Vendredi 1er septembre 2006. On a été
débordés, je vous cache pas que. 10h50, appel du service Bagages de British Airways pour me proposer livraison de valise entre 16h et 20h. Voix jeune, ne s'excuse pas, boulot boulot, reconnaît juste qu'on a été débordés, je vous cache pas que, et donc pas répondu au téléphone... Pas la peine d'insister. On verra après. En tout cas... Youpi ! (Sauf que ça me bloque l'aprem.) Faut que je sorte, morbleu ! Mes pas me portent sur la montagne Sainte-Geneviève. Festival de nuages au-dessus du Panthéon. Et la chaleur... Déjeuner aux Fontaines, rue Soufflot. Seul. Une carte avec des choses qui sortent de l'ordinaire, comme ce succulent fondant d'artichaut au foie gras. Après, un tartare classique, c'est comme ça qu'ils l'appellent sur la carte, et il est classique, et bon. Et des frites qui, là, malheureusement, ne sont pas des frites mais des quartiers de pommes de terre frits (la frite doit être peu épaisse pour que l'intérieur et l'extérieur soient à peu près à la même température ; si on coupe gros, l'intérieur reste longtemps très chaud, et c'est un peu comme de la purée...). Caniculaire voyage en deux bus pour arriver au Jeu de Paume, musée où je vais voir l'exposition de photographies de Cindy Sherman. L'unité de mesure, dans le travail de CS, c'est vraiment la série. Son principe, c'est l'utilisation de soi pour des mises en scène photographiques dans lesquelles réside toujours une part plus ou moins grande d'humour, d'exhibitionnisme et de détournement d'un modèle ou d'un stéréotype (cinéma, peinture, scène de crime, pornographie, etc.). Forcément, ça m'a fait souvenir de Claude Cahun. Retour rapide pour être à la maison à 16 heures et attendre la valise... qui arrive un peu avant 19 heures. Apparemment en bon état. Mais... tiens... une roue pétée. Enfin, pas la roue elle-même mais le socle de la valise, fendu sur une vingtaine de centimètres en suivant le contour de la base de la roue... Quand on appuie, ça baille un peu... J'ouvre avec ma clé. La serrure n'a pas été abimée ni forcée... Tout est là, bien rangé, mais... trempé ! Pas à tordre, pas dégoulinant, mais imbibé. Maillots, T-shirts et chemises sont un peu comme des éponges. Un costume, un polo et un pull sont humides mais avec des taches de moisissure. C'est-à-dire depuis plusieurs jours dans cet état d'humidité (T. me confirmera plus tard qu'elle a lu quasiment la même description de contenu imbibé sur un blog d'un voyageur japonais). Bon, allez, une machine à laver de tout ce qui peut l'être. Photos de moisissures et du socle fendu. Des pièces à conviction pour le dossier, puisqu'il va falloir en faire un. Demain matin, le reste ira chez le teinturier. Je n'ai que deux chemises et une laine polaire d'utilisable... Voilà, fin de la première semaine de mes vacances. Demain sera un autre jour. Commentaires1. Le vendredi 1 septembre 2006 à 09:59, par caroline : Bravo ! 2. Le vendredi 1 septembre 2006 à 17:15, par dino : md, 10 années : 3. Le samedi 2 septembre 2006 à 04:36, par cg : ouf ! titiller du contentieux a finalement été efficace ! 4. Le samedi 2 septembre 2006 à 09:18, par brigetoun : mais vous vous consolez avec des pauses restaurants ou cafés de belle
engeance. 5. Le samedi 2 septembre 2006 à 18:55, par Alex : Quelle aventure ! 6. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:47, par Berlol : Oui, chère Christine, je suis bien sûr maintenant que Cindy Sherman est
une grande photographe, doublée d'une grande humoriste dans la veine de La
Rochefoucauld ou Chamfort. Je crois bien l'avoir découverte par Philippe De
Jonckheere... |
Samedi 2 septembre 2006. Haute en couleurs
et métaphores narration. Même pas le temps d'écrire ma journée Que déjà son lendemain m'emporte... C'est comme ça (à trop vivre) que les diaristes se font avoir ! Au menu : Déjeuner familial avec sacre du neveu de 15 mois sur fond de rosbif Batobus par beau temps avec sœur et beau-frère Glaces, crêpe et boissons aux environs du Champ de Mars, avec slalom entre les touristes Reprise du Batobus jusqu'à l'arrêt Saint-Germain-des-Prés (en fait, sous le Pont des Arts) À pied à trois jusqu'à la République pour retrouver Samantha, une amie de ma sœur Les quatre au Troisième Bureau pour deux heures de dîner comme un film Menu dans le menu : gelée de saumon au céleri et rognon de veau sauce échalotte Et haute en couleurs et métaphores narration du tournant de la vie de Samantha... Suspense... Si si, vous verrez... Et au temps pour moi, l'espèce de dinosaure à l'entrée du Jardin des Plantes côté Mosquée de Paris n'est pas nikidesaint-phallesque, il est une œuvre de Niki de Saint-Phalle ! (voir ma photo de dimanche dernier ; ici détail de la mosaïque en verre de Murano) Véritable histoire de Samantha de Boulogne. Samantha, qui a fait des études d'histoire de l'art ou les beaux-arts je n'ai pas très bien entendu quelqu'un a ri derrière nous et de toute façon je ne connais pas ces filières, s'est retrouvée on ne sait à la suite de quel concours de circonstance dans la direction de la pub d'un quotidien sportif. Elle s'en est accomodée d'autant qu'elle gagne correctement sa vie. Côté amour et quoique bien de sa personne elle semble s'être ramassée pas mal de fois et s'est donc caparaçonnée qu'on ne l'y reprendrait plus. Pourtant, un gars sensible déjà muni d'une fillette d'une précédente union réussit à la convaincre de se débarrasser de son armure et de lui laisser déborder la tendresse, sans qu'elle calcule trop que ça allait un peu vite pour être vraie confiance ou profond amour. Après trois mois de composition familiale, grosse marche arrière du gars trop sensible finalement pas prêt à recommencer quelque chose, et Samantha rien que sa peau directe la douleur des semaines comme mourir. Intermède à New York avec une amie à qui un appartement était prêté, et moult dépenses compensatoires. Retour et déprime, je ne sais plus l'autre derrière a encore ri grassement et on n'est pas rue de la Folie Méricourt pour rien. Mais... Une bonne conseillère l'avait dirigée sur un psychiatre psychanalyste, moi qui ne savais pas qu'il y en avait qui faisaient les deux j'en suis resté coi. Où elle est allée un peu méfiante mais bien contente de déballer son sac à quelqu'un payé cent euros les quarante cinq minutes rien que pour ça toute la journée et qui a des cas habituellement plus... prise de tête que celui de Samantha. L'ayant flattée qu'elle était bonne analyste elle aussi et bonne raisonneuse mais en système fermé où elle avait toujours raison, il lui enseigna la mœbiale inversion ou comment voir l'envers de soi (un bout) et que croyant bien mener sa vie elle ne vivait en réalité depuis toujours que selon des principes disons ici doxiques qui n'étaient pas ses choix profonds, ses désirs pour aller vite, et que justement elle avait peut-être accepté trop vite l'homme et l'enfant d'une autre. Alors Samantha, ou l'amie de ma sœur dont le désir est de s'appeler Samantha, commença à reconsidérer toutes sortes de choses, comme la détestation de Boulogne où elle n'était venue habiter que pour être près de son travail, un travail qui n'est pas non plus son choix, et d'autres choses, des cascades, des enfilades de choses. Alors, depuis quelques jours seulement, Samantha qui n'est pas du genre à tout plaquer subitement, modifie et ajuste des petites choses dans sa tête, dans ses propos et dans son emploi du temps professionnel. Et il y a déjà de grandes répercussions qu'elle essaie de bien contrôler avant de changer d'appartement, de travail qui sait. Et se confier à ma sœur et mon beau-frère ce soir en présence d'une dangereuse chambre d'écho dont elle ignore tout, car elle ne sait rien de moi, fait partie de ces changements. Cette véritable histoire de Samantha m'a intéressé et ému parce que Samantha a su la bien narrer tout en souriant buvant et mangeant comme nous au Troisième Bureau et rebondissant sur nos incises et nos jeux de mots comme celui de son instinct grégaire dans ma psychanalyse à deux balles vous ne pouvez pas comprendre, mais aussi parce qu'elle est symptomatique de l'aveuglement et du fourvoiement qui sont les deux mamelles de notre humaine condition. J'espère, lecteur, que toi aussi tu apprécieras à sa juste valeur l'histoire de Samantha plus pour longtemps de Boulogne et pourras en tirer enseignement pour toi-même te bien conduire. Commentaires1. Le dimanche 3 septembre 2006 à 01:50, par brigetoun : tiens si je reviens à Paris en touriste il faudra que j'essaie le bateau bus 2. Le dimanche 3 septembre 2006 à 02:06, par Dominique Fromentin : que vous mangez bien... 3. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:30, par Berlol : Bah voyez Dominique, des fois, j'y suis. Et dans la vie, je n'ai pas que ça à faire. Ceci dit la vie, hein, pour quoi faire d'important ?, dites-moi un peu... écrire des livres ? allons allons, ça ou autre chose, ce n'est pas à vous que j'apprendrai qu'aveuglement et fourvoiement sont les deux mamelles de notre humaine condition... Quant à la valise, elle va aller à la poubelle : elle pue et elle est pétée du socle... et aux frais de la reine d'Angleterre, encore. 4. Le dimanche 3 septembre 2006 à 12:51, par Dominique Fromentin : Invisus invisum divisit : c'est ça ou je me trompe ? 5. Le lundi 4 septembre 2006 à 05:29, par dino : "rien que sa peau directe la douleur des semaines comme mourir" j'aime cette phrase, je peux vous l'empreinter, j'aimerai la mettre dans mon blogmachin truc................. 6. Le lundi 4 septembre 2006 à 14:18, par Samantha : A la lecture de ma propre petite histoire ici narrée, je ne pouvais
resister à l'envie, voir au besoin, d'y répondre! Comme il est curieux de "se
lire", comme il est intéressant de constater l'analyse que les autres font de
vous et de l'image que vous envoyez...et comme il est dangereux de raconter sa
vie à sa vieille amie en ne se méfiant pas de son frère!!! 7. Le lundi 4 septembre 2006 à 15:36, par Berlol : Chère Samantha, merci de ta compréhension. Et tu es toujours la
bienvenue pour donner de tes nouvelles, ou autre chose. Bonne continuation ! 8. Le lundi 4 septembre 2006 à 16:37, par dino : Si vous passiez vous auriez vu qu'il y été déjà 9. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:27, par Berlol : François Bon
propose une
surprenante continuation / réponse à la Véritable Histoire de Samantha de
Boulogne... |
Dimanche 3 septembre 2006. Elles étaient
là, les chaussures de sport. Chez mon père, déjeuner rapide. J'y suis pour tri d'affaires m'appartenant. Cinq ou six cartons, plus quelques babioles. Deux heures plus tard, grand sac pour la poubelle, et trois cartons à conserver. Je repars avec des chaussures de sport (elles étaient là, les chaussures de sport que je cherchais dimanche dernier) et une photocopie intégrale de la Corde raide de Claude Simon (1947), ce qui va me permettre de retrouver les italiques (personne ne s'étant manifesté depuis mon appel...). Soir. Titine me demande de lui photographier une belle de nuit bicolore sur le balcon. En attendant le retour de Michel, on s'est loué Ring 2 (film japonais de Hideo Nakata, 1998, à ne pas confondre avec les remakes américains). On s'endort l'un après l'autre ou en même temps. On n'en voit que des bouts et ça ne fait pas du tout peur. Lu dans le train de banlieue, cet après-midi, avec peut-être un début de réponse à mon questionnement de jeudi. « Nous nous retrouvions au Mazarin, à l'ouverture duquel Simon avait participé et dont il faisait bon nombre de fermetures. Nous commencions à boire et à manger à deux ou trois pour finir à quinze et plus. — À boire, ou je tue le chien. — Bistrotier, apporte-nous ton mauvais vin. — Francis, sers ta belle clientèle, elle a soif, disait Simon. — Francis, t'occupe pas des touristes, ils ne reviendront pas. Ta nourriture est trop pitoyable. Sers-nous. Nous qui sommes là hiver comme été. [...] Simon savait boire et il m'apprit. Il vivait en seigneur, travaillait par périodes, disposait de grandes plages pour boire avant de s'y remettre. Tony le retrouvait donc là, accompagné d'amis qu'il nous présentait par le prénom, ou embarquait tout le monde. Je suivais. Cette compagnie me satisfaisait ; je disposais de peu d'argent mais je ne m'en parlais pas. Tous me semblaient très adroits en reparties et faits d'amour, tenant bien l'alcool et vivant sur des revenus mystérieux ou de rentes. [...] La compagnie du Mazarin, plutôt masculine, ne se renouvelait qu'en poivrots et Tony se targuait de filons de fiancées dans des quartiers capitaux où les gens faisaient des vraies choses avec plein d'énergie. C'était son mot.» (Alain Sevestre, Le Slip, p 55-56.) |
Lundi 4 septembre 2006. Ni question goût ni
question solidité. C'est la rentrée et on a plein de choses sérieuses à lire. Par exemple Christophe Bourseiller, qui bloguédite un article de 2001, et c'est très intéressant : Guy Debord, les situationnistes et l'extrême droite : récupération à tous les étages (initialement paru dans Archives et Documents situationnistes). Parce que si on n'avait que les nouveaux auteurs, les primo-publiants ! Mais non, il y en a d'autres ! On en découvre derrière, dessous, à rebours, par des chemins tordus et des amis aussi lointains que proches... Comme ce Théo Lésoualc'h chez Grapheus Tis. Je recommande aussi la nouvelle émission de Monique Canto-Sperber, Question d'éthique (France Culture, le samedi, 12h30-13h). On en avait besoin. Mais la matinée passe vite. Et c'est déjà l'heure d'aller déjeuner à l'Industrie, rue Saint-Sabin, avec Dominique Meens qui me dédicage amicalement son Choucas, canard, pouillot (aux éditions Contre-Pied, 2004). Il fait partie des auteurs entendus à la radio, lus suite à bonne impression puis cités dans le JLR — et qui ont eu la bonne idée de se manifester. Spécifiquement, pour Dominique Meens, en me citant, parce que me fréquenter ne sert à rien (JLR du 12 août). Et ça se confirme. Et c'est très agréable. La conversation tourne autour de deux populations incomparables, celle des oiseaux, celle des auteurs. Je ne donne pas le contenu. Derrière nous, à une autre table, Charlotte Rampling... Marchons jusqu'à Izrael, boutique d'épices rue François Miron, que Meens recommande, hélas fermée pour vacances jusqu'à demain. On se quitte. Passage rapide au BHV rayon valises, rien de bien, ni question goût ni question solidité, ou c'est que je ne suis pas prêt... La bruine matinale a fait place à de la grosse chaleur. Bus et RER jusqu'à la BnF, Tour des Lettres, où j'ai rendez-vous pour la mise en place d'un projet auquel j'aurai l'honneur de participer. On en reparlera, comme dit Alain Sevestre. « Je pars sans attendre, grille tous les autres feux, regarde les voitures dans les yeux, fonce, me faufile entre le bus et le trottoir. Rue de Richelieu, dans le couloir des bus, je force les taxis à me doubler comme un véhicule motorisé. À l'angle de la rue Montpensier et de la rue de Richelieu, je freine brutalement au nez d'une Zastava plus obstinée qui s'engage à contresens et se gare en double file. Je repars, jette un œil derrière moi, vois le type descendre de son véhicule et s'engouffrer aussitôt dans l'armurerie qui fait l'angle.» (Alain Sevestre, Le Slip, p. 68) Angle, c'est un angle, oui. Celui d'un intersection entre deux livres, l'autre étant son Double Suicide Villa Godin (1987)... Commentaires1. Le mardi 5 septembre 2006 à 02:31, par caroline : Bravo Miss Tic ! |
Mardi 5 septembre 2006. Guacamole, taboule et carpaccio
— assurément trois bons copains. Recherche de valise, I. C'était hier. Recherche de valise, II. Aux Galeries Lafayette de la place d'Italie vers 11 heures. Pas de vendeuse dans le rayon, ce jour, avant 13 heures ! Un peu d'hypoglycémie à cause du café et de la rage de l'irresponsabilité dans les services, achat de petites pâtes d'amande. Retour à la base pour prendre des informations sur les valises via les sites web des fabricants de valise (sera utile par la suite, les vendeurs ne sachant même pas le poids des valises vides alors qu'on nous demande de plus en plus dans les aéroports d'être exact à plein au kilo près). Odéon. Déjeuner italien et cinéma allemand avec Marguerite. Mon Dieu, mais quelle nullité, ces Particules élémentaires ! Du très très mauvais cinéma, un docu-fiction tellement plat qu'on en dort et regarde sa montre toutes les cinq minutes... Je ne dirai pas que le livre était mieux parce qu'il m'avait pesé aussi mais le film est nettement pire. Il y a une fatalité qui s'acharne contre Houellebecq, son style est pauvre, son image est ruinée et les produits dérivés de ses livres sont condamnés (projets avortés de films en France, film allemand pesantissime, etc.). De quoi choper une bonne colère. Recherche de valise, III. Au Bon Marché vers 17h30, en bus par la rue Saint-Sulpice où il y a un chemisier JLR... Chaleur partout et la climatisation ne fonctionne pas au rayon bagages. La vendeuse Samsonite ne renseigne pas sur les autres marques (comme Rimowa ou Delsey, par exemple), elle n'a pas tous les modèles, elle les attend pour jeudi ou vendredi. Mais je ne peux pas rester dans l'incertitude. J'en réserve une (dans les 75 centimètres de haut, juste comme celle qui... que... enfin, bon, l'ancienne) et prends sa carte pour me dédire en cas d'achat ailleurs. Je suis franc. Elle comprend. Au moins, ça, c'est fait. Bus vers Saint-Germain puis Odéon mais pas le temps pour attendre le 96 qui n'arrive pas. En métro jusqu'à Jourdain pour attendre Cécile, prendre un café devant l'église et monter dîner chez Constance. Où l'on devisera jusqu'à onze heures et demi, avec guacamole, taboule et carpaccio — assurément trois bons copains. Commentaires1. Le mercredi 6 septembre 2006 à 01:05, par cg : petit conseil pour ta quête du graal (je ne me prends pas pour la fée
qui conseille le preux chevalier, rassure-toi, mais suis moi-même toujours en
quête de la valise idéale) : 2. Le mercredi 6 septembre 2006 à 03:08, par brigetoun : mais le 96 n'arrive jamais ! quoique le 69 ou le 61 c'est pire ! les bus c'est un luxe d'oisif 3. Le mercredi 6 septembre 2006 à 09:57, par Berlol : Brigetoun, on a parlé de vous aussi, chez Constance, forcément... |
Mercredi 6 septembre 2006. Qu'on déballe,
qu'on ouvre, qu'on teste et qu'on soupèse. Chez le teinturier, place Monge, qui s'est occupé de mes affaires détrempées et moisies dans la valise. Impeccable. Et facture pour le dossier. Voilà que je peux enfin m'habiller. Ça tombe bien ! Train pour Orléans à 10h47, bien climatisé, il faut y garder sa veste. Quand j'arrive, au bout du quai, Antoine Volodine m'attend. Je le reconnais, d'après photos. Jusque là tout va bien... Le début, les premiers mots premiers pas, on ne sait jamais comment faire, ni comment ça devrait être, l'impro, et la crainte de tout plomber, de tout mal orienter par un propos aussi anodin que mal pris. Je crois que ça va, je m'en tire avec les gros travaux de construction de la nouvelle gare qui sont bien entamés alors que c'était la ruine du précédent bâtiment en mars. Antoine Volodine m'emmène dans un restaurant de la place du Martroi où, déjeunant, nous nous racontons divers éléments de nos vies dans le désordre des reparties et des associations d'idées, comme tout le monde à notre place. Je l'admire mais ne suis pas dans la révérence. Sauf que de temps en temps, je me frotte intérieurement les yeux en me disant que je suis en face de l'auteur de Bardo or not bardo et du Nom des singes (etc.), que c'est incroyable ce qui m'arrive et que c'est moi qui l'ai voulu — pour évoquer la préparation d'une éventuelle venue au Japon, elle-même reliée à un projet de traduction en japonais. Je m'aperçois assez vite que, comme je l'avais espéré et vaguement prévu, il n'est pas la personne sérieuse et sombre à laquelle des médias et des critiques ont voulu faire croire. Lui aussi doit comprendre encore plus rapidement le charlot que je suis. On élargit la discussion au stage de mes étudiants à Orléans, à des sujets de thèse, à d'autres visiteurs du Japon, en toute liberté. Et lui ne trouve pas un bon prétexte pour se barrer vers 14 heures comme il en aurait parfaitement eu le droit. Au contraire, on attaque des pans massifs, la littérature de quelques littérateurs, des émissions de radio qui se passent plus ou moins bien, le mépris des services culturels pour ce qu'écrivent leurs invités, etc. On fait une petite balade à pied, circulaire sous le cagnard, et puis on se remet à une terrasse pour boire un coup, emportés par une foisonnante discussion partie de... Kill Bill et continuée sur le thème des films... de karaté, de Hong Kong, de Kitano, etc. Parce qu'il a pratiqué les arts martiaux. Parce qu'il a fait du chinois (et pas seulement du russe). Du temps passe, de la franche rigolade, même, et après la sympathique dédicace de son Post-exotisme en dix leçon, leçon onze dont je m'étais muni ce matin, j'en reviens par hasard à ma valise... Recherche de valise, IV. Chez Badinier, rue Royale à Orléans. ... j'en reviens par hasard à ma valise (merci, Jean-Claude, pour la suggestion) et Antoine Volodine me dit qu'il connaît tout près un bon magasin de bagages, qu'on peut toujours y faire un saut, ou bien ce sont mes mots mais bon à peu près, et on y va. Là, au sous-sol, caverne alibabesque, il y a tous les modèles que j'ai cherchés dans les grands magasins de Paris, et une vendeuse tout à fait à jour sur les articles. Et vas-y qu'on déballe, qu'on ouvre, qu'on teste et qu'on soupèse. Craignant d'abuser de l'amabilité d'Antoine, je lui demande si ça ne le dérange pas, suggérant que je peux continuer tout seul avec la vendeuse, toujours dans l'idée qu'un grand écrivain a forcément autre chose à faire que rester avec moi pour choisir une valise... Mais non, tout ça l'amuse beaucoup. Et le concerne aussi, visiblement. Car il voyage pas mal de son côté et que de bonnes informations sur les bagages ne sont pas à négliger. Bref, j'achète une Samsonite grise à quatre roues (même prix qu'à Paris, je précise). Puis on remonte vers la gare tout doucement, moi roulant la valise dont, sauf nous, tout le monde ignore qu'elle est vide. Retour en train en retard et non climatisé, une étuve dans les 45 degrés. Je dégouline de partout. Je reste debout. Dans le wagon voisin, il fait quelques degrés de moins, la transpiration s'arrête, la vie redevient possible... Pourtant il y a moins de monde. Les gens n'essaient pas, croient qu'il fait aussi chaud partout. En général, les gens n'essaient pas, ils sont quelque part et ils n'ont pas la curiosité d'aller voir ailleurs s'il fait moins chaud. « Hein ?... Je vais répondre. Nous avions appelé cela le post-exotisme. C'était une construction qui avait rapport avec du chamanisme révolutionnaire et avec de la littérature, avec une littérature manuscrite ou apprise par cœur et récitée, car parfois pendant des années l'administration nous interdisait de posséder du matériel de papeterie ; c'était une construction intérieure, une base de repli, une secrète terre d'accueil, mais aussi quelque chose d'offensif, qui participait au complot à mains nues de quelques individus contre l'univers capitaliste et contre ses ignominies sans nombre.» (Antoine Volodine, Le Post-exotisme en dix leçons, leçon onze, Gallimard, 1998, p. 17) Commentaires1. Le jeudi 7 septembre 2006 à 01:19, par brigetoun : on trouve tout en province : des valises et Volodine - pour les places de train comme pour beaucoup de chose : oui vive l'instinct grégaire 2. Le jeudi 7 septembre 2006 à 09:59, par alain : Mince, à quelle heure suis-je parti ? Avais-je un bon prétexte pour
quitter le lieu ? 3. Le jeudi 7 septembre 2006 à 13:33, par timide : c'est vrai, alain, que berlol est complexant à toujours raconter que sa rencontre avec untel ou une telle a été enrichissante grave et pleine de connivence et si tellement tout ... forcément lorsqu'on le rencontre on compare et, si on est un tant soit peu conscient de ses propres insuffisances, on déprime 4. Le jeudi 7 septembre 2006 à 16:47, par Berlol : Pour Timide, je ne sais pas, mais je ne me vois pas en train de complexer Alain... 5. Le lundi 11 septembre 2006 à 05:33, par janu : (J'ai une passion folle pour "dont, sauf nous, tout le monde ignore qu'elle est vide", qui aurait aussi fait un titre). 6. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:06, par Berlol : "Passion folle", comme vous y allez ! En tout cas, je suis bien content
que ça plaise... Et puis maintenant que ladite valise est arrivée à Tokyo, ça
lui fait déjà toute une histoire. |
Jeudi 7 septembre 2006. Nos croisements et accointances
webiques. Impressionnant article de Jérôme Pintoux sur Alain Bashung, Un Dandy fuligineux. C'est tout ce qu'il est resté de mes lectures matinales. Et puis je l'avoue, j'ai beaucoup de retard dans l'agrégateur. Et tellement d'émissions de France Culture à rattraper... Puis courses et téléphonages de fin de séjour qui commence, hélas. Aux Tuileries, d'étranges touristes sur d'étranges machines arrivent par la place de la Concorde. Les grilles m'empêchent de les photographier quand ils sont encore perchés dessus. Ils en descendent pour entrer dans les jardins, leur machine à la main. N'y voyant que deux roues, je me demande comment cela tient debout. Quelqu'un connaît-il ces engins ? Déjeuner avec Nathalie Jungerman chez Véry. Le tarama n'y est pas mauvais, même s'il n'arrive pas à la cheville de celui que je prends chez Sitia (5, rue de Bazeilles). Que Cerisy nous semble proche, dans ce cadre végétal ! Nous faisons le tour de nos lectures. Elle boucle une Florilettres ces jours-ci, toujours passionnée — et passionnante — de poste et de correspondances. Elle me fait regretter de ne pas être en France pour Grignan et Manosque. Détour par le Bon Marché pour la réserve de thé Kusmi que j'emporterai à Tokyo dimanche. Puis, pendant qu'on travaille, Michel et moi, la soirée s'ordonne (par téléphone) autour du rendez-vous que j'avais pris avec Philippe De Jonckheere : Constance peut venir, puis Nathalie, Michel aussi. L'un après l'autre, à trente minutes d'intervalle, ils arrivent à la terrasse du Monge où Constance nous offre des exemplaires vintage de 00h00.com — et ne nous offre pas le premier pdf jamais réalisé en littérature française, en 1997 si j'ai bien vu, celui de Candide, qu'elle garde dans sa collection personnelle. Le temps s'est nettement rafraîchi, on ne dînera pas en terrasse. Michel nous emmène à l'Huître et demie, rue Mouffetard. La carte est axée poisson, mais je n'ai pas la tête à la marée, j'opterai pour le rumsteack au poivre vert (tout à fait acceptable, avec un gratin dauphinois de bon aloi). Il est beaucoup question des activités réticulaires de chacun, de nos croisements et accointances webiques (il y a très très longtemps, sur la liste Balzac-L, si je me souviens bien, j'avais appelé ça la post-webance, aujourd'hui encore nullax de Google, c'est dire le peu d'influence que j'ai, et c'est très bien comme ça). Ces discussions, en relation pour moi avec une actuelle réflexion sur la nature ontologique de l'intimité, m'ont fait prendre conscience d'une forme de réserve ou de complexe dans mon rapport à l'image de l'autre. Par respect de celles et ceux que je photographie mais aussi pour m'éviter certains effets pervers de la mise en ligne, j'en suis venu à presque proscrire de mes pages les photos de portrait, au détriment de détails, de silhouettes, d'à-côtés comme les plats des restaurants (dont je sais qu'ils énervent bien des lecteurs). J'ai ainsi des centaines de photos sublimes de diverses personnes (ou des photos de diverses personnes sublimes) mais je ne les diffuse pas, sauf au coup par coup, en envoi privé. Ma thérapie commence donc aujourd'hui, après accord dûment demandé à Nathalie et à Constance (et obtenu, je les en remercie). Je ne demande pas l'accord de Philippe, on en a parlé. Ni celui de l'écrevisse, pourtant ici morte et obscène. La bouillabaisse que propose le restaurant est en effet, de l'avis d'une Marseillaise, loin d'en être une. Ce que nous pouvons vérifier par la charte (à comparer avec la photo). Philippe, tu n'as donc toujours pas mangé de véritable bouillabaisse ! Mettons cet objectif à notre prochaine rencontre, en novembre, si tu veux bien. En revanche, Constance le savait. Mais d'autres propos nous ont tellement portés ailleurs qu'il n'en a nullement été question pendant. Et puis j'ai très bien dormi. Commentaires1. Le vendredi 8 septembre 2006 à 05:40, par Philippe De Jonckheere : Ah tu me bats d'une fraction de seconde, je suis vaincu j'enrage: www.desordre.net/blog/blo... 2. Le vendredi 8 septembre 2006 à 06:16, par Berlol : Hé hé, c'est de ne pas être à jour du 5 et du 6 qui t'a retardé... Mais ce que tu apportes de réflexion sur l'intime est très précieux. On va y travailler. Pour la bouillabaisse, je vois que tu avais compris tout seul. 3. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:07, par caroline : Je saute de ce pas sur le Désordre pour avoir l'autre version !! 4. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:30, par brigetoun : ma foi, une bouillabaisse même fausse ! d'ailleurs les chartes n'ont
rien à y faire, et il en est de multiples. 5. Le vendredi 8 septembre 2006 à 07:39, par brigetoun : j'aime bien le "nul ne gagne à être connu" - mais vous avez encore un
coté peut être intimidant ou lointain géographiquement. 6. Le vendredi 8 septembre 2006 à 11:00, par Dominique Fromentin : que ce mot "webique" est un triste néologisme : j'espère qu'il ne
reflète pas vos amitiés, lorsque par hasard vous vous retrouvez loin de vos
écrans 7. Le vendredi 8 septembre 2006 à 11:02, par joao : les drôles de machines à deux roues : 8. Le vendredi 8 septembre 2006 à 12:46, par Berlol : Merci, Joao ! Ne connaissant même pas leur nom, je ne pouvais pas les
chercher... 9. Le vendredi 8 septembre 2006 à 15:49, par Lionel : Bush a offert un Segway à Koizumi qui a fait une démo dans l'enceinte de la résidence du PM devant les caméras, parce que à l’extérieur, l’engin n’est pas autorisé au Japon. 10. Le dimanche 10 septembre 2006 à 01:12, par pintoux : Merci, Monsieur, pour votre commentaire bienveillant sur mon article (Bashung,
dandy f). Je l'ai écrit pour essayer de recontacter mon vieux pote jean Fauque,
que j'ai perdu de vue (on est allés en classe ensemble, à Niort), mais, pour
l'instant, il ne s'est pas manifesté... 11. Le vendredi 6 octobre 2006 à 05:49, par Philippe : A propos du Segway, il existe un site qui donne plein d'info. sur cette
machine :
www.toutsurlesegway.com/ |
Vendredi 8 septembre 2006. Sur le marchepied, ça
sirène. Thérapie, étape 2, trouvée grâce à l'homme qui marche cette étonnante illustration de ce qu'on pourrait appeler le culot ou le cran. Test de Lulu.com (auto-édition) par le blogueur de La Littérature, intéressant. Plus grave, l'avalage complet du patrimoine. Déjà l'an dernier, il y avait des rumeurs sur la finalité politique (in fine, hein, ou cybernétique, c'est pareil) de Google, eh bien voici que des choses se précisent : Google veut tout bouffer et ne laisser aucune miette de quoi que ce soit à personne. Ne ricanez pas de la métaphore, lisez attentivement Affordance et La Feuille (et d'autres, ça va rapidement faire tache d'huile). Pendant ce temps-là, les pépères européens... Moins grave et en images, un chanteur qui aurait mieux fait de rester devant la télé. Et pour rester dans la trépidante francitude préélectorale, on centralisera l'info avec Presse 2007. Le matin, ça dope de lire tout ça... Rangement dans les affaires et l'ordinateur. Repos des jambes aussi, après avoir beaucoup marché depuis près de deux semaines. Je ne l'ai pas dit parce que je ne savais pas quoi en faire (et je le mets ici pour ma mémoire en cas de reprise de la chose), mais pendant quatre jours, j'ai eu une rotule, celle de droite, qui claquait un peu. Je marchais normalement et quatre pas sur dix environ, ça se déboîtait un peu et claquait pour reprendre sa place. Et puis avant-hier une sorte de douleur un peu au-dessus du genou, à l'intérieur, en accompagnement. Qui m'a fait boîter un peu pour compenser. Hier, je marchais précautionneusement et ça ne se produisait presque plus, Nathalie n'a rien remarqué, par exemple. Et aujourd'hui plus rien. Comme c'est aussi avant-hier que j'ai racheté une valise, mettant un terme momentané à l'ensemble du problème, j'ai pensé qu'il pouvait y avoir un rapport. Une forme de somatisation. Mais comme je ne trouve pas de sens, je laisse tomber. Ce sera une fatigue passagère... Dernier rendez-vous de la quinzaine, qui était aussi le premier pris, il y a plus d'un mois. Avec François Bon, au Select, et assez brièvement du fait de son emploi du temps, entre un enregistrement et son re-Tours à la maison. Comment ai-je pu ne pas donner d'autres rendez-vous au Select ? J'adore cet endroit, surtout la salle, à l'intérieur, côté rue Péguy. Et je le connais depuis longtemps. On se retrouve facilement maintenant, il n'y a plus de minutes de glacis comme les premières fois. Notre échange d'aujourd'hui est verbal et matériel. Verbalement, c'est inrendable, en une heure tout y passe, mais matériellement c'est un Tumulte dédicacé contre un T-shirt Tous les jours, c'est l'enfer en japonais, directement importé de Beppu via Heathrow. Je peux bien le dire maintenant puisque je les ai tous distribués, j'en ai ramené une dizaine, un peu de toutes les tailles, pas mouillés dans la valise parce qu'ils étaient bien emballés, et les ai offerts à mes ami(e)s. Le rêve, ce serait qu'ils se rencontrent par deux et par hasard un jour qu'ils l'auraient mis, voire d'organiser une rencontre où ils l'auraient tous. Philippe suggérait hier soir qu'alors, ainsi habillés, on aille dans un endroit de Paris où l'on serait sûr de croiser des Japonais, et de voir leur tête, leur surprise. L'une des choses qui caractérise François Bon, c'est l'investissement, l'implication, parfois l'urgence, jamais l'hystérie ni l'exagération. Dans l'écriture, dans la lecture, dans l'internet, dans le fait de vivre des activités du domaine de la littérature, d'y trouver ressources et statut social, quitte à enrichir la SNCF. Le mérite de cela est grand, très grand, surtout quand on ne veut pas entrer dans les combines médiatiques mais que l'on voudrait quand même être reconnu, juste pour le boulot fait, pas pour soi en tant que star mais pour l'œuvre, dans un temps où ça serait plutôt le contraire qui serait vrai. On avise l'heure, il est 17h40. Déjà ! On paie et on sort. Fin du chic parisien et du temps sans compter. On marche vers la gare Montparnasse. On fend difficilement la foule, dense à cette heure. On monte des escaliers, des escalators en continuant à discuter littérature et littérateurs et littératrices. On serait à l'article qu'on en causerait encore. On arrive en vue du quai et ça sonne. François se retourne de temps en temps pour voir si je suis, puisque j'ai voulu venir jusque là. On s'avance vers le dernier wagon, le contrôleur est déjà sur le marchepied, ça sirène. François me salue et court. Je m'arrête pour prendre une photo avec l'heure, 17h55, l'heure du départ. C'est lui, en noir, près de la porte du wagon. Il monte dans le train, il y est. Je m'avance et arrive à mon tour au niveau de la porte. Il me voit et ça le fait rire que je sois aussi venu là devant. Je le prends en photo. Une jeune femme monte, pour Poitiers, mais ce n'est pas le bon train, et la porte se ferme, retenue par le contrôleur pour qu'elle puisse redescendre. Voilà, des mots que je n'entends pas, mais je vois le sourire, c'est fini. Le train est parti. Commentaires1. Le samedi 9 septembre 2006 à 01:02, par brigetoun : vous et l'amitié, pas mal - vous, l'homme qui marche et les genoux, pas mal aussi - je m'en vais voir comment fonctionnent les miens 2. Le samedi 9 septembre 2006 à 13:52, par k : ouai, c'est pas raisonnable, 3. Le samedi 9 septembre 2006 à 15:08, par cg : rotule qui claque et roulette éclatée c'est pourtant limpide ... je
souhaite un très douillet voyage retour aux roulettes toutes neuves de la
provinciale valise nantaise (ainsi qu'aux rotules pleines d'empathie de son
propriétaire) 4. Le samedi 9 septembre 2006 à 16:32, par Berlol : Pour le filtre, ça n'a pas raté. Tu veux un abonnement, un forfait ? La
valise est... orléanaise, mais bon, c'est la direction. Merci, pour le voyage.
Je suis prêt. |
Samedi 9 septembre 2006. Chic si toc. Peu
voire rien à dire de cette journée déjà entre deux uni vers D'abord rien puis peu puis quelque chose qui prend son temps pour se faire taper Ai pris des bus mon présent repasse sur des séquences de mémoire mortes Dans un 24 de Madeleine à Saint-Michel un couple se sert du champagne chic si toc « Et alors les freux débarquent et les corneilles et j'ose croire que vous ne les aurez pas malgré les toxiques dont vous aspergez vos labours industriels, j'écris troupe et régiment, grande armée pacifique certainement, d'un pacifisme écœurant comme ces 20 millions de pinsons du Nord déboulés un hiver dans le Jura, nous autres c'est Verdun l'empilement des cadavres nous autres c'est perdu et remplacé pour reperdre encore un coup d'autres millions de corps avec de la poésie tout autour pour s'arranger avec les mauvaises odeurs, nous autres avec un peu de musique un peu de chanson un peu d'art d'artiste pas choucas des tours pour arrondir les angles du galetas pour hypnotiser mieux pour croire que rien n'est perdu tout remplacé.» (Dominique Meens, Choucas, canard, pouillot, Éditions Contre-Pied, 2004, p. 7) Dominique Meens est reparti à la campagne. Il s'y est installé pour volontairement n'avoir plus de connexion et écrire. Je recevrai de ses nouvelles un de ces jours par le facteur. Et puis, changeant de bus, je change de livre. « Qu'est-ce que c'est qu'ça ? me murmuré-je. Une sorte de chiffon en caoutchouc bleu ciel jauni, peut-être translucide à l'origine, froncé d'un élastique distendu. J'identifie une odeur synthétique à forte charge sexuelle, me souviens des protège-cahiers en plastique, non, renifle encore et récupère un très ancien souvenir de barboteuse en plastique que ma mère me mettait par-dessus ma couche et dans laquelle, même, me changeant, m'ôtant ma couche, elle me laissait nu et les fesses mouillées le temps de je ne sais plus quoi. Là était le bon de l'affaire car je profitais de ce moment pour ramper sous les chaises, sous la table, ramassais et enfournais dans ladite barboteuse les sous-vêtements que je trouvais sur mon chemin, les chaussettes, les culottes de toute la famille abandonnées en se déshabillant la veille. Me frottant, ils me séchaient, faisaient paquet contre moi et me laissaient peu à peu dans une impuissance ravie, enivré de leur odeur de sale. L'entassant contre moi, le linge s'imbibait d'urine et exhalait ensuite des relents suaves, et je refaisais le tour encore des meubles dans l'aurore, portant aux fesses le parfum du jour précédent, la mémoire familiale dûment taxée. — Bah, c'est un bonnet de douche, dit mon ex-beau-père. Je jette le bonnet.» (Alain Sevestre, Le Slip, p. 83) Moi qui ai très mauvaise mémoire, je suis à la fois incrédule et bluffé par de telles — vraisemblables (outre le romanesque et la provocation du thème) — occurrences de mémoire olfactive involontaire. Même si l'objet (l'ob-jeu) n'est pas le bon, le souvenir, lui, remonte bel et bien. Il m'arrive parfois de capter des odeurs qui me rappellent quelque chose de très lointain, ressens-je, mais je ne peux jamais déterminer précisément quoi. Je hume, je hume, comme l'autre jour avec T. sur le chemin d'Akasaka, mais aucune image ne vient. Justement, le chemin d'Akasaka, je le reprends demain matin... Commentaires1. Le dimanche 10 septembre 2006 à 01:13, par brigetoun : les souvenirs : des bus parisiens oui mais sans champagne - d'enfance :
étant donné la perplexité de mes jeunes soeurs je me les recrée sans doute -
olfatiques : me restent les gares du temps des trains à vapeur - l'ail sauvage
- les bateaux un peu rouillés au fond de ports mais cela n'amène aucun souvenir
précis juste une ambiance, une aura. |
Dimanche 10 septembre 2006. Mes mesures de représailles.
Tout se passe à peu près bien à Roissy. (En arrivant avec
près de quatre heures d'avance, c'est quand même normal.) Quand je demande si le vol British Airways partira normalement, on prend l'air mi-étonné mi-courroucé pour me demander ce que je veux dire par là... Plus pertinente, l'explication sur les bagages : on me dit qu'il reste des bagages du mois dernier non encore restitués, qu'ils sont traités à part, mais que les nouveaux sont traités normalement (sous-entendu, en temps réel et à vitesse normale). J'achète quand même deux disques. Une double compilation de Christophe (à cause des bandes-annonces de Quand j'étais chanteur qui m'ont rendu l'émotion première des Paradis perdus... et fait regretter de partir trois jours trop tôt) et le dernier disque de Jean-Louis Murat, Taormina (dont je lisais une bonne critique, hier, au crépuscule, à la terrasse du Barnum, devant la Mutualité — car une journée n'est jamais complètement racontée...).
Je déambule morose
À Heathrow, tout le temps passe en queues et contrôles. Dans le calme et l'obéissance.
Le calme. L'obéissance. Des panneaux préviennent
d'ailleurs que tout acte de protestation sera interprété comme une menace
(sous-entendu, un acte terroriste). La ceinture aussi. Bientôt tout nu, passer
le seuil... Films vus dans l'avion Londres-Tokyo : Da Vinci Code, lourd et lent. Nacho libre, excellent, aucune réserve, à diffuser mondialement. Confidence (2003), trop bavard. Wah-wah (2005), émouvant et très original. Tout cela, vu en mode atonique, donc peu fiable...
Commentaires1. Le lundi 11 septembre 2006 à 07:55, par pintoux : le Christophe, je l'ai commenté. Je pourrai vous envoyer ma chro si vous
le voulez 2. Le lundi 11 septembre 2006 à 08:10, par Berlol : Volontiers. J'allais commenter votre autre commentaire, d'ailleurs, pour dire que j'avais pointé sur Bashung mais qu'il y en avait bien d'autres qui m'avaient plu dans vos pages... et que ça allait me faire réécouter, voire acheter des disques... et que ça nous change des articulets promotionnels sur les disques qui sont hélas devenus la "norme"... 3. Le lundi 11 septembre 2006 à 14:16, par pintoux : Envoyez-moi votre courriel, s'il vous plaît, et je vous ferai parvenir
mes deux pages sur Christophe. J'essaye d'écrire un petit ouvrage sur la chanson
française, une série de monographies. J'enseigne le français en collège mais
j'ai un vieux rêve de pigiste rock |
Lundi 11 septembre 2006. À l'heure et... vivant, parce que, hein ! Bien arrivé (valise itou). Fatigué mais à l'heure et... vivant, parce que, hein ! J'y reviendrai. Dans le couloir de sortie, sur un panneau d'affichage, un mot pour moi, et une personne qui me passe un document à remplir pour dédommagement du retard de la valise et remboursement de la valise (total 70.000 yens, soit 470 euros, l'affaire sera officiellement réglée dès demain — que British Airways France en prenne de la graine !). Narita Express de 12h16 pour Tokyo et à la maison avant 14 heures. Bain, sieste et dîner japonais dans un restaurant de poulet (le Saint-Martin est fermé pour... vacances.)
Vivant, oui, disais-je.
Commentaires1. Le lundi 11 septembre 2006 à 22:26, par brigetoun : bonne nouvelle mais.. intriguée suis 2. Le mardi 12 septembre 2006 à 09:15, par brigetoun : un très joli complément - |
Mardi 12 septembre 2006. Pas que du crabe.
Il faut croire qu'on aime ça ! Nous venons, T. et moi, et après comparaison des sites web, de réserver deux billets d'avion pour la fin novembre. Ainsi que choisir nos places et payer, le tout sans sortir de chez nous — ça tombe bien, il pleut toute la journée. Deux billets pour Paris, oui. Nous volerons ensemble, sans soucis, sur ANA. J'aurai une journée de travail et T. ira revoir ses compagnons de mazarinades. Autour, on brodera.
Sinon, la reprise n'est pas évidente,
alors que j'ai encore la tête pleine de Paname... Il faut ranger des affaires dans
les placards et des informations dans les ordinateurs. De plus, les tâches à
finaliser s'accumulent (un article, une conférence, un cours, un livre...).
Et en même temps, j'essaie de suivre d'un œil et d'une oreille la rentrée
littéraire, via les blogs et la radio. On ne sort pas. On ne regarde que la moitié d'un film idiot en finissant de
déjeuner (nous ne connaîtrons jamais le sort final de Kim Basinger dans
The
Gateway... (à ne pas confondre avec
The Getaway
de Peckinpah)). Attention : message à l'attention des tokyoïtes amateurs de fringues chics et pas chères, tendance british et pêche à la truite. Le magasin Avon House de Iidabashi brade tout, et c'est vraiment vraiment intéressant (du coup, j'ai acheté une veste d'hiver...). « Comme je déballe des momies de couteaux et de
fourchettes et de cuillères et de petites cuillères (3 couches de papier kraft
chaque fois bridées de 3 bouts de ficelle que multiplient 12 couverts que
multiplient 4 = 432, plus 9 pour la louche de tout à l'heure, = 441 bouts de
ficelle pour la ménagère), je me retrouve devant de grandes plages à ne pas
devoir réfléchir à ce que je fais et, sous le regard de son père, c'est très
longtemps que je pars en souvenir autour de Marie-Agnès au cours de ces
quelques quatre cents bouts de ficelle à trancher délicatement.» (Alain
Sevestre, Le Slip, p. 92) |
Mercredi 13 septembre 2006. Nouvelle économie,
mêmes crabes. Journée boulot. Ça roule... Dehors, il pleut obstinément et copieusement. Ça aide à la concentration. Ou à l'évasion vers une bulle de bleu, de l'autre côté de la terre (où j'ai entendu qu'il pleuvait aussi, maintenant). Pause blogs dans l'après-midi. Étonnement à découvrir un peu par hasard combien le sort de Netizen est proche de ce que j'avais imaginé en mars après lecture du premier numéro. Officiellement en suspens, officieusement mort après 3 numéros, site bloqué, employés non payés, dispute entre les cadres et avec le personnel, etc., et aucune nouvelle depuis mai. Nouvelle économie, mêmes crabes. Ils ressortiront du panier, et il y aura de nouveaux imbéciles pour les suivre... Radio : à signaler
deux
beaux épisodes du
Carnet nomade, sur Tarquinia et ses petits chevaux, entre archéologie
et durassie. Intempestifs et nécessaires :
Maurice Scève et le
Cardinal de Retz dans
Une Vie une œuvre de ces deux derniers dimanches. Pour moi, ça suffit. Commentaires1. Le mercredi 13 septembre 2006 à 12:35, par brigetoun : j'ai un peu abandonné France Culture (la lecture est plus absorbante que le travail) pour la musique que j'entends souvent sans l'écouter, et grace à vous je ratrappe les émissions négligées (j'aime bien durassie pour les carnet nomades, c'est tout à fait ça) mais j'ai écouté avec un mélange de plaisir et d'agacement celle sur Scève 2. Le mercredi 13 septembre 2006 à 18:28, par Manu : Content que tu fasses un meilleur usage de DotClear que moi ! |
Jeudi 14 septembre 2006. Un concombre reste un
concombre.
À la pause blogs, je me promène dans les nouveautés littéraires et je trouve, via La Feuille, ce post polémique de l'auteur masqué du blog La Littérature. Il y a déjà une vingtaine de commentaires et j'y vais de mon premier (ci-dessous). « On écoutera avec attention la volée que se prend Chloé dans Les Mardis littéraires du 5 septembre. Elle fait moins la fière, là ! » Il faut attendre la modération pour la mise en ligne, ce qui devrait n'être qu'une formalité pour mon commentaire. Et puis, pendant le dîner, ça me turlupine, cette histoire de liste d'auteurs innovants de moins de 40 ans... Alors je regarde dans mon index du JLR, et j'en trouve un bon nombre qui doivent être en deçà de l'âge de la décrépitude selon Delaume. Donc, je me fends royalement d'un deuxième commentaire, pas spécialement méchant, je pense. « Rien qu'en regardant dans mon
index,
je trouve au moins une trentaine de noms d'auteurs dont l'écriture est
innovante, disons, selon les critères de Chloé Delaume (de Frédérique Clémençon
à Olivia Rosenthal, en passant par Laure
Limongi, tiens, pour ne
citer que des jeunes auteures). Et je crois qu'à plusieurs on pourrait
facilement doubler ou tripler ce nombre. La question est : pourquoi Chloé
réduit-elle la liste à 20 ? (et corollairement, pourquoi notre hôte la
réduit-il à 3 ?) Eh bien, aucun de ces commentaires ne sera publié. Le
concombre
masqué de La Littérature nous sort quinze minutes après le
commentaire suivant : « Petite précision sur les commentaires qui sont
postés sous ce billet : SVP arrêtez de taper sur Chloé Delaume. Si vous avez
des trucs à lui dire, allez lui dire en face directement sur son blog. Il est drôle, le concombre masqué ! Il lance un pavé dans la mare, et puis
il s'étonne que la mare se rebiffe ! De plus, il essaie de nous faire croire
que Chloé Delaume accepte les commentaires sur son blog. Arrfff, lol ! Ça se
saurait ! (ce que je lui ai répondu, d'ailleurs, mais ça non plus n'a pas été
publié, ce qui n'empêche pas qu'il se soit tout pris dans les dents, le
blogueur mystère — voir
mon principe
de l'anonym@t non protecteur contre les blessures narcissiques). Après ça, quel beau moment j'ai passé avec
Yves Simon ! Oublié de dire (ça m'a mis dans le désordre, cette censure masquée), que
j'ai déjeuné avec Christine, à la crêperie Le Bretagne de Kagurazaka, en face
de Bisha Monten. Entre deux averses, il faisait plus frais et j'ai enfin pu
m'habiller décemment (autre chose que short et polo). Je lui ai passé le cadeau
que Marguerite m'avait donné pour elle et Thomas ce même mardi 5 (dans la
matinée duquel je n'avais pas pu écouter en direct Gailliot, Delaume et Limongi
chez Pascale Casanova puisque j'allais aux Galeries Lafayette pour ne pas
trouver de valise...), avant que nous allions voir cette daube, disais-je, tout
à l'heure en substance à Christine, cette daube de Particules élémentaires,
film aussi plat qu'un épisode de l'Inspecteur
Derrick, à quoi Christine me répliqua en finesse, je résume, que
c'était sans doute en accord avec du Houellebecq, ce derrickisme. Commentaires1. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:38, par vinteix : "Hisashiburi"... "Okaerinasai"... 2. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:43, par vinteix : je vais jeter un coup d'oeil aux liens que tu indiques... mais de toute
façon, je ne lis pratiquement aucun roman contemporain... et en général, on
parle avant tout de ce que l'on appelle "roman"... enfin, je ne sais plus trop
ce que je voulais dire à l'instant... 3. Le jeudi 14 septembre 2006 à 08:48, par Berlol : Bon retour, cher Vinteix. Encore un peu brouillon... Ça ira mieux demain. Merci d'être passé. J'ajoute, tu y réfléchiras demain, que ce qu'on appelle "roman" est aujourd'hui très large, empiète largement sur l'essai, le journal ou la poésie. 4. Le jeudi 14 septembre 2006 à 10:58, par brigetoun : lu tous les commentaires et pas trouvé le vôtre, je comprends pourquoi. Je me suis amusée, je n'y connais rien ne lisant guère de romans sauf des policiers anglais. Fait une liste de noms à tout hasard - et si je trouve que j'aime assez Emmanelle Pagano 5. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:06, par Berlol : Chloé, dans la nuit, fait une mise au point et recadre, plus pour les
zélotes que pour les antis, à mon avis. Et franchement, ça va mieux en le
disant soi-même qu'en laissant je ne sais qui broder. Attention,
son billet est beaucoup plus
long que ce que j'en cite ici : 6. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:33, par Chloé : J'ai répondu sur mon site, Berlol. 7. Le jeudi 14 septembre 2006 à 18:38, par Chloé : Et oui, effectivement, comme j'écris au kilomètre, je fais des fautes partout et y compris ici. 8. Le jeudi 14 septembre 2006 à 19:00, par Berlol : Bien vu que tu avais répondu puisque je te cite ci-dessus, pour te rendre justice. Dont acte, Chloé. OK pour les (absences de) commentaires, puisque les tarés sont ce qu'ils sont. Ton "l'option sauvons le monde quand on a la taille d'une fourmi" me paraît à la fois comique et bien réel. Le problème du décalage est aussi celui de la récupération (de tes propos) par de soi-disant professionnels de la profession qui font caisse de résonance (et peu de raisonnance). 9. Le vendredi 15 septembre 2006 à 00:33, par vinteix : Naturellement, suis bien d'accord avec ta définition large ou "élargie" du "roman" contemporain... mais c'est vrai que moi aussi, les "histoires" m'emmerdent un peu en général... Cela me rappelle Céline qui fustigeait déjà les raconteurs d'histoires, disant que des histoires, y'en a plein, plein les journaux, plein les commissariats, etc., tout le monde a une histoire. 10. Le vendredi 15 septembre 2006 à 00:40, par Berlol : Ben, si tu veux, vue ma fréquentation intense du Nouveau Roman, je suis plus que d'accord, et sur ce point Chloé a totalement mon assentiment personnel (au cas où ça ne serait pas clair). Il y a longtemps que je ne m'intéresse qu'aux aventures des écritures (pour paraphraser Ricardou encore une fois). 11. Le vendredi 15 septembre 2006 à 01:20, par vinteix : Joliment dit, "les aventures des écritures". 12. Le vendredi 15 septembre 2006 à 02:18, par jean-françois paillard : Pour aller dans le sens de Berlol, publier une liste de 20 auteurs et dire : ceux-là je les suis, je les couve, et pas les autres, na. Franchement. On a envie de faire marcher la machine à claques du bon vieil Henri, non ? Excusez-moi, mais ça me fait bondir. Sapristi. D’abord cette évidence : comment peut-on tout connaître de la production des écrivains actuels, ou prétendre y parvenir, ou même prétendre vouloir y parvenir (prétendre, quoi, toujours prétendre, comme si le métier de lire et d’écrire devait être forcément d’aruspice, faisait pousser le cou et arrachait la tête de l’océan des millions d’écritures qui nous submergent en permanence. Or, tout le contraire : lire, c’est choisir de s’enfoncer dans l’angoisse de l’ignorance, c’est évoluer dans un monde de plus en plus opaque, fourmillant, riche, inconnu, plein de découvertes ahurissantes ! Plus on lit, plus on est sûr de rien, non ? Alors prétendre ne s’attacher qu’à vingt jeunezauteurspasundeplus : d’un bête ! ), même si l’on n'affecte de ne s'intéresser qu'aux écrivains expérimentaux, aux jeunes, aux femmes, aux chauves, aux borgnes : absurde, complètement absurde. Il y en aura toujours un, le vrai, le seul, qui manquera, c'est évident. On en découvre tous les jours : ici, là, derrière, des oubliés, sans parler de ceux qu'on ne " découvrira " (quel mot détestable, hein ?) jamais. Tiens, au hasard, une " découverte " que j'ai faite, tout récemment : Gwenaëlle Stubbe. Il y a six mois, j’aurais escamoté cette pépite de mon petit panthéon perso de christophe colomb des lettres, bêtement, si j’avais publié sur quelque blog ma liste. Quelle honte aujourd’hui. Ah ! Prétendre… Prétendre et juger en taupe qu’on est au centre du monde… C’est Berlol, un des intérêts de ton site de ne point tomber dans ce troula-là. Pour finir, s’agissant de ce blog Littérature dont tu parles, je suis tombé sur le même hic que toi : il y a quelques jours, une intervention mienne (il est vrai une autopromotion sauvage de mon bouquin avec renvoi sur des blogs qui en parlent, façon de dire et moi les gars, oh, j’existe aussi, comme des centaines de gars et de gates qui se jeunezautorisent à écrire ) n’a pas été publiée par le modéraptor. Il manque sûrement d’une bonne dose d’humour, celui-là. A moins qu’il n’ait lu, lui aussi, tous les livres… 13. Le vendredi 15 septembre 2006 à 05:52, par Berlol : Merci Jean-François. S'il y a d'autres recalés des commentaires du blog
"La Littérature" qui passent par ici, signalez-vous, on poura bientôt faire une
"class action", comme disent les Ricains... |
Vendredi 15 septembre 2006. Moi-même dans le
filigrane. Pâlot, mais quand même un peu de soleil, aujourd'hui. Matinée
de travail à la maison. Déjeuner itou. « Je ne suis toujours pas Chloé Delaume. Je suis encore plus que son
corps et j'ai des choses à ajouter. Des choses comme. Si j'ai perdu le foie
j'ai conservé la langue. Quinze centimètres carrés de tissus musculeux nervures
volontaristes. Quinze centimètres carrés c'est tellement peu pour me défendre.
Ma langue râpeuse papier de verre est isolée dernier bastion de résistance. Et
puis. Surtout. J'ai peur de perdre mes mots. Les miens. A moi toute seule.»
(Chloé Delaume, La Vanité des somnambules, Ed. Léo Scheer / Farrago,
2002, p. 77) « En rentrant
chez moi, je longe le canal d'Iidabashi. Je passe devant Kagurazaka, mon
Mouffetard à moi. Il y a toujours du monde. Des groupes, des couples, des
groupies, sur les trottoirs, dans les brasseries, les bars à sushi, les
boui-boui à saké... Toute la vie nippone est là, rouge aussitôt d'ivresse
tranquille, et bruyante, et moi je me sens toute noire...» (Corinne Amar,
L'Acte d'amour, Gallimard / L'Arpenteur, 1999, p. 12) Hier soir, avant de dormir, je m'interrogeai encore une fois sur ce qui me fait apprécier Le Slip. Je me suis rendu compte qu'avec son air de rien, ce que je prends pour une politesse supérieure en littérature, Alain Sevestre avait tantôt du Sarraute, tantôt du Pinget, sans qu'on sorte du Sevestre, car c'est ça le but du jeu, bien sûr. Je me demande combien de lecteurs, voire d'éditeurs aperçoivent ça. J'y reviendrai. « Dans leur
appartement tout frais acheté, la moquette coquille d'œuf se révélera
cache-misère à un plancher pourri, taché, troué, aux lattes disjointes mais, en
attendant dans la cuisine, ils s'enflamment pour ce placard d'une joie non
partageable. Leur enthousiasme dépasse, selon moi, l'objet qui le provoque.
J'ai du mauvais en moi, je suis difficile mais vraiment ce placard, comment
l'encenser ? Bricolé autour du conduit d'évacuation des eaux usées qui, avec
bruit, traverse de haut en bas la pièce, il ne calfeutre pas, on s'en rend
compte au cours de la soirée, le fracas des chasses des niveaux supérieurs.
Bien au contraire, il fait guitare. C'est un assemblage de planches peintes et
repeintes pour masquer. Rien de plus, je vous assure. Oh non, même pas ça, ils
me font bénéficier d'une complicité alors que nous ne sommes pas amis et que je
suis amoureux de Sandrine. Déjà, ce placard, ils se ravissent de l'ouvrir un
jour et qu'il sente les confitures et les fruits, les herbes ou les épices, et
toute une ribambelle d'aliments vomitoires à destination commémorative
(quatre-heures gourmands, repas fins, crème d'amis) et de provenance
littéraire. Ou plutôt je me sens mal. J'entends même Sandrine répondre à la
question de ce que j'ai. |
Samedi 16 septembre 2006. Fragmentaire, partial,
frustré et interrompu. Vingt-trois heures et déjà un peu difficile d'arquer. Et même assis pour taper, avec les épaules douloureuses, ce n'est pas évident. Mon retour au sport a été magnifique et j'ai l'impression que je vais le payer cher. Donc, le plus tôt au lit sera le mieux. Ce matin, reprise de contact avec Patrice Julien, en poste à l'Institut
quand j'arrivais au Japon, aujourd'hui exerçant un métier indéfinissable... et
fascinant. En quelque sorte, professeur de vie. Mais je ne dis pas cela pour me
moquer de lui, au contraire. J'ai de l'amitié pour lui et de l'admiration pour
sa ténacité dans une voie pas évidente il y a dix ans. Hier, 4 pages dans le
journal Asahi, sur lui et
son épouse ; T. me les a données. Sorte de publi-reportage où l'on associe
conseils culinaires, art de vivre et... publicités pour les produits et les
instruments (kitchen design shop,
services à thé, Alaska Seafood,
moutarde Pommery ou grossiste de viande de porc). Après le déjeuner, achat de champagne Mumm à Yamaya de Shibuya, bouteilles que je porte au restaurant Lever son verre en prévision de mardi... Puis au sport, où je transpire beaucoup en pédalant 40 minutes et en
continuant Le Slip, avant d'aller déplacer des poids dans divers sens
durant une petite heure. Pas trop de monde, moins en tout cas que sur la
bretelle suspendue au-dessus du carrefour devant les baies vitrées — bien que
ce soit samedi, il y a toujours autant de trafic sur cette avenue. « Randall fouille la poubelle, renverse tout, mange des sushis poissés de
marc de café et de grains de riz raclés dans les assiettes débarrassées. Sur
chacune de ses chaussures, un petit terril de café est tombé. Simon lui demande
de ne pas bouger, bouge pas, donne-moi tes chaussures, et les lui passe sous le
robinet. Maintenant, il a les pieds trempés. Bien fait. Quelqu'un sonne à la
porte. Simon descend ouvrir, remonte sourcils en vrac, suivi de Tony et
Roberte, le pas pompeux. C'est une entrée. Fiévreux, sarcastique, Tony rejoint
un bout de la table, sort un carnet de chèques en tremblant d'un énième
cartable en Nylon. Commentaires1. Le samedi 16 septembre 2006 à 09:52, par Dominique Fromentin : rien compris au blog de votre ami : vous pourriez nous en traduire un ou deux singuliers ? 2. Le samedi 16 septembre 2006 à 14:16, par Frédéric : Oui, oui, j'ai connu comme ce il, dont vous parlez chez Sevestre , hier
soir, la même gêne. 3. Le samedi 16 septembre 2006 à 14:33, par brigetoun : j'aime bien le commentaire de Frédéric et sa conclusion. Au fond vive
mon faux monastère, avec la fenêtre internet. 4. Le samedi 16 septembre 2006 à 20:39, par Berlol : Ah, les mondanités, Frédéric, comme je vous comprends ! Mais Roubaud
lui-même est très agréable, gentil, sans même parler de la qualité de son
oeuvre. C'est l'accaparement des autres qui est pénible... 5. Le dimanche 17 septembre 2006 à 01:22, par vinteix : Ah ces mondanités parisiennes ! De la pisse ! ou comme disait Napoléon
à propos de Talleyrand : de la merde dans du papier de soie. 6. Le dimanche 17 septembre 2006 à 03:06, par Rosannette : "Frédéric, mécontent de lui-même, et ne sachant que faire, se mit à
errer dans le bal. 7. Le dimanche 17 septembre 2006 à 03:42, par Frédéric : La soeur de Jacques Roubaud était là (à cette signature), asseyant les
propos lus, de quelque mouvement des lèvres lorsqu'il fallait confirmer un
trait invraisemblable du biographique ouvrage. 8. Le dimanche 17 septembre 2006 à 04:06, par Dominique Fromentin : cher Vinteix : se méfier quand même des a priori - d'Xxxx Xxxx Xxxxxxx, on peut relire le Journal, et cela ne colle pas avec vos adjectifs : vous trouvez votre "régal" de façon bien talleyrandienne - relire évidemment Xxxxxxx Xxxxx Xxxx, l'hommage de JR à ACR - quant à la distance que prend le marcheur de Paris dans ce genre de situation publique, ceux qui le connaissent ne lui en voudront pas 9. Le dimanche 17 septembre 2006 à 05:18, par vinteix : Ah pardon ! je vais de ce pas demander des éclaircissements à la
personne intéressée, car elle m'a cité un autre prénom... me présentant cette
dame comme étant la femme de X.Xxxxxxx. Il doit donc y avoir un malentendu... 10. Le dimanche 17 septembre 2006 à 05:57, par vinteix : Sans avoir encore la réponse à ma demande d'éclaircissements, je m'empresse cependant d'ajouter que je suis désolé de vous avoir blessé, car, bien évidemment, il y avait confusion de personnes. 11. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:03, par vinteix : PRECISIONS.... Xxxx Xxxx Xxxxxxx, épouse de J.R., est décédée en 1983. La personne évoquée dans la nouvelle dont je parlais est sa nouvelle compagne, dont je tairais le nom car je n'ai pas mentionné cette histoire, récente puisqu'elle date de cette année, dans l'intention de colporter des petits potins mondains. 12. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:05, par vinteix : En tout cas, je savais bien que je pouvais faire confiance à L.F., une "vieille" amie, pour la véracité et sincérité de ses propos. 13. Le dimanche 17 septembre 2006 à 06:17, par Berlol : C'est cela, ne colportons pas les potins !, dis-je en revenant du
squash... 14. Le dimanche 17 septembre 2006 à 07:46, par Mlle Vatnaz : Cher Vinteix, je le dis sans animosité, je m'interroge simplement, mais vous vous enferrez un peu : je ne vois point en quoi ce texte poétique appuierait les dires de votre amie concernant la vilennie supposée de cette femme (que je ne connais pas) (et que, au passage, sans la nommer, vous permettez tout de même d'identifier très officiellement - on peut blesser ainsi des gens, par maladresse). Depuis quand poésie, ou écriture d'un fantasme (féminin, ici), ou adresse amoureuse, ou expression d'une solitude, méritent telle foudre qu'on dirait puritaine ? et qui ne visait pas ici, je crois, la teneur de l'écriture ? Chez d'autres (Bataille, certainement ?) onanisme, joies troubles du pipi, sodomie (qui n'est pas tout à fait scatologie) seraient bienvenus et se liraient au petit déjeuner ? ah bien, pourquoi, alors ? Je suis perplexe. Enfin, bon dimanche. 15. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:15, par Berlol : Et en plus, je ne sais même pas qui est L. F. ! 16. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:35, par vinteix : D'abord, L.F., c'est Xxxxx Xxxxxxxxs... que j'ai par ailleurs un peu
trahie ici; et en effet, je reconnais, un peu tard, que j'aurais mieux fait de
me taire. 17. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:43, par Berlol : Ouais, verrouille bien tes volets ! 18. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:59, par Dominique Fromentin : Non, ce n'est pas rendre service à notre hôte que d'héberger chez lui des allégations de cette sorte. Les amis de certain écrivain visé pourront rétorquer que les informations de cette sorte ont quelque train de retard ou simplement se sont trompées de gare. Mais sur le principe ces confusions sont déplaisantes : relire le portrait de JR dans "Penser, classer" de Perec, relire dans "Poésie :" ses itinéraires dans Paris, ou lire son récent texte sur Tokyo : si nous ne savons pas nous-mêmes contrôler une certaine dignité, quand il est question d'un auteur et de son oeuvre, nous ajoutons nous-mêmes au gâchis général, non? 19. Le dimanche 17 septembre 2006 à 09:01, par frédéric : Mais, de quelles mondanités s'agit-il ? 20. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:00, par vinteix : Dominique Fromentin, vous m'avez bien lu ou quoi !? Mes propos ne
concernaient nullement Xxxxxxx Xxxxxxx lui-même, ni son oeuvre. Par ailleurs,
je me suis excusé et regrette ce que j'ai pu écrire. 21. Le dimanche 17 septembre 2006 à 21:36, par Dominique Fromentin : Je voulais poser une question plus générale, mais qui semble importante dans le cadre de la Netiquette : un propos dont on s'excuse et qui reste en ligne s'agrège à la totalité de représentation Internet sur la personne considérée, à l'archivage moteurs etc. Et le responsable du blog, même s'il désapprouve un propos tenu, lui donne quand même statut de publication. On fait ici comme si on était dans une conversation privée, alors qu'il s'agit d'une publication de fait. Outre le désagrément personnel (l'auteur dont nous parlions est un des plus anciens pratiquants de la toile littéraire). J'insiste : au-delà de cet échange précis, avec plusieurs précédents sur ce blog. 22. Le dimanche 17 septembre 2006 à 22:28, par Berlol : Je crois qu'il y a bien des blogs où les quolibets fusent pirement
qu'ici, y compris sur des personnes publiques ou parfaitement identifiables. Le
statut de "publication" est une vision de l'esprit et participe de la terreur
que l'on veut exercer sur l'exercice de la liberté de parole. Je n'approuve pas
que l'on dise n'importe quoi de n'importe qui mais je désapprouve que l'on
censure tous les propos à la racine. Le climat de judiciarisation des propos
tenus favorise ce genre de contrition alors que les méchancetés sans paroles et
les crimes de toutes sortes continuent à se perpétrer par toutes les voies
possibles ; la diffamation apparaît alors comme un délit bien pratique pour
masquer tout ce que l'appareil judiciaire ne peut ou ne veut atteindre. 23. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:39, par Berlol : À la demande de Vinteix, j'ai caviardé dans tout le fil de discussion. No comment. Fermez le ban ! 24. Le lundi 18 septembre 2006 à 07:40, par Dominique Fromentin : fermons le ban, oui, mais la question posée, ne pas la sous-estimer : la rémanence et l'archivage des propos même les plus libres les transforme de fait en publication - il ne s'agit pas de stigmatisation, ni de censure : juste une interrogation de fond - par exemple, pour moi, le mot "caviarder" ne convient pas : on décide qu'on échange librement, mais ensuite on enlève ce qu'on estime n'être pas juste - c'est ce qu'on doit nous aussi apprendre justement pour qu'il s'agisse d'exercice libre, capable d'imposer le respect dû aux propos libres - vive l'association Benoît 16 Berlol, vous feriez un excellent pape 25. Le lundi 18 septembre 2006 à 08:01, par vinteix : Vive le pape alors ! sauf quand même qu'il y a des différences plus qu'énormes : le pape est le représentant d'une religion et de millions de gens dans le monde; de plus, par ses propos, il n'a contribué qu'à mettre de l'huile sur le feu là où, de fait, le feu est déjà largement entretenu un peu partout dans le monde... alors que dans l'espace, certes public, offert par Berlol, il n'y a tout de même pas péril en la demeure ni même menace d'incendie. 26. Le lundi 18 septembre 2006 à 08:50, par Berlol : Les positions très réactionnaires de ce pape-là étaient déjà bien connues... les miennes sont en effet aux antipodes. 27. Le lundi 18 septembre 2006 à 09:31, par vinteix : Amen, Padre. |
Dimanche 17 septembre 2006. Plié en deux,
cherchant de l'air. Je ne sais pas comment commencer. Peut-être par le
matin. Donc matin, rien. Squash, c'est le squash. Au
Do Sports de Shinjuku.
Thomas et moi avons réussi à fixer cette date et à s'y tenir. Je suis allé au
sport hier pour me remettre en train, vérifier les muscles, le souffle et tout
(puisque je n'avais rien fait depuis un mois, sinon marcher dans Paris). J'ai
mangé des pâtes au déjeuner exprès. Et je me dis que c'est peut-être bien le
verre de vin de Frédéric, le voisin, qui va faire la différence (euphorie +
calories). Eh bien, ça n'a pas raté ! J'ai battu Thomas 17 à 15. Une seule
partie qui a duré près de trente minutes, avec beaucoup de changements de
service. Mais au bout de vingt minutes, Thomas, qui place mieux ses balles que
moi, qui rattrape mieux dans les coins, qui anticipe aussi très bien, Thomas
n'a plus de souffle. Christine passe nous faire un coucou et s'inquiète un peu
pour lui. Je remonte de 9-12 à 12-14, puis on reste un bon moment sur 14-15,
15-14. Finalement, j'en place quelques dernières quand Thomas est plié en deux,
cherchant de l'air... Moi, rien. Ni
hypoglycémie, ni soif, ni genou qui claque, même pas essoufflé. On dirait
un autre. Commentaires1. Le dimanche 17 septembre 2006 à 08:39, par Dominique Fromentin : Vous avez de la chance : nous, il dure encore, le dimanche. Journées du patrimoine : le droit une fois par an d'aller sentir chez les riches comment ils vivent dans leurs châteaux, c'est assez rigolo, dans nos provinces. On vous laisse entrer, merci de s'essuyer les pieds. De vraies marquises, ou comtes et tout ça, on croit que ça n'existe plus mais si, le patrimoine. Peut-être il faudrait faire pareil une journée des écrivains - moins de 40 ans, plus de 40 ans, pour aller juger sur pièce ? 2. Le dimanche 17 septembre 2006 à 09:01, par Berlol : Ça, c'est dur un dimanche de patrimoine ! Il me semble que T. et moi y étions il y a quelques années, on avait visité l'Observatoire de Paris, je crois. Chez les aristos, je crois que je ne pourrais pas supporter de faire la queue... 3. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:17, par vinteix : Dominique Fromentin, vous m'avez bien lu ou vous me cherchez des noises ?!? A aucun moment, je n'ai parlé de Xxxxxxx Xxxxxxx lui-même ni de son oeuvre. 4. Le dimanche 17 septembre 2006 à 12:23, par vinteix : même s'il est assez rigolo avec son cabas plein de poireaux 5. Le dimanche 17 septembre 2006 à 13:09, par Dominique Fromentin : oh non, pas de noises à personne, et surtout pas ici : mais c'était de drôles d'associations, celles qui menaient à JR et sa vie privée, et qui ne me mettaient pas à l'aise, voilà tout 6. Le dimanche 17 septembre 2006 à 14:45, par dinO : rendez vous, angot sur pampakampa 7. Le dimanche 17 septembre 2006 à 21:21, par brigetoun : encore plus haletant qu'une journée du patrimoine. 8. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:24, par From Dallas : Moi, j'aime bien JR ! 9. Le lundi 18 septembre 2006 à 01:44, par Berlol : Par ces temps de pétrole cher, certains gisements de relations valent
mieux que d'autres... 10. Le lundi 18 septembre 2006 à 03:59, par diNo : Si vous voyez pas surligné, votre écran est pas top. |
Lundi 18 septembre 2006. Des hélices
n'apprécieraient pas. Veillée d'armes. Verbales (je serai assistant). Réouverture du Saint-Martin, la patronne est bronzée. Les frites aussi, mais
toujours très bonnes. T. prend une salade niçoise, moi du poulet. On retrouve
comme de temps en temps un collègue de l'Institut qui est aussi professeur de
l'université Keio. Après le café, je vais à sa table pour lui parler du
Biblio Roll
— François Bon
l'intègre d'ailleurs dans sa réflexion actuelle, toujours pesant sur le
passé pour se tourner vers l'avenir. Si je pouvais avoir un rendez-vous,
assister à une démo, enregistrer une interview..., dis-je. Le collègue va se
renseigner.
Ayant
une course à faire à Omote-Sando, je me promène un peu, jusqu'à l'université
Aoyama. Les fortes pluies de la nuit alourdissent l'air et je ne supporte pas
bien la veste qui poisse. À l'emplacement du supermarché Kinokuniya, auquel
avait temporairement succédé le Nakata Café, dédié au football le temps d'un
mondial, il y a maintenant une vaste place blanche bétonnée, avec un cercle
surélevé, comme pour accueillir un hélicoptère, et des drapés bleus où le vent
joue, que des hélices n'apprécieraient pas.
Dans
le métro puis à la maison, j'ai fini Le Slip. Hier et avant-hier, déjà,
j'avais avec lui traversé la Corse (où je ne suis personnellement jamais allé —
mais il y aurait à comparer les Corse littéraires d'écrivains non-Corses, comme
celles traversées par Mérimée, Jean-Philippe Toussaint, Alain Sevestre, et bien
d'autres...).
Ma
vie réticulaire. Commentaires1. Le lundi 18 septembre 2006 à 10:21, par Frédéric : Moi non, j'ai rien fait. Je ne suis allé nulle part sur les sites, n'ai
rien signé, n'ai rien appris. 2. Le mardi 19 septembre 2006 à 01:47, par brigetoun : pour la réflexion (passionnante) de François Bon, Primo Lévi je ne sais
pas. Pour la fin il s'adapte assez bien. |
Mardi 19 septembre 2006. Triplette de Cassiodore.
Ça y est : T. est docteur ! Euh, docteure ? doctoresse ? « Ès » quoi ?
言語情報科学 !, soit gengojouhoukagaku, soit « science
de l'information sur les langues » — traduction qui n'est pas du tout
satisfaisante, je vais me renseigner... Je sais qu'en anglais on le traduit
(simplifie ?) en Liberal Arts, et donc en français « arts libéraux » —
expression pas si courante que l'on sache bien ce que cela recouvre, mais après
vérification, tout à
fait dans le sens originel. Levés tôt pour la cause des Mazarinades (qui ont maintenant, préparé par la Mazarine — c'est presque un scoop — leur catalogue en ligne). Il fait bien tiède, ce matin, et pas seulement à cause de la fébrilité. Grosse valise pour les nombreux volumes à poser sur la table (LA valise achetée avec Antoine Volodine à Orléans, précisément — voyez comme les choses se chargent de symboles, quand on veut bien y prêter attention !). Taxi pour nous véhiculer à midi au campus de Komaba de l'Université de Tokyo. Installation dans une salle tranquille (et climatisée) — T. se concentre pendant que je vais au Mac Do du coin (il n'y a que ça, et je n'ai qu'une demi-heure). Quand je reviens vers le bâtiment 18, j'aide des invités à trouver un passage dans les énormes travaux des bâtiments voisins (David, venu de Nagoya, Christian, Satoko, Kyoko, Fumie, Daniella, Christine et d'autres éminents professeurs). Il y aura finalement une grosse vingtaine de personnes, jury compris, pour rester enfermées trois heures durant à écouter successivement la postulante, puis, jonglant avec les volumes de thèse, de catalogues et d'annexes, chacun des cinq membres du jury — qui finiront, questions épineuses arrachées, coquilles ramassées, conseils délivrés, par féliciter chaleureusement l'impétrante. Translation du groupe pour Lever son verre de Mumm ! Buffet d'excellente façon et vins pour ceux qui mélangent. Mais surtout, discussions — explosions de discussions après la retenue des trois heures et avec quelques convives supplémentaires, Ako, Jean-François, Jean-Philippe, Josef, Thomas (son postérieur a mémoire du squash). Je complèterai demain si je vois d'autres choses à dire. À moins que d'autres ne s'en chargent... Commentaires1. Le mardi 19 septembre 2006 à 08:59, par caroline : Félicitations à T. ! 2. Le mardi 19 septembre 2006 à 10:23, par Bikun : De chaleureuses félicitations à la nouvelle doctoresse!!! 3. Le mardi 19 septembre 2006 à 11:00, par jcb : Quelle chance d'avoir son docteur avec soi ! 4. Le mardi 19 septembre 2006 à 12:28, par jorgensen : vraiment content pour T 5. Le mardi 19 septembre 2006 à 14:28, par brigetoun : félicitations à T que je ne connais pas - impressionnée dx'avoir fait sa rencontre en filigrane de blog 6. Le mardi 19 septembre 2006 à 14:43, par Alex et Rie : Félicitations ! おめでとうございます。 7. Le mercredi 20 septembre 2006 à 08:27, par Berlol : Merci à vous ! Ça lui a fait bien plaisir ! 8. Le mercredi 20 septembre 2006 à 08:44, par ck : bravo T |
Mercredi 20 septembre 2006. À ras de terre, en
rez-de-vie. Des choses graves se passent mais je ne suis pas sûr qu'on en
mesure bien la portée. Pendant que chacun s'occupe de son petit truc, ici
thèse, là livre, ailleurs bébé, vous avez un panorama de merdes en puissances
qui se met en place : un
premier ministre réac tendance dure au Japon, l'extrême
droite qui revient dans l'Est de l'Allemagne, les Talibans qui reprennent
du poil de la bête, un train déstabilisant à Lhassa, encore
plus de religion aux États Unis, un pape qui choisit bien mal ses
citations, Ségolène Sarkozy bientôt à l'Élysée, la banquise qui fond et le
corail qui meurt, la Chine qui pompe toute l'énergie de la planète... Etc. Il vaut peut-être mieux rester à ras de terre, en rez-de-vie. Ou alors,
c'est à cause de X-Men 3... Commentaires1. Le mercredi 20 septembre 2006 à 12:00, par caroline : "Ségolène Sarkozy bientôt à l'Élysée," pourquoi pas puisque la presse qui commande les sondages en a décidé ainsi. On ne parle jamais des autres (voir l'article de Jean Veronis à ce propos aixtal.blogspot.com/). Le Pen se taillerait un petit 22% mais ça personne n'en parle. D'ailleurs, l'autre soir à la radio, sur France Inter, il parlait. Il critiquait la politique de Chirac (certes, criticable) : il a fait un plan cancer, plan accident de la route et pourquoi pas un plan acnée juvénile ?" Humour vis à vis de ceux qui sont atteint du cancer ou qui ont des proches malades, humour vis à vis des accidentés de la route et leurs proches ? J'ai du mal à comprendre l'irrespect de ce mec et des 22% qui ont l'intention de voter pour lui. Quant aux deux autres, ils sont plus clean... c'est tout. C'est pour ça que j'ai envie de quitter ce pays (aimons-la ou quittons-la comme disait l'autre) mais si ce n'est pas mieux ailleurs, serait-ce l'humain qui est malade ? 2. Le mercredi 20 septembre 2006 à 12:40, par brigetoun : j'ai peur, très peur de Sarkozy et de la dénaturation qu'il
représenterait pour notre pays, et puis zut pourquoi ne pas le dire. On ne peut
le laisser au duo Sarkozy/Le Pen. et quand je suis nos étripages entre groupes
et sous groupes de gauche. Là les blogs peuvent être nuisibles. Désolée, mais
vos Xmens sont un peu trop proches de la réalité. Penser au thé vert et aux
tomates, essayer de freiner les barbares et puis, conscience en paix, écouter
de la musique. Ensuite résistance passive 3. Le mercredi 20 septembre 2006 à 19:41, par Manu : Premières effluves de kinmokusei, pour accompagner les réflexions,
méditations ou autres prises de hauteur... 4. Le mercredi 20 septembre 2006 à 20:18, par Berlol : Tout à fait, on l'a senti hier ! Rappelons que kinmokusei se traduit par olivier odorant ou osmanthus fragrans. Y en a-t-il beaucoup en France ? Ça, je l'ignore... 5. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:04, par brigetoun : pour nos pauvres oliviers, seuls les fruits sont odorants 6. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:18, par Bikun : Je conteste, je prend une voire 2 douches par jour alors au diable le malodorant! 7. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:22, par Manu : Oui, pour moi aussi, depuis hier. 8. Le jeudi 21 septembre 2006 à 06:50, par Berlol : Tiens, le Bikun fragrans fait une apparition !... Toujours
content d'avoir de tes nouvelles, l'ami ! Quant à Manu, je l'ai vu hier et je
confirme, il ne sent pas mauvais... |
Jeudi 21 septembre 2006. Vice-versa une fois dans
l'urne. Ça y est, il est enfin (de nouveau) possible d'écouter
entièrement l'émission
Du jour au lendemain. Le nouvel horaire de l'émission, comme je le
signalai le 12
septembre, avait entraîné depuis fin août la disparition des dix dernières
minutes. « Entièrement », mais en deux parties, parce qu'il y a des
appareils chez France Culture (m'a-t-on un peu expliqué) qui ne comprennent pas
qu'à 00h00, on change certes de jour mais que la vie continue... Le 11 juin,
je détaillais la procédure de vote électronique que j'avais suivie. Le
16 juillet,
je découvrais sur Internet.Actu
les possibilités de fraude. Aujourd'hui, j'apprends de la
même source que ça a été
testé : les machines de vote électronique sont truquables et virusables (mot
récent). « S'il arrive à un imbécile de rencontrer une idée juste, il est rare qu'il lui donne une portée juste.» (Hector Talvart, cité dans l'Alamblog — il faut y aller pour y lire d'autres citations désopilantes et précieuses du susnommé). Ce matin, de liane en liane, je suis arrivé en un lieu au titre escarpé, qui promettait Encyclopédie des Expressions. Mais à peine avais-je fini la deuxième phrase d'un billet que je tombais de haut, me retrouvant chez des analphabètes. De billet en billet, une conviction se formait : c'était du pillage, du scannage, du collage, sans vérification orthographique ni grammaticale, et à dessein sans identité, comme si cela tombait du ciel ou d'une institution altière. J'avoue que j'ai du mal à comprendre, psychologiquement, la démarche des personnes qui décident d'agir de la sorte. Car le bénévol@t n'autorise nullement le massacre des objets donnés (oui, je me répète, je sais...) — à moins qu'il ne s'agisse pas de bénévolat. Me référant au billet « Dresser
le couvert » et en citant d'abord une phrase pleine d'erreurs,
j'envoyai le message suivant (c'est moi qui souligne) : Que croyez-vous qu'il arriva ? Quelques heures plus tard, avant midi heure
française, le texte du billet était corrigé comme proposé. Mais mon
commentaire, lui, n'a pas été mis en ligne. Soit ! Ça a profité. Mais je n'ai
pas reçu de petit courriel pour me remercier discrètement de ma contribution. Plus généralement, puisque c'est la deuxième fois en une semaine que je suis
témoin de cette malhonnêteté (censure de commentaires qui ne sont ni insultants
ni diffamants, à seule fin de ne pas entacher l'image publique d'un site qui se
prétend communicant et contributif — mais qui ne l'est donc pas tant que ça),
il convient de dénoncer l'actuelle possibilité de dérive générale des blogs. Allez, pour ceux que la vanité n'étouffe pas : rigolons un peu, voici l'apologie du branleur. Commentaires1. Le jeudi 21 septembre 2006 à 18:38, par Berlol : Un étrange phénomène (inconnu de moi) affecte dans ce billet les trois
liens que j'ai mis vers le site "www.mon-expression.info" où se trouve cette
Encyclopédie des expressions — et uniquement ces trois liens ! Si, en
cliquant dessus, vous arrivez à une page qui vous dit : "Perdu sur
l'Internet ? [etc.]", c'est qu'il vous arrive la même chose. Pourtant,
copier-coller soi-même le lien dans une autre fenêtre permet tout de suite
d'obtenir correctement le site. 2. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:14, par ON : merci pour ce lien vers "mon expression", leur langue est très belle
quand on clique sur "explications", à "bête noire" par exemple : 3. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:34, par ON (bis) : et désolé pour le doublon, informaticien maladroit que je suis : je ne
sais effacer... 4. Le vendredi 22 septembre 2006 à 01:55, par Berlol : Hélas, non... Mes trois liens ne sont pas le même lien × 3, et même le vôtre m'amène directement sur la page "perdu..." Pas vous ? Merci tout de même d'avoir essayé. Je ne sais pas si je dois me réjouir de vous avoir fait découvrir ce site... 5. Le vendredi 22 septembre 2006 à 07:36, par Manu : Techniquement, ça me semble tout à fait possible de faire réagir différemment un site selon la page précédemment visitée puisqu'une requête HTML contient toujours cette information (d'où les stats sur la provenance des visites par exemple). 6. Le vendredi 22 septembre 2006 à 12:07, par Bikun : J'adhère dans le sens de Manu...pourtant là je trouve qu'il y a qqchose
de vraiment bizarre...moi quand je clique sur le lien j'arrive sur la page de
Japan toilet! Je n'ai pas été plus loin, pas de temps internet à perdre, je
paye les communications quand je me connecte... |
Vendredi 22 septembre 2006. La succession des
échecs n'empêche pas les nouvelles vocations. « Pendant tous ces mois passés en compagnie de William Walker, à parcourir l'Amérique centrale sur les traces de son armée fantôme, j'avais peu à peu découvert que certaines de ces vies, emplies d'actes de bravoure admirables, de traîtrises immenses et de félonies assassines, ne le cédaient en rien à celles des hommes illustres qu'avaient rassemblées Plutarque. Et il m'était apparu que cette région du monde, pendant les deux derniers siècles, n'avait pas été plus avare de héros, de traîtres et de lâches que ne l'avaient été les provinces grecques et latines de l'Antiquité : là aussi, des hommes avaient rêvé d'être plus grands qu'eux-mêmes et avaient échoué. Et l'idée m'était venue de rassembler certaines de ces vies.» (Patrick Deville, Pura Vida, p. 30) L'orgueil et la vanité font que la succession des échecs n'empêche pas les nouvelles vocations. Travail toute la journée sauf deux heures de vélo, avec T., jusqu'à une
terrasse de café près de Yurakucho où nous prenons des jus de fruits à la
paille. Au retour, achat de pain chez Viron, près de la gare centrale de Tokyo.
Pour agrémenter le dîner, T. va cueillir sur le balcon cinq ou six de nos
petites tomates, justes mûres à point. Que la presse meure, si elle en est là ! Et que vive le feu ! Le feu des blogs et de la critique citoyenne et républicaine, bien sûr... Pas le feu aux voitures. Ni le feu au lac. Commentaires1. Le samedi 23 septembre 2006 à 02:07, par Bikun : y'avait pas un commentaire ici avant? Bizarre, je l'ai dans mon fil rss... 2. Le samedi 23 septembre 2006 à 02:43, par Berlol : Si si, de Brigetoun, tu as bien vu. Mais elle en a écrit un autre pour
dire qu'elle regrettait le premier. J'ai donc enlevé les deux. À part ça, les
champs de coton, c'était comment ? |
Samedi 23 septembre 2006. Ratés de peu, toi et
moi. Cher Jean-Claude, Te remercier, tout d'abord. Parce que
sans toi, je ne
serais pas allé écouter l'émission de
Jean Lebrun de mardi dernier, le 19. Et pas seulement parce que ma tête
était toute occupé de la soutenance de T., mais surtout parce que j'estimais en
avoir soupé de Lebrun, de son ton, de sa mise en scène, de son survol des
sujets, de l'amusement public à quoi il ramène tout — tout du moins, est-ce ce
que j'en perçois...
Ne
te presse pas d'écrire ce que tu penses de la lanceuse de gobelet vide car je
n'ai pas encore fini son dernier opus ! Ceci dit, quand tu sentiras que c'est
pour toi le moment, n'hésite pas. Je mettrai ça sous le boisseau. Il est passé bien vite, cet été ! Et nous nous sommes ratés de peu, toi et
moi. L'attente de ma valise m'a coincé la première semaine à Paris, puis
l'infarctus de ton frère t'a rendu indisponible durant la seconde (je lui
souhaite d'ailleurs un prompt rétablissement). J'espère que nous aurons plus de
succès lors de mon prochain passage, fin novembre. Je viendrai notamment pour
une journée
d'étude à la BnF... Commentaires1. Le samedi 23 septembre 2006 à 13:20, par brigetoun : je risque un commentaire : curieusement je trouve moins une impression d'intimité en lisant une lettre adressée par un inconnu, ou connu par la seule lecture, à un autre inconnu, ou ... (un peu comme lire la correspondance de Flaubert, ou de Voltaire ou qui vous voudrez) qu'à la lecture de certains billets de Philippe De Jonckeere que je ne connais pas d'avantage, mais qui semble s'adresser à lui-même 2. Le samedi 23 septembre 2006 à 20:44, par jcb : Je pense que l'intime concerne tout le monde. En discuter serait très
intéressant bien sûr, surtout avec ceux qui (presque chaque jour)exposent une
expression de soi sur ce nouvel espace qu'est le net... mais c'est un sujet qui
peut être dangeureux car pretexte à de vives réactions ou polémiques car on y
aborderait forcément l'inconscient, la création, et des questions profondes et
parfois sans réponses. 3. Le samedi 23 septembre 2006 à 21:08, par jcb : Pendant que j'y pense, il me semble que l'intime pose aussi le problème
de la pudeur, ce qui n'est pas la même chose. Jusqu'où peut-on aller face aux
autres ? Ce qui revient à se demander et décider quelle attention ou quelle
importance on leur donne, et qu'est-ce que l'on attend ou espère d'eux . 4. Le dimanche 24 septembre 2006 à 07:40, par jf paillard : A propos de l'effet de dévoilement, intime ou impudique, que le mode narratif du blog pourrait avoir sur le lecteur, il y a tout de même cet élément évident d'identification qui me paraît constitutif dudit : que l'auteur du blog soit déjà connu intimement du lecteur (c'est-à-dire qu'il lui soit préalablement apparu en chair et en os, en qq sorte à portée de main, et qu'il ait tissé des liens à voix haute avec lui). Il me semble que sans cette trace mémorielle en tête - trace physique, car les rencontres de visu ne s'inaugurent jamais sans une bise ou une poignée de mains - le lecteur ressent beaucoup plus difficilement cette impudeur à violer l'intimité de l'autre; il se sent au contraire en quelque sorte chez lui, l'autre étant cet ailleurs, cette personne abstraite que l'on appelle l'auteur et qui disparaît derrière son propos, la fiction. Mais que l'auteur soit connu d'une façon ou d'une autre par le lecteur et le voici qui surgit sans crier gare, le voici qui prend immédiatement chair dans chacun de ses propos: "c'est bien lui (ou elle) ça", pense aussitôt le lecteur, transformé en voyeur, traquant malgré lui dans chaque énoncé - le plus anodin, le plus inventé - de l'autre la confirmation de l'idée qu'il se fait de lui. Je le vois bien avec mes connaissances, qui parcourent parfois mes modestes bouquins : incapables de m'abstraire des lignes qu'ils lisent, certains d'entre eux vont jusqu'à me reprocher des impudicités qu'ils ont ce faisant eux-mêmes forgées... 5. Le dimanche 24 septembre 2006 à 08:01, par jcb : Oui, c'est vrai. j'ai ressenti plusieurs fois l'impossibilité de
l'autre (quand il vous connaît " en chair ") de s'abstraire, de prendre une
distance, (quand il lit par ex un de mes livres, ou regarde une de mes
peintures) par rapport à ce qu'il connaît de moi, ou l'idée qu'il s'en fait. 6. Le lundi 25 septembre 2006 à 02:21, par Berlol : Merci à vous trois pour vos avis sur la question — et le temps pris à
réfléchir, faire des phrases. Compte tenu de la recherche frénétique du
croustillant qu'est devenu le blog surfing & fishing ces jours-ci, c'est
précieux ! |
Dimanche 24 septembre 2006. Le goût d'angostura des révolutions manquées.
Après travail rédactionnel du matin, grand tour en vélo avec T., par très beau temps. Habituel jusqu'à Ginza. Puis nouveaux paysages après Tsukiji et le long de la Sumida. On rentre quand ça fraîchit. Total : 18 km. Pas beaucoup, je me dis. Mais avec nos petites roues... Et puis il y a trois mois, T. ne voulait même pas s'asseoir sur une selle... Je viens de retrouver mon livre, que je cherchais depuis un quart d'heure.
Il était dans un seau de linge sale. Où je l'avais déposé pendant mon bain,
quand de délassement mes yeux se fermaient. « Le nouveau président Alemán accuse certains sandinistes de s'être
ainsi enrichis avant d'avoir quitté le pouvoir, d'avoir fracturé les caisses de
l'État comme une piñata
pour se partager le magot. « Une longue oisiveté cubaine ainsi qu'un goût purement abstrait pour la stratégie avaient fait de moi, il y a quelques années, un spécialiste d'autant plus incontesté des anciennes tentatives de débarquement sur l'île que les prytanées militaires eux-mêmes méprisent absolument le sujet — sans doute parce que peu d'épopées offrent une accumulation d'échecs aussi impropre à édifier de jeunes officiers.» (Ibid., p. 58) Commentaires1. Le lundi 25 septembre 2006 à 03:49, par brigetoun : ce que j'aime dans le premier passage c'est la compression entre les deux temps. Un peu le plaisir que donne "le jardin des plantes" de Simon. |
Lundi 25 septembre 2006. À bon port, ma valise
d'Orléans et moi.
Avec le shinkansen, je retrouve le plaisir de l'écoute attentive de France Culture. En effet, les yeux vagabondant d'un passager à l'autre, du couloir à telle ou telle fenêtre, dans les détails du paysage, le Pacifique d'un côté, de l'autre côté le mont Fuji, sans jamais avoir à se concentrer comme ils le doivent devant un écran, une vaisselle ou pour marcher sur un trottoir. Et pourquoi pas commencer par la plus strictement littéraire des émissions de France Culture, celle qui comble le mieux mon goût de la critique réfléchie et raisonnablement disputée, c'est-à-dire Jeux d'épreuve, par exemple dans son édition d'avant-hier — dont je suis maintenant certain de vouloir lire deux des quatre livres présentés : « C'est indiscutablement un grand livre. Accidentellement,
[Christophe] Bataille
nous précise à la fin qu'il a commencé ce livre en 1998 pour le finir en
2005. Sept ans d'écriture pour un livre assez bref, au fond — 1998, en
fait, c'est l'année où il rentre chez Grasset, n'est-ce pas. Et en fait, ce
livre est pour moi un grand tombeau de l'édition, dans le genre littéraire
du tombeau. C'est un grand tombeau de l'édition dans ce sens où peut-être
que ce phénomène que là Bataille nous décrit d'une manière tellement
vertigineuse, ce phénomène de l'édition n'a peut-être existé que quelques
décennies. Autour de quelques personnages comme ce Bernard Grasset,
mais aussi Gaston Gallimard, il faudrait parler de Jacques Julliard et
quelques autres... Il y a eu un moment où Paris était le centre de
l'intelligence et où il y avait quelques types comme ça qui faisaient
commerce, en fait, des plus belles intelligences et des plus belles
sensibilités que le monde a peut-être jamais portées. Et les autres interventions sur ce livre sont aussi élogieuses, ce qui est
rarement le cas. Le second livre que je retiens s'intitule Courir dans les
bois sans
désemparer (Sylvie Aymard, Éd. Maurice Nadeau, 2006). « À la consternation du général Trinidad Muñoz, qui
s'apprêtait à achever les blessés légitimistes à la baïonnette, le jeune
médecin en redingote noire [, William Walker,] ordonne à son chirurgien de
campagne, le docteur Jones, de les soigner. Puis la troupe reprend sa marche
vers l'est, et le général Walker, qui s'offre dans ses Mémoires des
apartés géographiques dans le style d'Alexandre de Humboldt, consigne dans
un carnet la végétation sauvage, prends le temps de décrire les plantations
de cacaoyers aux feuilles velues. Il grimpe au sommet d'une colline [...] Commentaires1. Le lundi 25 septembre 2006 à 08:43, par Thierry : Finalement, le monde de l'édition n'est pas plus obscène que les blogs. 2. Le lundi 25 septembre 2006 à 09:41, par brigetoun : mon écoute aurait elle été plus attentive, aurais-je retenu autre chose
à propos du livre de Bataille que "pas envie de le lire" - pas sure, 3. Le mardi 26 septembre 2006 à 06:09, par dinO : et mr berlol look: trouville, 10 ans déja 4. Le mardi 26 septembre 2006 à 06:37, par Berlol : En effet, ça a l'air très intéressant. Sauf que le 7 octobre, je n'ai hélas aucune chance de me trouver sur la Côte fleurie. Vous ne voudriez pas m'en enregistrer des bouts ? En tout cas, profitez-en bien ! Et prenez le temps de marcher longuement sur la plage... 5. Le mardi 26 septembre 2006 à 09:29, par diNo : Je n'attends pas ce moment pour marcher sur cette plage deserte, sous la pluie je la préfère, je comprends pourquoi md l'aimait, elle a un air asiatique sous la brume. Je vous aurais bien enregistré un bout, mais j'ai rien pour le faire.............DSL, bien à vous |
Mardi 26 septembre 2006. D'une position retranchée et
armée... D'une position retranchée et armée, il m'arrive de percevoir des échos du productivisme, de sentir les effluves des ravages du stress du travail, et notamment du travail mal fait. La littérature s'en est déjà (toujours) fait l'écho. Zola, bien sûr. Mais Hugo aussi. Récemment, j'en ai lu des évocations chez François Bon et chez Yves Pagès, chez Lydie Salvayre et chez Nicole Caligaris. Et beaucoup d'autres. « Si je vais demain chercher un travail, effectivement, je pense que j'ferai ma fayotte...» (Diam's discutant sur le langage, à la première de Ce soir ou Jamais, nouvelle émission culturelle de France 3). Commentaires1. Le mardi 26 septembre 2006 à 09:55, par cgat : deux bémols (si je puis me permettre) : 2. Le mardi 26 septembre 2006 à 12:17, par brigetoun : c'est ce qui fait que j'ai toujours un remords quand je réponds "non merci je vais devoir raccrocher" à une voix manifestement chargée de démarcher, sans lui laisser le temps d'énoncer la raison de l'appel - que je n'ai trouvé qu'un moyen de résister à la tentative d'automatiser mon métier de service (pour les déclarations de revenus immobiliers ou pour les courriers que je ne voulais pas répétitifs) qui était de prendre sur mon temps libre jusqu'à devenir trois mois par an un robot marchant dans la ville par habitude d'un point de travail à un autre avec la satisfaction du boulot humble, inintéressant mais bien fait - avec un effondrement physique à la fin. Et ma presque fille se défoule par courriel le soir 3. Le mercredi 27 septembre 2006 à 00:37, par Manu : L'ancien patron d'Enron vient d'être condamné à de la prison ferme.
C'est en grande partie à cause de ce scandale que de nombreuses procédures et
standardisations ont été mises en place. |
Mercredi 27 septembre 2006. Des écrans et la
cause. Quand je parlais, il y a un an et demi, de la future et lointaine sortie du film Indigènes, j'étais loin d'imaginer
d'abord qu'il aurait un tel succès à Cannes, qu'il ferait maintenant la une des journaux et des télés, que les politiques s'en empareraient (pour
de la poudre aux yeux
ou pour une véritable revalorisation ?) et qu'il susciterait autant de débats polémiques...
J'espère surtout qu'il marchera bien en salles, tout simplement, suis-je
tenté de dire. Malheureusement, je ne verrai pas le film tout de suite mais je devrai subir tout
son bruit médiatique... ce qui pourrait gâcher mon futur plaisir. Bah..., il
ne faut pas s'en faire, et puis il y a tellement de livres à lire. Ce que je
n'ai même pas le temps de faire : les jours de reprise des cours sont
assez chargés. Surtout quand il y a en sus une réunion, comme c'est le cas
aujourd'hui. Alors je me contente de quelques blogs... Enfin, je renonce à aller au sport. Il vaut mieux me reposer en prévision de demain et aller retrouver le plaisir d'ouvrir un livre au lit... (L'internet ne me fait pas oublier ça.) Commentaires1. Le mercredi 27 septembre 2006 à 12:00, par caroline : Darrieusecq dénigre Duras ? Ca fait mal... Quant à télérama, nouvelle formule ou pas, c'est pas pour moi. 2. Le mercredi 27 septembre 2006 à 15:11, par brigetoun : l'histoire d'Indigènes il se trouve que je suis familialement assez bien placée pour la connaître, mais si le coté un peu cabotin de Djamel Debouze peut faire passer, outre la revalorisation, le fait qu'il s'agit de français à partir du moment où ils en décident ainsi.. Ce que je retiens de cette émission ce sont les textes de Abd al Malik, surtout le premier, assez remarquables 3. Le mercredi 27 septembre 2006 à 15:34, par cgat : quant on lit ses propos md ne dénigre absolument pas md : elle affirme
simplement se sentir plus proche de sarraute ou ernaux et avoue (avec un peu de
regret il me semble) être "moins folle" que duras 4. Le mercredi 27 septembre 2006 à 16:22, par Berlol : Oui, avec "exceptionnel" et "miraculeux", j'ai bien conscience d'être
allé dans l'hyperbole, mais c'est celle de quelqu'un qui n'a vu évoluer la télé
française que de loin et avec peu de sympathie pour tous ces nouveaux
présentateurs et nouvelles présentatrices (hormis Yves Calvi que j'ai dit
apprécier), les anciens itou d'ailleurs (Ardisson et Durand, mon dieu...). À
chaque passage en France, j'essaie de voir un peu comment ça change, le PAF, et
je n'ai presque que des mauvaises surprises. Alors, pour une fois ! Que les
métropolitains me pardonnent... Et puis, on verra sur la durée... 5. Le mercredi 27 septembre 2006 à 16:25, par Berlol : Le deuxième texte d'Abd Al Malik commençait par un couplet de "chez ces gens-là", puis brodait en récupérant quelques bouts de "Jef", donc hommage à Brel, au passage. Une belle performance, qui plus est en direct ! 6. Le jeudi 28 septembre 2006 à 01:50, par cgat : je persiste à trouver que tu déformes un peu le propos de marie darrieussecq : ce que moi je lis (et ressens) c'est que le modèle duras (totem, dit-elle) est pour une femme écrivain très lourd à porter (en partie d'ailleurs pour des raisons extérieures à l'écriture) : je trouve plutôt honnête de la part de darrieussecq d'avouer qu'elle ne parvient pas à brûler toute sa vie sur l'autel de l'écriture ; il y a tant d'écrivains qui affichent en la matière des postures qui justement ne sont que des postures |
Jeudi 28 septembre 2006. Recette de comment faire
deux journées en une. Levez-vous à 6h30 pour vous préparer à donner trois cours. Commentaires1. Le jeudi 28 septembre 2006 à 10:49, par une passante : la vie est un long fleuve tranquille 2. Le jeudi 28 septembre 2006 à 14:43, par brigetoun : dormez bien - ça a l'air assez formidable l'Institut 3. Le jeudi 28 septembre 2006 à 14:53, par UNE AUTRE PASSANTE : Mais non : la vie est un long barrage tranquille. Il est pourtant connu ce film de Marguerite... Non, vous ne l'avez jamais vu ? 4. Le jeudi 28 septembre 2006 à 16:16, par Berlol : Gagné, la passante ! (Car qui aime bien, Chatiliez bien !) 5. Le vendredi 29 septembre 2006 à 06:01, par brigetoun : zut moi qui arrivais lourde et sérieuse pour dire que j'aurais aimé vos
cours et que je me sens mixte d'antitechno et de casseur |
Vendredi 29 septembre 2006.
Vite dans le débat troll et stérile. « Pour entrer dans le soir, je vous invite à lire mes textes comme formant une seule et même tentative, celle de situer, sur chaque face des œuvres ou des problèmes étudiés, la brisure symbolique entre l’élément plastique et l’élément graphique de la pensée. Je cherche en effet à lier la question de la structure différentielle de la forme et, à l'inverse, celle de la structure formelle de la différence à l'énigme du rapport entre figure et écriture. Je tente de comprendre, avec toute la constance dont je suis capable, les relations de transformation entre les deux et la raison pour laquelle le dialogue entre forme et écriture s'impose justement comme une structure.» (Catherine Malabou, , La Plasticité au soir de l’écriture / Dialectique, destruction, déconstruction, Paris : Éditions Léo Scheer, 2005, p. 16) Quand j'ai lu ça, je n'y croyais pas. Je me suis frotté les yeux. J'ai relu, plusieurs fois (faites-le aussi, vous verrez). J'étais posté devant le grand Laox d'Akihabara, j'attendais Jean et Masako pour acheter quelques babioles électroniques, et ce que je lisais était en train de me transpercer de part en part de sa justesse, de m'éclairer de l'intérieur sur mon propre questionnement mieux que ne le faisait le soleil caressant de la fin septembre. Des foules traversaient l'avenue, puis cédaient la place perpendiculairement aux voitures qui à leur tour... J'ai vécu le reste de la journée dans la tranquillité de cette révélation. Jean a choisi un I-River d'un giga de mémoire et équipé d'un micro (j'ai vu d'ailleurs ce que je pourrai bientôt ramener à Cécile). Nous avons rejoint T. au Saint-Martin où il n'y avait plus de poulet-frites mais du très consolant gigot d'agneau. Un voyage en Grèce s'est esquissé pour l'année prochaine (Jean travaille à Athènes, où il retourne demain), ce qui a atténué la tristesse de se quitter quelques instants plus tard. Puis je suis revenu à la maison et me suis enfermé pour travailler. J'en suis sorti pour dîner et regarder l'émission Ce soir ou Jamais d'hier soir. Fred Vargas était là, un peu décevante, pour parler de Battisti et non de littérature — elle voudrait surtout que cette affaire finisse pour ne plus avoir à s'instrumentaliser elle-même. Amusement (non moqueur) ensuite des débats sur Emmanuelle, film qui a plus de trente ans... Sylvia Kristel, Just Jaeckin, Jean-Pierre Mocky, Catherine Breillat sont là, tentent d'en parler, de ce qui s'est passé (ou pas) depuis, mais on retombe vite dans le débat troll et stérile de la différence entre érotisme et pornographie. Alors je salue à la Dubuffet et je retourne à Malabou. Commentaires1. Le vendredi 29 septembre 2006 à 08:53, par Dom : Derrida et Malabou, c'est l'histoire qui se répète en farce. Ohimè ! 2. Le vendredi 29 septembre 2006 à 23:41, par caroline : Alerte à Malabou ! 3. Le samedi 30 septembre 2006 à 01:58, par brigetoun : je tourne autour de ces phrases - et mon esprit fatigué est séduit mais non pas éclairé par une révélation comme le votre, c'est comme une coquille dans laquelle je ne peux pas entrer - sauf à leur trouver une parenté avec Dubuffet ou est ce l'allusion à ce dernier qui me ferme l'accès ? 4. Le samedi 30 septembre 2006 à 04:16, par cgat : j'aime beaucoup la façon dont Catherine Malabou mêle dans ses livres
des disciplines très diverses et j'ai trouvé très belle son idée de "soir de
l'écriture" (temps de mélancolie et de métamorphose) 5. Le samedi 30 septembre 2006 à 04:58, par vinteix : Je ne suis pas non plus vraiment pénétré par "le miracle" de ces
phrases de C.Malabou... Au passage, la lecture de Derrida me semble plus
"simple", plus claire. Quel est ce "dialogue entre forme et écriture" ? Il
semberait (?) qu'on en revienne à une manière de penser assez structuraliste...
mais peut-être me trompe-je. Je dis ceci très vite, m'appuyant seulement sur
deux ou trois phrases, et cela demanderait encore réflexion... 6. Le samedi 30 septembre 2006 à 05:10, par le consul : le propre des revelations c est quelles sont personnelles... ensuite on essaye de convertir les autres, ceux qui n ont pas ete eclaires... |
Samedi 30 septembre 2006. On ne fera pas que ça
n'en sera plus. Tiens ! De nouveaux Mocky arrivent en dévédé ! J'espère que l'Institut va en mettre quelques-uns de plus dans ses rayonnages (il n'y en a eu que 5 ou 6, que j'ai vus dès leur apparition, l'an dernier, et puis plus rien...). Daniel Schneidermann dit un peu comme moi, dans ses « Rebonds » de Libé. Ça me fait de la peine que quelqu'un répète ce que j'ai déjà dit... (Je plaisante, là : au contraire, ça me conforte dans l'idée que ce que j'ai vu cette semaine dans l'émission Ce soir ou Jamais est en effet un nouveau ton, ou l'abandon d'outrances qu'Ardisson incarnait. En revanche, DS aurait pu écrire qu'il y avait un site web, rediffusion et forum... Lui qui est devenu totally wired, c'eut été la moindre des choses.) À Waseda en vélo, beau temps, frais mais vite lourd. Pas se plaindre.
Laurent est arrivé, on s'est inscrit au colloque
Borderless Beckett.
Conférence d'Évelyne Grossman,
À la limite..., c'est son titre. Connaissant un peu Beckett, j'aurais pu
à la limite ne pas venir. J'en retiens tout de même — et je ne serais donc pas
venu pour rien — que pour Beckett le temps ne passe pas, il s'entasse dans
l'être, que l'être n'est pas fait de matière prise (issue de poussière et prête
à y retourner) mais d'infiniment de particules prises dans de minuscules
glissements, subreptices, sournois, comme si c'était interdit... À l'occasion d'un rangement nécessité par le nettoyage professionnel du climatiseur, T. propose de changer tous les meubles de place, peu ou prou, dans notre salon salle à manger bureau. Deux heures plus tard, la forme de la pièce a complètement changé, mon poste de travail a traversé la pièce et je suis maintenant face à la porte-fenêtre, dans le chant des dernières cigales de l'été mourant.
Il
y a des formes, celles des choses qui nous entourent, par exemple. Une pomme,
une poire. Leur différence, en tant que formes, c'est... leur forme ! Ou leur
apparence plastique (volume, espaces, contours, couleurs, etc.). Nous
structurons notre connaissance du monde des formes en mémorisant nos rencontres
avec elles, puis y associons d'autres choses, personnelles et/ou au contraire
familiales, sociales, culturelles (pomme avec Adam ou Newton, poire avec crétin
ou belle Hélène...). Donc structures plastiques, OK ? Or, comme nous avons un jour été au soir de vivre dans les arbres, ou au soir de faire des sacrifices humains, nous sommes maintenant au soir de l'écriture, sous la forme de l'écriture qui a été connue pendant quelques dizaines de siècles, simplement parce que l'emploi électrifié de 1 et de 0 dans des circuits propulse l'espèce humaine vers un autre matin (après peut-être une nuit de métamorphose qui ne s'annonce pas très gaie). Bien sûr, l'écriture que nous connaissons durera encore quelques dizaines ou centaines d'années, mais elle fera place à des formes de communication et de discours qui se passeront d'elle, de plus en plus. On pourra toujours appeler ça écriture, si on veut — comme je dis écrire quand je tape sur mon clavier, ce qui est déjà une métaphore depuis vingt ans pour moi, comme des cinéastes, Mocky, pourquoi pas, peut dire écrire quand il filme — mais, de génération en génération, on ne fera pas que ça n'en sera plus #$%~¤_____ ___ __ _ erreur système _ hors service _ mode sauvegarde autom... Commentaires1. Le samedi 30 septembre 2006 à 09:31, par vinteix : je comprends mieux... tout simplement vieux débat du cratylisme. 2. Le samedi 30 septembre 2006 à 09:42, par Berlol : Tout simplement, dis-tu ! Ah, quel homme, décidément !
Cassez-vous le c... à conceptualiser ! Et l'autre arrive avec ses gros sabots,
sauf vot' respect, hein, Vinteix, « tout simplement vieux débat du
cratylisme », non mais je rêve... (et comme si je n'y avais pas pensé, ni
Catherine Malabou ! Et après, une fois que tu as dit ça, on fait quoi ?) 3. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:25, par vinteix : ...mais un danger me semble de réduire les "formes" à la plastique, au
visuel ; écrire n'est pas voir (Blanchot a écrit là-dessus des pages
essentielles sur l'exigence optique de la lumière dans la tradition
occidentale), sinon on en revient à la métaphore optique et au dualisme
platonicien de l'expérience spéculaire (l'idée et son reflet sensible), et même
s'il y a en effet ce hiatus pérenne et problématique entre les mots et les
choses - ce qui reste une aporie, sauf à se lancer dans des paris délirants de
sens comme J.P.Brisset -, le problème en littérature (écriture) me semble moins
celui d'une adéquation entre les choses-formes et les mots-l'écriture-le
graphique que celui d'un "langage vrai", au sens par exemple de Kafka, soupçon
à l'égard du langage qui, certes, prend en compte cette (in)adéquation
problématique entre les figures et leur graphie, mais, de toute façon, il
apparaît quand même que le langage est une donnée biologique et dans le travail
d'écriture un travail, une interrogation du langage sur lui-même... mais prend
aussi en compte, autant que les "formes" plastiques, tout ce qui relève des
sentiments, de la pensée, de "l'expérience intérieure"... au-delà du clivage
entre visible et invisible. Ce clivage là est intéressant mais reste
aporétique, posé et interrogé depuis Platon... cependant, en dehors de ces
"formes", notre expérience, perception et connaissance du monde prend en compte
plein d'autres choses (pour le dire vite et trivialement) ou percepts ou
affects qui n'ont rien à voir avec les formes plastiques, même par rapport aux
objets, que tu prenais pour exemple, par exemple l'odeur, l'ouie... et les
sentiments que chacun peut y associer. Plus généralement, à vouloir structurer
duellement - encore un autre problème pérenne (de logique) philosophique, que
des gens comme Lupasco ont pourtant enterré - les problèmes, je trouve qu'on
obscurcit davantage qu'on éclaire. 4. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:32, par vinteix : Quand je disais "tout simplement", je voulais dire "tout simplement"
que la formulation de C.Malabou, pour autant ce que tu en citais, n'apportaient
pas grand chose à un débat qui prend racine à l'aube de l'histoire de la
philosophie. Décidément, Héraclite me parle et m'éclaire, et m'émeut de
surcroît, bien davantage que ces vieux clivages platoniciens. Quel homme ?
Ai-je l'air d'un dinosaure en disant cela... 5. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:36, par vinteix : Je crois bien qu'il s'agissait de mes derniers commentaires sur quelque
blog que ce soit d'ailleurs ce soir, mais en réalité le tien est quasiment le
seul que je lis régulièrement et où je m'exprime de temps à autre... Comme je
le pensais d'ailleurs depuis un bon moment, cet espace (le blog en général) me
semble trop vicié, pour tout un tas de raisons que j'ai d'ailleurs eu déjà
l'occasion de dire en quelques mots ici-même... pour le dire vite, encore une
fois, pardon. 6. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:39, par Berlol : Bon, ça me va mieux ! Pas beaucoup de temps, pardon, je suis en train d'écrire autre chose... Vois quand même que chez Malabou, ces concepts ne sont pas à prendre au pied de la lettre comme tu le fais, je crois (en parlant de structuralisme, notamment), mais comme métaphores (de choses qui n'ont peut-être pas encore de nom, donc catachrèses). L'aspect "plastique" est une métaphore qu'exprime plus largement, CGAT avait raison de le rappeler, le concept de "plasticité" que Malabou développe (et qui inclut les affects et tout ce qui n'est pas purement visuel, évidemment). Il s'agit "d'entrevoir" l'avenir de l'homme, d'anticiper sa transformation, et pas de revenir sur de vieilles lunes déjà dégonflées. Merci du temps que tu as passé à revenir là-dessus. Sinon, côté crispation, je vois que tu en fais une belle sur Derrida et ses continuateurs... 7. Le samedi 30 septembre 2006 à 10:46, par Berlol : Et je ne suis pas en train de te faire un procès. On discute, c'est tout. D'où vient que tout dissensus est interprété comme cri et haine, et qu'on se vexe pour trois fois rien. Arrêtons avec cela, nous sommes plus forts que ça, tout de même. Des rhèteurs, non ? (pas bretteurs, quand même) Ou alors, ça veut dire que le politiquement correct est partout, même intégré en nous ! 8. Le samedi 30 septembre 2006 à 11:44, par vinteix : Ok, mais tu as comme moi le souci des mots, et je trouvais quand même
que certaines formulations - "Ah, quel homme, décidément ! Cassez-vous le c...
à conceptualiser ! Et l'autre arrive avec ses gros sabots, sauf vot' respect
(...) Ceci dit, après le coup que tu nous as fait l'autre semaine, je commence
à douter de ta lecture..." - étaient quand même plutôt piquantes... Ce n'est
pas la question du dissensus en soi, qui est plutôt bienvenu. Quant au "coup de
l'autre semaine", comme je te l'ai déjà dit, je croyais m'être suffisamment
excusé et expliqué là-dessus, même si en même temps les quiproquos étaient
réciproques, comme il se doit... alors je ne vois pas vraiment l'intérêt de
ressortir cela ce soir... 9. Le samedi 30 septembre 2006 à 13:03, par brigetoun : et me voilà dépassée totalement une fois de plus, par mon manque de
culture, et plutôt par le fait que je suis restée bloquée sur mon refus
instinctif de ce que j'ai pris pour l'annonce de la fin de l'écriture. Cela n'a
rien à voir avec le blog, qui peut dans les cas qui semblent vous retenir
véhiculer de la pensée. 10. Le samedi 30 septembre 2006 à 19:17, par Berlol : Chère Brigetoun, vos commentaires, vous les "écrivez" ou vous les tapez ? ... Donc, vous êtes déjà dans une métaphore de l'écriture. Si un jour un appareillage quelconque vous permet de voir s'écrire les mots que vous formez dans votre esprit sans taper sur un clavier, ce ne sera que l'extension de la métaphore, et je pourrais quand même vous lire de Tokyo (on peut d'ailleurs le faire par audio et vidéo, qui sont des dépôts de traces sans "écriture"). Rien ne vous empêchera pour votre plaisir de continuer à utiliser de l'encre et du papier. Mais pour les enfants de nos enfants, qui n'auront jamais connu ce plaisir du papier (ce qui est déjà le cas de bien des enfants), ils seront tout investis dans des processus de communication et de création qui seront des métaphores de plus en plus élargies de "l'écriture"... Donc, comme vous le dites justement, il y aura toujours "de l'écriture", mais plus de "l'écriture". 11. Le dimanche 1 octobre 2006 à 03:31, par Dom : "Quoi qu'il en soit, il y a et aura toujours une différence entre les
deux." 12. Le dimanche 1 octobre 2006 à 05:09, par Berlol : Cher Dom, permets-moi de ne te répondre pour l'instant que sur tes
premières lignes (après, il y a des choses un peu difficiles pour moi et j'ai
besoin d'y réfléchir...). Mais sur ton ouverture donc : "mêmes compétences
cognitives"... Rien n'est moins sûr, le cerveau a des secteurs, tu ne l'ignores
pas. "Parfaite identité" des "structures" plastiques et graphiques, au prétexte
que cela ferait agir les mêmes neurones, c'est cela que tu veux dire ? Si c'est
cela, Waaaahh !... Dans un autre domaine, cela voudrait dire que manger mon
steack ou tuer ma voisine, ça serait pareil parce que j'utilise le même
couteau. (Comparaison qui ne me paraît pas malhonnête, qu'en penses-tu ?) 13. Le dimanche 1 octobre 2006 à 09:04, par Dom : Bien sûr, des modules différents, mais pas essentiellement différents,
simplement topologiquement ou morphologiquement différents. Pour illustrer une
partie de ce que je voulais dire, il y a identité fondamentale entre "lire un
ciel" et "lire un livre" (plutôt que steak et voisine...), et si métaphore il y
a, elle va de "lire un ciel" à "lire un livre" et pas dans l'autre sens. Voir
la sémiologie de Peirce et du côté des grammaires, les positions théoriques des
grammairiens cognitivistes (qui ne sont d'ailleurs pas tous, très loin de là,
anti-représentationalistes), dont voilà une très succincte présentation, in
english : 14. Le dimanche 1 octobre 2006 à 15:07, par Berlol : Je te rappelle le titre du livre de Catherine Malabou : "La Plasticité
au soir de l'écriture"... À lire comme "l'avènement de la plasticité" ou "le
devenir de la plasticité", alors que l'écriture en est à son soir dans le
destin humain, c'est-à-dire au moment où il faut abandonner d'anciennes
positions sur le primat de l'écriture... C'est vrai que les derridéens sont
empêtrés dans la métaphysique, mais ils négocient pied à pied le tournant de
leur histoire, sans la renier, car ce qui est construit, ce n'est pas tellement
la vérité des choses, c'est l'historicité de la vérité des choses (le
patrimoine que sont les chemins de la pensée). Sinon ce que tu cites, ça vient
d'où ? De Pierce ? En tout cas, merci ! On avance... 15. Le lundi 2 octobre 2006 à 04:51, par Dom : L'extrait provient du site de l'International cognitive linguistics
association (www.cognitivelinguistics.org), je cherchais quelque chose de
succinct et d'"autorisé". |