Journal LittéRéticulaire de Berlol
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Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Janvier 2008

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Mardi 1er janvier 2008. Vœu.

Et il en faudra des sourires,
de la tendresse,
du courage,
de l'attention,
du doute,
du pardon.

Souhaitons-nous tout cela.

Et du japonais intensif. Ça commence aujourd'hui. je sais, je l'ai déjà dit trente-six fois, et je ne l'ai pas fait, pas tenu. Une fois de plus, donc. Mais celle-ci sera la bonne. Autant dire que le blog va se faire tout petit.

Premier repas de l'an, toujours très soigné par T. Soupe au canard, omelette au bouillon, œufs de saumon à la sauce de soja. La touche finale est française, le soir aussi : le foie gras entamé hier (il en reste encore pour demain...). On ne va pas se promener à l'Imperial Hotel, cette année — casser l'habitude.

Dévédé loué : Blood Diamond (Zwick, 2006), film de la mondialisation, autrement puissant et réussi que Babel ! Franchement, y'a pas photo !

Commentaires

1. Le mardi 1 janvier 2008 à 01:16, par Manu :

Bonne année !

2. Le mardi 1 janvier 2008 à 01:25, par Berlol :

Ben ! On voit que t'es rentré ! Merci de cette présence amicale...

3. Le mardi 1 janvier 2008 à 03:44, par Louis A :

et des artichauts, aussi, il faudra - et le pardon : aux 53% de beauf qui nous ont imposé le désastre Sarkozy ? - heureux les exilés

4. Le mardi 1 janvier 2008 à 03:50, par patapon :

Tous mes vœux à tous deux, et gardons le moral (et y de quoi: avec la grande civilisation que nous promet qui-vous-savez, je sens qu’on est à la veille d’une nouvelle Renaissance: “Léonard de Vinci, le retour”!! (en attendant “Nicolas et Carla”, saison 2 et saison 3).

5. Le mardi 1 janvier 2008 à 07:07, par vinteix :

Bonne année (du pays de Nicolas et Carla) !

6. Le mardi 1 janvier 2008 à 16:41, par christine :

Bonne année à tous (depuis un pays pas encore complètement sarkosé, tout de même ! et où l'on trouve des artichauts !)

7. Le mercredi 2 janvier 2008 à 01:29, par brigetoun :

clop, clop, clap, m'en viens en retard vous souhaiter une bonne année, avec ce qu'il faut de japonais pour que vous vous teniez parole, et pas trop pour ne pas nous abandonner complètement

8. Le mercredi 2 janvier 2008 à 03:35, par Bikun :

2008, réussir sa vie et non pas dans la vie, meilleurs voeux à tous!

9. Le jeudi 3 janvier 2008 à 02:15, par eric :

Très bonne année à tous les trois : T, Berlol, et Patrick (ces deux-là, on sent bien qu'ils ne manquent pas d'affinités, mais chacun a sa personnalité bien distincte et son caractère bien trempé; connaître l'un ou l'autre est très bien, connaître les deux est encore mieux).
Pour la raréfaction annoncée du JLR, si elle n'affecte pas les résumés des cours sur Gracq au printemps, le bonheur sera déjà grand...

10. Le jeudi 3 janvier 2008 à 04:52, par Berlol :

Merci à vous !
Pour Gracq, faudrait déjà que le cours soit accepté dans le programme. Je m'y emploie ces jour-ci. Avant, de toute façon, il y aura du Rimbaud... Ça aussi, un beau massif à traverser ! hein !?

11. Le vendredi 4 janvier 2008 à 06:01, par Philippe De Jonckheere :

Pour cette nouvelle année, je n'ai qu'un voeu, qu'il crève! si possible dans d'affreuses souffrances, mais même si cela doit être bref, suis quand même preneur.

www.desordre.net/photogra...

Amicalement

Phil

12. Le vendredi 4 janvier 2008 à 10:45, par coin coin :

Bouh, je suis un gros beauf.... Je sais, je sais, j'men vais (comme dirais Echenoz) j'ai rien à faire ici... Questions : je peux aimer Gracq quand même ? Je peux aussi vous souhaiter la bonne année ?



Mercredi 2 janvier. Ça plonge directement dans les crimes.

Très grasse matinée. Heures de kan-jis. Heures de correction de copie — celle d'une étudiante qui, sur dix pages, ne sait pas différencier immigrés (en situation régulière), immigrés sans papiers et Français issus de l'immigration — c'est pénible.
Marche dans le soleil en téléphonant à David (bien rentré de Cairns), jusqu'à Seijo Ishii (Korakuen), pour du camembert, du jambon, des yaourts, etc. Puis retour en écoutant Une vie une œuvre sur Charles Perrault.
Dévédé en dînant : Hannibal Rising (Webber, 2007). Le titre français, les origines du mal, est assez bien choisi. Le film m'intéresse plus que les autres de la série. Les dispositifs de la cruauté du crime en série ne m'intéressent pas spécialement. En revanche, les raisons pour lesquelles un individu voit sa personnalité se construire dans ce sens sont tout à fait passionnantes, surtout quand ça plonge directement dans les crimes de guerre et de masse (la Seconde Guerre mondiale en Lithuanie), quand on dévoile combien de criminels de guerre sont devenus qui un bon père de famille (à Fontainebleau), qui un dangereux trafiquant d'armes et de filles (sur le Canal de l'Ourcq), etc.
On sort dans la nuit pour rendre les dévédés et... on trouve les deux premiers de la saison 3 de Lost. Nous sommes perdus !

Commentaires

1. Le mercredi 2 janvier 2008 à 22:02, par Manu :

Lost 3, reçu à Noël (en VF), si ça vous dit.
Et sinon, vous avez toujours mon 24h saison 2, non ?

2. Le jeudi 3 janvier 2008 à 00:11, par brigetoun :

votre étudiante pourrait entrer au gouvernement si c'est possible pour des étrangers

3. Le jeudi 3 janvier 2008 à 00:48, par christian :

Salut! Bonne Année!

Tu étudies les kanjis! Super! Sais-tu que j'ai commencé il y a quelque temps sur france-japon.net 2 séries intitulée "un kanji par jour" et "une clé par jour"! Je te conseille d'apprendre les 214 clés (composants de kanji) assez vite, tu t'y retrouveras mieux dans ton apprentissage.
Ceci est d'ailleurs discutable parce que les Japonais eux-mêmes ne les connaissent plus très bien...
Les liens vers les rubriques...
Un kanji par jour
france-japon.net/modules....
Une clé par jour
france-japon.net/modules....

À bientôt!

4. Le jeudi 3 janvier 2008 à 00:59, par Berlol :

Bien sûr, que j'ai remarqué, Christian ! Et je compte bien m'en servir. Pour l'instant, le site kakijun me fascine complètement. Le tracé progressif et répétitif, mentalement suivi de nombreuses fois, me paraît être un formidable outil pour la mémoire. Pour ce qui est des clés, j'en avais déjà appris la plupart en chinois, je les retrouve petit à petit.
Salut Manu ! Beau cadeau, en effet. Oui, j'ai toujours ta boîte de 24 Heures en VF et te la rendrai dès que possible. On a regardé quelques épisodes mais comme on a déjà vu les saisons ultérieures, ça perd de son intérêt (contrairement à Lost, c'est mon avis...).
Brigetoun, vous avez là une brillante idée ! Je vais tout de suite proposer cette étudiante à l'Élysée, elle fera merveille comme supplétive d'Hortefeux !



Jeudi 3 janvier 2008. Dans chaque vie sans le savoir.

Du japonais et des copies, même menu qu'hier en matinée. Fin d'enregistrements sur France Culture, plusieurs séries des Nouveaux chemins de la connaissance (la bêtise en août, plagiat et pastiche en septembre, Baudelaire philosophe en octobre-novembre — je le répète, il suffit de démarrer une des dernières émissions, de copier-coller du bouton Écouter l'adresse du fichier son dans le realplayer en en modifiant la date dans la dernière partie du nom de fichier).
Ensuite, comme il y a toujours du soleil, on va marcher. Kagurazaka, Waseda, jusqu'au salon de thé de l'hôtel Rihga, où l'on reste plus d'une heure dans des fauteuils délicieusement moelleux à lire chacun son livre.

Ce que Mevlido ressent, ce que Volodine écrit ressemble furieusement, parfois, en moins optimiste, à certaines des choses que j'ai imaginées depuis des années, mi pour m'amuser mi pour me rassurer malgré mon athéisme : un système de réincarnation qui permettrait à T. et moi de nous retrouver dans chaque vie sans le savoir mais avec une sorte de pressentiment, de prédestination à la rencontre, presque... — « mes tempes si choses », comme on dit dans la traduction de Joyce.

« Et si un jour, comme l'avait suggéré Mingrelian, il nouait des liens avec une femme elle aussi envoyée en mission par les Organes, il n'aurait rien de spécial à échanger avec elle. Cette femme elle aussi aurait perdu la mémoire d'un univers prénatal. Ils se côtoieraient, le hasard ou la fatalité les associerait peut-être pendant quelques minutes ou quelques années, ou plusieurs décennies, des restes d'instinct renforceraient leur complicité. Mais à aucun moment ni l'un ni l'autre ne retrouverait le chemin de sa vie précédente. Lui et elle, et peut-être lui et elle ensemble, ils seraient exilés affreusement, mais sans le savoir.» (Antoine Volodine, Songes de Mevlido, p. 260-261)

Après notre retour, à la nuit accablante de froid, nous dînons en regardant deux autres dévédés de la saison 3 de Lost. Mais notre distraction est interrompue net — au milieu d'une opération chirurgicale — par la sonnerie du téléphone. C'est mon cousin qui m'informe que mon père va être admis à l'hôpital en urgence. Pneumonie et insuffisance respiratoire. Un peu plus tard, il m'expliquera par mail, dit-il. Ce qu'il fait, et qui nous rassure beaucoup. État stationnaire, pas plus de détails avant demain.
Sont-ce déjà « le soucil & l’ancholye [qui] croistroient » cette année ? Je n'y veux point accroire ja.

Commentaires

1. Le vendredi 4 janvier 2008 à 06:05, par Philippe De Jonckheere :

Nous sommes le 3 janvier et je ne remarque toujours pas la baisse de régime annoncée, non que je m'en plaigne d'ailleurs, mais je me demande si ce n'est pas un peu comme le tabac ou d'autres addictions, difficile d'arrêter. Serais content de d'entendre sur le sujet, même si cela justement t'éloignerait du but fixé.

Amicalement

Phil

2. Le vendredi 4 janvier 2008 à 06:32, par Berlol :

Non, non, tu as tout à fait raison ! La machine lancée rythme mon quotidien. Mais je suis en train de freiner depuis une semaine... Ça crisse comme pas possible. Ici, ça sent la gomme brûlée partout... Tu sens pas, de là-bas ?

3. Le vendredi 4 janvier 2008 à 08:46, par christine :

je faisais le même constat ! et d'ici je ne sens pas trop la gomme brûlée non plus ... peut-être qu'il faudrait changer les plaquettes de frein ?... ceci dit je ne m'en plains pas non plus, car l'addiction est aussi du côté de tes lecteurs

4. Le vendredi 4 janvier 2008 à 23:19, par Berlol :

A p'us de plaquettes de rechange ! Et bonjour, les addicts !
Le JLR non-stop vient aussi de ce que je suis encore en congés. À partir de mardi, ça va changer...



Vendredi 4 janvier 2008. Les transports, sur l'oreiller.

Depuis des semaines, je ne sais pas si c'est la même, je vis avec une araignée. Elle apparaît sur le mur, le rideau ou passant d'un objet à l'autre de mon bureau quelque peu en fouillis. Parfois même je la trouve sur mon écran, sur le rebord noir, descendant, sautant sur une enceinte, sur une montre, sur le téléphone portable, etc. Je n'ai jamais tenté de la chasser. Je n'ai jamais eu peur d'elle. Elle n'a d'ailleurs jamais cherché à m'approcher ou à me mordre. Elle ne mesure que six ou sept millimètres. Elle n'a pas de longues pattes, sa surface est d'un noir mat et sans duvet apparent. Je la vois comme une sportive qui crapahute en calculant bien ses déplacements. Mais je ne sais pas si elle cherche quelque chose ou si nous pouvons communiquer. Peut-être, ce respect mutuel dans le partage d'un territoire est-il déjà une forme de communication. Ça n'a pas d'importance.

Après le courrier de mon cousin, j'ai pu appeler l'hôpital dans l'après-midi et avoir de bonnes nouvelles de mon père. Pas encore lui parler à lui mais avec un médecin rassurante.

Pendant que T. prépare ses cours à la maison, je vais travailler deux heures à la médiathèque de l'Institut, rouvert aujourd'hui. Accumulation de livres de et sur Rimbaud et Gracq autour de moi pour un premier survol des paysages à cartographier.
Demain, je dois rendre D'Attaque (avec 36 reproductions d'œuvres de Gaston Chaissac). Picoré depuis plus d'un mois dans les bains, les transports, sur l'oreiller, lu et relu en tous sens, admiré plus que certains de ses romans, je considère ce livre à l'égal du Femmes / sur 23 peintures de Joan Miró de Claude Simon pour la liberté d'invention que l'écrivain se donne pour illustrer l'œuvre d'un peintre.
Lisez plutôt (on n'est pas si loin du Rimbaud qui tend des « chaînes d'or d'étoile à étoile »... et qui danse) :

« Je peins ma tête sur le billot, je peins à la trompette, je peins à la moulinette, je peins l'escalier quatre à quatre, je peins le lendemain déjà bien entamé, je peins des gants fourrés pour mes mains nues, je peins à l'aveuglette un soleil de plus ou de moins, je peins la valse de l'amour sur les roses, je peins jusqu'à rouler sous la table, je peins en sursaut, je peins en flèche, je peins un à un tous les tableaux qui manquaient encore, je peins le diable dans ses quartiers d'été, je peins à travers champs, je peins sous les jupes, je peins des ponts entre les sphères, je peins des cloisons ignifugées entre les flammes, je peins un peu de compagnie aimable pour les monstres, je peins l'attelage sous-marin des hippocampes qui s'emballe, je peins la migration des crabes ébouillantés dans les nébuleuses, je peins la hâte de patients travaux de couture.» (Éric Chevillard, D'Attaque, Argol : 2005,  p. 39)

En dînant et après, regardons The Aviator (Scorsese, 2004). Howard Hughes n'était pour nous qu'un nom vaguement rattaché à la modernité du XXe siècle. Nous découvrons ce surprenant portrait et la quantité de ses entreprises. L'attention portée aux phobies nous paraît exceptionnelle, mêlant à certains moments à cette fresque monumentale une approche de cinéma intimiste — cocktail explosif.

Commentaires

1. Le samedi 5 janvier 2008 à 03:24, par Philippe De Jonckheere :

Te recommande la lecture de "Loin d'Odile" de Christian Oster où tu devrais pouvoir oeuvrer quelques transferts en direction de son personnage principal, qui vit une assez belle relation avec une mouche au creux de l'hiver.

Amicalement

Phil

2. Le samedi 5 janvier 2008 à 03:47, par brigetoun :

un peu inquiète un moment, parce que les araignées vues du coin de l'oeil si elles ne sont pas tangibles peuvent être signe inquiétant.
Pour Hughes les phobies s'accompagnaient d'une vision des gens et de la politique semble-t-il assez "pénible" non ?



Samedi 5 janvier 2008. Une traversée risquée.

« Tout le jour, les basques de leurs redingotes flottant au vent, Bouvard et Pécuchet surfent sur Wikipédia.» (Éric Chevillard, L'Autofictif n°93, du 2 janvier)
Ils pourront bientôt surfer sur Knol en mangeant leur soupe... je ne sais pas si ce sera mieux.

À écouter France Info, le Dakar annulé semble être une catastrophe nationale (économique, avant tout, puisque c'est le critère absolu du sarko-journalisme branché). À mes yeux, ce n'est que la fin (provisoire ?) d'une des plus grosses hypocrisies humanitaro-sportives de ces 30 dernières années.

Intéressant et prétéritif billet de Raphaël Sorin avec deux souvenirs de 1968. Me détermine à glisser dans mon panier Amazon le pamphlet de Guy Hocquenghem, Lettre ouverte à ceux qui sont passés du col Mao au Rotary (de 1986).
Y ai ajouté Je t'aime, je t'aime, le mythique Resnais de... 1968, avec Claude Rich en voyageur du temps (le dévédé sortira le 8 janvier).
Après passage à l'Institut, D'Attaque rendu, j'emprunte deux dévédés. Le Baron de l'écluse (Delannoy, 1960), parce qu'il en était question dans le dernier Ce soir ou Jamais de 2007, quand Frédéric Taddeï était l'hôte visiblement comblé de Danielle Darrieux, Michèle Morgan et Micheline Presle, et Alice ou la dernière fugue (Chabrol, 1977), au moins pour revoir Sylvia Kristel nue.
Mais ce qu'on regarde en dînant, c'est un film enregistré une nuit à la télé (T. programme des enregistrements qu'on oublie ensuite des semaines dans la machine), Being John Malkovitch (Jonze, 1999). Très très impressionnant, d'abord, et très drôle, même si ça laisse beaucoup à réfléchir...

Mon cousin m'a dit que mon père avait toute sa tête — et qu'il comprenait mieux maintenant le mauvais caractère attribué à notre famille. Au début de la visite, mon père a soulevé le masque à oxygène pour lui dire : « Emmène-moi d'ici, ils vont me tuer ! »
La réanimation, c'est quand même du sérieux. D'ici un ou deux jours, ça devrait aller mieux...

J'ai presque fini de préparer le poly des textes de Rimbaud à distribuer pour le cours — À la musique, Roman, Le Bateau ivre, Enfance et Alchimie du verbe. Plus qu'un voyage pittoresque : une traversée risquée. Je refais la mise en page et la ponctuation en comparant les fac-similés (chez Textuel), l'édition Pléiade et celle des Petits classiques Larousse.

Commentaires

1. Le samedi 5 janvier 2008 à 22:32, par brigetoun :

un petit régal Tadeï et ces dames - Morgan de plus en plus une autre version de ma mère et Darrieux en fofolle. Délice d'être une femme à peine plus jeune en dégustant leur petit jeu.
Et amusant de voir Sorin rappeler ses souvenirs pour se démarquer de ceux qui le font

2. Le dimanche 6 janvier 2008 à 14:01, par Olivier :

Désolé, je ne prends connaissance des derniers billets qu'aujourd'hui!
Un prompt rétablissement à ton père!!
Et un soutien moral à vous deux en attendant qu'il gambade de nouveau parfaitement!
A bientôt!!
Et, attention, la fin de la saison 3 de Lost réserve (évidemment) quelques surprises !!

3. Le dimanche 6 janvier 2008 à 14:07, par Olivier :

Ah, oui, bien sûr, entièrement d'accord avec toi sur le Dakar!!
Espérons qu'ils utiliseront les sous pour faire du véritable humanitaire... On peut toujours espérer... heu rêver...

4. Le mardi 8 janvier 2008 à 05:53, par Berlol :

Merci, Olivier, pour les bons souhaits au père. Ils ont été entendus.
Pour ce qui est du Dakar, je suis étonné du silence des commentateurs ! Personne pour le défendre ? Voire le soutenir ?



Dimanche 6 janvier 2008. Dans toute action la vanité d'agir.

Nouvelles du père, au matin. De ras-le-bol, il arraché ses fils et son masque. On lui a donné un sédatif. S'il a tant d'énergie, c'est qu'il est en bonne voie, non ? Je lui fais passer un courrier par mon cousin, l'exhortant au calme et à nous attendre en février.

Soleil toujours. Pour T., je lis à haute voix deux bons tiers du Racisme raconté à ma fille de Tahar Ben Jelloun afin qu'elle juge si elle peut le mettre au programme d'un de ses cours. Test positif. Se méfier tout de même de quelques raccourcis sur les religions, élargir un peu le panorama des racismes dans le monde, et ça va le faire.

Chez le coiffeur — enfin — de 15h30 à 16h02. Je commençais à avoir des ailerons derrière les oreilles...
Au cœur de l'après-midi, je me passe Alice ou la dernière fugue (Chabrol, 1977). Un beau conte fantastique qui flirte avec plusieurs genres sans entrer dans aucun — et une chute vraiment imprévue.
Un peu plus tard, j'écoute attentivement François Bon chez Auteurs.tv. L'entretien est très tranquille, sans contrechamp visuel ou sonore (contrairement à d'autres vidéastes du web), soigneusement monté, et l'ensemble du contenu intellectuel est impeccable. Ça m'a rappelé que moi aussi vers 14 ans j'avais une machine à écrire, des lettres et des poèmes, une Triumph, puis une machine qui permettait de vérifier les dernières lettres sur un minuscule écran avant de les imprimer sur la ligne, pour ma maîtrise, puis un premier ordinateur avec les allocations de recherche, puis l'internet en 1994 dans mon bureau de Waseda, etc.

« Car même les moins découragés d'entre nous, même les plus battants, déjà à cette époque ne prétendaient pas pouvoir infléchir le cours des choses. La pleine lune éclairait le dernier état de la barbarie humaine avant la fin, avant notre fin, et, quoi que nous eussions pu entreprendre, elle continuerait à baigner, de sa lumière ensorcelante, le final naufrage. Elle continuerait à illuminer les ghettos, les camps, les ruines, le capitalisme absolu, la mort, notre mort, la mort des nôtres. Même les plus décidés d'entre nous désormais flairaient dans toute action la vanité d'agir. Nous savions que l'épuisante modification du climat se poursuivait, que l'été bientôt s'élargirait encore, atteindrait douze mois par an et même plus, et que notre vie serait à jamais peuplée d'araignées et de décès et de moments d'inconscience ou de semi-conscience. Nous pressentions qu'il y avait bien peu de chances d'un jour connaître l'aube ou le réveil. Les attentats contre la lune ne nous apaisaient pas, ils ne contrariaient pas notre tendance à sombrer fous. Mais à nous, qui n'avions plus de ressort, plus de rigueur idéologique, plus d'intelligence et plus d'espoir, ils donnaient l'impression qu'à l'envers du décor, peut-être, l'existence avait gardé une ébauche de sens.» (Antoine Volodine, Songes de Mevlido, p. 277)


Lundi 7 janvier 2008. Faire glisser la porte étroite et vieille.

Après trois semaines, T. est parvenue à s'adapter à peu près à son traitement contre la maladie de Ménière. Les acouphènes ont diminué, les nausées disparu, les coups de fatigue perdu de leur virulence. Elle aura peut-être des séquelles auditives, on ne sait pas encore, il faut continuer...
Par ailleurs, les nouvelles de mon père sont brèves : état stationnaire. Il reçoit des visites.
Dans cette adversité, nous sortons pimpants pour aller au Dell Real Site d'Akihabara, en vue d'acheter un ordinateur avec un système en japonais pour nous deux. C'est le dernier jour de promo et on ne veut pas fendre la foule. À 11 heures on y est, le conseiller-vendeur est sympa et performant, à 11h45 tout est fini à livrer dans trois semaines. (Ça devrait rappeler quelque chose à Bikun.)

Le Saint-Martin étant encore fermé (en vacances), nous errons dans Kagurazaka jusqu'à faire glisser la porte étroite et vieille d'un restaurant d'anguille, chez Tatsumiya (où la rumeur dit que John Lennon aurait mangé son dernier unagi). C'est rustique, en décalage avec ce que le quartier est devenu mais excellent. Et pas trop cher.

Je découvre cet après-midi, par Livres Hebdo, les manuscrits d'Henry Brulard de Stendhal mis en ligne à la bibliothèque de Grenoble, manuscrits et édition diplomatique. Assurément une grande entreprise d'utilité mondiale pour chercheurs, étudiants et amateurs, et un modèle de mise en page (parmi d'autres) pour tous ceux qui travaillent à rendre vivants manuscrits et imprimés des textes passés.
Attention, c'est visiblement programmé pour Internet Explorer : avec mon Firefox, les images des pages sont coupées en bas et le moteur de recherche ne fonctionne pas, alors qu'avec IE, tout est OK.

Commentaires

1. Le lundi 7 janvier 2008 à 22:23, par brigetoun :

oups ! grand merci pour Henri Brulard !
devrais rencontrer cette semaine quelqu'un pour mes acouphènes - pensée pour T



Mardi 8 janvier 2008. Qu'est-ce qu'il m'apporterait, ce gros cône-là ?...

Il faut retourner à l'école, aujourd'hui ! Je charge ma nouvelle petite valise à roulettes, acquise hier en remplacement de celle qui depuis 2002 a changé de couleur — il y avait 28 semaines de cours jusqu'à l'année dernière (2006), 30 maintenant, à quoi s'ajoute chaque année une dizaine de semaines d'examens, de concours et de préparations diverses, ce qui fait 38 en 2002, idem pour 2003, 2004, 2005 et 2006, soit 190 semaines, à quoi s'ajoutent les 40 semaines de 2007 (allant jusqu'en mars 2008), total 230 allers-retours (ce qui, dit en passant, représente 4,6 millions de yens dépensés en billets de train, de quoi faire un bel apport pour l'achat d'un appartement à Paris, par exemple, mais n'y pensons plus, de toute façon, je n'ai pas le choix)... Bref, je charge ma nouvelle petite valise et je m'en vais vaillant, corrigeant en chemin un rapport de 4e année plutôt bien écrit, sans même un regard pour le Mont Fuji — qu'est-ce qu'il m'apporterait, ce gros cône-là ?...

Oui, j'ai plaisir à retrouver mes étudiants ; principalement des étudiantes, d'ailleurs. Leur jeunesse souriante et leur application docile sont un onguent sur les plaies que le monde et ses horreurs me font à chaque bulletin d'information (aujourd'hui Pakistan, chalutier et point presse de Sarkozy). Je sais qu'une bonne partie ira augmenter le gros de la connerie du monde d'ici trois ou quatre ans ; au moins aurai-je profité de leur gentille naïveté et cru les enrichir, en disposer une minorité à vouloir autre chose...

À 19 heures, grâce aux efforts de coordination de mon cousin, je téléphone à mon père, via une infirmière qui lui passe le combiné. Il n'a plus besoin du masque à oxygène, il est assis, il dit qu'il s'ennuie un peu. Il a eu un vrai petit déjeuner. Il faut peu pour retrouver la joie de vivre, ou quelque chose qui s'en approche quand on a été au plus mal. Je rappelle ensuite mon cousin pour qu'on lui apporte des magazines et un carnet à dessin.

Au courrier, entre les barbants documents universitaires, un petit paquet de la fidèle et constante Laure, avec Civil de Daniel Foucard. J'en lis quelques lignes et me promets de m'y mettre dès que possible...

« Tiens, fais le test : un jour tâche d'être désagréable sans motif, bouscule ton client : tutoiement, blague cassante, pet, etc. En deux minutes, il te parlera impôts, pas de devoir, de déontologie, non, il ne s'en mêle pas : il te parlera impôts. Il transformera ton uniforme en objet et lui en sujet. Tu lui feras une réponse de chiotte, ultra efficace du genre : Mais moi aussi je paye mes impôts ! Là, regarde bien sa pupille rétrécir, vois ce sentiment de panique flottant dans le potage de son bon droit, regarde cette pâleur l'accusant d'avoir été trop con trop vite.» (Daniel Foucard, Civil, Paris : Léo Scheer, 2008, coll. Laureli, p. 15)

Commentaires

1. Le mardi 8 janvier 2008 à 07:14, par brigetoun :

oui le retour de l'ennui et le droit de se nourrir, moments merveilleux, même si on n'en a qu'une vague prise de conscience

2. Le mardi 8 janvier 2008 à 15:39, par patapon :

Le monde et ses horreurs... Pour le Pakistan, tout à fait d’accord avec toi, mais pour la conférence de presse de Sarkozy, tout de même, comme horreur, on aura vu pire! Dédramatisons! Et tant qu’on n’aura que des horreurs comme ce point-presse, ça ira!

3. Le mardi 8 janvier 2008 à 16:55, par christine :

amusant ton calcul ! moi aussi avec les sommes considérables versées à la sncf depuis plus de 20 ans j'aurais peut-être pu devenir propriétaire : mieux vaut que je n'essaie pas d'estimer le montant total de mes billets de tgv !

et comme antidote à la conférence de presse de Sarkozy (dont je pense aussi qu'elle fait partie des horreurs du jour ... chacun a les horreurs qu'il peut, patapon) je te conseille de te précipiter dès que possible sur son commentaire dans l'émission de rentrée de Taddéï, avec des invités très en forme

4. Le mardi 8 janvier 2008 à 19:43, par Berlol :

Ah que voilà une bonne nouvelle ! Merci, Christine !

5. Le mercredi 9 janvier 2008 à 03:52, par patapon :

Du calme, du calme! Je crois qu’il faut faire le départ entre ce qui est horrible et ce qui est ridicule. Ce qui est horrible: Hitler, Pol Pot, Ahmadinejad, les Frères Musulmans (liste non exhaustive). Ce qui est ridicule: les implants capillaires de Berlusconi, les aventures de Nicolas et Carla à Disneyland, Bigard chez le Pape, la moustache de José Bové, Jean-Luc Mélenchon...

6. Le jeudi 10 janvier 2008 à 05:57, par emm. :

d'accord avec patapon, n'est ce pas donner trop d'importance à Sarkozy que de le penser en horreur, ou bien si c'est la seule horreur que la France a, alors en effet réjouissons nous, car ce n'est pas Pol Pot, ni Hitler, ni tant d'autres du siècle passé, en cours, à venir.

un bon remède : couper la radio, éteindre la TV et se plonger dans un bon livre comme celui de Foucard... le reste n'est que bavardage inconsistant, sans intérêt.

7. Le jeudi 10 janvier 2008 à 07:14, par Berlol :

Hitler en 1932 et Pol Pot en 1975 avaient eu l'heur de plaire à bien des gens et semblaient être les hommes de la situation, providentiels même, avec un caractère d'évidence. Or, pour ma part, je ne sais pas ce que sera et fera M. Sarkozy dans six mois ou dans trois ans. Je n'ai pas confiance en lui et son comportement fait de vulgarité et d'évidences ne me semble augurer de rien de bon. Je souhaite vivement avoir tort, vous savez !



Mercredi 9 janvier 2008. Ma transparence.

Selon ma transparence du 21 octobre dernier, et bien que je ne l'aie pas mise en avant dans ma conférence de presse d'avant-hier, je ne me suis pas fait opérer au Val de Grâce, moi.

Cours et réunions (normaux) ont laissé place à une soirée exceptionnelle. D'abord, les retrouvailles du mercredîner, dans un petit restaurant de Motoyama, avec Sophie revenue de France hier (très heureuse de retrouver la nourriture japonaise, et pas que ça, apparemment), Benoît (bien reposé, grâce à quelques jours au Cambodge) et Andreas (bénéficiaire, comme moi, du clément hiver nippon). Après une interruption, on se demande toujours si ça repartira. Les raisons profondes et mystérieuses qui font tenir un groupe, quel qu'il soit, ne sont pas éternelles. Il suffit parfois d'un départ, d'un décalage, d'une démotivation pour que la belle ambiance parte en fumée — aussi la fête-t-on ce soir avec autant d'entrain que de gratitude réciproque. Bière, alcool de prune ou de pomme de terre sont de la partie.
Ensuite, de retour à la maison, c'est une autre communauté qui m'attend, qui exprime au fond une même excitation d'êtres humains partageant expériences et points de vue : le plateau de reprise de Ce soir ou Jamais est en effet exceptionnel (Christine nous avait prévenus). Je salue surtout les savoureuses envolées de Régis Jauffret, la précision tranquille de Caroline Fourest et, dans une moindre mesure, les touchantes vrilles de Jean-François Stévenin. En revanche, le sérieux compassé et hautain de Zaki Laïdi et les interventions brouillonnes de Raphaël Glucksmann me laissent indifférent.

Au moins, ces deux communautés-là, c'est autre chose que Facebook ou Second Life !

Commentaires

1. Le mercredi 9 janvier 2008 à 09:44, par brigetoun :

tant que nous le pouvons, décidons qu'il n'existe pas l'homme de l'autre conférence de presse, ni ses mots détournés, seulement quelquefois ses actes

2. Le mercredi 16 janvier 2008 à 09:53, par Dominique Hasselmann :

Une gorgée de Japon, il y a longtemps que je n'avais fait le voyage...
Juste une interrogation : c'est qui, Raphaël Glucksmann, son fils ? Ou un des ex de Carla B ?
Je vois que tu suis régulièrement l'émission de Frédéric Taddeï, tu as donc dû y apercevoir Alain Badiou (j'avais mis un lien à celle-ci, au moment de la polémique suscitée par la sortie de son livre, dans un article sur mon blog), lui qui disait pourtant, récemment dans "Le Monde", qu'il évitait la télé...

Meilleurs voeux (j'ignore la traduction locale) !



Jeudi 10 janvier 2008. Rentrez-lui ses chiffres dans le gosier.

J'aurais mieux aimé, au moins dans un petit coin encore digne de la blogosphère, qu'on parlât un peu plus des manuscrits d'Henry Brulard que des fesses de Simone de Beauvoir...
Ceci dit, une fois qu'on se sera bien repu de ces fesseries dans le petit bassin, il restera toute l'année pour explorer les grands fonds : parler de la tête qui a pensé, des yeux qui ont vu le monde, des mains qui ont tracé les nouveaux contours de la condition féminine. Il valait peut-être mieux, finalement, que ce fût dans ce sens-ci — tête par-dessus cul — que dans l'autre.

Trois cours avec étudiants stressés par l'approche des examens. Pour le groupe qui partira avec moi dans trente-cinq jours, extraction d'horaires de la SN.CF (pas évident de s'y retrouver à la base du site — allez-y et cherchez simplement des horaires de train, vous verrez...).
Bon moment de détente avec David en prenant un thé dans mon bureau.
Le soir, je m'ennuie à mourir avec le ramassis d'économistes de Ce soir ou Jamais. Ils disent tout et leur contraire, sont incapables de s'entendre, veulent faire croire à leur scientificité par le recours aux chiffres, aux rapports d'institutions, sans jamais avouer — ce serait la honte — qu'ils sont d'abord pétris d'idéologie, d'un côté comme de l'autre. Le pire, c'est qu'à l'exception d'une ou deux petites voix qui ne sont d'ailleurs pas celles d'économistes, ils assujettissent tous, et irréversiblement, l'ensemble de la condition humaine aux facteurs économiques.
S'il y a un économiste dans votre entourage ou à votre portée, rentrez-lui ses chiffres dans le gosier, bâillonnez-le et envoyez-le travailler une semaine dans un fast-food (c'est un des emplois par lesquels nos étudiants découvrent le plus souvent le monde du travial*, ces jours-ci) — après, on verra s'il ne veut pas, lui aussi, changer le monde.

« Seuls les riches ont le courage de déclarer que l'extrême pauvreté est intolérable. Les pauvres se taisent.» (Hubert Lucot, Grands Mots d'ordre et petites phrases, p. 173)

« Il ne faut pas exclure les petites gens mais les inclure dans l'économie mondiale en baissant leur salaire.» (Ibid., p. 174)

* Beau lapsus digital, non ?

Commentaires

1. Le jeudi 10 janvier 2008 à 22:10, par martine sonnet :

pas le temps de développer mais, à chaud, je suis un peu gênée par l'expression "les nouveaux contours de la condition féminine" (à tout prendre je crois que j'aimerais encore mieux les "nouveaux atours" et "condition féminine", ça pèse...)

2. Le jeudi 10 janvier 2008 à 23:44, par Berlol :

Je comprends ce que vous voulez dire. Cependant, "atours" a un sens résolument positif. Or, je ne suis pas certain que ce que Beauvoir dessine soit tout à fait positif. Vous nous en direz peut-être plus "à froid" ?

3. Le vendredi 11 janvier 2008 à 00:21, par jenbamin :

« Prenez trois économistes, vous aurez quatre avis différents. »

Dit-on.

4. Le vendredi 11 janvier 2008 à 00:48, par brigetoun :

ceci dit il y a quand même eu de sacrés changements dans ladite condition, plus que dans les atours, par rapport à la jeunesse de Simone de Beauvoir ou même à la mienne. Nous sommes légitimes maintenant.
Pour le ce soir ou jamais des économistes j'ai tenu dix minutes

5. Le vendredi 11 janvier 2008 à 02:51, par Philippe De Jonckheere :

Berlol, je comprends ce que tu veux dire, c'est tout de même consternant cette affaire de fesses. Je t'assure que l'on fait de son mieux pour tenter d'élever le niveau du débat et pour dire que pour nous Simone de Beauvoir c'était surtout une destinée remarquable du siècle précédent et oui, des écrits qui resteront. On s'y emploie mais ce n'est pas facile.

Hier interviewé par la Radio Suisse Romande, j'ai tenté de le faire. www.desordre.net/blog/blo...

Suis aussi passé à la librairie m'acheter trois de ses livres pas encore lus, histoire de faire bonne mesure dans cette affaire. Alors oui, tête par dessus cul, on va finir par y venir. Mais tu as raison que tout ceci est désordre!

Amicalement

Phil

6. Le vendredi 11 janvier 2008 à 05:46, par christine :

quant à moi je suis tout de même assez fière d'avoir engendré un peu de "désordre" dans notre petit coin de blogosphère en réagissant à cette une et en remarquant que la photo avait été retouchée : même si les premières vagues soulevées chez Philippe étaient nettement plus dignes que les vaguelettes reprises dans rue89 et jusque chez ton ami Assouline

m'a amusé le fait que ces vagues me reviennent dans la vraie vie lorsqu'une lectrice, sur mon lieu de travail, m'a parlé de mon billet sans savoir que j'en étais l'auteur

et puis grâce à ton commentaire éclairé, berlol, j'ai pu apprendre que "tout le monde a des fesses" ce qui fut une révélation majeure !


Vendredi 11 janvier 2008. Mon adhésion, presque malgré moi.

Première séance de l'année au centre de sport. Je transpire gros en compagnie de stagiaires de la police et de leur formateur. Quand il s'adresse à eux, il s'adresse aussi à moi et ses remarques, qui emportent parfois mon adhésion, presque malgré moi, me font froid dans le dos. La réussite du texte de Foucard tient d'abord dans la justesse du ton policier, dans l'évidence (presque sarkozienne) de la société coercitive dès que l'on adopte un angle résolument collectiviste et sécuritaire... Jusqu'où cela ira-t-il ?

«Si les show TV, du style Une journée avec la Police ont autant de succès d'audience, ce n'est pas seulement parce que le public se plaît à constater la dureté de notre métier, c'est d'abord parce qu'il nous soutient dans notre effort. L'identification du civil au policier est totale. Seul un discours correctif à tenir en public, du style : ces flics, franchement, ils abusent permet de compenser cet amour inavouable.
Le civil nous aime parce qu'il déteste la violence. C'est une partie qui se déroule sans lui, sinon il serait armé ou costaud. Il accepte la violence, disons plutôt qu'il la tolère dans la mesure où il dispose d'une force de frappe publique : la Police. Comme le votant avec le politicien, il délègue sa capacité de réplique, en cas d'agression, à une milice mieux équipée que lui.» (Daniel Foucard, Civil, p. 55)

David et moi devons déjeuner à la cantine, au lieu d'aller au Downey. C'est la faute d'une de mes étudiantes, à qui j'ai accordé un rendez-vous à 13h30 pour corriger son mémoire sur Louis Malle. Une ou deux autres affaires à régler par courrier après, et me voici reparti pour le train rapide, toujours Civil en main.
À Iidabashi, T. m'attend pour acheter du pain et dîner dehors. Mais le vendredi soir, tout est plein dans Kagurazaka, surtout d'employés de bureau s'invitant mondainement pour fêter la nouvelle année. On échoue au Royal Host où l'on est sûrs d'être tranquilles.

À la maison, jusqu'au coucher, je m'exile en musique avec Rimbaud. Et un petit peu avec Glatigny, aussi.

Commentaires

1. Le samedi 12 janvier 2008 à 16:17, par Manu :

Dommage, on aurait peut-être pu dîner ensemble ! J'ai tellement l'habitude que tu sois à des conférences ou au cinéma le vendredi soir que je n'ai pas pensé à t'appeler.



Samedi 12 janvier 2008. Le terreau avait bien changé.

Le mois dernier encore, je me demandais bien ce que j'aurais à dire de nouveau sur À la Musique, dont l'étude mise en ligne avait constitué l'une de mes premières pages web, en 1996. Bien sûr, la simple mise en scène, dans une salle de classe, de ces remarques pouvait déjà suffire à donner une explication du poème. Mais en creusant à nouveau le même sillon, je me suis aperçu que le terreau avait bien changé (et qu'il faudra peut-être que je fasse une seconde version de la page, en renouant les liens perdus).
D'abord, il y a la somme biographique et littéraire de Jean-Jacques Lefrère, de 2001, que je considère comme un des meilleurs outils à notre disposition. Ensuite, l'édition de L'œuvre intégrale manuscrite de Rimbaud chez Textuel (1996), pour essayer de contextualiser, de reconstruire le temps de l'écriture. Enfin, les développements du web qui permettent, à partir de bribes d'informations glanées chez Lefrère, de retrouver l'historique de la guerre de 1870 (le poème a très probablement été écrit à la fin du printemps 1870) et l'intertexte où Rimbaud a emprunté le contraste entre, d'une part, la mondanité bourgeoise autour de l'orchestre militaire et, d'autre part, le solitaire exalté par la haine du bourgeois et ses premiers émois sexuels, à savoir un poème d'Albert Glatigny intitulé Promenades d'hiver, dans son recueil de 1864, Les Flèches d'or (p. 158) — qui, pour n'être pas passé à la postérité, ne s'en trouve pas moins disponible sur Gallica (cela aussi bien après 1996).
On voit très clairement la progression centrifuge du poème, du kiosque vers les allées de marronniers. Entre mondanité (bourgeois, bureaux, notaires, épiciers, tous détestés) et solitude (le moi mal dans sa peau parce qu'il n'est que suivre), la frontière subjective est marquée, comme de façon prémonitoire, par le mot « contrebande »...

Enfin, le Saint-Martin rouvrit ! C'est qu'on a failli mourir de faim, nous ! Lundi dernier, par exemple. J'en fais la remarque à Yukie, qui le prend à la rigolade... Je lui demande aussi si elle sait pourquoi les frites 2008 — j'en ai une entre les doigts — sont meilleures que les frites 2007.

Après, notre temps se partage entre la sieste, l'écriture de kanjis, la lecture de blogs, l'enregistrement d'émissions de radio, etc. Et des petits dessins pour essayer d'imaginer comment on pourrait redisposer l'appartement. Bref, pas de quoi en faire un paragraphe.

Commentaires

1. Le dimanche 13 janvier 2008 à 01:26, par brigetoun :

quand je pense une fois encore qu'il me faudrait aller à Tokyo pour être votre élève (problème nationalité et surtout âge)

2. Le dimanche 13 janvier 2008 à 04:47, par vinteix :

La somme rimbaldienne de Lefrère est en effet, sous l'angle biographique et historique, impressionnante... mais du point de vue littéraire ou critique bien convenue et surtout d'une grande sécheresse quasi clinique... en tout cas sans commune mesure avec les études de Brunel, Stétié ou Munier, pour ne citer qu'eux...

Quant "A la musique", au-delà de l'opposition convenue entre la bourgeoisie et le jeune poète, thème romantique ou post-romantique, certes largement revisité par Rimbaud dans l'expression (lexique, images, syntaxe...), ce que j'y trouve de plus intéressant est ce qui s'y dit à la fin : l'érotisme et la solitude, et surtout l'expression du silence ("Je ne dis pas un mot"), présente et récurrente dès les premiers poèmes de Rimbaud, et en filigrane l'énoncé de tout un programme poétique et vital en germes, une alchimie du verbe et du corps, détruits et recréés : "Je reconstruis les corps..."

3. Le lundi 14 janvier 2008 à 07:25, par vinteix :

Pour l'avoir ressorti et reparcouru hier, je dirais même, pardon, que cette somme de Lefrère, vaut uniquement par ses informations biographiques et historiques, certes non négligeables, mais est d'une indigence totale au niveau littéraire... même si elle apporte des éléments évidemment non négligables pour une exégèse ou une herméneutique, quoique dans un esprit largement positiviste... alors que de ce point de vue là, largement préférable à des centaines de pages d'anecdotes ou de détails historiques, comme a su le compendre en son temps Henri Mondor avec Mallarmé, dix lignes de Char ou Bounoure, par exemple, sur Rimbaud apportent et questionnent largement plus qu'une relation clinique...

4. Le lundi 14 janvier 2008 à 07:27, par Berlol :

Pas d'accord. Mais peu importe... Ça nous emmènerait trop loin.

5. Le lundi 14 janvier 2008 à 07:48, par vinteix :

Pourquoi pas ? "le trop loin" en l'occurrence, sur quelqu'un comme Rimbaud, ou un autre poète ou écrivain aussi commenté et mythifié, reste toujours d'actualité, échappe au temps... et nul commentaire n'est évidemment définitif ni superfétatoire, au risque de surcharger la vulgate comme le disait Michon. Pour moi, un des plus profonds commentaires post-rimbaldiens, liés à Rimbaud, à sa destinée mais surtout au "destin" de la poésie après Rimbaud, comme on a pu parler de la poésie après Auschwitz, est un des plus discrets et inconnus, écrit par Jean Maquet, 3 ou 4 pages seulement, dans la revue "Troisième convoi", "Les Anges pleurant"... Enfin, c'est très personnel, mais je ne goûte guère aux biographies, et comme le disait justement Blanchot à propos du travail de Mondor sur Mallarmé, le biographe connaît le génie et ignore l'homme... avec beaucoup de guillemets et d'infinis précautions... Néanmoins, l'essentiel étant les textes, seuls m'intéressent vraiment les études ou textes écrits par d'autres poètes ou écrivains, c'est-à-dire des textes sur des textes, des textes d'écrivains, ce que n'est à l'évidence pas Lefrère... a contrario, par exemple, le texte le plus éclairant et intéressant sur Breton est pour moi celui de Gracq, une sorte de référence en la matière, qui m'apporte beaucoup plus sur Breton et son oeuvre que le livre de Béhar ou tout autre biographie...
A refeuilleter le livre de Lefrère, certes intéressant pour de micros-détails historiques ou anecdotiques, impressionnant par la somme de travail d'archives, ne me reste qu'une impression de sécheresse désolante, voire même mortifère...

6. Le lundi 14 janvier 2008 à 09:04, par vinteix :

D'ailleurs, à lire ton commentaire en ligne d'"A la musique", je ne vois pas bien ce que pourrait t'apporter Lefrère... dont le livre est quasiment vide de toute réflexion ou écriture sur le texte même, la langue du poète... encore une fois, ce millier de pages, intéressantes mais somme toute très cliniques, le fait d'ailleurs d'un clinicien, ne valent pas au niveau de la réflexion sur la poésie de Rimbaud 10 lignes de Char, Blanchot, Brunel, Stétié ou Richard, par exemple... et personnellement, un livre qu'on lit sans s'arrêter ne me parle guère profondément... or, à titre d'exemple sur Rimbaud, parmi beaucoup d'autres, une courte phrase de Stétié m'a vraiment arrêté et renvoyé aux textes eux-mêmes, y trouvant maints échots et incarnations, aussi bien dans les poèmes, dès la genèse, que dans la correspondance : "Rimbaud n'est pas un poème qui s'est tu, mais un silence une fois qui a parlé."
La lecture de Lefrère ne m'a donné aucun ou presque de ces "arrêts"... Certes, son apport est grand, du point de vue anecdotique, comme par exemple cette photo exhumée de Rimbaud et son fusil... finalement semblable à la photo volée de Blanchot et son caddie... certes émouvante... comme certaines de ses démystications, ainsi, preuves photographiques à l'appui, l'hôtel d'Aden qu'on prenait pour celui où avait séjourné Rimbaud, devenu même "Institut français" (où l'on voit aussi l'enjeu polémique...) et qui n'était finalement pas le bon... soit, très bien ! et ensuite ? comme l'a déjà suffisamment montré Etiemble, ces points de détails ne font que participer au mythe... et ne parlent guère de l'essentiel, la poésie...
Ainsi donc, citant précédemment Jean Maquet, je me suis rendu compte que je pensais en fait à un autre texte de lui, même si Rimbaud est largement présent et cité dans "Les Anges pleurant"... en fait un court article publié dans "Combat" (novembre 1947), intitulé "Se taire ou dire autre chose" qui en 2 pages parle beaucoup plus de la poésie de Rimbaud et de la poésie en général après Rimbaud que le millier de pages du docteur Lefrère...
(On peut trouver ce texte à la fin du fac-similé de la revue "Troisième convoi", ed. Farrago, 1998, pp.241-242)

7. Le lundi 14 janvier 2008 à 09:32, par vinteix :

Ceci dit, quitte à... ou plutôt pour que cela nous emmène "trop loin", je suis curieux de et ouvert à ce que la lecture de Lefrère a pu t'apporter sur Rimbaud... au-delà de la relation journalistique ou clinique d'une existence commençant à telle date et finissant à telle autre...




Dimanche 13 janvier 2008. Zigzags de ruelles.

Grasse matinée et lecture (Foucard et du japonais). Manu m'envoie un courrier au portable pour qu'on se retrouve éventuellement dans l'après-midi. J'y réponds positivement. Après le déjeuner, je laisse T. à son travail (sujets d'examens) et m'en vais voir si Shibuya est encore à sa place.
Pour nous (Manu et moi), c'est un lieu chargé d'histoire. Il n'y a pas si longtemps, avant qu'il soit marié et père de famille, avant que Bikun ait quitté le Japon et son métier d'informaticien, et même avant le JLR, nous nous voyions tous les dimanches matin pour des parties de ping-pong acharnées, nous déjeunions de plâtrées de pâtes italiennes et nous coulions des œillades à toutes les shibuyettes bien roulées.
Le temps a passé, sur nous comme partout.
Mais quittons là la remémoration...
De mon côté, j'achète rapidement des cartouches d'encre pour l'imprimante (Sakuraya). De son côté, Manu recherche des petites enceintes de bonne qualité, on va jusque chez Yamaha mais on ne trouve pas ce qu'il recherche.
Allons maintenant à l'essentiel : le lieu tranquille avec café et gâteau qui nous permettra de discuter un bon moment. Après quelques zigzags de ruelles, et la foule qui grossit à chaque minute, je propose de monter dans Bunkamura, où l'on se fixe chez Daigo. Café et crêpes, belle argenterie. On fait le point sur les derniers mois. Manu semble obsédé de savoir quand on s'est vu pour la dernière fois... Comme il a généralement bonne mémoire, ça le dérange plus que moi de ne pas se souvenir quand il veut.
D'abord, moi, je l'ai vu sur des skis dans la nuit du 30 au 31 décembre, Manu ! Ce qui fait moins de quinze jours. Il ne peut pas en dire autant... Nous nous souvenons bien d'un déjeuner peu après son nouveau boulot, au printemps (le 5 mai). Vaguement d'une fois postérieure, sans nous la remettre. Il faudra, le soir, toute la puissance du moteur JLR pour exhumer le 5 août, la chaleur d'août, la foule d'Omote-Sando, l'excellent pamplemousse givré que j'avais pris, dont je me souviens parfaitement sans pourtant l'avoir noté...
Au rayon homme, on fait un peu les soldes. Finalement, on achète la même chemise grise, pas tout à fait la même taille. Puis au sous-sol, Manu doit acheter des gâteaux pour une invitation ce soir. Pendant qu'il s'occupe de ça, je tombe, dans la boutique des fruits de luxe, sur de superbes fraises, soldées 500 yens ! Moins cher que partout ailleurs ! C'est T. qui va être contente !

Dans le métro puis plus tard, au lit, je finis Civil. En quelque sorte, je suis déçu. Il y avait bien quelque chose qui clochait, mais le dénouement est sans brio, sans comique, sans morale. J'en garderai quand même un bon souvenir, pour quelques paragraphes au juste ton.

« Je ne vois pas quel instruit, quel amoureux de sa propre liberté, ferait l'apologie du métier des auxiliaires du Droit. Je ne vois pas quel amuseur public écrirait mille fois d'affilée le même contrôle routier sans histoire : à peine un papier manquant, une petite plainte, des petits mensonges. Je ne vois pas quel artiste visionnaire ferait l'apologie de la Loi, du Droit, de l'ordre et du calme. Je ne vois pas quel réalisateur réaliste ferait autre chose que de montrer des flics en pleine violence, étourdis d'action. Même s'il restait confiné dans l'intime, ce serait encore de la souffrance qu'il montrerait : dépression, affaire de cœur et découragement. Je ne vois pas quel lettré a réellement parlé de votre métier.» (Daniel Foucard, Civil, p. 150)

Commentaires

1. Le mardi 15 janvier 2008 à 04:34, par Manu :

Et oui, Omotesando... ma mémoire m'inquiète. J'avais d'ailleurs aussi oublié ma taille et suis retourné le lendemain l'échanger contre du 40-84, qui s'est fini en 39-82 par rupture de stock, peut-être par ta faute, car ça se rapproche de la tienne, non ?

2. Le mardi 15 janvier 2008 à 05:07, par Berlol :

Moi, j'ai pris du 40-82 et c'est parfait... Mais t'avais pris quoi, initialement, 48-112 ?

3. Le mardi 15 janvier 2008 à 05:31, par Manu :

Initialement, 42-84. 40-82, ça aurait été pas mal pour moi aussi en fait. J'ai failli changer de modèle d'ailleurs, sans même m'en rendre compte tellement ça se ressemblait.



Lundi 14 janvier 2008. Ce sur quoi je m'appuie (1).

J'écris.

Ce sur quoi je m'appuie
n'est pas stable

* *
*

Chez Laure, la grippe. Chez Crouty, le petit chat est mort. Je fonce chez Christine tête baissée — ce qui m'évite peut-être de me la faire couper. Je la relève de fierté en écoutant Philippe répondre de Beauvoir en Suisse.
On déjeune à nouveau au Saint-Martin, merguez-frites pour moi et agneau-frites pour T. qui prend aussi du vin. C'est très important : depuis un mois, elle ne pouvait rien boire, broyée entre médicaments et désintérêt. Or aujourd'hui, elle se remet à la viande rouge et au vin. Et la fièvre est tombée. Faisons que l'embellie de santé dure !
L'entrain au travail aussi ! Je fais donc seul et à pied l'aller-retour au Seijo-Ishii de Korakuen en écoutant Jérôme Mauche chez Veinstein (agréable, intéressant, pertinent même), puis le début d'une émission sur Blanchot et Laporte (propos que je comprends très bien mais qui sont maintenant très datés, qui ne me paraissent plus pertinents, ou bien c'est leur ton, componction, va savoir).

Suis bien soulagé aussi du côté paternel. Je l'ai au téléphone vers 18 heures, directement dans sa chambre à l'hôpital, la voix encore éraillée par l'asèchement des tuyaux. Très raisonnable, grande volonté de s'en remettre et de repartir gambader.

Dîner (grand pot-au-feu) et après avec le dévédé The Village (Shyamalan, 2004). On craignait un vulgaire film d'horreur mais on est positivement étonné de voir un conte basé sur une utopie contemporaine. Construction et psychologie convergent efficacement. Le montage avec jeu sur la peur est juste, à l'équilibre — juste avant de faire procédé et d'ennuyer.

Commentaires

1. Le lundi 14 janvier 2008 à 09:15, par vinteix :

Oui, en effet, ce sur quoi l'on s'appuie (pour écrire) n'est pas stable... comme ce que l'on peut écrire... de surcroît sur une terre sujette aux séismes... mais est-ce seulement le cas au Japon ?

2. Le lundi 14 janvier 2008 à 13:29, par Philippe De Jonckheere :

Merci pour la fierté. L'impression de n'avoir fait que mon devoir. Je ne sais pas si je l'ai dit mais l'accueil à RSR aussi bien à Paris que depuis Lausanne était très chaleureux et Madeleine a pu assister à tout cela sur les genoux de la technicienne en cabine presque.

Amicalement

Phil, qui va regretter Coulis, qui m'aura fait rire une paire de fois.

3. Le lundi 14 janvier 2008 à 14:07, par christine :

il ne faut pas avoir peur des images, Berlol !
les représentations de Salomé suscitent chez les messieurs une peur toute freudienne de la castration ... ce n'est pas nouveau mais ça marche à tout les coups

4. Le lundi 14 janvier 2008 à 15:26, par Berlol :

T'en as de bonnes, Christine ! On n'a pas besoin de Freud, en l'occurrence. Dis-toi bien que si c'était la tête d'une femme, sur le plateau, les hommes auraient tout de suite beaucoup moins peur !
Vinteix, je vais reprendre ce soir. Là, pas le temps...

5. Le lundi 14 janvier 2008 à 16:32, par christine :

les représentations de femmes martyres, violées, transpercées, plus ou moins déshabillées, ne manquent pas non plus dans l’iconographie occidentale ! laquelle est-ce, sainte Agathe je crois, qui se promène avec ses seins façon flan sur un plateau, m'a toujours un peu perturbée ...
(ne sachant comment illustrer mon billet de ce soir, j'ai choisi une autre des Salomé de Luini : prépare-toi psychologiquement !)

6. Le lundi 14 janvier 2008 à 16:57, par Berlol :

Merci, Christine, de me prévenir. Je vais faire un travail sur moi-même...
Cher Vinteix, tu dis "l'essentiel étant les textes", puis "l'essentiel, la poésie..." Certes... Certes... Mais je suis très suspicieux vis-à-vis de la poésie. Je ne crois pas à sa supériorité, à sa définition quintessentielle ; mettant les romanciers dans le caniveau, par exemple. Pour moi, quitte à choquer, la plupart des livres de poésie sont des supercheries qui, de surcroit, déboisent. Je prise peu de poètes. Mon Je rentre à la meschon était clair sur ce point. Par conséquent, les discours sur la poésie, c'est encore pire, pour moi ! J'en sauverai, ici et là, quelques-uns, bien sûr. Mais rien de doctrinaire ni de corporatiste, d'une part, et rien des élucubrations des interprètes des poètes.
Alors, le livre de Lefrère, c'est comme un dictionnaire concis, précis, bien foutu, qu'on poserait à côté d'une vieille anthologie critique et prétendument encyclopédique. J'y pioche, j'y picore, et je m'attache au texte de Rimbaud, en autiste, seul en rase campagne, presque, sans rien lire de ce que d'autres en ont pensé. Désolé.

7. Le mardi 15 janvier 2008 à 00:54, par vinteix :

un commentaire retenu dans les filets magiques (magie noire) ?... je me demande quel gros mot j'ai pu encore dire... meschonnic ou gogol ?...

8. Le mardi 15 janvier 2008 à 01:02, par Berlol :

Non, je n'ai pas eu d'autres commentaires de toi, même dans le filtre. Tu as peut-être fait une fausse manip' ?

9. Le mardi 15 janvier 2008 à 01:10, par vinteix :

Quant à la poésie, elle est aussi pour moi sans définition et sans essence... je rejoins sur ce point certains propos de Meschonnic... (quant à ses classifications ou jugements, c'est autre chose...) Quant aux catégorisations classiques, elles me semblent parfois vacillantes et bien conventionnelles... Tant de textes sont inclassables et oscillent entre "récit" et "poésie"... donc, pour moi, ce n'est pas du tout une question de valeurs, qui tendrait à mettre la poésie "au-dessus" du roman... Gogol n'a-t-il pas intitulé "Les Ames mortes" "poème" ? Non, je ne parlais pas du tout de cela.
Si j'ai parlé de "poésie", c'est évidemment parce qu'il était question de Rimbaud... l'essentiel étant le texte en général, ce que j'ai pu dire de Rimbaud ou de Breton, était dit dans la perspective de la "biographie" (Lefrère en l'occurrence) ou du texte sur un écrivain, poète ou non n'est pas la question... je pourrais le dire de tout écrivain et de toute oeuvre que j'aime... c'est au-delà de la poésie elle-même et vaut pour n'importe quel texte. Certains critiques ou biographes sont eux-mêmes des écrivains, écrivent sur un autre en parlant aussi de l'écriture et de ce met à l'oeuvre le texte, de ce que s'y joue dans le texte de vécu (si l'on est dans le cadre d'une "biographie")... ce que ne fait nullement Lefrère, d'où son intérêt clinique limité à la vie de Rimbaud, offrant certes de précieux documents.
Quant aux textes sur la poésie en particulier, venus de la part de poètes eux-mêmes ou d'écrivains ou philosophes, ils sont nombreux et loin d'être inintéressants ! Que tu ne prises guère la poésie est une chose... mais je ne vois pas pourquoi "le roman" ou la philosophie engendrerait eux des textes, des essais très nourrissants et pas la poésie ?... je ne parle pas de textes universitaires, le plus souvent dessicatifs... mais de textes eux-mêmes poétiques, qui sont loin d'être des "élucubrations", écrits par des poètes (Baudelaire, Celan, Chazal, Mandelstam, etc. etc.) ou, de manière plus générale, de textes (commentaires sur une oeuvre) comme ceux de Gracq sur Breton, de Char, Bonnefoy ou Stétié sur Rimbaud, de Derrida ou Lacoue-Labarthe sur Celan, de M.Robert sur Kafka, de tant de textes de Blanchot sur tant d'écrivains, par exemple... Ce sont aussi des textes d'écriture à part entière, au-delà du "commentaire" sur... et quant à la réflexion sur une oeuvre ou un auteur et l'écriture en général, ils m'apportent généralement beaucoup plus qu'une somme sèchement "historique".
Et pour citer 3 ou 4 biographies ou "essais biographiques" qui parlent aussi profondément de l'oeuvre, beaucoup plus que le docteur Lefrère, on pourrait citer celle de L.Beaufils sur M.de Chazal (qui, au-delà de l'exhaustivité chronologique, tente de restituer, comme le dit la 4eme de couv, "le mouvement d'une existence où le pensé et le vécu sont intimement liés", comme l'oeuvre et la vie), celle de M.Surya sur Bataille, celle de J.P. Martin sur Michaux ou celle de C.Bident sur Blanchot...

10. Le mardi 15 janvier 2008 à 01:11, par vinteix :

nouvelle tentative de faire passer mon dernier commentaire : en vain ! il reste prisonnier quelque part...

11. Le mardi 15 janvier 2008 à 01:17, par Berlol :

Cette fois, je l'ai eu. L'était dans le filtre. Et tu sais pourquoi ? Parce que dans le mot "document" il y a le mot "cum", qui sert au sperme chez les anglophones... Comment qu'i nous pourrissent la vie, ceux-là !
Pour te répondre brièvement : plus tu me cites des auteurs et des livres, plus tu t'éloignes. La situation est simple : je fais un cours sur Rimbaud. Pour préparer mes commentaires, je ne compte que sur moi et mon expérience de quelques dizaines d'années. Je ne veux SURTOUT pas lire ce que d'autres ont pensé de l'œuvre de Rimbaud. C'est tout. Lefrère m'apporte des petits détails biographiques, en clinicien, oui, et c'est ce dont j'ai besoin, de même que le chirurgien a besoin de savoir où et comment se trouve tel ou tel organe du patient avant d'opérer (et ce n'est pas le moment pour lui d'aller relire les thèses de médecine). Éventuellement, à un autre moment, je lirai Stétié, par exemple, et j'adorerai. J'avais proposé "autiste" et "rase campagne". Et puis, si tu veux bien relire mon texte (Je rentre à la meschon), tu verras qu'il n'y est guère question des conceptions d'Henri...

12. Le mardi 15 janvier 2008 à 01:54, par vinteix :

Je comprends bien ta position et respecte ton souci d'être "vierge" (ce mot-là ne devrait pas poser problème...) face au texte de Rimbaud.
En fait, je réagissais d'abord au deuxième qualificatif de ton expression ("somme biographique et littéraire") pour désigner le travail de Lefrère...
et par la suite à ce que tu disais des "élucubrations des interprètes des poètes"... si l'en existe, certes, ni plus ni moins que sur des "romanciers" ou des "philosophes" d'ailleurs, c'est loin d'être le cas des textes que je lis ou que j'ai pu citer, sur la poésie ou sur des poètes, écrits par des écrivains-poètes eux-mêmes. Les "discours de la poésie" de Borges, Bonnefoy, Jaccottet, Stétié, Mallarmé, Breton, Mandelstam, Blanchot ou Meschonnic, par exemple, sont loin d'être des "élucubrations". Ni "élucubrations" ni "théorie", mais textes de poètes, "dialogues" entre écrivains, au sens où Celan a parlé de son dialogue sur/avec Mandelstam, d'homme à homme (sans l'avoir jamais connu), de texte à texte... et comme l'a fait Blanchot avec Celan lui-même... Là nous sommes dans le "littéraire" ou plutôt dans l'écriture... le reste est de l'histoire (littéraire)... "et tout le reste est littérature"...
J'ai bien relu ton texte ("je rentre à la meschon") que j'apprécie, de même que la poésie de Meschonnic - ainsi que son discours sur la poésie, qui tend pourtant, lui, à la théorie, mais dont j'approuve malgré tout la plupart des grandes idées, sans partager tous ses jugements, loin de là... car il écrit sur la poésie en poète, qu'il est, vivant la poésie... mais à y regarder de plus près ou de plus loin, on se rend compte que ce qu'il dit de la poésie a déjà été dit par des poètes antérieurs... de Hölderlin à Celan, en passant par Rilke, Artaud ou Mandelstam...
La poésie peut être aussi dérisoire, vaine ou écoeurante, "de la cochonnerie", comme a pu le dire Artaud, tout comme l'écriture en général... que sublime, "illumination"... ce qu'avait bien compris Rimbaud, s'assassinant lui-même...
"Les mots ne disent jamais ce qu'ils s'efforcent de dire", dit un personnage du "Bruit et la fureur" de Faulkner... le poème, pour moi, creuse et va jusqu'au bout de cette aporie du langage...

13. Le mardi 15 janvier 2008 à 02:04, par Berlol :

Bien d'accord avec toi, pour vierge comme pour le reste, cette fois.

14. Le mardi 15 janvier 2008 à 02:16, par vinteix :

Désolé que tu sois "bien d'accord"... ça rompt le fil... Non, je plaisante ! Me plaît en fait que l'on soit d'accord dans nos divergences ou nos différences...

Quant à mon rapport personnel à Rimbaud, pour en finir (ici en tout cas)... je ne peux malheureusement (?) pas dire qu'il soit "vierge", ayant déjà pas mal travaillé sur lui... le lisant et relisant, pratiquement chaque semaine depuis 20 ans... et ayant lu d'autre part pas mal de textes sur... A propos de ces derniers, écrits autour de Rimbaud ou en écho à sa poésie, à sa vie aussi, quitte à me répéter, pardon, ce qui m'en reste : une phrase, quelques lignes ou 2-3 pages, presque toujours écrites par d'autres poètes.

Meschonnic a raison de s'indigner contre "le poétiquement correct"... Deguy a tout aussi raison... quand on sait la "p'tite" place, minuscule en fait, microscopique, qui lui est faite de nos jours, en France en tout cas (il en est bien autrement dans beaucoup de pays arabes ou en Chine, par exemple...)... Se rappeler Bernard Pivot, tout sémillant, à la fin d'un de ses "Apostrophes", se retournant vers J.Roubaud : "Et maintenant, cher Jacques Roubaud, un p'tit poème !"
La situation n'a guère changé depuis, voire empiré...

15. Le mercredi 16 janvier 2008 à 05:37, par Laure :

... oh, mais la grippe, ça se guérit !




Mardi 15 janvier 2008. Un sale quart d'heurt.

Ce sur quoi je m'appuie (2)

Rouge
N'a base ni sommet
Nul ne sait :
des langues mortes
du temps oublié
des visages perdus
coulés dans une même flaque...

* *
*

On déjeune tôt et rapide — encore au Saint-Martin — pour une fois que je suis là un mardi midi. Puis se quitter, T. partant vers deux cours au nord-ouest, moi vers l'est d'abord avant que le shinkansen ne m'emporte très loin, sud-ouest. Mon petit volume de Rimbaud, quand je ne somnole pas, je le rumine, le picore, je le chique, me l'injecte en intra-veineuse, j'en remâche les fibres pour en sucer les sucs. Mais ça pourrait rancir. Stop.

Au bureau, début du grand ménage dans le courrier électronique. Des centaines de messages que j'ai laissés s'accumuler dans la boîte principale, qu'il faut répartir, ranger, effacer, auxquels il faut répondre, parfois, malgré le retard.

Superbe Ce soir ou Jamais d'hier. Le droit d'ingérence passe un sale quart d'heurt... Et même un heurt et quart... Je réécoute presque tout deux fois, tellement je suis étonné d'être d'accord avec Nabe et Bricmont — qui devraient fonder une entreprise d'ascenseurs. Nabe & Bricmont, ça sonne très bien.
Et le pauvre Bruno Saby qui arrive là comme une fleur pour regretter qu'il n'y ait plus le Dakar pour sauver l'Afrique ! L'est trop mimi ! Mais merde, quelqu'un va-t-il jamais leur expliquer ?

Commentaires

1. Le mercredi 16 janvier 2008 à 08:23, par brigetoun :

leur expliquer relève de l'exploit impossible, puisque si vous n'êtes pas des leurs vous êtes à la fois rancis et incapables d"enthousiasme, de générosité et d'amour de l'Afrique.
Droit d"ingérence passant un sale quart d'heure ou plus : même chose.

2. Le mercredi 16 janvier 2008 à 11:53, par Philippe De Jonckheere :

C'est très difficile d'expliquer à une personne non comprenante qu'elle est non comprenante, parce que cela requiert un raisonnement que justement elle ne peut pas comprendre. Donc non on ne peut pas dire à un con qu'il est con, peut pas comprendre.
Amicalement
Phil

3. Le mercredi 16 janvier 2008 à 11:54, par Philippe De Jonckheere :

Désolé, j'ai essayé de ne pas dire des gros mots, mais cela m'a échappé, le mot en trois lettres, j'avais essayé de faire des périphrases mais il faut croire que les périphrases ce n'est pas pour tout le monde non plus, pas pour moi en tout cas.
Amicalement
Phil



Mercredi 16 janvier 2008. On parle là en symboles.

Ce sur quoi je m'appuie (3)

Prise main gauche sur père sauf sa colère
Prise pied droit sur grand-mère sa douce résistance
La paroi comme d'ardoise où rien ne s'efface
Prise tous ongles dans les écoles, primaire Hugo, secondaire Zola, lycée rue Pirandello
Prise talon pivot moteur sur sourire de mère, son empathie totale
L'escalade entamée de toujours

presque rien à manger
et là-haut les orages auxquels on n'échappera pas

* *
*
Enregistrement réussi — pendant que je dormais, bien programmé — de 4 heures d'entretiens de Sollers, années 60 et surtout années 70. J'écouterai ça dans des trains... Pour les amateurs, c'est un Morceau du délice, sur le canal des Sentiers de la création. Ça passe et repasse encore pendant quelques jours. Il y a aussi trois conférences sur et avec Didier Daeninckx (Belles captives littéraires).

Séminaire de doctorat. On parle féminisme depuis les années 60. Dans une parenthèse (où, ailleurs ?), j'essaie d'expliquer mon elliptique point de vue : remonter à Freud et à l'hystérie pour voir comment la condition féminine s'inscrit dans une oppression de toujours, mais bien voir l'oubli de Freud, à savoir qu'il y a une énorme hystérie masculine, bien plus folle que celle de la femme — et qui s'appelle la guerre. L'homme vivant ses plus folles pulsions, brûlant les interdits (piller, tuer, violer). Pas toutes les femmes, ni tous les hommes. On parle là en symboles, mais capables de devenir réalité. Hélas, trop souvent.

Après le déjeuner à la cantine, David a la gentillesse de m'emmener en voiture au centre des permis de conduire, pour renouvellement du mien. Au retour, colis de livres, j'en ferai la liste demain.
Mais ne pas oublier celui reçu hier, dans une enveloppe kraft : À l'encre des dérives, d'un certain Vincent Teixeira (L'Harmattan, 2007). Belle finesse (pour un qui ne prise pas trop les poètes ! — pardon) et parfois des mots que j'aurais pu écrire, qu'en tout cas j'aime voir entrer dans ma ronde de vie. Merci, Vincent !

« le sang tourne
les hommes brulent
les vies vacillent
la Terre aussi » (p. 54)

Quand j'ai eu Sophie au téléphone et que je lui ai dit que David se joignait à nous ce soir, elle a crié de joie. Elle est comme ça, Sophie. On se retrouve donc à cinq au Tiger Café de Sakae. Des gens pas clairs à la table d'à côté (producteur porno et actrices, pense Andreas, avec son œil d'anthropologue) et un groupe d'américains braillards au fond de la salle. Mais on y arrive, on déconne, on est heureux.
Bien sûr, c'est toujours bon (hamburgers maison, coq au vin, carrés d'agneau).
Comme on est à Sakae, il serait dommage de ne pas passer au Jazz Modal, de ne pas faire connaître ça à David !
On y va. On trouve sans problème (on n'a pas beaucoup bu). Il adore l'ambiance, nous aussi. On a Fred Astaire et Audrey Hepburn à l'image (Funny Face), j'en suis pas fan, et du jazz pop années 60 et 70, qui met plein d'entrain dans mon whisky tourbeux, et puis Erik Truffaz, cadeau du patron.

Et quand même vers une heure du matin au lit.
Sans écrire ni lire.

Commentaires

1. Le jeudi 17 janvier 2008 à 00:35, par vinteix :

... et bien que nos rondes de vie tournent et tournent... le plus joyeusement possible, malgré tout ! Merci, Berlol.

2. Le jeudi 17 janvier 2008 à 10:15, par brigetoun :

"on y arrive, on déconne, on est heureux.." c'est idiot ça fait plaisir à lire quand on ne connait personne de ce on et qu'on n'est pas concerné



Jeudi 17 janvier 2008. On ne coupera pas à la diérèse.

Il est enfin venu, le jour des derniers cours !
On n'y croyait plus ; ce matin, on accourt !
(Là, on ne coupera pas à la diérèse)

La demande ayant été formulée gentiment par une étudiante qui avait pris son courage à deux mains (avant-hier), on consacre deux cours à des exercices sur les pronoms personnels COD, COI, et sur les pronoms relatifs. Et ce n'est pas bénin : le besoin de pronoms compléments et relatifs apparaît précisément quand on veut se sortir de l'étroitesse de la phrase simple, quand on souhaite s'éviter les lourdeurs de la répétition — bref, quand on veut passer en deuxième année.

Cadeau pour le séminaire de cinéma, une Séance Méliès (1997, 55 min.), avec sous-titres en japonais (l'édition française semble être difficile à trouver). C'est un dévédé hors-commerce qui accompagnait l'édition japonaise d'un livre américain intitulé en France 1001 films à voir avant de mourir... On y voit une quinzaine de films de Georges Méliès (présentés par Madeleine Malthête-Méliès lors d'une vraie séance au théâtre Grévin), du plus connu, Le Voyage dans la Lune (1902), à d'étonnants tours de prestidigitation que les trucages étendent au-delà du possible — où les étudiants découvrent surtout que Méliès a TOUT inventé entre 1898 et 1909 !
Avec cinq étudiantes du séminaire, dîner de fin d'études dans un restaurant, près de la fac. Pas d'autres clients que nous ; un peu morbide, comme ambiance, mais la conversation démarre, une bonne nouvelle cuisine japonaise arrive : on parle carrières, cinéma, France (j'étais allé à Versailles avec deux d'entre elles), et divers autres sujets...

Retour auprès de T. par le train de 21h04, que j'attrape in extremis... J'en connais un autre qui est in extremis !

« Il se remit en marche. Il titubait. Il n'ouvrait pas très souvent les yeux. Pour se guider il cherchait des appuis avec le bras gauche. Sa main valide s'écorchait sur des échardes de vieux bois, sur des pointes de fer, des pierres coupantes. Il se traîna ainsi jusqu'à un endroit où le sol était plan et dégagé sur quelques mètres, délimitant une surface scénique entourée de tas noirâtres. Les éboulis formaient un demi-cratère. On dirait un petit théâtre, pensa-t-il. Un petit amphithéâtre avec des espèces de gradins noirâtres. Pour la scène finale. Tu vas t'asseoir là, Mevlido, pensa-t-il.
Il se hissa de quelques dizaines de centimètres sur le premier amoncellement de débris. Son bras coupé vint battre entre ses jambes, l'arrosant une nouvelle fois de sang au moment où il s'asseyait. Il l'écarta en gémissant et l'installa à côté de lui sur des résidus de mur.
C'est fichu, résuma-t-il. En tout cas, c'est mal parti. Mais au moins il y a une place libre pour la scène finale. Pour une ou deux personnes. Public et acteurs confondus.» (Antoine Volodine, Songes de Mevlido, p. 313-314)


Vendredi 18 janvier 2008. Donner dans la métrique.

Ce sur quoi je m'appuie (4 et fin)

Agates en poche, poches en or
ors en banque, banques en faillite
J'en vois qui tournent en rond

Des appuis fous, il y en a partout
Dieux, Valeurs fiduciaires, Boules de cristal,
Bercails où s'oublier et dormir

Le plus simple serait tout de même
que je ne m'appuie plus sur rien
— au moins en apparence...

* *
*

Presque rien à dire d'aujourd'hui.
Courriers en retard (encore et toujours), lecture, auto-apprentissage de japonais (j'en ai fait tous les jours depuis le 1er janvier), préparation du cours Rimbaud de demain, sur Roman. Fastoche ! Mais, justement, c'est le moment de donner dans la métrique.
Dans l'après-midi, dévédé vu avant retour à l'Institut : Le Baron de l'écluse (Delannoy, 1959). Belle parabole sur la pause-question au tournant de la vie : celle d'un flambeur chevaleresque, sans doute bientôt la cinquantaine, bloqué à une écluse par l'attente d'un mandat. Avant de remplir le réservoir de son yacht, il devra conseiller sa nièce et répondre à l'espoir de la bistrote — sans jamais perdre la face, c'est pour lui l'essentiel. Dialogues d'Audiard, c'est tout dire.

Commentaires

1. Le samedi 19 janvier 2008 à 02:13, par brigetoun :

peu à dire sauf "ce sur quoi je m'appuie" - plaisir à vous lire



Samedi 19 janvier 2008. Pavé de drague au jus de bottines.

Menu du cours sur « Roman »
 Mise en bouche des syllabes en sauce de « e » à prononcer
 Guirlande de rimes masculines et féminines, sur lit de rythmes
 Médaillon de réminiscences de Verlaine, Musset et Glatigny
 Pavé de drague au jus de bottines
 À accompagner de bocks ou de limonade

Après ça — vous n'imaginez pas combien les étudiants japonais aiment qu'on leur parle de métrique, de rythmes, de figures de style — nous rejoignons Laurent au Saint-Martin. Plusieurs mois qu'on ne s'était pas vus. Il continue de participer au Graal, groupe de lecture que j'ai fondé, animé pendant plusieurs années avant de le quitter en plein vol avec un parachute ventral — mais il ne me dit pas ce qu'ils lisent en ce moment, à moins que ce soit Sodome et Gomorrhe, il en a été question dans la conversation sans qu'il précise pourquoi.
Retour à la maison et travail.

Superbe lapsus de Frédéric Taddeï, mardi soir, qui demandait à ses invités : « Est-ce qu'il vous semble souhaitable de supprimer la télévision sur les chaînes publiques ? » — il voulait dire « la publicité », bien sûr ! On s'esclaffe de la justesse.

Dominique Meens m'en avait prévenu. J'enregistre son « Martinet » dans le Surpris par la nuit d'hier soir. Éloge — ou procès — du martinet, mais ce qui compte, c'est l'ambiance, envoutante, musicale, parsemée de propos légers ou profonds, selon l'instant.

* *
*

Le Japon expliqué à l'honnête homme
« Pour l'honnête homme qui s'intéresse au Japon d'aujourd'hui, ce livre à plusieurs voix balise un parcours sans surprise mais circonstancié. Il paraît chez Fayard dans une collection confiée au CERI, le Centre d'études et de recherches internationales (Sciences Po-CNRS), où ont été publiés d'autres ouvrages collectifs sur la Turquie, l'Inde, les Etats-Unis et la Pologne.
Jean-Marie Bouissou, un normalien qui a vécu quinze ans au Japon et enseigne à Sciences Po, a fait appel pour ce volume à 23 spécialistes. Excellents pédagogues, ils retracent une histoire qui va de la bombe d'Hiroshima à l'année 2005, six décennies marquées par deux périodes-clés : l'expansion de l'après-guerre et l'éclatement de la bulle qui a mis l'économie à terre en 1990.
L'une et l'autre ont façonné le Japon moderne, loin des clichés qui ont longtemps eu cours en Occident : Hirohito en jaquette, le rituel du thé, le bouddhisme zen, les estampes japonaises, les films d'Ozu... A rebours de ces stéréotypes, ce livre nous montre le "vrai" Japon. Celui des ouvrières de Sony, des micropropriétés paysannes, des conurbations postmodernes, des politiciens claniques, des yakuzas (le crime organisé) à la puissance pâlissante et des teenagers excentriques à la crête fluo.
Que de chemin parcouru depuis 1945 lorsque les Américains envisageaient de destituer Hirohito, symbole des symboles de l'impérialisme nippon... S'ils y ont renoncé, c'est que l'empereur incarnait la continuité et la cohésion du pays, à l'heure où le communisme menaçait de s'étendre en Asie. Aujourd'hui encore, cette absolution hâtive, cette impasse assumée, empêche les Japonais de regarder leur passé en face, donc d'établir des relations normales avec les pays qu'ils ont asservis, la Chine et les Corées en particulier. Symptôme de cette ambiguïté, l'Archipel n'est constitutionnellement ni une monarchie ni une république. Mais une démocratie que l'on désigne sous le nom de "pays Japon".
De la bombe à la bulle, l'histoire de ce "pays Japon" se confond avec sa fulgurante expansion. Un miracle ? Plutôt un retour aux sources. Le "modèle" japonais, sur lequel repose ce spectaculaire rétablissement, n'a pas surgi ex nihilo. Ses racines remontent à l'époque Meiji, les années 1868 à 1912 au cours desquelles l'Archipel a basculé du féodalisme à la modernité.
Le Japon d'après-guerre a retrouvé cet élan : libre entreprise mais régulation de "l'Etat développeur" ; priorité au marché intérieur qui favorise le pouvoir d'achat, lequel garantit la paix sociale au bénéfice de la classe moyenne, pilier de l'ordre nouveau ; investissements coûteux mais payants dans la recherche-développement ; insertion progressive dans "l'économie monde"...
A la fin des années 1960, le Japon est déjà une puissance industrielle qui compte. Encore quelques années et il inondera la planète de ses téléviseurs, de ses Toyota, de ses mangas et de ses films d'animation ("Goldorak"...).
Ce livre montre combien, après ces années glorieuses, l'éclatement de la bulle a coûté cher au Japon. Et comment, en mettant un terme à l'illusion de la croissance facile, il a changé les mentalités. Individualisme, multiplication des divorces, inégalités, la société japonaise a perdu petit à petit la cohésion qui, longtemps, avait fait sa force.
Un nouvel horizon se dessine que, malheureusement, cet ouvrage ne fait qu'effleurer. D'abord en n'insistant pas assez sur le traumatisme dont souffre l'ex-premier de la classe asiatique depuis que la Chine l'a supplanté. Ensuite, en ne consacrant qu'un seul paragraphe à la révolution Internet, tout en expliquant qu'elle a profondément transformé les "modes de socialisation et de travail" et aussi le "rapport au temps et à la réalité" de la société nipponne, ce qui justifiait, bien sûr, de s'y arrêter davantage. 
LE JAPON CONTEMPORAIN. Sous la direction de Jean-Marie Bouissou. Fayard-CERI, 626 p.»
(Article de Bertrand Le Gendre, Le Monde du 11 janvier 2008.)


Dimanche 20 janvier 2008. De quoi stocker du pixel en voyage !

Je sors mon vélo pour aller dans le soleil jusqu'à Akihabara. Le froid est à peine piquant. Au grand Yodobashi d'Akiba, je trouve pile ce que je suis venu chercher : deux petits disques durs externes, un pour T. et un pour moi. J'en avais déjà un, au moins depuis l'an 2000, qui a beaucoup servi et qui sert encore, mais c'était 20 gigas. Là, ceux d'aujourd'hui, c'est 160 et 320 ! De quoi stocker du pixel en voyage !
Au retour, une pause pour refroidir le pédalier devant le Seijo Ishii de Korakuen, en ramener des fraises, du jambon italien et de la sauce tomate pour les pâtes que je vais préparer à T., qui devrait avoir fini la rédaction de son dernier sujet d'examen... Et c'est comme ça que ça se passe.

Autres enregistrements sur France Culture. Raphaël Sorin dans Jeux d'archives d'hier, pour varier de son blog — d'ailleurs d'un intérêt irrégulier : on y sent l'homme habitué aux arrangements discrets, qui s'est mis au blog pour faire avec son temps mais qui ne peut guère s'empêcher de prendre de haut le tout venant. Thomas Clerc dans Du jour au lendemain de jeudi, intéressant, sans plus, c'est la faute à Veinstein, ou aux deux, ou à pas de chance, voire la mienne — pourtant, je suis à peu près sûr que son livre est bon, pour en avoir mieux entendu parler... ça devait être dans Jeux d'épreuves en octobre.
Sortie pour marcher mais comme il fait nuit, on a vite les pieds gelés. C'est qu'on ne bouge pas assez, ces derniers temps. Mais ça ne saurait durer...

Commentaires

1. Le lundi 21 janvier 2008 à 09:16, par Stubborn :

"on y sent l'homme habitué aux arrangements discrets, qui s'est mis au blog pour faire avec son temps mais qui ne peut guère s'empêcher de prendre de haut le tout venant."

Vous savez que vous êtes bon en résumé.

2. Le lundi 21 janvier 2008 à 13:27, par brigetoun :

ce que j"avais relevé, en me disant "comme c'est bien"

3. Le mardi 22 janvier 2008 à 07:52, par Berlol :

Merci du compliment. Ceci dit, l'entretien radio est tout à fait intéressant.



Lundi 21 janvier 2008. Avec une nuée de tuyaux pire.

Comme T. se le demandait très justement ce matin : depuis que nous habitons ici, combien de semaines vraiment calmes avons-nous eues ? Par calme, j'entends sans engins pelleteurs ou perceurs, sans scies ni bétonnières, que ce soit dans ce bâtiment ou à côté. C'est le défaut des vieux quartiers ; on y détruit, reconstruit, retape et bricole en permanence.
Cette semaine, c'est la peinture des parties métalliques des balcons et couloirs. Des ouvriers fondent sur l'immeuble avec une nuée de tuyaux pire que des corbeaux, criaillent pour guider le camion, entassent un concert d'échaffaudages avant de les monter. En urgence, il a fallu que nous désenlacions le jasmin du balcon et déplacions les autres plantes pour laisser un passage et éviter les éclaboussures.
On s'enfuit au centre de sport, meilleur moyen d'éviter toute cette quincaillerie.
J'y pédale 14 km, en tandem avec Char (Le Marteau sans maître). J'y prends un certain plaisir, mais rien de transcendant — mon hermétisme à une certaine idée de la poésie refait surface. Quand tant sont admiratifs, je me demande toujours pourquoi je n'y arrive pas — je ne tire donc qu'une petite révérence.

« Les soleils fainéants se nourrissent de méningite
Ils descendent les fleuves du moyen âge
Dorment dans les crevasses des rochers
Sur un lit de copeaux et de loupe
Ils ne s'écartent pas de la zone des tenailles pourries
Comme les aérostats de l'enfer.»
(René Char, « Les messagers de la poésie frénétique », in L'action en justice est éteinte (1931), repris dans Le Marteau sans maître, Paris : Gallimard, coll. poésie nrf, p. 60)

Crêpe complète à Galettoria, pour se refaire — bien faite, pas trop grasse, lieu joliment campagnard à deux pas de Shibuya. Soldes très calmes au Tokyu de Bunkamura, T. y trouve enfin un manteau, moi trois slips.

Pendant que nous étions dehors, l'ordinateur a sagement enregistré Le Malade imaginaire aux Fictions d'hier. Sur TV5 Monde, deux fictions d'après Maupassant, dont La Parure avec Cécile de France.


Mardi 22 janvier 2008. Après ça barre un peu.

Shinkansen.
Examens et courriels.

Ce soir ou Jamais du 16 sur le féminisme — au moins un bon début, une moitié intéressante, c'est vrai qu'après ça barre un peu en c...

Finalement, je suis assez mécontent de ce nouveau rythme du JLR. J'ai des jours de retard, je jongle avec les emplois du temps, je suis tenté de fabriquer. Surtout, je ne me souviens plus des choses qui, insignifiantes par leur quantité intrinsèque, peuvent se révéler essentielles quand on les dépose dans du langage où, comme des soupes déshydratées, elles prennent tout leur vrai volume.
Reste à reprendre la main. Ou à sauter des jours. Mais sauter des jours, j'ai presque peur que ça me porte la poisse, que ça fasse tache — ou comme une maille sautée dans le tricot.

« Cinq chauffeurs. L'un d'eux est obèse, un autre a une casquette rouge, un troisième est torse nu, avec un gilet en toile de jean. Les autres sont normaux, ou du moins sans particularité remarquable. Ils te regardent. Ils ont tous la bouche à moitié ouverte.
— Ça parle encore, dit le gros.
— Incroyable, dit un des normaux. Ça parle encore.
— Et de quoi que ça parle ? demande casquette rouge.
— De la nuit, dit le gros.
— Ça parle de la nuit ? s'étonne torse nu.
— Ben oui, ça doit croire encore à la nuit, dit un des normaux.
— Incroyable, dit l'autre normal. Ça croit encore à la nuit.» (Antoine Volodine, Songes de Mevlido, p. 330)

Commentaires

1. Le mercredi 23 janvier 2008 à 03:14, par MP :

Pas sauter des jours : réduire la longueur, agrandir la foulée synthétiser pour rattraper le retard. Puis revenir au rythme du direct : chaque fin de journée, raconter la journée vécue.

2. Le mercredi 23 janvier 2008 à 06:54, par demesny :

Littérature, littérature : carnet du Rimbaud, des pensées du shinkansen, de Volo co-acheteur de valises... Bon, les slips par trois, pourquoi pas mais on ira pas vous demander la couleur... Vous êtes très loin, alors nous on est minuscules dans le petit bout de la lorgnette et ça qui fait du bien, de se voir dans le rétroviseur tenu depuis là-bas... C'est pas forcément agréable, mais c'est pour ça qu'on revient. Donc courage. Tenir. Lâcher la bride, parler rien que du citronnier s'il faut, c'est moins le journal qui compte que le regard.

3. Le jeudi 24 janvier 2008 à 07:32, par Philippe De Jonckheere :

Je serais presque content de te savoir dans la difficulté et les hésitations face à de telles questions de rythmes et de journées manquées, non que je ris de ta déconfiture, pas du tout, mais j'ai de l'empathie, tu t'en doutes bien, vis à vis de ces épineuses questions. Et le sentiment de n'avoir toujours pas répondu moi-même de façon très satisfaisante aux mêmes questions. Je crois que François appelle cela une cote mal taillée. Il a raison, nul se saurait maîtriser d'emblée un outil qui vient d'être inventé. Ou encore comment la première machine roulante de Papin n'avait pas de frein.
Amicalement
Phil



Mercredi 23 janvier 2008. Cette couleuvre qui bat des cils.

Matinée en grande partie à la maison. Je trie, je jette, de la paperasse surtout, et je commence la préparation du voyage, le tout en écoutant d'abord ce que dit Joe Boyd sur Dylan (Ce soir ou Jamais du jeudi 17), puis le débat qui suit sur la Belgique — débat qui, au fond, ne sera utile qu'à ceux qui veulent étudier sérieusement le concept de dialogue de sourds...

« [...] dans l'année 64-65, Dylan a commencé à fumer de la marijuana, il a changé de vêtements. C'est pas toujours comme les blue-jeans, costume d'ouvrier. Il arrive à Newport avec un blouson très coloré, avec des cercles rouges et noirs. C'est une chose incroyable pour les gens. Parce que c'est pas la folk music, c'est pop, c'est autre chose. Et il chante pas sur les sujets comme l'injustice, la paix, la guerre, il chante Mr Tambourine Man. C'est quoi, ça ? C'est quoi ? C'est pas un thème pour la révolution, ça. [...] » (J. Boyd, dont voici six minutes sur drogue et révolution)

Dans l'après-midi, je fais passer un oral blanc à trois étudiantes qui iront à l'épreuve dimanche. L'une, dont je connais pourtant les qualités, perd tous ses moyens après trois bouts de phrases, baisse les yeux, se saborde. Je l'exhorte à se focaliser sur la question posée et non sur le fait d'être en face d'un examinateur. Une autre, inversement, a beaucoup de sang-froid et je regrette de devoir l'interrompre à la fin du temps imparti. Elles ont suivi la même formation, et au-delà des compétences, c'est l'émotivité qui fait la différence — une forme d'injustice.
Deux heures après, j'assiste David à l'organisation du TCF pour les 8 inscrites de la session. On aimerait bien que nos collègues japonais s'intéressent un peu à cette épreuve, ils verraient ce qu'est, dans sa simplicité formelle, une véritable progression d'objectifs de langue.
Notre seul problème, c'est le chauffage, arrêté pendant toute la partie orale : soit le climatiseur fait un bruit de haut-fourneau, avec la chaleur qui va avec, soit il se tait de longues minutes pour laisser place aux zips des manteaux...

Pas de mercredîner cette semaine. Je me fais une méga salade de carottes, pour être poli, et j'affiche Guaino dans le poste (CSOJ de lundi). Près d'une heure et demie avec ce pisse-froid, cette couleuvre qui bat des cils pour tout nous faire avaler. L'émission — qui d'ailleurs s'écarte de sa mission première de présenter l'actualité par la culture, comme Taddeï aime à le répéter — a au moins le mérite de laisser voir qu'au bout d'une heure de réponses polies à la forme négative, l'homme qui se veut consensuel laisse percer l'intransigeant qui au fond de lui jamais ne — con — cède. C'est l'Afrique et le discours de Dakar, et comment il nie tout ce qu'on lui reproche, à lui et à Sarkozy, qui constituent les meilleures preuves de sa duplicité.
Fausse concession et négation rhétorique sont les deux mamelles de Guaino. Lui reconnaître tout de même le courage d'être venu jusque dans ce traquenard où il devait savoir que personne ne le soutiendrait — qui n'est peut-être même pas du courage puisqu'il est drogué de sa certitude d'avoir raison !

Commentaires

1. Le mercredi 23 janvier 2008 à 13:27, par pat :

message à Berlol
Suis je ce chainon manquant de tes amis perdus
je le suis bel et bien et kashmir de led zep n'a cessé d'être présent ainsi que I'm so afraid de Fleetwood mac contacte moi sans gêne, sans peur, sans haine



Jeudi 24 janvier 2008. Un kit mains libres dans les cimetières.

Merci, Éric, de nous signaler le vol qualifié de Jean-Louis Ezine du 11. On peut dire que — pour une fois — sa chronique était littéraire ! Mais il faut le comprendre, l'Ezine. Certes, tout arrive, mais c'est dur de trouver chaque jour de nouvelles conneries à raconter quand on n'est que journaliste... Ça tire de tous les côtés mais ça ne prévoit pas la riposte.
Dès aujourd'hui, France Culture doit prévoir une recrudescence d'écrivains vivants qui vont venir écouter toutes les chroniques disponibles pour voir s'ils ont été eux aussi volés. Pour les morts, il faudra attendre un système sans fil avec un kit mains libres dans les cimetières.

Pendant que mes ouailles planchent sans piper, j'entame — enfin — le Mauche. D'emblée, ça dépote ! Après trois fragments, une grosse impression qu'Yves Pagès (celui des Petites Natures mortes au travail, 2000) s'est marié avec Jean-Charles Massera (celui des United Emmerdements of New Order, 2002) et qu'ils ont conçu ensemble une machine littéraire nommée Jérôme Mauche. C'est très subjectif et je retire ça tout de suite pour que l'impétrant ne se sente pas insulté (souvent susceptibles, les auteurs) : il n'en est pas à son premier livre et ce n'est que moi qui le découvre aujourd'hui, après avoir lu ses parents putatifs. En fin d'après-midi, je reprends au sport, à vélo, pendant que la sueur coule ; j'aperçois que les fragments n'ont pas toujours que deux phrases, que des collages & concaténations sont meilleurs que d'autres, que tout ça ne va pas nécessairement quelque part (ce qui n'est pas un défaut).

« Par reptation, le taux d'intérêt, gros mollusque, inonde et décharge entre les doigts, relativement habiles, de qui le tripote afin de le faire grimper, avec sa minuscule numérotation après le zéro, rémunérant ainsi les tas d'images douteuses que discrètement la Banque centrale met en circulation, un peu au compte-gouttes, pour exciter, graveleux, un marché qui peine à jouir. Du moins, c'est ce qu'on nous explique gravement, à coups de rétroprojecteur et de petits schémas, pour bien nous faire comprendre comment ça fonctionne et que, somme toute, nous aussi pouvons nous satisfaire de nos plus modestes performances.» (Jérôme Mauche, La Loi des rendements décroissants, Paris: Seuil, 2007, coll. Déplacements)

Commentaires

1. Le jeudi 24 janvier 2008 à 00:03, par brigetoun :

il avoue tout de même qu'il cite, uniquement pour les dernières minutes c'est vrai. Mais il est au dessus des règles voyons

2. Le jeudi 24 janvier 2008 à 07:41, par Philippe De Jonckheere :

Pendant l'affaire de la photographie retouchée de Simone de Beauvoir, il m'a semblé entendre sur France Info, une chronique dont j'aurais juré être l'auteur. L'année dernière sur France Culture un chroniqueur littéraire ne s'était pas trop embarrassé de citer d'où lui venait ce qu'il présentait comme une géniale comparaison, le rapprochement des "Adolescents troglodytes" d'Emmanuelle Pagano et de la musique de Steve Reich pour le ressassement. www.leportillon.com/Les-a...
Ce qui m'étonne finalement le plus dans ses pratiques c'est que chaque fois elles semblent illutrer les limites des cumuls de ces chroniqueurs invités un peu partout, et qui visiblement n'ont plus le temps de faire leur travail, c'est-à-dire, lire et critiquer: ils feraient bien d'en laisser un peu aux autres, il me semble. Et j'ai dans l'idée que le public gagnerait à cette diversité.
Amicalement
Phil



Vendredi 25 janvier 2008. Pâte à modeler par une poignée d'hommes.

Ici, arrivée du canapé-lit dit des gardes-malade, parce qu'acquis lorsque le père de T. nécessitait des soins permanents ; il me permettra maintenant de ne plus dormir par terre — quand on dort à la japonaise, sur léger matelas et futon, on sait tout de même qu'on dort par terre ; même T. n'aime pas ça. Au même moment, pour elle, livraison du nouveau DELL, deux gros cartons que je trouverai dans l'entrée et que nous n'aurons pas le temps d'installer avant dimanche.
Pendant que j'attendais la livraison, j'ai visionné le dernier Ce soir ou Jamais disponible, celui de mercredi, sur l'urbanisme des cités depuis les années 1960 — devrait être obligatoire : pour les images d'archives et pour les débats entre Roland Castro, Jacques Barrot, Azouz Begag (que je ne porte pas dans mon cœur), etc. ; une bonne leçon d'histoire.
À quoi chaque témoin peut apporter son grain de sel : j'ai d'excellents souvenirs de Garges-lès-Gonesse de 1963 à 1975 ou 76, le Suma, la librairie-papeterie, le marché, le patronage le jeudi, la cité où nous habitions délimitée par des champs au sud, la ligne de train à l'est, la route nationale au nord, et pas de limites vers l'ouest puisqu'on marchait souvent jusqu'au centre commercial de la Dame blanche.
À partir de 1971, ma mère habitant à Choisy-le-Roi, j'ai commencé à faire des allers-retours entre Choisy et Garges, où j'étais moins souvent, et j'ai vu le commencement de la dégradation du paysage urbain et du tissu social : le Suma a fermé et a été remplacé par un supermarché moins décoré, d'autres commerces ont fermé, la boulangerie est devenue un dépôt de pain...
Faudrait que j'interroge mon père ou que j'aille fouiller dans toutes mes vieilles affaires qu'il a gardées.

Premier échange de courrier avec l'ami retrouvé hier. Il me raconte brièvement son parcours depuis plus de vingt ans que le contact était perdu... Impression étrange (mais pas désagréable), son visage me revient, des bribes d'images de chez lui, de virées dans Paris ou ailleurs.
Pat, je te dédie cet extrait de Mauche :

« Lorsque du saut à l'élastique n'est livrée à temps que la chute libre – retard dû au transitaire –, l'intéressé, salarié néanmoins, espère encore que s'ouvre, merveilleusement irisé, un de ces golden parachutes, dont il tire trop vite, croyant la ficelle, nerveusement, trop tôt, la cordelette des stock-options, lesquelles coincent, invendables légalement. Et socialement déjà se voit-il plus bas que terre, retenu in extremis par le maillage serré amical-familial qui le maintient, très cher payé. Alors que s'il était indépendant artisan et que, fenêtre ouverte, il s'était penché sur le vide économique, fuyant un monde injuste mais bien sympathique, il aurait vu voleter autour de lui la concurrence émulatrice, la satisfaction toute personnelle euphorisante qui donne des ailes, bourrée d'hélium, malgré la chute ou la faillite, et, un bref instant ou moins, fait ascensionner dans les airs.» (Jérôme Mauche, La Loi des rendements décroissants, p. 36)

Dans le train du retour, je dors un peu puis je commence à trier des fichiers, entre le disque dur du portable et le nouveau disque dur externe. À la maison, dîner de tofu et de poisson en regardant le film sur les derniers jours d'Hitler, La Chute (Der Untergang, Hirschbiegel, 2005). Les critiques négatives du fait d'une certaine humanisation d'Hitler ne me paraissent pas recevables ; de toute façon, c'était un homme, pas un extra-terrestre.
Pour ma part, je trouve qu'on voit bien la déchéance mentale, l'indécision de l'entourage, le problème moral et politique — et éternel — que représente le constat d'incapacité du chef. Ces suicides des responsables en cascade après qu'ils ont bien foutu le bordel partout, voilà qui est bien la preuve ultime et à peine paradoxale de leur totale irresponsabilité, sorte d'héritage tordu d'un idéalisme romantique — un monde pâte à modeler par une poignée d'hommes — qui ne résiste pas à l'épreuve d'une réalité progressivement apparue sous forme de Russes, d'Américains, de Canadiens, de Français, etc., et même d'Allemands totalement appauvris, désemparés, blessés, amputés voire morts et par conséquent incapables d'obéir aveuglément plus longtemps...

Commentaires

1. Le dimanche 27 janvier 2008 à 03:33, par vinteix :

A propos de pâte à modeler... un expert en la matière et autres raffarinades, qui n'a pas froid aux yeux, J.P.Raffarin, déclarait ouvertement et l'écrivait même : "la pâte à modeler, c'est de la pâte humaine, si tendre et si dure".

2. Le dimanche 27 janvier 2008 à 03:44, par brigetoun :

la pâte à modeler pas si dure sauf la minérale, la terre un combat pour moi que je ne veux pas important et auquel je reviens de façon brouillonne;
Les critiques sur les ensembles, bien sur la paresse dans le temps, et l'oubli de ce qui peut y amener la vie, mais j'ai toujours le souvenir des quartiers de taudis de mon enfance.
La chute, j'ai bien aimé, avec tout de même un petit recul devant le coté un peu malsain de la presque glorification, genre apocalypse, ne montre pas encore suffisamment le coté dérisoire de ces gens qui ont amené toutes ces douleurs

3. Le dimanche 27 janvier 2008 à 15:54, par christine :

si "chaque témoin peut apporter son grain de sel" , j'apporte le mien, et j'avoue ma perplexité devant ton "j'ai vu le commencement de la dégradation du paysage urbain et du tissu social" :
des Minguettes de mon enfance et de mon adolescence je n'ai rien vu de tel à ce moment là ; en revanche après en être partie pour une prépa lyonnaise, puis pour vivre à Paris, j'ai clairement vu cette dégradation ... il me semble que ce sont des choses qu'on voit surtout à distance, ou à travers le regard des autres, et le discours des médias

4. Le dimanche 27 janvier 2008 à 16:35, par Berlol :

Tu as peut-être raison, Christine. Il faut être parti et revenir pour voir le changement. Précisément, c'est ce que je faisais entre 72 et 76 puisque je passais la semaine à Choisy-le-Roi et certains week-ends à Garges...

5. Le lundi 28 janvier 2008 à 04:50, par pat :

A force de voir, nous devenons non voyant de ce qui nous entoure. A Force de se voir, on ne fait plus attention que nous sommes en train de vieillir. Il faut prendre des photos prises il y a des lustres pour constater la dégradation du visage urbain (sens, contre sens, sens unique, double sens) .

6. Le lundi 28 janvier 2008 à 07:50, par Berlol :

Heureusement que je n'avais pas écrit "Pat à modeler"...



Samedi 26 janvier 2008. Du poème l'énergie, pas la fission.

Levé à six heures pour finir la préparation du cours sur Le Bateau ivre, concentrer mes dix pages de notes et extraires les bonnes informations du web. Je dois dire que j'ai trouvé une aide substantielle chez Alain Bardel, que je recommande chaudement. Par ailleurs, j'adhère sans réserve à la thèse de Steve Murphy, qui voit le Bateau ivre, langage codé, comme un tombeau de la Commune de Paris et du vécu de Rimbaud pendant ces événements (je suis moi aussi totalement contre la vision spontanéiste, issue d'une lecture simplette des lettres dites du voyantsorry pour Étiemble...). On ne coupera donc pas à une révision de l'histoire de la Commune, avec ses « Peaux-Rouges », dixit Bismarck, son mai sanglant et ses pontons pour la Guyane.
En classe, j'essaie autant que possible, dans l'analyse, d'avoir du poème l'énergie, pas la fission : le son, le rythme, le sens, la forme sont à chaque instant un tout indivisible, commenté dans un certain désordre où chacun devra faire effort pour s'y retrouver selon soi. L'enjambement de « je me suis baigné dans le Poème / De la Mer » (6e strophe) m'est la clef des doubles sens, plus si affinités. Mais je ne refais pas tout...

Déjeuner au Saint-Martin avec T., Laurent et Bill. Un plaisir, de les revoir ensemble. Et de l'agneau toujours aussi goûteux. Comme il a un peu été question des bas de laine québécois et de la retraite, je dédie à Bill ce bout de Mauche :

« L'opérateur historique, soudain, à l'annonce d'un trou béant sous son talon – aucun besoin de se déchausser s'il se doutait que son tricot de corps, au pied, en pur fil d'Écosse, fût en si piteux état, à moins qu'il s'agisse encore d'une stratégie de communication, mais un peu éculée qui n'émeut, notamment, plus les petits épargnants accrochés à leur bas de laine. Façon de parler, car heureusement le secteur bancaire a révolutionné les produits susceptibles de drainer plus sympathiquement les réserves monétaires des particuliers, leur offrant d'autres horizons d'attente qu'une espèce de chausse peu ragoûtante et défraîchie en usage, ou pire encore qu'on aurait tricotée soi-même pour ses vieux jours, la froidure, etc., toutes sortes de concepts inadaptés dans une économie où l'on vit à cent à l'heure, pieds nus, à s'éclater sur une planète qui se réchauffe, en principe, à toute allure.» (Jérôme Mauche, La Loi des rendements décroissants, p. 43-44)

T. et moi, courses à Ginza. T. trouve les sous-vêtements chauds dont elle a besoin pour la France. En montant au 6e étage pour aller au café Chianti, nous tombons sur Christine et Thomas qui vont au rayon nouveau-né. Elle accouche en principe dans un mois, c'est dire sa rondeur extrême. Pleine forme, pourtant. Nous les accompagnons jusqu'au milieu des poussettes et taillons une bonne bavette. Grâce à eux, et au fait que nous les ayons accompagnés jusque-là, nous découvrons juste après le rayon sport, assez planqué, chez Matsuya. Or, il y a juste les bottines de marches qu'il faut à T., élégantes, confortables et soldées. ainsi que la veste Taras-Boulba dont je rêvais pour remplacer mon vieil Aigle, entré en phase de décomposition le mois dernier.

Au nid douillet notre addiction : dînant et après, quatre épisodes de Lost, série 3.

Commentaires

1. Le lundi 28 janvier 2008 à 05:01, par Manu :

Toutes mes félicitations à Christine et Thomas !

2. Le lundi 28 janvier 2008 à 05:23, par Berlol :

Merci, Manu ! On transmettra... (Je crois qu'ils ne lisent jamais les blogs.)

3. Le lundi 28 janvier 2008 à 16:26, par Bikun :

J'avais un pantalon de marche Taras-Boulba d'excellente qualité. Souple, anti-transpirant et gardant bien la chaleur en hiver, je n'ai jamais réussi à en trouver un autre, et pourtant j'en ai cherché à chacun de mes voyages à Tokyo!
Cette marque dépend de Nike je crois...



Dimanche 27 janvier 2008. Écoper d'une peine à deux chiffres.

À un billet tout à fait indigne de Sorin, arriviste dans la blaireaucratie du web, une personne, parmi tous les commentaires inutilement argumentés, écrit simplement : « FUMER TUE ». Je trouve ça excellent. Et suffisant. (Même si on peut joindre l'image à la parole.)
En fin de matinée, nous allons au centre de sport, par grand soleil. T. n'est pas retournée à la piscine depuis décembre. Les oreilles bien bouchées, elle n'aura pas peur. Pour moi, c'est le programme habituel : vélo, étirements et lecture, suite de Jérôme Mauche. On reconnaît maintenant qu'une même mécanique d'hybridation thématique, d'incises cassantes et d'adjectivation saturante opère dans chaque fragment. Mais cette familiarité ne va pas jusqu'à la lassitude (ou pas encore) : les rencontres incongrues, aux détours des phrases, restent surprenantes, soit de justesse, soit de comique.
Ici, passage dédié à un certain trader, comme ils disent, dilapideur de plus de 5 milliards d'euros, qui pourrait bien écoper d'une peine à deux chiffres... — ce qui ne veut pas dire qu'on saura la vérité sur la Société Générale (rien que le nom, quand on y pense...).

« Faut-il pour les entreprises, pesant plusieurs milliards de chiffre d'affaires entêtant, sortir du marché boursier pour échapper à l'agressivité native des analystes financiers et au court-termisme ravageur ? Car, sitôt que l'action échappe des mains, au nom de la durée moyenne de survie dans un portefeuille constitué, et que son taux de rendement ne dépasse pas au mieux une croissance à deux chiffres elle se volatilise, comme au ping-pong la balle qui, après un quart de seconde d'échange, rebondit au sol, depuis belle lurette, avec de moins en moins de conviction, disparaît sous un meuble ou dans un coin, mais jamais n'empêche aucun des joueurs – classiquement ils sont deux – de multiplier les smashs et autres figures offensives, poursuivant une partie sans rien, sans balle, sans enjeu et quelquefois, s'il le faut, à main nue, lorsque aussi de lassitude les raquettes tombent mais jamais les masques.» (Jérôme Mauche, La Loi des rendements décroissants, p. 45-46)

Déjeuner de pâtes au Café bleu, restaurant agréable et chic, pas cher mais un peu bruyant. Une occasion pour T. d'analyser comment les voix parviennent à son oreille droite aplaties et mélangées, ce qui entraîne une activité accrue du cerveau pour essayer de discriminer et comprendre, jusqu'à l'énervement. Elle dit qu'elle n'arrive plus à analyser en temps réel l'image acoustique. C'est du moins ce qui se passait depuis des mois, avant que le traitement médical et la prise de conscience ne l'aident à juguler le phénomène. Aujourd'hui, elle se rend compte qu'il y a aussi une façon simple d'éviter ça : refuser d'écouter ce qu'elle entend, notamment dans le brouhaha. Au moins tant qu'il n'y a pas un signe clair qu'il faut comprendre quelque chose.
De retour à la maison, nous montons rapidement le nouvel Inspiron 530 de la maison. Dell fait tellement bien les choses que c'est fini en moins d'une demi-heure, deux profils et connexion réseau comprise. De quoi marquer notre huitième anniversaire de mariage.
Soirée avec The Black Dahlia (De Palma, 2006), à revoir parce qu'en anglais avec sous-titres japonais, je ne suis pas arrivé à tout comprendre...

Commentaires

1. Le mardi 29 janvier 2008 à 06:58, par Manu :

Félicitations pour les 8 ans !
On devra essayer le ping-pong sans balle ni raquette... Sans table, on pourrait même en faire n'importe où...
Il me semble d'ailleurs que tu aimais bien faire des gestes dans le vide: tu étais en fait un de ces analystes financiers agressifs et au court-termisme ravageur...



Lundi 28 janvier 2008. Les œuvres, pas les livres.

On reste à la maison, pour la peinture de la porte d'entrée. Ça pue, il fait froid, il faut laisser ouvert, aérer, manger, lire, écouter de la musique, un peu de télé...

Pat m'envoie une photo de 1981 où nous sommes à quatre dans une rue. Je nous reconnais (sauf la jeune fille), mais je n'ai aucun souvenir d'avoir vécu ce moment-là. Drame de la mémoire qui s'efface au fur et à mesure. Depuis quel événement refoulé ? Le divorce de mes parents ? Un accident ? Où se serait enclenchée cette option d'oubli, pour survie comme un oiseau, comme un jasmin, sans souffrir.

En fin d'après-midi, je finalise ma première commande sur Publie.net. Tout fonctionne bien. Je vais lire Marc Pautrel, Sereine Berlottier, Vincent Eggericx (qui est à Kyoto mais que je n'ai pas encore eu le temps de rencontrer) et Michel Brosseau. On verra bien. Comme je l'ai déjà dit, ce qui m'importe, c'est les œuvres, pas les livres.

C'est tout ? Oui, on dirait.

Commentaires

1. Le lundi 28 janvier 2008 à 09:15, par pat :

La rumeur veut que la première fois ne s'oublie pas. Après être à droite et à gauche ou à gauche puis à droite comme un sac que l'on ne vide pas, une valise que l'on ne veut plus défaire voilà que l'on trouve l'occasion d'avoir son premier appart. Je n'en dis pas plus pour le travail de mémoire.

2. Le lundi 28 janvier 2008 à 09:53, par Stubborn :

Veste en daim ou cravate rayée ? (j'hésite...)

3. Le lundi 28 janvier 2008 à 09:58, par Maurice :

Une certitude : la Renault 5 en stationnement sur la droite est EXACTEMENT celle qu'on aperçoit sur la fameuse photographie de Maurice Blanchot déchargeant son coffre, 21 place des Pensées.

4. Le lundi 28 janvier 2008 à 10:46, par alain :

On te reconnaît bien, à gauche. Moi, je suis à droite avec la pipe.
Si, souviens-toi, il faisait encore frais pour avril, on avait les mains dans les poches, on revenait de chez Bernard où on avait étudié la correction d'une dissert d'agreg d'Ulm qu'il avait volée, je crois, ou achetée, un truc de littérature comparée sur la jalousie réunissant Svevo, Proust et Dostoievski. On descendait de ma Skoda devant la r5.
Puis je n'ai pas eu l'agreg.

5. Le lundi 28 janvier 2008 à 11:21, par pat :

Pas de pot Alain, de gauche à droite tu trouves Jérome, Berlol, Gaëlle, et Pat l'ami retrouvé. Quelques jours après une crémaillère. Pat est en Fac à Paris. Je ne t'en veux pas les petites rues pavillonnaire des villes de banlieue se ressemblent toutes.

6. Le lundi 28 janvier 2008 à 15:12, par Berlol :

C'est comme un jeu. On entre dans ma vie comme dans un moulin (pendant que je dors). C'est merveilleux.



Mardi 29 janvier 2008. Le pied dans un sac à part.

On reste à la
maison pour la
peinture de la
porte d'entrée. Ça
pue, il fait fr-
oid, il faut laisser ou-
vert, aérer, manger, lir...

Oui, je sais, c'est comme hier. Mais justement : c'est comme hier, la couche suivante. Sauf qu'en plus, il fait gris et le peintre a mis des gouttes de peinture verte sur la poignée de porte. T. me passe son dissolvant à ongles (hypallage), qui est au moins aussi toxique (euphémisme)...
Je parviens tout de même à corriger deux paquets de copies. À re-ranger les documents audio (émissions de France Culture depuis 1999, autres radios, conférences auxquelles j'ai assisté, etc.). Faut des dossiers bien classés si on veut avoir une chance de s'y retrouver dans le sonore — dont le contenu n'est pas (encore) cherchable....

Dès que possible, et avant d'être terrassés par les émanations, nous sortons marcher. Par la librairie Omeisha de l'Institut, où je confirme le choix du Rivage des Syrtes pour le cours du prochain trimestre, afin qu'il soit commandé en nombre. Par le Saint-Martin où nous déposons quelques Cool Japan, titres des chroniques d'Étienne Barral dans le journal Asahi, et où nous ne résistons pas au chant de la tarte au citron meringuée — même s'il est déjà 15 heures. Ramenons notre butin à la maison et le dégustons avec un thé des Rois Mages de chez Kusmi.
Puis je prépare ma petite valise ; l'écran plat que T. me rend, puisqu'elle en a maintenant un beaucoup plus grand, y entre tout juste, le pied dans un sac à part.

Dans le train, ordinateur portable et casque sur les oreilles, je reprends le découpage des MD renumérisés et la dénomination des documents. Il s'agit maintenant d'émissions de février-mars 2001. J'y retrouve entre autres — tristesse devenant bientôt joie, oyant du mortel l'éternelle voix — Baudrillard et Derrida.
À la maison, en dînant, c'est Ce soir ou Jamais d'hier sur l'environnement. Toujours intéressant de voir s'opposer les logiques, quand elles sont bien exposées. D'Yves Paccalet à Charles Beigbeder, en passant par Corinne Lepage, nous avons une gradation théorique vraiment intéressante, pas trop de dispute. Beaucoup de choses à apprendre. Précédées, comme Christine l'anticipait et le précisait, d'Éric Reinhardt, devenu consultant pour l'occasion, interrogé sur le métier de trader — tout le monde veut comprendre comment et pourquoi on laisse des gamins jouer avec nos milliards...

Commentaires

1. Le mercredi 30 janvier 2008 à 08:22, par Philippe De Jonckheere :

"Avec nos milliards", dis-tu? Je n'ai jamais eu le sentiment qu'il y avait la moindre relation entre "leurs" milliards et moi. En revanche quand Sarkozy a fait son paquet fiscal en soulageant les 5% des foyers les plus riches de France de 15 milliards d'euros de leurs impôts, là j'ai effectivement eu le sentiment que c'était de notre argent dont il s'agissait, ce en quoi je ne me suis pas trompé de beaucoup puisque quelques temps plus tard pour financer le manque à gagner de ces recettes fiscales, il s'est empêché de revendre en toute hâte une partie non négligeable du capital de FT que l'état possédait encore, je crois que ce n'était pas loin de 4% du capital en question. Bref si Sarkozy avait voulu offrir 4% du capital de FT aux personnes les plus riches de France il ne s'y serait pas pris autrement. En revanche que la Société Générale et ses actionnaires aient perdu 5 milliards d'euros, en quoi est-ce que cela nous concerne, je peine à comprendre le "nos milliards".

Serais-tu actionnaire de la Société Générale?

Amicalement

Phil

2. Le mercredi 30 janvier 2008 à 08:33, par Berlol :

Je suis "actionnaire" de la "société générale", pour reprendre mon interrogation de dimanche sur le nom même de cette banque... Et c'est en ce sens qu'il s'agit toujours quelque part de "nos milliards", cher ami.



Mercredi 30 janvier 2008. Les tuyauteries de mon plein gré.

« J'ai l'intention de faire des travaux à une plus grande échelle. Il s'agira, dans un premier temps, d'accélérer le processus d'usure naturelle des lieux. Je vais cultiver mon propre salpêtre dans une cave, que je déposerai ensuite dans des endroits stratégiques. Et consciencieusement, tous les soirs, j'arroserai les murs pour que l'humidité soit maximale. Si ce n'est pas suffisant, je m'arrangerai pour provoquer un superbe dégât des eaux en endommageant les tuyauteries de mon plein gré.
Je pars du principe que l'on n'est jamais mieux servi que par soi-même et pour restaurer un lieu, faire place nette, il vaut beaucoup mieux l'avoir au préalable dégradé de ses mains propres.
Je sens que rien ne pourra s'opposer à la négligence dans laquelle j'ai décidé de plonger la maisonnée tout entière. J'ai même consulté des ouvrages scientifiques afin de connaître les meilleures bactéries.
J'engage Mon Oiseau à faire ses besoins où ça lui chante. Je souhaite qu'il participe à la porcherie ambiante. Et par délicatesse, je n'emploie pas ce mot, je lui préfère celui de basse-cour.
Mon Oiseau est effrayé. Il n'ose pas. Toujours cette pudeur épouvantable, qui le rend poussif et dépourvu d'ambition. C'est du propre !
De toute façon, quelle importance, j'ai du courage pour deux, de la démesure à revendre. La maison va devenir le lieu de tous les excès. Plus de vaisselle à faire. Rongeurs et insectes en tout genre vont prospérer dans la place comme s'ils étaient chez eux.» (Sophie Roussel, Mon Oiseau, Paris : L'Improviste, 2000, p.94-96)

Où que j'ouvre ce livre, cette fois en le rangeant d'une étagère à une autre, c'est la même joie d'un fragment d'aventures avec Mon Oiseau... Il semble que ce soit le seul livre de Sophie Roussel, dont je ne sais rien, par ailleurs. Bien dommage ! Entre les pages 86 et 87, j'y retrouve deux tickets de caisse, l'un pour un poulet fermier chez Le Dantec rue de la Convention le 16 mars 2002, l'autre pour quatre livres dont Rangements et Je m'en vais à la librairie Compagnie la veille. Le dernier Daniel Oster vaut deux fois le label rouge. Le poulet avait fait deux jours, Rangements me fera bien encore vingt ans.

Tiens ! J'avais quelques jours de retard chez Bikun. J'y passe hebdomadairement, parfois une semaine saute... Pardon, les temps sont durs — rares, en fait. Et cette fois, je remonte la pente jusqu'au quai de Jemmapes.
Je savais qu'il sortirait cette photo, un jour ou l'autre. On en avait parlé. Pour la visite de ma sœur, fin 2006, j'avais parsemé l'appartement de post-it explicatifs. Télé, réfrigérateur, climatiseur, radiateur, poubelles, etc., tout y était passé.
Ici, ce sont les fonctions de base du siège des toilettes, en reproduisant le design du panneau de contrôle. Ça fait huit centimètres sur deux.

À Paris, j'ai vu pour la première fois en 2006, rue d'Assas, et sous forme quasi révolutionnaire, une boutique de toilettes japonaises.
Je me demande si je n'ai pas déjà sorti cette photo. Infoutu de retrouver à quelle date, le cas échéant. Peu importe, la revoilà.
On y vante ces sièges de toilettes, devenus tout à fait banals au Japon, chauffés et munis d'un jet télescopique permettant le rinçage de la zone anale (popotin) ou de la zone vaginale (foufoune) — à l'eau tiède, s'il vous plaît. Sur cette vitrine parisienne, on a fait en sorte de n'employer aucun des mots adéquats, sauf à remarquer que quotidien commence par un q. Je serais curieux d'entendre comment le vendeur se débrouille pour expliquer son affaire à de potentiels clients de la rue d'Assas...

Un Cœur simple, film de Marion Laine d'après Flaubert, sortira le 23 mars. Mince, trop tard pour que je le voie, je serai déjà reparti. Ce sera pour plus tard.
Outre les blogs essentiels, un dernier examen à faire passer le matin, une réunion de la faculté dans l'après-midi et les corrections de copies, rien fait. Andreas, Benoît, puis Sophie, l'un après l'autre se désistent pour le dîner. C'est ainsi que je me retrouve devant le dernier CSOJ — un cru moyen — avec une salade de carottes et des petites saucisses.

Commentaires

1. Le mercredi 30 janvier 2008 à 08:28, par brigetoun :

trouver quelqu"un qui se charge de l'achat rue d'Assas et de l'installation

2. Le jeudi 31 janvier 2008 à 02:24, par Bikun :

Cette photo me fais toujours beaucoup rire!

3. Le jeudi 31 janvier 2008 à 04:36, par touriste :

Hébergé à Tokyo il y a 3 ans dans un hôtel à la japonaise, ô que j'aurais été heureux de bénéficier des post-its susdits, et principalement celui qui est photographié.. Angoisses rétrospectives. Vous devriez les commercialiser...

4. Le vendredi 1 février 2008 à 18:44, par patapon :

Diantre, Berlol!
"Foufoune", "popotin": quels mots viens-je d'entendre!
Ce curieux langage est du dernier choquant!
Et je m'en vais sans plus attendre
Prendre un bon petit remontant.

5. Le vendredi 1 février 2008 à 22:55, par Manu :

Je pense que c'est la première fois que tu publies cette photo...
Donc ne cherche pas plus longtemps, et garde plutôt ton temps pour se voir !



Jeudi 31 janvier 2008. Funeste présage d'un comique généralisé.

Ça pourrait finir comme ça, un dernier jour du mois, de ne pas avoir trouvé une minute le lendemain ni les jours suivants. Et que ça se soit délité comme ça, comme rien. L'inanité et la vanité de tout (ce) projet m'auraient sauté à la gorge, en même temps que le soulagement de ne plus avoir ça à me farcir.
Et ça arrivera peut-être.
Mais pas ce mois-ci.*
Car au fond, quand j'y descends pour m'interroger, le goût d'écrire est intact. Ce n'est que le temps qui manque. Et hier — c'est-à-dire ce jeudi — a été une journée de folie, encore. Avec les documents à préparer pour nos futurs orléanais, la réunion avec eux et les représentants de l'agence de voyage, toutes les informations à vérifier, à donner, les réponses aux questions, etc.
Après le déjeuner (où l'on s'est efforcé de ne rien manger des divers produits d'origine chinoise dont les médias nous rabâchent la toxicité depuis quelques jours, suite à des scandales patents — gyozas, croquettes, farces à base de viande, divers légumes, etc.).
Encore une petite réunion dite d'harmonisation des notes, où quatre professeurs se communiquent leurs notes en se focalisant sur les cas limites — étudiants qui n'ont pas la moyenne malgré une bonne participation (ça peut passer), ceux qui ont été trop absents et qui nous demandent de leur faire une fleur (rarement accordée), etc. Puis je peux partir.

Dans le train, rangements de documents, reports de notes dans mon agenda. Puis j'écoute tranquillement les lectures de la Nuit de l'écrit (France Culture, diffusion le 19 novembre dernier). Je trouve très décevant le texte de Christophe Donner, assez décevant celui de Marie Darrieussecq, très moyens ceux de Linda Lê et d'Éric Reinhardt, plutôt bon celui de Philippe Forest, excellent celui d'Antoine Volodine (aigles attaquant un homme sous-payé à éliminer leurs nids en haut de la Tour Montparnasse encore debout quoique délabrée et transpercée par des missiles...). Le document s'interrompt brusquement avant le texte final de Cécile Wajsbrot, je ne sais pas pourquoi. Ça devait être minuit et on n'a pas la suite. Je vais faire des recherches dans le site de FC...
[Recherches faites, l'événement a été très mal couvert dans le site, il n'en reste que cette page vide. Bizarre...]

Lors d'un intermède sonore entre deux séries de lectures, on a pu entendre la voix off du court-métrage d'Alexander Payne, 14e arrondissement, qui clôt le film Paris Je t'aime, un des deux ou trois que T. et moi avons plébiscité de concert. Certes, la denveroise s'est recueillie sur la tombe de Jean-Paul Sartre et Simone Bolivar (sic), et elle fait encore de vilaines erreurs de grammaire mais on lui pardonne tout quand on entend ceci :

« [...] et puis quelque chose est arrivé, quelque chose difficile de décrire...
Assise là et être seule dans un pays étranger, loin de mon travail et de tous les gens que je connais, un sentiment est venu à moi. C'était comme si je me souvenais de quelque chose que je n'ai jamais connu ou que j'avais attendu toujours, mais je ne savais pas quoi. Peut-être, c'était quelque chose que j'avais oublié, ou quelque chose qui m'a manqué toute ma vie. Seulement, je peux vous dire que j'ai senti en même temps la joie et la tristesse. Mais pas trop de tristesse. Parce que je me sentais vivante. Oui, vivante !
Ça, c'était le moment que j'ai commencé à aimer Paris. Et le moment que j'ai senti que Paris m'aimait aussi...»

Détente après le dîner sur TV5 Monde, avec le Grand Restaurant (J. Besnard, 1966, avec Louis de Funès). Sans commentaire... Sauf que parfois, funeste présage d'un comique généralisé, je trouve que notre président de la république a les attitudes et expressions vulgaires, coupantes ou grandiloquentes d'un de Funès chevelu.

* PS de quelqu'un qui titrait sur un funeste présage : quand j'ai voulu poster ça dans le JLR sous Dotclear, la base de données MySQL a refusé tout net en prétextant une « error 127 from table handler ». Mort de rire ! Je ne sais pas combien de temps ça va durer, mais je n'ai pas l'intention de m'engager dans une analyse de la question... Reviendra ? Reviendra pas ? En attendant, je poste en html normal, seul format encore robuste (tant qu'il y a de l'électricité, du réseau et que je paie mon fournisseur).

© Berlol, 2008.