Samedi 1er juillet 2006.
Narines en avant, vers des talus d'enfance. Encore un matin de pluie... sans pluie. Décidons, T. et moi, comme elle doit passer au temple, d'aller à Akasaka à vélo. Rues et trottoirs sont plus praticables le samedi. En effet, nous ne mettons qu'une demie-heure, par Kagurazaka, Ichigaya, Yotsuya, près de chez Agnès, puis la belle et odorante descente vers Akasaka. Soit dans les haies côté avenue, soit dans les pelouses et buissons côté mur d'enceinte du Palais des hôtes, je ne sais pas encore, il y a là une graminée qui me propulse, narines en avant, vers des talus d'enfance. Il faudra que je revienne pour tirer ça au clair... — et reglisser gratos dans mon espace-temps. Restaurant Aux Bacchanales, harnachés en cyclistes, pour une salade César et un ragoût d'agneau au safran (en surveillant nos vélos). C'est d'ailleurs en surveillant nos vélos que l'on voit tomber des gouttes et s'ouvrir des parapluies... Rares et rafraîchissantes, elles nous accompagneront sur toute la route du retour, côté douves verdoyantes, en première, T. monte ça sans difficulté maintenant, puis par le haut de la ligne de JR jusqu'à Iidabashi, chez Avon House, pour essayer — parfait — le costume (commandé il y a trois semaines) que je mettrai tout à l'heure. Pendant que Koizumi s'arsouillait le vice avec les Bush, nous allons avec tout le sérieux du monde à l'Institut franco-japonais pour le film de François Christophe, Thierry, portrait d'un absent (1993), suivi d'une table-ronde qu'anime à la perfection Chikako Mori, jusqu'à 20 heures. Souhaitant reposer nos méninges, nous dînons tranquillement à deux au Saint-Martin (salade niçoise pour T., choucroute maison pour moi). En y réfléchissant, la programmation de ce film comme la présence de son réalisateur (tout intéressants qu'ils soient) ne correspondaient pas tout à fait au thème proposé, comparer les situations des sans-logis en France et au Japon. Car le cas unique, lazaréen et nihiliste de Thierry ne rend compte en rien de l'ensemble du problème des sans en France. Reconnaissant qu'il est un des seuls à avoir choisi la rue et à s'être entêté dans cette voie, Thierry ne peut représenter les milliers de démunis et d'accidentés de la vie qui, du fond de leur misère et de leur déprime, ne souhaitent qu'un toit et un travail. En revanche, les deux Japonais venus parler des homeless se montrent plus intéressants dans les questions, notamment sur les politiques insidieuses d'éradication des hommes-boîtes dans la préfecture de Tokyo (mais personne ne parlera d'Abe Kôbô, dont le roman eut peut-être été un des seuls pendants au film Thierry...). Entretien avec Jean Échenoz déclassifié par la Femelle du Requin. Billet écrit pendant le match France-Brésil... et propulsé après la victoire. Commentaires1. Le dimanche 2 juillet 2006 à 05:54, par Manu : Je suis surpris que tu suives ainsi le foot : je croyais que tu ne t'y intéressais pas du tout. Si je n'avais pas fait l'effort pour les matches de poule, je n'ai moi-même pas regretté de m'être levé à 4h pour France-Espagne et France-Brésil. Pour le Portugal, ça ce complique avec décollage dans la foulée pour Miyazaki à 7h45... et retour à peu près à la même heure lundi, le jour de la finale ! 2. Le dimanche 2 juillet 2006 à 07:37, par Berlol : Quand c'est bien joué, c'est très intéressant. Le
problème, c'est qu'il n'y a pas toujours les conditions pour que
les joueurs se donnent à fond... Le match contre la Suisse
m'avait beaucoup ennuyé, par exemple. Cette nuit, ça allait,
mais sans plus. Ceci dit, je veux bien croire que le boulot de
contenir les Brésiliens était assez difficile (et payant) même
si pas très visible. Mais bon, j'avais quand même prévu de faire
autre chose en même temps. |
Dimanche 2 juillet 2006.
Désir de la pique surmontée d'une tête. Avec une nuit à moitié bouffée par le ballon rond et un petit déjeuner pris forcément tard, la matinée passe en trombe. J'ai bien fait de renoncer au ping-pong, on verra la semaine prochaine. Je lis les titres (les titres seulement) des dizaines d'articles sur la victoire de l'équipe de France, la télévision japonaise fait des best of de buts (faut dire qu'ils n'ont plus que ça à faire, après le fiasco de l'équipe japonaise et la démission discrète de Zico) — pour autant, je ne me sens pas dans la liesse, ce n'est qu'un jeu et je sais bien qu'on le détourne pour nous occuper pendant qu'Israël..., pendant que Monsanto..., pendant que Sarkozy... La seule nouvelle qui me fait sourire, ce soir, c'est le départ forcé de Forgeard de la tête d'EADS. Comment peut-on dire qu'on dirige avec compétence un groupe et affirmer qu'on ne savait pas les retards ni que le titre allait chuter ? (Mais que cependant, par hasard, on en a vendu des paquets...) Une telle arrogance dans l'hypocrisie ne devrait pas être acceptable. Parfois, je ressens le désir de la pique surmontée d'une tête, promenée dégoulinante dans les rues... Je me contiens. Je me soigne avec des comprimés de démocratie et des gouttes d'aquoibonisme. À 13h, je vais écouter la conférence de Miguel Benasayag. Il nous explique comment le mouvement des sans terres est apparu et quelques autres sans quelque chose... mais surtout, il développe une critique des pouvoirs politiques comme étant naturellement dogmatiques, voire dictatoriaux, même dans la douceur démocratique, en tout cas toujours producteurs d'un modèle auquel tout le monde est sommé de se soumettre et duquel les exclus sont structurellement (et donc irrémédiablement) de plus en plus nombreux. Au point qu'il n'est plus possible de croire pouvoir traiter le système aux marges, de s'en accomoder moyennant quelques contributions à ceux qui sont dans le besoin ou l'exclusion. Non, il faut repenser des fonctionnements collectifs de base de ceux-là même qui sont écartés du système majoritaire. C'est de là que sont apparus les Forum sociaux comme Porto Alegre (dont il était question jeudi via les Poupées russes — comme quoi, hein...), avec une volonté de ne pas prendre le pouvoir — même si aujourd'hui ce groupement constitué d'exclus a produit à son tour des exclus... Je suis encore des tables rondes où sont présentés les homeless d'Osaka (par Nakagiri Kosuke), la lutte des étrangers sans visa de séjour au Japon (Tsugawa Tsutomu), puis la création et le travail de Médecins du monde (Graciela Robert), enfin l'histoire et les actions de Droit au logement (Benoîte Bureau). Ça redonde. Ça commence même à s'écouter. Et puis je fatigue. Et puis il ne pleut plus. Je sors manger un petit gâteau, histoire de voir si j'ai envie de retourner dans l'arène. Mais non, il vaut mieux que je rentre car j'ai encore des pages et des pages à corriger pour mes étudiantes. Et puis le beau ciel, des nuages qui me tendent leurs moutons. J'en photographie quelques-uns avant de rejoindre T. qui a bien avancé ses sujets d'examens... Nuitamment, au frais, longue promenade à pied par Kagurazaka, Edogawabashi, Gokokuji, Myogadani et retour. Plus de 8500 pas au compteur de T. qui découvre ainsi petit à petit sa ville (que je connais déjà — on a eu des vies très différentes). Commentaires1. Le dimanche 2 juillet 2006 à 11:45, par brigetoun : merci pour la fraîcheur bienvenue de ces nuages. Une question à poser à ce cher Bennasayag (je les aime et les ai longtemps suivis lui et les comparables) comment éviter le dogmatisme de ce qui remplacerait les politiques ? 2. Le dimanche 2 juillet 2006 à 22:59, par Berlol : Il est peu probable que je le revoie. Mais il répondrait sans doute que ce serait en évitant d'avoir du pouvoir... Moi je dirais plutôt que la tendance au dogmatisme fait partie de la nature humaine. Je change de sujet mais on dirait que c'est déjà la canicule, par chez vous ? 3. Le lundi 3 juillet 2006 à 03:40, par vinteix : ... ce qui rejoint le point de vue millénaire du taoïsme
et en particulier de Tchouang-tseu : "C'est seulement à celui
qui se désintéresse du gouvernement du monde qu'on peut confier
le monde." |
Lundi 3 juillet 2006. Liant
(trop vaguement) contestataire. Lassitude journalistique ? — pensez Genet, et ça repart ! (intempestif) Déconfit par l'intellectuel ? — allez au Quignard de l'an ! (13 août, 17h30, Lagrasse) Voir plus laid et plus fouillis ? — lisez la nouvelle formule de Libération ! (July without July) Une dizaine de kilomètres aller-retour en binôme pour une course de lunettes à Aoyama, on en profite pour passer chez Villeroy & Boch pour des (soldes sur les) assiettes à motifs naïfs (oui, on aime bien) — qu'aucun cahot ne rompra. Déjeuner au Saint-Martin, beaucoup de Françaises aujourd'hui, avec enfants, on sent que les vacances sont là, il n'est question que de départs imminents. Après une averse d'abord rafraîchissante mais vite vaporisée dans l'air alourdi, lectures à la médiathèque de l'Institut. Je feuillette Emmanuelle Pireyre pour savoir Comment faire disparaître la terre ? Finesse d'esprit et composition subtile, avec bribes de discours médiatiques, de tournures journalistiques, et un liant (trop vaguement) contestataire — pour moi pas aussi prenant que chez Jean-Charles Massera ou Yves Pagès. Mais j'y reviendrai sans doute. Emprunt de Pandémonium de Régine Detambel (Gallimard) — rien lu d'elle depuis le Jardin clos qui m'avait fait grosse impression il y a quatre ou cinq ans. Ça commence « Bien avant d'être toréés par la vieillesse [...] », ce que je trouve plutôt enlevé et... décapant. Emprunt bis : Ridiculum Vitae, précédé de Artaud Rimbur (Poésie Gallimard), de Jean-Pierre Verheggen, parce qu'il faut bien rire de tout, dans la vie — qui, lui, commence Aux Orifices du verbe (préface de Marcel Moreau) puisqu'on est là Pour en baver ! Ça va être une bonne semaine, je le sens. Dans les recherches de liens, découverte du site collectif Libr&critiK — pourrait bien devenir une de mes lectures régulières... Commentaires1. Le lundi 3 juillet 2006 à 21:44, par caroline : Jean-Pierre Verheggen ! La belgitude poétique, j'adore. 2. Le jeudi 6 juillet 2006 à 19:00, par le consul : je crois que je préfère, pour ma part, Emmanuelle Pireyre à Massera, ou à Vasset, car beaucoup plus drôle. Et ses lectures publiques sont merveilleuses... moins été convaincu par Massera par exemple quand je l'ai entendu. Et Daniel Foucard, le lisez vous ?? 3. Le jeudi 6 juillet 2006 à 19:48, par Berlol : Non, connais pas, Daniel Foucard, je vais me renseigner,
merci. Pour Pireyre, comme j'ai dit, c'était quelques pages en
passant, avec envie d'y revenir... Donc à suivre. |
Mardi 4 juillet 2006. Couple
chantourné dans sa décadence. Au lieu de dormir dans le train comme un lézard dans une fissure, je me suis enfilé d'une traite quatre-vingt-dix pages des Désaxés — en espérant que les rails tiendraient bon. Ah, oui, j'oubliais : veuillez éloigner de l'écran les allergiques d'Angot. Car je trouve ça plutôt bien. D'abord, premier critère, donc : je ne me suis pas assoupi comme une merde (de témoignage) dès la deuxième page. Deuxièmement, j'ai vite repéré les éléments de distanciation qui construisent rigoureusement la voix récitante : aucun propos appréciatif ou dépréciatif du narrateur qui fonde ainsi son objectivité sur le fait de rapporter des avis tiers, stricte gestion des temps verbaux, quasi-absence des coordinations entre phrases. Le résultat, c'est une tension narrative qui nous transforme en scrutateur du couple chantourné dans sa décadence. Sans le voyeurisme qui consisterait à faire en sorte que les identités soient reconnaissables — sauf peut-être pour ceux et celles qui seraient du milieu et, quelque part, mouillés... J'ai hâte de pouvoir continuer. Mais ce n'est pas le jour. J'avale mon merveilleux bento, préparé par T. avec amour aux aurores, puis je file au bureau. Après deux cours, il faut fignoler des sujets d'examens à déposer demain dernier délai. À 20h30, j'en ai fait la moitié et n'ai pris qu'un quart d'heure de repos avec un David pas tout à fait dans son assiette non plus. Courses puis dîner en regardant La Carapate (G. Oury, 1978), prêté par David. Pas un grand film, forcément, mais des petits côtés attachants, et pas seulement parce que ça date ou parce que c'est farci d'idéalisme. Le couple gaffeur (Pierre Richard) & gros dur (Victor Lanoux) n'était pas encore usé comme de nos jours, les riches étaient plus cons que méchants et 68 (le film se passe en mai) avait l'air d'être une vraie révolution. Ça m'aide à faire court et à me coucher tôt. Demain, je parlerai des livres reçus. « [...] il aimait bien cette effervescence, cette mondanité légère où les conversations ne pouvaient être que rapides, les gens prenaient des rendez-vous pour plus tard, sans jamais sortir leurs agendas. Ils promettaient de se voir et de s'appeler sans connaître leur numéro de téléphone, et sans jamais le demander. Les conversations se terminaient par un À bientôt suivi d'un point d'interrogation bien marqué pour appuyer sur la détermination, la sincérité, et la réalité du désir de se voir bientôt.» (Christine Angot, Les Désaxés, Stock, 2004, p. 59) |
Mercredi 5 juillet 2006. Ces
buts qui ne sont (pas) qu'à moi. Avant tout, Jouer juste en onde, ça vaut le coup (c'était la Fiction Mauvais Genre de samedi 1er juillet, d'après le texte de François Bégaudeau, publié en 2003 chez Verticales)... et c'est un antidote pour ce qui suit — si l'on peut prendre l'antidote avant le poison. Lecture studieuse en réunion (et poison nécessaire, donc) : LQR d'Éric Hazan (reçu hier)... « L'un des traits communs à la LQR, l'idiome des publicitaires et la langue du IIIe Reich [analysée par Victor Klemperer dans sa LTI, il en a déjà été question dans le JLR] — parallèle qui n'implique évidemment aucune assimilation entre néo-libéralisme et nazisme — est la recherche de l'efficacité aux dépens mêmes de la vraisemblance.» (Éric Hazan, LQR, Raisons d'agir éditions, 2006, p. 18) « [...] l'oligarchie politico-financière française, si bien intégrée qu'elle soit par les mouvements croisés de personnes issues des mêmes écoles et les renvois d'ascenseur, ne pourrait rien imposer, et sûrement pas une langue, sans le concours de tous ceux qui ont matériellement intérêt au maintien de l'ordre. Par millions sans doute, cadres des entreprises de sécurité, professeurs de philosophie politique, juges antiterroristes, agents immobiliers, maîtres des requêtes, chroniqueurs de France Culture et présidents de régions parlent, écrivent et répandent la LQR.» (p. 20) « Cette langue a une dynamique propre, un caractère performatif qui fait sa force : plus elle est parlée et plus ce qu'elle défend — sans jamais l'exprimer clairement — a lieu.» (p. 21) Dépôt in extremis des sujets d'examens pour mes cours. Autres livres reçus hier : L'Os du doute de Nicole Caligaris, Dans les Bois éternels de Fred Vargas, Brefs Aperçus sur l'éternel féminin de Denis Grozdanovitch, la revue Lignes de mai sur la Situation de l'édition et de la librairie... Après le dîner, je prépare à mes étudiants de mardi prochain une décoction intellectuelle à base d'actualité du patrimoine mondial et de Degree Confluence Project, pour que voyager ne soit pas qu'un acte de consommation touristique. Et puis je leur envoie un courriel via Writely pour les inviter au travail à leur rythme. J'évoque bien sûr de temps en temps devant mes collègues nouveaux outils et nouvelles méthodologies (à inventer soi-même si possible), mais, à part David qui y est comme moi jusqu'au cou, je ne perçois qu'amusement (Berlol n'est pas sérieux) ou agacement (il aurait mieux à faire). L'aveuglement n'est donc ni spécifiquement français ni limité à l'école... Cependant, je dois reconnaître, pour ne pas faire de mauvais procès, que le matériel est là et que les projets de cours sont acceptés sans discussion — mais l'expression est à double sens. En haut lieu, on sait d'ailleurs que ces outils, si peu prisés soient-ils de certains enseignants, sont nécessaires à la satisfaction de la clientèle — et donc à la survie de l'établissement dans la concurrence menée pour capter les étudiants alors même qu'ils se raréfient. Puis je me couche tôt pour me lever tôt... Car Jouer juste, c'était aussi ce qu'il fallait faire ce soir sur le terrain de Munich... Et je mets en ligne — victoire acquise a minima mais de haute lutte — dans ces buts qui ne sont (pas) qu'à moi. |
Jeudi 6 juillet 2006. Acteur
plié en torche en moins d'une minute. Question fraîcheur, il n'aurait pas fallu que je dusse passer au contrôle sanitaire au réveil — une heure après m'être recouché. D'autant que j'étais moyennement satisfait d'une victoire de la France par discutable faute et grand manque de chance des Portugais — quand ils arrivaient à passer, car il faut reconnaître aux Français d'avoir bien réussi le hachage menu du jeu adverse. Et quand même cette question de la victoire nationale. Que signifie ce mot alors que les joueurs des deux équipes jouent tout au long de l'année dans les mêmes clubs européens, nationalités et origines mêlées, et qu'en revanche l'activité entière d'un pays se trouve suspendue, avachie ou galvanisée par le résultat d'un match ? N'y aurait-il pas détournement d'une survivance (la spécificité nationale), faux et usage de faux (fiction d'une équipe nationale faite de gens tout à fait internationalistes, et capitalistiquement internationalistes), hold-up médiatico-industriel (images et produits dérivés), voire culte du totem national pendant escamotage simultané des problèmes concrets et de l'impuissance de l'action politique ? Mots qui changent la vie Après que Jean-Louis Chiss nous avait invités à préférer erreur à faute, au moins dans le domaine de l'enseignement, pour nous éviter le champ chrétien, c'est à Éric Hazan que je repense plusieurs fois pour la pertinence de sa distinction entre question et problème. « Je me souviens de Giscard, jeune ministre des Finances de Pompidou et génie autoproclamé de l'économie, faisant à la télévision des démonstrations au tableau. Ses intonations aristocratico-auvergnates ont beaucoup fait pour répandre le mot problème — qu'il prononçait problaîme. Auparavant, on parlait plutôt de "question" (la question d'Orient, la question sociale...). La substitution n'est évidemment pas neutre. À une question, les réponses possibles sont souvent multiples et contradictoires alors qu'un problème, surtout posé en termes chiffrés, n'admet en général qu'une solution et une seule. La démonstration, toujours présentée comme objective, obéit à des règles déterminées par des spécialistes. Passer de la question au problème, c'était donc ouvrir grand la porte aux experts qui n'ont fait que proliférer depuis, en France, dans l'Europe de Bruxelles et dans le monde entier.» (Éric Hazan, LQR, p. 14-15) Aujourd'hui, notre département universitaire accueillait trois hôtes de marque : l'attaché de coopération universitaire (que je n'ai pas vu), le chargé de mission représentant Édufrance et le directeur de l'Alliance française locale. Alors que le premier avait privément rendez-vous pour des projets de recherche, le pénultième devait effectuer une présentation des études en France sous l'œil bienveillant du dernier. Ils ne furent pas déçus puisque nous rassemblâmes plus de cent étudiants ! Voilà au moins une mission rentable — ce qui est important à dire quand les moyens du réseau culturel déclinent... Interloquées ! Mes étudiantes du séminaire de cinéma (sur les Poupées russes) l'ont été comiquement quand on a eu déduit des dialogues d'une scène dans quelles mains la mère de Xavier était tombée : celles d'un vieux con, doublé d'un gros vicieux. Ça commence en auto, quand Xavier est voituré par sa maman pour rencontrer le nouvel ami d'icelle. Par inversion du schéma traditionnel, c'est elle qui s'inquiète de ce que son fils pensera de la personne. La puce est déjà dans l'oreille. Et qu'est-ce qu'il dit, le ventripotent ami tripoteur et écluseur de canettes de sa mère ? Il dit que le monde était simple, avant, divisé entre ceux de gauche et ceux de droite, les marxistes et les capitalistes, les pauvres et les riches, mais que tout ça est bien fini, que ça ne marche plus comme ça et qu'aujourd'hui il y a ceux qui veulent montrer des femmes à poil et ceux qui veulent les cacher, c'est tout — ce qui se décode, après surprise légitime, en : machisme dirigiste avec femmes marchandises sexuelles et femmes boniches mères modèles. Belle prestation d'acteur plié en torche en moins d'une minute. Ce soir, c'est revue de blogs, pendant deux bonnes heures que le mien est indisponible. Je rattrape du retard et me mets deux, trois gros billets dans la poche : les droits et devoirs du blogeur (scientifique) et l'envers de la recherche à l'envers chez Affordance.info, impeccables, et Wikipédia, collectivisme en ligne ou intelligence collective ?, sur InternetActu, très questionnant malgré un titre un peu lourdingue. Et puis au lit, sinon les neurones ne voudront pas reprendre l'entraînement demain... Commentaires1. Le jeudi 6 juillet 2006 à 08:40, par vinteix : je ne suis pas vraiment convaincu par la pertinence de
ce que dit Hazan sur "question" et "problème"... Un problème
n'appelle pas forcément une seule solution et peut susciter au
contraire plusieurs solutions / réponses, voire aucune, car
combien de problèmes laissent dans la perplexité et le vertige
des apories, sauf à prendre le terme "problème" dans sa seule
acception mathématique, comme il semble le faire, et là encore,
il y aurait des réserves à faire. Si l'on pense à certains
philosophes, Deleuze usait souvent de ce mot de "problème",
définissant la philosophie comme une création de concepts en
posant des problèmes; mais il était loin d'envisager une
solution unique à ces problèmes, engageant au contraire son
discours dans la plus grande multiplicité. 2. Le jeudi 6 juillet 2006 à 08:50, par Bikun : Tient moi je vais aussi faire une autre analyse, vue que
la première mi-temps était quand même Française, je dirais que
la seconde mi-temps, on a globalement fait que subir et que
toute contre attaque était quasiement voué à l'échec. De plus on
a bien vue l'épuisement des joueurs... 3. Le jeudi 6 juillet 2006 à 08:51, par Berlol : La liesse, certes, la joie, cosmopolite, d'accord. Mais rien à long terme dans les structures politiques, tu le sais bien, au contraire, Chirac-Le Pen et les reculs sur tous les fronts sociaux avec Raffarin, Villepin et Sarko... Alors, la liesse... je te la liesse... en toute amitié ! 4. Le jeudi 6 juillet 2006 à 08:59, par vinteix : Oui, bien sûr, mais si on était tout le temps dans la politique, ça serait un peu chiant. Suis bien d'accord qu'on oublie le fond des problèmes, mais le sport, même si il est pris dans le business mondial de l'économie capitaliste, est d'abord du sport et n'est pas la politique; il génère une liesse qui fait, un temps, oublier la politique, et ce n'est pas plus mal. 5. Le jeudi 6 juillet 2006 à 09:08, par vinteix : ...de plus, si les gens semblent communier autour d'un drapeau, ce qui les fait d'abord vibrer, c'est le jeu et une équipe, le talent exceptionnel de joueurs comme Zidane; et même au Japon, d'où je vois les matchs, à chaque fois dans mon bar préféré, à 4:00, préférant regarder une fin de Coupe du Monde dans une vibration collective, si j'apparais aux yeux des Japonais présents comme une sorte de porte-drapeau, dans lequel intérieurement je ne me reconnais guère, ayant un sens peu aigu de la patrie, ce qui les fait aussi vibrer d'abord, c'est le jeu d'une équipe ou d'une autre... les préférences se distribuant alors au-delà de la nationalité. 6. Le jeudi 6 juillet 2006 à 09:41, par brigetoun : et bien moi je l'ai trouvé lumineuse et réjouissante l'explication de texte de Hazan. Quant au foot en dehors du "panem sans même celui ci sauf sous forme de bière et circences", je me demande bien en quoi les jambes et l'intelligence du jeu des hommes sur le terrain avait quoi que ce soit à voir avec les hordes d'hier soir - encore crier en courant ça peut être sportif mais tourner en rond le cul dans une voiture en appuyant sur son klaxon ? Et tout de même les "valeurs" de ce sport genre importation d'espoirs lachés dans la nature quand ils ne sont pas de pures merveilles, tricheries et fric comme à Marseille ou en Italie .. dommage ce pourrait être un beau spectacle je crois 7. Le jeudi 6 juillet 2006 à 12:53, par k : rien a voir, surement je sais pas j'ai pas lu, au
dessus, juste dire que L fait pousser des tournesol c'est sa
leur prékèrée, je lui montrerai demain, celle ci. 8. Le jeudi 6 juillet 2006 à 18:21, par Manu : En direct de Miyazaki, pas tres convaincu non plus, sans
accent, de l'unicite d'une solution a un probleme (ni meme au
sens mathematique, il suffit de penser a un systeme d'equations). 9. Le jeudi 6 juillet 2006 à 18:30, par vinteix : ... réponse : le ballon rond ; c'est un problème, sans solution unique... 10. Le jeudi 6 juillet 2006 à 22:06, par vinteix : Ceci dit, la question (le problème ?) de la nationalité,
de "la victoire nationale" est intéressante, avec toute son
ambiguïté et ses dangers. Néanmoins, même si l'on voit en effet
fleurir les drapeaux, cette question ne se pose pas
fondamentalement plus au sujet de cette manifestation sportive
que pour une autre. Certes, le foot mobilise davantage les
foules que le patriotisme du 14 juillet... mais que ceux qui
sont sans cesse rejetés, aux marges de la société, se sentent
tout à coup français, comme les autres, je trouve que cela a
quelque chose de joyeux ! même si, bien sûr, dans ces
manifestations de liesse, la bêtise s'exprime aussi largement,
les manifestations de joie ou de déception de supporters ne
faisant pas toujours dans la finesse... Mais que
blacks-blancs-beurs se retrouvent ensemble derrière un drapeau,
à ce moment-là, tant mieux, même si, en profondeur, bien sûr,
cela ne règle en rien les problèmes (et indépendamment de mon
peu de goût pour les drapeaux). Mais une liesse liée à un match
de football n'est pas pour régler les problèmes, comme le
carnaval... C'est tout le sens de la fête, hétérogène, que
d'échapper au temps habituel. Après, c'est aux politiques à
tirer les éventuelles leçons de ce rassemblement unitaire de
gens si divers, pas aux gens du football, qu'ils soient fans ou
joueurs... mais là, on leur (les politiques) fait confiance,
sans problème, pour escamoter ou détourner le(s) problème(s)... |
Vendredi 7 juillet 2006.
Texture si ductile à la lire. Encore une grosse journée sur un dossier administratif. Épuisant (mais je vois le bout du tunnel) (oui, je dirai un jour ce que c'est que ce dossier, patience...). Une petite heure de détente avec David au Downey pour un hambourgeois. Hésitant à sortir, une Japonaise se ravise et vient vers nous, nous parle timidement en français pour nous demander si nous le parlons, s'excuse de nous déranger, nous dit qu'elle est traductrice et qu'elle ne savait pas s'il y avait des Français par ici, nous lui sourions et nous apprêtons à expliquer, décliner notre identité mais elle s'excuse encore, ne veut pas nous déranger et se retire, puis sort avec son amie. Nous avons à peine eu le temps de lui dire qu'on se reverrait peut-être, ici même, que ce serait avec plaisir. Des politesses, comme ça, mais normales avec quelqu'un qui vient nous parler notre langue. Et puis comme elle était ravissante... Dans le train, la nuit tombe, du sale temps, champs et montagnes semblent comme steppes inhospitalières. Mon voisin est civilisé, il a acheté une bière et des cacahuètes au chariot de passage mais il n'a pas éclaboussé en l'ouvrant, il n'a pas poussé des haaa après chaque gorgée et même quand il a eu fini je n'ai eu à souffrir d'aucun remugle. C'est rare. De mon côté, j'envoie un courrier à T. par téléphone portable pour la prévenir de mon retard, puis je continue les Désaxés sans m'endormir... La tension ne se relâche pas. Je me demande comment elle fait, Christine Angot, pour avoir à la fois une vision si incisive et une texture si ductile à la lire. Beaucoup de parataxe, mais peu de redondance. Des changements de point de vue mais jamais de coq-à-l'âne. De la justesse psychologique mais pas de psychologisme. Ce que d'aucuns n'obtiennent pas en dix pages d'ambiance de couple, elle l'instille en trois dizaines de mots. Avec ça, on est dans l'intimité du couple, sexualité comprise, mais sans pesanteur, ni formalisme érotisant, ni vulgarité, évidemment. La vitesse du texte, c'est celle de Bataille ou de Cendrars, aussi maîtrisée. Les recours à Lacan et Dolto ne tordent ni ne retardent le récit, ils se justifient, sous-tissent du sens aux destins individuels. Comme il y a, chez certains, prévention, voire détestation d'Angot, il faudrait organiser des lectures en aveugle, des blind tests littéraires. Je suis sûr qu'avec ce texte on aurait de grandes surprises. « Quand il la serrait dans ses bras, c'était comme avant. Malgré le détachement, la souffrance, les épreuves. Pourtant les obstacles étaient déjà là. Entre une rencontre et une rupture, les gens prétendaient que c'était "l'habitude, la routine, l'usure, la perte du désir", ou au choix "le bonheur ne se raconte pas". Ce n'était pas ça, ils n'étaient pas passés du plein au vide sans raison, sans autre raison que l'habitude ou la routine. Sur la vie à deux, tout le monde mentait. Les films et les livres aussi.» (Christine Angot, Les Désaxés, p. 103) Commentaires1. Le vendredi 7 juillet 2006 à 09:43, par alain : Pour Angot, pas de besoin de test anonyme, on voit tout
de suite que c'est de la merde. 2. Le vendredi 7 juillet 2006 à 12:17, par k : moi j'aime angot 3. Le vendredi 7 juillet 2006 à 17:39, par Berlol : Oh oh ! Retour d'Alain sur les chapeaux de roues... 4. Le vendredi 7 juillet 2006 à 23:05, par caroline : Je veux bien participer au blind test à condition qu'il y ait une équipe médicale prête à intervenir. J'ai bien peur de faire un oedème de Quinck tant le produit est allergisant. 5. Le vendredi 7 juillet 2006 à 23:48, par grapheus tis : Préventions contre (!) Angot en abondance, mais quand
Berlol fait mention de la rapidité de l'écriture à la Cendrars,
oh, que oui ! 6. Le samedi 8 juillet 2006 à 00:42, par Berlol : Évidemment, le commentaire pertinent au possible de Grapheus Tis était bloqué par le filtre (il l'avait d'ailleurs réécrit une seconde fois). Tout le monde aura vu pourquoi. Donc n'ayez crainte, si, à l'occasion, vous ne voyez pas apparaître votre commenaire tout de suite, je surveille le filtre... 7. Le samedi 8 juillet 2006 à 00:48, par Ev. : Angot casse, broie, pulvérise le Discours Social sur le
couple et recompose, file avec ses gravillons, un texte épuré au
plus près de la rencontre avec l'autre qui est d'une nécessaire
violence. 8. Le samedi 8 juillet 2006 à 01:15, par le consul : mystère Angot. Elle a une phrase incroyable, un rythme étonnant (il faut l'entendre lire ses textes...) et pourtant c'est pas bien, parce que les thèmes sont abordés dans cette violence propre à l'époque pour faire chic et choc... C'est du gachis... on pouvait penser la même chose de Duras, sauf qu'elle a créé du mythe, elle. Pas sûr que Angot y arrive... 9. Le samedi 8 juillet 2006 à 01:37, par Berlol : Violence propre à l'époque, peut-être, mais retournée sur l'époque comme un couteau dans la plaie, et pas pour "faire" chic et choc mais pour prendre date dans l'histoire des mœurs et du langage — d'où aussi que ça ne plaise pas, manque de recul, confusion entre image de l'auteur créée par les médias et contenu de l'œuvre que l'on évite de lire avec l'attention requise... Un nœud conflictuel pour longtemps. 10. Le samedi 8 juillet 2006 à 01:40, par k : pas sur, 11. Le samedi 8 juillet 2006 à 07:22, par Mth Peyrin : Angot dans un interview radiophonique : "J'écris pour mettre ce qu'il y a dedans dehors, un peu pour que les autres n'aient pas à le faire"... Posture sacrificielle ? Duras n'avait pas l'idée de se justifier ainsi, elle savait la posture de l'écrivain dangereuse, car exposée, tant à l'amour qu'à la destruction. Lucidités parallèles, complémentaires peut-être, à deux générations près ( si j'ai bien calculé ). Mais le mouvement semble identique, une sorte d'injonction intérieure à écrire le réel tel que perçu, au plus près du prélevé. Je n'ai aucun plaisir "littéraire" à lire Angot, gênée je suis, non pas par la violence - j'en ai lu d'autres - mais par cette immédiateté de l'image qui me la rend trop vite insupportable ( lieux de traumatisme réel obligent ) - mais c'est une femme que j'estime, parce qu 'elle défriche quelque chose d'important . Et elle se défend contre l'aveuglement... Et peut-être, mais là j'hésite un peu... qu'elle est de celles qui apprend quelque chose aux hommes et conséquemment aux femmes, qu'ils et elles ne souhaitaient pas forcément voir. Alors, c'est utile, sinon salutaire, selon ce qu'on avait avant dans la tête sur ces questions sexuelles. 12. Le samedi 8 juillet 2006 à 14:22, par caroline : Ce qui est sûr, c'est qu'Angot elle fait couler de l'encre (si on peut dire ça quand on écrit un commentaire à un article)... C'est peut-être son seul talent. 13. Le samedi 8 juillet 2006 à 14:56, par k : berlol si je vous dis marie nimier?????? 14. Le samedi 8 juillet 2006 à 15:43, par Berlol : Je vous réponds beurk !!! 15. Le samedi 8 juillet 2006 à 16:13, par k : merci 16. Le dimanche 9 juillet 2006 à 08:10, par stubborn : "Je me demande comment elle fait, Christine Angot, pour
avoir à la fois une vision si incisive et une texture si ductile
à la lire." 17. Le dimanche 9 juillet 2006 à 11:02, par Berlol : Euh... non. Pourquoi ? Il explique tout ? 18. Le mardi 11 juillet 2006 à 16:41, par stubborn : Berlol, berlol, ça me dit quelque chose... 19. Le mardi 11 juillet 2006 à 16:43, par stubborn : tiens, j'avais oublié "me". 20. Le mardi 11 juillet 2006 à 16:55, par Berlol : Le blog NRV, c'est quoi ? Parlez en clair, ou offrez-moi un décodeur. Et puis, vous n'avez pas répondu à ma question, sur Birenbaum ? J'y suis passé voir, oui, c'est pas mal... mais bon. 21. Le mercredi 12 juillet 2006 à 04:01, par stubborn : Désolée. Le Blog de Guy Birenbaum qui n'explique rien,
pas le genre du garçon, est dit aussi le blog NRV. 22. Le mercredi 12 juillet 2006 à 19:43, par Berlol : Vous êtes toujours la bienvenue. Chez Fontenelle, en
effet, j'ai pu laisser quelques traces. J'aime bien le ton de
ses billets. |
Samedi 8 juillet 2006. La
fissure au plafond s'est agrandie. || Est-ce parce que la fin des cours approche || mal de tête au réveil qui se prolonge malgré le thé au jasmin pendant que le problème intestinal se résorbe || Y'a pire puisque Philippe s'est retrouvé à l'hôpital pour être opéré d'une hernie (amitiés à toi, Philippe, et bon rétablissement) || douce chaleur juste comme sur la Côte d'Azur quand j'y étais veilleur de nuit || encore Gaza l'horreur — mais jusqu'à quand ces haines continueront-elles et seront-elles laissées aux commandes || j'aimais la voix la musique d'Eyeless in Gaza dans les années 80 mais franchement je ne comprenais rien à ce nom, je crois que j'aime encore || Est-ce parce que la fin des cours approche, donc, mais T. et moi l'esprit soudain libre et clairvoyant avons réglé d'un coup d'un seul tous les projets d'été que nous laissions traîner depuis des semaines, c'est mûr dit-elle || escroquerie sur e-Bay encore une, mais une goutte d'eau dans la marée des échanges, faut le dire || déjeuner tard au Saint-Martin, T. veut encore de l'agneau besoin de protéines lors même qu'elle maigrit, très bien, poulet moutarde pour moi, avec bière, comme du cataplasme pour les intestins... || bien rigolé de voir l'engin JCB que FB a photographié et offert à notre nouveau vacancier || donc, vendredi et samedi à Kyoto (on est libre, vendredi soir), puis du 4 au 8 août sur l'île de Kyushu, les deux voyages pour des questions familiales, et une option pour mon voyage en France du 25 août au 10 septembre... || Guyotat parle de Coma avec Veinstein, faut que je le commande — Montaigne et sa voie du milieu, oui, toujours, mais pourquoi avec le barbant Comte-Sponville — je me dépêche de récupérer l'émission du vendredi précédent sur Lacan, avec archives — et puis découvrir Céline épistolier avec Sonia Anton, où l'on apprend que l'émission Tire ta langue va s'arrêter définitivement dans deux semaines !!! — et puis et puis IL FAUT écouter Bruno Bayen et Olivier Py chez Finkielkraut revenir sur la déprogrammation d'une pièce de Peter Handke à la Comédie française || blog la Littérature (lol !) : un bon résumé de tout ce que je déteste || et (rapport ?) fin de la lecture des Désaxés, superbe || Est-ce parce que la fin des cours approche, je crois aussi que je vais pouvoir beaucoup lire cet été, une sensation comme devant des fruits en train de venir, sur la branche, et la salive (qu'on) secrète (avant de les manger).|| Tiens, un haïku : pile de livres
fruits mûrs j'approche la chaise longue « Il se méprisait d'aller faire le joli cœur à Prague, de se faire balader en taxi par une jolie fille qui devait s'imaginer qu'il représentait le cinéma français, alors qu'il n'était qu'un vague émissaire sur le retour et plus ou moins diplomatique de ce que Paris pouvait produire de pire, c'est-à-dire le vernis culturel, le semblant de talent, la notoriété due aux contacts, au ronron culturel. Souvent, on lui reconnaissait un ton, un souffle, ce n'était pas un souffle, il n'avait pas de souffle. C'était un ronron, voilà le mot qui lui convenait, lui qui savait reconnaître un chef-d'œuvre ne pouvait plus continuer de se mentir. Il avait un petit don pour les dialogues et à partir de ça il se retrouvait en train de faire croire au peuple qui avait connu Kafka qu'il était un des cinéastes contemporains les plus intéressants du moment. La vérité était autrement moins glorieuse. La vérité c'était qu'il essayait de scénariser, sans aucune recherche particulière l'affaire Veneur-Rozan, pour une bûcheronne qui allait faire 30 % de parts de marché. Et qu'il voyageait en classe économique, parce qu'Unifrance ne s'intéressait plus à lui. Il avait été une fausse valeur. Maintenant il était démonétisé. L'attaché culturel à Prague l'avait invité parce qu'il était le mari d'une de ses amies attachée de presse. Puisqu'il avait tout comme ça. Par contacts. Il y avait cru pendant deux ou trois ans. C'était ça le plus triste.» (Christine Angot, Les Désaxés, p. 181-182) « Tu sais, la fissure au plafond s'est agrandie...» (Ibid., p. 186) |
Dimanche 9 juillet 2006. Radio
tropismes sarrautiens. À saisir ! Dernières diffusions : près de quatre heures d'archives avec Nathalie Sarraute, années 60 et 70, sur le canal des Chemins de la connaissance de France culture. De 13h à 17h (là, dans une heure), puis dans la nuit de dimanche à lundi de 1h à 5h, et puis c'est tout ! Qu'on se le dise, si l'on n'est pas déjà emporté par la vague alcoolo-nationalo-footballistique !... Pendant la finale... J'ai tout bien enregistré. Près de 3 heures 50 d'entretiens et d'extraits lus. Un festival qui nettoie de la langue de bois et de la LQR. Maintenant, c'est la seconde mi-temps de la finale. Un but italien vient d'être marqué et annulé pour hors-jeu. La violence des joueurs italiens est effrayante. Chaque ralenti livre une nouvelle turpitude. Tout ça semble normal et les Français ne sont pas en reste. Le sommet du football est une foire d'empoigne et c'est l'anti-jeu qui gagnera le match. Ici, des oiseaux pépient et l'aube paraît. Dimanche de reprise du ping-pong, à Shibuya. Hisae, toujours reine incontestable du jeu, me concède quelques points avec son calme et son sourire habituels. Katsunori, certes défait d'une nuit de fête à la Fabrique, trouve deux fois le moyen de me remonter en belle. Et un quatrième, Bernard, qui n'a pas tenu une raquette depuis quinze ans et qui renoue gentiment. Nouvel habitant de Yokohama, enfin parvenu à son rêve de vivre au Japon, il cherche du travail, il vit au quotidien les contacts officiels et officieux, les CV et les courriels sans réponse, l'odieuse attitude de la Chambre de commerce qui ignore royalement les simples chercheurs d'emploi (il n'est pas le premier à me le dire). J'appelle simple chercheur d'emploi un individu qui n'a que son expérience à offrir, si précise et référencée qu'elle soit, mais qui n'est pas l'heureux titulaire de relations privilégiées avec des hauts responsables ou des diplomates. Ici, si on n'a pas ça, c'est le silence absolu et les petits boulots à 1000 yens de l'heure. C'est peut-être à la réception officielle du 14 juillet, à l'ambassade, que se jouent comme au loto les relations et les contacts. Le meilleur comme le pire peuvent en sortir. C'est pour cela que je recommande quand même à Bernard d'y aller, désinvoltement, sans parler boulot, et sans se prendre la... Zidane avait un compte à régler, il sort de la carrière sur un coup de tête ! Ambiance ! Commentaires1. Le dimanche 9 juillet 2006 à 05:49, par brigetoun : je vais essayer de voir si cela suffit à contrebalancer la danse du scalp que je redoute depuis le réveil 2. Le dimanche 9 juillet 2006 à 06:34, par vinteix : D'où vient ce mépris ? "la vague
alcoolo-nationalo-footballistique !..." 3. Le dimanche 9 juillet 2006 à 07:06, par Berlol : Je vais regarder le match. Mais, cher Vinteix, je n'ai pas besoin de m'arsouiller grégairement. Je ne cherche pas dans le ballon rond un sens à ma vie ni à la république. Je regarde des athlètes faire de leur mieux et j'apprécie s'ils font ça bien. J'ai passé autrefois des dizaines d'heures dans des trains de bidasses biturés aux retours de perms et le cocktail groupe+alcool m'a désagréablement marqué. Désolé... 4. Le dimanche 9 juillet 2006 à 07:14, par vinteix : Pour moi non plus, le ballon rond ne donne pas un sens à ma vie, ni à la république, mais je préfère regarder le match à un comptoir avec 2-3 amis en buvant, certes, mais sans forcément que cela ressemble à un arsouillage de bidasses en perms... 5. Le dimanche 9 juillet 2006 à 07:25, par Berlol : Bon, alors je t'autorise. Imprime et montre la feuille au tenancier. (Si c'était pas si loin, je me joindrais volontiers à vous...) 6. Le dimanche 9 juillet 2006 à 13:54, par k : L est aux anges verte blanche et rouge 7. Le dimanche 9 juillet 2006 à 15:02, par Bikun : Zizou il a foiré, zizou il a foiré... 8. Le lundi 10 juillet 2006 à 00:13, par Manu : J'étais si content pour Zidane, qu'il parvienne en finale avec son équipe et maintenant si déçu que ça se termine ainsi. Ça a commencé avec l'Espagne, me décidant finalement à voir chaque match au cas où ce serait son dernier... Ceci dit, ce n'était pas son premier rouge, et tout le monde se rappellera maintenant que son tempérament impulsif faisait aussi parti du personnage, sans doute son talon d'Achille, dont les Italiens étaient évidemment bien au fait et ont su exploiter. Quel dommage ! 9. Le lundi 10 juillet 2006 à 02:12, par Bikun : Il avait été expulsé justement lors d'un match qui avait
été filmé par ces 2 réalisateurs qui se sont concentrés sur
Zidane. 10. Le lundi 10 juillet 2006 à 03:10, par Olivier : Bref commentaire... J'ai dit à tous ceux qui me
"sommaient littéralement" de regarder la finale (parmi lesquels
Berlol) que Chichi allait porter la poisse à l'équipe de France
en finale... Et que, par conséquent, je connaissais le
résultat... Tout le monde a rigolé... 11. Le lundi 10 juillet 2006 à 03:19, par Berlol : Ben ouais... d'ailleurs il se tirait une de ces tronches, le chichi... j'en étais mal à l'aise pour lui, dès le début. Quand il applaudissait, on aurait dit qu'il n'avait pas une main en face de l'autre... 12. Le lundi 10 juillet 2006 à 05:07, par Mth Peyrin : "Les bras en tombent", donc impossible d'applaudir...peut-être
s'en servir pour ramasser les cadavres de boisson jonchant le
sol après la bataille...euh...le match... Tout un savoir-vivre à
retrouver, c'est si beau un athlète qui retient ses mauvais
coups et si respectueux un spectateur qui ne hurle pas à la mort
et met ses détritus dans une bonne vieille poubelle...Il
faudrait peut-être mettre onze ballons et onze goals pour que ça
se passe mieux ? Vive le patinage artistique ou le rock
acrobatique ! |
Lundi 10 juillet 2006. Facture
ne vaut pas signature. Je n'ai pas, mais alors pas du tout la même interprétation du geste de Zidane que les médias canons (j'ai lu Le Monde et écouté France Inter, deux lieux hautement doxiques, qui disent que c'est pas bien du tout, que c'est inacceptable, etc.). Mystère Zidane, titre Libération... Pour moi qui ai vu ce match comme le triomphe du mauvais jeu, des maillots tirés, des petites fautes de pied exécutées les bras déjà en l'air, tous derviches menteurs, l'apothéose de ce que des journalistes blasés appellent le jeu viril — jeu vilain, dit T. au petit déjeuner, à raison, quand les médias japonais s'interrogent aussi. Replongeons-y. Zidane finit son dernier mach. Le score lui importe évidemment. Il enrage : il vient de propulser une tête extraordinaire, détournée à quelques millimètres de la victoire par Gianluigi Buffon, beau comme un Caravage — l'aviez-vous remarqué ? Et le sale jeu qui continue. Jusqu'au moment où toute cette violence prend le dessus, celle des gestes et celle des mots. Et un mot suffit, ou un geste de l'adversaire harceleur. Qui dépasse les autres, qui fait passer au second plan l'importance du score, l'importance de la finale, l'importance et l'éthique du sport lui-même — qui n'est déjà plus que l'ombre de l'éthique tant tout le monde s'accomode de la permanence de la violence et des coups bas. Alors, en une seconde, Zidane conçoit de finir en beauté, dans les décors, en hors-jeu total, un OSNI (objet sportif non identifié), quelque chose qui marquera les esprits et les anthologies, un geste — que dis-je, un geste : un message clair en langage gestuel — qui dénoncera, au vu de tous et au dernier moment, au paroxysme de la convergence télé de centaines de millions de téléspectateurs, l'insupportable supporté jusque-là, l'éthique inversée, l'ignominie d'un anti-jeu systématisé qui les transforme tous en vingt-deux gladiateurs dans une mondiale arène romaine assoiffée de sang et de coups bas. Enfin voilà, ma lecture du coup de bélier n'est ni sportive ni journalistique. Pas la peine de me répondre avec le réglement puisque c'est contre le réglement bafoué que Zidane choisit la sortie. Il y a de l'anthropologique, là-dedans. Restons-y. Après le petit déjeuner, j'écoute Une vie une œuvre d'hier sur Michel Leiris en corrigeant sur Writely les textes maintenant bien développés de mes étudiantes de séminaire, sur Les Poupées russes — avec qui on va passer au traitement de texte personnel pour la rédaction finale des mémoires de fin de semestre, Writely n'étant pas adapté à cette finalisation. Je m'amuse des effets d'annonce lévinassien et bennylévien chez Livres Hebdo et en profite pour rappeler que l'index des œuvres de Claude Simon est en ligne depuis... 9 ans ! Ça va être dur pour ceux qui croient innover... (Et on ne va pas refaire les pages : on leur garde leur côté vintage...) Le gros typhon qu'on nous promettait et qui a bien arrosé Okinawa et Kyushu n'arrive pas jusqu'à nous. Je sors ma (bicyclette) Rover pour aller faire des courses, passer à la banque. Fait quand même lourd, même si j'aime mieux être ici que sur les Champs Élysées, question ambiance. Première tentative avec Pandémonium, de Régine Detambel. Mais après les écritures extrêmes de Volodine et d'Angot, différentes l'une de l'autre à ceci près qu'elles sont d'une terrible exigence, celle de Detambel me paraît plus commune, travaillée, recherchée, certes, non sans formalisme, d'ailleurs, comme le soulignait avec malignité Fred Vargas dans une émission de télé où les deux auteurs étaient invitées, mais... — elle serait aux deux autres ce que l'artisan est à l'artiste : la bonne facture n'est pas aussi prenante que la signature unique. Mais je ne renonce pas. Il faut que j'accomode. « Le mot [diversité] a la même ambiguïté que "multiculturalisme" : on prône la diversité, ce qui ne dérange évidemment personne, et dans le même mouvement on justifie que "l'accueil et l'ouverture", évoqués par Chirac devant Fadela Amara et des amies de "Ni Putes Ni Soumises", soient mis en œuvre diversement selon cette diversité — la "lutte contre toutes les formes de discrimination" étant le paravent rhétorique habituel. Prôner le multiculturalisme dans une société rongée par l'apartheid rampant, se féliciter de la diversité alors que l'uniformisation et l'inégalité progressent partout, telle est la ruse de la LQR.» (Éric Hazan, LQR, p. 49) Commentaires1. Le lundi 10 juillet 2006 à 06:36, par Manu : Tiens, je lance un petit jeu : essayons de deviner ce que Materazzi a bien pu dire à Zidane. Je me lance "T'as vu, j'ai une meilleure tête que toi. A 34 ans, tu as perdu la tienne" 2. Le lundi 10 juillet 2006 à 06:39, par Berlol : Il me semble avoir vu ce petit jeu déjà sur un ou deux blogs dans l'aprem, peut-être sur Libé... Les propositions sont plus musclées et moins spirituelles que la tienne, hélas... 3. Le lundi 10 juillet 2006 à 07:10, par dan : Votre interprétation est séduisante, mais elle se
heurte, il me semble, à la mine et l'attitude de Zidane durant
les longues secondes de flottement au cours desquelles l'arbitre
a tâché d'apprendre ce qui venait de se passer. S'il avait eu
dans l'idée le geste de dénonciation flamboyante que vous lui
prêtez, n'aurait-il pas, question en somme d'inscrire, pour
mettre aux "harceleurs" le nez dans leurs vilaines méthodes, son
nom au bas d'un martyrologe de l'occasion, confirmé d'emblée les
vociférations de Buffon (entre autres) en train d'exposer le
coup de boule à l'arbitre ? Il a plutôt paru espérer, "contre
toute raison", que pas un membre du corps arbitral ne l'avait
pris les doigts dans le pot de confiture. 4. Le lundi 10 juillet 2006 à 07:21, par vinteix : On imagine sans peine ce que Materazzi a pu dire à Zidane... et ce n'est pas glorieux du tout, pas plus que le geste de Zidane lui-même, mais je suis d'accord avec l'interprétation de Berlol, sauf que je ne pense que cela ait été si réfléchi. Les propos de Materazzi ont été la goutte d'eau ; on sait bien ce que lui et d'autres dans le championnat italien ont l'habitude de dire; le racisme est permanent dans les stades. De plus, à l'anti-jeu, aux tirages de maillots (mais cela est dans tous les matchs), et aux mots de trop, il faut ajouter la pression qui pesait sur Zidane, notamment après les propos infames que la presse espagnole a tenus sur lui après l'avoir adulé... Tout ceci a fait qu'il a craqué au moment où il n'aurait pas dû... humain, trop humain... Il va sûrement le regretter amèrement, tandis que la connerie de l'autre, étouffée par sa victoire, ne prend pas le chemin de la guérison... 5. Le lundi 10 juillet 2006 à 07:38, par dan : Note à moi-même : "coCktail", patate. 6. Le lundi 10 juillet 2006 à 07:41, par Berlol : "la connerie de l'autre", oui, ça, ça ne va pas
s'arranger avec le temps, tu as raison. 7. Le lundi 10 juillet 2006 à 09:06, par cg : mon avis (et je le partage) est que ces jeux du cirque
modernes dont on nous rebat les oreilles à longueur de journée
ne sont qu'une mise en scène destinée à occuper les cerveaux du
peuple à autre chose qu'à critiquer les puissants : 8. Le lundi 10 juillet 2006 à 14:04, par caroline : Alors là, Bravo cg ! On nous amuse et on marche en plein. Sans Tv et me foutant éperdument du foot toutes ses histoires me paraissent aussi lointaines que la reproduction de l'oiseau persifleur de Patagonie ! Quoique, l'oiseau persifleur... 9. Le lundi 10 juillet 2006 à 14:22, par janu : Chouette, hourra, nous sommes deux! Transgressif, beau
(je le vois peint par Goya, moi, le geste du grand homme droit
qui s'abaisse en taureau), vrai comme le cri rompt. Et rare (je
ne m'y connais guère, mais je n'ai jamais vu personne le faire,
le coup de boule dans le thorax). (Je n'ai osé le dire, mais
comme je suis, je suis allé jusqu'à rêver d'une équipe quittant
le terrain comme un seul homme, tout orgueil, enfance : on joue
plus). 10. Le lundi 10 juillet 2006 à 17:21, par Mth Peyrin : (AVEC CORRECTION ) 11. Le lundi 10 juillet 2006 à 18:36, par vinteix : Ah ! les beaux discours des purs, des justes, des sans taches ! et les grands mots définitifs : "le mythe qui s'effondre", etc. ! et la discrimination raciale, la connerie verbale, vous connaissez ? 12. Le lundi 10 juillet 2006 à 18:44, par vinteix : de plus, ce sont les médias qui ont statufié Zidane et l'ont érigé en modèle (social)... lui, je pense, rêve depuis longtemps d'une vie beaucoup plus tranquille... et que l'on aime ou pas le football, il reste dans ce domaine, sportif, un des plus grands. 13. Le lundi 10 juillet 2006 à 19:38, par Mth Peyrin : Zidane est un homme très sympathique. Oui ce sont les médias et les fans qui en rajoutent des pelures sur le mythe . Non il ne s'agit pas d'un discours de "purs" etc... Du bon sens que Diable ! Ne nous voilez pas la face... Moi j'aime bien voir qui j'ai en face et si c'est un tueur ou un tordu je lui dis ce que pense. Ce n'est pas mythique , c'est légendaire... 14. Le lundi 10 juillet 2006 à 20:00, par Berlol : Par Goya, oui, pas mal, en effet, merci Sylvain. Puissant. Rompre avec la loi de la violence rampante et de l'insulte salissante — par la violence revendiquée, hautaine (de la tête, et surtout pas du pied). Oui, j'espère que les petits prendront exemple du langage plutôt que du geste. Pour Gracq, oui, les mouvements d'inconscience collectifs (phylotropismes) constituent le thème principal du Rivage des Syrtes, sur un canevas philosophico-historique d'Oswald Spengler (qui a aussi, bien que ça n'ait rien à voir avec Gracq, inspiré quelques nazis). 15. Le mardi 11 juillet 2006 à 01:24, par cg : j'aime bien zidane moi aussi, et ce que vous en dites (berlol,
janu...) est assez joli, mais il faut être conscient du fait que
son personnage public est aussi fabriqué que celui de ... loana
par exemple, que j'aime bien aussi 16. Le mardi 11 juillet 2006 à 08:15, par vinteix : Au risque de passer pour un gros bourin de footeux, je me permets de revenir sur le geste de Zidane, car c'est mesquin et aussi ne rien comprendre au déroulement des matchs de football que d'accabler ce joueur et de le désigner comme un "pitbull" ou autre... Le mythe est une pure construction des médias et de ces débiles criant "Zidane président", ça oui, mais le joueur est une légende du sport. Mais qu'à ce moment-là, moment d'apothéose, après avoir porté de tout son talent une équipe, après les critiques les plus basses venues de plusieurs pays dont le dernier où il a joué et été adulé, après (comme tant de matchs, mais les Italiens sont spécialistes en la matière) un match où il ne cesse d'être tiraillé, maillot tiré, etc., un énergumène connu pour sa violence verbale et physique lui lance les pires insultes (dont on connaîtra bientôt la teneur mais on imagine déjà la saveur), alors moi je comprends que l'on puisse craquer et péter les plombs... alors qu'au même moment, par ailleurs, la mère du joueur en question ne semble pas aller très bien physiquement... Par son geste, Zidane nous rappelle que les mots ont un poids, que la violence verbale n'est pas rien, et que certains propos sont inacceptables, oui, et cela n'a rien à voir avec la langue de bois des politiques. Oui, il nous rappelle d'où il vient, et là, on n'est plus dans le mythe, et à la limite, j'applaudirais presque à son geste, alors que sur le moment, je lui en voulais tellement, car il vient de ces quartiers et de ces milieux que l'on ne cesse de déconsidérer et de rejeter. Il n'est pas un mythe, mais un homme... HUMAIN TROP HUMAIN. Au moment du soulèvement des banlieues de l'automne dernier, certains ont parlé, à juste titre, du manque de compréhension de "la politique du feu" (historiquement millénaire) et de la compréhension de certains (les politiques et une grande part de la société) de tout sauf de la violence... mais n'y a-t-il pas un moment où ces gens-là en ont marre d'être en marge et où ils n'ont plus que le feu pour tenter de se faire entendre ? Certes, le contexte d'un stade de football n'est pas le même, mais Zidane vient de ces milieux d'exclus et il y a fort à parier que la saloperie verbale de l'autre a réveillé en lui l'INACCEPTABLE. 17. Le mardi 11 juillet 2006 à 16:23, par Mth Peyrin : Le meilleur argument c'est la vérité. La vérité c'est qu'à tolérer la violence verbale et physique sur les stades alors qu'on apprend aux mômes à la contrôler dans d'autres sports collectifs, on ne rend de service à personne. La justification a posteriori est toujours possible, qui de la poule, qui de l'oeuf. Les faits sont là. A un haut niveau de compétition. C'est tout. Et des millions de gens vont se souvenir de çà malgré tous les discours intellos ou pas. 18. Le mardi 11 juillet 2006 à 18:31, par vinteix : La vérité ! encore ce grand mot, lâché
inconséquemment... Personne ne tolère la violence verbale ou
physique sur les stades ! 19. Le mardi 11 juillet 2006 à 21:32, par Berlol : Oui, moi aussi j'ai tiqué sur le mot "intello" mais je ne relève plus maintenant, ça ne sert à rien — d'ailleurs on ne sait pas qui est visé, c'est du tir flou. 20. Le mercredi 12 juillet 2006 à 01:43, par Mth Peyrin : J'aurais du mettre ce mot "intellos" entre guillemets et le replacer lui aussi dans son contexte. Il est le mot lâché çà et là pour stigmatiser un raisonnement plus "secondarisé" et argumenté qui agace un raisonnement plus "sommaire" sur les questions sociales de fond. Comment "laisser vivre" ensemble des gens sans qu'ils s'agressent et s'entretuent. Ces raisonnements s'excluent les uns et les autres et ils aboutissent à la confusion. Le "tir flou" est ce à quoi j'assiste au même titre que n'importe qui , c'est justement ce que je suggère sous la mention "idiscours ntellos ou pas" , il ne s'agit donc évidemment pas de cibler des personnes mais des comportements observables partout et à tout moment. Le comportement, on peut en changer sous des conditions favorables et s'abstenir si faire se peut de déployer le système de défense archaïque du Talion . Tenter de ne pas répondre sur le même registre à la provocation . Dire "les faits" au lieu de "vérité" peut calmer les esprits, mais qu'est-ce que ça change ? La déception et la colère sont à digérer.Cela prend du temps.Et la répétition est tenace. 21. Le mercredi 12 juillet 2006 à 02:34, par vinteix : Je ne comprends rien au commentaire précédent ! 22. Le mercredi 12 juillet 2006 à 04:38, par Mth Peyrin : Ne pas vouloir comprendre est une façon de tourner en dérision ce que je dis et qui ne vous convient pas. Vous me prêtez une intention que je n'ai pas , celle de bouleverser le monde avec "un" mot et je ne peux que vous le dire tranquillement. Je me sens plus proche de la sensibilité de Nathalie Sarraute que de celle de Victor Hugo et je pense une fois encore qu'il faut de l'humilité dans les propos échangés ce qui est plus facile à prescrire qu'à s'appliquer à soi-même. Je n'outrepasserai ni ma patience, ni la votre et l'hostilité n'est pas le mode de conversation idéal. Et l'échange objectif et constructif semble compromis. C'est dommage. C'est ainsi. Ce ne sera pas de mon fait. 23. Le mercredi 12 juillet 2006 à 06:27, par vinteix : Aucune hostilité de ma part, soyez tranquille; j'ai
simplement dit que je ne comprenais pas votre commentaire. 24. Le mercredi 12 juillet 2006 à 07:18, par Berlol : Il faut surtout concéder et tolérer... (à suivre dans le billet du jour) 25. Le mercredi 12 juillet 2006 à 07:57, par Mth Peyrin : Vinteix je vous lis bien plus attentivement que vous ne le faites et quand je vous renvoie vos propres expressions vous les récusez. C'est assez sportif pour finir.Ennuyeux, c'est vous qui le pensez. Fatigant c'est certain .Vous laisser entre initiés ayant "langage commun" est en contradiction relative avec la superbe injonction paradoxale de Berlol : "Concéder et tolérer" ... Quoi au juste ? Puisqu'au bout du compte l'application est à géométrie instable donc , induit la condition de se laisser maltraiter sans broncher ( le refus de "relever" un mot qui n'est pas employé dans le sens où il a été émis est une forme de démission navrante) . Triste parade, hélas ... Mais les leçons du passé n'ont pas été suffisantes . L'hostilité est présente quelles que soient vos dénégations. Tant pis. 26. Le mercredi 12 juillet 2006 à 09:40, par vinteix : Vous me fatiguez, vous... Je vous salue. 27. Le mercredi 12 juillet 2006 à 23:05, par Mth Peyrin : Ben... Reposez-vous ! Cordialement. 28. Le mercredi 12 juillet 2006 à 23:53, par vinteix : Une dernière explication de texte : que vous me fatiguiez ne signifie pas forcément que je sois fatigué; merci de votre attention. 29. Le jeudi 13 juillet 2006 à 05:57, par Mth Peyrin : Pas de problème ! |
Mardi 11 juillet 2006. Cessant
de pomper dans le noir. J'avais une photo à mettre mais j'ai oublié de la transférer. Maintenant j'ai la flemme. La journée a encore été dure. M'a donné l'impression que j'étais plus chargé que jamais. Du stress disproportionné à ce qu'on me demandait, d'ailleurs. C'est ma faute. Mais quand ça vient de plusieurs directions et que ça m'arrive en même temps, la tension et l'attention chutent ensemble. Je ferme boutique. Allez, voyons ça comme le syndrome post-paroxysme, juste après le maximum de tension ou de désagrément, quand un petit espace de repos se dégage et qu'il est tout envahi par la bile contenue on ne sait où jusque-là. Je n'ai pas déjeuné, juste pris quelques céréales avec du jus d'orange. Fini enfin mon gros dossier mais oublié de le signer (acte manqué que je réussirai demain matin). Dîné sans goût. Je respire un peu mieux depuis une heure. Et aussi depuis quelques minutes, que j'ai trouvé une musique rythmée, peu signifiante, moyennement originale et avec un peu d'acidité dedans. Si je mettais du rock maintenant je déprimerais tout à fait, du Mozart je me suiciderais. Avançons. Ça avait pourtant normalement commencé. Je corrigeai des copies dans le shinkansen. Je lisais Vers le sud dans le métro. Je faisais mes deux cours... C'est vrai, en me répétant à chaque que c'était l'avant-dernier du semestre. Mais ça paraît normal. En revanche, l'humidité de l'air était anormalement haute, tout le monde se plaignait de la poisse, ce qui d'habitude a le don de m'amuser. Aujourd'hui, guère. C'est que tout est tellement inutile. Il faut se cacher l'essentiel pour avancer. Je ne crois plus à la société (y ai-je jamais cru ?). Ça laisse si peu. Tiens, je devrais boire un coup... ——— Je reviens de la cuisine avec un doigt de Chartreuse sur quatre glaçons. À la télé, une phrase du dévédé laissé en plan : « I'll just catch as catch can ! » Bien sûr, écrire calme. Se figurer des choses à dire. Pour soi et pour qui ? Qu'importe, c'est le mouvement des neurones cessant de pomper dans le noir et traçant à nouveau le cercle magique du for intérieur, s'y mettant en défense, rétablissant les valeurs positives de la maison climatisée, de la ville moderne, du bon fauteuil. Ou est-ce la Chartreuse déjà ?... Déjà, on s'amuse à bouger des lettres. On va dire que c'était une journée intercalaire. Une de ces journées qu'il vaut mieux oublier. Mais écrivant cela, je suis certain que cette nullité artificielle va se graver mieux que les jours heureux et que, relisant ces lignes dans dix ans, je me retrouverai ici comme maintenant. Ce que je ne sais pas, c'est si ça me fera plaisir ou pas. « I'll just catch as catch can ! » quelaques céréles
cérénales avec jus d'orage le monde se paignait de la polisse dîgné sans oût ça lasse si pieu poper dans le nomir Commentaires1. Le mardi 11 juillet 2006 à 08:26, par vinteix : Se suicider avec du Mozart ? ouais, peut-être, ça dépend quoi... pas "Cosi fan tutte", en tout cas, ou le concerto pour piano n°21 ou etc. ... ? 2. Le mardi 11 juillet 2006 à 08:29, par vinteix : Du Syd Barrett alors ? ... il vient de mourir... 3. Le mardi 11 juillet 2006 à 11:27, par brigetoun : ça existe encore la charteuse ? 4. Le mardi 11 juillet 2006 à 12:18, par caroline : Moi j'ai la chance d'avoir des côtes du Rhônes par cubi. alors,
je crois que si je n'avais eu que de la Chartreuse, je serait devenue
abstinante. (À propos, j'étais à la Chatreuse de Villenenve
aujourd'hui... aucun rapport) 5. Le mardi 11 juillet 2006 à 14:08, par cg : j'espère que tu ne fais pas une déprime post-mundial ! 6. Le mardi 11 juillet 2006 à 15:43, par Berlol : Non, pas de rapport avec le Mondial. La Chartreuse, je l'ai héritée d'un ami qui quittait la ville, il y a... trois ans (et je l'ai encore, c'est dire combien j'en bois...). Pour Syd, j'ai mis un lien déjà... Ai bien dormi, ça va aller. 7. Le mardi 11 juillet 2006 à 15:58, par cg : voilà une bonne nouvelle : la chartreuse a donc au moins pour vertu de faire bien dormir ! bonne journée. 8. Le mardi 11 juillet 2006 à 16:02, par Bikun : Ohayooo pour toi...et bonne nuit pour moi...je viens de poser ma
dernière note, il est temps d'aller se coucher même si je ne suis pas
fatigué! 9. Le mercredi 12 juillet 2006 à 02:48, par Bikun : Berlol, j'ai remarqué depuis peu que les commentaires dans le fil rss sont tronqués. La fin du message est absente ce qui oblige à venir ensuite sur le site (d'ou perte de temps...), aurais-tu changé l'option "fils RSS et Atom court" ? 10. Le mercredi 12 juillet 2006 à 03:12, par Berlol : Oui, comme je viens de l'expliquer à Manu par courriel, parce que les agrégateurs RSS ne respectent pas du tout la mise en page. Je souhaite donc que quelqu'un qui peut s'intéresser à un de mes billets par la lecture des trois premières lignes vienne sur le site pour en profiter pleinement. Malheureusement, Dotclear n'offre pas de gestion séparée de cette option pour les billets et pour les commentaires. Donc perte de temps... que j'impose à tous... parce que ce que j'écris n'est PAS QUE de l'information consommable. Voili voilou... 11. Le mercredi 12 juillet 2006 à 06:07, par Manu : Moi j'utilise Netvibes. On peut configurer chaque fil de façon à ce que le contenu s'affiche dans l'interface de Netvibes ou que les liens redirigent vers le site d'origine. J'avais évidemment choisi de lire tes billets sur ton blog et les commentaires au sein de Netvibes. Si quelqu'un s'intéresse un tant soit peu à ton blog, je pense qu'il te lira directement sur ton site ! 12. Le mercredi 12 juillet 2006 à 06:20, par Berlol : Netvibes serait donc plus performant que Bloglines ?... Ce serait embêtant de devoir changer, mais bon, si ça se confirme... 13. Le mercredi 12 juillet 2006 à 09:00, par Bikun : Berlol, de quels agrégateurs RSS parles-tu? Bloglines? J'utilise
Thunderbird, et il conserve la mise en page, et j'ai bien les photos au
bon endroit. 14. Le mercredi 12 juillet 2006 à 14:54, par Bikun : Manu, pas d'accord. On peut s'intéresser au blog de Berlol sans pour autant devoir aller sur son site! 15. Le mercredi 12 juillet 2006 à 22:06, par Manu : Bikun, c'est pas toi qui disais sur ton blog que tu allais
abandonner les agrégateurs ? Tu parlais surtout de ceux en ligne je
crois, à cause de l'utilisation qui allait être faite de l'analyse des
usages, mais tu avais aussi d'autres raisons il me semble, tel que le
plaisir à visiter le site d'origine, ou quelque chose comme ça, je me
trompe ? 16. Le jeudi 13 juillet 2006 à 00:31, par Bikun : exact Manu, en fait je parlais surtout de NetVibes que je
n'utilise plus. Par contre j'utilise toujours Thunderbird qui est très
pratique. Dans le même logiciel je peux lire mes emails et mes fils rss. |
Mercredi 12 juillet 2006. Premier
à décocher le lapidaire. Depuis que la revue Pylone a commencé à inviter des auteurs sur un rythme hebdomadaire, j'ai lu pas mal de choses intéressantes, mais rien qui sorte de l'ordinaire, selon moi. Cette semaine, ça change : le journal de Sébastien Carpentiers (inconnu au bataillon), maintenant à son second jour en ligne, est vraiment étonnant, jubilatoire, dérangeant, etc. Je voulais mettre un commentaire sur le site Pylone mais tout ce que je pensais écrire me paraissait trop convenu. Donc, assumer ici. Ça éclairera ma semaine (en plus de Laferrière, Hazan et Laurrent). Entre 80 et 90 % d'humidité, ça pègue. On s'habitue à être mouillé en cinq minutes, sans rien faire. Et ce n'est même pas de la transpiration, juste la condensation. On limite donc les sorties, ou on les fait ombreuses et nonchalantes. Il n'empêche que mon dossier est parti (signé), que mes deux cours sont derrière et que j'ai corrigé plusieurs plans de rédaction de fin de semestre du séminaire de cinéma (suis allé jusqu'au bout de l'expression pour voir combien de génitifs, cinq, un tantinet lourd). Pour la transpiration, la vraie, je suis allé pédaler et monter des marches au centre de sport, perdant un kilo en une heure, sans doute repris dans l'heure suivante avec les boissons et le dîner. Cependant, le poids baisse lentement et régulièrement. «[...] attendu qu'un irrésistible et incessant besoin de parler l'habitait, sans que, pour autant, cette loquacité tournât au monologue, ressortissant au contraire à un authentique dialogue — car, après chacun de ses propos, mon interlocuteur prenait garde à m'impartir un temps afin que je lui répondisse, nonobstant que l'examen qu'il faisait de ma bouche me condamnât au mutisme —, mais un dialogue un peu particulier, dont les répliques d'une des parties, en l'occurrence moi, eussent relevé d'un mode de communication non langagier, infraverbal, se limitant en effet pour elle à de vagues gestes des mains, à quelques clignements d'yeux ou à de sourdes interjections, autant de signes, somme toute, assez hermétiques, ou amphibologiques, mais auxquels, à mon grand étonnement, l'homme semblait chaque fois accorder un sens bien précis, reprenant à leur suite la parole non à l'endroit où il l'avait interrompue, mais en deçà, ou au-delà, comme si je venais réellement, et de manière intelligible, de lui donner la repartie [...] "Pour tout vous dire", poursuivit-il sous son masque de chirurgien, que faisaient palpiter le mouvement de ses lèvres et le halètement toujours plus rapide qui s'en échappait, tandis que, se démenant énergiquement au-dessus de moi, il tirait, dans un fracas d'Atlantide engloutie par les flots, de formidables craquements osseux de ma bouche béante, entre les parois de laquelle s'échoïfiait le chuintant et bouillonnant clapotis de la pompe aspirante, "je suis personnellement un fervent partisan de leur avulsion systématique [...]" » (Éric Laurrent, Clara Stern, Éditions de Minuit, 2005, p.15 & 16, il s'agit des dents de sagesse, bien sûr...) Après trente mois de pratique quotidienne du JLR, c'est un carnage, la zone de commentaires. Certes il y a toujours de bons échanges, mais les malentendus, volontaires ou pas, les guerres larvées ou ouvertes qui s'y sont déroulées, parfois avec des textes fort longs, parfois sur des répliques cinglantes, semblent en rapport avec des intérêts, des conflits d'intérêts intellectuels qui dépassent largement le cadre du JLR. Je ne dis pas que je n'y suis pour rien et que je le regrette — non, j'ai ma part dans tout ça et je suis le premier à décocher le lapidaire. Je dirais plutôt que c'était inimaginable au départ, que ça reste surprenant et parfois éprouvant, mais que cela veut sans doute dire quelque chose qu'il convient d'observer et d'interroger parce que ça n'existait pas dans les précédentes formes d'écriture et de conversation écrite, tout en regrettant que beaucoup soient partis sur un coup de tête, un forfait ou une blessure d'amour propre, ou sur une lassitude de ce qui était jugé de l'ordre du contentieux plutôt que de l'ordre du contentement. —— La machine a fini, faut que j'étende mon linge... —— Me revoilà, que disais-je ? Ah, oui. Que l'errement ou l'erreur de mes points de vue, que la latitude ou la souplesse que je m'octroie, et qui dessinent conceptuellement l'aire de ce lieu virtuel mieux que ne le fait le volume des billets, rencontrent en contrepartie et en effet la connivence que je souhaite, qui est ce que j'appelle de mes vœux, et donc de l'ordre du prévisible, mais aussi, pour une autre part, non négligeable, Comme si ce que je mettais en place constituait malgré moi un piège où des lecteurs se sentent en confiance et se livrent dans une brièveté congrue à cette confiance, alors même que d'autres ne comprennent pas du tout la même chose ou ne sont pas là pour les mêmes raisons. Comme une intersection entre des mondes parallèles qui ne devraient pas se rencontrer et dont la promiscuité forcée provoque d'inévitables étincelles, tantôt prolifiques tantôt meurtrières. Commentaires1. Le mercredi 12 juillet 2006 à 09:49, par vinteix : oui, c'est bien pour cela que je pense abandonner tout commentaire ; impression de me perdre moi-même aussi. 2. Le mercredi 12 juillet 2006 à 09:54, par Mth Peyrin : Entièrement d’accord avec ce qui précède et suis tout à
fait favorable aux efforts pour assumer ce qui s’est tramé ici
et se détissera naturellement comme toute étoffe malmenée et
usée . Dire ou ne pas dire « hélas » est probablement tardif. Il
n’y a qu’un seul Monde. On peut rire en lâchant des vannes dans
le registre littéraire. C’est une façon comme une autre de
garder un peu d’indépendance… Ce n’est pas du luxe… 3. Le mercredi 12 juillet 2006 à 09:54, par vinteix : ... car, très vite, on ne sait plus trop de quoi on parle... Je crois que c'est un des pièges de cette forme d'expression. 4. Le mercredi 12 juillet 2006 à 12:17, par brigetoun : malgré tout je risque un commentaire : l'agrément est en effet votre flanerie, dérive intelligente, je déguste et je me tais 5. Le mercredi 12 juillet 2006 à 16:36, par cg : mais les étincelles et les heurts de mondes parallèles qui animent ce lieu virtuel font également partie de son pouvoir d'attraction 6. Le jeudi 13 juillet 2006 à 06:05, par vinteix : Ah ! nous y voilà ! Jusqu'à cet instant, je n'avais pas
eu la curiosité de cliquer sur le pseudo du commentaire n°2 : en
fait, une ancienne amie des lieux, de retour ! Je me disais
aussi qu'il y avait quelque chose dans le style... |
Jeudi 13 juillet 2006. Pas
le temps de m'étendre virtuellement. Jour à trois cours, donc peu d'autres activités. Même pas lu mes correspondants préférés. De plus, bientôt fin de semestre, donc sortie avec étudiantes du séminaire de cinéma (restaurant dans le centre de Nagoya, avec boisson à volonté, hum, hum... discussions très intéressantes, beaucoup appris). Au séminaire, justement, étude détaillée de la scène des Poupées russes dans laquelle Xavier demande à Isabelle de jouer le rôle de sa fiancée pour aller voir son grand-père de 98 ans (peut-être plutôt son arrière-grand-père, à cet âge-là). Cécile de France dans un rôle compliqué : celui d'une journaliste financier, homosexuelle assez masculine, qui essaie d'avoir l'air féminine et bien élevée. Quelques répliques bien dans le ton puis glissement, dérapage, comme par exemple que chez les traders on se « tire la bourre »... Là, Papy est largué, d'autant qu'elle a repris des attitudes de garçon, Xavier ne sait plus où se mettre. Mes étudiantes esclaffées de comprendre en détail le dérapage. De l'intérêt, donc, d'une étude de scène image par image, sans sous-titres en japonais — dont le sens est le plus souvent un résumé en langage édulcoré qui respecte rarement les règles de l'art, lu avant même que les paroles soient dites, et qui a pour effet de couper tout effet de surprise, de créer un filtre isolant... Ce qui est mieux que rien pour une personne qui ne comprend rien à la version originale devient pire que tout pour un apprenant. Et puis T. arrive à Nagoya, pour un soir, avant déplacement à Kyoto demain. Donc, pas le temps de m'étendre virtuellement. Je reviendrai... peut-être avec des photos. « Primum vivere, deinde philosophari Vivre comme un primate ; philosopher comme une dinde.» (Jean-Pierre Verheggen, Ridiculum Vitae, p. 164) Commentaires1. Le jeudi 13 juillet 2006 à 07:49, par david : moi je dis il faut des photos...surtout des étudiantes
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Vendredi 14 juillet 2006. Yoi-yoi-yoi-yama. Rues très tôt tièdes de Nagoya, impromenables. Au lieu de cela, T. explore, dans la chambre où dormait Bikun l'an dernier, une bibliothèque composée des livres qu'elle m'avait donnés en dépôt il y a six ans, n'ayant pas assez de place à Tokyo. En une heure, pile instable de tout ce que je dois ramener à la capitale pour qu'elle se reprenne l'étude du conte populaire et du burlesque... Gare de Nagoya. Bic Camera, dictionnaire électronique pour T. Le modèle que j'ai acquis il y a deux ans n'existe plus, évidemment, et le nouveau est plus cher... On ajoute un étui pour éviter la casse (dans les classes, il y en a au moins un par semaine qui tombe — à cause des tables trop étroites). Déjeuner dans la gare puis modification de notre réservation de train pour partir un peu plus tôt. « Après Sartre, après Foucault, après Deleuze, on pouvait espérer en avoir fini avec l'exploration des valeurs universelles. Qu'elle soit devenue quotidienne et éhontée représente un cas du symptôme déjà décrit qui consiste à se féliciter pour ce qu'on possède le moins, pour ce qu'on est le moins.» (Éric Hazan, LQR, p. 73) Au moins, ici, cultive-t-on les valeurs locales... Fraîcheur, presque, à Kyoto. Il y a eu un gros orage juste avant notre arrivée, il a fait substantiellement chuter la température. Hôtel Okura, superbe chambre qui donne sur l'avenue et un peu sur la Kamogawa. Sortie pour trois heures de flânerie par les ruelles jusqu'à certains des chars de Gion Matsuri, déjà installés pour exposition dans les rues avant de servir au défilé. Il y a moins de monde que le soir, évidemment, moins d'ambiance aussi, comme nous l'avons déjà vu par le passé. L'avantage de l'après-midi, nous le découvrons puisque nous n'avons pas à partir comme l'an dernier, c'est que les familles ou les groupes de personnes qui s'occupent des chars du défilé ouvrent leurs maisons, montrent les tapis et autres décoration des chars, vendent des articles vestimentaires et des accessoires dans une ambiance de kermesse et à des prix défiant la concurrence. Les rues sont bordées de stands où s'intercalent les jeux pour enfants, pêche au crabe ou tir aux cigarettes en chocolat, et les nourritures grasses et sucrées, yakitori, omelettes au bacon dans des moules en forme de poisson, pommes d'api ou crèmes glacées. T. renouvelle son chimaki mais nous n'aurons pas le temps d'aller jeter à Yasaka-jinja le talisman périmé. « Non possumus L'opossum ne veut pas.» (Jean-Pierre Verheggen, Ridiculum Vitae, p. 165) Dîner de fête avec Alex et Rie, en haut de l'hôtel Okura, restaurant français Pittoresque, chic et raisonnablement cher. Le paysage de Kyoto est magnifique et servira au maître d'hôtel à nous montrer la direction d'où proviennent les légumes que nous mangeons. Un excellent bordeaux de 98 dont j'ai oublié le nom accompagne notre choix commun : gaspacho à l'oursin, terrine d'aubergine et fois gras, filet de bœuf, mais aussi, même si c'est trop pour nous, fromages bien affinés et ronde de desserts à n'en plus finir... Allons à quatre nous promener plus ou moins par les mêmes rues que cet après-midi. Mais ambiance beaucoup plus festive, bien que ce ne soit que Yoi-yoi-yoi-yama (l'avant-veille du défilé, le journal dira demain matin qu'il y a déjà eu 22.000 personnes dans les rues) — et chaleur, en moins d'un quart d'heure, je commence à couler et maigrir du dos. Et pas du ventre, qui restera lourd du repas jusqu'à ce qu'on se couche, vers minuit, crevés. |
Samedi 15 juillet 2006. C'est
dans les petits sacs qu'on trouve les meilleures épices. Grand buffet de petit-déjeuner, en haut de l'hôtel Okura. Nous regardons des cyclistes sur les berges de la Kamogawa — souvenir d'avoir nonchalemment pédalé là il y a plus de dix ans, envie de le refaire (à programmer — en tout cas, ça nous donne l'idée de venir ici avec ma sœur fin décembre...). Note payée à la réception, y laissons nos bagages et filons dans un taxi, billets d'exposition en main... Exposition Léonard Foujita, ratée à Tokyo ce printemps. Superbe musée près du sanctuaire Heian, pas trop de monde. Beau rassemblement d'œuvres — jamais eu personnellement une image aussi complète de cet artiste — à l'heure où le Japon voudrait se le réapproprier, après l'avoir enrôlé de force, si je comprends bien, dans la représentation de la Seconde Guerre mondiale, puis l'avoir critiqué et rejeté dans les années 50-60. On s'accorde à louer ses recherches sur le blanc, T. apprécie tout spécialement ses chats, pour ma part je suis surtout sensible à la radiation des corps dans les toiles des années 1920-1930 : une fine ligne comme de crayon noir qui délimite le corps est redoublée d'une ou plusieurs épaisseur(s) de blanc isolant ou radiant — est-ce l'esseulement du corps dans son enveloppe, est-ce son aura magnifique ? Par ailleurs, intéressante similitude entre sa façon de dessiner / peindre sa table de travail et le dessin de Claude Simon sur le même thème. T. voulait qu'Alex lui montre où se trouve un certain magasin traiteur de konbu, algue que l'art culinaire japonais amène à un très haut niveau de raffinement. Le chauffeur de taxi connaît d'ailleurs tout près du lieu de rendez-vous, au carrefour Imadegawa-dori et Sembon-dori, une excellente préparation artisanale de sansho (山椒) aux feuilles de thé, mélange que l'on disposera par exemple sur du riz blanc. Il nous arrête devant, va saluer la patronne et nous introduire — sidérée, cette dernière a quand même le temps de noter le nom de son bienfaiteur — et on a le dernier paquet de la matinée 山椒は小粒でもぴりりと辛い, proverbe qui dit que c'est dans les petits sacs qu'on trouve les meilleures épices, ou que ce sont les petites têtes qui sont les mieux faites... Chez le konbuyasan, T. fait une razzia, autant pour nous que pour faire des cadeaux à Tokyo. Autre magasin de tsukemonos, juste en face, encore quelques petits sachets. Le tout n'est pas très lourd quand même. Alex nous nous fait découvrir le Tofu Café où il vient souvent, excellent et léger. Dernière promenade au sanctuaire voisin, le grand et beau Kitano Tenmangu, construit pour honorer posthume un personnage injustement banni (sur l'île de Kyushu), dont la mort avait été suivie de diverses catastrophes et que le pouvoir en place avait prudemment décidé de réhabiliter... On transpire allègrement bien que le soleil soit voilé et qu'il y ait de temps en temps des averses orageuses, un temps rare pour Kyoto en juillet. Nous revenons près d'une grande avenue par la Kamishichiken (上七軒), une rue bordée de nombreux restaurants japonais chics et classiques et qui, le soir, paraît-il, s'emplit de promeneurs, de grosses voitures et de belles dames en kimono (maikos). Alex a l'art des transitions et prépare ainsi notre prochaine venue... Merci, T. est déjà d'accord, moi itou. Train de retour, dont je descends à Nagoya tandis que T. y reste jusqu'au terminus. Soirée de repos et de lecture. Commentaires1. Le dimanche 16 juillet 2006 à 04:13, par brigetoun : malgré la transpiration, les deux derniers messages me laissent une impression de luxe. Foujita me plaisait sans plus jusqu'à ce que je découvre à Pompidou les toiles du début, sans doute moins personnelles, mais plus fortes, entre un reste de fauvisme et expresionisme - souvenir à vrai dire un peu flou juste le rappel d'un petit choc 2. Le dimanche 16 juillet 2006 à 05:49, par Berlol : En effet, au début de l'exposition, j'ai eu l'impression
de voir côte à côte un Braque, un Picasso, un Miro et un
Kandinsky. Il y avait beaucoup d'échanges, des recherches
communes. La personnalité de Foujita se différenciera et
s'affirmera vraiment dans l'aplat et le travail sur le blanc, je
crois. |
Dimanche 16 juillet 2006. Après
amalgame, au bout de la chaîne et simultanément. J'ai donc fait partie de ce très petit nombre de Français à l'étranger qui ont réussi à voter en ligne... À toutes les incertitudes procédurales que le scrutin électronique suscite déjà, j'ajouterai que personne n'est venu voir si j'avais ou non un canon sur la tempe au moment du clic final. De même dans l'enseignement, je crois que la dématérialisation de la présence humaine pour mettre en avant la puissance de la machine est une erreur ontologique. Dimanche d'Open Campus, des milliers de lycéennes et de lycéens, parfois accompagnés de leurs parents, viennent voir ce qu'on a à leur proposer pour l'an prochain. Dans toutes les disciplines représentées, nos meilleurs professeurs ont été mis sur la brèche, enlevés à leurs activités dominicales pour tenter d'attirer, d'harponner avec une corde de six à neuf mois le meilleur choix de cette clientèle. La dénatalité nippone nous amènera d'ailleurs bientôt à être moins regardants sur le meilleur choix. Avec mes deux appareils, je joue les photographes, vais dans les cours de mes collègues ainsi qu'aux tables attribuées à notre département, dans le gymnase, pour immortaliser le passage du gibier et nos attitudes héroïques. « Quousque tandem Ils mangent leur couscous tout en restant assis sur leur bicyclette.» (Jean-Pierre Verheggen, Ridiculum Vitae, p. 163) De nos jours (et jusqu'à quand ?), la plupart des massacres se commettent au su des chefs d'état, des télespectateurs et des internautes. C'est une bien plus grande honte qu'auparavant pour les premiers, dont la malhonnêteté et l'inefficacité sont ainsi patentes (j'ai huit andouilles dans mon jardin), et c'est une bien plus grande tristesse qu'auparavant pour celles et ceux qui exècrent la haine, n'ont aucun pouvoir mais que l'on somme de prendre un parti. Car, dans ce jeu biaisé où la mondialisation de l'opinion prend la place de l'expression des points de vue individuels, chaque parti pris, quel qu'il soit, fera, après amalgame, au bout de la chaîne et simultanément, tomber des vies en poussière et venir des dollars chez des fabricants d'armes. « Mais assez de leçons ! Le problème, c'est la concentration d'un côté et de l'autre, le mou généralisé. Le tout mis sur le même pied d'nez d'hilarité ! Le moindre mot de vous qui devient du mou de veau ! Le consensus et sa femelle, la consangsue qui vous colle à la peau ! » (Ibid., p. 97) |
Lundi 17 juillet 2006. Livres
qui gondolent, là-bas. Découverte par temps libre et pluies torrentielles. Il faut voir la dernière émission de la saison de Madame Monsieur Bonsoir, sur France 5 (émission du 3 juin, disponible sur le site au moins jusqu'en septembre). Pour l'historique des occurrences de l'homosexualité dans les émissions de télé, où l'on voit avec effarement les progrès accomplis depuis les années 1960 et le coming-out de Jean-Louis Bory en 1973, qui fut le premier de l'histoire. Mais surtout, c'est le second sujet de l'émission, pour un fameux match de football de la coupe du monde 1982 dans lequel la violence caractérisée se marie à l'erreur d'arbitrage pour faire couler sang et encre. Michel Hidalgo, invité à témoigner plus de vingt ans après sur le plateau de David Pujadas, considère que la FIFA n'a absolument pas évolué depuis et que le refus de réglementer l'arbitrage par le recours à la vidéo est très dommageable à ce sport. Disons, commentaire perso, que la vidéo aiderait mieux à décider si c'est un sport de ballon ou un sport de combat... Le plus étonnant est tout de même de prendre connaissance de cette émission après la finale 2006, d'entendre ce qu'on en dit quelques semaines avant, car les problèmes de 1982 sont rigoureusement les mêmes que ceux de cette année ! Suis allé imperméablement au centre de sport pour éliminer en lisant. Il y avait du monde, comme normalement un jour férié. Mais c'est surtout pour les cours en salle ou pour la piscine. La queue pour les cours en salle a été réglementée, avec des marquages au sol et des numerus clausus selon l'activité. Ça date de peu et ça veut sûrement dire qu'il y a plus de monde pour ces cours. Je m'étonne tout de même qu'ayant à faire des queues nécessaires, on accepte encore des queues facultatives, surtout dans le domaine des loisirs... Ceci dit, il m'arrive de faire la queue au cinéma ou pour une exposition. Entre deux pages de Clara Stern, j'observe les filles et je me souviens du coup de foudre après la rencontre de T., me demandant quel météore avant-coureur je n'avais su percevoir... « Je n'avais pas fait dix pas le long de la rue Oberkampf qu'une violente averse se déclara, dont les gouttes ventrues, craquetant plus que crépitant sur le sol, duquel elles feraient brièvement s'élever des empyreumes de goudron chaud, se muèrent très vite en grêlons gros comme des billes d'enfant, hachurant l'air de milliers de stries orangées et obliques, dans un fracas croissant de foule applaudissant.» (Éric Laurrent, Clara Stern, p. 41-42) « Or, je demeure convaincu que la raison de ce discrédit brutal et nouveau parmi la gent féminine tenait à ce seul fait que j'étais tombé amoureux, en ceci que cet état devait être perceptible, je veux dire par là que toutes ces demoiselles et dames devaient obscurément saisir, au peu d'empressement que, de toute évidence, je leur témoignais (disons au caractère distant et mécanique, et même désespéré, de cet empressement), le statut de pis-aller que je leur assignais sans m'en rendre compte (et, on le sait, rien n'est plus humiliant dans la vie que de se sentir l'objet d'un suffrage par défaut).» (Ibid., p. 49-50) Dans l'après-midi, toutes fenêtres ouvertes, moustiquaires en place et climatiseur éteint, je laisse la température se stabiliser à 26°C par 78% d'humidité. Je vois des livres qui gondolent, là-bas, dans la chambre. Mais pas le petit LQR dont j'arrive à la fin et qui me fait l'effet de certains petits livres d'apparence bénigne et qui modifient pourtant en profondeur le paysage intellectuel, à l'instar du Plaisir du texte de Barthes, après quoi bien des livres charpentés m'étaient apparus tout simplement inutiles... « Après le référendum constitutionnel du 29 mai 2005, tous les médias ont souligné que "la France du non" était surtout rurale et peu diplômée, jeune et peu fortunée. Façon polie de dire que le pays a penché vers le non à cause de jeunes ploucs sans argent ni éducation.» (Éric Hazan, LQR, p. 109 — étonné qu'il ne le fasse pas, je prolonge sa pensée de la mienne en soulignant que cette mauvaise éducation n'est sans doute pas la cause du vote mais que, le fût-elle, elle incombait depuis des décennies... aux politiques eux-mêmes.) En voyant les infos ce soir, j'étais désolé pour les amateurs de Gion Matsuri. Les très fortes pluies qui s'abattent sur le pays depuis hier n'ont en effet pas épargné Kyoto, où le défilé est un rituel imprescriptible. On pouvait voir les dizaines d'hommes portant ou tirant chaque char dans les rues détrempées, couverts d'imperméables légers et translucides, principalement entourés des policiers du service d'ordre — d'autant plus visibles qu'il n'y avait quasiment pas de public. Commentaires1. Le lundi 17 juillet 2006 à 10:12, par brigetoun : moi y en a être un jeune plouc sans éducation, moi y en
a révérer les sociologues |
Mardi 18 juillet 2006. Vous
accusez l'eau de mer. C'était donc un dé-ca-la-ge ! Plus exactement un retard. La saison des pluies, habituellement attendue mi-juin et pouvant se prolonger parfois jusqu'à la mi-juillet, la saison des pluies est en retard. On a cru y échapper à bon compte en voyant la chaleur arriver. Mais voilà, la pluie attendait quelque part très loin vers le sud-ouest, dans des nuages anodins en apparence, ou même pas encore, dans la mer — la pluie se planquait dans la mer ! Quelle meilleure cachette ? Pure téléologie : c'est parce qu'il pleut que vous accusez l'eau de mer... Non, je n'ai rien bu de spécial. Juste qu'il a plu dru toute la journée, en plus d'hier c'est sûr et de demain sans doute, et que ça donne sur le système. Et puis que deux des cours du semestre sont définitivement derrière. Bien sûr, ça me rapproche aussi du tombeau, mais ça, de toute façon, que je fasse des cours ou pas, hein... c'est pareil. Il se pourrait même que faire des cours, gardant l'esprit éveillé et au contact de la jeunesse, aide à la vivacité de la comprenette et, si on évite le stress et sa faux, tienne la bière à plus grande distance. Faire mousser. On a fini le cours de conversation par des choix de sites dans le toujours aussi beau Degree Confluence Project. Non pas beau esthétiquement, mais intellectuellement. D'émérites lecteurs du JLR se souviendront qu'il en a déjà été question (voir moteur). Bonne occasion pour un peu de géographie, matière passablement délaissée par les étudiants japonais qui peinent à situer quelques dizaines de pays... Et puis un peu d'histoire des sciences, méridien de Greenwich et boussole, par exemple, comme préalables au GPS. Si nous étions d'accord sur le fait que cette communauté aléatoire d'étranges voyageurs ne s'était pas assignée de mission humanitaire, scientifique ni commerciale, une seule étudiante jugeait inutile de partir sac au dos pour chercher à aligner les zéros sur un écran (sans doute une qui n'a jamais joué à aucun jeu vidéo...). Sauf qu'à aller toujours Nord-Ouest en partant de Shikoku, de croisement de lignes en croisement de lignes — des chaînes d'or d'étoile à étoile — on arrive droit sur... la Corée du Nord ! Et là, surprise, il y a quelqu'un qui a fait sa B.A. Et l'utilité devient même politique, si on est subtil... Voilà. Errer, se poser des questions qu'on ne se posait pas. Y répondre ou pas... L'art du cours de conversation selon moi. Je me suis finalement inscrit sur Wikipedia, en premier lieu pour corriger des coquilles, rétablir des petites erreurs rencontrées ici ou là, ici un Jean qui est en fait un Jacques, là "une" retable qui est "un" retable, des choses comme ça. Ce n'est que le passage à l'acte après la proposition faite à Cerisy, à la fin de mon exposé... Proposition d'une humble mais active communauté de correcteurs bénévoles, aussi bien dans le domaine littéraire que dans les autres domaines. Parce que la diffusion et la multiplication à grande é-chelle des erreurs minimes dans les textes pourrait bien, sur le long terme, être plus dommageable à la culture mondiale que — par exemple — les publications révisionnistes, plus faciles à dénoncer — et dont la dénonciation est plus rentable, aussi. Commentaires1. Le mardi 18 juillet 2006 à 15:18, par brigetoun : appris des tas de choses en écoutant l'exposé 2. Le mardi 18 juillet 2006 à 16:02, par Berlol : En plus du festival ! Quelle curiosité ! Félicitations ! et merci. 3. Le mercredi 19 juillet 2006 à 07:33, par bertrand : je découvre (de chez NRV) 4. Le mercredi 19 juillet 2006 à 07:58, par Berlol : Merci, Captain Igloo ! Vous êtes le bienvenu. On fait comment pour l'esquimau que j'ai gagné ?... 5. Le mercredi 19 juillet 2006 à 10:54, par captain igloo : l'esquimau fut gagné par Carole... vous n'avez pas vu ? |
Mercredi 19 juillet 2006. Satelliser
son homme. Des choses s'éclairent. Le ciel se dégage. Il pleuvait encore ce matin et puis soudain, le balayage complet, la transparence de l'air, comme une révélation... En plein cours de phonologie, la première et puissante stridence d'une cigale — plaisir dans les yeux et sur les lèvres. Point d'inflexion de l'été. Et des nuages, d'une variété, d'une beauté ! Un festival de la nuée. Ici, avec David, allant vers la boutique d'où l'on enverra à T. un colis de 23 kilos de ses propres livres avant de se prendre une petite glace. Du beau, du très beau Beckett dans les Fictions de dimanche dernier, avec des textes dits par Roger Blin en 1967, Serge Merlin en 1978 et 1998, et David Warrilow en 1981. Évidemment, je n'avais pas fait attention au programme et j'ai raté la suite, dimanche soir, plus de trois autres heures beckettiennes qui ne sont pas disponibles sur le site... Il y a tellement d'émissions sur le théâtre, ce mois-ci (trop, peut-être), que le quotidien d'un auditeur à dix mille kilomètres est au moins aussi intense que celui d'un festivalier en Avignon... Et puis, je me suis laissé amadouer, petit à petit, par la disponibilité des émissions sur le site de France Culture, au point de ne plus programmer l'enregistrement en direct, de ne même plus y penser, tant il y a d'autres choses à penser par ailleurs. Éh bien, c'est une erreur. Je reprends la prospection. Et je vois par exemple que dans la nuit de jeudi à vendredi, à deux heures du matin (9h, heure du Japon), il y aura rediffusion d'une émission de 1992 sur Odilon Redon. Bon, bah, ça, je prends ! Sans lâcher le rétroviseur : Hubert Lucot aux Mardis littéraires d'hier, et Jacques Dupin à Du jour au lendemain de mercredi dernier, par exemple. Car je ne vois réellement QUE la littérature, je veux dire la création littéraire qui soit vraiment et radicalement contre la LQR, que j'appellerai plus généralement langue doxique. D'où mon attachement, je le comprends mieux maintenant, à ces œuvres contemporaines qui révèlent, recyclent, pervertissent ou désamorcent la LQR. Je me demande même si ce n'est pas par cela que l'on doit définir la création littéraire. Avec chaque livre, se demander s'il est écrit dans la LQR & pour la LQR, ou avec de la LQR & contre la LQR... (Je n'interdis pas au cinéma, à la peinture ou à d'autres arts d'être contre la langue doxique, mais le cas échéant ces arts s'y opposent avec leurs moyens intrinsèques, leurs systèmes sémiotiques, qui ne sont pas la langue, le matériau même de la langue doxique.) « Celui/celle qui parcourt le journal dans le métro, qui jette un coup d'œil aux affiches publicitaires dans les stations, qui parcourt distraitement les injonctions de la RATP placardées dans les wagons, qui écoute les annonces [...], absorbe des énoncés et des textes rédigés dans la même langue, avec "les expressions isolées, les tournures, les formes syntaxiques" qui s'imposent, comme disait Klemperer, à des millions d'exemplaires. Une telle cohérence a de quoi surprendre, vu que les supports de la LQR sont innombrables et que les publics auxquels elle s'adresse sont infiniment variés. Il n'y a pourtant là nul paradoxe. S'il y a cohérence, c'est qu'il y a communauté de formation et d'intérêts chez ceux qui ajustent les facettes de cette langue et en assurent la dissémination. Communauté de formation : les membres des cabinets ministériels, les directeurs commerciaux de l'industrie, qu'elle soit chimique, cinématographique, hôtelière ou autre, les chefs de rubriques des quotidiens ou les responsables de l'information télévisuelle sortent des mêmes écoles de commerce, d'administration ou de sciences politiques, où on leur a appris les mêmes techniques avec les mêmes mots, après leur avoir expliqué qu'ils vont former l'élite de la nation — certitude inculquée aux élèves dès les classes préparatoires dans les grands lycées parisiens. Communauté d'intérêts : du sommet de l'État au dernier des directeurs du marketing, chacun sait que sa place dépend du maintien de la guerre civile sur le territoire français au stade de drôle de guerre. Que la LQR devienne soudain inaudible, et l'on verrait bien ce qui resterait du décor. Cohérente et mégaphonique, cette langue souffre pourtant d'un lourd handicap : elle ne doit surtout pas apparaître pour ce qu'elle est. L'idéal serait même que son existence en tant que langage global ne soit pas reconnue. Que ses leitmotivs, ses tics, ses répétitions, ses détours restent à l'état de messages infraliminaux et qu'en tout cas leur prolifération ne soit pas perçue comme celle d'un ensemble — même par ceux qui, chacun dans leur coin, œuvrent à cette prolifération.» (Éric Hazan, LQR, p. 120-121) On sent bien comme les choses s'amalgament, se mettent en abyme, déteignent les unes sur les autres. Il suffit qu'un ciel se dégage, qu'un texte dessille et qu'un cours s'achève pour satelliser son homme. La mangue et la fraise sont venues s'écraser dans la chantilly. Je suis monté au sixième étage et j'ai tout suivi, jusqu'au dernier rai abricot. L'après-dîner est forcément moins glorieux. Fatigues accumulées donnent piqué du nez dès 23 heures. Quelques lignes et puis s'en vont... Mais ces lignes-là, qui sait, iront dans mes rêves, reviendront demain. « MILAN — Nos facteurs de réussite ? Un développement personnel musclé, BILLE — proactif, organisé, MILAN — engagé, persévérant, investi de façon durable dans un projet évolutif, BILLE — doté d'un très bon sens de l'opérationnel, DIÈSE — autonome et enthousiaste, MILAN — de tempérament entrepreneur, BILLE — une sensibilité de terrain, MILAN — l'esprit battant, DIÈSE — l'esprit 8e, BILLE — l'esprit chacal, MILAN — nous communiquons dans un environnement relationnel global, [...] BILLE — Nos facteurs de réussite : une excellente pénétration des recoins.» (Nicole Caligaris, L'Os du doute, Éditions Verticales, 2006, p. 19-21) Commentaires1. Le mercredi 19 juillet 2006 à 10:59, par Bertrand : Il est des libertés de ton et de vocabulaire qui me
séduisent. 2. Le mercredi 19 juillet 2006 à 15:33, par Berlol : Si vous me dites lequel, je me ferai un plaisir... 3. Le mercredi 19 juillet 2006 à 19:58, par Bertrand : ben... doxique, m'sieur ! 4. Le mercredi 19 juillet 2006 à 20:14, par Berlol : Ah ouais... Pardon, c'est parce que je l'emploie de
temps en temps... Mais je ne veux pas passer pour pédant... Ça
vient de la doxa,
la langue qu'il faut parler selon le pouvoir en place. 5. Le mercredi 19 juillet 2006 à 21:33, par vinteix : Oui, seule la littérature - au sens de création
littéraire - tente de d'échapper à la langue doxique, toxique...
ce qui fut le sens de la quête verbale de Luca, qui n'usa que de
mots tout à fait courants - et pas du tout de néologismes comme
il fut dit un jour ici - pour saper la langue. 6. Le mercredi 19 juillet 2006 à 22:44, par Manu : Très intéressante citation qui fait réfléchir, tout comme celles du billet. Ça me conforte dans mon impression que ma prétendue bonne mémoire peut se retourner contre moi : trop perméable... Au contraire, il y avait aussi cette période où je ne comprenais rien aux publicités affichées dans Tokyo, reçues dans la boîte aux lettres ou encore vues à la télévision : du repos, un soulagement, voire une sorte de liberté ! 7. Le jeudi 20 juillet 2006 à 13:33, par Bertrand : oui, quand on ne comprend pas ce que l'on subit de
messages, paradoxalement, habitués que nous sommes d'être
écrasés de messages... cela nous repose... |
Jeudi 20 juillet 2006. Par
crainte d'un e-qu'en-dira-t-on. Hier ne fut qu'une belle parenthèse qu'occupa l'astre. Je regarde les rideaux de pluie tomber et je m'interroge... À quel spectacle irai-je ? Encore un bon gros mois pour y réfléchir. Engagement dans le choix plus facile si je peux déjà m'imprimer mes billets, via Digitick, par exemple (pas encore beaucoup de choix mais ça viendra). Ceci dit, fin août et début septembre, il n'y a quasiment aucune pièce à l'affiche, à Paris. Un peu comme fin février début mars... Comment se fait-il que cela corresponde précisément à mes disponibilités annuelles ? Côté théâtre, justement, on suggère que le non-renouvellement du contrat de Marcel Bozonnet à la Comédie-Française aurait rapport avec sa déprogrammation de Peter Handke... Le ministre n'avait pas été content du tout. Est-ce de bonne guerre ? Quoi qu'il en soit, bien des choses à Muriel Mayette ! Concentré sur mon rôle, aujourd'hui, j'ai joué les derniers cours pour déstresser les étudiants. Pourquoi nombre de profs les stressent-ils ? Éprouvent-ils du plaisir à voir les ouailles trembler ? À palper leur pouvoir discrétionnaire dans l'épaisseur de l'angoisse ? Moi non. « DIÈSE — Et le commando de l'an dernier, qu'est-ce qu'ils ont généré comme développement ? BILLE — Oui, le dossier est là. Les résultats sont là, oui. DIÈSE, MILAN — ... ? DIÈSE — Ils sont brouillés ? BILLE — Oui. MILAN — Et les méthodes ? BILLE — Oui, les méthodes, nous les avons supprimées dans le dégraissage du mois dernier. Personne ne sait plus.» (Nicole Caligaris, L'Os du doute, p. 34) Contre le rouleau compresseur de l'emploi et la moissonneuse-batteuse du chômage, contre le formatage à vie des employés par la pseudo-éthique de leur travail, l'élite dirigeante et la classe entrepreneuriale doivent compter un ennemi de plus, qui n'est pas LE blog comme entité, mais la contributivité solidaire de quelques blogs qui peuvent retourner contre une entreprise le gant de sa crédibilité médiatique... En quelques années, l'immatérialité de l'image de l'entreprise, production virale qui la servait jusqu'alors (publicité, cotation en bourse, etc.), est devenue un réel danger pour sa survie, tant elle peut, à peu de frais et par un ennemi quasi invisible, être ternie et mise à mal. Bien sûr, on n'a pas encore vu de boîte en faillite par suite d'une blogofronde — et ce n'est pas souhaitable pour l'ensemble des personnes qui y travaillent — mais on entrevoit déjà des corrections stratégiques d'attitudes vers plus de respect, si l'on peut appeler ça comme ça, par crainte d'un e-qu'en-dira-t-on. Une forme de syndicalisme réticulaire serait-elle prête à prendre la relève du moribond syndicalisme historique ? Commentaires1. Le jeudi 20 juillet 2006 à 21:05, par Bertrand : Mais dans le "prévenir vaut mieux que guérir", il existe
déja des gens qui sont chargés d'aller commenter sur des sites
pour, justement, donner une bonne image de leur entreprise, voir
ce qu'en disent les autres et faire de l'(a dés-)information...
les blogs, un nouveau territoire de propagande... 2. Le jeudi 20 juillet 2006 à 22:31, par brigetoun : et me voilà devant un autre de mes manques à combler :
lire Nicole Caligaris, pour ce qu'elle se réfère à Primo Levi
(et pas uniquement en tant que témoin des camps) 3. Le jeudi 20 juillet 2006 à 22:36, par Berlol : Mais si, mais si, ça rassérène ! vous verrez ! |
Vendredi 21 juillet 2006. Un
Zidane qu'on anime par soi-même. Jour creux. Après les jours pleins, ce n'est pas plus mal. La pluie volette dans l'air plus qu'elle ne choit, sauf entre 11h et midi, son heure de sérieux. Je reçois une étudiante qui veut me faire signer un papier pour ses études à Lyon pendant six mois. J'enregistre les sixième et septième cours de Claude Hagège sur les langues comme constructions humaines, dans l'Éloge du savoir, alors qu'on diffuse ce matin le douzième et dernier épisode de sa série (je vais essayer de finir ce week-end, comme ça, je les écoute à la suite et le propos est mieux restitué). Ensuite je déjeune au Downey avec David. Soirée d'anniversaire d'Olivier chez Peter (fait étrange : je n'ai pas souvenir d'être allé au French Dining qu'il ne pleuve — exception, donc, puisqu'il ne pleut pas pendant le dîner...). Neuf à table, d'âge, de milieu et d'occupations variés. Plaisir de revoir Annabelle dont je n'avais plus de nouvelles depuis qu'elle avait quitté Nagoya. Un collègue est soulagé d'avoir trouvé un poste de titulaire permanent. Une amie de T. angoisse parce qu'elle est dans sa dernière année de thèse française. Commerce équitable : je recommande la lecture de Nicole Caligaris à Agnès, elle me vante les qualités de Frédéric Léal. Etc. Pas de grand sujet de discussion. Du grappillage et quelques mauvais jeux de mots (de ma part). À un moment, je disais qu'il y avait cette chanson très amusante, Coup de boule, et j'ai appris qu'il y avait aussi eu un jeu vidéo en ligne avec un Zidane qu'on anime par soi-même, mais je n'ai pas pu le retrouver. «Toutes les chaises y étant, en règle générale, occupées à notre arrivée, il nous fallait attendre quelques instants, debout, près du bassin, autour duquel elles étaient disposées pour la plupart, que deux, sinon l'une d'entre elles, se libérassent. Je fondais alors dessus avec célérité, presque en courant, car nous n'étions naturellement pas les seuls à désirer nous asseoir, et jusqu'à quatre ou cinq personnes pouvaient convoiter un même siège. [...] nous finissions assez vite séants, d'autant que, notamment quand mes doigts se refermaient sur le haut d'un dossier en même temps que ceux d'un congénère mâle, je savais, tout à la fois pour impressionner Clara Stern que par pente naturelle pour la bagarre [...], faire montre de la plus grande détermination en toisant mon rival d'un regard par lequel je lui signifiais [...] que je n'hésiterais pas à en venir aux mains pour m'approprier l'objet, que je tirais à moi simultanément, sous les applaudissements de la jeune femme qui scandait en riant : "Le coup de boule ! Le coup de boule !", depuis qu'une fois, dans une même circonstance, je l'avais rejointe avec mon trophée en plastronnant : "Le type a compris que c'était la chaise ou le coup de boule."» (Éric Laurrent, Clara Stern, p. 74-75) Précurseur, va ! Commentaires1. Le samedi 22 juillet 2006 à 07:58, par Bertrand : Finalement, j'en reviendrai au titre... 2. Le samedi 22 juillet 2006 à 09:06, par Berlol : Oui, oui, bien sûr, il y a toujours du double sens, du déplacement à opérer soi-même. Merci de le dire. 3. Le samedi 22 juillet 2006 à 11:31, par Bertrand : oui, d'ailleurs "transfert", c'est involontaire... 4. Le dimanche 23 juillet 2006 à 04:18, par le consul : pour le jeux : 5. Le lundi 24 juillet 2006 à 00:42, par olivier : Bon alors, je suis retourné sur le "Confluence Project"... Puisqu'une des discussions de la soirée avait porté sur la Corée du Nord et ses points de confluence... Nous avions raison tous les deux cher Berlol... Ou chacun tort sur une partie... Je ne sais pas pourquoi, j'ai cru pendant tout ce temps que c'était une femme qui avait entrepris le périple... Et cela n'a rien avoir avec la photo de sa traductrice coréenne... Mystère sur cette erreur... En revanche, je confirme bien que notre aventurier n'est pas parvenu au point qu'il cherchait, puisque son "topo" est affiché comme "uncomplete"... Enfin, bref, pour dire qu'il n'a pas été question que de Zidane et de son coup de boule... 6. Le lundi 24 juillet 2006 à 05:21, par Berlol : En effet, j'ai constaté cela moi aussi en y retournant.
Un partout ! Et depuis, ça va, toi ? Et le japonais, ça avance ? |
Samedi 22 juillet 2006. Une
traitre nageoire dans le vivier. Je lis avec plaisir dans Le Monde que Les Marchands de Joël Pommerat a bien été accueilli au festival d'Avignon et sera joué au Théâtre Paris-Villette en septembre-octobre. Pour une fois que j'ai vu et commenté une pièce ! Je ne lis pas grand-chose d'autre, ce matin. Je suis dans l'appartement du 4e étage, celui de feu le père de T., et j'attends le paquet de livres que j'ai moi-même posté mercredi après-midi. Il n'y a pas de connexion fixe au réseau mais mon ordinateur portable détecte un signal assez faible ou irrégulier d'un voisin auquel il arrive à se raccrocher de temps en temps, me permettant alors d'ouvrir quelques pages de blogs ou de presse. C'est ainsi que je lis avec dépit ce que je savais déjà il y a quinze ans et ce pourquoi j'ai initialement accepté de partir au Japon, à savoir que la précarité matérielle des diplômés et des surdiplômés qui souhaitent rester dans les domaines culturels et intellectuels est de mieux en mieux admise par l'ensemble de la population française, organisée par le gouvernement et les entreprises concernées, y compris les médias dits contestataires — l'article de Mona Chollet arrive bien tard. La puce m'était venue à l'oreille vers 1990 quand, heureux titulaire du tout nouveau statut d'allocataire-moniteur (AM) de l'enseignement supérieur (c'était sa première année d'existence et je faisais partie des premières recrues), j'entendis dire par le responsable du CIES, comme tous ceux qui étaient assemblés dans un amphithéâtre, que nous allions constituer un vivier dans lequel les universités et les structures de recherche puiseraient bientôt, que notre recrutement viendrait à son tour, etc. Déjà, je n'écoutais plus, ce mot de vivier, me restait en travers et trahissait toute une façon de nous considérer, en bloc — comme si on abusait de moi par avance à travers le statut que je briguais. Est-ce la formation ou la sensibilité littéraires — nous n'étions pas beaucoup dans cette discipline parmi les AM — ou bien dira-t-on que je suis susceptible, mais je ne vis personne d'autre qui avait été choqué par ce mot. Quelques mois plus tard, cependant, je rencontrais une ou deux autres personnes qui s'interrogeaient un peu comme moi sur le traitement éthique que l'on nous réservait. De fil en aiguille, nous avons été amenés à former l'année suivante une association officielle de défense de notre statut que nous avons nommée AMES (association des moniteurs de l'enseignement supérieur) et une feuille d'information dont je m'occupais en partie et que j'avais proposé de nommer États d'AMES... Du jour où je quittais le territoire — et avant même de mettre une traitre nageoire dans le vivier — je ne sus plus rien des épuisettes. Il y avait donc encore des choses comme cela que je n'avais jamais écrites malgré leur charge politique, leur importance pour le cours de ma vie et trente-trois mois de journal, et il y en a sans doute encore beaucoup d'autres tant ce que je fais n'a pas pour but d'établir mon autobiographie, serait-elle fictive ou autofictionnelle. Ma recherche se focalise bien plutôt sur ces déclencheurs que sont la littérature, la presse, la vie quotidienne et banale d'un individu quelconque (moi), déclencheurs d'une écriture soumise notamment à des contraintes de temps, de réticularité et de lisibilité. Il a donc fallu cet article lu dans le Monde diplomatique et encore toute la journée passée à faire autre chose avec ces pensées-là qui étaient là sans y être (qui ne me dérangeaient pas), pour que viennent à la fois ce soir la motivation d'écrire, le ton et un certain ordre des mots (ce que d'aucuns nommeraient l'inspiration mais je m'y refuse), préférant ces quelques propos d'Antoine Emaz, lus il y a quelques mois, si je les retrouve... Voici, bien que je n'appelle pas poème ce que j'écris mais JLR : « Je commence quand je laboure — quand je sens dans la langue une sorte de masse tassée de nerfs possibles — c'est difficile à dire — une sorte de masse de possibles sans fin et le poème ne sera qu'une suite de connexions dans ce trop de possibles.» (Antoine Emaz, À vrai dire, réédité dans Remue.net) Et pour donner un exemple contraire, même si je suis préoccupé et désolé un peu plus chaque jour, même si je trouve que tout n'est pas faux dans ce Proche-Orient pour les nuls, il m'est impossible d'écrire sur le sujet de cette guerre, de ces belligérants dont les torts et les hypocrisies sont tellement partagés et croisés depuis tellement de temps que je ne vois de bénéfique pour eux tous que l'amnésie des litiges et le doute religieux, qui sont les deux dernières choses auxquelles ils sont disposés. Et donc je les voue tous au gémonies. Ça m'en fait perdre la place du reste du jour. Je m'y collerai demain. Avec des photos. Commentaires1. Le samedi 22 juillet 2006 à 12:12, par Elsa T : je n'aime pas beaucoup, dans l'article de Mona Chollet,
ce schéma dit et redit des ex 68 devenus les champions du
libéralisme, comme si tout était de leur faute : on oublie et on
dédouane l'éducation nationale et la misère des universités,
l'abandon de la littérature dans les facs de sciences, les facs
devenues un gigantesque tampon pour les jeunes déqualifiés,
qu'il s'agit d'occuper le temps d'une transition, avec les
bonnes âmes que vous dites 2. Le samedi 22 juillet 2006 à 16:18, par Bertrand : ... et ca donne envie de te lire... 3. Le samedi 22 juillet 2006 à 22:08, par Berlol : Merci, Bertrand. En effet, Elsa, il vaut mieux extraire les propos d'Yves Pagès car il est toujours pertinent, dans ce qu'il écrit aussi. François Bon a écrit (eu le couage d'écrire) plusieurs fois sur les reculs de l'État et de diverses collectivités dans leur politique vis-à-vis des auteurs vivants... D'autres l'ont-ils fait ? Je n'en ai pas entendu d'autres. Je crois qu'ils refusent d'en parler (autocensure) pour pouvoir à l'occasion bénéficier du peu qui reste. 4. Le samedi 22 juillet 2006 à 23:15, par Elsa T : dans ma fac, financement de l'état bloqué à 20% hors salaires depuis 5 ans je pense à cette jeune collègue juste nommée maître de conf en histoire de l'art à qui on demandait de faire 2 fois de suite le même cours en 1ère année pour cause d'amphi de 200 places rempli : en sachant que plus de la moitié de ces étudiants ne seraient plus là en 2nde année - je pense à cet ami si fier de son doctorat obtenu cet hiver, et si heureux que son statut ATER soit prolongé encore pour un an à 500 euros par mois ou quelque chose comme ça - dans les propos d'Yves Pagès ces stagiaires qui font la nuit sur les péages d'autoroute avant de venir travailler gratuitement pour Gallimard : est-ce que ce n'est pas une allégorie de ce que nous devrons TOUS bientôt faire, pour continuer à croire aux livres ? 5. Le dimanche 23 juillet 2006 à 01:50, par brigetoun : je vais voir les Marchands et merci de me donner bon espoir - pour le reste mon statut d'inculte officielle me permet uniquement de compatir - et dans ceux que je voue aux gémonies figurent également les marchands d'armes de toute importance 6. Le dimanche 23 juillet 2006 à 02:04, par vinteix : Triste époque en effet, petite et pusillanime. Je
déplore profondément ces "reculs de l'État et de diverses
collectivités dans leur politique vis-à-vis des auteurs
VIVANTS", alors qu'en même temps les pouvoirs publics français
affichent un goût très prononcé pour les commémorations (et donc
les auteurs morts); néanmoins, j'apporterai une petite nuance.
Fut un temps, pas si lointain, où les auteurs ne se
préoccupaient guère de ce genre de questions car ces aides
étatiques n'existaient pas, les obligeant à avoir un autre
"métier" parallèle ou à vivre dans la misère, ce qui est
également le cas pour la plupart des auteurs actuels qui ne
jouissent pas des tirages d'un Sollers ou d'un Houellebecq. Les
amis étaient aussi d'un soutien précieux, peut-être davantage
que maintenant : je pense en particulier à la première moitié du
XXe siècle, marquée par une vie intellectuelle et artistique des
"groupes", "mouvements" beaucoup plus riche que maintenant, où
tant d'auteurs ont pu profiter de ventes collectives (par
exemple d'oeuvres d'amis peintres)... 7. Le dimanche 23 juillet 2006 à 03:08, par Elsa T : je ne parlais de ces reculs que pour ce qui concerne
l'éducation nationale et sa politique universitaire 8. Le dimanche 23 juillet 2006 à 03:21, par Elsa T : en rappelant quand même le contexte de cet échange qui ne peut être qu'amical, même à contre-courant de la tradition de ce blog! à partir de l'article de Mona Chollet et de son échange avec Yves Pagès : il s'agit du remplacement dans les structures d'édition, d'institutions publiques (le festival d'Avignon en est un exemple particulièrement criant, mais pareil à Radio France et Beaubourg, et une analyse un peu serrée des personnels des ministères serait bienvenue aussi), de personnel artistique par des représentants de la société de marché, et de diplômés d'écoles de gestion (dont la transmission du rôle de la culture, sans parler de celui de la littérature, n'est évidemment pas le souci), et de la façon dont s'opère vers ceux-ci, désormais, le transfert des décisions non seulement techniques ou administratives, mais désormais artistiques - quant aux auteurs,avec leurs 11% de droits d'auteur sur les tirages que nous connaissons pour ceux qui comptent, longtemps qu'ils se sont armés sur d'autres champs, là où cette paupérisation (accompagnéee de dépossession symbolique) frappe de plein fouet le "prolétariat" universitaire que nous constituons à quelques dizaines de milliers, de plus en plus évincés sur notre terrain même par les représentants des entreprises, et bien seuls pour défendre ces filières de sciences humaines de plus en plus marginalisées 9. Le dimanche 23 juillet 2006 à 03:23, par vinteix : des ventes collectives, je pourrais en citer plein : il
y en a eu en faveur de Bataille lui-même, par exemple, vers
1957, si je me souviens bien... 10. Le dimanche 23 juillet 2006 à 03:43, par vinteix : Ce NON SERVIAM n'est pas "le mien", même si j'ai pu déjà
dire ici même mon "refus d'appartenir"; ce qui ne m'empêche pas,
bien sûr, d'avoir un poste en université. Ce NON SERVIAM est
celui de la plupart des écrivains pour qui l'écriture est
d'autant plus libre que c'est tout ce qui est humain qui
contraint à la liberté, quand bien même l'art ne sait plus qu'il
ne lui faut plus dépendre de rien pour prétendre mettre quoi que
ce soit en cause... 11. Le dimanche 23 juillet 2006 à 04:16, par le consul : y a t il eu seulement une grande époque ???? ou du moins avons nous vu que nous étions dans une grande époque quand nous y étions... et des gens libres il y en a toujours eu, et il y en aura toujours... à nous de les aider, en les lisant... mais attention à ne pas sombrer dans ce pessimisme à tout crin, et à ne pas applaudir trop vite ceux qui conspuent notre époque... c'est assez facile de dire que tout va mal, un peu moins d'avoir une attitude positive ( et non béate) devant le monde... relisez Nietzsche, "dire oui au monde" .... je ne suis pas très convaincu par Yves Pagès, par exemple... mais bon.... 12. Le dimanche 23 juillet 2006 à 05:25, par vinteix : Le "dire oui au monde" de Nietzsche est loin d'être
aussi évident et franc que vous semblez le supposer; il est même
extrêmement complexe et s'il dit "oui", c'est plus à la vie,
qu'au monde, en tout cas au monde dont il fut le contemporain,
étant largement à la fois dans le passé (les anciens Grecs), le
présent et la prophétie, ayant fait sienne cette chance de la
pensée qui consiste à la fois à rétrocéder, présentifier et
anticiper. "Il faut choisir : être libre ou se reposer." 13. Le dimanche 23 juillet 2006 à 05:31, par vinteix : Petit rectificatif : la vente de solidarité en faveur de Bataille eut lieu vers la fin de sa vie, le 17 mars 1961, alors qu'il était très malade, entre Orléans et Vézelay - vente d'oeuvres de ses amis Arp, Ernst, Fautrier, Giacometti, Masson, Matta, Miro, Picasso, etc. dont le produit lui permit d'acquérir un appartement à Paris. 14. Le dimanche 23 juillet 2006 à 05:49, par Berlol : J'étais en vadrouille... Il y en a du monde, ici,
aujourd'hui ! C'est parce qu'il fait plus frais, au Japon ? 15. Le dimanche 23 juillet 2006 à 06:34, par vinteix : Evidemment, dans le domaine du progrès matériel, notre époque est préférable à beaucoup d'autres (ce qui était dit précédemment l'était surtout sous l'angle de la "misère symbolique") ; et encore peut-on dire cela, nous, parce que nous faisons partie des privilégiés de ce monde; tant il est vrai que les chiffres montrent que les pauvres de ce monde sont de plus en plus pauvres et nombreux, tandis que les riches sont de plus en plus riches. 16. Le dimanche 23 juillet 2006 à 07:11, par Bertrand : non, c'est vrai... 17. Le dimanche 23 juillet 2006 à 07:57, par Elsa T : au risque de passer pour une triste, avec un vocabulaire un peu stérile, il y a quand même une volonté hégémonique des puissances d'argent qui est un fait nouveau dans sa capacité à totaliser, à nier toutes les îles, et dans son propre besoin, plus symbolique que financier (les marchands d'armes dont parle Brigetoun sont aussi les plus forts possesseurs de presse et d'édition), à mettre à solde, sa solde, solder, la littérature : c'est cela qui nous est en partie incompréhensible, ce besoin d'asservir jusque dans ce peu que nous sommes, avec nos poètes - quant aux privilièges... ??? 18. Le dimanche 23 juillet 2006 à 08:03, par vinteix : Tout à fait d'accord : mise à solde généralisée du
symbolique. 19. Le dimanche 23 juillet 2006 à 17:50, par Berlol : A relire, c'est vrai que Vinteix s'était un peu avancé en terrain découvert avec son "ne serait-ce que Bataille, dans son refus de tout asservissement, la littérature étant d'abord à ses yeux la possibilité souveraine d'un NON SERVIAM", où le "tout asservissement" pouvait très bien être compris, compte tenu du contexte du jour, comme un "ne pas travailler pour" alors même, Elsa le rappelle à juste titre, qu'il était salarié à la BN (avec la formation qu'il faut aujourd'hui, il est sûr qu'il n'y entrerait pas !). Vinteix rectifie ensuite en parlant d'un "engagement" comme celui de Sartre, le "Non Serviam" n'étant alors ni plus ni moins que la simple liberté d'expression dont tout un chacun a le droit de jouir en principe. Aujourd'hui, pour se protéger des effets collatéraux de la liberté d'expression, je ne vois, comme autrefois d'ailleurs, qu'une seule solution : le pseudonyme. Il est amusant d'ailleurs que le journal Le Tigre ait mis tout le monde sous pseudo et masque... 20. Le lundi 24 juillet 2006 à 00:14, par le consul : j'aime beaucoup deleuze... mais il était contemporain de
Derrida, de Foucault, de Nancy, de Quignard, de Lévinas, de
Klossowski, de Barthes, de Lacan,de Burroughs, de Daney, de.....
21. Le lundi 24 juillet 2006 à 23:32, par vinteix : "j'aime beaucoup deleuze... mais il était contemporain
de Derrida, de Foucault, de Nancy, de Quignard, de Lévinas, de
Klossowski, de Barthes, de Lacan,de Burroughs, de Daney,
de....." 22. Le lundi 24 juillet 2006 à 23:54, par le consul : ils étaient vivants à l'époque quand Deleuze l'était....
et ils pensaient et écrivaient. Pour montrer que la remarque de
deleuze était un peu déplacée... 23. Le mardi 25 juillet 2006 à 00:36, par vinteix : La vie est belle, oui ! mais la vie n'est pas le monde. 24. Le mardi 25 juillet 2006 à 01:41, par le consul : déplacée, parce que à ce moment il fait les yeux doux à
claire parnet... histoire de lui dire qu'il est le meilleur...
je vois ça plutôt comme de la drague, mais bon... 25. Le mardi 25 juillet 2006 à 01:58, par vinteix : "Quant à la TV... rien à en dire... cela a toujours été
ainsi"... ce n'est pas vrai, cela n'a pas toujours été ainsi...
la télé a changé, comme tout, et même si elle n'a jamais été à
la hauteur de certains espoirs qu'elle pouvait ou aurait pu
incarner, il y a encore 20 ans, il y avait par exemple quelques
vraies émissions sur le cinéma, sur la littérature - de vrais
entretiens avec des écrivains ou penseurs -, du théâtre, de
l'opéra, des émissions de vrais débat et de vraie impertinence
aussi... 26. Le mardi 25 juillet 2006 à 02:01, par vinteix : cela (ce qui précède) risque de faire un peu vieux
ronchon... mais bon, je crois que j'essaie de constater de réels
changements... que je ne suis d'ailleurs pas le seul, loin de
là, à relever... 27. Le mardi 25 juillet 2006 à 02:07, par vinteix : mais la vie est belle aussi, parce que par le livre, nous ne sommes pas seulement les contemporains de Bonnefoy ou Gracq ou Nancy, mais aussi de Homère, Shakespeare, Baudelaire ou Beckett... 28. Le mardi 25 juillet 2006 à 02:59, par Berlol : Pour le fil de la discussion, relisez les commentaires
dans l'ordre. En effet, il y avait un commentaire du consul qui
était bloqué dans le filtre, comme pour Bertrand quelques heures
plus tôt... 29. Le mardi 25 juillet 2006 à 19:12, par le consul : d'accord pour l'impertinence... mais ensuite, je crois
aussi que l'on se souvient que des bonnes choses, mais elles
étaient noyées dans une telle masse de bêtises que.... il y
avait collaro, tout de même, déjà drucker, et autres (mais là je
suis trop jeune pour remonter plus haut...) 30. Le mardi 25 juillet 2006 à 22:23, par vinteix : C'était pas mal Collaro, non ? (je plaisante) 31. Le mardi 25 juillet 2006 à 22:29, par Berlol : Et pas de bonnes émissions culturelles dans toutes ces nouvelles chaînes satellites, câblées, cryptées, TNT, que sais-je ? (je ne les ai pas) Mais à quoi servent-elles, alors ? 32. Le mardi 25 juillet 2006 à 22:46, par vinteix : Je ne sais pas exactement non plus, car je ne les ai pas non plus... mais je crois qu'il y a quand même de bonnes choses, notamment sur "Histoire" ou autres... c'est ainsi que j'ai pu récupérer par des amis en France plusieurs heures d'archives d'entretiens filmés avec Barthes ou Borges. 33. Le mardi 25 juillet 2006 à 23:09, par vinteix : plusieurs heures filmées à l'époque pour la télévision !
chose impensable aujourd'hui ! 34. Le mardi 25 juillet 2006 à 23:27, par vinteix : pourtant cela fut, à la télévision ! fût-ce à l'état d'îlots dans un océan de bêtise. 35. Le mercredi 26 juillet 2006 à 01:20, par Berlol : Ouais, mais maintenant on fait des enregistrements audio ou vidéo qu'on diffuse directement sur internet avec l'accord des participants, on fait circuler les adresses par les blogs et les listes, on les inscrit sur YouTube ou idem... Elle est pas belle, la vie ? 36. Le mercredi 26 juillet 2006 à 01:24, par vinteix : C'est vrai ! 37. Le mercredi 26 juillet 2006 à 01:27, par Berlol : Perso, je me suis cultivé cent fois plus depuis qu'il y a l'internet ! Bon, il faut chercher les trucs, composer son programme soi-même, ça vient pas tout seul dans le continuum du programme télé. C'est surtout ça qui a changé, je crois. 38. Le mercredi 26 juillet 2006 à 01:50, par le consul : et moi je me souviens d'un océanique avec Onetti...
magnifique... ok il y avait de bonnes choses.... avais fait le
même constat sur derrida... le pire c'est que même la radio est
touchée... ah la la ça y est je vais me mettre à déprimer... |
Dimanche 23 juillet 2006. Des
coquillettes et quelques heures de corrections de copies. Pour finir hier, donc. Il y avait d'abord eu un amical courrier de JCB avec notamment un lien sur le coup de boule du moment (auquel on peut ajouter celui apporté aujourd'hui par le Consul, vous comparerez en écoutant Finkielkraut et ses deux invités parler foutchebol — pour moi, c'est bon, là, je n'en parle plus pendant quatre ans...). Puis T. et moi avions déjeuné au Saint-Martin, avec une Yukie très contente de nous revoir. Passage à l'agence de voyage pour confirmer mes dates et payer mon billet pour Paris, sur British Airways. Un peu de bureau puis longue, belle et agréable équipée à vélo, jusqu'à Hibiya, Ginza, retour à la nuit (voir photos ajoutées au billet d'hier). Dîner d'agneau et de curry de légumes que nous avons accompagné de la très bonne bouteille ramenée de Yamaya il y a quelques temps, un Château Larcis Ducasse de 1998. Comme il faisait 25°C dans la maison, j'avais improvisé un seau avec quelques glaçons, pas trop, pour le tenir... Et ça l'a fait, vraiment. Aujourd'hui. Écoute des derniers Jeux d'épreuves de la saison. L'Os du doute est notamment au programme et Clara Dupont-Monod en parle de façon fort convaincante. Après des coquillettes et quelques heures de corrections de copies, T. éprouve de nouveau le besoin de se défouler... Allons à bicyclette au Musée d'Art moderne de Tokyo, à Takebashi, pour une exposition rétrospective de la poterie de Jusetsu Miwa, trésor vivant. Je suis capable de me perdre des heures dans l'admiration des méandres de vernis et des nacrures roses et blanches. Le potier, qui a plus de 90 ans, fait maintenant des bols à pied large et à épais émail blanc cassé qui laisse voir la matière sableuse de la région de Hagi. Il expose aussi des poteries de calligraphies, ce qui est un paradoxe complet, le vernis ayant dû être creusé, soulevé, fendu pour laisser trace d'un mouvement que le four a fixé juste après. Après une petite heure de cette profonde tranquillité esthétique, agrémentée d'un thé vert dans un des bols du maître, nous enfourchons nos engins pour descendre doucement sur Akasaka. Petit arrêt chez Peltier pour une provision de chaussons aux pommes. Visite d'un sanctuaire shinto. C'est près d'un grand hôtel, celui-là même où avaient logé les Beatles lors de leur premier concert à Tokyo, dit T. qui devait alors habiter le quartier — mais qui n'a pas vu le concert, d'ailleurs elle n'aime pas les Beatles, et d'ailleurs moi non plus. Mais on ne reste pas longtemps, il y a des moustiques. Dure pente qui donne sur l'arrière de la Diète, puis obliquons vers la Cour suprême à l'architecture si monumentale (reconstruite dans les années 70). Nous nous perdons un peu, mais c'est plutôt amusant, dans des rues comme d'habitude désertes le dimanche. « Il n'y a pas de contrainte, c'est fini ça, la contrainte : vous êtes parfaitement libre de vous lever, de ramasser vos affaires et de vous en aller. Mais compter mesquinement ses petites forces dans une telle aventure ! Un tel défi ! Ça nous remonte par le nez jusqu'aux sinus, ce défi, pas vous ? Ça nous électrise incroyablement. Nous nous défonçons tellement, sur ce projet, que nous nous passons de manger, nous nous passons de caresser la tête de nos gosses... et le sommeil, nous n'y pensons même plus. Pas vous ? » (Nicole Caligaris, L'Os du doute, p. 66) Commentaires1. Le dimanche 23 juillet 2006 à 18:36, par Manu : Les moustiques... en ce moment, c'est vraiment la plaie ! 2. Le dimanche 23 juillet 2006 à 19:07, par Berlol : Eh, tu le croiras pas, ce matin, on en avait un dans les toilettes, de l'autre côté du filtre de mousse, venu donc par le conduit d'aération et ne pouvant pas entrer chez nous, vrombissant. Faisait pitié, le pauvre... 3. Le dimanche 23 juillet 2006 à 21:45, par ??? : t'as des belles fesses, toi 4. Le dimanche 23 juillet 2006 à 21:55, par Berlol : Cher ami batailleur, je comprends que vous preniez la parole pour le moustique, mais qui signe ? Pas moi... (message pour une seule personne, qui se reconnaîtra) 5. Le dimanche 23 juillet 2006 à 22:15, par le moustique : belle vue, en effet ! 6. Le mardi 25 juillet 2006 à 02:26, par le moustique : Non, reviens ! zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz |
Lundi 24 juillet 2006. Il y
a des priorités tournantes. À signaler : la Revue des Littératures de l'Union Européenne, 5, de juillet 2006. J'ai déjà lu les deux articles qui concernent les blogs. J'aurai des choses à en dire. Je continuerai dans la semaine. Ça me permettra d'attendre la livraison de Formules, 10, sur la littérature numérique. Tiens, il y a des noms communs dans les deux sommaires... Et déjà ça, ça m'a bouffé la moitié du temps que je voulais consacrer à autre chose. Est-ce que je peux être en même temps enseignant de français en période d'examen, diariste littéréticulaire, cycliste tokyoïte, apprenant de japonais et chercheur en littérature & informatique ? Je ne vois pas que l'on puisse tout mener de front, il y a des priorités tournantes. Sans parler des dispositions variables selon l'humeur. Par exemple moyenne... ... aujourd'hui, j'ai quand même réussi à actualiser l'index des noms propres du JLR jusqu'à la fin mai. J'ai revu en accéléré quelques bons moments des commentaires du printemps, c'était une autre saison, un autre temps. Ceux de ces derniers jours ne sont pas mal non plus. Incidemment, Elsa me donnait hier, en un seul bout de phrases, beaucoup d'informations sur la réception du JLR, quand elle parlait d'un « échange qui ne peut être qu'amical, même à contre-courant de la tradition de ce blog »... 1. Elle connaît cette adresse depuis pas mal de temps (tradition). 2. Il y a (ou avait) un courant pas très amical entre commentateurs, qui doit (ou devait) dissuader d'intervenir. 3. Des précautions oratoires ne sont pas inutiles pour prendre la parole (ce que l'on savait pour la vie courante). Merci de toutes ces informations. Il a encore beaucoup plu. Ne me cherchez pas, je suis en crue, je vogue sur des idées, des lectures et n'ai guère envie d'écrire. Si j'arrive à m'échouer, j'enverrai des signaux. Peut-être avec la lampe que T. vient de m'offrir pour le vélo, lors d'une sortie à Korakuen où nous n'avons pas trouvé de tuteurs pour nos pieds de tomate. Commentaires1. Le lundi 24 juillet 2006 à 11:07, par Mth Peyrin : Si l'amitié est un courant alternatif, le soin apporté aux aménagements de l'installation et à la maintenance font (faisaient) partie du cahier des charges ? Mon impression, très bonne au tout début , a souvent été contrastée par la suite : du solide alliage fait de lectures multiples et originales (l'expatriation et l'érudition rendent forcément plus éclectique ?) et qui donnent envie de lire des auteurs non couramment croisés dans les librairies , du plus hétéroclite dans le "Journal" où en effet le degré d'implication et d'explication semble moins important, avec une ligne de flottaison du discours moins facile à distinguer, la notion de "priorités tournantes" semble bien convenir. L'expérience est intéressante pour les lecteurs de blogs qui se posent la question des limites entre l'écriture privée et l'écriture professionnelle. Il est plus que probable que la réponse est encore en cours d'exploration. Je regrette que l'amical soit si difficile à faire respecter. A cet égard, l'option mails privés pour les "vrais" amis, et commentaires éventuellement modérés en temps réel ou peu différé pour les autres peut éventuellement limiter les dérapages dont personne ne tire ( n'a tiré )grand bénéfice personnel. Quand la rivière est en crue, mieux vaut prévoir des canaux de décharge dont la force hydraulique peut être convertie en énergie stable sous couvert d'ingéniérie appliquée. Quand la rivière est calme, on peut passer à gué... C'est agréable... aussi... 2. Le lundi 24 juillet 2006 à 18:59, par Manu : Ce qui m'a frappé, c'est qu'après une courte période de flottement, d'autres commentateurs aient pris la relève, comme s'ils attendaient depuis longtemps leur tour, tapis dans les méandres de l'Internet que seules les stats pouvaient éventuellement démêler, et prêts à bondir sur un fil RSS soudain dénudé (désolé pour ce petit délire sur la fin, mais l'idée est là, euh, je crois )... 3. Le lundi 24 juillet 2006 à 19:24, par le consul : déjà que l'hospitalité c'est pas simple... mais l'hospitalité sur un blog, cela me parait encore plus compliqué. En tout cas bravo de vous poser ces questions et de proposer votre espace, pas si courant.... 4. Le lundi 24 juillet 2006 à 21:01, par Bertrand : La frontière du privé sur un blog est beaucoup plus
simple à réaliser dèslors que l'on supprime la possibilité des
comentaires. 5. Le lundi 24 juillet 2006 à 21:19, par brigetoun : un autre problème qui pour vous ne se pose pas, mais qui existe pour une créature anonyme sans aucun rôle dans la société : lorsque des commentateurs insistent pour sortir de l'anonymat, et que des rencontres réelles aient lieu. Impossible de refuser mais il devrait être implicite que le monde des blogs est virtuel 6. Le lundi 24 juillet 2006 à 23:11, par Elsa T : et alors, que je suis ce blog - et quelques autres -
depuis longtemps, sans forcément me manifester ? je ne dois pas
être la seule ! et sans vouloir créer un "observatoire des
pratiques Internet" qui aurait sans doute sa légitimité, avouez
que ce qui fait le succès de votre site, c'est cette croisée de
discussion au quotidien, et qu'elle ne va pas sans friction 7. Le mardi 25 juillet 2006 à 00:35, par Berlol : En effet, la tolérance rend cosignataire, ce n'est pas
une question pour moi mais une certitude. 8. Le mardi 25 juillet 2006 à 07:20, par Bertrand : Pour info, l'NRV c'est Guy Birenbaum et Sébastien c'est
VLF... 9. Le mardi 25 juillet 2006 à 07:36, par Berlol : Bon, merci, OK, pardon pour les codes, je me suis
emmêlé. Suis pas encore très in... Mais je perce sévère !
D'ailleurs, ça ne me stresse pas, j'ai tout mon temps... |
Mardi 25 juillet 2006. Les
équations de l'amour. La semaine dernière, avec Clotilde, on devisait de Pour Sganarelle de Romain Gary. Avec clin d'œil, je glissais comme ça dans la conversation qu'on était tranquille de ce côté-là, ces temps-ci. Je voulais dire dans la querelle Molière-Corneille. J'avais en tête non seulement les médiatiques charges à étripe-chevaux de 2003-2004, par exemple entre Dominique Labbé et Georges Forestier, dans la presse ou à la radio, mais aussi les débats et les invectives au sein de LITOR dont les archives n'étaient pas encore ouvertes (dans les liens suivants, chercher "moli", c'est le plus simple ; désolé pour l'aspect brut, si quelqu'un veut du texte propre, me demander), ou incidemment aux JADT de Louvain, et par suite Étienne Brunet chez Texto ! (reprenant une intervention au séminaire d'Hubert de Phalèse en avril 2004). (Là, attention tout de même, si on veut bien faire pour recoller les morceaux, il faudra encore plus de temps que ce dont dispose habituellement un universitaire au Japon...) Or, que m'éberlué-je tout à l'heure quand, sous la plume d'Éric Dussert (qui vient — je jure que c'est une coïncidence — de mettre un commentaire sur le JLR du 29 juin), je lis qu'un risque majeur de rallumer les feux va se présenter sous peu avec la publication des dossiers de Pierre Louÿs en octobre. Car bien avant les Labbé et leurs calculs à la louche, un maître du raffinement y avait consumé ses dernières années, avais-je lu il y a fort longtemps, quand je fréquentais assidument les fin-dixneuviémistes. L'alamblogué se croyait-il un premier avril ? Semblerait bien que non, et qu'il soit plutôt bien informé. En tout cas après la scie du ballon rond et avant le duel entre Ségolène et Nicolas, vous reprendrez bien un peu de Molneille & Cornière ? Nota Bene : le site du Centre de recherche sur l'histoire du théâtre que dirige Georges Forestier à la Sorbonne (et qui abritait une réfutation de Labbé) est en reconstruction... Perso, ce dont je me réjouis, c'est surtout que l'on reparle de Pierre Louÿs... Voilà, mon heure est largement passée. Comme je n'ai pas de cours demain, je vais m'autoriser une petite rallonge pour évoquer le surcroît de plaisir de lecture de Clara Stern, ce matin, dans le shinkansen et dans le métro de Nagoya avant d'aller faire passer des examens à des étudiantes échancrées par le retour des chaleurs. Le point paroxystique dont je parlais je ne sais plus quand et à partir duquel je lis un livre beaucoup plus vite, non pour arriver à la fin et en quelque sorte m'en débarrasser, mais parce que tous ses mécanismes d'écriture me sont acquis ou m'ont dompté (ou pour pouvoir au plus tôt contempler par l'esprit la totalité du texte lu, l'effeuiller, me renfiler l'incipit, voire lutiner quelques pages centrales à la recherche d'un détail salé), ce point-là est venu très tôt pour ce livre et j'avale maintenant sans ciller les proustoïdes phrases articulées comme des équations de biochimie, qui sont peut-être — qui sait ? — les équations de l'amour... « Saisissant alors tout le parti qu'il y avait à tirer de la situation, je cédai à leurs prières conjointes et, m'astreignant à maintenir sur mon visage l'expression pathétique que je venais de lui donner, déclarai avoir perdu tout espoir quant à la possibilité que cette femme, que je prénommai au débotté Véronica, s'offrît à moi. "Mais tu continues malgré tout à la fréquenter, non ? me demanda Clara. — Certes. La raison me commanderait pourtant de cesser toute relation avec elle, car son indifférence à mon égard m'est une souffrance, mais, vraiment, je ne peux m'y résoudre. Je ne saurais expliquer pourquoi. Peut-être y a-t-il enfoui en moi quelque désir de souffrir, ou plus exactement de m'amender par la souffrance en m'exposant à mon tour aux tourments que j'ai infligés à toutes ces femmes qui m'ont aimé et que j'ai ignorées pour la plupart, voire méprisées pour certaines, me contentant de les baiser, pour les abandonner aussitôt fait. — Cette femme serait ainsi, si je puis dire, le bras armé de son sexe, commenta Clara. [...]"» (Éric Laurrent, Clara Stern, p. 82) La scène s'achève « lorsque son mari, laissant tomber avec fracas son poing sur la table, s'exclama dans un brusque transport euphorique, légèrement amorti par le morceau de pain avec lequel il venait de faire disparaître de la surface de son assiette d'ultimes traînées de sauce, et dont sa bouche était emplie : "Houmpf ! Putain, de l'ail ! Il y a aussi de l'ail !"» (Ibid., p. 83) Commentaires1. Le mardi 25 juillet 2006 à 18:34, par Bertrand : Pfff, trop d'inconnues dans tes "équations de
l'amour"... 2. Le jeudi 10 août 2006 à 02:55, par Michel Marzloff : Merci de cet excellent article. Notre site
corneille-moliere.org fourmille de données sur cette affaire en
ayant le mérite de poser la question sans un dogmatisme beaucoup
trop présent dès qu'il est question de Molière. 3. Le jeudi 10 août 2006 à 03:05, par Berlol : À mon tour de vous remercier de votre passage et du
lien. Tout cela sera d'autant plus utile dans quelques
semaines... |
Mercredi 26 juillet 2006.
Mon sang sucé s'étalait sur les murs. « Nous sommes au diapason, nous aussi exsudons ! », chante le cœur infernal. C'est par 35°C que nos étudiantes planchent. Prenant toute la mesure de l'allongement du semestre, nos clientes-reines diront peut-être ce soir à leurs parents ce qu'elles pensent des 13e et 14e semaines de cours... En ce qui me concerne, deux surveillances, déjeuner de pâtes sauce tomate avec David (dont nous sortons indemnes de bougnettes, souriant des infortunes du couple voisin), puis deux réunions où nos impeccables cravates font effet — et de bonnes nouvelles pour l'avancement. Pierre blanche, discrète, pour moi-même. Contrecoup, quand même, de l'énervement, une partie de la nuit. Ayant entendu gémir un moustique à mes oreilles (l'humidité les a multipliés), l'ensemble de mes pores s'est hérissé vers les deux heures du matin, empêchant le sommeil, produisant de permanentes et imaginaires démangeaisons accompagnées de vengeances où mon sang sucé s'étalait sur les murs par l'insecte explosé, jusqu'à me lever vers quatre heures, boire un coup, tourner en rond quelques minutes en mal d'aurore, titubant malgré l'aguet auditif — et m'endormir enfin plomb le reste de nuit. Peut-on être plus maladroit que Renaud Donnedieu de Vabres ? C'est la question — qui n'est pas nouvelle mais — qui se pose quand enflent à vue d'œil les conséquences combinées de sa désapprobation de la décision de Bozonnet, de sa réception de P. Handke dans l'enceinte de son ministère et de la non-reconduction du contrat du directeur du Français, sans parler de son attitude en Avignon, et plus généralement dans le dossier des intermittents du spectacle, ou de sa gestion du dossier des droits numériques. Rappelons à tout hasard (et ce sera lui ou moi) qu'un con se ridiculise sans s'en rendre compte par le fait même de se croire plus intelligent que les personnes auxquelles il s'en prend... Et quand il est ministre, cerné et comme autorisé par une connerie d'envergure beaucoup plus générale, cela peut devenir très grave. C'est un peu comme si, pendant les vacances, vous donniez à garder votre collection de bonsaïs centenaires à un bûcheron... Bravo Florence ! « Florence Delay [...] "compte tenu des circonstances", annonce sèchement sa démission du comité de lecture de la Comédie-Française. Dans une lettre à Bozonnet, qu'il assure de "toute [sa] solidarité", Pierre Bergé, lui, déclare renoncer à soutenir la production de Phèdre par Bob Wilson, prévue pour 2007-2008, estimant que la non-reconduction de Bozonnet vaut "implicitement un soutien à Peter Handke". Marcel Bozonnet, de son côté, a écrit au président de la République pour, tout en déclarant "accepter la décision qui [le] concerne", demander à Chirac de "surseoir" à la nomination de Muriel Mayette au profit d'une "solution transitoire", qui verrait la doyenne de la troupe (Catherine Samie) faire l'intérim, permettant d'écarter "le spectre des tentations claniques, qui ont fait tant de mal dans le passé à la seule troupe permanente de France". Denis Podalydès devait également adresser une lettre au ministre, sans doute cosignée par d'autres sociétaires.» (extrait d'un article de René Solis dans Libération ce jour) Enfin, pour mémoire, puisque j'irai, dès le pied posé à Paname, cet article du Monde d'hier... Michel Butor, un voyage d'écriture et d'amitiés, par René de Ceccatty « Deux ans après la bibliothèque municipale Louis-Nucéra de Nice, à laquelle Michel Butor avait légué son fonds (manuscrits et plus de mille volumes publiés), c'est au tour de la Bibliothèque nationale de France de rendre hommage à l'auteur de La Modification, qui a confié à la conservatrice Marie-Odile Germain sa correspondance. Un don inattendu mais qui, étant donné la personnalité du donataire et l'identité de ses correspondants, présente un intérêt documentaire unique. Né en 1926, Michel Butor est un octogénaire à l'apparence bonhomme, entre Verdi, Hugo et Bachelard, l'aura-t-on assez dit. On ne s'attend donc pas à une célébration poussiéreuse. Le caractère protéiforme de l'oeuvre, dominée par le pôle du Nouveau Roman (période de fiction relativement brève, puisqu'elle s'achève vers le milieu des années 1960) et par celui des Répertoires, monumentale oeuvre critique, suivie de la série des Improvisations, invite plus à la rêverie contemplative qu'à la recherche pointilleuse. Et pourtant... Romancier, professeur d'université (que seule la Suisse a fini par reconnaître), poète ou ami des artistes ? Organisée astucieusement selon des zones géographiques (Paris, l'Egypte, l'Allemagne, l'Angleterre, Venise, Rome, l'Amérique, le Japon, etc.), qui correspondent à des dominantes artistiques (le roman, l'analyse des lieux, la photographie...) et à de grandes amitiés successives ou parallèles, cette exposition donne du créateur une image parfois difficile à cerner. Librettiste d'opéra (avec Henri Pousseur), auteur de jeux, musicologue, historien d'art, photographe, ethnographe, Michel Butor a répondu à sa façon, à ses façons, à l'appel des langages du monde. Non pas des langues et des cultures, malgré son insatiable curiosité (exceptionnelle chez les créateurs de son envergure, le plus souvent habitués à une seule musique répétée), mais des secrets du monde. Ces secrets, il les a décryptés dans son entreprise du Génie du lieu, suite de textes régulièrement parus en alternance avec ses premiers romans, puis avec ses essais critiques et ses poèmes, mais aussi dans d'innombrables tentatives de révolution des formes. UNE GÉOPOÉTIQUE Il était essentiel, devant un tel phénomène, de comprendre et de faire comprendre comment la création se nourrissait à la fois de voyages et d'amitiés. La carrière d'enseignant a été le premier moteur de ces déplacements : au hasard d'affectations, fortuites ou choisies, Michel Butor a approfondi sa connaissance de la "géopoétique" du monde, pour reprendre l'expression de Daniel Maximin. Et il est passionnant de voir que l'un des fondateurs de l'école du regard a été aussi peu parisien et aussi peu français, sans pourtant jamais renoncer à une qualité d'écriture ludique typiquement française et en gardant les yeux rivés vers des fondateurs de son univers culturel (de Flaubert à Jules Verne, certes tous les deux voyageurs littéraires, en passant par Baudelaire et Rimbaud). Outre des éditions originales rares et souvent divertissantes (dans le cas des oeuvres poétiques de très faible tirage et de présentations inventives) et des tableaux, tirages photographiques ou sculptures d'artistes amis (Alechinsky, Maxime Godard, Jacques Monory), les vitrines, installées dans l'élégant coquillage qui tourne autour d'une sorte de représentation sculpturale du Gyroscope (dernier de la série du Génie du lieu), proposent des lettres personnelles envoyées à l'écrivain : les siennes ne figurent que dans le cas où la BNF les possède dans d'autres fonds. Nathalie Sarraute accueille Degrés (Gallimard, 1960) comme une publication radicalement nouvelle : "Cela ne ressemblait à rien de déjà vu ou seulement entrevu ou pressenti." Mobile (Gallimard, 1962) déconcerte la critique qui ne prévoyait pas cet avatar du Nouveau Roman. Barthes, bientôt suivi de Pierre Boulez et de Claude Simon, vient à son secours : "La littérature consiste à lutter avec le langage et il est toujours juste de porter cette lutte à ses extrêmes." Où (Gallimard, 1971), ignoré par la critique à sa sortie, est célébré par le jeune Le Clézio : "A lire continuellement, tout le temps sans repos, pour fuir le monde et retrouver la beauté de la terre, sa multiplicité, son inexplorabilité." Tous ces dialogues avec le présent et le passé permettent de recomposer notre vision de l'histoire littéraire, comme un kaléidoscope, au désordre fragmentaire seulement apparent. "Michel Butor, l'écriture nomade", jusqu'au 27 août. Bibliothèque nationale de France, site François-Mitterrand, quai François-Mauriac, Paris-13e. Mo Bibliothèque-François-Mitterrand. Du mardi au samedi, de 10 heures à 19 heures, le dimanche de 13 heures à 19 heures. Fermeture lundi et jour fériés. Entrée libre. Catalogue, sous la direction de Marie-Odile Germain et Marie Minssieux-Chamonard. 150 p., 120 illustrations, 39 €.» Commentaires1. Le mercredi 26 juillet 2006 à 13:49, par k : pour se que vous savez c'était, à ne rien en dire, 2. Le jeudi 27 juillet 2006 à 00:37, par le moustique :
zzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzzz 3. Le jeudi 27 juillet 2006 à 01:48, par Berlol : Sale bête ! Tiens ! Prends ça !... 4. Le jeudi 27 juillet 2006 à 04:38, par le moustique : Mon sang sucé s'étalait sur les murs 5. Le jeudi 27 juillet 2006 à 08:34, par dan : Une nuit, une chauve-souris rejoint ses potesses pendues
au fond d'une grotte, la bouille couverte de sang. 6. Le jeudi 27 juillet 2006 à 09:21, par Berlol : Excellent, Dan ! Pauv' tit' chose, la chauve-souris... |
Jeudi 27 juillet 2006. Difficulté
d'un déménagement vers le nord-est. C'est l'été. On a envie de prendre son temps, de réfléchir, à soi, à tout. Essayons de nous concentrer sur le XXe siècle, par exemple, avec cette conférence de Peter Sloterdijk (conférence inaugurale de sa chaire Emmanuel-Levinas à l'Académie européenne de Strasbourg, 4 mars 2005 — académie, au passage, qui ne sait pas ce que c'est que la diffusion sonore...). J'avais cité son nom dans un récent commentaire puis me suis souvenu que je n'avais rien lu de lui depuis plusieurs années... Il a un site web, plutôt mal fait, mais tant pis. Par des lignes de fuite, on redécouvre des propos de Roland Barthes sur le journal intime. Qui résonnent caducs dans ce monde très changé par l'existence des réseaux électroniques — c'est mon opinion et je la partage... par la pratique. 36 ou 37°C et encore trois examens à surveiller ou faire passer. Et de très beaux nuages. Entre deux séances, j'ai le temps d'aller au magasin Grand Back, à quelques rues de la fac, sous le cagnard. C'est simple, dans ce magasin, je ne peux acheter que des chaussettes. Tout le reste commence à la taille LL et va jusqu'à 5L, puis sur mesure. Et ça tombe bien, parce que je ne viens que pour des chaussettes. D'ailleurs, ce n'est pas la première fois. Mais cette fois, c'est pour des chaussetes d'été, très basses ou très fines. Durant la dernière surveillance, entre deux arpents d'amphithéâtre, un collègue allemand me propose d'aller dîner ce soir à Osu, dans une petite izakaya de sa connaissance. Nous avions déjà formé ce projet et l'envisagions pour la rentrée mais ce soir, bon, pourquoi pas... Le restaurant s'appelle Bakauma. Doit-on traduire par mauvais cheval, cheval con ? Le patron n'a pas l'air d'être un mauvais cheval, ni un mauvais bougre, mais d'avoir une forte personnalité — et une corpulence à se vêtir chez Grand Back. La patronne quelque peu édentée fait aussi penser à quelque personnage de Miyazaki Hayao. Il doit y avoir dix-sept ou dix-huit places, essentiellement au comptoir. Ils font une bonne cuisine de choses simples, ça cause de tous les côtés et il y a beaucoup de bouteilles de clients réguliers, avec leur nom dessus. Entre un poisson grillé au sel et des onigiris à la prune, nous discutons tous les deux, dans un anglais que la bière fluidifie, de sujets très variés, la fac, bien sûr, mais aussi les trains, les traditions et les changements au Japon, l'équivalence entre les katakanas dans la langue et la marge d'intégration des étrangers, le film Good Bye, Lenin, la jeunesse d'Hitler et comment il devient ce que l'on sait, ce que l'on serait devenu s'il n'avait pas voulu surpasser Napoléon en allant jusqu'à Moscou, la difficulté d'un déménagement vers le nord-est selon les codes shintos, la construction du quartier d'Ueno, et j'en passe... Il n'y a pas eu d'orage mais quand je suis arrivé à la maison, j'ai trouvé le courriel que je reproduis ci-dessous. Ce n'est jamais agréable de recevoir cela, je ne le souhaite à personne. Mais que faire ? J'ai d'abord pensé à répondre. Mais que répondre ? L'individu accumule les erreurs et il semble qu'il y croie sincèrement... On ne peut même pas le traiter de menteur. Je crains qu'une reprise point par point ne serve à rien. On voit qu'il recherche quand même ce qui pourrait blesser. Ce n'est donc pas quelqu'un que je pourrais convaincre. La question intéressante, c'est pourquoi aujourd'hui ? S'il lit régulièrement le JLR (il en rappelle des épisodes), pourquoi est-ce aujourd'hui qu'il m'écrit ? Serait-ce un défenseur de RDDV ? Comment peut-on être rddvabrien ?... Voilà, je vous laisse lire : « Vous ne savez plus que faire pour créer du trafic sur votre blog. Les petites provocs ne fonctionnent plus bien. Vous avez fait le ménage parmi vos commentateurs, même si la Pool revient distiller ses conseils d'amie ! RDDV est con ? Peut-être. Et vous, non ? Je crains que d'après votre définition de la connerie vous ne soyez obbligé de lui donner la main ! Ce qui vous différencie c'est au niveu du ridicule. RDDV assume à peu près ce qu'il fait pendant que vous, d'une semaine sur l'autre, vous tournez votre veste dans le sens du vent "intellectuel". Un vrai faux-cul, décidément ! Allez, Rebollar, je veux pas le salir, votre petit blog à expressions ampoulées.» Publiquement, je peux reprendre, c'est utile : 1. Pour créer du trafic, je crois que je devrais faire à peu près le contraire de ce que je fais, donc... 2. Je ne suis ni plus ni moins provocateur, c'est aléatoire. 3. Je n'ai fait aucun ménage récemment, des personnes ont décidé de partir, c'est différent. 4. MP fait ce qu'elle veut, elle le redira peut-être elle-même. 5. Que je sois con, et non pas RDDV, est une possibilité inscrite dans le paragraphe d'hier : « (et ce sera lui ou moi) », mais comme c'est l'un ou l'autre je n'aurai jamais à lui donner la main, dieu soit loué. 6. Je voudrais que l'on me cite des exemples de mes hebdomadaires retournements de veste ! ; j'ai plutôt l'impression d'être constant sur certains combats pas évidents au départ (contre Houellebecq, contre le CPE, pour Bozonnet, pour Angot, etc.) ; certes au référendum j'ai voté oui en pensant non très fort, je m'en expliquais par le nouin ; et sur Finkielkraut, ça varie tout le temps, sauf qu'il m'énerve. 7. « décidément » et « expressions ampoulées » font référence à un précédent courrier, sans doute de la même personne, du 2 septembre 2005, comme quoi, ça sert, le journal... Dernière possibilité, que ce soit écrit en privé pour blesser mais aussi avec la certitude que ce sera publié. Auquel cas, là, je dis bravo, ça a bien réussi. Commentaires1. Le jeudi 27 juillet 2006 à 10:43, par Elsa T : vous avez bien fait de citer ce commentaire qui met mal
à l'aise : preuve quand même que la piste frayée dérange 2. Le jeudi 27 juillet 2006 à 12:01, par brigetoun : pour les commentaires à contre sens et pour en revenir à
Barthes et Lignes de fuite, il semble que si l'on s'en tient au
coté "journal intime" nous sommes forcément en porte-à-faux. Ou
il s'agit d'un vrai journal intime et il est indécent de le
mettre en ligne, ou nous gazons, comme on disait, et le sens ne
passe pas ou peut être détourné parce que gênant. 3. Le jeudi 27 juillet 2006 à 15:50, par cgat : " comment peut-on être rddvabrien ?... " me semble être
une question essentielle ? sans-doute ce genre de propos
devraient-ils être traités par le mépris, mais c'est comme les
moustiques, ça énerve 4. Le jeudi 27 juillet 2006 à 17:32, par Berlol : Que Barthes reste au-dessus de beaucoup de commentateurs, c'est plutôt bien, non ? C'est qu'il ne suffit pas d'être contemporain pour être intelligent... Pour les articles en question (RiLUnE), j'y reviendrai (après avoir corrigé mes piles de copies). 5. Le jeudi 27 juillet 2006 à 18:08, par Mth P : Comment ne pas être d'accord avec ce qui suit ? 6. Le jeudi 27 juillet 2006 à 18:22, par Berlol : "La bienveillance du citron", ça ferait un beau titre.
Merci d'avoir rapatrié le commentaire laissé chez Lignes de
fuite. 7. Le jeudi 27 juillet 2006 à 20:12, par vinteix : "Bakauma" : c'est pas mal ça ! cauchemardesque aussi,
"cheval noir" ?... 8. Le jeudi 27 juillet 2006 à 20:13, par vinteix : un rapport avec la position cardinale néfaste dans le bouddhisme ? 9. Le vendredi 28 juillet 2006 à 03:42, par Berlol : Selon T., cela n'a rien à voir avec le bouddhisme et peu avec le shintoïsme, ça serait plus primitivement, en Chine puis au Japon, la crainte d'envahissants barbares venant toujours de cette direction N.-E., puis recyclée, ritualisée dans le 陰陽道 (onmyoudou, ou voie du yin et du yang)... A vérifier, à l'occasion. 10. Le vendredi 28 juillet 2006 à 04:30, par vinteix : merci pour cette belle érudition... 11. Le vendredi 28 juillet 2006 à 07:45, par vinteix : "Baka uma"... j'y reviens... car R. me dit que si ce
n'était pas écrit en kanjis (?), cela signifie sûrement "baka
uma(i)" = "vachement bon"... 12. Le vendredi 28 juillet 2006 à 17:42, par Berlol : Ah bien, très intéressant. En effet, pas de kanjis,
c'était toujours en hiragana, donc jeu de mots. Je le dirai à
mon collègue. |
Vendredi 28 juillet 2006. Sans
écrire, le retrouverai-je ? Et le
bonheur d'aller me coucher sans écrire, le retrouverai-je un jour ?... Le lendemain. D'ailleurs il n'y avait pas tant de choses à dire. J'avais peu lu, même dans le train où j'ai surtout dormi (je dormais déjà debout dans le métro, presque, comme piqué par ce fameux moustique somnifère). Quand j'ai essayé de finir L'Os du doute, je ne comprenais rien. C'était moi qui étais dans la purée ou c'était la seconde moitié du livre qui ne tenait pas les promesses de la première. Va falloir que je tire ça au clair sous peu... Le soir, avant le dîner, j'ai écouté et regardé ce qu'on appelle un mash-up, The Wizard Side of the Moon... En fait, j'ai plus écouté que regardé, parce que j'ai rapidement fait autre chose à l'écran puis pris part à la préparation du dîner avec T. Ce Pink Floyd-là, c'était un de mes premiers disques, sinon le tout premier, alors forcément, ça fait remonter des sensations. Mais pas de souvenirs, ni de nostalgie. Juste un étonnement de sentir cela comme un classique (et T., qui ne connaît pas — parce que ce groupe n'était pas très connu au Japon dans les années 70 ?). Dans la journée, il avait fait très chaud, et sec. J'avais surveillé un dernier examen puis déjeuné avec David, fasciné, pendant que son sandwich gouttait dans l'assiette, par une scène de l'autre côté de la rue, d'énormes engins détruisant de l'intérieur un vieux bâtiment de l'hôpital, me disant alors avoir vu en vidéo des démolitions explosives contrôlées, à Las Vegas, transformées en spectacle avec feu d'artifice, montrant ainsi la maîtrise atteinte dans cet art — dont nous ne sommes pas sûr qu'il n'ait pas été sciemment pratiqué un certain 11 septembre... Le soir, après l'article de Banu à lire ci-dessous, je lis que le film d'Oliver Stone devrait être plutôt bien accueilli. Ça sent la commémoration et la fermeture de couvercle doxique, tout ça, la réussite du film étant en partie d'avance acquise par le fait que Stone a « pour une fois évité toute allusion politique ». Là, je me suis frotté les yeux, j'ai relu ça encore une fois et suis allé directement me coucher, de bonne heure. L'affaire Bozonnet et le fait du prince par Georges Banu ("Rebond" de Libération, le 28 juillet 2006) « Marcel Bozonnet n'a pas été reconduit dans ses fonctions d'administrateur de la Comédie-Française. Le monde du théâtre l'a appris par un communiqué officiel qui, malgré l'importance de la décision, ne s'est accompagné d'aucune conférence de presse, de nulle explication publique. Et pour un ministre qui ne les craint pas, les affectionne même, ce silence fait sens comme s'il s'agissait d'entériner le plus vite possible, sans appel ni débat une décision autoritaire. Le mutisme et les explications laconiques inaptes à
camoufler « le fait du prince » ont surpris et étonné
bon nombre de gens du théâtre. Qu'évite-t-on ? Et surtout
qu'entend-on affirmer par la détermination de ce geste ? Sans doute
une maîtrise mise à mal par la blessure toujours ouverte des
intermittents que l'on entend restaurer grâce à des décisions
appelées à la rappeler et réconforter. Oublions le
gant de velours et montrons la main de fer !
Le ministre et les rares bribes rendues publiques s'emploient
péniblement à nous faire croire que le décret de non-reconduction
de l'administrateur du Français ne serait pas lié au «
cas Handke » désormais devenu historique. Etant donné
la scission produite par l'acte de Marcel Bozonnet, que moi et tant d'autres
respectons, la ruse consiste à nous dire qu'il n'est pas sanctionné
en raison de ce geste, que les motifs sont autres, dit le ministre qui a
reçu Handke pour le consoler et sans doute se faire excuser. Bozonnet
devait payer cette allégeance. Que l'on ne nous prenne pas pour plus
naïfs que nous sommes : la décision est politique. Et pourtant,
on s'emploie à camoufler son caractère qui ne trompe point.
La stratégie de déminage est tellement visible
qu'elle s'annule. Réclamons-nous des quotas et du changement générationnel
et face au « politiquement correct » personne ne pourra avancer
des contre-arguments. Silence pour cause de mauvaise conscience ! Mais comment
ne pas se révolter justement contre l'instrumentalisation flagrante
de ces arguments si justes ? En procédant à de pareils usages,
on les pervertit et galvaude. Il ne s'agit pas de les contester, mais de
réfuter leur mode d'emploi.
L'inédit d'un autre argument surprend encore plus.
Et inquiète l'observateur attentif du travail théâtral,
statut que nous sommes nombreux à assumer. On apprend que dans l'arbitrage
ministériel « le bilan » d'un responsable
d'institution, de surcroît la Comédie-Française, n'entre
pas en ligne de compte et que seul « le projet » fait
foi. Et loi... Inquiétant refus du passé et mépris pour
le travail effectué ! N'invite-t-on pas ainsi à une déresponsabilisation
implicite ? Pourquoi renouveler une Maison comme le Français, l'ouvrir,
la diversifier, la faire voyager à l'étranger ou en France
? (La mobilité que le ministre valorise inconsidérément
aujourd'hui est coûteuse : l'on n'a pas trouvé les moyens
pour présenter le Cid à Rouen lors des festivités
Corneille.) Pourquoi donc bâtir une oeuvre d'administrateur lorsqu'on
réclame à l'heure de la reconduction que les compteurs soient
remis à zéro ? Parce que le mot «bilan» inquiète
le Président, faut-il l'exclure de tout travail d'appréciation
d'une candidature ? « Nous sommes la somme de nos actes »,
propos d'un philosophe responsable que le ministère en
manque d'arguments n'entend plus faire sien. Il se présente comme le
« ministère de l'Avenir » en oubliant que tout nouveau
programme s'appuie sur l'alliance d'une oeuvre et d'une identité.
A travers ces cinq ans à la tête de la Comédie-Française,
Marcel Bozonnet est parvenu à assurer leur conjugaison. C'est pourquoi
la reconduction nous semblait légitime. On l'élimine à
l'heure de l'achèvement d'un parcours ! Mais au-delà de sa
personne, les arguments convoqués témoignent d'une stratégie
et d'une vision qui risquent de déstabiliser tout appétit
de construction. A moins que tout cela ne soit le rideau de fumée
dressé à la va-vite pour répondre au fantôme
vengeur d'un Handke blessé par un administrateur citoyen ? Comment
se taire ? »
Commentaires1. Le vendredi 28 juillet 2006 à 09:42, par jcb : C'est un bon début... 2. Le vendredi 28 juillet 2006 à 10:21, par cgat : jcb a raison, ça a un petit côté longtemps je me suis couché de
bonne heure : encore quelques pages et tu auras écrit la recherche 3. Le vendredi 28 juillet 2006 à 10:23, par Mth Peyrin : Le TAMAGOSHI est un mioche tout-puissant... Alertez les BD ! 4. Le vendredi 28 juillet 2006 à 11:36, par Bertrand : Ecrire, c'est aussi se coucher sur du papier... 5. Le vendredi 28 juillet 2006 à 11:46, par k : rien ne sert à rien 6. Le samedi 29 juillet 2006 à 00:21, par le moustique : le retrouverai-je ? 7. Le samedi 29 juillet 2006 à 06:40, par Bertrand : CLASH !!!!!!!!! 8. Le samedi 29 juillet 2006 à 07:08, par Berlol : Ah, tiens, toi aussi, t'en avais un ? 9. Le samedi 29 juillet 2006 à 08:12, par Mth Peyrin : Ben... Oui !!! 10. Le samedi 29 juillet 2006 à 14:08, par cgat : "Pour ce qui est du tamagochi, ça voudrait dire que ce sont les
lecteurs que le blogueur doit nourrir, torcher, coucher, bercer,
promener, etc." |
Samedi 29 juillet 2006. Libre
et les mains vides comme au début. Positivons dans l'e-adversité — et ridiculisons un peu plus RDDV, son équipe et le Conseil constitutionnel. Deux heures de Romain Gary sur la RSR, puisqu'on en parlait. Ça fera plaisir à Clotilde. À suivre avec deux heures d'archives Claude Simon (et des entretiens pas spécialement connus en France). À l'occasion d'une nouvelle visite du site Classici Stranieri, j'ai découvert sa migration au format blog et que, outre les textes pour lesquels je venais, Valerio Di Stefano proposait aussi de la musique classique en mp3, la voix de Caruso ou l'Orphée de Monteverdi, par exemple. Restons dans la littérature et les blogs. J'ai l'impression de voir pousser ces semaines-ci deux nouvelles catégories de blogs littéraires. Une que j'approuve car elle veut exhumer des trésors enfouis dans les bibliothèques et les catalogues d'éditeurs exigeants, car elle fournit des informations vérifiées et dûment formatées, dont le type serait l'Alamblog. L'autre que je crains comme la peste car elle transforme en people et en VIP les milieux des auteurs et des éditeurs, car elle se fait l'écho des bruits de couloirs et de cocktails, fussent-ils inintéressants au possible, et je crains que les Blogauteurs s'en veuillent l'archétype. Disant cela, je ne serais pas un brin dandy, à mon tour ? (Après l'avoir reproché à Barthes chez Lignes de fuite...) Pourquoi reprocherais-je aux milieux littéraires (dont je ne fais pas partie) de vouloir devenir aussi sexy et trendy que ceux de la com, de la pub, de la télé, du show-biz et quelques autres qui ont déjà fait leur mue photogénique et lobotomique pour entrer dans la joyeuse disneylandisation de tous les rayons culturels ? Mais... D'une façon plus générale, pourquoi quelqu'un veut-il intervenir et donner son opinion ? Il n'y a qu'à laisser faire. Que le monde aille à sa perte, disait Duras. Et puis le choix des mots, comme « lobotomique » ou « disneylandisation », c'est une condamnation a priori. Ce n'est ni très sérieux, ni très fair play... alors décrisper. Zen. Ce que certains voient comme la perte, est pour d'autres la réussite, la voie de la consécration. Le monde tourne et l'on croit toujours qu'il tourne vers le bas — certains disent que c'est parce qu'on vieillit. Je me demande parfois si l'autoritarisme d'une génération sur ses suivantes (qui donne la gérontocratie actuelle) ne viendrait pas du fait que nous avons trop de mémoire, trop de choses auxquelles on tient trop, et si, à engranger, reproduire, diffuser de la mémoire en multipliant les supports, on ne finirait pas par s'auto-réifier dans son espace-temps idolâtré, au détriment du vivant en soi qui n'aspire qu'au mouvement, au déplacement, à l'allègement pour aller découvrir d'autres horizons — quitte à laisser tomber des pans entiers de ses origines (origines et racines de plus en plus revendiquées et causes de bien des maux du monde). Écrivant cela, je revois l'image de Rahan, qui repartait toujours en fin d'épisode, libre et les mains vides comme au début. Tout cela pour dire, puisque ça accompagne par fragments la journée, que j'ai commencé les gros travaux de l'été : les relectures en vue des Actes du colloque de Cerisy d'août dernier. Vous le croirez ou non, mais après 11 mois et plusieurs courriers de rappel aux auteurs, je n'ai pas encore tous les textes ! Presque, quand même. Je ne suis sorti que pour aller déjeuner d'un poulet-frites au Saint-Martin. Je ne me souviens même pas s'il y avait des nuages. Il m'a semblé que le ciel était gris. Commentaires1. Le samedi 29 juillet 2006 à 12:04, par le moustique : ZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZZ 2. Le samedi 29 juillet 2006 à 23:24, par brigetoun : moi je me contente de remercier pour le lien vers Valerio di Stephano 3. Le samedi 29 juillet 2006 à 23:32, par grapheus tis : Oh, ben ! moi - et là je sais que je ne serai point
soumis au "filtre" - c'est un triple merci pour l'Alamblog,
Monteverdi et ... Rahan ! 4. Le samedi 29 juillet 2006 à 23:35, par grapheus tis : ... et pour "musique.fluctuat.net/blog... 5. Le dimanche 30 juillet 2006 à 06:44, par Bertrand : question par rapport au titre : est-on vraiment libre quand on a les mains vides ? 6. Le dimanche 30 juillet 2006 à 07:57, par Berlol : Bonne question. Ce qui est sûr, c'est qu'on n'est pas
libre quand elles sont pleines... et que le téléphone sonne, par
exemple. |
Dimanche 30 juillet 2006. Du
basilic entre chaque pied de tomate. Sortant du centre de sport où nous avons coulé de belles heures, mes tuteurs verts d'1,50 m à la main (pour les tomates). Je les tiens par le milieu comme une arme de trait, souple entre les doigts. J'avance en pliant les jambes comme si j'étais dans la savane et dis à T. que je me vois à la chasse. Avisant une jeune rombière un peu dodue, surmaquillée et fort décoletée, je demande à T. si ce n'est pas une antilope, par hasard. Elle me répond que non, que ce serait plutôt une salope... Quelques minutes plus tard, quand nous traversons dangereusement le grand carrefour de Shibuya, elle marche dans mon sillage pour fendre la foule. Tourné vers elle, au risque de mourir écrasé par un troupeau de piétons, je lui demande ce qu'elle regarde et elle répond : « Je surveille mon Masaï...». Le vendeur de tuteurs, en haut du magasin Tokyu Bunkamura, nous a quand même dit qu'il fallait arroser deux fois par jour les tomates, en ce moment. On se dépêche de rentrer, on n'a pas arrosé depuis vendredi soir... « Planter du basilic entre chaque pied de tomate pour éviter le mildiou.» (Sandrine) Entre chaque, si on y pense, c'est un peu bizarre, non ? Parce que le site de France Culture n'avait pas de lien sur le titre d'émission (et je ne savais pas s'il y aurait conservation ou non), j'avais programmé l'ordinateur portable pour qu'il enregistre à 2 heures du matin la conférence de Claudine Galéa, première d'un cycle de dix auteurs à la BnF. Ce matin, pas de conférence dans la boîte. Après vérification du logiciel Total Recorder (qui marche impeccablement), je m'aperçois que c'est parce que l'ordinateur est à l'heure française : il attend donc qu'il soit deux heures en France, soit neuf heures au Japon... Et tout ça parce que depuis mars, j'ai modifié l'heure à chaque redémarrage, au lieu — que je suis bête ! — de modifier le fuseau horaire (compte tenu que j'ai activé la fonction de synchronisation automatique via le web). Heureusement, le lien magique est apparu et j'ai pu écouter et enregistrer. Et ce soir ? Youpi ! Rien moins qu'Antoine Volodine ! (sans doute ici après 20h30, heure française...) Et huit autres à venir les week-ends prochains. Je l'écouterai demain matin... Totemo isogashii (très occupé !). Pour bien faire, faudrait aussi que j'enregistre les extraits du Journal de Jules Renard (sur RSR), un entretien avec Bertrand Leclair (même radio), et que j'écoute attentivement De beaux lendemains. Tout à l'heure, Jean-Pierre Dupuy parlait philosophiquement de catastrophisme et juste après lui les infos décrivaient les débuts de la marée noire que la démesure des bombardements d'Israël ont déclenchée... Je voulais rouvrir et citer le livre enfin commencé au sport, sur mon petit vélo fixe, mais il est trop tard, on verra demain. Je me souviens seulement que j'ai d'abord craint, comme on craint de déranger quelqu'un, puis j'ai été en mesure page après page et parenthèse après parenthèse d'apprécier la timidité et les détours pris par l'écriture pour aller vers son sujet. Déjà avec ça, ceux qui l'ont lu devraient deviner de quel livre je parle (paru cette année). Commentaires1. Le dimanche 30 juillet 2006 à 09:57, par alain : A la radio, incapable de capter autre chose que
Radio-Bonheur pendant 15 jours en voiture. Nous conduisîmes peu
de toute façon dans les environs du Cap Fréhel. Nous bronzâmes
et construisîmes des châteaux de sable que la mer léchait avant
de déglinguer. Ah les mers ! 2. Le dimanche 30 juillet 2006 à 20:58, par vinteix : Les antilopes sont toutes des salopes... 3. Le dimanche 30 juillet 2006 à 21:49, par caroline : Arroser deux fois par jour ? Une seule fois suffit, le soir, pour éviter l'évaporation. Quant au basilic, pourquoi pas. Je ne connaissais pas ses vertus anti mildiou. L'essentiel est surtout d'arroser que le pied. Enfin, ici où l'atmosphère est très sèche. S'il y a de l'humidité dans l'air, les maladies peuvent se développer. Dans ce cas, bouillie bordelaise. 4. Le dimanche 30 juillet 2006 à 22:37, par vinteix : ouais... mais du côté de chez Berlol, il y a de l'humidité dans l'air... L'été au Japon est même parfois un vrai hammam ! Attention aux maladies donc ! 5. Le lundi 31 juillet 2006 à 02:37, par vinteix : Petite blague, un peu vulgaire certes, mais c'est cette
histoire d'antilope qui me pousse à la raconter... 6. Le lundi 31 juillet 2006 à 03:39, par Berlol : Rien compris... 7. Le lundi 31 juillet 2006 à 04:04, par vinteix : Elémentaire, mon cher Watson... c'est juste
phonétique... 8. Le lundi 31 juillet 2006 à 05:35, par vinteix : Elémentaire, mon cher Watson... et moins vulgaire... lu
aujourd'hui dans une copie d'examen : 9. Le lundi 31 juillet 2006 à 06:46, par Berlol : Et de la bonne bouche, j'espère ! Allez, monsieur le boucher, mettez-moi 150 g de bouche hachée ! 10. Le lundi 31 juillet 2006 à 07:37, par vinteix : c'est bon la bouchachée ! 11. Le lundi 31 juillet 2006 à 08:25, par caroline : Toujours dans les considérations agricoles, les tuteurs c'est essentiel. J'ai vu trop petit et je suis obligée de faire du rafistolage avec mes pieds de tomates. C'est la première fois que je me lance dans la production maraîchère. J'apprends sur le tas ! 12. Le lundi 31 juillet 2006 à 09:02, par Berlol : Moi, c'est demain matin, que je plante les tuteurs.
Faudra me tenir au courant, pour les tomates. (Y'a pas que la
viande dans la vie...) |
Lundi 31 juillet 2006. Lui
chercher des angles inodores. Dehors ! C'est là que j'ai passé la journée. C'était pas dit, au départ. Je devais juste aller déjeuner avec Manu, à Kanda. Mais il fallait aussi passer à la banque, à l'agence de voyage, à Kasuga pour changer un achat de verrou de fenêtre, éventuellement à Akihabara pour voir les prix des ordinateurs ces jours-ci ainsi qu'à Kappabashi pour quelques cadeaux. Et l'idée m'est venue de faire tout ça en vélo. Avec T. pour les deux premières étapes, tout seul ensuite. Et en rentrant vers 17 heures, 30 kilomètres au compteur. Et dans mon sac, tout le temps, jamais ouvert, un livre. Comme Claudine Galéa, je ne sors jamais sans un livre (je ne suis donc jamais libre). Déjeuner au Champ de soleil, comme souvent avec Manu puisque c'est assez près de son travail. De ce côté, d'ailleurs, ça s'éclaircit puisqu'il a passé avec succès une certification qui va lui permettre de prétendre à un emploi mieux rémunéré, quand il en aura trouvé un. Avec deux enfants, ça s'impose. Mais la question se pose toujours, quoique moins présente que les mois derniers : en France ou au Japon ? (Avec bien sûr des avantages et des inconvénients des deux côtés, sinon il n'y aurait pas de question...) Moi, j'arrive du Dell Real Store d'Akihabara, le fameux quartier électrique, après être allé chez Laox où je n'avais rien vu d'intéressant. J'ai ramené le descriptif du Dimension 3100 C pour lequel il y a, jusqu'à aujourd'hui inclus, deux promotions intéressantes, l'une avec écran 19 pouces et 512Mb de Ram (87.330¥), l'autre avec écran 23 pouces, 2 Gb de Ram, un tuner TV et quelques autres bricoles (134.980¥). On en cause, ce n'est pas mal mais il n'y a pas lieu de se précipiter. D'autant que pour avoir le système en anglais, il vaut mieux passer commande par le site web de Dell. Pas trop de discussion sur moi, puisque Manu lit ce journal, un peu sur les commentaires et les commentateurs. Et puis c'est déjà l'heure. Étonnement, toujours, au débouché d'une rue, de sentir soudain la dominante horizontale, tant les verticales nous conditionnent à notre insu. Cette fois, c'est avec la Sumida, au sud d'Asakusa, fleuve large, bordé et traversé d'autoroutes sur les berges duquel commence à se développer un habitat bourgeois — c'est la zone Bercy de Tokyo. J'y suis arrivé au pif, zigzaguant gauche-droite depuis Kanda sans rien reconnaître, vers ce que j'estimai être le nord et qui était en fait le nord-est. Plutôt Asakusa que Ueno, donc. Mais ce n'est pas grave puisque Kappabashi, ensemble de quatre ou cinq rues de moins d'1 km² appelé quartier du matériel de cuisine, se trouve exactement entre Ueno et Asakusa. Ça peut servir de repère, de loin. Mais de près, je suis toujours surpris par le mauvais goût du StarckÉtron pour la bière Asahi. À moins de lui chercher des angles inodores, de jouer à cache-cache avec la lumière... Ajoutons aux érections d'immeubles cossus, un autre mouvement archictectural du quartier : les cabanes de bâches bleues, en quantité vraiment impressionante. Si ce quartier devient chic, les nouveaux habitants, probables migrants de Roppongi, déçus par l'étroitesse du lieu et la mauvaise réputation de quelques hommes d'affaire véreux, devront faire leur jogging entre les cartons, les popotes et les collecteurs-broyeurs de canettes. Se poseront-ils des questions sur la valeur du capitalisme, les uns et les autres ? Quelques cadeaux plus tard (discrétion, car de futurs récipiendaires lisent...), je m'engage sur le chemin du retour, par le nord de Ueno, Nippori (méconnaissable, énormes travaux de nouvelles lignes de train) pour revenir sur Kasuga de façon quelque peu mystérieuse. Faut que j'aille consulter la carte pour voir où je suis passé. Pour sûr, on y retournera... Mais c'est assez, il est tard. je mettrai des liens urbanistiques demain. « Le Liban qui n’a jamais fait la guerre à Israël, un pays avec 40 quotidiens, 42 universités et une centaine de banques différentes, est en train d’être détruit par nos avions et nos canons, et presque personne ne prend en compte le prix de la haine que nous semons. L’image d’Israël dans l’opinion internationale est devenue monstrueuse et cela non plus, en attendant, n’est pas enregistré à la rubrique "dette" de cette guerre. Israël est marqué de lourdes taches morales qu’on n’enlèvera pas rapidement. Il n’y a que chez nous qu’on ne veut pas les voir.» ("Temps obscurs", par Gidéon Lévy, Haaretz pour version en anglais) Assez, oui. Pour l'image monstrueuse, je confirme. Commentaires1. Le lundi 31 juillet 2006 à 09:51, par vinteix : Non, tu n'es jamais libre... parce que tu sors avec un
livre... que tu écris dans ton JLR tous les soirs... que tu as
tes tomates à surveiller... tes examens à surveiller et
corriger... etc. 2. Le lundi 31 juillet 2006 à 09:55, par vinteix : Quant aux pauvres Libanais, pour sûr, ils subissent et c'est tout ! monstrueusement tout ! 3. Le lundi 31 juillet 2006 à 14:59, par brigetoun : oui mais ouff Haaretz est encore capable de raison ! et
bien sur ses lecteurs ! 4. Le lundi 31 juillet 2006 à 19:09, par Manu : Le chêne: 5. Le mardi 1 août 2006 à 02:20, par Berlol : En fait, l'association livre/libre reprenait une
remarque de Bertrand sur les mains vides. 6. Le mardi 1 août 2006 à 07:07, par Manu : Ben là elle marche... Une panne temporaire ? Une
incompatibilité avec Firefox ? |