
« C¡¯est bizarre comme depuis que je suis ici j¡¯aime la France.. c¡¯est pas
qu¡¯avant je detestait mais je vivais sans realiser dans quelle sorte
d¡¯univers j¡¯etais¡­ maintenant je resent plus fort l¡¯identite de la
France »
Pas mal de passages à la "je tixplique le Japon" :
« Et les profs ont pas l¡¯air de les pousser a le reflexion, rien qu¡¯a voir
le bordel que c¡¯est pendant les cours¡­ .../... les eleves peuvent dormer, parler, bouger, limite telephoner¡­
Je suis bien contente d¡¯etre francaise quand je vois ca, meme si on en bave
pour avoir le bac ou ce genre de truc, on a une certaine culture qui parait
pas comme ca mais quand meme, on est po bete!
Evidemment ya aussi des Japonais tres intelligent, evidemment je fais la
caricature des extremes, ne vous meprenez pas!!! »
Et enfin, de petites explications "historico-culturelles" pas vraiment claires ;) :
« ya des statues dores geantes des dieux genre Bouddha (mais
attention c’est pas Bouddha, mais vraiment ca ressemble) c’est magnifique
C’est la aussi qu’on trouve les fameux trois singes, l’un cachant ses
oreilles, l’autre sa bouche et le dernier ses yeux. vous voyez quoi? “see no
evil, say no evil, hear no evil”. la doctrine des “moines” de l’epoque, rien
dire, rien entendre et rien voir pour eviter le mal . C’est pas
particulierement malin comme doctrine je trouve m’enfin »
M'enfin bon...
2005-06-26 17:09:36 de Arnaud

J'ai pas pris tant de photos que ça moi... ^^;
J'ai aussi bien apprécié cette fête de la musique... d'autant que plein de mes étudiants sont venus et nous avons pu nous rencontrer dans un contexte intéressant qui change de la salle de classe et du restaurant!
Et puis, dans la suite de notre discussion Patrick, voici la citation exacte de William Klein. J'adore cette citation!
"Une photo prise à 1/125è de seconde... Qu'est-ce qu'on connaît du travail d'un photographe? Une centaine de photo? Peut-être 125? C'est un oeuvre! Ca fait en tout: 1 seconde! Peut-être 250 photos? Ca serait déjà une oeuvre conséquente. Et ça ferait... 2 secondes... La vie d'un photographe, même d'un [i]grand[/i] photographe comme on dit... 2 secondes! Bon..."
2005-06-27 04:51:46 de Cédric - Elinas



Dimanche 26 juin 2005. Courbettes et sornettes — servez froid, style vengeance.

Ça devait faire peut-être depuis novembre dernier qu'on n'était pas allé ensemble, T. et moi, au centre de sport, derrière Shibuya. Il fait chaud et y aller est déjà un acte sportif. Après trente minutes de vélo, j'ai perdu au moins un litre de bière d'hier soir... Ensuite, il y a l'ineffable mist sauna, ou sauna humide (pulvérisateurs de micro-gouttes dans le plafond, odeur de cèdre des sièges).

« [...] courbettes et compagnie mais dès qu'il avait le dos tourné c'était autre chose, chacun y allant de son insulte, crevure, salopard, pourriture, fumier, j'en passe et des meilleures, n'empêche qu'ils l'ont bien cherchée leur punition, quant à ton grand-père il se moquait pas mal de ce qu'ils pouvaient raconter, bon, si on n'aimait pas beaucoup ton grand-père, c'était aussi parce qu'il n'était pas d'ici, on n'avait pas l'habitude de voir débarquer des étrangers par ici, il était arrivé au village avant la guerre, je parle de la première guerre, il avait une vingtaine d'années, il avait raconté que ses parents étaient morts dans un incendie et qu'il avait dû partir sans un sou en poche, abandonnant la maison en cendres et ses parents carbonisés à l'intérieur, il n'avait nulle part où aller, pas de famille, c'est en tout cas ce qu'il racontait au début [...] tout ça c'était avant de rencontrer ta grand-mère, ça n'a pas traîné, ils se sont mariés en grande pompe à l'église, c'était quelques semaines avant l'assassinat de l'archiduc François-Ferdinand, sur la photo jaunie du salon elle ressemble à une poupée de porcelaine, si petite dans sa robe tout blanche qu'on dirait une enfant [...] ensuite la guerre a éclaté, il a été mobilisé, à mon avis une aubaine pour lui, je suis sûre qu'il a trafiqué quelque chose pendant la guerre, cette histoire de blessure et d'hôpital militaire je n'y ai jamais cru, des sornettes [...] » (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 136-137.)
Où l'on voit des éléments narratifs communs à Une Saleté et à Colonie. Que l'auteur recourre aux mêmes narratèmes ne signifie cependant en rien qu'elle se répète. Cela nous renvoie plutôt à l'infinie variation que l'écriture produit à partir d'identiques structures familiales, culturelles, sociétales. Ici, le mystère de ce qu'un personnage a pu faire pendant une période trouble de guerre. Plutôt que de la vérité, les gens ont en quelque sorte besoin de ce gouffre d'ombre pour fantasmer, médire en réseau et laisser moisir dans son quant-à-soi. Laissez passer une ou deux générations et servez froid, style vengeance...

Quand on revient, dans l'après-midi, j'ai encore pas mal de courrier. Puis finir le billet d'hier pendant que j'enregistre Hélène Cixous à la Villa Gillet sur le canal des Sentiers de la création de France Culture.
D'une lettre hebdomadaire de François Bon, je retiens ces ahurissantes nouvelles du front Daewoo : « [...] récents développements, Kamel Belkadi désigné coupable et pourtant pas une once de preuve, tandis que M. Kim Woo Choong s'en est retourné se faire grâcier à Séoul [...] ».
D'un courriel d'Arnaud qui m'adresse un article du Monde (oui, il m'en envoie aussi, et il a bien raison), je retiens aussi ceci (qui n'a pas besoin de liens supplémentaires) : « [...] M. Seillière s'est refusé à parler de crise de la construction européenne. Au contraire. "La situation actuelle est de nature à régénérer cette construction", s'est-il félicité. Saluant la volonté de M. Blair de "moderniser" le modèle social européen, M. Seillière s'est exclamé : "Une certaine forme de lucidité! est en train de s'imposer."» (Caroline Monnot, Quand M. Seillière se dépeint en "socialiste anglais", in Le Monde, édition du 25.06.05.)

Et puis, ce qui est encore moins drôle pour notre avenir à tous, c'est que le réchauffement planétaire se confirme de manière définitive.


Tout cela en dit malheureusement long sur la façon dont eux interprètent l'après 29 mai, grand succès pour les champions de la dérèglementation. Seillière semble même en si bonne forme qu'il se permet de se présenter en "socialiste anglais" et de nous prendre tous pour de cons... À moins que ce soit vrai... ?
2005-06-27 02:42:05 de Arnaud

Il faut dire qu'elle tombe mal ou bien (selon le point de vue) cette présidence tournante anglaise, juste après le 'non' français et néerlandais...
2005-06-27 05:43:17 de Manu

Ils l'attendaient le Non quand même, en Angleterre.
2005-06-27 06:12:26 de Arnaud



Lundi 27 juin 2005. En creux piteux son destin.

De bon matin, après avoir retiré quatre ou cinq chenilles qui bouffaient les feuilles de votre citronnier — c'est la saison des papillons —, vous vous préparez tranquillement pour une séance chez le dentiste, soins, entretien, travaux futurs. Votre épouse, appelons-la T., par exemple, vous accompagne pour vous aider à comprendre ce que vous dit le praticien dans une langue qui vous est étrangère, et technique, de surcroît. Il vous fait tout un speech sur les trois dents du fond, en haut à droite, dont une dent de sagesse qui est inutile et qui risque de gêner car elle n'a rien en face, en bas. Vous voyez ? Moulage à l'appui, il vous prend à témoin de la faiblesse de celle-ci par rapport à celle-là. D'ailleurs, avec la radiographie maintenant, celle-là travaille trop alors que son soubassement est fragile. Vous êtes d'accord et, tranquillement allongé, vous voulez bien envisager cet arrachage. C'est là qu'il vous dit qu'on peut le faire tout de suite, que ce ne sera presque rien. Quoiqu'interloqué, votre épouse pensant comme vous à revenir dans une ou deux semaines, vous dites oui, qu'après tout — vous avez confiance en lui — il vaut mieux ne pas avoir à anticiper. Voilà, la seringue était déjà prête, il vous la plante dans la gencive. Une fois, deux fois, trois fois. Votre cœur bat, vous sentez votre sang quitter votre tête, serrer vos poumons. Respirez à fond ! tout va bien se passer ! On continue à parler, surtout votre épouse et lui, de comment on va faire après. Vous vous demandez comment ça va se passer, là, tout de suite... Estimant le temps d'effet de l'anesthésique, il se rue soudain sur votre bouche, tire et râcle vers le bas à plusieurs reprises, au point que, même si vous ne sentez rien dans la bouche, vous sentez les muscles de votre cou se tendre pour résister à la traction. Vous voyez subrepticement sortir quelque chose que vous ne voyez pas alors qu'il dit que c'est fini, que le reste de votre sang vous quitte, qu'il commence à nettoyer, boucher, fermer. Vous êtes sous le choc de ce qui a duré moins d'une minute.
On appelle ça, le geste chirurgical.

Après, T., qui a elle aussi reçu des soins dentaires, pendant que je me reposais, estime qu'il vaut mieux, dans la chaleur humide d'aujourd'hui, prendre un taxi et nous ramène directement où nous pourrons reprendre des forces, c'est-à-dire au Saint-Martin. Déjeuner de poisson. Puis à la maison, sieste.

Dernier GRAAL de la saison. Le point sur les propos de l'ambassadeur de France (Cf. JLR du 22). Validation des choix pour la rentrée (Assia Djebar et Georges Bataille). Discussion à partir de ce que Louis Capet refuse d'avaler, au propre comme au figuré — il y a trois pages d'énumération qui narrent en creux piteux son destin et qui pourraient servir à bien des cours d'histoire (Jean-Luc Benoziglio, Louis Capet, suite et fin, p. 110-113).
Malheureusement, ayant été opéré le matin et obéissant au conseil de prudence de T., je ne dîne pas avec les amis — que je regarde partir, là-bas, tristement, vers le restaurant thaïlandais — et je rentre pour dîner, rédiger bref et sans liens. Me coucher tôt.


Odaijini...bon rétablissement.
2005-06-27 17:31:33 de Bikun

Nouvelles du Japon, nouvelles du monde.
« Soixante ans après sa reddition, le Japon continue de se poser en victime de la guerre du Pacifique
LE MONDE
TOKYO de notre correspondant
Le Japon vient de lancer la commémoration des grandes batailles de la guerre du Pacifique, qui allaient conduire à sa reddition du 15 août 1945. Les combats firent un nombre impressionnant de morts : Iwojima (30 000) en mars 1945 ; Okinawa (239 000) en mai-juin ; Saipan, un an auparavant (près de 60 000)... Le premier ministre, Junichiro Koizumi, s'est rendu sur l'île d'Iwojima puis à Okinawa, qui fut le théâtre de la plus sanglante bataille de l'histoire de la guerre. Pour son premier voyage à l'étranger en hommage aux victimes des hostilités, l'empereur Akihito se rend les 27 et 28 juin à Saipan, sur les îles Mariannes (territoire américain), dont la prise en juin 1944 ouvrit une brèche décisive dans la ligne de défense de l'Archipel.
Le premier ministre et l'empereur prient certes pour les morts des deux camps : c'est le cas à Okinawa où figurent parmi les noms des victimes inscrits sur les plaques de marbre noir du mémorial ceux de 14 000 Américains. Ce sera le cas à Saipan où le monarque ira se recueillir devant le monument aux morts américains puis sur la falaise où 4 000 civils japonais se suicidèrent. Mais les cérémonies du 60e anniversaire de la fin de la guerre du Pacifique sont loin d'être un moment de réconciliation : c'est la tension qui est en toile de fond. Chinois et Coréens accusent en effet le Japon de minimiser son agression et les exactions commises par son armée.
ENGAGEMENT POUR LA PAIX
Il y a dix ans, le premier ministre Tomiichi Murayama avait fait un pas en direction de l'apaisement. Cette fois, la commémoration de la fin de la guerre du Pacifique reste dans l'ambiguïté. Japon victime. Japon agresseur... La première perception, encouragée implicitement par le gouvernement, et ouvertement par la droite, l'emporte sur la seconde.
Assurément, le peuple japonais fut victime. Il le fut dans des batailles sans merci à Saipan ou à Okinawa ou au cours des raids aériens américains de mars 1945 (près de 100 000 morts à Tokyo). Il le fut par ces dizaines de milliers d'hommes et de femmes endoctrinés qui se suicidèrent aux cris de "Longue vie à l'empereur". Il le fut enfin à Hiroshima et à Nagasaki dans l'enfer du feu nucléaire (350 000 morts)... Mais ces carnages de civils n'effacent pas les causes du conflit ni les millions de victimes asiatiques de l'expansionnisme nippon au cours de la "guerre de quinze ans" (à partir des années 1930) menée sur le continent puis dans le reste de la région.
Soixante ans après la défaite, le débat tourne en rond : guerre d'autodéfense, guerre de libération des peuples d'Asie, guerre d'agression... Les facteurs s'enchevêtrent et la réponse est complexe : nombre d'indépendantistes asiatiques ont par exemple cru, un moment, que le Japon les libérerait du joug colonial occidental. Le musée du sanctuaire Yasukuni à Tokyo, consacré aux guerres menées par le Japon depuis le milieu du XIXe siècle, épouse la première version,que peu d'historiens asiatiques ou occidentaux sont prêts à accepter. Le sanctuaire lui-même, édifié avant-guerre, est perçu par les voisins du Japon comme le symbole de son passé militariste. Depuis 1978 y sont honorées, outre les âmes de 2,4 millions de patriotes, celles de 14 criminels de guerre condamnés en 1948 par le tribunal militaire international de l'Extrême-Orient dont sept furent pendus. Les visites qu'y effectue le premier ministre Koizumi ont déclenché la colère des Chinois et des Coréens.
Le Japon entend "contribuer à la paix mondiale éternelle et empêcher que s'effacent les cruelles leçons de la guerre" , a déclaré Junichiro Koizumi, dimanche 19 juin à Iwojima. Au crédit de cet engagement pour la paix, le Japon fait valoir qu'il n'a participé à aucune guerre depuis 1945 et qu'il a exprimé sa repentance par l'aide publique considérable apportée à la région. Mais l'ambiguïté demeure : les déclarations pacifiques sont régulièrement entamées par un négationnisme que paraît cautionner le gouvernement.
Le Japon n'est pas le seul à manipuler le passé. Chinois et Coréens ont aussi des visions historiques non exemptes de considérations politiques, sinon franchement biaisées dans le cas de Pékin. La "myopie" des autorités japonaises sur le passé ­ qui n'est pas partagée par une partie de l'opinion ­ remonte à l'occupation américaine.
CONTRER PÉKIN
Washington, soucieux d'utiliser l'empereur pour faciliter l'occupation, lava Hirohito de toute responsabilité, fit condamner quelques dirigeants pour crimes de guerre et libéra les autres pour reconstituer la droite face à la montée des communistes en Chine : c'était le début de la guerre froide, et les Etats-Unis entendaient faire de l'Archipel le point d'ancrage de leur stratégie anticommuniste en Asie. Soixante ans plus tard, le Japon participe à une autre stratégie américaine visant à contrer les ambitions régionales de Pékin, et Washington reste silencieux sur les visites du premier ministre à Yasukuni.
On dit, au Japon, que "la diplomatie ne rapporte pas de voix " : c'est un thème secondaire dans les stratégies électoralistes. Une "recette" appliquée par Junichiro Koizumi, en partie redevable de son accession au pouvoir au puissant lobby de l'Association des familles des défunts de la guerre.
Alors que le Japon ambitionne d'obtenir un siège permanent au Conseil de sécurité des Nations unies, cette politique à courte vue a placé l'Archipel dans l'inconfortable position d'être mis à l'index par ses voisins.
Philippe Pons
Kazuko Haga, reine d'Anatahan
Des combats sporadiques se sont poursuivis quelques mois à Saipan après le débarquement américain. Mais, dans la minuscule île d'Anatahan, à 70 milles nautiques au nord, la résistance a duré jusqu'en 1951. Elle était menée par un détachement d'une trentaine d'hommes qui ignoraient que la guerre était finie. Avec eux, il y avait une femme, Kazuko Haga, épouse d'un employé de la plantation de canne à sucre qui, retourné à Saipan pour des affaires administratives, y avait été bloqué par le débarquement américain. Seule femme sur l'île, Kazuko Higa (28 ans) allait devenir un personnage légendaire : la "Reine d'Anatahan", source de passions et d'intrigues (une dizaine de soldats s'entretuèrent pour ses faveurs). Un "conseil" fut institué pour lui choisir un compagnon, mais les querelles se poursuivirent. La situation s'envenima au point que le "conseil" décida qu'il fallait la supprimer. Ayant appris le sort qui lui était réservé, elle s'enfuit dans la jungle. Après trois semaines, elle aperçut un bateau de guerre américain dont elle attira l'attention en brandissant sa chemise en haut d'un cocotier. C'était le 23 juin 1950. Sauvée, elle revint au Japon et devint l'héroïne du jour dont on s'arrachait les photographies. Deux ans plus tard, son histoire fut l'objet d'un film à succès. ­ (Corresp.)
Article paru dans l'édition du 28.06.05 »
2005-06-28 08:19:37 de Arnaud

Par exemple, je déteste la rue de Trévise. Elle est longue, inutile. S'y établissent des restaurants chinois ou coréens ou les deux, qui ne tiennent pas. Au début, vers la rue de Maubeuge, un onglier présente une vitrine de mains en latex pendues ongles peints vers le bas mais de loin, c'est-à-dire de l'autre trottoir, où je passe régulièrement (jamais je ne marche sur ce trottoir près de l'onglier), ces mains font prothèses et s'associent à la pharmacie qui lui fait face (sur mon trottoir). La pharmacie, parlons-en, j'y suis entré deux fois mais deux fois, la dame discutait de choses et d'autres, de rien, ça se voit tout de suite, avec quelqu'un sans se couper pour me demander ce que je voulais, et je suis parti les deux fois sans attendre. Avant cette officine, une boutique de tapis sombre, jamais ouverte, pénible à longer. Et le reste à l'avenant, le siège d'un syndicat marqué très à droite, un café sans charmes (qui cependant me dépanna d'un mouchoir en papier un jour), des bureaux, une boutique de toilettage avec ses petits chats lovés dans des cases douillettes, des colliers pour chiens, des os, des outils, du bordel. Plus loin, un théâtre où passent des comiques que je n'aime pas, des restaurants sans terrasses. Les trottoirs de cette rue sont maigres et y croiser quelqu'un quand on porte les courses contrarie. Un couple ami y habitait un de ces grands beaux appartements hauts de plafond; nous sommes fâchés maintenant. C'est surtout que je dois emprunter souvent cette voie à pied sans pouvoir ni acheter ni m'y divertir. La boutique d'épices est rue Bleue. Le tabac, plus loin encore, — je ne vais pas à celui de la rue de Trévise pourtant tout près de chez moi; la femme se débrouille toujours pour se délester de sa petite monnaie; je la vois faire; elle a mon tabac mais en 30g ou 25g (pas en 40g); avec une facile règle de trois, on découvre aussiôt que le format qu'elle vend est plus cher. Et puis je n'ai jamais rien vécu dans cette rue. Pas d'histoires. Je passe. De toute façon, je déteste le quartier où j'habite.
2005-06-28 09:15:27 de Alain

Pourquoi vous ne déménagez pas ? (^_^)
2005-06-28 09:50:12 de Arnaud

Je trouve le titre de l'article du Monde mal choisi. Il n'y a
qu'un seul paragraphe qui illustre ce titre. Et aucun des différents sujets abordés ne montrent réellement en quoi le Japon se pose victime de la guerre. Bref je le trouve mal ficelé cet article. Y'a quelque chose qui cloche. C'est peut-être moi après-tout...
2005-06-28 13:02:38 de Bikun

Pourtant, pas loin, il y a la rue des martyrs; J'y habitais, étudiant, j'aimais beaucoup en remontant de Notre-dame-de-lorette longer les étals de fruits et légumes;
J'y suis repassé il y a trois jours, cela n'a pas beaucoup changé, derrière il y a "la petite Athenes"; on avait oublié cette appellation, puis les prix ont augmenté, bien sûr, et Gustave Moreau, c'est quand même même une belle référence pour situer le quartier , "j'habite près de l'atelier"; au fond, c'est joli, "La petite Athènes", si je tenais un tabac dans le quartier je l'appelerais comme ça, d'ailleurs, il doit bien exister ce tabac, il faudra que j'aille voir, et puis je grimperai sur le boulevard, je referais le trajet, c'était facile, Pigalle puis un ciné à la place Clichy, parfoist l'inverse, ça dépendait de l'humeur ...
2005-06-28 14:23:19 de arte

et moi j'y ai habité 3 ans, rue de Trévise, vers 77/79, au 42 ? (ou 47?) alors je n'aime pas qu'on me l'abîme, les piaules de Lautréamont tout près, une piaule de Baudelaire aussi je crois rue Richer, les petits caboulots kasher, et les passages où on trouvait encore plein de trucs chez les bouquinistes
je suis d'accord que ça s'est beaucoup dégradé, les Passages, le Fbg Montmartre, même la rue Cadet, tout ça s'est abîmé, la bouffe et les fringues et c'est tout, même si apparemment un mouvement de reconquête des Boulevards s'est vaguement amorcé
le musée Gustave Moreau toujours aussi fascinant, et la rue de Douai un peu plus haut pour les guitares, et Drouot que je boude depuis le bradage Breton
c'est des banalités de parler de ce Paris qu'on aime et qu'on a tant de mal à retrouver - le bistrot pour les rancards du matin, près Châtelet et qui sert à ts les castings théâtre ou cinéma, avec juste des discrets petits signes de main à distance, l'autre où j'étais hier matin entre Louvre et Comédie Fr avec cette connivence là aussi tellement étrange du tutoiement au zinc des acteurs et du livreur, ou le brassage rue Montorgueil qui ressemble à ce qu'était la rue Cadet il y a 30 ans mais qu'elle n'est plus
merde qu'on est vieux - quand j'allais rue bernard Palissy le mardi 15h parce que j'étais sûr que je croiserais beckett et la surprise après que lorsqu'il flottait au dessus du Bd St Germain aucun des parigots ni touristes ne faisait gaffe à ce que ce bonhomme n'était pas de notre monde à nous et pourtant quelle dégaine
ou la liste de toutes les librairies qu'on a connues et qui ont disparu
ou les salles vides et les dédales fermés de la rue Richelieu à l'ancienne BN, même si les manuscrits restent là, la rature Soleil Cou Coupé et tant d'autres
tiens, ça en rapproche, de la rue de Trévise, et le palace squatté et Jean Genet qui venait au bistrot juste au coin du boulevard (il attendait Bougon bien sûr) et les rades en face des imprimeries des journaux qui restaient ouverts toute la nuit, le Monde, l'Aurore, l'Huma ils étaient tous là, c'est tout fini maintenant
2005-06-28 18:07:23 de FB

Rue de Trévise, précisément. Un revendeur de vespas qui occupe deux boutiques et quatre places de stationnement. Deux salons de massage, paraît-il, plus sûrement des salons où l'on branle, selon les R.G. et un article de journal. Un institut de bronzage flambant neuf. Une énorme pâtisserie en réfection depuis trois ans, vide, marron. Un revendeur de mobiles ou d'ordinateurs, pas très défini, prêt à faire tout ce qui touche à l'informatique. Un plombier et sa vitrine de tubes et robinets. Une agence immobilière. De toute façon, c'est personnel. Et ces magasins n'ont rien en eux de détestable. J'essaye de ne pas faire ce que je veux, toutes proportions gardées, alors déménager est au-delà de mes moyens.
Par exemple, j'aime la rue des Martyrs. Je voudrais un grand appartement clair, haut de plafond, avec terrasse, orientation sud, 5 ou 6 p., prox. commerces, asc., cave.
2005-06-28 18:47:49 de Alain

Commerces, c'est gagné. Les étals sont encore plus de fruits, légumes, gibiers, et puis les patisseries, que de chaussures de sports, pour les chocolats, il y a la rue Bourdaloue, c'est tout en bas, après on prendra le chemin du supplicié jusqu'à traverser le boulevard, passé le Divan du monde, il y a un restaurant tchèque, et son patron moustachu, et un tzigane ou deux qui passent, et le chat qui se met là, à vos cotés, tout contre, quand vous dinez seul.
2005-06-28 20:33:06 de arte

(FB, il reste Chartier, toujours...)
2005-06-28 20:36:59 de arte



Mardi 28 juin 2005. Un très long drink ironique.

C'est déraisonnable, me dira-t-on, mais depuis cet après-midi, je me passe en boucle un nouvel album déposé sur Jamendo. Il s'agit de Septentrion, suite de lamentos réalisé avec trois francs, de l'aveu de l'auteur, d'un dilettantisme et d'une beauté pauvre absolument époustouflants.
J'ai écouté plusieurs des nouveaux albums proposés à l'écoute et au téléchargement (légalement) mais il n'y a que celui-ci qui me plaît vraiment — et à la folie ! Vite, mon psy ! Pourquoi ces guitares, voix et rythmiques dérisoires me font penser au Leonard Cohen des seventies, voire même des sixties ?... Des accords simples et répétitifs qui me rappellent aussi des groupes des années 80, époque de minimalisme efficace, par exemple Fra Lippo Lippi. Mais qui se souviendra de ça ?... Et malgré ces réminiscences, une fraîcheur à accompagner un très long drink ironique...

Mais là, je fantasme, parce que je risque plutôt d'être pénible quelques jours du fait des tâches à achever en moins de trois (site web du département, dossier de présentation de cours, sujets d'examen de juillet — tout finit le 30, en fait...). Avec pas beaucoup de littérature à attendre. Faire tintin. Se la serrer.

Peut-être même pénible pour d'autres, je ne sais pas. Par exemple, ces quelques décasyllabes (faits innés) déposés Du coq à l'âne, je ne sais pas si ça plaira...

Si l'arrêt public délivre d'Assouligne
Entamons nos lectures en double vit...
Est-ce que nos blogs sans souci et sans ligne
commerciale ne nous tiennent pas mieux en vie ?

Moi, si !


C'est MA GNI FIQUE ... si si
2005-06-28 20:39:38 de arte

Par exemple, Adorno :
" Une solitude intangible est pour l'intellectuel la seule attitude où il puisse encore faire acte de solidarité. Dès qu'on rentre dans le jeu, dès qu'on se montre humain dans les contacts et dans l'intérêt qu'on témoigne aux autres, on ne fait que camoufler une acceptation tacite de l'inhumain. Il faut être du côté des souffrances des hommes; mais chaque pas que l'on fait du côté de leurs joies est un pas vers un durcissement de la souffrance".
2005-06-28 21:43:40 de Alain

Fra Lippo Lippi... ne m'en reste qu'un 45 t, retenu pour sa seule pochette, hyper-minimaliste, shouldn't have to be like that...
J'ai réellement apprécié Leonard Cohen avec son album The Future, qui s'ouvrait sur ses paroles :
"Give me crack and anal sex
Take the only tree that's left
and stuff it up the hole
in your culture
Give me back the Berlin wall
give me Stalin and St Paul
I've seen the future, brother:
it is murder."
J'ai découvert récemment Recent Songs et Songs From A Room, et c'est bon...
Faudrait arrêter avec Assouline... Il est tellement minable que j'oublie d'aller le lire, même dans l'idée de rire un peu... Faut s'attaquer maintenant à l'autre bouffon du web littéraire, LE STALKER ! non, oublie, il en vaut pas la peine non plus...
C'est comme Michel Déon... A quoi bon s'attarder sur lui quand Mescho ne dit pas mieux sur la poésie ? Oui le type qui, à force d'avoir des oiseaux dans les cheveux, finira par converser avec Chloé ou à causer le langage des oiseaux ! Mais, encore une fois, iil parait qu'il est drôle, je veux bien...
Greg, ex-Bartlebooth
2005-06-28 23:19:29

"s'attaquer maintenant à l'autre bouffon du web littéraire", c'est ta nouvelle mission, Greg ?
Content de te revoir par Minou, en tout cas !
Merci, Arte !
2005-06-28 23:57:10 de Berlol

Minou Drouet ? encore un sujet extra-littéraire ! :d
2005-06-29 05:45:26 de Greg

Assouligne... Assoupline (Stalker, justement)...
Vous fustigiez récemment les pauvres jeux de mots d'Assouline sur le nom de Denis Grozdanovitch, et vous sacrifiez maintenant (comme quelques autres) au même procédé. Quelque chose m'échappe...
L'urbanité ne vaudrait-elle que dans la petite communauté du blog (rédacteur et commentateurs réguliers) ?
Ceci dit, je prends le plus souvent plaisir à vous rendre visite.
Votre lecteur fidèle, mais certainement pas votre caudataire.
2005-06-29 18:23:21 de Robin

Certes, Robin, vous mettez le doigt dessus et je vous en remercie. Je pense que tout jeu de mot ne peut être proscrit. Mais où l'un joue sur le sens (ligne, vitesse, vit/vie), l'autre jouait seulement sur des noms à consonnances étrangères, comme pour souligner cela, alors que l'apocope était plutôt amusante (Grozda) — et pour couper court aux critiques sortait son joker : je connais l'auteur et ça le fait rire...
Quant à l'urbanité, vous avez vu que le sens en reste assez flou. Quoi qu'il en soit, vous êtes le bienvenu, surtout les mains dans les poches (pas de traîne à porter, merci).
2005-06-30 01:22:54 de Berlol



Mercredi 29 juin 2005. Moins belles pour ceux qui courent.

Si c'est pas moi qui n'en ferait, du littéraire, ces jours-ci, c'est qui qui s'y collera ? Bah, y'en a plein partout, quand même, mais par exemple chez l'ami Bourdais, on se ressert un petit coup de Sand. Mais attention, un petit coup dans l'aigre, quand même. C'est que ça vieillit mal quand c'est coupé, ces œuvres-là. En tout cas, merci, Jean-Claude, pour le rapport détaillé des misères faites à George.

Belles averses
vues de ma fenêtre
moins belles pour ceux qui courent

« [...] respirant le parfum des aubépines, des pins, de l'humus, des églantiers, des sorbiers, des tilleuls, des sureaux, des merisiers, cueillant sans discernement [...] » (Frédérique Clémençon, Une Saleté, p. 146.)

Y'a pas tout ça, ici, mais ça sentait bon quand même, quand je suis sortis nuitamment de l'université pour aller faire des courses et dîner. Pas assez de courage pour aller au sport, je me suis tout de même souvenu de ces lignes. Demain, peut-être...


Mes armoires grises, debout contre le mur d'entrée du bureau, en plan, mordues d'essai de décapage ou de ponçage, me désolent. Je passe devant elles sans un regard le matin. Elles font sentinelles, me bousculent. Dès que je lève les yeux de l'écran où j'écris, je tombe sur leurs surfaces esquintées. J'ai acheté pour elles hier rue Cadet dans une droguerie à l'ancienne, à un jeune type en blouse rompu aux questions de bricolage, une mèche-brosse métallique qui devrait me faciliter le travail, adaptable à ma perceuse, un engin bruyant, de bonne marque, que ma mère avait volé à son amant, dont elle se séparait à l'époque, disant s'il te demande quelque chose, tu dis que tu ne l'as pas. Je l'ai toujours. Des souvenirs. Je ne croyais pas pouvoir faire tomber de meubles si fonctionnels, si faiblement chargés d'ans, le plus petit flocon de passé. C'est un bon achat. Et puis j'en ai pour des années à les décaper.
2005-06-30 06:18:25 de Alain

cher gardien du GRAAL, c'est ton chevalier flamboyant et aleatoire qui te fait signe; l'Url renvoie a mon weblog, Spirit of Vatican II, theologicolitteraire. On n'a pas dine a la thailandaise, faute de place, mais a la francaise. J'espere que ta sante va bien.
Joe
2005-06-30 09:33:34 de Joe O'Leary

Merci Joe, enfin quelque chose d'intéressant à lire en anglais !...
Alain, tu vas ranger quoi, là-dedans ?
2005-06-30 16:55:15 de Berlol



Jeudi 30 juin 2005. La lune qui n'entend rien.

Aujourd'hui, c'est le premier WiFi Day.
Soit 8800 point d'accès à l'internet sans fil dans des lieux publics partout en France. Faudra-t-il, comme la fête de la musique, attendre quelques années pour que ça fasse tache d'huile jusqu'au Japon ? Non, car il y a déjà de nombreux points d'accès gratuits à Tokyo, et même à Nagoya ! L'initiative française serait donc plutôt une opération de visibilité...

Des nouvelles de Grapheus Tis. Il navigue pendant que je me fissure en cale sèche. Quelle chance !

Reçues cet après-midi, quelques perles du Bac 2004, hautement suspectées de ne pas en être... mais qui détendront quand même tout stressé qui, sa journée finie, cherche fébrilement comment décompresser. Trois minutes.
Les empereurs organisaient des combats de radiateurs.
Les mauvais élèves étaient souvent décapités.
Le passage de l'état solide à l'état liquide est la niquéfaction.
Les lapins ont tendance à se reproduire à la vitesse du son.
La femelle du corbeau s'appelle la corbeille.
L'artichaut est constitué de feuilles et de poils touffus plantés dans son derrière.
Le cerveau des femmes s'appelle la cervelle.

C'est pathétique — même si c'est drôle — d'en arriver à cela dans mon journal. Fuir, fuir, n'importe où... mais sans bouger, surtout. Au déjeuner, je n'ai même pas voulu m'asseoir avec mes collègues. J'ai préféré aller seul à une table où je n'ai supporté que la présence de David. Trois jours de cours, de pages web et de dossiers administratifs, et me voilà rétamé du moral, sur le dos des idées, les pattes et les antennes en l'air, incapable de vouloir une bribe de livre, chipotant quelques onces de blogs. Hurlant à la lune qui n'entend rien tant sont épaisses les couches de nuages. Normalement, ça devrait changer demain... Foin de juin !


vive le WiFi Day, on a bien le Bloomsday
je suis quand même moins optimiste
une prise Ethernet qui traîne pour le visiteur sur un bureau, on n'hésite pas à se connecter
dès qu'on allume l'ordi, à Paris, le petit logo WiFi s'allume: même souvent plusieurs bornes en simultané - n'empêche que tous protégés par mot de passe
quelquefois c'est la surprise inverse, on a démarré l'ordi par hasard, sur un parking, à un coin de rue, pour vérifier un n° de téléphone ou autre et paf, on est haut débit gracieusement grâce à un inconnu
les gens qui allumeraient leur portable au coin de ma rue, ici même, bénéficieraient de ma borne Airport (mais dans ce cas là je les apercevrais, je leur dirais de rentrer)
MAIS MAIS MAIS
dans les gares, dans les bureaux, WiFi oui, ceux qui aujourd'hui se sont fait gratuit pour appâter le client: mais tarif les autres jours, 5 euros les 20 minutes, non fractionnables - on est à Montparnasse ou ailleurs, on clique sur son navigateur, on choisit sa marque de téléphone portable et hop, 1 SMS vous envoie le code d'accès qui sera débité automatiquement sur votre facture
du pur et simple racket - ben moi dans la gare je me connecte pas, même avec les 6 machins qui s'allument sur mon signal d'antenne
oui, la WiFi une évolution considérable: dimanche dernier, un moment il y avait 4 ordis connectés simultanément chez moi - quand j'arrive chez tel ou tel copain, je reçois mes messages, et on peut nous se balancer nos fichiers de boulot même sans la clé USB
anecdote : hier soir, comme ça, mon copain voit s'afficher en gros sur son écran: "impossible modifier votre fichier Word, M. François Bon a ouvert son logiciel" - il en revenait pas, mon pote... il a fallu qu'on se souvienne que son Word c'est moi qui le lui avais installé, il y a au moins 3 ans de ça, eh bien depuis tout ce temps là M. Bill Gates surveillait, chaque fois qu'on se servait de notre traitement de texte, que c'était pas en réseau, et hier soir chez lui tout d'un coup... bon, Berlol, tu crois qu'on va être puni ? privé de traitement de texte pendant 6 mois suspensifs?
2005-06-30 22:11:46 de FB

Eh bien, on en apprend de belles... Les voleurs de voleur ont encore frappé!
2005-07-01 02:25:23 de Christian

FB, je ne sais pas si tu es sérieux, sur la deuxième partie de ton anecdote "Gates surveillait...", je suppose que non, mais sinon je peux tenter d'expliquer la cause probable du message.
2005-07-01 02:36:23 de Manu

Pour info, lu sur SVM:
"La France dispose du troisième réseau Wi-Fi dans le monde, derrière les Etats-Unis et le Royaume-Uni", soutient Didier Quillot, Président de Wireless Link et Président d'Orange. Ce qui représenterait un parc de 9000 hotspots éparpillées en France (dont 8800 rattachés aux membres de Wireless Link).
2005-07-01 05:48:50 de Manu

je suis tout à fait sérieux sur le message d'alerte apparu sur le Word de mon copain avant-hier: on est en train de boucler un docu pour Arte (non, pas celui du blog!), donc souvent à bosser dans la même pièce avec nos 2 ordis, mais c'est seulement depuis quelques jours qu'il a la WiFi - le message précisait que la version Office de son ordi était "mono utilisateur" et qu'il s'agissait d'Office répertorié sous mon nom
le traitement de texte n'a quasiment pas évolué depuis 10 ans - au lieu de l'alourdir avec les antipiratages, ils feraient mieux de nous doter de quelques outils utiles pour l'écriture (par exemple, autrefois, sur mon Atari 1040, j'avais un indicateur de "longueur moyenne de phrase", c'était génial pour moi - dans la vérification grammaire que je n'utilise jamais sur Word, il y a seulement le message d'alerte non débrayable "phrase trop longue"'
dans le même ordre d'idée, je n'arrive pas à débrayer les suggestions permanentes liées au carnet d'adresse, si je tape le mot "autre", je vois apparaître un message genre "L'autre Rive", librairie à Nancy...
2005-07-01 08:36:18 de FB

Ben moi j'ai ENFIN réussi à interdire la fenetre popup du blog de Berlol, parce que COFIDIS, ça va UNE minute ....
( j'ai aussi PERDU TOUTES les adresses mail ... les favoris, la bibliothèque Itunes... etc etc... : J'ADORE le WIFI )
2005-07-01 12:29:52 de Arte

Ben, avec Firefox, y'a belle lurette que je ne vois plus des pop-up que l'annonce de leur suppression !
Pour le reste, c'est grave, Arte !
Manu, ça serait quoi, l'explication ?
2005-07-01 16:22:00 de Berlol

mais je connais l'explication : J'ai fait UNE BETISEUUUU !
(et maintenant tu es dans ma page de démarrage :d )
2005-07-01 16:46:31 de Arte

Arte, je ne vois pas en quoi le passage au wifi t'as fait perdre tes adresses emails, favoris, ...etc. Moi je passe de ma carte wifi à un cable réseau régulièrement sans aucun problème.
Quelle manip as-tu fais? Qu'est-ce qui a changé réellement depuis que tu as le wifi? Qu'as-tu fais pour "installer" et "mettre en route" ton wifi?
Tu es sur Mac je présume?
2005-07-02 04:19:41 de Bikun

FB, a priori, mais je me trompe peut-être car le message a l'air un peu différent de ce que je croyais (notamment cette histoire du "mono utilisateur"), il n'est normalement pas possible de travailler à deux en même temps sur le même fichier, d'où l'ouverture en lecture seule. Ce qui arrive parfois, c'est que le fichier soit encore verrouillé bien que plus personne ne travaille dessus, parce que la fermeture du document s'est mal passée (exemple: déconnexion intempestive, ce qui n'est pas rare en WiFi).
Un moyen de s'en sortir pourrait être de faire une copie du fichier et de travailler dorénavant sur celle-ci.
2005-07-02 06:59:34 de Manu

je ne parlais pas de travail à 2 sur le même fichier, mais de 2 ordis dans la même pièce sur même borne WiFi, et Office a détecté que le même n° de série du logiciel était installé sur les deux ordis, c'est ce qui m'avais esbaudi - alors j'ai désactivé ma WiFI et Bill nous a laissés bosser...
2005-07-02 08:07:39 de FB

Oui oui, sur MAc... Mauvaise manip... mais Fi du WiFi !
2005-07-02 17:28:36 de Arte

FB, ok, dans ce cas, pas de doute. J'étais à côté de la plaque. Reste(rait) à savoir comment est faite la vérification: par Internet ou par le réseau local.
2005-07-03 07:18:45 de Manu


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