Mardi 1er juillet 2008.
Préférer la pin-up immorale au livre vain. Après tout, ce n'est pas à New Yagayane que je vais ! Alors autant garder l'entrain, même si c'est dur de quitter T. Installé dans le shinkansen, je finis de corriger mes copies. Je vois dans les collines proches de la voie ferrée que des buissons de théiers encore verts vendredi sont à présent nus et ocres. Des petites mains ont dû finir la récolte ce week-end. Le Mont Fuji est invisible ; la grisaille est partout. Puis je vais voir comment ça se passe pour Brown, si l'histoire se répète et comment. « Autour du Yagayane Palace, les vendeurs de légumes avaient replié leurs étals. Brown s'installa sur le lit et ouvrit Vain temps après. C'était, je l'ai dit déjà, un recueil d'entrevoûtes rédigées par Maria Samarkande et un collectif de bagnards post-exotiques. Brown n'avait jamais été un fanatique de littérature, et, après une quinzaine de pages, il se rendit compte qu'il n'avait absolument rien retenu du texte. Comme souvent dans ce genre d'œuvre, l'histoire mettait en scène des chamanes à l'agonie, des morts traversant leurs ultimes cauchemars, des moines-soldats et des oiseaux. Brown ne se sentait pas en sympathie avec de tels personnages. Il referma le livre en grimaçant. Qu'est-ce que j'ai à me pencher sur ces élucubrations, pensa-t-il. Pourquoi est-ce que je m'oblige à suivre les pénibles aventures de ces losers. Soudain il regrettait d'avoir si mal choisi, de ne pas avoir pris une des revues pornographiques qui s'empilaient sur l'étagère de l'épicerie. Il avait contrarié son envie au nom de la morale prolétarienne, une morale si hors de propos aujourd'hui que l'Organisation l'évoquait la plupart du temps au hasard et sans y croire. Il avait eu honte en présence de l'épicière, mais, maintenant, à côté de Vain temps après, il pensait aux femmes nues qu'il aurait pu ici contempler tranquillement, et il le regrettait.» (Lutz Bassmann, Avec les Moines-soldats, p. 204) Jeu de potache sur le titre d'Alexandre Dumas et mise en abyme transcendantale se combinent ici savoureusement à l'humour dénigrant, celui de préférer la pin-up immorale au livre vain — comme Reixach préférant chocolat et chaussettes aux précieux livres de Leipzig. Aussi penser que cela fait une vingtaine d'années que Volodine publie... L'entrée en gare interrompt le fil de mes pensées, qui ne reprendra que le soir. Dans l'intervalle, il y a un déjeuner, deux cours, des courriers, pas de ping-pong, quelques blogs, et l'inutile vidéo d'IOAAOI en off sur France 3. Franchement, je trouve cent fois plus utile à l'émancipation des esprits l'écoute de Quartett de Heiner Müller (lecture publique du 9 juillet 2007 à Avignon) en Fiction du 28 juin sur France Culture, que j'enregistre illico. Là où le hasard est surprenant, c'est que, de retour à la maison, je trouve dans la liste des Ce soir ou Jamais que je n'ai pas encore vus (deux ou trois tout au plus), une émission avec Jeanne Moreau, celle du 29 mai, où il est essentiellement question de cette pièce, jouée avec Sami Frey à la Madeleine depuis mai et dont la dernière avait lieu samedi dernier ! Ça que je trouve si merveilleux ! Qu'il ne se passe pas de jour... Comme disait Winnie. Jeanne Moreau, sublime dans ses réponses à Taddeï ! Taddeï d'une finesse et d'une réactivité rare, d'une grande culture aussi... Frédéric Taddeï : « Pour Heiner Müller, c'est du terrorisme, carrément. Si ça se trouve, quand vous parlez tous les soirs, quand vous lisez votre texte, en fait ce sont Lénine, Ravachol, Baader et Ben Laden qui s'expriment. Ce sera encore plus choquant ? Jeanne Moreau : — Oui... Mais non, je pense. On est quand même dans le domaine artistique et dans le domaine de la poésie. Il y a une transposition, il y a une transcendance, il y a une création poétique, quelque part. Frédéric Taddeï : — Et vous croyez que ça ne peut pas être politique, quand c'est poétique ? Jeanne Moreau : — Pas de cette façon aussi déterminée. Une œuvre comme celle-là... Les œuvres de propagande sont chiantes. Tous les gens qui ont voulu défendre des idées ouvertement en faisant un film ou une pièce de théâtre de propagande, ça emmerde tout le monde. C'est beaucoup plus fort, à travers un sujet d'actualité, qu'il y ait une transposition, qu'il y ait une communication pour montrer comment les choses sont.» Commentaires1. Le mardi 1 juillet 2008 à 21:13, par brigetoun : beau renvoi à votre passé et à Claude Simon. 2. Le mardi 1 juillet 2008 à 21:59, par Caroline : Une
littérature réaliste, ce serait quoi ? Les procès-verbaux, il y a les
flics pour ça. Ou bien dressons les procès verbaux qu'on ne dresse
jamais. Disons comment on fait parler. Comment on parle. La réalité
fout le camp au même train que la minute. Voici des mots sur le papier,
c'est la seule réalité entre nous. Tout le reste, illusion, et
l'illusion censure, elle aussi. On n'écrit pas pour fixer : on écrit
pour superposer de la dérive à l'universelle dérive. Et merde pour le
message, d'ailleurs le message est une tentative de censure puisqu'il
vise à imposer une vérité. Le signifié, c'est l'odeur du charnier
mental, le fumet de la décomposition. Mais là-dessous, camarade
lecteur, reste-t-il du corps ? |
Mercredi 2 juillet 2008. Choses
qu'on n'attendait plus, presque. « [...] comme tous ces expatriés qui reproduisent à l'identique ce qu'ils ont cherché à fuir [...] », dit Pascal Elbé, à propos des habitants de la « rue des grenouilles » à Londres (dans le 20 Heures de France 2 d'hier, sur la sortie du film Mes Amis, mes amours, tiré du livre de Marc Lévy). Pour une parole vraie, combien de conneries à se farcir. Ce n'était déjà pas de la littérature, à mon avis ce ne sera pas non plus du cinéma... Ce paradoxe fuite / reproduction, nous le voyons T. et moi, de nos fenêtres comme au cinéma, avec les familles françaises de l'immeuble d'en face. Sans parler des enfants qui braillent à heure fixe dans la rampe d'accès au parking souterrain... Livre-audio chez Léo Scheer... À suivre, avec les oreilles. Je réfléchis à une transformation de Litor qui, telle quelle, ne sert plus à rien. Je teste Netvibes dans ce sens. À suivre. Avant et après, deux réunions. Tout cela se mélange. Avec un peu de Bassmann pour la perspective. Fin, presque, de la préparation de mes sujets d'examen (qui auront lieu du 29 au 31 juillet). « Du fond de son inconscient, une suggestion arriva, l'idée de construire entre elle et lui une passerelle rassurante, de lui parler et de se faire comprendre d'elle, et, exactement au même instant, il eut une révélation étrange, la certitude qu'il connaissait son nom. Elle s'appelle Natacha Dovjenko, pensa-t-il. En un très court instant il sut comment il avait forgé ce nom, comment ce nom était apparu en lui — il se souvenait de la plage où il avait reçu ses instructions de Boïan Cuzco, et il revoyait le moment où il avait déchiffré « Dovjenko » sur l'épave, et là-dessus se superposaient le repas au Yagayane Palace, et les lèvres de cette femme qui avait été l'objet de ses fantasmes pendant des heures, sa bouche articulait avec une certaine indolence son propre prénom. Je suis entré dans un monde de rêves qui se croisent et coïncident, pensa-t-il. Je suis entré dans un rêve de Boïan Cuzco, pensa-t-il. Je ne suis nulle part, je suis à l'intérieur d'un rêve de Boïan Cuzco, cette petite fille est une araignée qui s'appelle Natacha Dovjenko et elle rêve, elle aussi, et elle n'est nulle part, comme moi, et, d'une certaine manière, je l'ai atteinte.» (Lutz Bassmann, Avec les Moines-soldats, p. 219-220) Dîner avec Sophie, à Motoyama, seule rescapée de la pression sociale ambiante. (Tous les autres ont fait valoir des excuses de travail, sans parler de Benoît qui s'est carrément envolé pour Paris.) Tard, aux infos, deux bonnes nouvelles, des choses qu'on n'attendait plus, presque : d'une part, Patrick de Carolis proteste contre la réforme de l'audiovisuel public, d'autre part et surtout, Ingrid Bétancourt est libre ! Commentaires1. Le mercredi 2 juillet 2008 à 18:21, par Lionel Dersot : Je
doute que ces familles françaises avec enfants soient en état de
"fuite". Juste en prise d'opportunité d'aller voir ailleurs,
recherchant rapidement dès l'arrivée leurs corréligionnaires, comme la
majorité des êtres humains de toutes nationalité. Seuls les aventuriers
s'enfoncent dans la brousse locale. Ce ne sont pas les familles qui ont
des choses intéressantes à évoquer sur l'"expatriation". 2. Le mercredi 2 juillet 2008 à 19:07, par Berlol : Avec la photo de l'écrivain sur les écouteurs... Dans le train, on sait ce que tu écoutes. Si c'est comme on le voit sur le site ELS, c'est en effet un produit fermé, encombrant et... jetable. Éventuellement donnable et transmissible, ce qui serait une autre façon de faire de la copie gratuite, et légalement inattaquable, eh eh ! 3. Le mercredi 2 juillet 2008 à 20:20, par karl : Il y a quelque chose pour moi de profondément
ironique dans la formule expatrié et dans ce que'elle recouvre
concrètement. 4. Le jeudi 3 juillet 2008 à 01:45, par christine : 下北沢 ?? 5. Le jeudi 3 juillet 2008 à 02:29, par Berlol : 下北沢, ou Shimokitazawa,
c'est le nom d'un quartier branché de Tokyo, avec plein de petites rues
pleines de boutiques branchées. Karl en parlera peut-être mieux que moi
(qui n'y suis pas allé depuis au moins quatre ans). 6. Le jeudi 3 juillet 2008 à 02:50, par christine : merci
pour la précision : le traducteur de google m'avait répondu
"Shimo-Kitazawa" ce qui donc était une réponse correcte ... mais pas
très parlante pour moi ! 7. Le jeudi 3 juillet 2008 à 17:17, par karl : Ah
désolé Christine. C'est un quartier animé à l'ouest de Tokyo, 5 minutes
de Shibuya. Setagaya ku exactement. Le quartier est menacé par un
projet de développement urbain touchant à la station de train et au
passage d'une large route, qui fera une grosse saignée en plein coeur
de shimokita. |
Jeudi 3 juillet 2008.
L'écriture du jour ouvre des brèches. Depuis quelques jours ou semaines, je n'écris plus le soir-même mais le lendemain. Le soir, la motivation manque, d'autres choses prennent le pas, ou rien, mais les idées n'apparaissent ni ne se développent plus comme auparavant. Ce n'est peut-être qu'une période comme ça. Je ne me demande pas pourquoi j'écris ce journal, encore moins si je dois l'arrêter, mais simplement je ne le fais pas. Et tôt le lendemain matin, ou plus tard, parfois à trois ou quatre reprises dans la journée, je m'essaie à une sorte de sauvetage, de rattrapage. Dont je vois bien que c'est aussi un rebouchage, un masquage — le mouvement d'écriture et d'esprit qui normalement ficelle d'un coup d'un seul plusieurs éléments n'ayant pas lieu. J'imagine que ça se ressent dans la lecture, que dans leur for intérieur certains se disent que ça baisse par ici, au moins pour ceux qui ont estimé un tant soit peu mes propositions journalières depuis plus de quatre ans. À moins que cette variabilité ait toujours existé et que je me sois illusionné sur une sorte de constance, de note tenue. En fait, j'ai l'impression qu'à tenter de retrouver ce que fut la veille, je suis complètement dans l'artifice d'un vouloir avoir quelque chose à dire, au lieu simplement d'avoir quelque chose à dire... Ce qui fait, à mon avis, l'intérêt de ce journal, et sa littéréticularité, c'est l'ouverture potentiellement complète — et imprévisible — du spectre thématique, la liberté d'aborder n'importe quel sujet (littérature, bien sûr, mais aussi sites, médias, politique, Japon, cuisine, cinéma, plantes, vie intime, etc.), à la différence de celles et ceux qui se limitent, par conviction ou par timidité, à un seul thème, un seul domaine dont ils tiennent, comme un service offert, l'actualité (surtout dans les technologies mais aussi dans l'actualité de l'édition ou des arts, par exemple). Or, quand l'écriture du jour ouvre des brèches frémissantes avec un certain enthousiasme, l'écriture du lendemain s'astreint à ramasser péniblement quelques poussières inertes et vite mises en boîte — pour qu'au moins il reste ça. La nuit, le sommeil, la frontière entre deux états de présence ont vite et incompréhensiblement changé la donne. C'est même plus problématique que cela puisque l'orientation épuisante vers cet hier déjà insaisissable retarde ou perturbe la saisie du jour tel qu'il se présente. Évidemment, j'écris cela un vendredi matin, lendemain d'un jeudi encore bien rempli (cours, discussions avec collègues et étudiants, écoute de médias si justement consacrés à Bétancourt), dont les interstices entre les cours ont été eux-mêmes employés au développement du Flux Litor dont j'essaie de cerner les missions et l'esprit (on peut faire des suggestions) et dont je n'annoncerai l'ouverture officiellement que la semaine prochaine. Et je m'arrête pour aller au centre de sport... Commentaires1. Le jeudi 3 juillet 2008 à 20:38, par brigetoun : vous non ça ne se sent pas - simplement on attend 2. Le jeudi 3 juillet 2008 à 22:50, par christine : sans doute juste une lassitude passagère ... de
mon côté aussi ces temps-ci grosse fatigue et trop de
travail ... 3. Le vendredi 4 juillet 2008 à 07:09, par F : pb récurrent et qu'on a souvent évoqué... 4. Le vendredi 4 juillet 2008 à 18:16, par Berlol : Merci, Brigetoun. J'ai pensé à vous en
entendant que le Festival d'Avignon commençait. Vous allez
être occupée... 5. Le samedi 5 juillet 2008 à 00:01, par pat : Les
hommes ne sont pas de marbre luisant. Encore moins de pierre, polie ou
brute. Le ciel est notre reflêt tantot brillant comme un soleil,
tantot, pâle, presque triste et morose. Il en va ainsi de l'Homme. Un
journal littéRéticulaire ou non ne serait pas journal s'il n'avait pas
ce côté intense, de bravoure entreméllée de nostalgie ou de dépis. Le
moral a des hauts et des bas que l'on garde accrochés à des
portes-jartelles qui s'avachissent et que l'on retend. 6. Le samedi 5 juillet 2008 à 16:59, par Berlol : Merci, Pat. Comment va ton col ? J'y passe, tu sais, et ça fait rêver aussi. 7. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:39, par christine : j'aime bien : "les hommes ne sont pas de marbre luisant" ... merci pour ces sages remarques qui remontent le moral de la blogueuse flemmarde que je suis en ce moment, pat |
Vendredi 4 juillet 2008.
Même après deux verres, l'espoir survit. ... Aller au centre de sport et finir Bassmann en pédalant, ce qui est moins triste que de l'achever dans le silence de la maison ou du train. Mon maillot trempé par la sueur, je me dis qu'Ingrid est enfin libre, certes, même si l'heureux événement n'est pas vierge de fiction, mais Myriam et Teddy sont toujours retenus dans l'isolateur, dont il n'est pas certain qu'on parvienne à les faire sortir avant qu'ils ne s'éloignent définitivement. Ainsi s'éclaire le sens de Vain Temps après. Et là non plus, il n'y aura pas de vidéo. « Il m'examinait à présent avec une grimace de dégoût, en cognant et glissant bizarrement ses doigts les uns contre les autres. Je ne réussissais pas à distinguer ses traits, mais je devinais sa bouche tordue, son mépris. Il me défiait. J'entendais le bruit de ses phalanges creuses. Après un temps mort, il me lança que je pouvais encore renoncer et rentrer chez moi. — Quelles conséquences ? ai-je demandé. Confusion mentale, dégénérescence de la volonté, a-t-il dit. Vous vous sentirez étranger à l'idée même de survivre. — Ce n'est pas nouveau pour moi, ça, ai-je dit. J'ai l'habitude de surmonter ça. Écoutez, Fuchs, quoi qu'il arrive, je veux faire le maximum pour Myriam et Teddy. Ils m'ont aidé après ma mort. Je leur dois tout. Sans eux, je ne serais rien. Vous n'êtes rien, Monge, a chuchoté le médecin en haussant ses clavicules de freak mal éclairé. Mais, une fois dans l'isolateur, vous serez moins que rien.» (Lutz Bassmann, Avec les Moines-soldats, p. 238) Déjeuner avec David au Downey. Il semble que les hostilités aient repris entre certains de nos collègues, des courriels volent bas. Ça ne m'empêche pas de prendre un dessert de crêpes à la mangue. D'ailleurs, je ne remonte pas au bureau, je pars directement. Dans le train, quand je ne dors pas, j'essaie de m'accrocher à Enfilades de Christophe Claro. Je ne suis pas sûr d'y parvenir, les trente pages lues ne m'ont rien apporté d'autre que l'impression d'un exercice formel. Du pain à GranSta et j'arrive à la maison avant 17 heures. La chaleur est encore plus perceptible que ce midi. On pourra dire que c'est ce jour-ci qu'elle a commencé cette année, la chaleur. En attendant l'heure de sortir, je mets la main sur tous les modules France Culture et positionne ceux des émissions littéraires dans l'onglet des ondes du Flux Litor. Ça s'étoffe. La diffusion est instantanée et intégrée à l'en-tête de page, d'un bel effet. Dommage qu'on ne puisse pas donner d'intitulé aux colonnes. J'ai choisi la transparence des modules, sinon ça faisait trop de boîtes, trop de lignes, trop de géométrie à imposer aux yeux. On s'habille chic pour aller dans les jardins de l'Institut rejoindre un bon nombre de nos amis et collègues au cocktail de départ de la directrice de la Maison franco-japonaise, Françoise Sabban, des directeurs de l'Institut, Bruno Asseray, et des cours de l'Institut, Jean-Philippe Rousse — même si, aujourd'hui même, j'ai reçu l'information officielle de l'installation d'une pointeuse, prétendûment pour conformité au droit japonais du travail (n'ai jamais vu aucune pointeuse dans aucune fac ni école ici...). Laurent me fait remarquer que je n'aime habituellement pas les mondanités. Je lui réponds que c'est vrai mais que j'ai de l'estime pour ces trois personnes — ce n'est d'ailleurs pas par hasard qu'ils ont décidé de joindre amicalement leurs pots de départ, une première, s'il m'en souvient. Un ami me raconte à quelle sauce nous mangerons le 14 juillet : le 13, à l'Institut et non à l'Ambassade, organisé par une association et non par l'ambasssadeur lui-même — déni de démocratie et sous-traintance bien dans l'air du temps. Surtout, je suis ici en mission, recrutant pour une future, lointaine encore, opération post-exotisme au Japon ; approchés l'un après l'autre, Michaël, Thierry et François ont donné leur accord, M. sera peut-être aussi des nôtres. « L'organisation s'est constituée », on attend que les idées surgissent... Vain ou vin, même après deux verres, l'espoir survit — c'est un enseignement reçu Avec les Moines-soldats. Après les discours, nous nous translatons dans la Brasserie climatisée où le rush nutritif bat son plein, faisons la queue pour ramasser quelques bricoles et aller les manger, T. et moi, tranquillement, sur les banquettes rouges. Moins d'une demi-heure plus tard, quelques palabres sur la terrasse et nous sentons les premières gouttes d'une première pluie d'été. Signal de notre départ. Commentaires1. Le samedi 5 juillet 2008 à 15:43, par F : d'autant qu'il se confirme qu'AV (enfin l'homme qui en tient lieu) s'en va vivre à Macao pour un an : il pourra même venir en kayak! 2. Le samedi 5 juillet 2008 à 16:17, par Berlol : En kayak, je sais pas, mais nous on va essayer d'aller faire un tour là-bas. C'est ce qu'on s'est dit. Je ferai volontiers le lien avec Robbe-Grillet en passant par Hong-Kong (suis dans La Maison de rendez-vous, par ailleurs...). 3. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:35, par christine : l'homme qui en tient lieu va vivre à Macao 4. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:46, par Berlol : Gros trafic, cette nuit comme en plein jour ! |
Samedi 5 juillet 2008.
Habituellement vendus
par quatre. À une réunion UMP, l'individu qui occupe actuellement le poste de président de la République française a déclaré qu'il était possible maintenant de faire grève en France sans que personne ne s'en aperçoive. S'agissant des conditions de la libération des otages des FARC, un ministre français, pour ne pas avoir à répondre à la question d'un journaliste a simplement déclaré que cette polémique ne l'intéressait pas. Exit le respect. Exit la responsabilité. Vraiment, il vaut mieux que je m'intéresse à autre chose. À lire (trouvé par hasard, en cherchant autre chose avec T.) : Adresse des femmes françaises aux femmes de toutes les nations, Paris, 20 août 1870 (Gallica). Beauté et limpidité de l'expression. Je vais essayer de savoir qui l'a écrit. À lire aussi (trouvé intentionnellement dans les nouveaux M@nuscrits chez Léo Scheer) : Niemandsland de Laurent Margantin. La patine des événements et des souvenirs de 1990 compensée par la fraîcheur presque neutre de l'écriture d'un passant. Tout est dans le « presque » : « Près de Check Point Charlie, je suis entré dans une galerie de photos portant l'enseigne Wall Street Gallery (bourse de l'art ?). Y sont exposées des photos d'actualité, dont l'une d'entre elles où flambe un feu terroriste et passent des policiers de je ne sais quel pays (le cliché s'intitule "La guerre dans ma rue"), puis d'autres photos représentant des ossements et des masques collés sur le mur, ou bien, plus saisissant comme le sont toujours pour moi les reflets brisés, une quantité d'éclats de miroir reflétant des fragments des immeubles voisins, des nuages, des visages, le trottoir, des feuillages, éclats de miroir qui me font apercevoir entre deux errances le grand tableau berlinois, sans cadre ni sujet. Et c'est peut-être là, dans cette galerie et devant ce mur éclaté en mille bris de glace, que quelque chose a commencé pour moi à Berlin, au-delà du vide de l'époque.» (Laurent Margantin, Niemandsland, 19 p.) Les Flux Litor s'avancent. Ajout de... Enregistrement des trois Surpris par la nuit de la semaine (mardi à jeudi) intitulés « Après l'avant-garde ». Très intéressants ! Puis l'Abécédaire d'Olivier Cadiot, très bien aussi. Pas mal de courrier aussi. Sortie en vélo pour faire des courses au Seijo Ishii de Korakuen pendant que T. prépare des confitures d'abricot (avec 1 kg de fruits, elle obtiendra finalement 3 pots, entre 600 et 700 g au total). Ça y est, le camembert Gilot est passé de 1300 à plus de 1500 yens (un peu moins de 10 €). L'huile d'olive extra vierge est dans les 1700 yens, plus du double de son prix il y a encore un an. Je ramène en nombre des yaourts BIO de Danone, leur prix a légèrement diminué parce que c'est un marché en pleine expansion ; habituellement vendus par quatre, on les trouve maintenant par six pour moins de 300 yens (moins de 2 €). Les Japonais consomment deux fois plus de produits lactés qu'il y a vingt ans (beurre, fromage et surtout yaourts). Dîner post-exotique (le premier) (l'unique ? Non, je n'espère pas !) au Saint-Martin avec T., Toshihiro (traducteur des Rolling Stones de François Bon) et François d'Aoyama. Il s'agit de jeter les bases d'un colloque encore invisible, d'imaginer des types d'intervention adaptés aux œuvres, de choisir entre un bordeaux et un bourgogne, d'arriver jusqu'au dessert tellement on s'est déshabitués de repas copieux. Objectif atteint, semble-t-il. De retour au lit, ayant achevé Lutz Bassmann, je me lance dans les premiers Volodine, gardés sous la main jusqu'à maintenant. Dès les premières pages, un tenace fumet de Lautréamont se dégage... « Le professeur de brègne marchait lentement entre les rangs, déchirant par-ci par-là le doigt d'un insolent qu'il recrachait ensuite au hasard, comme un noyau de prune ou de cerise : cela provoquait l'hilarité malsaine des élèves, et une grimace dépitée sur les traits de la victime, qui n'osait pas montrer sa douleur. Pour le reste, le professeur de brègne avait de longs et noirs cheveux, ondulés et dépeignés comme la course de la mort dans le goudron, et les yeux ocellés, terrifiants, qui regardaient partout à la fois. Il n'était pas de très grande taille, mais il était de proportions acceptables, surtout si on le compare à nous autres, monstrueux et loqueteux. Je me rappelle aussi, évidemment, ce que j'étudiais sans cesse : son cou dont la peau était tendue, solide comme le dessus d'un tambour, ses veines battantes, sa nuque sans faille, si durement vissée à son corps...» (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, Paris : Denoël, 1985, p. 35 dans la réédition Denöel de 2003) Commentaires1. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:16, par F : bravo pour la mise en page de tes flux, ça augure bien - tu as réussi beau détournement de l'outil! 2. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:43, par Berlol : Je comprends ton décalage. Tu as 13 heures de retard sur le Japon... Ici, c'est le matin, il fait déjà 30. 3. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:45, par christine : pas beaucoup de mises à jour, F ! désolée ... la dernière à 0h59 de Paris ... beau billet sur le sony prs-505 : il est vraiment mieux que le cybook ? 4. Le samedi 5 juillet 2008 à 18:55, par F : je
ne peux pas trop comparer, Christine, faute d'avoir pu manipuler le
CyBook en profondeur - mais te prêterai volontiers le Sony pour essai -
rafraîchissement des pages plus rapide, bouton plus agréable, et
meilleur affichage des PDF, plus grande facilité à prendre en charge
rtf (ou même word direct sur PC) - là je me relis du Balzac et du
Proust très surpris de l'équivalence livre 5. Le dimanche 6 juillet 2008 à 05:51, par brigetoun : Christine on ne lit pas ce commentaire ! l'article sur le sony avait déjà un rien plombé ma matinée qui n'en avait pas totalement besoin 6. Le dimanche 6 juillet 2008 à 07:49, par christine : lu quand même ! 7. Le dimanche 6 juillet 2008 à 11:18, par pat : Merci
des compliments mais à vraie dire ce n'est que de la sincérité et un
regard un peu lointain sur les choses. Les événements d'une vie font
que le regard que nous portons sur elles, se différencie de celles
d'hier. Et oui hier et aujourd'hui sont déjà une pensée différente.
Comme tu le penses déjà, la philosophie est avant tout un état de
pensée et non pas pensée dans l'état, surtout celui que nous avons
actuellement. UMP Uniquement moi président. Il y a des initiales qui ne
trompent pas. Et encore il doit y avoir mieux que ça. Je lance le défi
humoristocritique, car sans l'humour la vie serait lugubre alors qu'un
sourire change tout . 8. Le dimanche 6 juillet 2008 à 17:53, par F : désolé, Bridgetoun, et on continuera à faire des prc es-spéciaux pour les Bookeeneuses... 9. Le lundi 7 juillet 2008 à 03:22, par christine : les
bookeeneuses peuvent tout de même lire des fichiers txt (depuis le
temps que j'essaie de lire sur palm, clié, smartphone, j'ai pas mal de
classiques et de fichiers perso dans ce format) ; des pdf adaptés au
sony devraient être également lisibles sur cybook (je crois que leurs
écrans sont de même taille ?) et le format pdf i-phone de publie.net
passe bien 10. Le lundi 7 juillet 2008 à 04:20, par F : alors tout va bien - et espérons que Bookeen
offre à ses clients 1ère heure une mise à jour
pour passer du txt au rtf ! 11. Le mercredi 23 juillet 2008 à 11:05, par LMarg : Merci pour le clin d' oeil sur Berlin, Berlol ! |
Dimanche 6 juillet 2008. On peut
faire transiter n'importe quoi. T. s'en va au temple à Akasaka pour un office et une conférence. Une amie française est avec elle, intéressée par un moine très ancien, peut-être fondateur du temple. Il sera aussi question de la forme de la ville à l'époque d'Edo, le fait que la mer et la zone côtière occupaient une grande partie du Tokyo d'aujourd'hui. Je sors mon vélo, cette fois pour aller chercher de l'huile d'olive à Yamaya, seul magasin où je suppose que le litre soit encore à moins de 1000 ¥. J'ai choisi celui d'Aoyama-itchome plutôt que celui de Shinjuku, parce que c'est moins loin et parce qu'il y a moins de monde ; pour atteindre le Yamaya de Shinjuku il faut traverser la zone de la gare avec des quantités de piétons ingérables. Il fait chaud, mais pas trop, et le soleil est voilé. Des contrôles policiers quasiment à tous les carrefours. Chaque fois deux voitures au moins, parfois des motos, et quatre ou cinq agents tout équipés qui observent les véhicules en faisant mine de régler la circulation déjà hyper fluide (c'est dimanche en fin de matinée). Sur tout mon parcours (Ichigaya, Yotsuya, Akasaka, Aoyama-itchome, et retour), je ne vois aucune voiture arrêtée et effectivement contrôlée. C'est donc plus de la présence dissuasive que du contrôle réel. En effet, l'extra vierge italienne existe à Yamaya en deux litres à 1770 ¥ (11 €). J'en prends deux, une bouteille de bordeaux, des olives et quelques autres bricoles. Il faut que j'arrime sérieusement mon panier pour que ces cinq ou six kilos soient centrés, répartis, sans glissements ni chocs quand je roule, descends et remonte des trottoirs (les vélos n'ont pas droit à la chaussée, ici). La police a les yeux rivés sur les voitures ; en vélo, on peut faire transiter n'importe quoi. Ceci dit, on ne peut fabriquer aucune arme explosive avec de l'huile d'olive et du vin rouge. Antoine Compagnon est enfin mouché ! Je me demandais jusqu'à quand son dandysme insolent et désastreux resterait sans réponse. Ses récents propos sur les sciences humaines entâchées de soviétisme en auront énervé plus d'un (et heureusement que Fabula conserve ce que Le Monde rend payant...). Qu'il soit utilisé par le pouvoir en contrepartie de postes poudroyants et de charges chatoyantes ne fait aucun doute à mes yeux (rencontré plusieurs fois, je ne l'ai jamais trouvé franc du collier, toujours fuyant ou hautain, avec moi comme avec les collègues japonais). Déjà que ses cours sur Proust n'ont guère convaincu... Sans parler du prosélytisme et du révisionnisme anti-moderniste dans chacune de ses interventions radiophoniques. On voudrait s'en débarrasser en allant chez Carlo Ossola, écouter des conférences sur Butor, mais Compagnon est encore là, se défendant d'être d'accord avec Nisard (toujours pas démoli, kèss-tu fous, Éric !) pour finalement le suivre dans une « [...] littérature française continue, pétrie de littérature, à mon sens c'est l'une de ses grandeurs, qu'elle soit toujours épaisse de littérature [...] ». Mieux vaut passer directement à Mireille Calle-Gruber, ou à Butor lui-même. Ou lire François Bon sur son Sony Reader. Commentaires1. Le lundi 7 juillet 2008 à 05:45, par Manu : Il paraît que les vélos auront droit à la chaussée bientôt, ou y seront même obligés. |
Lundi 7 juillet 2008. Quelle
réserve mal placée. J'entends ce matin (aux infos d'hier soir) qu'il y a des réactions aux propos ignobles de Sarkozy sur les grèves maintenant invisibles en France. Ça met du temps ; on voit que c'est juillet. D'ailleurs, la France ferait bien de ne pas trop partir en vacances parce qu'elle risque de trouver tout changé à la rentrée, et dans le mauvais sens (droit du travail, université, école, justice, prisons, etc.). Ceci dit, ça ne fera qu'accélérer la montée de l'indignation et rapprocher le jour où Sarkozy se fera chasser — là, je rêve tout debout, j'en suis bien conscient. Je passe toute la journée à la maison, à cause de tâches à finir, pour mes cours et mes examens, pour T. sur les mazarinades, pour Litor (et je poste au sujet des Flux Litor). Une seconde dans les infos : Prix du G8 en hausse. Cent millions de plus que l'an dernier : 361 millions d'euros (608 億円, 60,8 milliards de yens), ce qui fait environ... 500 yens par habitant du Japon, moins de 3 euros. Comme quoi, les gros nombres, hein... Suite de ce que j'écrivais vendredi sur le 14 Juillet. Dans la mesure où je suis un quidam à l'étranger et où le Conseiller à l'assemblée des Français de l'Étranger, Francis Nizet, m'envoie comme à tous copie de trois lettres envoyées respectivement au ministre Kouchner le 6 mai, au président Sarkozy le 20 juin, et aux chefs de postes le 6 juillet, je ne vois pas quelle réserve mal placée m'empêcherait de les publier afin que d'autres compatriotes voient en quelle estime on nous tient. Je pourrais aussi rechercher la profession de foi du candidat Sarkozy pour vous montrer son haut verbe et ses belles promesses... De toute façon, ce sera sans moi. Conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger Membre élu pour l’Asie du Nord Pékin, le 6 mai 2008 Bernard KOUCHNER
Monsieur le
Ministre,Ministre des Affaires Etrangères et Européennes 37 Quai d’Orsay 75007 Paris Objet : « Touchez pas à mon quatorze juillet » Monsieur le Président de l’Assemblée des Français de l’Etranger, C’est sur un ton quelque peu badin que je rebondis sur les courriers que viennent de vous adresser mes collègues Robert Denis Del Picchia, Sénateur des Français établis hors de France, et Joël Doglioni, Conseiller élu à l’Assemblée des Français de l’Etranger pour la zone Andine. Tous deux réagissaient à l’annonce que nous ont confiée les Chefs de poste de nos circonscriptions respectives d’une forte réduction des moyens mis à leur disposition par le Département pour organiser à l’étranger la traditionnelle réception du 14 juillet. Qu’il faille réaliser des économies, y compris dans le cadre de notre action extérieure, dans le contexte budgétaire délicat qu’est celui de la France aujourd’hui, nul n’en conteste la nécessité. Mais le choix de toucher, pour de relatives menues économies, à cette célébration républicaine me paraît particulièrement mal venu. - En effet, la fête du 14 juillet, fête populaire par essence, est à l’étranger la seule véritable occasion de l’année pour l’ensemble de la communauté française de se retrouver et de croiser le personnel diplomatique et consulaire. La consigne donnée aux postes de trier sur le volet les invités et de ne garder pour les ripailles que les personnalités les plus « représentatives » risque en effet d’être extrêmement mal vécue par tous ceux, sans culottes ou pas, qui resteront aux grilles du château. Il ne leur restera peut-être plus alors qu’à regagner leur chaumière pour regarder, par la petite lucarne de TV5 si jamais ils reçoivent cette chaîne, le défilé militaire sur les Champs. Piètre façon pour eux de célébrer leur Fête Nationale. - De plus, cette mesure va à contre-courant de l’attention particulière portée par le Président de la République au sort des Français de l’étranger qu’il ne manque pas, au cours de ses voyages, de rencontrer lors de réceptions ouvertes à tous et pour lesquels il a tenu à appliquer ou à initier de façon scrupuleuse ses deux promesses de campagne à savoir la prise en charge des frais de scolarité et leur représentation politique à l’Assemblée Nationale. Comment ces Français comprendraient-ils alors qu’on veuille les priver de leur unique rendez-vous annuel de convivialité et de communion républicaine ? Un bien sale coup donné en fait aux « Equipes France » à l’étranger. - Mais encore, à l’heure où la politique d’influence est le bon mot de notre diplomatie, il serait un peu décalé de démontrer à nos partenaires et amis de tout pays, dont les élites très francophiles sont toujours les hôtes de cette réception, que le pays de la triade Liberté, Egalité, Fraternité n’a plus les moyens de fêter cette journée de la Liberté en toute Egalité et Fraternité ! Notre pays peine déjà, faute de moyens et en de nombreux endroits, à maintenir ou à construire ses ambassades et ses écoles et nous n’aurions donc même plus aux yeux de nos partenaires le loisir de fêter la République une fois l’an ! France Eternelle, qu’es-tu donc devenue ? J’ai donc l’honneur, Monsieur le Ministre, de solliciter votre bienveillance pour que soit revue cette décision qui pour toutes ces raisons, et bien d’autres encore, me semble mal tombée. Les Français de l’Etranger ont en tout domaine moins de droits que leurs compatriotes de l’Hexagone ; ils se reconnaissent pourtant tous le devoir d’être les meilleurs ambassadeurs de leur pays à l’étranger. Ils ont droit à leur 14 juillet, on ne doit pas leur retirer. Parce qu’ils sont attachés à leur devoir de réserve à l’étranger et parce qu’ils n’ont pas la possibilité de battre le pavé Place de la Bastille, ils ne viendront pas au Quai d’Orsay vous réclamer « le boulanger, la boulangère et le petit mitron ». Ils veulent simplement, ce jour là, qu’on leur laisse le pain, le fromage et le bon vin pour célébrer, comme à l’habitude, leur République. Qu’ils soient ainsi entendus ! Je vous prie d’agréer, Monsieur le Ministre, d’agréer l’expression de ma très haute considération. Francis NIZET Conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger Membre élu pour la Circonscription d’Asie du Nord en résidence à Pékin Pékin, le 20 juin 2008
Monsieur le
Président de la RépubliquePalais de l’Elysée 55, rue du Faubourg Saint Honoré 75008 Paris
Monsieur le Président, J’ai l’honneur d’attirer votre bienveillante attention sur la préparation des célébrations du 14 juillet à l’étranger. En effet, en février une circulaire du Ministre des Affaires étrangères et européennes invitait les postes à réduire l’enveloppe allouée à la célébration de notre fête nationale. Au lieu de la célébration républicaine et ouverte à tous, la manifestation devait être réduite aux élus, aux représentants des associations françaises et à certaines personnalités. Cette décision avait créé un vif émoi parmi les élus, toutes sensibilités confondues, des Français établis hors de France, aussi bien au Sénat qu’à l’Assemblée des Français de l’Etranger. Cet émoi relayait la consternation et le désarroi unanime de nos compatriotes comprenant mal qu’on veuille les priver, pour la plupart, de la seule occasion annuelle de se retrouver et de fêter ce grand rendez-vous républicain. Monsieur le Président, vous savez à quel point cette manifestation importe à nos compatriotes résidant à l’étranger. A la suite de très nombreuses interventions en séance et de très nombreux courriers adressés par les élus au Ministre des Affaires étrangères et européennes, nous avons pu acquérir l’assurance qu’il ne s’agissait là que d’une décision un peu hâtive et qu’une autre circulaire rectificative serait envoyée aux postes, leur demandant de conserver le format des années précédentes. Le Ministre des Affaires étrangères et européennes a bien voulu répondre le 26 mai dernier au courrier que je lui adressais à ce sujet et que je vous joins. Il m’indiquait « qu’il n’avait jamais été question de ne plus inviter la communauté française aux réceptions du 14 juillet » et que « Notre fête nationale est un moment privilégié…et qu’elle revêt sans doute chez nous une importance symbolique qu’elle n’a pas chez nos principaux partenaires ». Or, la circulaire rectificative n’est jamais parvenue aux postes, lesquels, en l’absence de nouvelles consignes, se préparent à organiser une célébration a minima. Cette restriction sera, sans nul doute, extrêmement mal perçue. Les Français de l’étranger sont bien sûr prêts à comprendre que des restrictions budgétaires soient nécessaires et à participer à l’effort national sur ce plan. Ils sont prêts à accepter dans l’urgence de ce 14 juillet prochain que le buffet soit moins garni et à s’organiser pour lever les fonds manquants avec le relais des élus, des associations, des chambres de commerce et de tous les acteurs présents sur place. Monsieur le Président, vous avez su, en une seule année, initier des réformes fondamentales en faveur des Français établis hors de France. Nous savons votre engagement, et votre détermination à réaliser les ambitions que vous avez pour nous, et pour la France. A chacun de vos déplacements, vous les réaffirmez : scolarité gratuite et représentation dans les deux chambres du Parlement. Vous nous avez convaincus que les Français établis hors de France ne seront oubliés ou écartés de la vie française. Vous nous avez convaincus de notre rôle dans la promotion économique, diplomatique et culturelle de notre pays au-delà de ses frontières. Lors de votre visite à Pékin, en novembre dernier, près de deux mille Français étaient venus à votre rencontre. Votre discours a été ovationné et s’est clos par une Marseillaise bruyamment reprise par une foule enthousiaste. Pour le 14 juillet, les Français de Pékin, comme ceux d’Alger, de Manille ou d’ailleurs veulent pouvoir chanter leur hymne national, réunis et rassemblés dans la maison de la France, une France qui leur est si chère même - et surtout - au bout du monde. Monsieur le Président, j’ai l’honneur de solliciter votre haute bienveillance pour que la célébration de la fête du 14 juillet reste à l’étranger celle de tous les Français. En vous assurant de ma très grande reconnaissance pour l’attention que vous voudrez bien porter à cette demande, je vous prie d’agréer, Monsieur le Président, l’expression de ma très haute considération. Francis NIZET Francis NIZET Conseiller à l’Assemblée des Français de l’Etranger Membre élu pour l’Asie du Nord Pékin, le 6 juillet 2008 Monsieur l’Ambassadeur de France en République Populaire de Chine, Monsieur l’Ambassadeur de France en République de Corée du Sud, Monsieur l’Ambassadeur de France au Japon, Monsieur l’Ambassadeur de France en Mongolie, Monsieur le Directeur de l’Institut Français à Taipei, Messieurs les Consuls Généraux de France à Canton, Chengdu, Hong Kong, Osaka-Kobe, Shanghai, Shenyang et Wuhan, (par ordre alphabétique) Dans une semaine aura lieu la célébration du 14 juillet dans les postes diplomatiques et consulaires d’Asie du Nord. En de nombreux endroits, les ressortissants français ont découvert, découvrent ou vont découvrir que la traditionnelle réception organisée à l’occasion de la fête nationale a changé de format. Autrefois, ouverte à tous les résidents et parfois même aux français de passage (dans la limite évidemment des capacités d’accueil de nos « Maisons de la France » et des tolérances particulières en termes de rassemblement), cette cérémonie cette année n’est ouverte en certains lieux, qu’à certains et pas à d’autres. De très nombreux français nous font part de leur frustration et de leur désappointement. Une calamiteuse circulaire du Département vous invitait en effet en février à réduire de façon substantielle le budget alloué à cette réception. S’en est suivi une levée de boucliers de nos Sénateurs des Français établis hors de France et des élus de l’Assemblée des Français de l’Etranger, toutes sensibilités confondues, pour dénoncer, le mot n’est pas trop fort, ces économies jugées « mal placées ». Non pas que les Français de l’étranger ne soient pas disposés à participer à l’effort national de réduction de la dépense publique, mais parce qu’ils estiment cette mesure inopportune au regard d’autres largesses du Ministère comme par exemple celle de l’augmentation, à hauteur de 40 % en 7 ans, des contributions aux organisations internationales, rapportée avec inquiétude le 2 juillet dernier lors de l’examen en commission des finances du Sénat du projet de loi de règlement pour 2007. L’instruction donnée au Directeur de Cabinet par le Ministre des Affaires Etrangères à l’occasion du débat sur la politique étrangère de la France le 14 mai n’a pas été suivie des faits et pour des raisons de lenteurs administratives aucune circulaire rectificative n’a été envoyée dans les postes. Dans de nombreux endroits cependant, les chefs de poste ont anticipé et ont pu, en faisant appel au mécénat, compenser ces réductions et offrir aux français de leur ressort le même évènement que l’année passée. Qu’ils en soient grandement remerciés! En d’autres endroits il est malheureusement trop tard pour rectifier le tir pour cette année. J’ai saisi le collège des Vice-présidents de l’Assemblée des Français de l’Etranger pour que la question de la célébration du 14 juillet à l’étranger soit évoquée en session plénière de septembre et que le Ministre des Affaires Etrangères, Président de l’Assemblée des Français de l’Etranger, puisse être interpellé en séance inaugurale à ce sujet et qu’un comité ad hoc se saisisse de cette question à l’Assemblée. D’autre part, vous trouverez ci-joint mon courrier remis au Président de la République ainsi qu’à son Conseiller pour les Français de l’Etranger, lui faisant part du désappointement des Français de l’Etranger. Dans notre circonscription, il me semble opportun, si cette proposition reçoit votre insigne assentiment, qu’un « comité républicain du 14 juillet » soit formé en chaque poste et regroupant les représentants des associations, les élus, les administrateurs des chambres de commerce et toute autre personne « intéressée » pour que la fête nationale qui sera célébrée en 2009 redevienne un évènement gratuit et ouvert à tous, s’il ne l’est plus en 2008. Les Français d’Asie du Nord s’associent en leur grande majorité à moi pour appuyer cette demande. Il ne fait d’ailleurs aucun doute que le Ministère sera revenu à de meilleurs sentiments l’année prochaine. Je sais par ailleurs que vous savez voir en cet émoi partagé par de nombreux compatriotes et la quasi-totalité de leurs élus non un caprice d’enfants privés d’une bonne occasion de se « rincer » aux frais de la Nation mais plutôt le désir ardent de citoyens « d’Outre Frontière » de préserver l’unique opportunité de se rassembler et de célébrer leur République. Je vous prie d’agréer, Messieurs les Ambassadeurs, Messieurs les Consuls Généraux, Monsieur le Directeur de l’Institut Français, l’expression de ma très haute considération. Commentaires1. Le mardi 8 juillet 2008 à 03:41, par brigetoun : pour le début, vu d'ici et en suivant ce qui se discute à l'assemblée (enfin - honte - moins depuis le 5) je dirais qu'il ne faut pas réagir aux provocations du bonhomme qui sont là pour donner de la copie aux journalistes, leur permettre des effets de plume et de scruter leur conscience, et évite que l"on parle des lois en cours de discussion (aucune allusion alors que le temps légal de travail va devenir virtuel) |
Mardi 8 juillet 2008. Impossible
d'en sortir, c'est à sombrer folle. Surprise, dans le shinkansen, ce matin, d'entendre un message légèrement différent dans les hauts-parleurs, deux ou trois mots que je ne me souviens pas avoir entendu précédemment sur des espaces fumeur dans le wagon 3, et non le wagon 3 tout entier. Plus tard, revenant des toilettes, je vérifie et en effet, le wagon 3 n'est pas plongé dans le brouillard cancérigène de la clope, tandis que quelques mètres de wagon ont été transformés en cabines vitrées, une de chaque côté du couloir, chacune pouvant accueillir trois fumeurs, voire quatre qui se serrent comme des sardines et dont la fumée est extraite par le plafond. C'est dehors, en revanche qu'il y a du brouillard, comme celui de Hokkaido où patauge le G8, au moins jusqu'à Shizuoka. Après, comme c'est souvent le cas, le temps change, on sort de la zone de turbulence du Mont Fuji et le ciel se dégage. À Nagoya, quelques gouttes sans suite et pour le reste : une journée humide et tiède. En moins d'une semaine, la chaleur s'est installée. L'ambiance estivale gagne les esprits, nos étudiants maintenant tournés vers les examens de la fin du mois, cherchant des preuves de leur niveau, maîtrisant à peu près le présent et le passé composé, leur esprit maintenant tourmenté par les partitifs et, pour les calmer, la seule méthode efficace devant le large et merveilleux choix des déterminants du nom en français — la méthode à Berlol — se forcer à produire en soi, comme sur un écran vidéo intégré, les images différenciées de ce qu'on peut dire pour pouvoir choisir ce qui convient. Ainsi « dans mes courses, il y a du poulet », « dans mes courses, il y a un poulet » et « dans mes courses, il y a des poulets » ; avec cette dernière phrase, voir l'incongruité comique d'oiseaux à plume sautillant dans une caisse grillagée, pour un qui vivrait à la ferme et renouvellerait sa basse-cour ; avec la première phrase, le quoditien japonais, ou français, ou international, de petits morceaux prédécoupés et prêts à cuisiner, vendus en supermarché sans qu'on ait à voir la bête ; avec la deuxième enfin, ce qui serait agréable pour un Français allant au marché et ramenant un poulet entier, déjà rôti dans son paquet étanche et tiède où la sauce a été généreusement ajoutée ou à embrocher soi-même dans un four domestique dont mes étudiants n'ont même pas idée, la plupart des familles japonaises ne disposant que d'un petit four de 15 cm sur 10 où se serrent difficilement trois sardines, voire quatre comme les fumeurs du wagon 3. Et toujours pas de ping-pong après les cours ; David est à deux doigts du tarmac... Je réécoute le Surpris par la nuit du 26 juin mais oui, c'est bien ça ! Plongé dans un univers sonore très réussi, une connexion s'effectue. Vérifiez ! Hugues Jallon dans sa Zone de combat (pas encore lu) se révèle proche à la fois du Philippe Vasset d'Un livre blanc (et d'Un Site blanc) ou de Carte muette et des espaces volodiniens qui me hantent quotidiennement. Chacun dans sa spécificité d'écriture, la question n'est pas là. J'ai encore contaminé quelqu'un, une amie à qui j'avais laissé voir mon addiction en mai et qui m'écrit : « impossible désormais de quitter le monde de Volodine, impossible d'en sortir, c'est à sombrer folle.» Nouvelle plongée dans Netvibes jusqu'à pas d'heure. Réforme du design, mais aussi pour comprendre le système d'amis et de recommandation d'articles qui pourrait être encore plus utile si on arrivait à l'afficher dans une boîte (mais je n'y suis pas parvenu, ça reste enfermé dans les Activités). Attention, chers lecteurs, bien comprendre que les Flux Litor ne sont pas ma page Netvibes. Il s'agit d'une sélection effectuée dans l'esprit d'Hubert de Phalèse, visant à promouvoir l'équipe de recherche et à moderniser la communication de la liste Litor. Veuillez en tenir compte dans vos intitulés, merci. [Mercredi matin : ai trouvé ! il faut aller dans Activités / Browse all activities / moi / flux RSS, le copier et l'insérer en nouveau flux...] |
Mercredi 9
juillet 208. Comme on dit rhum
arrangé... N'en croient pas leurs oreilles, les étudiants ! En fait, c'est bien le défaut du système d'éducation, ici : toute confiance donnée à l'écrit et au sens, et l'ouïe considérée comme accessoire, prothèse presque. Or, pour des deuxième année, des expressions comme « treize à la douzaine » ou « il s'est mis sur son trente-et-un » sont incompréhensibles. Il faut d'abord capturer le son, grâce à la transcription phonétique, sans essayer de comprendre, comme si c'était du finnois ou du géorgien, et après, une fois qu'on l'a devant soi, on essaie d'en faire du français... Et ça marche. Et après, on explique, l'œuf gratuit et le jour de la paye, et pourquoi on utilise encore ces expressions. On passe ensuite à un tableau de l'INSEE sur la consommation de produits courants en France depuis les années 1970. Comment ça se lit ? Et qu'est-ce qu'on en fait ? Comment on répond à des questions comme : quelle est l'évolution de la consommation du pain ? ou Comparer les évolution de consommation du lait et des yaourts. Là aussi, ne pas se contenter de répéter les chiffres, essayer de faire un graphique, puis d'aller jusqu'à l'image, comme le ferait un journaliste, par exemple en indiquant combien ça fait par semaine (le tout en français, évidemment). Problème pour la semaine prochaine : « En 1970, le pain coûtait 3 F/kg pour un salaire moyen de 3000 F/mois, en 2006, il coûte 3 €/kg pour un salaire moyen de 1200 €/mois. Quelle est la part du pain dans la dépense annuelle ? (Avec 1 € = 6,56 F) » Après une minuscule réunion de vingt minutes, sans déjeuner, je retourne à mon tour des blogs littéraires. Y'en a même qui sont pas encore des blogs... Et c'est pas faute de leur avoir dit... Mais voilà, un choix d'artisanat, semble-t-il. Tout faire à la main... Cet été, JCB semble vouloir nous livrer en feuilleton son autobiographie arrangée (comme on dit rhum arrangé...) : « François Bon a 18 ans. Il vient d'avoir son bac à Poitiers et pompiste l'été, vient de passer une année à préparer son entrée à l'École Nationale Supérieure d'Arts et Métiers pour devenir ingénieur. Il lit les surréalistes et Brecht, milite contre l'Amérique et la guerre du Vietnam. Je ne le connais pas. J'ai 22 ans. Nous sommes le 16 juillet 1971. C'est la première fois de ma vie que je marche dans les rues de New York.» (Jean-Claude Bourdais dans son journal d'hier, avec photos, voir aussi la veille à Iquitos) Et ça ! Si c'est pas du post-exotisme, hein !... « C'est l'histoire longue et obscure du gamin et du faucon… Tout le monde ayant été décervelé depuis bien longtemps, note bien qu’elle ne subsiste plus guère que sous la forme d'une note de douze lignes en bas de page d'une thèse de doctorat intitulée Modèle culturel et habitat naturel des faiseurs de paniers, une somme assez volumineuse, bâclée en quatre mois, quelques dizaines de bouteilles de Ouiski et un infarctus, par un employé de bibliothèque pour le compte d'un jeune renard gris qui devint beaucoup plus tard le directeur du célèbre Journal d'Ethnologie Continentale avant de sombrer, comme tout le monde dans le trafic et la prévarication…» (Jean-François Paillard, L'Écho des rescapés, épisode 1, livré en « feuilleton de l'été »...) Enfin, après une diète prolongée, j'ai droit à un dîner au Tiger Café de Sakae avec Sophie et Andreas, sorti pour quelques heures de sa rédaction de PhD. Il sera beaucoup question de cinéma, et des films qu'on préfère. The Big Lebowski, Blade Runner, Meurtre dans un jardin anglais, le Troisième Homme, Kill Bill. Entre deux bouchées d'une excellente ratatouille, même si pas faite du tout comme la mienne, pas facile de choisir. Il faudrait des heures pour qu'assez de souvenirs me reviennent... Étrangement, aucun film français n'est cité. Je crois qu'on parlait surtout de distraction. Commentaires1. Le jeudi 10 juillet 2008 à 01:13, par jfp : Merci de t'intéresser à ce bricolage... Comme tu l'écris, c'est du fait main... réalisé au fur et à mesure et je ne sais pas bien où je vais... peut-être vais-je finalement tomber dans un trou?... j'espère que les vidéos, qui correspondent aux textes, sont lisibles par le plus grand nombre... pour ceux qui ont raté le début, voire tout simplement www.territoire3.org ... Le texte a été écrit (puis réécrit) il y a bien longtemps... à l'époque où les vétérans du vietnam étaient trentenaires... O tempus edax ! |
Jeudi 10
juillet 2008. Géantes pleines de gelée verte. Jeudi des jeudis, s'il en est. Succession ininterrompue de cours, de préparations, de notes postérieures, de courriers, avec des étudiants sur les dents, avides d'en arriver aux examens — et même pas le temps de déjeuner. À peine un quart d'heure de France Info, mais n'en jetez plus, les nouvelles sont atroces (Sarko à Pékin, réformes en cours, etc.). Dans le calme de la soirée, j'atteins enfin une forme acceptable pour Les Flux Litor, leur lisibilité. J'ai finalement opté pour des boîtes ouvertes et contournées, sinon l'usager était contraint d'ouvrir lui-même chaque titre, d'ailleurs inutilement si le flux n'a pas été alimenté depuis son dernier passage. Le module des recommandations ne s'actualise pas tout de suite ; il faut parfois plus de dix heures pour que les ajouts apparaissent !... — ça laisse perplexe. À la télévision, avec mon omelette au jambon, un film très amusant — surtout depuis que je suis copain avec les araignées, vu que c'est elles qui vont nous succéder dans cinq cent mille ans... Arac Attack (Eight Legged Freaks, 2002), et une Scarlett Johansson toute jeune, pas encore au premier plan, occupé bien sûr par les sauteuses géantes pleines de gelée verte... Déstressant joyeux — on n'y croit pas une minute. Quant au texte qui suit, je le mets là pour le conserver, ayant un cours sur Modiano cet automne. * *
* Patrick Modiano sur la piste d'une étoile par Jean-Claude Lamy, Le Figaro, le 10/07/2008. En mars 1968, paraît le roman d'un tout jeune homme qui trouve d'emblée un ton en jonglant avec des souvenirs qui ne sont les siens que dans ses rêves douloureux. À travers les vies imaginaires d'un certain Raphaël Schlemilovitch, Patrick Modiano escamote la réalité pour la transformer en un théâtre d'ombres. Dans Le Figaro Littéraire, Robert Kanters s'emballe : « Il y a là le drame d'un jeune homme cultivé et doué avec toutes les contradictions, tous les mensonges de notre temps et de notre culture dont l'antisémitisme arrogant ou hypocrite n'est qu'une image particulièrement horrible. Je crois que non seulement il faut écouter le cri que pousse La Place de l'Étoile, mais qu'il faudra lire les prochains livres de M. Modiano. » En exergue du livre, une histoire juive : « Au mois de juin 1942, un officier allemand s'avance vers un jeune homme et lui dit : “Pardon, monsieur, où se trouve la place de l'Étoile ?” Le jeune homme désigne le côté gauche de sa poitrine. » Patrick Modiano a fait de ce jeune homme son jumeau de cœur. Un double romanesque qui devient son meilleur ami comme l'a été son frère Rudy, mort dans un accident de voiture à l'âge de dix ans et à qui La Place de l'Étoile est dédiée. La préface est de Jean Cau, excusez du peu. L'ancien secrétaire de Sartre, Prix Goncourt en 1961 pour La Pitié de Dieu (Gallimard), figure intellectuelle de l'époque, est un ami de Luisa Colpyn, la mère de Modiano. « En vérité, je vous le dis, écrit Cau, un sacré livre et une dure épreuve (…). En vérité, la voix unique d'un écrivain de vingt ans qui ouvre d'une poussée les lourdes portes de la littérature. » Voilà pour le baptême littéraire. Le jeune écrivain bénéficie également du soutien de Raymond Queneau, l'un des caciques de la NRF, chez qui sa mère déjeune régulièrement en compagnie de son fils. Après le repas, l'auteur de Zazie dans le métro lui donne des leçons de mathématiques ! « Raymond Queneau avait la gentillesse de me recevoir le samedi. Souvent, au début de l'après-midi, de Neuilly nous revenions tous deux sur la rive gauche », racontera Modiano dans Un pedigree. Il révèle aussi : « J'avais falsifié ma date de naissance sur mon passeport pour avoir l'âge de la majorité, transformant 1945 en 1943. » Un manuscrit recueilli par Queneau Patrick Modiano est né le 30 juillet 1945, à Boulogne-Billancourt, 11, allée Marguerite, « d'un Juif et d'une Flamande qui s'étaient connus à Paris sous l'Occupation », selon ses propres termes. C'est une information capitale en ce qui concerne la publication de son premier roman qu'il a écrit dans un vaste et bel appartement du quai Conti. De sa chambre, il voit couler la Seine entre le Louvre et l'île du Vert-Galant. Emballé par le manuscrit, Jean Cau ne pense pas d'abord à Gallimard, sa maison d'édition, mais au Seuil où la collection « Écrire », créée par Jean Cayrol, accueille les talents prometteurs Sollers y publia son premier roman, Une curieuse solitude. C'est ainsi que Claude Durand, successeur de Cayrol pour la collection, reçoit un appel téléphonique de Jean Cau : « J'aimerais vous envoyer le livre du fils d'une amie. » Aujourd'hui PDG de Fayard, Claude Durand se souvient d'avoir lu très rapidement La Place de l'Étoile. « J'étais enthousiaste. Après avoir obtenu l'accord de Paul Flamand qui dirigeait le Seuil, j'ai fait signer un contrat à Modiano. Quelques jours plus tard, celui-ci est revenu très embêté. “Ma mère, me dit-il, a passé le manuscrit à Queneau qui le veut. Comme je ne suis pas majeur, elle a signé avec Gallimard.” J'étais tellement déçu que je ne lui ai pas demandé son âge. » À l'époque, la majorité est à vingt et un ans. En 1967, lorsque le manuscrit est accepté, Patrick Modiano a presque vingt-deux ans. En toute logique, son livre aurait dû paraître au Seuil. Sa sortie chez Gallimard est reportée en 1968 pour éviter une polémique après la guerre des Six-Jours. Dans le roman, en effet, Israël n'est pas ménagé. Si Gallimard a demandé à Jean Cau une préface, c'est probablement pour désamorcer un possible scandale. Un chèque et une médaille « Je pense, dit aujourd'hui Claude Durand, qu'il a préféré la classique couverture NRF à liséré rouge et noir à cette collection “Écrire“ » réservée aux débutants. » Plus tard, Modiano publiera trois livres au Seuil par amitié pour Jean-Marc Roberts, alors conseiller littéraire et membre du comité éditorial de la maison. « Il avait voulu me rencontrer après la sortie de mon premier roman Samedi, dimanche et fêtes qui reçut le prix Fénéon. Ma mère était comédienne comme la sienne. Elles se sont croisées sur le tournage de Sex Shop, un film de Claude Berri », explique celui qui dirige aujourd'hui les éditions Stock. En 1968, La Place de l'Étoile obtiendra à son tour le prix Fénéon, puis le prix Roger-Nimier. Bernard Pivot est le premier journaliste à lui écrire son enthousiasme. Dans son Journal, Jacques Brenner note qu'il a déjeuné, en mai 1968, avec Patrick Modiano. Celui-ci n'est pas intéressé par les événements : « Des barricades, cela n'a de sens que si l'on s'y bat avec des balles et non avec des pierres et des matraques. » En novembre 2002, couronné par le jury du prix Jean-Monnet, dans le cadre du Salon de la littérature européenne de Cognac, Patrick Modiano demande à son éditeur que je le représente. On me remet une médaille et un chèque. Ce soir-là, devant un public qu'il ne veut pas affronter, j'ai pris la place de l'auteur de La Place de l'Étoile… |
Vendredi 11
juillet 2008. La foire au chiffre que ça deviendra. Au sport avec Vue sur l'ossuaire que j'ai pris vite fait sur un rayonnage du bureau, me demandant si je l'avais déjà lu ou pas. Les premières pages m'ont paru nouvelles, ne rien rappeler à ma mémoire, puis la situation de Maria Samarkande s'est précisée et avant de me rappeler la suite du récit, je me suis souvenu d'être en train de lire ce livre dans un train allant ou revenant de l'aéroport de Narita. C'était en janvier 2007. Je ne me suis pas arrêté de pédaler et j'ai relu plus de quarante pages avec grand bonheur. D'ailleurs, j'ai voté pour Des Anges mineurs au Livre sur la Place de Nancy. Rangement d'un meuble dans lequel je retrouve tout un tas d'articles sur des auteurs dits du Nouveau Roman, autres que Claude Simon dont les éléments bibliographiques sont déjà strictement rangés. Joie de relire ces articles, certains datant des années 1950, écrits dans la fougue journalistique des nouvelles propositions littéraires — sans rien connaître ni des chocs pétroliers, ni des délocalisations, ni des guerres bushiques, sans imaginer la foire au chiffre que ça deviendra, le livre. « Je connaissais bien Robbe-Grillet. J'avais vu Beckett arriver, puis Butor. Je savais que ces hommes venaient d'horizons différents, et suivaient des logiques différentes. Entre ces trois-là, il n'existait aucune ligne théorique. Leur présence conjointe formait une de ces équations propre à la littérature, qui connaissent un certain point d'équilibre, puis basculent et doivent se reconstruire autrement. Il y avait des problèmes d'écriture, des problèmes de construction romanesque, une conscience très vive des ambiguïtés de l'époque. D'autres encore, à Minuit, ou chez Paulhan, Privat, Julliard, etc., participaient à cette équation invisible. qu'on en tire une théorie, si l'on veut : elle ne s'applique au mieux qu'à trois ou quatre années de production. Il suffit qu'un nouveau venu réussisse un livre, quel qu'il soit (le Vent de Claude Simon, en 1957 ; le Procès-verbal de Le Clézio, en 1963, par exemple), pour que les cartes soient à nouveau redistribuées, dirigeant autrement la partie. Et la littérature. Après quoi les théoriciens de l'équation brusquement défunte traînent la savate vingt-cinq ans durant, pendant que les « crises » du roman, et les solutions répétées à cette « crise », se poursuivent sans eux. Quand il publie en 1971 Pour une Théorie du nouveau roman, Ricardou s'installe dans une chapelle vide : même Robbe-Grillet a pris le large. C'était d'ailleurs quelqu'un de très intéressant, Robbe-Grillet. À l'époque des Gommes, nous déjeunions chaque semaine ensemble. Nous parlions de ce qu'il faisait. Il avait une manière très originale de concevoir les intrigues, les descriptions et surtout l'écriture. Il parlait assez peu des problèmes de construction, de montage, qui l'occupèrent beaucoup dans la suite. Il évoquait encore moins ses futures théories. Je trouvais, pour ma part, son style très prenant, très classique. Je me demande s'il n'est pas un classique contrarié.» (Georges Lambrichs, Entretien avec Jean-Maurice de Montremy [les 4, 8 et 15 avril 1991], La Nouvelle Revue Française, n°473, Juin 1992, p. 74-75) Ne se trouve apparemment pas dans la pourtant remarquable bibliographie robbe-grilletienne, sur le site réalisé par Christian Milat à l'université d'Ottawa. En voiture avec un collègue et sa fille, je me rends à une invitation lancée le mois dernier par l'agent immobilier, que nous récupérons à un coin de rues. À notre grand étonnement, il nous avait proposé d'aller dans un temple qu'il connaît bien pour y déguster un chanko nabe en compagnie des sumotoris qui participeront au tournoi de Nagoya ce week-end. Ah, oui, on en parlait dans la voiture... Il paraît que Sarkozy a refusé un entretien à Fukuda pendant le G8, ça fait du bruit au Japon qui était tout de même la puissance invitante, comme on dit, mais je suis sûr qu'on n'en parle pas du tout en France — où le fanfaron s'empêtre à trop parler à tort et à travers, et risque bien de revenir à pied de la Chine. Mais revenons au chanko nabe. Je m'attendais à du solennel, du cérémonial, voire du protocolaire. Mais rien de tout ça, c'est, dans toutes les pièces d'un temple, qui ressemblent pour la plupart à celles d'un pavillon de grande banlieue, une sorte de kermesse informelle et de plus en plus bruyante, des tables chargées de victuailles et de bouteilles de bière, des apprentis sumo qui servent le nabe au porc et au poulet sur une terrasse où il faut faire la queue, et surtout des sumos en grand yukata, souriants, détendus, acceptant de faire des photos très simplement avec toutes sortes de personnes. Et puis une jeune française, aussi surprise que moi de la rencontre, boursière du Rotary, finissant son année de lycée et prête à revenir au Japon, et pourquoi pas dans notre université... Car la famille du temple accueille des boursiers et la fille de la maison parle elle aussi couramment le français. Que d'étonnement en un soir. On ne reste pas trop longtemps pour ne pas abuser de l'hospitalité et, pour moi, afin d'avoir un shinkansen pas trop tard. Je suis à la maison avant 22h30... Chez David Abiker : une question que je me pose, moi aussi, et pas seulement dans MySpace : comment gérer ceux qui oublient définitivement leur mot de passe... En attendant, voici le bouton sur lequel vous pouvez cliquer, si j'ai bien compris, pour ajouter à votre page Netvibes le module des Flux Litor contenant les dernières recommandations de lecture d'Hubert de Phalèse : Enfin, si ça marche... Je voulais faire une copie texte et liens de cette sélection pour l'envoyer en message à la liste. Impossible, c'est tout du javascript ! Pourtant, pour archive, ça serait intéressant... Commentaires1. Le samedi 12 juillet 2008 à 03:01, par christine : ça marche ... pour ceux qui veulent se mettre à netvibes on peut conseiller aussi l'utilisation (très pratique) de la commande "envoyer ce module", disponible sous la petite enveloppe en haut à droite pour chaque flux, qu'on peut ainsi récupérer sur sa page privée ou publique 2. Le samedi 12 juillet 2008 à 03:02, par christine : quand même "à pied par la chine" ... tu aurais pu éviter ! 3. Le samedi 12 juillet 2008 à 03:19, par Berlol : Oui, je sais, c'est mal... Pardon... Mais, i m'a trop énervé, l'ôtr' ! |
Samedi 12 juillet 2008. Trop
kitsch, trop mélo, trop creux. Travail en matinée. Dehors, grosse chaleur. Déjeuner au Saint-Martin. Puis, le travail reprend, un pied dans les mazarinades, avec T. (site pas encore ouvert, le sera après-demain, si tout va bien), et un autre dans Netvibes, avec Hubert de Phalèse. Pas le temps de rien faire d'autre. Ni celui de voir des amis — que Manu m'excuse : surtout quand T. est moyennement en forme (son problème d'acouphènes n'est pas du tout résolu). Nous passons tout de même une demi-heure à la médiathèque de l'Institut en fin de journée. J'y trouve (et y emprunte) la Préface à une vie d'écrivain (France Culture / Seuil, 2005) d'Alain Robbe-Grillet, avec le cédé de la série de 25 émissions écoutées avec passion durant l'été 2003 — et dont ce livre est une version légèrement remaniée pour l'écrit. J'étais sûr d'avoir enregistré ces émissions mais n'en savais plus l'année... L'apprenant, j'ai tout de suite remis la main dessus (je les avais nommées LRG, voilà pourquoi je ne les retrouvais pas...). Du 13 au 19 juillet 2003, j'avais été pour la première fois à Cerisy, pour le colloque consacré à Henri Meschonnic, un émerveillement de bout en bout (le colloque, le château, l'ambiance, les repas, le parc, l'équipe animatrice, la chambre dans l'Orangerie, la mer à quelques kilomètres de voiture, etc.). Hélas, sans T., à qui j'avais promis d'y retourner ensemble ; ce qui fut fait en 2005 (l'Internet littéraire francophone, dont j'ai les Actes à relire cet été, si on veut les sortir un jour...) et en 2007 (Mérimée). Fin juillet 2003, revenu au Japon, forcément un peu triste, Robbe-Grillet prenait à mes oreilles le relais, du 28 juillet au 29 août, à raison de cinq émissions par semaine. C'était quelques mois avant le commencement du JLR... Terrain à vendre au pied de l'Institut. Il y avait un atelier d'édition et un réparateur de vélos. Et même une vieille pompe à eau, modèle à grand bras pour action manuelle. On a reçu l'encart publicitaire dans notre boîte aux lettres. Pour le terrain, pas pour la pompe. Tarif : 600 millions de yens pour 225 m², soit 2,7 millions du m², 15.800 €/m². Film du soir. Encore une déception Ozon. Angel (2007) est trop long, 2h15, trop kitsch, trop mélo, trop creux, finalement. Et puis qu'est-ce qu'on en a à cirer, des romancières anglaises du début du XXe siècle ? Commentaires1. Le lundi 14 juillet 2008 à 05:27, par Manu : Vous êtes tout excusés ! 2. Le lundi 14 juillet 2008 à 06:38, par raoul de g. : et plus généralement qu'est-ce qu'on en a à cirer des romanciers, des écrivains, des cinéastes, des musiciens, des peintres et de la princesse de Clèves, de Robbe-Grillet, de vous, de moi, du monde entier, des réparateurs de vélos, des pompes à eau, des pompes à fric, des pompes afrique, des (la liste reste ouverte)... 3. Le lundi 14 juillet 2008 à 06:42, par raoul de g. : oups avec mes excuses, mais j'ai du rêver trop fort, et l'oreiller est crevé... ou plus simplement, mon message ne partait pas et j'ai appuyé comme un dératé sur "envoyer"... 4. Le lundi 14 juillet 2008 à 06:48, par Berlol : Oui,
Raoul, j'ai vu ça. Vous êtes tout excusé, ça nous est tous arrivé un
jour... Et sur l'idée, je suis d'accord avec vous. Et même que malgré
tout, il y a quand même des choses qui nous importent. 5. Le lundi 14 juillet 2008 à 10:08, par brigetoun : ben moi qui suis sortie du temps, c'est ce lundi qui était comme un samedi - de façon plutôt confortable |
Dimanche 13 juillet 2008. Trois
fois au-dessus des flamèches. Journée chargée. Au service des ancêtres. Mais pas seulement. Ça commence par le cimetière, à Aoyama, où l'on va nettoyer la concession (quelques mauvaises herbes, un bon coup de balai, des fleurs nouvelles) avant Obon — sachant qu'Obon a lieu, à Tokyo, un mois plus tôt qu'ailleurs dans le Japon, pour une raison que j'ignore. Pas mal d'animation au cimetière, en cette saison. Les gens viennent tôt, pleins d'entrain pour un grand nettoyage, avant que la chaleur ne devienne pénible. On finit en une demi-heure. Après un petit en-cas dans un Starbuck, où je trouve le café pas trop mauvais, pour une fois, nous filons au centre de sport de Shibuya. J'y pédale et y transpire comme en plein soleil avec Dominique Sylvain, que je me suis enfin décidé à lire (ayant acheté deux livres d'elle il y a plus de six mois...). Comme vendredi, j'empoigne quelques machines de musculation en faisant très attention à l'épaule droite, le triceps devenu douloureux depuis deux semaines. Je peux tirer et pousser devant et vers le haut mais pas sur le côté. Et puis c'est le bain, au moins vingt minutes dans le mist-sauna. Pour le sauna sec, pas la peine, on a déjà l'extérieur. « Les Françaises. Elles parlaient égalité des sexes quand ça les arrangeait mais avaient vite déballer la séduction en cas d'urgence. Même leurs voix changeaient dans ces moments-là. Elles parlaient doux et elles allaient même jusqu'à se taire, assez souvent, laissant le mâle croire qu'il menait la barque en même temps que la conversation. On avait alors l'impression que l'Histoire s'enroulait en sens inverse à la manière d'une vieille moquette, la sensation que les féministes n'avaient jamais brûlé leurs soutiens-gorge en symbole de libération. Qu'on avait toutes eu une illusion d'optique et que les ardentes batailleuses du women power n'avaient été qu'un club de charmantes ladies aspirant à s'échanger la recette du cake au citron entre deux tasses de thé. Qu'aucune d'elles n'avait jamais dit : les hommes sont de Mars, les femmes de Vénus. Jamais.» (Dominique Sylvain, Passage du Désir, J'ai lu / policier [rééd. de Viviane Hamy, 2004], p. 22) Je ne le fais pas exprès. Un film de Vadim avec Brigitte Bardot sur TV5 Monde, pris en cours de route. La Bride sur le coup (1961), avec son intrigue désespérément normative et sa jeune fille maladivement honnête et droite, se prétendant descendante de... Colomba ! Et donc maniant le fusil ! Rien moins que ça. Montage et musique tout de même très originaux. Saviez-vous que BB y fait du bobsleigh ? Enfin, un plan de trois secondes... Mais aussi une excellente version de la Bamba, chanson qui habituellement m'exaspère (ici spécialement pour ce film, par les Aymara & Arvanitas Quintet — dont j'ignorais le nom jusqu'à cet instant). Nous nous dépêchons de finir de dîner : il faut effectuer le rite d'accueil des ancêtres chez nous avant 21 heures, sinon il risque d'y avoir aussi des mauvais esprits parmi ceux qui entreront. T. a préparé les simulacres d'animaux avec un concombre et une aubergine, auxquels elle a fixé des pieds en morceaux de paille, les a disposés sur une tapis, également de paille, devant l'autel familial. Ceci fait, nous sortons sur le trottoir pour allumer un petit feu dans une coupe en terre cuite, il doit servir de repère aux esprits des ancêtres pour qu'ils ne se trompent pas de chemin. Nous-mêmes devons passer trois fois au-dessus des flamèches pour être protégés. La Fête nationale délocalisée à l'Institut ? le bal des lampihonte ? Mais je ne sais même pas de quoi il s'agit. Mépris souverrain. Commentaires1. Le lundi 14 juillet 2008 à 10:14, par Dom : Dans Wikipedia in english, sorry. Si c'est pas exactement ça, c'est quelque chose comme ça. 2. Le lundi 14 juillet 2008 à 14:44, par Berlol : Ah, ouais ! J'étais pas allé jusque là ! Merci. |
Lundi 14 juillet 2008. Un peu
plus qu'une coïncidence... réduction
de l'écrite voilure
petit cabotage de l'été entre blogs et japonais Au demeurant peu de choses à dire d'une journée de ménage, correction de copies et autres menus travaux, sinon l'ouverture publique du site sur les Mazarinades, notre geste du 14 Juillet à nous, pour l'instant étique mais qui ne demande qu'à grandir. Il faut que je change l'image du bandeau. Mais y'a pas urgence. Pas mal d'enregistrements de radio, aussi. La sixième et dernière partie des Enjeux contemporains II des Sentiers de la création, les derniers épisodes de Transit d'Anna Seghers, les reconnaissances à Jules Renard du Surpris par la nuit de vendredi. Et même une petite pause polar... « Cet entretien avait commencé sur des bases rationnelles. Vous avez employé le plus-que-parfait en parlant de ma carrière. C'était pile-poil dans le mille. Mais nous dérapons. C'est dommage. D'autant que tout ça devient une manie, vous êtes la deuxième à me chanter l'air de la nostalgie. Qu'on se le dise : Lola Jost fait à présent des puzzles chez elle. Du moins quand on lui en laisse le loisir. — Mais les puzzles, ça doit être terriblement... — Terriblement quoi ? Emmerdant ? — Euh, oui. Mais excusez-moi encore si je vise au centre. Maxime m'a dit qu'on pouvait vous parler, que vous étiez une femme bien. — Une femme bien. Voilà une expression fabriquée en série. Je préférerais Maxime m'a dit que vous étiez bien une femme. Alors là, d'accord. Je suis bien une femme. Ou du moins ce qu'il en reste après avoir donné de ma personne. J'ai donné et donné et donné et maintenant j'ai le droit de rester chez moi à puzzler ou à tailler les carottes en forme de roses, si ça me chante. Ou à faire des mots fléchés, tiens. Ça m'arrive quand j'en ai marre des puzzles. J'ai le droit. — Non. — comment ça, non ? — Si vous ne faites rien, on arrêtera un innocent et le salaud qui a tué Vanessa restera en liberté. C'est inacceptable.» (Dominique Sylvain, Passage du Désir, p. 56-57) Dites voir, y'aurait pas comme un peu plus qu'une coïncidence, là, entre Pautrel et Pagano ? Moi, je dis ça, je dis rien. en tout cas, ça nous change des cérémonies officielles sur fond de parachutistes et de blindés. Jamais mon pays ne m'a semblé aussi loin de moi. |
Mardi 15
juillet 2008. Ignorent encore tout de l'exercice. Après le train avec mon Passage du Désir, j'avais dépassé de quelques dizaines de pages la podotomie, si l'on me permet, quand je vois t'y pas, arrivé au bureau, un billet de Télérama qui dit : C'est l'été, on coupe les pieds (titre présent dans le fil RSS, d'ailleurs, mais invisible dans la page). Or c'est en référence au nouveau Fred Vargas, Un Lieu incertain. Je me demande dans quelle mesure la créatrice d'Adamsberg ne serait pas allée faire un stage chez Lola Jost... « Il décrivit le visage livide et intact de la victime, la strangulation forte et rapide, le coup de l'aspirateur, l'absence de connotation sexuelle. Et les pieds coupés sans doute au hachoir ; Barthélemy insista sur ces pieds coupés et volatilisés.» « Il y a du nouveau, patronne. — Vas-y, envoie l'info. — Vanessa Ringer gardait ses jouets et ses bouquins de gamine sur une étagère. J'ai fait remarquer à Grousset qu'une des poupées était trop récente pour dater de l'enfance de la victime. C'st une Bratz. Une marque qui fait un tabac. — Tu t'intéresses aux poupées, Barthélemy ? — Ma fille en a commandé une pour Noël. Et je l'ai déjà achetée pour éviter la cohue des magasins. Eh bien, patronne, sachez que les poupées ne sont plus ce qu'elles étaient. Elles sont branchées et sexy. Elles ressemblent désormais aux chanteuses de Star Academy ou aux filles du Loft. Maquillage, bijoux, nombrils à l'air, tenue olé-olé qui scintillent et pieds amovibles. — Tu as bien dit « amovibles » ? — J'ai bien dit « amovibles ». On ne change plus la chaussure, m'a expliqué la vendeuse. On change le pied équipé de la chaussure. Et les gamines ne trouvent même pas que ça fait prothèse. Drôle d'époque que la nôtre, patronne.» (Dominique Sylvain, Passage du Désir, p. 39 puis 64) Au cours de conversation, on utilise les ordinateurs pour finaliser les informations sur des restaurants de la ville, puis on passe à une véritable procédure d'élections : validation des candidatures, scrutin à bulletins secrets, dépouillement public de l'urne, etc. Et ça les intéresse beaucoup — à croire qu'ils ignorent encore tout de l'exercice de la démocratie. Et on a bien fini par élire le restaurant où on ira ensemble le 30. Enfin, après deux jours sans réponse, la page Netvibes a daigné afficher les sélections dans le module ! J'envoie une petite lettre aux Litoriens pour les avertir que les Flux Litor sont maintenant en phase normale. De retour à l'appartement, l'impression d'entrer dans un four, thermostat 200°C. Et encore 32°C à minuit dans la chambre, je laisse la climatisation dans la pièce à côté pour que ça rafraîchisse la chambre sans me filer la crève, parce qu'il y en a des rhumes d'été, ça oui. |
Mercredi 16 juillet 2008.
Rançon des
flux tendus. Réception de colis. J'en ai eu marre de courir les magasins de dévédés pour trouver des films français édités au Japon, avec les sous-titres qui vont bien pour mes étudiants. Films difficiles à trouver dans l'ordre phonétique des titres en japonais, tous pays étrangers mélangés, souvent très différents des titres en français, obligation donc de tirer toutes les boîtes l'une après l'autre, ou presque, pour voir la couverture. Films souvent absents des rayons moins de trois mois après leur sortie, comme pour les livres, rançon des flux tendus. Conclusion, j'ai récemment ouvert un compte Amazon Japon, pas plus tard que vendredi dernier, avec l'aide de David, puis passé trois commandes coup sur coup (vendredi, dimanche et lundi), la dernière contenant deux Simenon de Delannoy avec Gabin et un dictionnaire électronique (Seiko SR V5020, une bête de course) — après qu'une tasse de T. a malencontreusement noyé celui que j'ai depuis plus de trois ans... Bonne occasion pour un plus moderne, d'ailleurs beaucoup moins cher (moins de la moitié du prix initial). Dernier cours de lecture des 2e année, même tableau INSEE que la semaine dernière. Pour faire cette fois la comparaison des consommations de vins courants et A.O.C. des Français entre 1970 et 2006. Vins courants : de 95,6 litres par personne et par an, on passe à 24,8 ; A.O.C. : de 8 litres par personne et par an, ça passe à 23,6. Mais il faut aussi expliquer ce qu'est l'A.O.C. (ici en japonais), notion territoriale et juridique qui n'existe pas au Japon, où les labellisations sont plus souvent publicitaires qu'autre chose. Faut que je propose une A.O.C. Blog ou site littéRéticulaire... L'aurait, d'office : « en cherchant à voir derrière les apparences on prends encore le risque de croiser un regard 24/125/06 11:07 » (Philippe Rahmy, SMS de la cloison, 2008, p. 7, sur Publie.net) Pas de dîner dehors, copies à corriger et mise à jour de WordPress, version 2.6, pour le site des Mazarinades... La trouille que j'ai eue, au moment de cliquer sur le bouton upload !... Et puis ça a marché. Sauf qu'après tout les téléchargements par FTP, entré dans la nouvelle interface d'administration, je ne retrouvais plus les menus de gestion des apparences et des extensions. Après m'en être ouvert sur le forum ad hoc, une réponse m'a mis la puce à l'oreille : et si je n'étais pas connecté en tant quadministrateur... Eh ben, ouais, j'étais connecté en tant que T., qui n'a pas tous les droits. Comme quoi, même après plus de dix ans de gestion de site, on est encore capable d'erreurs de bleu ! |
Jeudi 17 juillet 2008. Carpes
& lapins des deux. Quatre ! Oui, vous lisez bien ! Il l'a fait ! Éric Chevillard a pondu quatre paragraphes, ce matin ! Était-ce un problème existentiel qui le taraudait depuis des mois ? Ou un coup de folie caniculaire ? À moins que l'action de la lune sur un un trop copieux quatre-quart ?... Nous ne le saurons peut-être jamais. Ça en dit long aussi sur notre habitude à la contrainte... Et comme un miracle n'arrive jamais seul, le film du soir, à la télévison japonaise, est un film thaïlandais. Certes, de boxe et d'acrobaties, mais tout de même thaïlandaises et saupoudrées de religion (sorti en France sous le titre Ong-Bak, en 2002). C'est l'histoire d'un gars de la campagne et des montagnes réunies, forcément pur, naïf et courageux (et non pas globuleux), qui arrive à Bangkok où dépravation et prostitution sont les mamelles de la pègre locale qu'il devra forcément affronter pour retrouver des statues sacrées. Si l'on a vu Bruce Lee il y a plus de trente ans, on sait déjà tout ça. Alors place aux coups de coude sur la tête ! On entend même craquer les occiputs ! Entre-temps, j'ai eu mes trois cours orientés révisions. Dont le séminaire de cinéma, consacré aux régles d'écriture des rapports et mémoires en français (ponctuation, citations, références, mise en page, etc.) — je ne le fais que quand les étudiants sont déjà engagés dans la rédaction afin qu'ils appliquent de suite ; autrefois je distribuais une feuille en début d'année mais ça ne servait à rien... Vu aussi le film Il ne faut jurer de rien (Éric Civanyan, 2005), reçu au dernier colis. Amusante fresque balzacienne, teintée de Musset sentimental et de Zola social. Pourrait illustrer gentiment, pour des étudiants intéressés par la formation de la société et des mentalités françaises, la montée de la bourgeoisie commerçante et industrielle dans les années 1830, la décadence d'une bonne partie de la noblesse, et des mariages carpes & lapins des deux castes entre elles. Et au détour d'un billet de François Bon, puisqu'on est, nous, dans un autre changement de paradigme, cette proposition étonnante de justesse : « [...] l'idée que l'arborescence d'un site d'auteur constitue son travail principal, dont les livres publiés sont un parmi d'autre des éléments...» |
Vendredi 18
juillet 2008. Le pire, ce sont les auteurs... « Personne ne peut se rendre innocemment à ces jeux, que l'on soit athlète, touriste ou chef d'Etat.» (Ariane Mnouchkine, dans Libération, ce 18 juillet 2008) Ariane est partie prenante dans la création et la diffusion de trois films destinés à arracher définitivement les paupières de ceux qui se les tiennent fermement fermées, ou qui font semblant. La piste, la piscine, et un couple sont diffusés sur YouTube, le dernier ayant un effet dramatique particulièrement saisissant. Mais c'est le second qui est, je pense, le plus puissant car on y voit l'athlète, figure centrale et symbolique des Jeux et, comme accessoirement, être humain. (J'ai même réussi à les intégrer dans les "Ondes" des Flux Litor et dans les recommandations.) Quant à la question de savoir si le module Activities (recommandations) est récupérable en texte pour envoi par courrier aux Litoriens, voici la réponse reçue, nette et claire : « Cher Netviber, Toute l'équipe de Netvibes vous remercie pour la confiance que vous lui accordez chaque jour. Je ne connais malheureusement pas de moyen de récupérer le contenu du widget Activities afin de pouvoir l'intégrer dans un mail. Pour tout autre problème, message ou suggestion, n'hésitez pas à nous contacter, nous vous répondrons dans les meilleurs délais. Cordialement, Audrey.» Depuis quelques semaines, nombreuses interruptions des flux web de France Info et France Culture, parfois impossibilité d'ouvrir l'une ou l'autre avec Firefox. C'est devenu presque plus difficile d'écouter la radio que de regarder la télé par le web. Un comble ! Mais on peut essayer de comprendre : le nombre de personnes écoutant ces radios par le web ayant sans doute explosé en quelques années, les radios (notamment de service public) n'ont pas les moyens de se payer une bande passante assez large. Du coup, j'ai essayé diverses parades, comme n'ouvrir France Info qu'avec Real Player dont le résultat était meilleur, ou... ne plus écouter France Culture en direct. Ce matin, après quelques recherches de plugins ou de logiciels diffusant des listes de radios, j'ai essayé un module Yahoo, totalement inefficace malgré un très beau design, puis une Radio France Toolbar qui elle marche bien dans Internet Explorer. Sauf que France Info et Culture ne sont pas dans la liste. En ouvrant la recherche, six adresses de France Info apparaissent. Je les ai toutes essayées, seule celle-ci fonctionne, et très bien. Et pour France Culture, cette adresse marche très bien en favori de Real Player (mais pas dans la barre citée ci-dessus). Sport le matin, sous la pluie d'été. L'enquête policière me fait pédaler et transpirer à grosses gouttes. Puis déjeuner avec David. Mais après, je ne me prépare pas à rentrer à Tokyo. Il faut faire passer des oraux blancs à quatre étudiantes, à 17 heures, puis préparer mon document de travail pour dimanche... « Mutilation peut signifier disqualification. Dans la tradition celte, un roi s'est vu privé de son trône parce qu'il avait perdu un bras dans une bataille. — Le tueur aurait souhaité faire descendre Vanessa de son piedestal... — Ce n'est qu'une interprétation et, en tant que telle, sans aucune valeur scientifique. Et puis il y en a tant d'autres. — Je vous écoute avec grand intérêt. — Au lieu de penser mutilation, on peut penser pied. — Pas mal, continuez... — Freud et Jung sont d'accord pour trouver au pied une signification phallique. Il est l'objet d'une fixation érotique pour certains fétichistes. — Et couper les pieds d'une femme équivaudrait à supprimer l'attraction sexuelle qu'elle exerce ? — Pourquoi pas ? Mais on peut retourner la thèse comme un gant, quitter le domaine sexuel pour s'envoler vers le spirituel. — Eh bien, envolons-nous, Antoine. — Les anges, Lola. — Les anges, Antoine ? — Mercure, messager des dieux, est l'ancêtre de l'ange. Ses ailes aux pieds symbolisent sa facilité à s'élever vers le divin. Et puis, il y a l'empreinte. Dans de nombreuses cultures, elle est la trace du divin dans le monde humain. Bouddha mesure l'univers en faisant sept pas dans chacune des directions de l'espace, on évoque les traces du Christ sur le mont des Oliviers et celle de Mahomet à La Mecque.» (Dominique Sylvain, Passage du Désir, p. 124) Ah, oui, c'est exactement ça, étagères, ordres et contrordres du désordre !... Chaque fois que j'essaie de ranger ma bibliothèque, les mêmes problèmes reviennent. Le pire, ce sont les auteurs qui ont publié chez plusieurs éditeurs : il faut choisir entre les alignements par collection ou la cohérence auctoriale. Or c'est un choix à jamais indécidable, idiot. Commentaires1. Le vendredi 18 juillet 2008 à 21:55, par brigetoun : moi le pire c'est que je m'assied par terre en ouvrant un livre, que le temps passe et que je dois le remettre où je l'ai pris avant d'aller vaquer 2. Le vendredi 18 juillet 2008 à 22:42, par Philippe De Jonckheere : Berlol,
évidemment des conseils pour ranger venant de moi cela ferait sourire,
en revanche je ne sais pas si tu connais ce texte assez éclairant de
Perec sur les différentes façons de ranger ses livres, tu y trouveras
peut-être un bon conseil, mais du plaisir à la lecture, c'est certain: www.desordre.net/textes/b... 3. Le samedi 19 juillet 2008 à 13:27, par alain : Par hauteur. 4. Le samedi 19 juillet 2008 à 19:28, par Berlol : Pas plus lâche qu'autre chose, et ça satisfait l'œil, au moins de loin. 5. Le dimanche 20 juillet 2008 à 09:06, par gilda : Merci Philippe pour le Perec. |
Samedi 19
juillet 2008. Mines d'or pour nos méninges. Farcie ! Quand je me suis couché, vers 1 heure du matin, j'avais la tête farcie de liens et de documents français, francophones, japonais, de la cuisine, du cinéma, des cartes géographiques, etc. Depuis deux jours, j'ai parcouru des centaines de sites, vidé plusieurs théières en chipotant des paquets de gâteaux au fromage ou au chocolat — et on sait que c'est pas bon, mais on le fait quand même, dans ces moments-là. Et tout ça (sauf pause dans l'après-midi pour (re)voir, avec plaisir quoiqu'un peu choisi au hasard dans l'état où j'erre, Embrassez qui vous voudrez) pour une trentaine de lycéens, maximum, qui viendront assister à ma séance de présentation de la France par l'internet demain. J'ai bien l'intention de réutiliser ça à d'autres occasions. Chaque lien a été visité, pesé ou visionné pour savoir qu'en dire et quelle image il peut produire dans notre contexte. Et il n'en fallait pas trop, non plus : pas trop de pédagogique, et pas trop de commercial non plus. Beaucoup d'images et de sons, mais cadrés pour éviter l'effet de noyade ou d'abrutissement. Chemin faisant, j'ai moi aussi découvert pas mal de choses — parce que je ne ferai pas ça tous les jours, comme disait une célèbre femme de ménage... Par exemple, connaissiez-vous le site Europa Film Treasures ? Et FranceChef.tv, avec des recettes en vidéo ? Et France-jp.net, avec des interviews sous-titrées en japonais et des cadres de vocabulaire ? Des mines d'or pour nos méninges — enfin, pour celles de nos étudiants de 3e et 4e année, par exemple. Alors... 塵も積もれば山となる !... qui fait suite, judicieusement, à : L'homme n'est que poussière, c'est dire l'importance du plumeau, du cher Vialatte. Oui, c'est dire. Et c'est dire, qu'il faut. Commentaires1. Le dimanche 20 juillet 2008 à 03:14, par F : On
l'aura en vidéo, "la France par l'Internet" ? Je veux t'entendre sur le
Tour de France, le camembert, et sur les hommes célèbres que tu as
choisis! 2. Le dimanche 20 juillet 2008 à 04:47, par Berlol : Bien sûr, on n'aura rien en vidéo ! Trop cher ! (Je suis trop cher...) Et l'intérêt d'un tel document, selon moi, c'est justement qu'il n'y a pas de "cours"... J'y reviendrai. Bon dimanche à toi aussi ; il t'en reste 7 heures de plus qu'à moi ! 3. Le dimanche 20 juillet 2008 à 06:33, par christine : ton tour de france par l'internet à l'usage des japonais est délicieusement kitsch (tu as oublié montmartre et Amélie Poulain) mais manque un peu de littérature ! 4. Le dimanche 20 juillet 2008 à 06:48, par un Roubaisien : Monsieur, 5. Le dimanche 20 juillet 2008 à 07:35, par Berlol : J'imaginais bien que ma subjectivité ferait des vagues. Mais c'est presque plus d'un filet de pêche que d'un tour de France dont j'avais besoin... Quant aux Bêtises (j'avais pensé à y mettre les calissons, plus à mon goût), Monsieur l'honorable Roubaisien, veuillez m'en expédier gracieusement quelques caisses afin que j'en vante l'excellence incontestable par les moyens non virtuels de la dégustation. Je suis par ailleurs au regret de vous dire que pour des lycéens qui ne connaissent pas un mot de français, votre page est, hélas, inexploitable... 6. Le dimanche 20 juillet 2008 à 07:43, par brigetoun : et qui vous dit qu'il ne passait pas par Roubaix, le tour ? Là on peut rêver de ce qu'il est |
Dimanche 20 juillet 2008. La
trompette de Françoise déchire. Évidemment, ça m'a repris dès le réveil : ajouter des liens, rééquilibrer les parties, vérifier les termes en japonais, dans un style assez léger, sympa. À dix heures, c'est prêt. Au bureau, après avoir traversé le quartier chauffé à blanc (on annonce 37°C aujourd'hui), je peux charger le tout sur la page web de notre département, faire un lien dans icelle pour y mener, revérifier tous les liens en contexte. À midi, je vais faire un tour dans le gymnase où sont installés les stands de réception de tous nos départements universitaires et où les familles viennent discuter avec profs et étudiants volontaires pour savoir où inscrire leurs enfants, si réussite au concours d'entrée, évidemment. Bonheur ! la salle informatique qu'on m'a allouée fonctionne parfaitement. Une vingtaine de participants s'y installent avant 14 heures. Cinq minutes d'explications techniques, traduites par un collègue, pour arriver à la page et comprendre ses grandes sections, et puis roulez ! (Cliquez ! serait mieux adapté). Pendant une heure, mes acolytes et moi passons d'un poste à l'autre pour commenter les choix et avoir un contact individuel. De temps en temps, la trompette de Françoise déchire l'air serein de Rochefort (lien Deneuve à 24 ans) — deux cœurs quatre prunelles à embarquer allegretto. Pour Catherine à la trompette, c'est par ici, en contrebande, et que du bonheur. Récompense, oui, quand sonne la fin de l'heure, et que fusent les réactions surprises, ponctuées de 早い !! (hayaï !!) — déjà !! Les avoir fixés. Savoir que certains vont s'y reconnecter ce soir avec les parents. C'est qu'avec cette génération née dans les consoles de jeux, le clic est intuitif, rapide, sans réflexion — et l'ennui peut surgir dès la dixième minutes... Mais pas de triomphalisme, j'ai fait mon boulot. Je retourne au gymnase une autre heure discuter avec collègues et étudiants. Puis dîner avec Andreas qui n'a rien prévu pour ce soir. Soirée rétro* musicale selon les liens contextuels tout en parcourant les Flux Litor pour revenir à l'essentiel — et autre forme de récompense. * La concentration des musiciens autour de Christophe est vraiment remarquable. |
Lundi 21 juillet 2008. Bonneteau
géant. Une pression en moins, celle d'hier, mais encore tant à faire... Matinée débarras : seule solution pour gagner de la place, il faut jeter. Des piles de documents, à regarder un par un, pour en jeter quatre sur cinq. Et tout ce que ça remue à l'intérieur : cette carte d'une passementerie de Florence en 1996, ces notes sur un guide de Hakone en 1998. ne pas tout jeter, quand même. Des piles de disquettes aussi, vérifier chacune, transférer si besoin, effacer, reformater et jeter dans une vraie poubelle. Et du linge, des vieux vêtements, pendant qu'on y est. Au bureau, c'est la même chose : libérer quelques étagères en réorganisant et jetant (et vu ce qu'on reçoit comme paperasse administrative, il y a de quoi faire). Réception d'un colis Amazon Japon. J'ai mon quota de films pour l'année ! Sauf pour le semestre d'automne, consacré à la Révolution française — La Marseillaise, L'Anglaise et le Duc, m'en faudrait encore un ou deux... J'ai tout préparé pour aller au sport à 18h30. Quand j'y arrive, tout content, mon petit sac de matos à la main, je tends ma carte à la jeune fille de l'accueil... Et elle me dit que... ça ferme à 19 heures parce que c'est férié ! Et voilà, perdu ! Comme il y avait des cours à la fac, je ne m'en suis pas aperçu. Du coup, je vais faire une heure de vélo dans les collines alentour jusqu'à la tombée de la nuit. Fait suer. Des infos françaises, l'impression d'assister à un tour de bonneteau géant. Tous le monde sur la plage, ou sur les routes, regardant le congrès à Versailles comme s'il s'agissait d'un joyeux cirque, d'une sémillante parade. Allez, musique, coups de cymbales de l'Élysée, cartes cachées posées à toute allure depuis des semaines, tout le monde est bluffé (me rappelle le sketch sur les gnous de Marc Jolivet). On retourne la carte gagnante, une seule, et c'est... Lang ! Qui fait gagner le gouvernement ! Eh oui, vous avez, nous avons encore perdu. Commentaires1. Le lundi 21 juillet 2008 à 22:49, par brigetoun : et
les journalistes se fiant aux intentions affichées et non autexte et
parlant d'un accroissement du parlement alors que pour lui c'est
presque le satu quo, mais que le président devient le vrai chef du
gouvernement, pas seulement dans la pratique actuelle 2. Le mardi 22 juillet 2008 à 04:53, par christine : des idées de films : 3. Le mardi 22 juillet 2008 à 06:35, par ms : L'Anglaise et le Duc, c'est bien (il pourrait y avoir aussi le Danton de Wajda, mais c'est moitié polonais, et La nuit de Varennes de Scola, mais c'est moitié italien) 4. Le mardi 22 juillet 2008 à 06:41, par Manu : Nous aussi, avons beaucoup rangé, en ce jour férié. 5. Le mardi 22 juillet 2008 à 09:00, par eric : L'Anglaise et le Duc, c'est vraiment pas bon, à
mon goût! Je vais être un peu brutal, c'est un film de
réac gâteux. 6. Le mardi 22 juillet 2008 à 10:36, par pat : Attention
aux informations venant de France pour les français. Je souspsonne de
l'intox pour rassurer ceux qui regardent la télévision. Je n'ai pas le
sentiment que les gens se soient déplacés en masse pour faire partie
des juiletistes. Les touristes, pas plus. Les villes touristiques au
possible telles que Ribeauvillé, Gérarmer, constatent 50% de
fréquentation en moins pour la première quinzaine. Ne pas être dupes
voilà ce qui nous attends. Plus le mensonge est gros et mieux ce sera
digéré. Pensez que dans 15 jours à 3 semaines nos gouvernants seront en
vacances. Alors ils ne vont pas prendre le risque de nous provoquer
avec une réalité déconcertante. Bling bling et blong blong sont dans la
jet 7 ou dans le jet 7 alors que nous, nous sommes dans le jet d'eau
s'ils ne coupent pas pour économie d'écologie. Gardons le sourire ce
n'est qu'un mauvais moment à passer. Bonne nuit et rediger vos rêves
avant de vous endormir. 7. Le mardi 22 juillet 2008 à 16:15, par Berlol : Oui, je n'aime pas bien l'Anglaise et le Duc,
moi non plus. Mais je vais le montrer quand même, pour cette raison,
précisément, qu'il faut essayer de voir ce qu'est un discours
réactionnaire planqué dans une oeuvre "originale". Pour les autres,
merci des conseils, vous pouvez continuer. Mais il faut que je puisse
avoir la version avec sous-titres... Et ça, c'est beaucoup moins
facile. Les Mariés de l'An II, c'est une très bonne idée ! 8. Le mardi 22 juillet 2008 à 22:06, par ms : bien sûr que le propos de Rohmer sur la révolution est réac, mais n'empêche qu'esthétiquement c'est un très beau film, très original : suffit d'expliquer les choses à ceux qui vont le voir 9. Le mardi 22 juillet 2008 à 23:46, par Berlol : Exactement ce que je compte faire, en effet ! 10. Le mercredi 23 juillet 2008 à 00:11, par eric : Je
trouve que l'esthétique du film est plus réac encore que son propos; ou
plus exactement que cette esthétique anémiée est très efficacement au
service de la substance réactionnaire du propos. 11. Le mercredi 23 juillet 2008 à 02:38, par christine : il y a aussi Lady Oscar, qui n'est pas le meilleur Demy, loin s'en faut, mais qui est un film japonais (!) (adapté d'un manga) : je ne me souviens même plus si la vo est française, ceci dit ... 12. Le mercredi 23 juillet 2008 à 03:11, par Berlol : Merci, idée intéressante. La VO est en anglais mais c'est quand même une "vision" de la Révolution. Je viens de passer commande d'un exemplaire d'occasion... 13. Le mercredi 23 juillet 2008 à 03:26, par ms : et si un peu en amont il y avait le très chouette "Marie-Antoinette" de Sofia Coppola, encore que je trouve sa partie révolutionnaire de loin la plus faible (ou "Jefferson in Paris" de Ivory ?). Et carrément très en amont, c'est "La prise du pouvoir par Louis XIV" de Rossellini qu'il faudrait... |
Mardi 22 juillet 2008. Dans ce
sac opaque. De la chaîne hi-fi achetée en 1993 ou 1994, j'aurai intégralement suivi la dégénérescence jusqu'à ce matin. Depuis plusieurs années, le lecteur de cinq CD ne fonctionne plus. J'ai retiré le module. Puis ce fut le tour du double lecteur de cassettes qui s'était mis à systématiquement extraire les bandes. Mais on n'utilise plus de cassettes, tant mieux. Restait l'essentiel, en quelque sorte, l'ampli et les sorties auxiliaires. Pour ce qui est des radios on n'en parle même pas, le Japon n'ayant jamais eu beaucoup de stations sur sa bande FM. J'avais donc branché un lecteur de CD portable, acheté lui aussi dans les années 90. Il y a quelques semaines, des sautes de volume sonore laissaient présager le pire pour l'ampli. Mais c'est finalement le lecteur externe de CD qui aura rendu l'âme le premier. Bien sûr, il ne dit pas pourquoi, mais sans doute à cause de la chaleur. Tout ça va donc dégager dans la grande poubelle de cet été, chaîne hi-fi, hauts-parleurs (j'en ai trois paires, de très moyenne qualité), meuble haut de 1,20m avec porte vitrée et fond percé pour les fils. C'est d'une autre époque. N'ayant pas le temps de me déplacer, j'ai commandé en ligne le Marantz visé depuis plus d'un an (CR101, apparemment pas en Europe, me permettra d'écouter le disque de Scarlett Johansson, reçu au dernier colis). C'est du gain d'espace. La concentration sur les besoins principaux, miniaturisés. Cependant, on ne peut pas aller trop loin dans la philosophie à la Barthes — comme on dit à la papa... — sur les objets du quotidien. Quand Camille de Toledo affirme que, dans l'aspirateur sans sac, Dyson, par exemple, la poussière est détruite parce qu'on s'est débarrassé de la fonction auxiliaire et encombrante « sac », c'est n'importe quoi. Il n'y a pas de sac, c'est tout. Mais il faut tout de même vider soi-même le ou les compartiment(s) collecteur(s) et brosser. Moi qui fais ça dans deux appartements, avec deux aspirateurs sans sac différents, je peux dire qu'au contraire, c'est à une sur-visibilité de la poussière qu'on assiste. Quand il y avait un sac, finalement, on peut dire que la poussière y disparaissait, elle était dans ce sac opaque mais on ne savait pas de quoi elle était faite ni la quantité de chaque fois, et on jetait le tout quand c'était plein, évitant le contact visuel et manuel avec la matière. Sans sac, on voit très bien les différentes catégories qui constituent ce qu'il est convenu d'appeler la poussière (fibres de tissu, cheveux et poils, débris minuscules, miettes, etc.) et on apprécie la quantité chaque fois différente — la différence hiver été, notamment. Je crois qu'il aurait fallu s'en servir et bien y réfléchir avant d'en faire une Mythographie — une des séries d'été de France Culture, dont on peut tout de même attendre de bonnes choses ; tout à l'heure, le botox... Je découvre Boris Pahor et la question grammaticale et littéraire du duel en slovène. Tel qu'expliqué par Dominique Dussidour, ne dirait-on pas du Volodine ? Pardon d'en voir partout, mais alors qu'il était de bonne aloi de voir chez Volodine quelque chose comme de la science-fiction, de l'utopie voire du fantastique, je n'y trouve pour ma part chaque jour que plus clairement la réalité crue de notre pauvre monde malade. Deux derniers cours (les deux derniers) dans la chaleur estivale — et puis m'en vais. Rejoindre T. En train. Avec mon Dominique Sylvain, début du troisième tiers. Sur TV5 Monde, le Septième Juré (Lautner, 1962), film vu il y a très longtemps et dont, à le revoir, je découvre la magnifique réussite de l'aspect sartrien, du Sartre introspectif et chirurgical de la Nausée, de cet existentialisme asocial et nihiliste qui rend si bien avec le noir et blanc et la voix off de Bernard Blier. Non sans humour. Commentaires1. Le mercredi 23 juillet 2008 à 13:56, par brigetoun : j'en
reste à l'aspirateur, au plaisir justement de voir la poussière, les
feuilles etc... et de constater que l'on agit vraiment, et puis pour
les maladroites le soulagement de ne plus se battre pour fixer le sac. 2. Le mercredi 23 juillet 2008 à 14:00, par brigetoun : ceci
dit j'attends toujours avec une petite impatience les programmes d'été
de France Culture, souvent pleins de pépites et à cause du plaisir du
coté feuilletonesque. |
Mercredi 23 juillet 2008. Le zen
à la mode reptile. Netvibes m'énerve. Ça marche quand ça veut, ce bazar. Les Flux Litor, ils sont bien là, certes. Mais le module de recommandations, lui, il est marqué « Flux vide » depuis hier. Et sans doute mêmement chez tous ceux qui l'ont copié dans leur page. Alors que la page web des activities, elle, est bien accessible, et correctement mise à jour des derniers items. Netvibes ne rime pas tous les jours avec good vibes... Aux Belles Captives littéraires, enregistrement de conférences sur Le Clézio. Un auteur auquel je n'ai jamais réussi à m'intéresser, malgré plusieurs essais et l'achat d'une bonne partie de ses livres — j'étais supposé l'apprécier ; que s'est-il passé ? Déjeuner au Saint-Martin. Comme pour fêter mon retour, il y a un excellent pâté en croûte ! Malgré la chaleur, T. m'emmène ensuite à cinq minutes de là, entre l'avenue Sotobori et le centre commercial Ramla, où, en contrebas, dans l'espace carré d'un déversoir entre deux canaux, une colonie de tortues s'est développée. La furie de la mégapole, des milliers et des milliers de passants chaque jour, sur le trottoir, et juste là, en bas, à cinq mètres, protégée par un petit rideau de végétation, la tranquillité totale des chéloniens qui se mouillent, se bronzent, se mouillent, se bronzent, sans fin, en se déplaçant peinards d'où coulent des filets d'eau verdâtre, un poil vaseuse, juste comme ils l'aiment, à des pierres sèches et ensoleillées où ils durcissent leur carapace. Doivent se nourrir et copuler aussi, de temps en temps. Et comme nous nous sommes arrêtés pour admirer le zen à la mode reptile, quelques personnes ralentissent, jettent un œil ou s'arrêtent et se penchent deux secondes — sans doute pas assez pour que leurs yeux discernent les carapaces ocelées — repartent en nous adressant un regard qui nous toise, reproche muet pour ces deux secondes perdues dans leur emploi du temps tellement important. Bien sûr, il doit exister une société secrète de celles et ceux qui connaissent l'existence de ces tortues, dont nous faisons partie maintenant sans connaître les autres membres ni le programme... Une communauté de pensée nous unira désormais, de temps en temps, vers ces êtres vivants qui ne connaissent ni la globalisation, ni Sarkozy, ni la spéculation sur le pétrole, ni... Commentaires1. Le jeudi 24 juillet 2008 à 02:46, par christine : "flux vide", je confirme ! 2. Le jeudi 24 juillet 2008 à 06:42, par brigetoun : il'est
aussi mis à l'anglais (assez basique pour moi) et n'affiche pas tous
les nouveaux billets, je viens d'être rappelée à l'ordre. 3. Le jeudi 24 juillet 2008 à 07:27, par Berlol : Oui,
Christine, j'ai vu aussi cette annonce de travaux avec une petite croix
sur fond vert orientée vers une plus grosse croix sur plus grand fond
vert. Après ça, on pouvait penser que ça irait mieux... 4. Le jeudi 24 juillet 2008 à 23:32, par patapon : Moi, je me demande justement si cela n'arrangerait pas Sarko qu'on devienne tous un peu tortues ... |
Jeudi 24 juillet 2008.
Après ça, Guevara, on verra. Important rendez-vous, ce matin, à Kokubunji (loin, vers l'ouest). Partons à 9 heures. Avant de prendre le JR, consacrons une minute aux tortues qui nagent — il y a eu un lâcher d'eau. La chaleur est torride et je suis en costume avec cravate. T. en T-shirt, pas gênée. Nous allons voir une équipe qui numérise des microfilms pour ses recherches, et c'est moi qui suis un peu responsable du projet technique. Ai vérifié que le format d'image tiff est récupérable par Omnipage, par exemple. Mais, pour rangement dans l'index et la base de données, comment nommer les gravures, les pièces manuscrites ? Pour les pages à l'unité, ne vaut-il pas mieux cadrer serré afin d'éviter le bruit à l'OCR ? Ce genre de questions... Déjeuner chinois avec une jeune employée de cette entreprise ; elle a fait un peu de français à la fac. Mais personne de ce bureau ne se rend compte de l'aspect souvent trivial, graveleux, voire pornographique ou insultant des ouvrages qu'ils numérisent pour nous... Le soir, Gothika (Kassovitz, 2003) que T. a emprunté à la fac. La critique est assez mauvaise, en général, mais, passée la première demi-heure qui nous fait craindre le pire, nous nous rendons compte que Kassovitz veut en fait jouer sur les codes du genre (morts-vivant, possessions) pour montrer de quelles réalités sociales, elles aussi triviales, ces apparitions effrayantes et sanguinolentes sont les métaphores. Après avoir été en contact avec une malade, déclarée aliénée mentale après traumatismes indéfinissables, une psychiatre semble possédée par les âmes d'une chaîne de jeunes femmes traumatisées, à moins que ce soit son subconscient qui se mette à la faire agir radicalement contre le mal bien plus vite identifié que par son raisonnement logique et scientifique. Ce qui n'est pas sans lui poser quelques problèmes de statut... Mais, puisque c'est un film à l'américaine, on peut tout de même attendre la fin heureuse de l'enquête et l'éradication du mal. Côté Netvibes, pas beaucoup de changement. Par ailleurs, le plugin de statistiques installé sous Dotclear pour le JLR ne fonctionne plus depuis trois jours. Ai eu beau le désactiver, réinstaller et activer de nouveau, rien, calme plat. Je me demande si je ne devrais pas transférer sous WordPress dont les plugins sont accessibles en écriture (au moins pour un semi profane comme moi). Mais pas le temps de me consacrer à ça. Le botox et le GPS n'ont pas été des mythophonies transcendantales... Le site affiche mythographies mais Camille de Toledo répète à chaque fois le mot mythophonie. La terminologie métatextuelle serait-elle plus problématique que le fond des objets étudiés ?... Après ça, Guevara, on verra. Cependant, je note, pour complimenter et encourager Camille, que réfléchir et faire réfléchir, quitte à dire quelques incongruités de temps en temps, est tout de même un bien grand mérite, bien plus grand, par les temps qui courent, que d'apporter des vérités indiscutables, ce qui serait plutôt le rayon de Michel Onfray avec ses maintenant rituelles conférences d'histoire de la philosophie... Pour le domaine qui m'est le plus cher, Pour la littérature, consacré aux œuvres dites cultes, a déjà un bon catalogue (j'ai enregistré et à moitié écouté les deux premières). Ce sera assurément une belle série. * *
* « Rétrolecture 1957 » : Mythologies, de Roland Barthes « Quand il publie Mythologies, Roland Barthes (1915-1980) est un homme de 42 ans, inconnu ou presque, vivant avec sa mère. Dix années de tuberculose l'ont tenu à l'écart de la voie royale (Normale-Sup, agrégation, université) à laquelle il pouvait prétendre. Il a traversé la guerre en sanatorium, passé cahin-caha une licence de littérature, échafaudé un projet de thèse sur Michelet, rodé son intelligence et ses curiosités éclectiques à Bucarest puis à Alexandrie dans les services culturels des ambassades de France. A son retour à Paris, Maurice Nadeau, un ami, lui donne carte blanche pour écrire dans Combat : ce sera un premier article, "Le degré zéro de l'écriture", matrice du petit livre du même nom, fondateur avant de devenir culte, publié en 1953. Nadeau, encore lui, propose alors à Barthes de tenir une sorte de chronique de l'époque dans Les Lettres nouvelles, qu'il vient de créer. Ces "Petites mythologies du mois", prolongées d'un texte de mise en forme théorique ("Le mythe, aujourd'hui") et publiées au Seuil en 1957, vont installer sa notoriété et en faire une des figures les plus fécondes de la vie intellectuelle des années 1960-1970. Il est vrai que le regard, le style de Barthes ne passent pas inaperçus dans cette IVe République finissante, à la fois positive et frileuse, où poujadisme et communisme constituent les deux postulations majeures de la vie politique. "Je souffrais de voir à tout moment confondre dans le récit de notre actualité Nature et Histoire, et je voulais ressaisir dans l'exposition décorative de ce-qui-va-de-soi l'abus idéologique qui, à mon sens, s'y trouve caché", écrit-il en avant-propos, avant de conclure, comme un manifeste : "Je réclame de vivre pleinement la contradiction de mon temps, qui peut faire d'un sarcasme la condition de la vérité." Le sarcasme est d'autant plus corrosif qu'il se veut coup de scalpel, capable de désosser les fausses évidences, de décortiquer signifiant et signifié, connotations et métalangage — ces outils de la sémiologie empruntés à Saussure et Hjelmslev — qui font du mythe un langage derrière lequel il entend débusquer mensonges et mystifications. En outre, le sarcasme est une arme de critique sociale contre la pensée "petite-bourgeoise" d'autant plus efficace qu'il s'applique non pas aux grands enjeux du moment, lutte des classes et sens de l'histoire, mais à la déconstruction de la société de consommation naissante et de ses signes extérieurs de modernité : de la photo à la publicité, de l'automobile au sport, du cinéma aux célébrités qu'on n'appelle pas encore les "people". Sur la cinquantaine de fragments de cette réalité rassemblés dans Mythologies, qui n'a en mémoire cette insolente "iconographie de l'abbé Pierre", dont la tête présente "tous les signes de l'apostolat : le regard bon, la coupe franciscaine, la barbe missionnaire, tout cela complété par la canadienne du prêtre-ouvrier et la canne du pèlerin", mais dont Barthes se demande si elle n'est pas "l'alibi dont une bonne partie de la nation s'autorise, une fois de plus, pour substituer impunément les signes de la charité à la réalité de la justice" ? Qui ne se souvient du texte brillantissime sur la nouvelle Citroën, la DS 19, cette "déesse dont il se peut qu'elle marque un changement dans la mythologie automobile", amorce d'une "nouvelle phénoménologie de l'ajustement", glissant silencieusement du "bestiaire de la puissance" à une conception "plus ménagère" de l'automobile, "mieux accordée à cette sublimation de l'ustensilité que l'on retrouve dans nos arts ménagers contemporains" ? Il faudrait encore citer, c'est de saison, l'épopée du Tour de France déjà gangrené par le "dopage, aussi sacrilège que de vouloir imiter Dieu", la lecture caustique des magazines populaires (Elle ou Paris Match notamment), de leur courrier du coeur ou de leur horoscope, "pur miroir" destiné à exorciser le réel "sans aller jusqu'à le démystifier". Ou encore les décryptages des publicités de l'époque — de la "blancheur Persil"à l'effet Omo en passant par les vertus retorses de la margarine Astra — qui lui vaudront d'être sollicité par la direction de Publicis pour des séminaires de décodage de ses campagnes. Sans doute les Mythologies firent-elles rapidement l'objet des attaques des théoriciens patentés de la linguistique structurale. Par exemple Georges Mounin, en 1970 : "On prend Barthes pour un théoricien alors qu'il n'est qu'un essayiste ; il ne fait pas de la sémiologie, mais de la psychanalyse sociale." De même la relecture fait-elle parfois sourire : derrière l'analyste acéré s'impose bien souvent un idéologue un peu pataud, toujours prompt à dénoncer l'"Ordre bourgeois" ou le "fascisme" qui toujours menace. Air du temps... Il n'empêche, de gauche sans être encarté, engagé sans être militant — à cet égard fort précurseur —, Barthes dynamite d'autant mieux les conformismes et les aliénations qu'il le fait "d'une écriture à la fois géométrique et pleine d'humour", comme le soulignait Jean Lacroix dans ces colonnes (Le Monde daté 5-6 mai 1957). Cette effervescence contrôlée de l'écriture, ce goût de la formule, cette gourmandise du mot et de l'image, bref "le plaisir du texte", auront plus fait pour la pérennité des Mythologies que l'appareil théorique de la sémiologie. Car Barthes, contrairement à Sartre ou à Lacan, n'est pas un maître à penser, un constructeur de systèmes. Il est davantage une conscience critique, un explorateur du réel, un expérimentateur des instruments nouveaux que la linguistique, le structuralisme ou la psychanalyse fournissent alors à l'intelligence de la société contemporaine. Doublé d'un vulgarisateur charismatique, comme en témoignera l'engouement que suscitèrent son séminaire de l'Ecole pratique des hautes études (où Braudel l'appelle en 1960), puis son cours au Collège de France, où il est élu en 1976 à la chaire de sémiologie littéraire créée pour lui. Ce nomadisme plus intuitif que raisonneur aura bien mieux résisté à l'usure du temps que les dogmatismes péremptoires.» Par Gérard Courtois, dans Le Monde du 24/07/2008. Commentaires1. Le jeudi 24 juillet 2008 à 21:27, par brigetoun : je supporte mieux Onfray par écrit, la suffisance est moins manifeste. |
Vendredi 25 juillet 2008. Un saut
de puce — cuite. Dans la chaleur, courage pris à deux mains, nous nous rendons à Shinagawa, tout au Sud de la ligne Yamanote, pour essayer tous les sièges de bureau au Showroom de Kokuyo. Si l'œil joue un rôle certes non négligeable — et dieu sait que le design coûte cher ! — le choix d'un fauteuil est plus du ressort de la fesse et du dos. Pendant plus d'une heure, on essaye tout. On commandera plus tard, en ligne, sur un site où c'est moins cher... En métro, un saut de puce — cuite — et nous sommes à Aoyama, chez Bisley, pour commander une table de bureau de 175×70cm (sur mesure). Ça aussi, préparé de longue date. Enregistrement de Pour la littérature sur La Maison des feuilles de Danielewski, où l'on retrouve Claro [voir fin commentaire chez Dernière Marge]. J'oubliais : pour ceux qui n'ont pas eu l'heur d'entendre Alain Robbe-Grillet en 2003 (je le rappelais le 12) ni d'écouter le CD livré avec le livre Préface à une vie d'écrivain, ça repasse en série d'été. Un régal ! (Même avec d'éventuels désaccords.) Ressortons vers 20h30 pour aller à la fête du temple, à Akasaka. Plusieurs centaines de personnes, principalement du quartier, en yukata d'été, dansant sous les lampions autour d'une tourelle de fortune [vidéo]. Puis le tirage au sort des cadeaux annuels. À la fin, la bière est gratuite... Juste à côté de l'entrée du temple, un restaurant-brasserie Stella Artois s'est installé. J'ai repéré de loin un intérieur qui ressemblait étonnemment à ce que j'avais connu à Bruxelles quand j'étais allé rendre visite à Jean-Philippe Toussaint. Les surprises continuent. T., qui y est déjà venue, me guide dans le nouveau complexe Akasaka-Sakas. Y repérons une crêperie Breizh, un restaurant portugais, d'autres endroits d'apparence sympathique. Et partout des terrasses, du monde, pas mal d'étrangers, mais pas de cette dense foule jeune qui forme maintenant le quotidien de Shibuya (où l'on va de moins en moins — et pas seulement parce qu'on vieillit). Commentaires1. Le samedi 26 juillet 2008 à 03:45, par brigetoun : Robbe-Grillet des agacements certes, mais rien que la voix ! 2. Le samedi 26 juillet 2008 à 17:17, par Manu : Akasaka-Sakas, c'est là où je travaille (dans la Biz Tower) ! 3. Le samedi 26 juillet 2008 à 17:35, par Berlol : Ah oui ! tu avais dû me parler de la Biz Tower mais tant que je ne l'avais pas située, je ne me figurais pas bien où tu étais... Je ne te propose rien ce mois-ci parce qu'on est dans les tris et les cartons... On verra à la reprise, en septembre. Et ces carottes ? z'étaient bonnes ? 4. Le dimanche 27 juillet 2008 à 04:11, par Manu : Les carottes, sais pas encore, mais les courgettes, la salade et la confiture de rhubarbe étaient/sont excellents !En attendant septembre, si tu passes encore à Akasaka entre-temps, essaye la boulangerie Dominique Saibron (priorité sur les croissants), s'il n'y a pas trop de queue. |
Samedi 26 juillet 2008. Pas en
démordre, tout noter. Déjeuner au Saint-Martin. Normal, c'est samedi. On ne connaît pas son bonheur. Revoir Manu, son épouse, ses deux enfants, que de bons souvenirs. Et d'autres à fabriquer. T. rangeai au 4e, le matin et l'après-midi, moi au 2e. Être ensemble, aussi, on ne connaît pas son bonheur. Je dis ça et je le répète parce que ce soir j'ai lu Martine Drai. Ça m'a fait souvenir, à ma petite échelle, mais chacun a la sienne, plus ou moins petite ou grande, d'ailleurs on en change, bref, qu'il n'y a pas si longtemps je n'en menais pas large dans une blouse ouverte par derrière et avec une caméra dans le gros colon après m'être moi aussi entièrement vidé. Pour tous, c'est une préfiguration d'un possible. Avec des sortes de joies à l'intérieur, même. Le texte est long. En voici un morceau du milieu. En tout cas, ce que j'en retiens d'un point de vue pratique, c'est que pour nous qui sommes dans les textes, les écritures, il ne faut pas en rabaisser durant la maladie, pas en démordre, tout noter, et les noms des gens, des médecins, des infirmières, de tous les intermédiaires si possible. Tant qu'on peut. Pour le reste, la maladie, le corps fait ce qu'il peut, surtout s'il est aidé. « Mais, frères malades, faites comme moi, ceci est notre misérable travail, il faut nous y tenir. Demain je recommencerai ce que j'ai fait la semaine dernière, et celles qui précédaient. Concrètement : demain je re-raconterai au premier téléconseiller venu ce que j'ai fait la semaine dernière avec ses confrères. Et je lui demanderai son nom et je citerai les noms de ses confrères - car maintenant je les demande, les noms. En prévision de l'énorme dossier que je compte faire parvenir, sous peu, à Monsieur le Médecin-Conseil de mon centre – ceci quand ma généraliste aura au moins réussi à se procurer son nom. Ce que de toute la semaine dernière elle n'a pas encore obtenu. Car on fait écran, même aux médecins. Mais elle y arrivera sûrement, et alors j'expédierai le gros dossier qu'il faudra avec accusé de réception. Où je récapitulerai les faits avec les dates des entretiens, et avec les noms des téléconseillers qui n'ont pas pu me les refuser : Madame A. qui m'a conseillé de rappeler le 0820 en demandant directement le service comptable, Monsieur G. qui n'a pas voulu me passer directement le service comptable mais m'a juré qu'il allait observer mon dossier et me rappeler dans la demi-heure, et qui ne l'a pas fait, Monsieur P. qui m'avait fait la même promesse dix jours auparavant, et, idem, ne l'a pas tenue, etc. C'est fastideux, hein, lecteur ? – mais je restitue. Je travaille à te faire ÉPROUVER que le malade travaille.» (Martine Drai, « Mauvaise Malade » in Remue.net aujourd'hui.) Et mon père au téléphone, lui aussi s'en sortant petit à petit de six mois d'hôpitaux, de maisons de repos, de soins intensifs et de soins de longue durée, estimant toujours avoir été mal soigné sur les à-côtés du problème principal (cardio-vasculaire), raison importante des rechutes et des fausses fins. Lui aussi dans les questions administratives de son dossier. Et, vers la fin du coup de téléphone, me disant pour la première fois de sa vie, et donc pour la première fois de la mienne, combien ça lui fait plaisir quand j'appelle. Commentaires1. Le samedi 26 juillet 2008 à 08:00, par Dabichan : Salut (avec l'accent de la Belle Province) ! 2. Le samedi 26 juillet 2008 à 16:11, par Berlol : Merci pour ces toutes bonnes infos. On n'en attendait pas moins de toi ! Je te téléphonerai lundi matin. 3. Le samedi 26 juillet 2008 à 21:39, par brigetoun : l'avait
lu, un peu de l'intérieur le texte, plus pour l'avant que pour la
partie opération, puisque malgré les sejours qui se prolongeait j'ai eu
la chance d'être entre les mains de gens intelligents, et en même temps
de savourer, même physiquement pénible, le repos de s'abandpnner,
d"être prise en charge. |
Dimanche 27 juillet 2008. Avec
niveau à bulles et règle en
métal. À découvrir : le Codex Sinaiticus en ligne, site en 4 langues, fruit de la collaboration des institutions et des chercheurs. Sans doute un modèle, toutes proportions gardées, pour l'avenir de notre site de Mazarinades... À enregistrer : 1970 & 1971... À lire : entamé hier, un roman policier de Hervé Claude, Mort d'une drag-queen (Babel noir, 2007), qui se passe à Perth et à Sydney. À chaque nom de lieu perthien dont je me souviens, les souvenirs remontent, l'été en hiver, la beauté de la côte, de la ville, un anniversaire au-dessus de 40°C. À éviter : laisser l'ordinateur allumé quand la climatisation est arrêtée. En effet, pour ranger et nettoyer dans l'appartement, il est possible de laisser fenêtres et portes ouvertes — l'air tiède circule et la température se stabilise dans les 32°C. Donc, peu d'écriture, peu de blogs, peu de radio. À faire : achats pour fixer une étagère au mur. Je voulais y aller en vélo, en fin d'après-midi, mais le tonnerre roulant et quelques gouttes m'obligent à y renoncer et à prendre le métro pour une station. À Korakuen, magasin de bricolage, je repère les matériaux, les mesures, les prix et me contente, pour aujourd'hui, de niveau à bulles et règle en métal. De quoi préparer. Avant de prendre le métro, je suis passé voir les tortues dans le déversoir. Il y avait eu un lâcher d'eau, sept ou huit d'entre elles étaient en contrebas d'un muret, toutes dans le sens contraire de celui de l'eau, nageant assez pour rester sur place, la tête relevée, peut-être gueule ouverte, je ne voyais pas très bien, attendant visiblement quelque chose comme de la nourriture qui venait avec l'eau chue. À manger : pour dîner, une énorme ratatouille. Plaisir de découper les légumes, de les voir réduire, leus saveurs se mélanger. Servie avec de l'omelette, bien battue, agrémentée de deux cuillerées de ratatouille quand ça prend dans la poêle. |
Lundi 28 juillet 2008. Faire
sonder les murs avant. Je persiste à vouloir que mon activité publique des Flux Litor le reste — publique. Je prends donc ma plus belle plume de clavier pour écrire au support technique. (Et à l'heure où j'écris, l'activité publique de mes amis a réapparu, alors qu'elle était indiquée vide encore ce matin, notamment celle de Pierre Ménard puisque je ne connais que lui qui se serve également de cette fonction... — un des moyens pour moi de connaître d'autres sources...) Au menu matinal : une info de Montray Kréyol sur l'ouverture d'une bibliothèque créole en ligne aux Classiques des sciences sociales de l'UQAC. Déjà 75 textes en ligne. Et puis le dernier numéro de la revue Texto ! avec de très belles propositions de lecture, comme ces Passages de François Rastier, qui dirige la revue, ou la réédition d'un entretien de Gabriel Bergounioux au sujet de Lacan, ou encore le débat intitulé D'où viennent tous ces cadavres ? à propos d'En attendant Godot... Bref, de quoi s'occuper durant les longues journées de chaleur. Ce que je n'ai même pas, avec tous nos préparatifs. Ce matin, des questions d'étagères. La nécessité absolue de sonder ou de faire sonder les murs avant de percer le moindre trou. Cet immeuble ayant quarante ans, il n'y a aucun plan des passages de canalisations et de gaines de fils. (Nous avons même un câble téléphonique sans gaine — la tranchée a dû être bouchée sur le fil — et il est bien étonnant que nous ayons tout de même pu avoir la fibre optique là-dessus...) Après le déjeuner (ratatouille et saumon fumé), départ pour la fac. Les tortues du déversoir d'Iidabashi sont en pleine séance de nage, dans une totale indifférence à la cohue du trottoir. À la gare de Tokyo, le prochain train est dans 20 minutes. Pour ne pas attendre dans la queue et la chaleur du quai, je redescends dans le hall et découvre, là où je ne passe jamais, c'est-à-dire à moins de dix mètres de là où je passe toujours, une cafétéria avec des viennoiseries. J'essaye un croissant aux amandes et un café, et je mets le café dans mon mug pour le finir dans le train. Quand je remonte sur le quai, la queue s'est allongée mais je n'attends que deux minutes avant l'entrée dans le train. Métro, vélo, j'arrive pile à 17 heures au secrétariat de notre département (où dévédés et nouveau lecteur de cédés Marantz m'attendent), y retrouve David, de retour du Québec, enchanté et prolixe. De la ville de Québec ou du Congrès de la FIPF (qui s'y tenait du 21 au 25), on ne saurait dire ce qui l'a le plus enchanté. J'en suis heureux pour lui. Je ne connais pas encore Québec mais en revanche je me souviens très bien du Congrès FIPF à l'université Keio en 1996, de l'ambiance cosmopolite très émulatrice, des rencontres souvent sans mondanités (si on le voulait bien), même avec des écrivains invités (ainsi T. et moi avions partagé des yakitoris un soir avec Yves Simon, Andreï Makine et Louis-Jean Calvet que les officiels avaient laissés libres, faudrait que je retrouve la photo...). J'y avais moi aussi fait un petit exposé, sur la formation de formateur à l'aide de l'ordinateur (déjà !), je m'en souviens... Pour éviter de sombrer dans la remémoration, rien de tel qu'une petite séance de sport, avec un bon polar. [dont acte, pour la photo...] |
Mardi 29
juillet 2008. Tous les rêves sont érotiques. Examen de fin de semestre et concours d'entrée sont certes pénibles, voire ennuyeux, mais occasions aussi, au hasard des co-surveillances, de rencontrer des personnes maintes fois croisées sur le campus sans le temps d'autre chose qu'un vague salut de tête. Ainsi ce matin, arrivant dans un amphi, quelqu'un que je pensais Américain me dit « Bonjour »... Il enseigne bien l'anglais mais en fait il est Québécois, de Montréal. Il me dit qu'il y en a un deuxième dans la fac. Et l'on ne se connaît pas. Alors que justement David et moi souhaitons l'ouverture sur autre chose que la France hexagonale... Après le déjeuner, je retrouve mes collègues et étudiants, toute notre promo de 1ère année. C'est la première fois que les étudiants voient leurs quatre profs français en même temps. Séance de photos et franche rigolade, juste avant l'examen. Ça décrispe, on laisse faire. Non seulement le module Netvibes Activities remarche (voir échange avec François dans les commentaires d'hier) mais en plus ils répondent gentiment à mon message d'hier en disant que ça devrait être réglé. Trop sympa ! Extrait d'un des films récemment reçus, vu dans l'après-midi, avec grand plaisir. Qui saurait dire ce que c'est avant d'arriver à la référence ? « [...] ni cinéma ni théâtre, non, je suis comédienne de rêves. — hhh... c'est intéressant... En quoi est-ce que ça consiste ? — Comme le nom l'indique, je joue dans les rêves des gens. — hhn... Comment est-ce possible ? — Mais de façon toute naturelle. Je veux dire, le monde des rêves est aussi réel que celui de la vie éveillée. Ne le saviez-vous pas, John Locke ? — Vous voulez-dire qu'il est aussi matériel, aussi palpable ? — Mais bien entendu, peut-être même bien davantage. Vos questions sont étranges. Le monde des rêves ressemble d'ailleurs beaucoup à l'autre. C'est son double exact, son jumeau : il y a des personnages, des objets, des paroles, des peurs, des plaisirs, des drames... Mais tout y est infiniment plus violent. — Les rêves érotiques ? — Tous les rêves sont érotiques. C'est ce qui est passionnant pour les comédiens. — Le métier doit être difficile... — Cela s'apprend. Il y a des écoles, des concours, des diplômes. Et les non-professionnels sont vite éliminés. — Qu'est-ce qu'on enseigne dans ces écoles ? — Mais toutes sortes de choses : l'expression corporelle, le travail de la voix, la narratologie, la psychanalyse, le droit pénal, la peinture orientaliste, le principe de causalité, la contradiction comme moteur de l'histoire... — Pourquoi le droit pénal ? — Nous devons savoir exactement ce qui est légal et ce qui ne l'est pas. Et les peines encourues. Les rêves sont é-troi-te-ment surveillés par la police. Beh, vous savez par exemple que ceux qui mettent en jeu les mineurs, les garçonnets ou adolescentes impubères sont strictement interdits. Mm... C'est dommage d'ailleurs, je connaissais une ravissante petite fille qui voulait jouer dans un rêve sado-lesbien à gros budget. L'auteur était d'accord, les parents, les avocats aussi. Et c'est le producteur, qui s'est montré intraitable, invoquant sa responsabilité morale, la protection de l'enfance, les risques sanitaires, je ne sais quoi encore... La morale ! Il s'en battait l'œil des deux mains. En réalité, il avait peur pour ses sous ! Ah, je trouve ça scandaleux. Pas vous ? — Oui, oui, bien sûr. Mais... le meurtre... est autorisé ? — Fort heureusement ! Y compris le meurtre aggravé, avec séquestration et torture. Eh, il ne manquerait plus ça, qu'ils nous l'interdisent ! Remarquez, ils ont essayé, il y a quelques années. Un gouvernement bien pensant en période électorale. Ah ! ça a fait un tollé dans la profession ! Mais, sous la menace d'une grève générale avec occupation de l'inconscient collectif, les pouvoirs publics ont reculé. Vous imaginez : plus personne n'aurait été en mesure de rêver quoi que ce soit ! Les médecins ont dit que les gens allaient mourir en masse. Sans compter que les riches auraient délocalisé leurs rêves dans des paradis oniriques qui prospèrent au Moyen-Orient ou dans les Bahamas. Pour ne pas perdre la face, le gouvernement a décidé que seuls les rêves les plus coûteux ne seraient plus remboursés à 100% par la sécurité sociale. Toujours la société à deux vitesses ! Je trouve ça, mais, inadmissible. Pas vous ? — Si. Si, évidemment. Mais dites-moi, ces rêves, vous les inventez donc pour les gens ? — Ah non pas du tout, non. Non non. Le public n'en voudrait pas. Il y a des écrivains spécialistes dans ce genre de récits. Les onirographes, comme on les appelle. D'ailleurs, ils gagnent leur vie confortablement. — Qui leur verse les droits d'auteur ? — Ben, la SACD, comme d'habitude. Il s'agit de droits de représentation mentale. Les acteurs, les comédiens aussi ont leurs organismes gouvernementaux de répartition. — C'est vrai, je suis bête. En confidence, mademoiselle Hermione... vous avez joué quelquefois dans mes rêves ? — Mais oui, souvent même. En particulier depuis que vous habitez au Maroc. C'est même pour cette raison que vous m'avez reconnue hier soir aussi vite, et que vous m'appeliez Leïla. Vous vous souvenez ? La plante de mon pied redressée à la verticale...» (Arielle Dombasle et James Wilby dans C'est Gradiva qui vous appelle d'Alain Robbe-Grillet, 2006, de 1:22:00 à 1:27:30) |
Mercredi 30
juillet 2008. Les hypocrites feront comme d'habitude. Pas de liberté de l'information aux Jeux de la hOnte. Ça n'étonnera que les imbéciles. Les hypocrites feront comme d'habitude. Extrait de l'exposé de Chloé Delaume à Cerisy, à propos de son Cri du sablier : « Ce que je redessine, c’est mon ombre sur la pierre après Hiroshima.» (lien dans son billet 160). Il y avait plusieurs personnes que je connais, à ce colloque qui finira demain : Jean-Luc Pagès, un temps en poste à l'université de Nagoya, Philippe Forest, lui aussi rencontré au Japon, Thomas C. Spear, invité au colloque ILF de 2005, Catherine Robbe-Grillet, rencontrée avec Alain à Tokyo en 1996 et qui m'avait dédicacé ses livres. Et d'autres que j'aurais bien aimé rencontrer : Hubert Lucot, Claude Burgelin, Camille Laurens, Serge Doubrovsky, Chloé, bien sûr. Sans parler des personnes que j'aurais découvertes... Mais voilà, je ne peux pas aller à Cerisy tous les ans, non plus ! En tout cas, si j'y étais allé cette année, ç'aurait assurément été à ce colloque sur l'autofiction ! (Même s'il y avait aussi des colloques sur/avec Djebar, Vargaftig ou Berque...) Examen de prononciation et phonétique des 2e année (comme un étudiant manque à l'appel, je dis avec l'air blagueur qu'on pourrait lui téléphoner, ce que quelqu'un fait et me passe le portable, je dis à l'endormi qu'on va commencer et moins d'un quart d'heure après il arrive et passe son examen, à la fin je propose de relire les premiers exercices oraux en souvenir d'une étudiante — présente ce matin — qui dormait aussi un matin d'Orléans et que l'on avait attendu, effet garanti...). Déjeuner au Gran Piatto avec David, en profitant du nouveau chemin qui sort de la fac vers l'Est et nous permet d'y être dans le même temps qu'au Downey par le Sud — et les pâtes sont bonnes. Réservation en ligne du camion pour le 22 août chez Nippon rent-A-Car. Enregistrements d'émissions de radio et rangement de dossiers au bureau jusqu'à l'heure du départ en voiture avec David. Filons sur Sakae. Dîner avec cinq de mes étudiants du cours de conversation et quelques collègues (Sophie, David, Florian, Johnattan) au restaurant Furaibo de Sakae... Spécialité : ailes de poulet grillées aux graines de sésame. Et quelques autres trucs bien de Nagoya. Bon dans l'ensemble, pour un prix très modique (fruit du travail de recherche des étudiants). Les deux heures autorisées voient éclore un bon nombre de conversations, de séances de photo, de rigolades, d'échanges d'impression et de conseils, jusqu'aux offres d'accompagnement pour des fêtes locales début août. Les discussions se prolongent dans la rue, jusqu'à Sakae. Au métro, les filles nous quittent, y compris Sophie qui s'envole demain matin pour la Finlande. La bande des cinq garçons se dirige vers Nishi-Sakae pour chercher un bar. Le premier, proposé par un étudiant, est déjà plein d'étrangers et le niveau de son supérieur à 80db, on se croirait à Roppongi. Je dis non. Le deuxième, d'apparence sympa, n'ouvre qu'à 22 heures, dans vingt minutes. Enfin, après évitement de nombreux rabatteurs vulgairement explicites, retrouvons le Jazz Modal, un havre de paix chic où passe, sur fond jazz, forcément, un film avec Vincent Gallo — Buffalo'66 (1998) — des scènes à se tordre de rire en sirotant mon whisky. Et ça continue avec le film suivant, Combien tu m'aimes (B. Blier, 2005), sur fond de rap français — le patron nous bichonne. |
Jeudi 31 juillet 2008. Aucun méandre de mémoire. Avec l'évolution rapide des mentalités sur la littérature et l'internet, je trouve amusant (& intéressant) de reprendre ici ce texte d'il y a seize mois — seulement ! / déjà ! (barrer la mention inutile) : je suis écrivain je ne suis pas écrivain pour que je sois écrivain il faudrait qu'on me publie pour qu'on me publie il faudrait que je sois écrivain j'ai toujours su que j'étais écrivain et jamais souhaité qu'on me publie ni même demandé à on parce que on je ne sais pas qui c'est ni moi ni mes manuscrits ne sont soumis ni statut d'auteur ni statue d'hauteur maintenant je me publie moi-même tous les jours je me publie pour me souvenir et pas pour me subvenir je me publie je me donne je ne me vends pas je ne suis ni à vendre ni à acheter je suis à lire comme d'autres sont à lire je les suis quand je suis en train de les lire je sais s'ils sont écrivains en livre ou en ligne ils sont ou ne sont pas écrivains je plains ceux qui ne se sentent écrivains qu'étant publiés être étant publié devient un des tant publiés et qu'à tant publier il n'y a plus d'écrivains et tant de papier pour si peu d'écriture ici tant d'écriture pour si peu de papier personne ne peut nier que je suis écrivain tout le monde sait que je ne suis pas écrivain actuellement ceux qui pensent écrivain pensent livre presque personne ne peut penser écrivain sans livre je suis un écrivain qui a foison de textes néant de livres évidences en 2035 ou 2080 mais là d'un jour à l'autre personne ne peut dire si je suis écrivain ou pas pourtant ça chaque jour s'écrit qui ne peut être que de moi si on sait ce qu'est un écrivain parce que c'est un livre qu'on tient alors on ne sait rien le sait-on que l'horizon 2010 il est déjà derrière et qu'alors comme aujourd'hui je ne serai jamais écrivain parce que je l'ai toujours été Mais ce soir, je ne suis déjà plus si sûr de la valeur de cette réminiscence... Bon, peu importe. L'important, c'est que : les examens sont finis ! Un bien calme dans la matinée, il faut imaginer et écrire une conversation. Un plus animé en début d'après-midi avec un exercice de comptage de syllabes — petit jeu auquel la plupart des étudiants se plante systématiquement parce que leur cerveau est structuré en syllabaire japonais (kanas), système dans lequel « bonjour » a quatre syllabes ! Retour à Tokyo en fin d'après-midi. Train tranquille, avec un bon thé glacé dans le mug et l'approche des deux tiers du polar, j'ai ma petite idée du coupable... «"Dans le port d'Adélaïde, quand le dernier verre se vide..." les premières paroles d'une vieille chanson de Jacques Debronckart. Elle m'avait toujours fait rêver. À l'époque où je l'entendais à la radio, Adélaïde rimait avec inaccessible et intrépide. C'était le bout du monde, le bout de la mer et j'y étais. Ça ne ressemblait pas du tout à ce que j'avais imaginé, évidemment. Pas de bouges enfumés, pas de marins ivres, pas d'embarquement pour nulle part. D'ailleurs, Debronckart, une sorte de clone de Brel en moins bien, ny avait jamais mis les pieds. Juste des dizaines de porte-conteneurs amarrés en rang et des caisses multicolores empilées sur les quais. Propre et net sous le ciel bleu implacable.» (Hervé Claude, Mort d'une drag-queen, p. 161) En fait, c'est « Quand le dernier verre se vide, dans les bars d'Adélaïde...» et ce ne sont pas les premières paroles. Sinon, Debronckart, je ne l'avais absolument jamais entendu, aucun méandre de mémoire n'en porte trace. Et c'est vrai qu'on n'a pas l'impression qu'il y soit allé... Suis bluffé par la vitesse de travail de François ! Trois jours après la mise en ligne de Chloé, vingt-quatre heures après que j'en aie parlé, S'écrire mode d'emploi est déjà mis en page et en ligne sur Publie.net ! |