Journal LittéRéticulaire de Berlol
Version quotidienne ICI
Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Février 2006

<< . 1 . 2 . 3 . 4 . 5 . 6 . 7 . 8 . 9 . 10 . 11 . 12 . 13 . 14 . 15 . 16 . 17 . 18 . 19 . 20 . 21 . 22 . 23 . 24 . 25 . 26 . 27 . 28 . >>


Mercredi 1er février 2006. Un boulevard... Qui l'empruntera ?

Monotonie de la pluie continue. Dans le train et le métro, suite des Manœuvres d'automne de Guy Dupré. Mémorialisme un peu lourd, volontiers métaphorique et périphrastique, pas toujours de mon goût. Interférence avec le film Bon Voyage sur lequel certains de mes étudiants finissent leur mémoire annuel.

« Élevé surtout par sa grand-mère, lisant, travaillant, dormant dans la chambre de Maurice Barrès, Claude Barrès a grandi devant des portraits et des images d'Épinal. À quinze ans, la défaite, l'exode, la foire des souteneurs de la IIIe République, repliés à Bordeaux, lui ont fait contracter le dégoût définitif de la société politique. Il a vu Paul Reynaud tout fier d'avoir été reconnu et arrêté sur la route de Bordeaux, où sa voiture conduite par Hélène de Portes a été prise dans une colonne de réfugiés du Nord : « Ils ne m'ont pas insulté, croyez-vous, ils m'ont demandé de continuer la lutte ! » Un Paul Reynaud étonné de ne pas avoir été molesté.» (Guy Dupré, Les Manœuvres d'automne, p. 37-38)

Il me souvient d'un temps pas si lointain, en 2005, où un ministre insultait des historiens du haut de son impunité, un temps où l'idée d'abrogation de l'article 4 de la loi du 23 février 2005 faisait rire le gouvernement... La mobilisation a fait reculer le président de la République, donné de la voix à la gauche à contretemps, réveillé le Conseil constitutionnel, ouvert un boulevard...

Qui l'empruntera ?

Après le désert égyptien des anachorètes (Macaire le Copte), j'ai regardé ce soir le 3e et dernier épisode de l'Algérie des chimères, série réalisée par François Luciani (2001). Ça me change du climat d'ici. De 1837 à 1870 (j'ai vu les deux premiers épisodes la semaine dernière), c'est-à-dire des guerres de conquête à la proclamation de l'Algérie française, au travers de 4 régimes politiques français et de nombreuses formes de résistance des autochtones, deux amis, saint-simoniens convaincus, prennent part au destin d'un pays qu'ils croient leur de différentes manières. Les destins se séparent pour se recroiser épisodiquement. Ce parti pris fictionnel excuse-t-il une vision francocentriste de l'histoire du pays ?
Un cinéphile ou un historien n'y tiendraient certes pas une heure, mais d'un point de vue instructif, pour ne pas dire pédagogique, c'est assez convaincant et ça peut donner envie d'aller plus loin. La géographie, les populations, la diversité des comportements et des réactions, les dissensions dans les milieux français comme dans les milieux indigènes, les dilemmes issus du métissage sont montrés dans la lumière nette d'une vulgarisation efficace — car entrer plus encore dans les détails aurait nécessité 10 épisodes pour un résultat forcément délayé.
À replacer entre Isabelle Eberhardt, Pierre Loti et Pépé le Moko... Voir la bibliographie d'Europe déjà signalée pour un traitement algérien de l'histoire... ou écouter Assia Djebar, cette semaine.

Du Japon
Calissons d'Aix de Léonard Parli
cadeau de ma famille
ouverts ce soir
le goût juste
l'amande et l'amer

Commentaires

1. Le mercredi 1 février 2006 à 20:28, par vinteix :

"Pour Vinteix : je t'ai mis un lien dans le billet du 1er février sur "désert". Tu nous diras ce qu'il y a d'intéressant..."

Ah, oui, merci beaucoup, meme si je connaissais deja ce lien.
A vrai dire, beaucoup de romans que je n'ai pas lus... mais bien sur, il y a les recits d'Isabelle Eberhardt, les textes de Theodore Monod...
J'ai envie d'y ajouter le livre bouleversant de Michel Vieuchange : "Smara, Carnets de route d'un fou du desert" (Phebus, 2004), le roman merveilleux d'Andre Dhotel : "Le soleil du desert" (Phebus, 2005) et la nouvelle tres etrange de Balzac sur un amour fou : "Une passion dans le desert" (1830), qu'on peut trouver sur le web :
www.bmlisieux.com/archive...

Et aussi de la poesie : celle d'Adonis ou des textes de Salah Stetie comme "Archer aveugle" (Fata Morgana, 1985).
Mais la, je lis surtout des textes relatifs aux ermites du debut du christianisme :
- Jacques Lacarriere : "Les hommes ivres de Dieu"
-Marcel Driot : "Les Peres du desert, vie et spiritualite"
- Thomas Merton : "La sagesse du desert : apophtegmes des Peres du desert"
Bonne meharee !



Jeudi 2 février 2006. Tons de météores.

Ça tombe bien. J'ai à réviser mon tableau de l'été, en vue publication, et je trouve cet article qui répond en partie aux questions que je me posais sur les bizarreries de certains résultats de Google...
Le pire, c'est que plus aucun chiffre ne correspond. Mais c'est dans des proportions gigantesques. Essayez en cliquant sur n'importe quel chiffre du tableau, vous verrez que la requête Google actuelle sera au minimum 5 à 10 fois supérieure à celle d'août. En moins de 6 mois, comment est-ce possible ?

Perles dans les corrections d'examens :
Dans une charade, un étudiant propose le participe futur du verbe dire... (il ne sait pas que ça existe...)
Dans la dictée à trous de « Les ......... importés sont meilleurs que les autres », il fallait entendre fromages. Un étudiant a écrit enfants... (pourtant, phonétiquement...)
Le reste est sans surprise, déjà dans le catalogue des fautes connues.

Est-ce que c'est de lire les exercices de mémoire de Guy Dupré ? Sortant du centre de sport, là, sur le trottoir, me reviennent d'un coup les deux premières strophes d'un poème écrit à seize ans. Il avait été publié dans une feuille de l'école, je ne sais même plus comment. Et remarqué. Ça s'appelait Les Hyperboréennes. Ça devait faire 8 ou 10 strophes mais j'ai perdu les autres...

À l'aube du lent élan frais du vent du Nord
Les Hyperboréennes blondes dansent en cheveux
Elles dansent sur nos braises aux tons de météores
Et leurs cheveux fous scandent les mots de leurs yeux

Hypnotique monstre au charme nordique
Venu d'un pays qui n'est que gangue de mer
L'hydre des femmes agames et lubriques
séduit les bedaines de son exotisme amer

La musique me plaisait mais je n'étais pas trop regardant sur les pieds.
Ce que je n'ai jamais dit, c'est que je l'avais écrit alors que j'avais encore très peur des femmes, d'une part. Et d'autre part, en reprenant une liste de mots compliqués ramassés dans Le Vent Paraclet de Tournier, que je n'avais pas aimé, mais qu'à cela ne tienne, il faut quand même comprendre, m'étais-je dit. Ouvrant des dictionnaires, il y avait une langue sous la langue, comme un gisement dormant sous une nappe de surface. C'est peut-être là que tout avait commencé.

Non, ça, c'est un klapischisme. Je viens de voir (enfin) Les Poupées russes.
Sous le coup, là ! Besoin de recul. Les villes, les langues, les problèmes interculturels, ça me touche. Vraiment, je suis trop dedans pour être objectif. Je vais me faire un thé, ça va me calmer.

théière du soir
théière du matin
l'une rustique — trois tasses, sobre, blanc
cassé, des grains dans le biscuit
l'autre élégante — six tasses, fins damiers
bleus, en haut, et ce long col

Commentaires

1. Le jeudi 2 février 2006 à 08:41, par Arte :

Ah... nous y voila

(Je trouve ton poème Mallarméen )

2. Le jeudi 2 février 2006 à 14:09, par Berlol :

T'es gentil ! — Merci...



Vendredi 3 février 2006. La liberté ne sauve pas de la connerie.

Des prix à gagner aux Big Brother Awards France... And the winner is !... (À partir de 19h, heure française.)

Lecture attentive. Actualisation de la page de François Bon intitulée Internet et le livre à la SGDL.

Non, moi je ne parle pas des caricatures de prophètes. J'ai déjà tout dit de ce que je pense des religions. Quant à la presse, la liberté ne sauve pas de la connerie. Ça se saurait.

Le 8 février commence à être chargé. Audition surmédiatisée du juge Burgaud, que plus personne ne veut rendre responsable, alors que quand même... Sortie des mémoires de Cécilia, transformés en roman de Valérie Domain. Le sommet de la gauche — sommet de quoi, d'ailleurs ? La commémoration des événements de Charonne...

Aujourd'hui ? Pas grand chose. Bureau. Train, je veux lire, m'endors lamentablement. Les Manœuvres d'automne de Guy Dupré me fatiguent, ne s'adressent qu'aux ombres. Je vais m'arrêter là, je crois. Soirée à préparer le dernier cours sur le Colonel Chabert. Quand même, avant ça, excellent moment avec Un Héros très discret de Jacques Audiard. Je ne m'attendais pas du tout à être si captivé... Au fond, c'est une excellente problématisation du rapport vérité / fiction. D'habitude, tout est fait pour que la fiction s'insère juste dans les interstices de la vérité historique, être raccord comme dans Bon Voyage avec le ministre fictif joué par Depardieu au milieu du gouvernement de Bordeaux. Bon pour le cours de cinéma, l'an prochain.

Commentaires

1. Le vendredi 3 février 2006 à 16:03, par cécile :

J'y suis allée à ces "assises numériques", mais j'ai été assez déçue - pas le matin (quel dommage, au passage, que F. Bon ait dû se dépêcher comme ça, il était au coeur du sujet, dans sa profondeur et son intérêt mêmes), mais l'après-midi -, énervée même (bon aussi contre moi même, parce qu'évidemment je n'ai rien dit sur le moment, ce qui m'aurait fait du bien, mais les micros) ; notamment cette Françoise Cartano qui animait la deuxième table ronde et qui faisait preuve d'une certaine méconnaissance d'Internet, des nouvelles pratiques ou des nouvelles représentations intellectuelles, culturelles, artistiques qu'il entraîne, caricaturant ici, réduisant là, dévoilant en fait son manque de curiosité personnelle en tant qu'internaute (sorti d'un usage utilitaire), et au final se plaçant à côté. Mais pas qu'elle. Bref. (j'ai repensé à cette image évoquée par Ph. de Jonckheere, de son ami LL de Mars je crois, qui compare Internet à un éléphant dans un couloir que personne ne verrait. Ou alors, ici, il était vu mais que sous certains angles en en méconnaissant ou négligeant trop d'autres par une sorte de conservatisme (qui s'ignore ou se revendique)). Mais j'ai conscience d'être complètement imprécise, et déjà en rentrant hier soir j'ai essayé d'écrire ici, pas moyen. En particulier à propos des librairies (une réaction aux propos qu'a tenus le libraire Christian Thorel). J'aimerais mieux parler de tout ça de vive voix en fait. Un jour, plus tard.

Bonne nuit.

PS : si, j'ai été surprise par l'intervention du représentant du Ministère de la culture, vif et très très informé!

2. Le samedi 4 février 2006 à 00:31, par Sz :

ce qui confirmerait une idée très simple : que c'est sur Internet que se passe la discussion au sujet d'Internet

et que nous on sait reconnaître un Lièvre même en février

bizarre : on aurait pu mettre des badges "commentateur berlol assermenté" pour se reconnaître dans la salle ?

quand Bon a cité Litor le président Sofia, (un M. Roblin, j'ai aimé ce qu'il a dit, approche juridique moins fric fric que tous les autres ensuite), s'est mis à faire oui de la tête en assentiment très visible : à lui aussi un hokaron

et si ce qui les effrayait (enfin c'était mon impression) c'était d'être déjà vaguement largués, avec l'idée que les nouveaux seigneurs et nouveaux riches, Google, Berlol qui va au restaurant tous les jours etc, ce n'était plus rattrapable depuis leurs schémas de l'économie classique ?

exemple discussion de couloir, captée un moment : FB disant au responsable du Centre français de la copie avoir touché 30 euros l'an dernier au titre du droit "photocopillage", et demandant s'il pouvait imprimer sur son prochain bouquin la mention "photocopiez tant que vous voulez dans les écoles et ne payez pas la taxe", le monsieur a souri sans répondre - et autre question du même (après on est allé casse-croûter au bistrot d'en face juste devant la mosaïque "syphiligraphie" de Cochin, en gros : "j'ai des dizaines et dizaines d'articles Libé Le Monde dans un doc spécial de mon disque dur, je suis astreint à une taxe même si c'est dans ordinateur propriété que je considère participant de ma vie intime, je suis redevable d'une taxe ou j'entre dans un processus illicite ?" - réponse du monsieur : - OUI.

au bistrot (qui n'est pas le Saint-Martin) on s'est pris du vin rouge, fallait

3. Le samedi 4 février 2006 à 01:48, par Berlol :

Merci à vous deux. Avec de tels commentaires, les 10.000 km, je les ai en travers ! Ah, si on pouvait se déplacer physiquement ne serait-ce qu'au millième de la vitesse de la lumière, je vous aurais rejointes en 35 secondes !
Sz, c'est la première fois qu'on a droit à un lien, je crois ! Comme ça, on peut se connaître mieux...
Pour les badges, je vais y réfléchir.
Y a-t-il d'autres lecteurs du JLR qui y étaient ?

4. Le samedi 4 février 2006 à 02:37, par Arte :

j'ai un mot d'excuse ... (bon, et Les poupees russes, hein ?) et c'est l'heure d'ecouter science friction... sur Internet/ Societe de controle !

5. Le samedi 4 février 2006 à 02:51, par alain :

Non, moi, j'ai pas pu y aller non plus parce que je lisais Cingria, que je suis tombé dedans, que ça m'a arraché à Ravel, que je continue Ravel parce que j'adore.
Il fait froid mais ça n'a rien à voir.

6. Le samedi 4 février 2006 à 05:05, par cécile :

Oui, effrayés et largués, c'est ça.
Cramponnés à leurs modes de pensée et de fonctionnement, quel dommage. Comme ce serait intéressant et constructif s'ils s'appropriaient vraiment la question et l'outil.

Les libraires indépendants, tiens, une question que je me pose : au lieu de subir la concurrence écrasante des buldozer marketting en ligne et de craindre d'en mourir, pourquoi ne pas investir tout simplement ce lieu qu'est Internet, pas à contre-coeur parce qu'il faut s'aligner, mais avec enthousiasme, inventivité, et ainsi prolonger, enrichir, développer (il ne s'agit pas d'autre chose : où est le danger ?) leur boutique physique et le service unique et irremplaçable qu'ils y dispensent ? D'autant plus, et ça a été souligné, que le prix du livre en France est toujours unique, et que les livres mis en avant par un libraire indépendant ne sont pas les mêmes que dans une grande surface.
Un peu d'argent pour créer le site, une personne, pas forcément à temps plein, pour l'administrer, et voilà. Quelque chose en plus, en parallèle, certainement pas pour remplacer l'accueil physique, éventuellement pour être découverts par une nouvelle clientèle mais surtout pour que leur propre clientèle, quand il lui arrive de préférer une recherche ou un achat depuis chez soi, puisse le faire (au lieu d'aller en culpabilisant, mais d'aller quand même, sur amazon ou un autre site du même genre).
Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas libraire, peut-être que je suis à côté de la plaque à mon tour ?
Mais en écoutant cet homme, passionné par son métier et la littérature, je ne comprenais pas pourquoi un tel désarroi et un tel fatalisme.

Sz : où étiez-vous donc dans la salle ?? (j'étais du côté des fenêtres, à peu près au milieu). A part le visage et la voix de François Bon, je ne connaissais personne quant à moi.
Bon, la prochaine fois, balles de ping-pong aux oreilles.

7. Le samedi 4 février 2006 à 05:46, par Berlol :

"balles de ping-pong aux oreilles", ça va être pratique pour les garçons !
Sinon, pour la librairie, il y a sans doute quelque chose à faire, comme tu dis. Mais ça pose toujours des problèmes matériels, comme le temps à passer à faire des colis, ou les tarifs postaux. J'ai essayé avec un libraire que j'aime bien, à Paris, mais ça me coûtait presque deux fois plus cher qu'avec Amazon...

8. Le samedi 4 février 2006 à 06:26, par Sz :

un des points développés par Christian Thorel : tout récemment, Gallimard/Sodis a accordé à Amazon même remise qu'aux libraires "de ville" soit 40% - son loyer de centre-ville est de l'ordre d'un facteur 4 par rapport au loyer entrepôt banlieue des VPCistes, et la masse salariale conçue pour des libraires-conseil, à disposition des gens, non pas simplement intérimaires attrapant une référence sans rien faire d'autre de la journée - autres points d'info : 110 000 titres en fond, et plus d'1/3 des ventes sur livres vendus 1 fois dans l'année - à comparer à Fnac disant que 65% chiffre réalisé sur moins de 500 livres - tout ça est très gai, oui - un hokaron à la place du coeur, la prochaine fois

9. Le samedi 4 février 2006 à 06:44, par cécile :

Pour les problèmes matériels : pas sûr ou pas vraiment ; j'ai pu constater ça à l'occasion de deux boulots que j'ai exercés, dans une librairie pour l'un, lié à la vente en ligne pour l'autre. Quelques ajustements logistiques, administratifs, comptables, un ou deux employés supplémentaires, c'est sûr, mais c'est à peu près tout.
Les frais de port, c'est vrai, une petite structure qui ne peut pas bénéficier de tarifs de gros de la part de la Poste ou de transporteurs, peut guère ne pas les faire peser sur le client, mais on peut essayer d'imaginer d'autres solutions, je sais pas, je ne dis pas que c'est simple et tout avantageux : juste, le constat qui était présenté était trop radical.

Je file à la ...bibliothèque.

(Laine polaire aux oreilles)

10. Le samedi 4 février 2006 à 06:50, par cécile :

Sz : oui. Mais justement. inventer, regrouper, dans un autre esprit que ceux-là, pour bâtir une autre place, légitime, nécessaire, avec moins de gros sous, mais assez de sous (trouver).



Samedi 4 février 2006. Aporie nourrie au vermeil.

You say hello, and they say good bye...
Bah voilà, Chabert est encore une fois retourné sous terre. Ce n'est pas faute d'avoir défendu publiquement sa cause devant mes étudiants. C'est une fatalité, il est d'un autre monde, d'un temps où la parole avait forte valeur, et où devoir signer pour la garantir était insultant. Les quelques jours qu'il passe à la campagne de son (ex-)épouse ont été une parenthèse révélatrice, ouverte et fermée par des mots magiques.
Le mot « Monsieur ! » (p. 137) agit comme un charme, pensez donc, après toutes ces années, la subjugation d'être reconnu, le voilà tout miel, le Chabert qui ne se méfie pas d'être enlevé alors que Derville venait juste de craindre quelque chose comme ça... La parenthèse se referme, le charme se dissipe sur des mots qu'il ne devait pas entendre, quand il se trouvait où l'on ne savait pas qu'il était, et qui, comme un claquement de doigts, ouvrent les yeux aussi vite que les oreilles. Le voilà comparé à un cheval cabré, rétif, à quoi la comtesse rétorque qu'il faudra le mettre à Charenton, puisqu'on le tient (p. 151)... Charenton, c'était alors le nom donné à un fameux asile de fous.
Mais cette parenthèse en laisse entrevoir une autre, plus large, celle durant laquelle l'enfant trouvé Hyacinthe est devenu le comte Chabert, le temps d'un empereur, avant de retourner à la « boue de haillons » (p. 154) qui peuple les quartiers pauvres de Paris. Et puis — c'est comme les poupées russes —une autre encore, encore plus large, la parenthèse entre les deux institutions des deux bouts de la vie de Chabert, celle des enfants trouvés et celle des vieillards abandonnés. Sous l'anecdote d'une spoliation transformée en sacrifice, gît une belle aporie de l'identité, nourrie au vermeil terreau d'Eylau.

Jean-Michel Charpin, Directeur de l’Insee, prix Orwell Etat, élus
La vidéosurveillance des salariés de Lidl, prix Orwell entreprises
Commissaire Michel Pagès (Aude), prix Orwell Localités
Le Principal du collège Joliot-Curie de Carqueiranne, mention spéciale biométrie
Le député Jacques-Alain Benisti pour sa "prévention" de la délinquance, ex-aequo avec l'INSERM et ses "troubles de conduite de l’enfant", prix Orwell Novlang
Nicolas Sarkozy, prix Orwell pour l'ensemble de son oeuvre
Le collectif national unitaire de résistance à la délation, prix Voltaire 2005

Je ne sais plus quand, David me disait qu'il devait réorienter son antenne pour capter TV5. Comme quoi Asiasat 2 était remplacé par Asiasat 3, mieux placé... Mais aujourd'hui, je trouve un autre son de cloche dans un article de Libération.
« Conséquence [des coupes budgétaires] : le sous-titrage est remis en cause et un contrat avec un satellite asiatique n'a pas été renouvelé.»
« Initialement, Aillagon avait prévu de se représenter en juin 2006, à l'issue de son mandat, en fait celui, repris en cours, du précédent président de TV5, Serge Adda, décédé fin 2004. Pour ne rien arranger, Marie-Christine Saragosse, numéro 2 de TV5 depuis huit ans, vient de démissionner. Entre une Saragosse partie et un Aillagon partant, l'un des responsables de TV5 se dit « atterré par la double vacance du pouvoir ».»
Il n'y a peut-être pas de rapport entre les deux choses... Quoi qu'il en soit, je suis bien content d'avoir limité mon expérience de réception japonaise de TV5 aux six mois de la première formule.
Vouloir faire des choses pour les autres et ne pas s'en donner les moyens revient à une forme de mépris hypocrite. Ne rien faire, plutôt que faire de travers. Ou : un rien vaut mieux que deux à demi. On apprend ça, au Japon. Peut-être parce que le respect et la réciprocité du don y ont encore du sens.

Petit à petit, la préparation du stage à Orléans avance. On sait maintenant, mon collègue et moi, où l'on va habiter, comment nos 30 étudiants seront pris en charge par les familles d'accueil, nos obligations d'encadrement et de disponibilité, les personnalités que nous aurons à rencontrer, etc. J'en suis maintenant à des détails comme l'emplacement de l'agence de ma banque, les meilleurs restaurants, les transports en commun. Pour la location de vélo, je n'ai encore rien trouvé. J'espère qu'il ne va pas geler ET y avoir la grève comme l'an dernier...
Le site Histoire de la ville d'Orléans m'a été (et me sera sans doute encore) très utile, avec un plan lisible et une visite virtuelle, plus utile que le plan interactif d'un autre site, tout de même pas mal.
Départ, le 18 février, retour au Japon, le 17 mars. Sauf circonstances exceptionnelles, obligation de rester à Orléans pour intervenir en cas de pépin. Celles et ceux qui voudraient me voir peuvent poster un (commentaire avec leur) courriel. Il y a déjà une soirée théâtre en prévision, le samedi 4 mars, pour une pièce de Joël Pommerat. Du covoiturage serait à envisager pour les retours sur Paris. Rien n'est encore arrêté.

Commentaires

1. Le samedi 4 février 2006 à 10:29, par Arte :

comme les poupées russes, mais pas comme "Les poupées russes" ...

2. Le dimanche 5 février 2006 à 07:55, par Arte :

Pour Alain, après lecture :

Ghérasim Luca écrit avec un burin dans l’humain. Aucune leçon. Un homme qui cherche ... Il éclate les limites.

Il est terrible dans l’humour, et la colère, c’est "l’inventeur”, il réinvente TOUT, l’amour, la mort, la langue. Je sais aujourd’hui pourquoi certains le haïssent : il répond à l'avance à leur accusation de folie, montre ce qu'accuser veut dire...
C’est un poète que les sens ("— ces limites —") ne trompent pas , un poète du réel, pas même dupe de la poésie, de la langue, de la littérature !

(légère tension : je vais faire voler ma Buse Harris ...).

3. Le dimanche 5 février 2006 à 08:23, par Berlol :

C'est quoi, c't'histoire de Buse de Harris ? Tu nous abuses...
Pour ce qui est des Pépées rousses... Euh non, des Poupées russes ! Faut que je le revoie. Demain, peut-être...

4. Le dimanche 5 février 2006 à 08:36, par alain :

Arte, j'avais, l'autre jour, retiré tout ce que j'avais dit et écrit au sujet de votre poète, gardant pour moi mes mauvaises impressions. Il n'y a pas de lieu pour dire qu'on n'aime pas. J'essaie de... J'ai dû lire trop vite, tombé sur des pages qui ne m'ont pas emporté, ou bien ce n'était pas le moment.
Je te remercie de ton mot.

Je lis Cingria à tous moments et en copierai des passages. Notamment sur le supplice de Conradin et l'histoire de Charles d'Anjou, où se mèle Dante, et d'autres. Et des lettres de deux jeunes femmes.

5. Le dimanche 5 février 2006 à 10:12, par vinteix :

Tout a fait, Arte, Luca detruit tout et reinvente tout.



Dimanche 5 février 2006. Guerrier mort-ce-l'est.

Dans le train matinal — mais qu'allais-je y faire ? Au lieu du ping-pong peinard... Je fainéantais en admirant le Mont Fuji visible comme rarement dès le début du parcours. Beau soleil. Sol blanchi à partir de Shizuoka, une très fine neige, du genre qui colle aux semelles. Un petit café à la vendeuse ambulante, 300 yens, charmant sourire. Des minis pains au chocolat achetés en prévision hier. Et les tunnels. Que faire pendant les tunnels ? Le livre de Dupré était le plus accessible de mon bagage.
« Brockdorff-Rantzau avait pour aïeul le meilleur preneur de places fortes de son temps, le maréchal Rantzau, amant d'Anne d'Autriche et père présumé de Louis XIV. Comme Paul Bourget l'interrogeait sur ce point d'alcôve : « Dans ma famille, monsieur l'académicien, avait répondu le Rantzau, on considère les Bourbons comme les bâtards des Rantzau depuis trois siècles.»
[...]
La façon dont Weygand avait désarticulé, déculotté, fait valser d'un bout à l'autre du prétoire, lors du procès Pétain, l'autre poids plume Reynaud était encore dans toutes les mémoires.»
(Guy Dupré, Les Manœuvres d'automne, p. 79 & 96)

Toujours difficile d'abandonner un livre... Le risque de rater quelque chose d'intéressant, sans savoir quoi à l'avance, comme ce genre de détails historiques. Cette impression d'être dans un marché aux puces qui me déplaît, l'ambiance, les mentalités, des attitudes, mais où je peux parfois trouver l'objet rare, la perle baroque...
Comme ce Rantzau (Cf. Biographie universelle..., p. 175). Faudra que j'en parle à T., de ce guerrier morcelé. Connaît-elle ce pamphlet anonyme intitulé Les Amours d'Anne d'Autriche ? Pas de copie intégrale dans le réticule. Dommage... 1692, c'est déjà trop tard dans le siècle, pour que T. connaisse... Tard ou bâtard, il faut choisir. Facile, je sais.

 Pour Weygand, l'hypocrisie et les atermoiements de Paul Reynaud sont attestés dès 1940 (par exemple, chez F. Delpla, derniers paragraphes). Au passage, j'apprends que Pétain a été radié de l'Académie française en 1945 (il y était entré en 1929). Mais sur le site de l'Académie, on ne dit pas radié, on dit exclu... En revanche, on parle de radiation pour Charles Maurras. Sur les 20 exclus de l'Académie (voir critères en bas de cette page), ce sont les deux seuls du XXe siècle à avoir été remortalisés, si l'on peut dire.

Voilà, tout cela m'a éloigné de ma journée.
Je venais effectivement à la fac un dimanche pour ce fameux raout annuel, tous les profs réunis pour la distribution des feuilles de surveillance des concours d'entrée. Quatre-vingt-dix minutes de répétition générale dans le grand amphi non chauffé, pour s'assurer que tout le monde respectera les consignes. Suivi d'une autre réunion, où j'étais cette fois sous le climatiseur. Mon nez n'a pas résisté au chaud & froid et s'est mis à couler lamentablement. Il m'a fallu une bonne heure de tranquillité au bureau, ensuite, pour calmer l'humoral (nerfs et nez).
Je voulais traiter de la digression selon Weyergans dans Je suis écrivain, mais il est déjà bien tard... — ou tôt, Madame Plateau.

Commentaires

1. Le dimanche 5 février 2006 à 12:37, par Arte :

Alain, je suis calmé :-)

"À GEORGES CHARPENTIER.

[Croisset] Mi-Carême [jeudi, 4 mars 1880].
Un mot, cher ami, pour me tirer d'incertitude.
Hier je vous ai envoyé un reçu pour un tirage de Salammbô. Il y a erreur. Ce doit être pour l’Éducation sentimentale. Je m'embrouille, à moins que ce ne soit vous ?
Car l’Éducation est mon dernier livre tiré chez vous.
Vôtre.
Que de fois je répète ce mot tirer ! Ne pas croire que ce soit l'effet d'une préoccupation vénérienne ! "


Alors hein ! c'est de qui ???

Le trésor --- > www.univ-rouen.fr/flauber...

2. Le dimanche 5 février 2006 à 14:25, par k :

tout est mort
c'est dingue comme tout est mort
tous ces morts autour
tous ces semi-vivants
qui se disent vivants
amis qui sont morts
rien ne bouge,
meme pas un mou-vement
rien
des morts parmis d'autres morts
des morts entre eux attendant la mort
aucun désirs
aucune passions
ne veulent rien vivre rien faire
sont morts
entre eux terrées
parcequ'ils ont peur d'eux
de cette mort en eux
alors ils se suicident avant
avant la mort
tous des morts vivants déja
encore toujours
toujours ça

3. Le dimanche 5 février 2006 à 22:26, par alain :

Ce qu'il y a (pour moi seulement) c'est que la pratique des livres tourne autour de rencontres. Une femme que je n'estime pas m'a donné à lire ce poète entre deux verres et j'étais invité à donner un avis. Ma propension à haïr les choses de prime abord (j'ai un fond récalcitrant indécrottable) n'a pas manqué de me conduire à torcher un avis négatif.
Depuis, et maintenant, les noms de Deleuze et toi, Arte, s'y attachant, à des niveaux différents, c'est par estime et gentillesse que je ravale des dires.
Tout en continuant de lire autre chose.
Et de me sentir vivant.
quoiqu'un peu crevé encore ce matin, un 4 h 30.

4. Le dimanche 5 février 2006 à 22:42, par Berlol :

T'inquiète, j'ai assez la même tendance.
Avons besoin de temps pour relire avec autre contexte, et sincérité d'éventuellement revenir sur un avis... Blanchot et Roubaud m'avaient déplu, même Simon, et puis révision quelques années après, et évidence de l'erreur. D'autres me laissent fatigué d'indécision, ou d'antinomie, comme Quignard, ou Weyergans en ce moment, le bon et le mauvais se battent sans répit dans mon for intérieur (comme dans Tu ne t'aimes pas de Sarraute).

5. Le lundi 6 février 2006 à 10:45, par k :

j'aime ça tu ne t'aimes 1ere livre que, heu non, 5 livres que l'homme a m'a dit que j'accrocherai et oui


Lundi 6 février 2006. Deux des pires calamités littéraires.

Ne me demandez pas pourquoi j'écris || vous sous-entendez peut-être que j'écris mal || vous voulez dire que ça ne sert à rien || vous êtes impoli et stupide || vous vous cachez derrière le doigt de votre jugement || demandez-vous plutôt pourquoi je ne vous demande rien || pourquoi je ne fais pas comme vous || comme vous dites || du travail productif des enfants du solide dans les assurances de la politique du commerce un job cool dans les nouvelles technologies dans l'humanitaire durable garanti dans la pierre du sport de haut niveau l'armée recrute || jugulaire jugulaire || tout ce qui vous enfle vous outre vous obstrue vous soûle de votre importance || de votre légitimité || vous vous drapez dedans et devenez le drap || légitimité le mot vous plaît || que je vois en transparence || Röntgen et pathos || les cancers collectifs dans vos certitudes || vos atomes qui se désassemblent || comme les miens sauf que moi je les regarde former leurs hélices || Mendeleiev et trémolos || leur beauté dansante dans le vide de || nous ce que nous appelons nous || qu'hélas nous avons en commun || vous et moi || sauf l'ardeur que vous mettez à l'enfouir || à vouloir vous en débarrasser || c'est ça qui vous tue || c'est pour ça que vous me demandez pourquoi j'écris

Beaucoup n'ont pas à se sentir concernés... C'est encore humoral. Ça va avec le froid, le confinement, les paquets de copies, la neige soudain de retour à la tombée du jour. Ou l'énervement à écouter Jeux d'épreuves — Angelo Rinaldi et François Busnel, deux des pires calamités littéraires, un couple à la Laurel et Hardy, la raideur constipée et la décontraction laxative. Il faut entendre comment Busnel défend Delerm, puis comment Rinaldi interdit le roman au présent. Je craignais que cette épreuve sans jeux donne dans le masqué et plumé, l'onction du sérieux en plus. J'ai été servi...

« Pierre Loti, alors capitaine de vaisseau atteint par la limite d'âge, s'était fait nommer « attaché naval » auprès du général Pétain, au plus fort de la bataille de Verdun. Voyant s'amener à son quartier général l'académicien peint comme une voiture et parfumé comme une bayadère, avec ses quatre uniformes noir, bleu sombre, bleu clair, kaki, Pétain l'avait renvoyé à ses foyers, en ajoutant à l'intention du ministère que sa fonction d'attaché naval le rendrait probablement plus utile au Maroc, auprès de Lyautey.» (Guy Dupré, Les Manœuvres d'automne, p. 109-100)
Oui, j'ai pu aller au centre de sport, quand même, sous la neige. Bien avancer ma lecture en pédalant. Puis soulever quelques poids en réfléchissant à ces grands personnages, leur dédicaçant ma sueur. Mais c'est encore à ne rien faire dans le bain que j'étais le mieux.

Le narrateur de L'Affectation d'Alain Sevestre peut en prendre de la graine, Jean-Claude Bourdais va bientôt rassembler tous ses cartons ! J'aimerais en faire autant, un jour (possessions écartelées entre France et Japon...). J'en suis très heureux pour lui, même si cela risque de nous priver de son journal en ligne... Mais il va faire autre chose, forcément.
Autre projet qui arrive à son terme pour... se lancer : l'édition japonaise des Rollings Stones, une biographie de François Bon. Avec la probabilité qu'elle devienne l'édition de référence, comme il dit. Va-t-on la retraduire en français ?

Commentaires

1. Le lundi 6 février 2006 à 11:17, par cécile (illitrée) :

ben oui, ne rien faire, dans le bain... mais quand même, un petit lien pour bayadère, vers le Trésor, là, n'aurait pas été du nuxe ?

"Je ne suis pas née pour griffonner du papier ... ça casse la tête ! mais je suis née pour m'amuser ... je veux mener une vie de bayadère !" (P. de Kock [qui cé ?], Ni jamais, ni toujours, 1835, p. 72).

2. Le lundi 6 février 2006 à 11:20, par cécile (sans rancune) :

"Mieux vaudrait rester jusqu'au cou dans son bain, des heures sinon perpétuellement, actionnant le robinet du pied droit par intermittence pour rajouter un peu d'eau chaude et, réglant ainsi le thermostat, maintenir une bonne atmosphère amniotique." (Jean Echenoz, Ravel, p. 8)

3. Le lundi 6 février 2006 à 11:35, par Sz :

"Un étonnement me vient tout à coup de pouvoir entendre ce qu'elles me disent et de savoir, sans trop chercher, faire des réponses qu'elles comprennent; c'était encore si récent, si peu classé dans ma tête, ce Japon et ce langage japonais; il y a six mois à peine, c'était un recoin de la terre (le dernier, je crois bien) où les hasards de la vie ne m'avaient pas conduit, un pays que j'ignorais. Et je ne reconnais plus le son de ma voix dans ces mots nouveaux que je prononce, il me semble n'être plus moi-même."

Merci ne pas trop le bousculer sans le connaître, il a une belle réserve de double-fonds, Julien Viaud...

4. Le lundi 6 février 2006 à 11:56, par k :

pour mr berlol, après le choix de chemin de l'homme a, mon ptit probléme de santé en "bas grade", mon patron est décédé samedi..........., j'en attend encore.........qui dit mieux

5. Le lundi 6 février 2006 à 12:22, par sabrina :

Je l'ai entendu moi aussi, le vieux dire que la correspondance de Proust était la preuve que faire un roman au présent était impossible.... j'ai pensé à Duras et je l'ai traîté de "sale académicien" et je crois qu'un des invités de l'émission a fait pareil deux secondes plus tard! ça m'a fait sourire!!
Sabrina (ce lle de la page 186 de Duras)

6. Le lundi 6 février 2006 à 13:32, par cécile :

Sz : "That user's account is private." : ce n'est pas de Pierre Loti et on n'aperçoit plus les carreaux de l'hôpital Cochin.

7. Le lundi 6 février 2006 à 14:53, par Berlol :

Pardon, Cécile, où avais-je la tête ! Je vais mettre des liens... Pour Ravel, c'est prémonitoire parce que je n'ai pas encore le livre !
Oui, Sabrina, il y a bien quelqu'un qui a dit quelque chose comme ça, en effet. Je vais réécouter... Et puis quand la seule femme du studio, Clara Dupont-Monod (dont les interventions étaient sensées, la mieux de l'émission, je crois) a dit qu'elle n'était pas arrivée à se pénétrer de l'ambiance ou du personnage, je ne sais plus, il y a eu un léger brouhaha, et puis une reprise du style non non on ne l'a pas pensé... En même temps, c'était d'ôle, ça peut arriver, mais un instant ils ont hésité en France Culture et Rire et Chansons...
Pour Julien Viaud, alias Pierre Loti, je ne fais que citer Dupré. D'ailleurs, qui jugerait quelqu'un sur la foi de Pétain ?
Pour K : c'est affligeant, cette série ! Moi, je ne souhaite que votre bonheur !



Mardi 7 février 2006. Belle qualité naturellement floutée.

Devinette du jour : de qui parle Guy Dupré dans la première partie de cet extrait ?
« À son côté Vautrin en rouflaquettes de ses années galériennes avait succédé le côté buste romain — qu'il eût fallu voir seulement de profil, car le sourire gâtait tout sur des dents qui ne donnaient pas faim. Une poitrine à bréchet due selon certains au port d'un gilet pare-balles, quand on aurait plutôt pensé au rembourrage d'ouate thermogène popularisée par l'affiche de Capiello où l'on voit un diablotin vomir des flammes, encore que ce ne fût ni Dieu, comme on le surnommait par dérision, ni diable, mais un rescapé de la drôle de guerre et de la drôle de Résistance qui débinait Henri Barbusse parmi les derniers de la « der des der ». « Ce que je reprocherais à Barbusse, disait-il en s'adressant à Lapoisse, hein, ce n'est pas d'avoir recomposé après coup, pendant sa convalescence, le journal d'une escouade, c'est d'avoir fait parler les soldats comme des voyous de barrière. Les soldats qui tenaient les tranchées étaient pour la plupart des agriculteurs, ils ne parlaient pas en argot, mais en patois...»» (Guy Dupré, Les Manœuvres d'automne, p. 128)

Encore une fois, l'Arrêt sur images de France 5 a été d'une exceptionnelle qualité. Tant pour les chroniques d'actualités (les caricatures montrées à la télé, les chiasmes de de Villiers, BHL en Amérique) que pour le dossier du jour (les risques du direct de la commission parlementaire d'Outreau).
Cela m'a éclairé la matinée, alors que j'avançais poussivement dans mes corrections de copies. C'est à ce moment-là que j'ai vu les groupes de lycéens commencer à entrer dans le campus, allant vers leurs épreuves de concours. Ils défilaient par contingents, une feuille à la main, canalisés depuis la station de métro, à cinq cents mètres de là, par des balises oranges et des agents de l'université. Ralentir le trafic routier troublerait l'ordre public...
J'ai tourné ma webcam et effectué une trentaine de prises de vue, toutes de cette belle qualité naturellement floutée qui m'évitera tout problème juridique. En fait on pourrait faire dire n'importe quoi à ces images...

Pour ne pas perdre de temps en sortant déjeuner, je me suis fait une soupe de nouilles au miso, achetée au convenience store. Avec un onigiri aux œufs de poisson (tarako) et quelques umeboshis, c'est parfait.
Sauf qu'après je m'endormais. Faut dire aussi que j'écoutais les archives INA avec Simenon, enregistrées sur le canal Chemins de la Connaissance de France Culture, et que c'était particulièrement soporifique. Simenon, voilà bien un écrivain qui ne m'a jamais intéressé. Il ne semble pas que cela doive commencer aujourd'hui.
Vers 15h30, alors que j'envisageais de plier bagages et qu'une fine bruine m'évitait l'humidificateur électrique — la bouilloire grande ouverte, d'habitude —, je les ai vus repartir. Entendus aussi, car s'ils étaient arrivés dans un silence quasi religieux, c'était maintenant le défoulement. Et des échanges de réponses, je suppose, sous les parapluies...

Je suis parti à l'Alliance française, vingt minutes de marche dans le froid qui fouette (et en écoutant Pierre Belfond, que je citerai demain). Rencontre de démonstration de la dernière méthode de français langue étrangère (FLE) des éditions Hachette, Alter Ego. Ne pas se fier au site web d'Hachette qui doit être le plus nul des sites de FLE, ce qui correspond assez bien à la réponse gênée du représentant quand on lui demande ce qui est prévu côté TICE. Au reste, la méthode à l'air d'être pas mal. On va s'en faire livrer des spécimens, David et moi, pour décortiquer ça et voir si ça s'adapterait chez nous...

Sympathique dîner dans un petit restaurant tout près de l'Alliance, avec le directeur de l'établissement, dont il a déjà été question lors du passage d'Éric Sadin en décembre dernier, le sympathique représentant d'Hachette France en tournée asiatique et l'amicale responsable d'Hachette Japon, dont j'avais été l'assistant de 1993 à 1995 — heureuse expérience qui m'avait ouvert l'esprit sur le fonctionnement général de l'université japonaise ainsi que des perspectives d'avenir... Mais je ne suis pas là pour raconter ma vie, disons en gros que sans elle je ne serais pas ici aujourd'hui...

 Sur France Info, ton presque festif pour parler des manifestations actuellement en préparation contre le C. P. E., le Contrat de Précarité Éternelle, préambule à une nouvelle humanité, entièrement paramétrable, humblement flexible, vertueusement insyndicable, soulagée de tout droit décent à la retraite. Un peu comme au Japon...

Commentaires

1. Le mardi 7 février 2006 à 10:26, par Sz :

et tout de suite dans la voiture, France-Info aussi :

"à vivre sur France-Info, demain, l'audition du juge Burgaud"

plus interview avec l'avocat : "il se sent commun ? il éprouve de la solitude ? il se sent sous pression? "

liquidation de tout contenu dans le vocabulaire de l'allégorie sportive

mais ce "à vivre", et d'un ton si glorieux...

2. Le mercredi 8 février 2006 à 19:17, par Berlol :

Dites donc, ça ne se bouscule pas, pour la devinette !
Remarquez, bon, il est possible que ça n'intéresse personne, aussi... Tant pis.



Mercredi 8 février 2006. Sa pugnacité, à Constance.

Plusieurs blogs s'en font l'écho et un message l'annonce sur Litor : « seuls des amoureux du livre parviendront à faire de bons outils numériques » (dans le domaine littéraire). C'est la phrase-clé, pour moi, dans le très intéressant entretien que Constance Krebs a accordé au blog Nouvolivractu. Même qu'elle a cité le coup du berlik-berlok !... (On pourrait juste reprocher à l'auteur du blog, mais gentiment, de ne pas avoir mis de liens hypertextes dans son billet — un comble, tout de même !)
Ah, Constance... J'ai dû être parmi les premiers, mais sans doute pas le seul, il y a sept ou huit ans, à titiller 00h00.com sur des détails éditoriaux, le fonctionnement du site, ce qui était gratuit et ce qui ne l'était pas. Et j'ignorais totalement la galère que c'était de l'autre côté, pour elle : au jour le jour, tenter de promouvoir l'édition électronique dans un milieu fièrement conservateur qui n'en voulait ouvertement pas (et qui n'en veut toujours pas, d'ailleurs).
Le 26 août 1998, 00h00.com était alors en plein développement, elle nous envoyait le message suivant :
« Monsieur,
j'ai visité votre site "Hubert de Phalèse" avec beaucoup d'intérêt. Il semble que votre équipe travaille sur l'étude des textes littéraires grâce aux outils informatiques depuis plusieurs années et veille depuis le début à appliquer cette recherche à des objectifs précis.
Les éditions 00h00.com (zéro heure), maison d'édition en ligne qui propose des œuvres au format numérique (PDF) et au format papier, souhaiteraient enrichir de plus en plus les versions numériques des œuvres publiées.
Nous travaillons notamment à une collection scolaire pour les textes au programme du bac.
Cet enrichissement peut exister soit en ligne, soit hors ligne — ce qui toutefois sous-entend une certaine légèreté puisqu'il s'agit finalement de fichiers PDF téléchargés par le lecteur client, avec une taille maximale limitée.
L'équipe de 00h00 pourrait-elle vous rencontrer afin de mieux connaître vos travaux et envisager éventuellement des développements en commun ?
Avec mes félicitations pour ces recherches »

Étant au Japon, j'avais transmis à mes collègues de Paris 3 et elle a été associée à notre équipe. Après, je ne sais pas comment ça s'est passé, ni s'il y a eu quelque chose en terme de « développements en commun », sinon un compagnonnage intellectuel sur le chemin de Litor et d'Hubert. On la voit de temps en temps, Constance, sur la droite de l'image ou derrière un ordinateur pendant la très intéressante intervention d'Émilie Groshens au séminaire, résumant sa maîtrise, Émilie, consacrée à Érik Orsenna et Cytale (qu'allait-il faire dans cette galère ?) — il faudra que je consacre un prochain billet à cette maîtrise puisque T. utilise La grammaire est une chanson douce dans un cours de... grammaire.
En fait, je ne l'ai rencontrée que bien plus tard, Constance — Émilie, pas encore (peut-être le 28 février, si je peux aller au séminaire écouter Alexandre Gefen...) — et il m'a fallu attendre Cerisy, l'été dernier, pour que nous ayons vraiment le temps de discuter — et que je comprenne mieux son parcours, son excellence et sa tranquille pugnacité, à Constance...

Ça y est, soulagé des corrections de copies et dans l'attente de l'audition du juge Burgaud, Fabrice, sur France Info parce que j'imagine que LCP sera bloquée par l'afflux de demande (et c'est même pas sûr, parce que là, à 22 heures, heure japonaise, le site de Radio france est inaccessible...), dans l'attente, donc, comme promis, Belfond, Pierre Belfond :

« Au bout d'un an [après avoir créé la collection Poche Club], je me suis dit mais enfin, ça, c'est pas de l'édition, c'est de la réédition — remarquez, je ne dis pas de mal de la réédition, on en reparlera peut-être — mais ce qu'il faut c'est quand même publier des nouveautés. Et alors, à peine avais-je pensé, que le lendemain matin, le facteur dépose rue Guizard [?], où nous étions à ce moment-là, un paquet venant de Rabat. J'ouvre. Un roman, d'un inconnu, bien évidemment, qui s'appelait Gilbert Toulouse, le titre : Un Été au Mexique. On reçoit notre premier livre, d'un inconnu, par la poste — je me demande comment Gilbert Toulouse avait entendu parler de notre existence, ça paraît impossible, je pense qu'il avait déjà fait toutes les maisons et qu'on lui avait refusé son roman, mais bon, c'est un détail — en tout cas, moi, je m'assois et en... quoi, en trente secondes, au bas de la première page, je savais que j'avais un auteur génial, que c'était un chef-d'œuvre, un ouvrage sublime. Et télégramme — à l'époque il n'y avait pas d'e-mail — "Acceptons votre roman... Lettre suit, chèque suit. Contrat suit..." Et notre premier livre original [1964] dans la collection de poche, tiré à 20.000 exemplaires, vous vous rendez-compte, une folie douce... Et on a fini par tous les vendre. Mais surtout, nous avons une presse monumentale ! Les plus grands noms. Euh... attention, la moitié, on a été traînés dans la boue — je n'ai pas su à l'époque que les éreintements, c'était encore meilleur que de dire du bien d'un livre. Et je me suis fâché, j'ai envoyé des lettres d'horreur. À François Nourissier, à Kléber Haedens, qui avaient dit que c'était... que ce genre de Nouveau Roman, cette littérature ésotérico-philosophico-robbe-grilletesque... Voilà, n'importe quoi, mais peu importe. C'était extraordinaire ! Et notre maison est devenue un peu connue grâce à Gilbert Toulouse parce que c'était quand même très courageux de publier un roman inédit, d'avant-garde, excessive même...» (Pierre Belfond, extrait du second entretien À Voix nue avec Philippe Garbit, diffusé le 24 janvier 2006)

Ésotérico-philosophico-robbe-grilletesque — pas mal, non ?

Commentaires

1. Le mercredi 8 février 2006 à 09:18, par ck :

D'accord avec toi sur la pugnacité... D'ailleurs, c'est pour ne pas la laisser déborder que je prends des notes dans les colloques. L'autre jour, à la SGDL, je ne suis intervenue qu'à la fin, parce que j'en avais assez de noter - et cela a failli être catastrophique. Je suis partie presque en courant après... Je reçois encore des mails à ce propos.

Alors toi aussi, tu gardes ton courrier? J'ai tout perdu à cause d'un virus en septembre 2001. Ah, ces chercheurs!!... En tout cas, c'est rigolo de se relire huit ans après.

Amitiés,

Constance

2. Le jeudi 9 mars 2006 à 07:15, par Lorenzo Soccavo :

Ma "faute" est réparée : j'ai rajouté les liens hypertextes à l'interview de Constance Krebs. C'est vrai que c'est plus pertinent ainsi. Bien cordialement, RV sur Nouvolivractu !



Jeudi 9 février 2005. Quatre gauchers... et aucun enrhumé.

Ne pas regarder ? Et pourquoi ? Pour protester contre la surmédiatisation ? Par snobisme, plutôt, non ?...
Nous devrions au contraire nous féliciter que la télévision, cette merveilleuse technologie que nous avons tendance à croire dépassée, puisse servir à autre chose qu'à nous vendre des boîtes de lessive et des séries américaines. Citoyens, nous devons nous faire un devoir de profiter de ces possibilités de comprendre nos institutions théoriquement démocratiques et garantes de notre liberté — dans un temps où certains veulent multiplier et verrouiller des procédures expéditives de nature anti-démocratique au nom de la sacro-sainte sécurité (des personnes, du territoire, de l'emploi, etc.).
Je parle bien sûr de la commission parlementaire sur l'affaire dite d'Outreau, retransmise sur LCP, et notamment à l'audition du juge Burgaud, hier, également retransmise par d'autres chaînes de télévisions, et qui avait lieu, pour moi, durant l'intégralité de la nuit.
Et pourtant, j'ai dormi... En fait, ayant posté mon JLR, j'ai apprêté deux ordinateurs, l'un branché sur France Info, l'autre sur LCP, ça marchait, et j'ai mis en route Total Recorder sur chacun. Et advienne que pourra, j'ai suivi la première heure et puis au lit ! Et ce matin, tout ayant bien fonctionné, j'avais plus de 100 Mo de chaque côté, dont je n'ai actuellement écouté que des bribes.

Or, en écoutant, encore actuellement, l'audition de Gérald Lesigne, Procureur de la République (rediffusion ce soir à partir de 23h30, heure française), autrement plus passionnante que celle du juge Burgaud devenu un petit enfant craintif et capricieux (montagne... souris...), je me rends compte que les parlementaires ont eux-mêmes à faire d'énormes efforts pour comprendre non pas cette erreur judiciaire-là, en particulier, mais comment fonctionne en détail l'institution judiciaire elle-même. En principe, on est loin de celle du temps de Balzac... Basée dans les textes sur la présomption d'innocence, la nécessité du doute et la collégialité des décisions, on découvre — en fait, on le savait déjà mais on pensait que c'était infondé... — que la justice, au quotidien, beaucoup l'ont répété, ne fonctionne pas du tout comme cela.
Moi, je trouve que c'est bien de le savoir ! De savoir par exemple que si vous avez chez vous un ou deux sous-vêtements olé-olé, ne serait-ce qu'une cassette porno et, allez, un godemiché ou un ou deux ustensiles un peu spéciaux... et que par hasard vous avez regardé de travers un ou une enfant qui va donner votre nom ou votre signalement à un policier, vous risquez à tout instant de vous retrouver en détention provisoire — et il y a dans ce domaine du provisoire qui dure !
Il n'y a pas si longtemps, on a vu un poète devenir prisonnier d'un engrenage horrible parce qu'il avait exercé son droit de citoyen en demandant à des policiers pourquoi ils tabassaient un homme déjà à terre... On a constaté alors que la parole des policiers était réputée vraie (assermentation, esprit de corps et solidarité institutionnelle) quand la parole de leur contradicteur, individu lambda, était d'emblée réputée fausse. D'où mon titre du 28 janvier, tiré d'un article de Florence Aubenas : c'est à l'accusé d'apporter la preuve de son innocence...

Titre que personne n'a discuté (et comme ça, je change de sujet, hop !).
D'ailleurs, je vois cela d'une manière générale depuis quelques mois, les commentaires des blogs sont de moins en moins fournis. Comme si la possibilité de commenter, de discuter, n'était plus jugée intéressante. Ou bien parce que les lecteurs n'ont plus le temps de laisser des commentaires... Possible effet pervers des flux RSS et des agrégateurs : on consomme une quantité d'informations d'autant plus importante qu'elle arrive toute seule et l'on ne peut plus dégager le temps de la discussion... Pourvu que je me trompe. Sinon, pauvres de nous !

Entre les deux séances de la commission, je suis allé effectuer trois surveillances de concours d'entrée à l'université, suivies d'une séance au centre de sport. Oui, quand même, j'avais ma journée à faire. Alors que dire de nouveau de ces surveillances dont j'ai déjà parlé en 2004 et 2005 ? Allais-je encore faire la sociologie des montres ou des chaussures ? Non, je me suis efforcé à l'encéphalogramme plat, zen, pendant presque cinq heures... Et c'est comme malgré moi que j'ai quand même compté quatre gauchers, trois garçons et une fille, sur les quarante six candidats surveillés... Et aucun enrhumé.

Commentaires

1. Le jeudi 9 février 2006 à 14:43, par caroline :

Et oui, je n'ai pas regardé ces audiences, n'ayant pas d'antenne branchée sur le meuble cathodique. Ceux qui m'en ont parlé, on relevé le côté petit enfant, premier de la classe du juge. Alors que je discutais avec une amie qui défendait le bien fondé de ce genre de spectacle télévisuel, en disant qu'on ne pouvait pas faire autrement que de réformer le système judiciaire après "ça", je suis restée beaucoup plus nuancée. Tout cela va retomber comme un soufflet, médiatisation ou pas. Est-ce mon pessimisme naturel qui parle ? Peut-être. Mais, quand on voit que le budget de la justice par habitant en France se situe à la 23è place dans l'Europe des 25, et le mode de recrutement des juges et leur formation, je me dis que nous venons de trop loin pour que la soit disant réforme consécutive à cette affaire, ne soit pas qu'un pansement sur une jambe de bois.

2. Le jeudi 9 février 2006 à 15:06, par Berlol :

Il est hélas bien possible que vous disiez vrai, j'en suis bien conscient. Néanmoins, au-delà de la rediffusion exceptionnelle par de grandes chaînes, l'existence de moyens d'information permanents comme LCP également disponibles par l'internet constituent un réel changement des conditions de la citoyenneté. Ceux qui, en plus grand nombre, désireraient s'informer pour mieux comprendre leurs institutions (alors que certaines d'entre elles sont historiquement mutiques quant à leur fonctionnement) pourraient peut-être ensuite voter correctement pour élire des personnes susceptibles de proposer des réformes...

3. Le vendredi 10 février 2006 à 00:46, par Arte :

Et non, je n'ai pas regardé non plus, et ne partage pas l'élan outré sur le dysfonctionnement de la justice, ni l'optimisme en une technologie télévisuelle citoyenne (pas plus qu'en internet).
Je n'ai pas la télévision... je n'ai JAMAIS vu le world trade center s'écrouler. Ni l'enfant Irakien amputé, ni Ben laden baragouiner, ni Houellebecq déprimer, ni les morts de Madrid ou de Londres, , ni Sarkozy çi, Sarkozy là, ni Bernadette inciter à voter OUI, ni, ni, ni ...

Ni LES débats de l'assemblée sur LCP sur l'état des prisons (ou "l'état des prisonniers" ? ) en France...

Je suis Snob ?

4. Le vendredi 10 février 2006 à 02:21, par caroline :

Snob de ne pas avoir la télé ? Certains me l'ont dit, avançant l'argument que je ratais plein de bonnes choses sur Arte (tiens !). J'en suis consciente. Pendant que je ne la regarde pas, donc, je fais autre chose. Ce n'est pas obligtoirement mieux. L'info internet n'est ni meilleure ni pire. Je lis plus, quantativement parlant. Rien de significatif. Mais, l'autre jour, quand j'ai chargé ma voiture de jeunes lycéens qui partaient à la manif contre le CPE, j'ai écouté leurs conversations. Deux d'entre eux n'avaient pas la télé. Ils étaient mieux informés sur ce qu'est le CPE, ils ont plus d'esprit critique. Ils ont une autre analyse de l'image. Les deux autres qui avaient la télé, n'en avaient entendu parler que par les copains et parfois au dernier moment. Quant à ceux qui ne sont pas venus à la manif, la majorité, ils ignoraient complètement de quoi il s'agissait. Alors, quand De Villepin dit qu'il entend ceux qui manifestent et aussi, ceux qui ne manifestent pas, il peut se réjouir que l'ignorance de la majorité le conforte dans ses principes.
Ne pas avoir la télé (j'ai une petite antenne qui est branchée après consultation dans le but de regarder une émission choisie sur le programme) est surtout bénéfique pour ma fille, une ado, qui a changé de vie depuis l'interruption volontaire de l'image.

5. Le vendredi 10 février 2006 à 04:42, par Berlol :

encore plus snob que tout à l'heure...
Heureusement, vous m'avez moi, qui n'en voit que des bouts webifiés, pour vous dire ce qui s'y passe de bien !

6. Le vendredi 10 février 2006 à 23:57, par grapheus tis :

Snob, sans doute ! Grognon, peut-être ! Caractériel, avec certitude !

D'accord avec Berlol sur les espaces citoyens qui s'ouvrent ici sur la Toile, là-bas dans les étranges lucarnes.
Il est vrai que j'ai "snobé" l'entretien avec le juge d'instruction parce que les chaînes qui voulaient faire de l'audience se sont précipitées "comme Pataud sur la galette", mais surtout parce que je voulais fuir les commentaires (et quels commentaires !) dont elles allaient enrober leur retransmission.
Il est vrai que la chaîne LCP n'est reçue que par les privilégiés abonnnés à X ou Y.
Nous sommes des impurs.

Mais, comme pour le "papier", le journal, le livre, nos sites, nos blogues, qui diffuse ?
J'ai quelque souci citoyen à cet endroit.

7. Le samedi 11 février 2006 à 00:57, par Berlol :

Non, mon ami ! la Chaîne parlemenaire est gratuite sur la TNT et accessible gratuitement dans le monde entier sur le site web www.lcpan.fr !
Les auditions y sont disponibles à la carte ! Courez-y ! C'est sans les commentaires baveux que vous redoutez justement ailleurs...



Vendredi 10 février 2006. Riz à la nuit tombante tue.

Seconde journée de surveillance de concours. Même horaire, même amical partenaire, mais cette fois au gymnase, avec un secteur de 14×12 candidats.
R. A. S. — Seulement trois gauchers et trois gauchères...

J – 8 pour, de la France, montrer à nos étudiantes autre chose que Vuitton et Fauchon...

Je somnolais dans le shinkansen, entre les repiquages de riz à la nuit tombante tue... Fausse route textuelle : entre les repiquages d'émission MD>MP3, quand j'entendis ceci, qui me plut bien : « Pourquoi certains chemins qui n'ont été empruntés qu'une fois nous sont-ils plus familiers que des trajets répétés où l'on parvient encore à se perdre ? » (Éric Holder, La Correspondante, Flammarion : 2000, citée par Alain Veinstein en ouverture de son émission du 5 décembre 2000 — mais rien ne me dit que j'aimerais le livre).

J'aurais pensé que le blog de Netizen serait autre chose que du marketing.

Question de thon.

Et c'est tout.

Commentaires

1. Le vendredi 10 février 2006 à 08:35, par vinteix :

« Pourquoi certains chemins qui n'ont été empruntés qu'une fois nous sont-ils plus familiers que des trajets répétés où l'on parvient encore à se perdre ? »
Principe du chemin dans le desert, dont parle Kafka a un moment dans son "Journal"... L'errance est parfois le guide le plus sur dans l'aveuglement... de toute facon, on trouve toujours plus ou moins ce que l'on cherche et desire profondement, entre hasard et necessite... "hasard objectif" dont parlaient les Surrealistes ? je ne sais... a ce sujet, je vais lire le livre de Pierre Bayard, "Demain est ecrit"...

2. Le vendredi 10 février 2006 à 09:48, par alain :

qu'est-ce que je pourrais de dire de contradictoire et de senti ?
Pierre Bayard, fais chier !

Vinteix, lisez le commentaire de celui-ci sur Le Terrier. À se tordre. En critique-fiction, je préfère Chevillard.

3. Le vendredi 10 février 2006 à 10:09, par Arte :

Allez soyons snob :

y'avait pas une histoire de satisfait ou remboursé sur "Demain est écrit" ?

4. Le samedi 11 février 2006 à 06:28, par alain :

fait



Samedi 11 février 2006. L'horreur du bon vieux temps.

Avons reçu par la poste l'Artamène concocté par Claude Bourqui et Alexandre Gefen (merci à tous les deux !). Il s'agit véritablement d'un OLNI* : roman du XVIIe siècle en extraits et en poche, relié à un site web absolument exhaustif (voir ce que Claude Bourqui en disait au colloque de Cerisy il y a tout juste six mois — comme le temps passe ! C'est pour mieux t'enterrer, mon enfant...). Mais pas encore le temps de le lire, trop d'autres choses. Juste sortis pour déjeuner au Saint-Martin (oui, poulet rôti).

* OLNI : Objet Littéraire Non Identifié. L'apparition de ce sigle n'est pas précisément datée, mais je ne suis pas sûr qu'on le trouverait antérieurement à l'année 2000 (par exemple ici).

Rime interne :
Assermentation — « Il ment sous serment !... », disait, de Fabrice Burgaud, Daniel Legrand fils.
Mais à quoi sert le serment, sinon à jouir un jour de mentir sous serment ? Le faire passer à l'as...

« [...] l'Ecole nationale de la magistrature (ENM) serait-elle une fabrique de techniciens robotisés ? », s'interroge Jacqueline Coignard dans Libération du jour.
Il a beaucoup été question de technique, à la commission d'enquête parlementaire d'Outreau. Plus précisément, de la technique apprise à l'école des juges, comme ensemble de textes et de gestes, de procédures et d'actes écrits automatiquement mis en œuvre selon des schémas de situation. Le juge Burgaud dit avoir bien fait, techniquement, son travail. Et cela est fort possible. Son effroi quand, à l'orée de son premier poste, il découvre le panorama des crimes sexuels qu'il doit juger, sans expérience, ne peut être jugulé que par l'édification d'un mur de technique derrière quoi ne pas entendre les cris du cœur — ceci pour le cas où il en aurait un.
Cela ne rejoint-il pas ce que disaient les fonctionnaires judéocides de la Collaboration ? Comme tous ceux qui se retranchent derrière un : « moi, je fais ce qu'on me dit de faire », sans avoir à penser, ailleurs résumé en « jugulaire, jugulaire »... Car, de la technicité d'aujourd'hui à l'aveugle et zélée obéissance hiérarchique d'hier (type Affaire Dreyfus), il n'y a pas l'espace d'un pas : c'est pareil.
En écoutant le 7e épisode de Monsieur du Paur, le feuilleton de France Culture adapté du roman et du personnage de Paul-Jean Toulet, on entendra, s'il était besoin, que les sévices sexuels ne sont pas propres à notre temps, pour ceux qui le croiraient — je pencherais même à croire qu'ils étaient pires quand le père ou le seigneur avait droit de vie (et de mort) sur sa famille ou sa seigneurie (relire alors la Barbe-bleue comme un cas isolé de dévoilement progressif — « poudroie... verdoie... dragon... mousquetaire... » — de l'horreur du bon vieux temps, sans doute parce que la fin en est positive et morale...).

Claude Simon en Pléiade ! Je savais que c'était en préparation... Mais ne sera-ce qu'une compilation de ce que je connais déjà fort bien, ou y aura-t-il dossiers et notes pour de nouvelles nourritures ?

Mince !... Toussaint à Toulouse !... D'Orléans, ça ne va pas être facile ! Y'a pas photo : l'aller-retour au BOOK ne se fait pas dans la journée...

Re-mince !... Je ne savais pas que (lire) Baudrillard, c'était si mal ! Moi qui y voyait souvent de l'humour dans le politiquement incorrect... Heureusement, Thomas Florian m'a apporté la bonne parole !
Mais (de nous deux) qui est-ce qui ne sait pas lire ?

Commentaires

1. Le samedi 11 février 2006 à 09:22, par alain :

oh! très bien, très bien, je ne sais qui est Thomas Florian, mais le lien que tu fournis et qui présente son livre propose des pistes sérieuses pour déboulonner ce qui ne l'était pas, ces sortes de vieux penseurs qui nous tartinent de vide avec aplomb.

2. Le samedi 11 février 2006 à 09:28, par l'ennuyeux :

chez Toussaint, ce sont ses films quand même.
Non ?
J'aimerais bien avoir un éclairage sur le sujet.
C'est juste parce qu'il en est parlé plus haut. Sinon, je veux bien parler d'autre chose.
Même tout seul.

Oh oui, comment il s'appelle, son comédien, un chanteur, un grand, il a un frère (qui chante aussi), celui qui occupe le rôle du narrateur dans les films, une catastrophe pour l'empathie ?

3. Le samedi 11 février 2006 à 19:59, par grapheus :

Il y a quand même des petits "mecs" aigres qui éprouvent le besoin de se faire lire sur les textes des autres.

4. Le samedi 11 février 2006 à 21:04, par Berlol :

"Déboulonner ce qui ne l'était pas", bien dit ! En effet, Baudrillard ne s'est jamais prétendu philosophe ou sociologue. Certains l'ont dit de lui et lui ont préparé des voyages, des conférences, des tournées, des unes de presse, etc., qu'il était dans son cynisme de ne pas refuser, tout en reprécisant les choses à chaque fois (j'ai vu ça à Tokyo il y a quelques années). Je crois que son "œuvre" et sa "pensée" (le vieux style !...) ne sont pas réfutables parce qu'elles n'ont aucune méthode ni système. Banalités, paradoxes, apories, aphorismes s'y cotoient dans une débauche esthétique et littéraire d'autodérision. Ce n'est pas ce que je préfère et je ne prendrais pas sa défense mais vouloir le flinguer comme ça, voilà qui est un peu étrange, et indigne (à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire...), et révélateur d'un nouveau puritanisme du langage (qu'aucun mot ne laisse traîner ses sens, policez-vous !).

5. Le dimanche 12 février 2006 à 03:56, par Sz :

Orléans 8h00 -> Austerlitz 9h00 -> Orly 10h00 -> navette Blagnac 11h00 -> expo Toussaint - > 12h00 || + cassoulet || Blagnac 16h -> navette Orly 17h -> Austerlitz 18h -> Orléans 19h

ce qui est étonnant, et même comparant à Claude Simon photographe, considéré comme auteur professionnel et photographe amateur, c'est que dans cette expo Toussaint on ne dit pas "voilà l'auteur qui installe, peint, photographie et filme", on dit voilà Toussaint, et ce qu'il est inclut le livre et tout ce qu'il y a autour, un livre s'appelle L'Appareil Photo et voilà les photos de Tokyo faites en même temps que le livre

ceci dit indépendamment de ce qu'il présente, ai hâte en fait connaître ces photos

"catastrophe pour l'empathie" je comprends pas trop mais ça lui va bien à JPT

6. Le dimanche 12 février 2006 à 06:02, par alain :

j'efface ce que j'ai dit.

7. Le dimanche 12 février 2006 à 07:29, par Berlol :

Alain, c'est une figure de rhétorique, ou un performatif ? Tu reviens par l'esprit sur ce que tu croyais avoir lu sur Baudrillard, ou tu me demandes d'effacer effectivement ton message de ce matin ? Je penche pour la première solution. Mais ce qui fait de ce que tu écris une parole littéraire, c'est bien que les deux sens sont frappés d'indécidabilité, ou de polysémie, verrouillée par la formulation lapidaire. Voilà bien le type de parole qu'aucun ordinateur ne pourra traiter...
Merci pour le plan de vol, Sz. Je vais voir si je me laisse tenter... Cet "en même temps" de Toussaint que tu pointes, c'est justement ce qu'il développait dans la conférence donnée le 19 mai 2005 à ma fac, photos à l'appui.

8. Le dimanche 12 février 2006 à 09:07, par vinteix :

Alain, vous me semblez etre un grand effaceur de vos propres paroles.. .est-ce la le signe d'une "parole litteraire" ?!? je n'en suis pas sur... loin de la.. .ce qui est ecrit est ecrit.. en tout cas quand il s'agit du livre... Qu'on revienne dessus, bien sur... on est toujours dans l'inachevement... mais qu'on se contente d'"effacer", c'est un peu court, non...

9. Le dimanche 12 février 2006 à 09:42, par Sz :

merci pour lien conférence

curieux de relire le JLR à un an de distance (le mois entier doit s'afficher pour avoir accès au 19...) - vous y faites déjà le publiciste de Baudrillard et Finkelkraut : opiniâtre -

il n'y a pas extrait audio envisageable de la conf JPT ?

10. Le dimanche 12 février 2006 à 17:01, par Berlol :

Pour la vidéo, je vais voir avec l'intéressé. S'il est disponible... Pour le lien vers le 19 mai 2005, il faut attendre que la page se charge, ensuite ça se positionne directement sur le 19, non ? Je viens d'essayer, et ça marche. Ceci dit, ça n'empêche pas de relire le mois si on a envie !



Dimanche 12 février 2006. Coma comme envers du voyage.

En lisant, en hibernant.

Une brève du Monde des livres sur Volodine en page 4. Ça craint.
« NOS ANIMAUX PRÉFÉRÉS, d’Antoine Volodine. Des mots. Beaucoup, beaucoup de mots dont certains plutôt beaux et bien agencés, mais après ? On ne peut se défaire d’un sentiment de vide et de frustration en lisant le dernier livre d’Antoine Volodine. Les aventures de l’éléphant Wong (qui refuse « d’engrosser » une femme au motif qu’elle « sent la crotte ») ou du roi Balbutiar et des sirènes sont censées avoir une portée politique et peut-être métaphysique, croit-on comprendre. L’ensemble ressemble plutôt à un jeu pas très drôle, joué par un auteur dont la virtuosité pourrait trouver de meilleurs exutoires. R. R. Seuil, coll. Fiction & cie, 152 p., 16 €.»
C'est suivi de deux pages cocorico sur la pensée française qui refleurirait aux States. Pourquoi pas. Mais, très franchement, si une pensée française méritait d'exister et si elle parvenait jamais aux États-Unis, il n'y aurait ni Bush ni Guantanamo, non ?...

Je sors brièvement pour acheter du pain, du fromage. Et je me fais arnaquer : Miuraya propose des Petit Pont-L'Évêque, vendus par moitié, sous film plastique local, remis dans la boîte. Le prix indiqué n'est donc pas celui de la boîte mais celui de la moitié, avec ou sans la boîte. Donc, je paie double...
Pas envie de protester. Ne pas se laisser déconcentrer (ou déconcerter, dans ce cas, c'est pareil).

Film à l'Institut, faisant partie de la sélection proposée par Arnaud Desplechin : License to live de Kurosawa Kiyoshi (2000). Déjà vu il y a quatre ans, je crois, au même endroit. Comme le personnage qui sort de dix ans de coma, je me souviens du film au fur et à mesure... Quelle identité pour un enfant soudain adulte, coincé dans un hiatus du temps, incapable de revenir en arrière, de trouver son temps véritablement perdu, ni d'avoir l'âge mental de ses artères ? Et si peu d'aide d'une famille décomposée, d'un lieu à l'abandon, d'une caméra jamais lyrique. Le coma comme envers du voyage dans le temps m'interroge sur mon propre changement durant ces quatre années — j'ai l'impression de comprendre exactement la même chose mais je suis sûr que c'est une illusion.
Écrasé par une camionnée de vieux frigos qui auront sa peau, je croyais que l'intempestif demandait : « 運命ですか » (unmei desu ka, « Est-ce que c'est le destin ? »), alors qu'en fait, j'auto-corrige juste après, il demandait : « 夢ですか » (yume desu ka, « Est-ce que c'est un rêve ? », « Je rêve, ou quoi ? »).

Finalement, pas de rendez-vous avec Au fil de l'O, pas encore revu depuis des mois qu'il est revenu au Japon ! Il a rencontré par hasard quelqu'un d'autre à Shinjuku... Dieu que Tokyo est petit !
Achat de tomates, de clémentines et de bananes séchées. Et retour au livre.
Un quart d'heure très Toussaint avec David en webcam mais sans son, problème technique entre Mac et PC. On se fait des gestes, on écrit des petits messages dans la fenêtre, on ouvre pour rien des boîtes d'aide technique. Et puis on refait des grands gestes désolés.

« Grâce à ces rendez-vous qui le faisaient se retrouver seul, Marc avait pu établir que le temps, dès qu'il n'est plus asservi par un « emploi du temps », est la générosité même. Il avait chaque fois été accueilli, ou plutôt recueilli par le temps et il avait enfin pu se promener en échappant à la règle qui consiste à n'entretenir avec le temps que des rapports désagréables.» (François Weyergans, Je suis écrivain, Gallimard, 1989, p. 62)

Commentaires

1. Le dimanche 12 février 2006 à 09:06, par Sz :

www.remue.net/article.php...

Volodine sur remue.net par Anne Roche, ça doit pas être le même auteur ni le même livre...

la déréliction de la critique, de plus en plus paumée, de plus en plus raccrochée à ce qui la flatte elle-même sans trop de risque: comment se regarder dans le miroir Volodine ?

2. Le dimanche 12 février 2006 à 11:20, par Arte :

Je retire ce que je vais dire.

3. Le dimanche 12 février 2006 à 11:20, par Arte :

Fais chier. Merde !

4. Le dimanche 12 février 2006 à 11:29, par Arte :

Bon, sinon, j'ai une certaine pensée mais je préfère qu'elle ne traverse pas l'atlantique. D'ailleurs, je la retire. Je retire TOUT. Disons presque tout, je ne suis pas une bête, "tout de même".
Je m'interroge :

- Ce "tout de même", n'est-il pas un tout petit peu inutile ?
- Retire immédiatement ( < --- italique pencheude) ce que tu viens de dire !!!
- Ta gueule.

5. Le dimanche 12 février 2006 à 11:57, par alain :

Je crois, je l'ai lu, que le concept de vide sur quoi on a bâti pas mal est tombé après la découverte (mais je l'ai déjà peut-être dit (auquel je retire (il suffit d'appuyer sur la touche Mode Transparent)) ou bien tout le monde le sait) de l'anti-matière. Là où on croit que le vide a été fait persiste la trace de ce qui a été sous la forme (c'est un grand mot) d'anti-particules.

ouais.

6. Le dimanche 12 février 2006 à 12:06, par Arte :

Tu maintiens ce que tu viens de dire ?

7. Le dimanche 12 février 2006 à 12:07, par vinteix :

"le concept de vide est tombe"... ah bon ?! Grande nouvelle... Qu'est-ce donc qu'un concept ?
Quand on parle dans le vide, anti-matiere ou pas, le vertige du plein et du vide est faible...

8. Le dimanche 12 février 2006 à 14:15, par Arte :

La vache, quand j'avais 17 ans, j'ai utilisé le mot "concept" dans une soirée entre moniteurs (et trices hein !) de colonie de vacances. Les mecs ils m'ont dit "ouaiii, toi t'inventes des mots".
Marcel, je crois que je viens d'avoir une madeleine !

9. Le dimanche 12 février 2006 à 14:42, par k :

PROUT ALORS

10. Le dimanche 12 février 2006 à 23:15, par alain :

Oh, mais c'est simple (j'ai du mal à parler parce que j'ai l'impression que tout le monde sait, s'en fout, a mieux à faire (boire, faire l'amour, lire des trucs, manger (ce qui fait du bien au corps (je parle de plus en plus mal (faudrait que j'arrête de me lire en même temps que j'écris)))), le vide est un concept pratique pour envisager une description du monde matériel mais ça n'existe pas. C'est une croyance. (de quoi je me mèle)(en fait j'adore ce genre de découverte. Je lis toujours les pages physique-chimie dans les journaux.)

concept, si Vinteix, in Qu'est-ce que la philosophie ? de D. et G., souviens-toi, page 21, le début, et suivantes. Un concept est avant tout philosophique...

D'ailleurs il pleut.

11. Le dimanche 12 février 2006 à 23:23, par vinteix :

Mais je pensais precisement au livre de Deleuze et Guattari, mon cher, et en ce sens, je vois mal comment un concept "tombe"... il evolue sans cesse, a une histoire, un DEVENIR, est a la fois absolu et relatif.

12. Le dimanche 12 février 2006 à 23:48, par Berlol :

En ce qui concerne le vide, je puis y mettre mon grain de sel, si vous le permettez. Ayant fait des études de physique, j'ai été stupéfait d'apprendre que le vide n'existe pas, tout simplement parce qu'il y a toujours "quelque chose". Si fort que l'on aspire tout ce qu'il y a dans un volume, sous une cloche de verre, par exemple, il ne parvient jamais à être absolument vide (on a des instruments qui mesurent toujours la présence de quelque chose, et des équations qui montrent que le vide est une limite à l'infini). Ne pouvant faire le vide parfait, le vide, comme concept, dans son absolu conceptuel, je veux dire, n'existe donc pas. Et cela, sans même faire appel à l'existence d'anti-matière — qui risque toujours, pour le pékin moyen, d'être prise pour une anti-existence de matière...

13. Le lundi 13 février 2006 à 01:02, par vinteix :

Ces precisions physiques sont bienvenues (je suis moi aussi, en simple amateur tres legerement eclaire, tres attentif aux discours scientifiques, et surtout physique et biologique).
Que le vide absolu n'existe pas, certes, mais cela n'empeche nullement qu'il soit un concept (encore une fois "en devenir", et donc "relatif-absolu" : oui, voir Deleuze-Guattari). Qu'est-ce qui est absolument absolu ? Rien.
Oui, le vide n'a pas une realite experimentale directe, mais il est un objet mathematique, une construction. Dans la physique quantique, le vide est un etat ou l'energie est minimale, mais jamais nulle. Il ne s'agit donc pas du neant, mais d'une sorte de "vide vivant", dynamique, siege de fluctuations energetiques (cf.le rayonnement dit "de point zero" du champ electromagnetique).
On peut dire de meme qu'un triangle n'existe pas dans l'espace ; ce n'est qu'une idealite mathematique.
Que de telles "choses" n'existent pas experimentalement n'empeche pas que leurs concepts existent.
Si l'on affirme le contraire, que ferait-on alors du bouddhisme, par exemple, pour lequel la ou il y a la forme, il y a le vide; la ou il y a le vide, il y a la forme... idee d'interdependance... et de bien d'autres pensees (Democrite, Epicure, Lucrece, etc.) ? Renvoyees au vide ?? ou au rien ??

14. Le lundi 13 février 2006 à 02:37, par Arte :

ou à "ce petit rien"...

15. Le lundi 13 février 2006 à 02:39, par Arte :

(je me remercie d'avoir participé au débat).

Sinon, j'ai lu L'Herbe, et je m'en veux A MORT.

16. Le lundi 13 février 2006 à 02:41, par vinteix :

... ou a "ce presque rien"... ou ce "je-ne-sais-quoi"...

17. Le lundi 13 février 2006 à 05:16, par Manu :

J'allais dire presque pareil: ce n'est pas parce que le vide n'existe pas qu'il ne peut être un concept. Je dirais presque, au contraire... ou alors il faut que je revois la définition de concept, mais pour moi, ça va assez bien avec une idée de quelque chose d'abstrait comme le vide ou bien oui, le triangle mathématique.

18. Le lundi 13 février 2006 à 05:49, par caroline :

"On ne peut se défaire d’un sentiment de vide et de frustration en lisant le dernier livre d’Antoine Volodine."
Il ne faut pas s'inquiéter quand il est écrit ça dans le Monde des Livres. Quand on encense Houellebecq, Sollers et Angot, ça relativise considérablement la critique.
"la pensée française qui refleurirait aux States. " Grâce à BHL et son poitrail aux quatre vents ? nous sommes sauvés.

19. Le lundi 13 février 2006 à 06:04, par alain :

résistance.

20. Le lundi 13 février 2006 à 07:01, par Berlol :

Le vide est un concept, certes, il n'est même que ça. En revanche, le triangle n'est pas qu'un concept, il en existe de toutes sortes dans la nature, ne serait-ce que minérale, de même que les autres formes géométriques de base. Un concept n'est pas nécessairement quelque chose qui n'existe pas...
Là, je crois qu'on l'a tournée dans tous les sens... Quoique... on pourrait se demander s'il existe quelque chose qui ne soit associé, ou associable, à aucun concept... À la bonne vôtre !

21. Le lundi 13 février 2006 à 09:03, par Arte :

Je crois que Vinteix faisait référence à Stiegler : "le triangle (comme la justice ...) n'existe pas... etc").

Je ne retire rien de ce que j'ai dit sur Claude Simon. C'est à dire rien. (sauf que bon...).

Suis-je clair ?

22. Le lundi 13 février 2006 à 10:59, par alain :

Oui, Caroline, c'est exactement ça. Mêmes goûts.

Non, Vinteix, comprendre qu'il n'y a jamais rien, que le vide est un concept creux n'est pas rien. Vous le dites, au reste, qui citez la physique quantique. Toutes les expériences tendent à présenter une probabilité de quelque chose, une onde, un atome, un reste, une anti-particule.

Moi aussi, Patrick, j'avais un petit bagage de physicien avant d'opter pour le bricolage.

Arte, frère d'armes, je me sens, depuis quelques commentaires.

Oh ! putain, y en a pour tout le monde ce soir.

Résistance

23. Le lundi 13 février 2006 à 11:40, par k :

et moi alain, reprout

24. Le lundi 13 février 2006 à 12:59, par alain :

Oh oui, pardon, prout, k.

Mais c'est pas la peine de péter devant les gens.

25. Le lundi 13 février 2006 à 13:04, par alain :

retour de piste avant d'envoyer.

sz (décidément très barthésien/balzacien comme pseudo) d'accord avec vous.
quant à Manu, rangé avec Vinteix.

Voilà, un monde tout confort, bien rangé, sans plis, chacun avec son chagrin.

26. Le lundi 13 février 2006 à 14:11, par k :

alain ça vous arrive jamais!!!!
savez de la chance, enfin j'essaye juste de pas faire des vent plus au que mon Q........I

27. Le lundi 13 février 2006 à 18:28, par Berlol :

"Sinon, j'ai lu L'Herbe, et je m'en veux A MORT."
Qu'est-ce que tu veux dire, Arte ? Que tu as lu L'Herbe de Claude Simon et que ça ne t'a pas plu ? Si c'est le cas, j'en suis désolé pour toi, mais ce n'est pas très grave. Ceci dit, c'est un peu court : puisque tu en parles, il faudrait essayer de dire pourquoi, non ?

28. Le lundi 13 février 2006 à 20:44, par vinteix :

Qu'il n'y ait jamais rien, oui, d'accord... Mais que le vide soit "un concept creux"... c'est tout autre chose, affirmation un peu vide, ou creuse.
Ou alors, le vide n'est peut-etre bien qu'une idee, et non un concept. Et la, il faudrait reflechir a cette difference entre les deux. Par exemple, la sensation de vide existe, meme si le vide experimental n'existe pas.
Entre parentheses, je repense a certains poemes de Luca (en particulier "Quart d'heure de culture metaphysique... ou aussi a la presence recurrente du mot et du theme du "trou") ou la danse du langage et de la pensee s'achemine "vers le non-mental", meditation et action qui n'est pas sans rappeler le zen, par exemple :
"le vide vide de son vide c'est le plein".

Des lors que se pose ce probleme ou un autre (des qu'il y a conscience d'un probleme), il y a la possibilite de creer un concept (de vide), car le concept est une creation (oui, oui, j'ai bien lu D. et G. et leur definition me semble d'ailleurs la plus claire qui ait ete donnee du terme "concept"), dans un monde justement sans confort, de-range et avec de nombreux plis dans les plis.

29. Le mardi 14 février 2006 à 06:35, par Berlol :

Je suis plein de l'idée du vide



Lundi 13 février 2006. Glace brisée, au champagne.

On me signale — je ne sais pas si ça va durer — que le JLR se trouve dans les liens relatifs à une brève du site Les Chroniques.ca sur la vague de froid en Russie... grâce à Chabert !
De la façon dont il en est revenu, je ne suis pas sûr qu'il fasse une très belle enseigne. Ah, si l'armée napoléonienne avait été équipée de hokarons, elle eut pu vaincre. Des hokarons, je vais en mettre plein dans ma valise. Si quelqu'un veut voir ça de près...

Laurent m'appelle pour me suggérer d'annuler le GRAAL puisqu'il n'y aura presque personne... Dommage, je voulais en rajouter une dernière couche sur Weyergans (une couche à nouveau bicolore puisque l'ambivalence de mes réactions n'a fait que s'amplifier ces derniers jours, après la lecture de Macaire le Copte et de Je suis écrivain). OK, on annule. En même temps, ça m'arrange puisque T. et moi sommes invités à dîner chez le Conseiller culturel.

En fait, nous sommes les invités de l'invité principal, qui n'est autre que notre ami Kiriu Kazuo, le balzacien numériseur de la Comédie humaine, participant au colloque de Cerisy et (surtout) du dernier plateau de Double Je l'automne dernier. C'est bien sûr pour honorer sa francophilie et son dévouement à la cause balzacienne, et nous sommes très heureux de partager ce moment avec lui. D'autant que la réception n'est en rien mondaine, comme on peut toujours le craindre dès que le mot ambassade est prononcé. Une dizaine de convives, moitié de balzaciens, deux tiers de Japonais, un cinquième du beau sexe — et T., qui a consenti à quitter son bureau de thésarde, est la seule adepte de l'autre Balzac, Guez. Une fois la glace brisée, au champagne, la conversation roule, comme on dit, de la baisse du français dans les universités japonaises au scandale de Livedoor, en passant par les prochaines commémorations francophones de mars, l'embargo japonais sur la charcuterie française, le bon usage des statistiques dans les études littéraires sur corpus numérisé, etc. Personne ne monopolise la parole ni ne cherche à imposer ses vues — de la conservation réussie, ce qui ne trompe pas T., qui en revient enchantée...

Donc, à la place du GRAAL annulé, quelques weyerganseries :
« À la gare, en achetant les journaux, il avait amassé un tas de prospectus publiés par le département de l'Isère, où, apprit-il, on élevait des autruches (www.autruches.net). Des bandes d'autruches envahiraient-elles bientôt les stations de sports d'hiver, encombrant les pistes avant de squatter les téléphériques pour y couver leurs œufs ? Les autruches skieuses seraient une attraction pour les touristes : après d'impeccables descentes en slalom, elles avaleraient d'un coup de bec les appareils photo des spectateurs. François aurait volontiers comparé son cerveau à l'estomac de l'autruche qui a besoin d'absorber n'importe quoi, des cailloux et du métal, pour mieux digérer les aliments. Lui, c'était sa mémoire qui réclamait des informations hétérogènes, déroutantes et périssables, pour réussir à digérer le fort peu digeste monde actuel.»
[...]
« Tout ce qu'il ne ferait pas après la parution de son livre ! Il rangerait sa pièce pour installer un rameur et ferait une heure de gymnastique chaque matin, il arrêterait de fumer, il irait enfin voir sa mère après tous ces mois où il avait dû se contenter de lui téléphoner et il l'emmènerait à Venise, la ville où elle avait tant de fois accompagné son mari au festival de cinéma — le père de François, comme son fils à qui il en avait donné le goût, avait été critique de cinéma —, il partirait à la découverte de l'Amérique centrale et de l'Amérique du Sud, ou bien il irait en Chine [...], il créerait un site Internet pour donner des informations enfin exactes sur ses films et ses livres [...] » (François Weyergans, Trois Jours chez ma mère, p. 190 & 197)

Malgré la double spécularité fictionnelle (personnage-narrateur écrivant ce que fait un personnage de roman), il ne fait aucun doute que Weyergans parle de lui-même. La comparaison avec l'estomac de l'autruche est d'une terrible justesse car l'autruche produit à peu près toujours le même œuf — relire Je suis écrivain comme feuilleter Franz et François donne d'ailleurs la même impression...
La présence d'une adresse web veut-elle faire branché — et serviable — ou au contraire son aspect tautologique vaut-il dénigrement ?
Enfin, en ce qui concerne le site web, nous sommes tout disposé, je crois, mais n'en avons pas encore vu la couleur...

Faut-il à nouveau recommander Arrêt sur images ? Cela va de soi, où il apparaît que les émissions politiques ne sont plus ce qu'elles étaient — les hommes non plus...

Commentaires

1. Le lundi 13 février 2006 à 15:31, par k :

RIEN a voir

je ravalle une à une les larmes salines
et je le regarde faire

je me livre nue,
nue face à lui
dans la main un couteau, non un scalpel
non une de ses lames de rasoir
si fine vous savez
ces lames que l'on mettais avant dans les rasoirs

il s'approche je suis nue
face à lui
toujours
un sourire sur ses lévres
je le vois, je le sens
ce sourire
cet extase
il s'avance
sans conscience sur mon pubis il enfonce la lame
elle remonte doucement sur la peau de mon ventre
ce ventre nu,
une ouverture alors
sans bavure nette et précise

ces mains dirigées
la
sur ce ventre nu

je ne dis rien

le passage du nombril est un peu douloureux
m'accompagne dans la douleur conscient de se
qu'il me fait

il le sait
commenent en serait'il autrement,

le sang perle
lentement,
rouge
sur mon ventre
sur mon sexe
mes jambes
la douleur gagne les entrailles

je ne dis rien
rien n'est dit par moi
je ravalle
ravalle
tout
un sourire d'extase se lit sur mon visage
la douleur est trop forte

une jouissance
presque
de se faite de le voir lui

cette lame guidée par lui
elle remonte
je le laisse faire
peut être même je lui dis de continuer
encore et encore depuis toujours

si fragile cette lame
elle arrive quand même avec cet effort
qu'il met
si appliqué
si doux
à entailler le cartillage qui fait se rejoindre les cotes

toujours dans cette jouissance

il plonge la main
fouille
chercher
ou se trouve t'il
il est là, sous ses doigts
il bat

il le prend à pleine main
l'enserre
fort

sur ma joue
peut être une larme
alors

2. Le mardi 14 février 2006 à 01:18, par Manu :

"conservation réussie", drôle de lapsus...

3. Le mardi 14 février 2006 à 01:26, par Berlol :

Merci Manu ! En effet, beau lapsus ! J'ai corrigé. Était-ce l'inconscient qui parlait : "conservation" du sang-froid, des convenances, des illusions... Va savoir.

4. Le mardi 14 février 2006 à 07:42, par Arte :

"J'ai lu L'Herbe et je m'en veux A MORT"... de ne pas avoir découvert Claude Simon plus tôt !
Je pense à Frédérique C., dans cette même écriture (je ne dirai pas laquelle (tout a déjà du être, non ? (quoique peut-être pas assez à propos de F.C. (...) mais vraiment, à coté, François W. c'est comme ouvrir le journal))).
Je n'avais trouvé cela (mais ai peu lu) que chez H Broch, puis, (cité par F.C. sur FC (on suit ?)) chez A. Lobo Antunes.

(Parfois il m'arrive de comprendre pourquoi André Du Bouchet ne ferme jamais les paranthèses... ).

Berlol, à toi sur Les Poupées Russes ...

5. Le mardi 14 février 2006 à 16:02, par Berlol :

OK, demain ou après-demain pour les Pépées rousses...
En tout cas, ça me fait vachement plaisir, ce que tu dis là sur L'Herbe. Tu nous as un peu fait bisquer mais tu seras pardonné... C'est lequel, ton prochain Simon, La Route des Flandres, Histoire ? J'ai vu que Les Géorgiques venait de sortir en poche Double de Minuit (9,50 €). Et puis le volume Pléiade qui sort demain, je crois (nettement plus cher...).

6. Le mercredi 15 février 2006 à 01:03, par Arte :

Pléïade, moi pas aimer ...

L'acacia et L'Invitation. Dans le désordre.
Si cela se confirme, je lirai tout, comme je l'ai fait de Oui Oui.
Et de F.C. (j'insiste hein !).



Mardi 14 février 2006. Plus intransitif tu meurs.

écrire à...
écrire pour...
écrire malgré...
écrire sans...
écrire en...
écrire du...
écrire contre...
écrire quand...
écrire de la...
écrire sur...
impossible de seulement écrire
sinon son beau fantasme, sa cible
vrai pour — seul — je deviens
— plus intransitif tu meurs

*  *
*

« Vous avez déjà un peu appris les triangles ?
— Non, on a juste commencé. Là, je dois apprendre les quatre triangles, pour lundi.
— Tu te souviens ce que c'est, une ligne brisée ?
— C'est une ligne... heu... qui change de direction.
— Oui, mais comment ?
— En faisant des angles.»
(dialogue entre la petite Marie et son père, dans Le Livre de Marie, film d'Anne-Marie Miéville, 1984, en première partie du dévédé de Je vous salue, Marie de Jean-Luc Godard)

À nos bureaux tout le jour.
Sommes sortis déjeuner au Saint-Martin. Agneau et raie. Marche digestive jusqu'en haut de Kagurazaka, soleil et tiédeur comme en avril. Plus tard, je passe à l'Institut, rendre des livres et emprunter deux dévédés, Je vous salue, Marie, que je viens de voir, et Demonlover, d'Olivier Assayas, dont il a été question au dîner d'hier (et que je verrai demain).
Du Godard, j'apprécie la lumière sur les corps nus, une douceur, les intermèdes aussi, prairies vertes ou jaunes, la station essence à diverses saisons. Je goûte peu la fable biblique, en général, et m'amuse bien d'en retrouver tous les éléments transposés et naturalisés, jusqu'à l'âne, un vrai âne. Et les rois mages ? Sont-ce ces trois pingouins dessinés sur une tasse ?... Belle audace !

Claude Simon dans Mémorables, ça se laisse déguster. Même si on le connaît déjà — comme par cœur... Se dire que ça a trente ans, ces paroles-là !

Là, comme ça, tout de suite, je ne voudrais pas être sur le siiiiièèèèège du juge ! Carrément, ça fait peur.
Moins risqué et puisqu'on était dans la physique, pourquoi pas participer à la redéfinition du kilogramme, du kelvin, de la mole et de l'ampère. On a jusqu'en 2011 !

Commentaires

1. Le mardi 14 février 2006 à 09:10, par Dom :

Je penche pour la balance du watt.

2. Le mardi 14 février 2006 à 15:54, par Berlol :

Tu trouves la constante de Planck plus accessible que le nombre d'Avogadro ?



Mercredi 15 février 2006. Filigrane, le compte à rebours.

Préparatifs pour quatre semaines d'absence — période cruciale pour T., qui devra finir sa rédaction de thèse sans mon soutien moral... Bien qu'elle ne fasse rien pour me culpabiliser, je me sens oppressé, hagard, alenti dans mes gestes comme pour repousser à plus tard ceux du départ. Mais rien n'y fera, demain dès l'aube, je partirai en shinkansen, puis samedi matin je prendrai l'avion avec un collègue et une cargaison de 30 étudiants.

Nous réfléchissions, T. et moi, à ces étranges mouvements de la conscience, freinante jusqu'à la séparation et qui, en un instant, s'accélèrera par l'investissement dans diverses activités, avec, jour après jour plus transparent filigrane, le compte à rebours des retrouvailles. D'expérience, nous savons que pour des années de futurs souvenirs, ce que nous avons à faire maintenant chaque jour aura le goût de cette attente discrète et fébrile.

Pour me changer les idées, je navigue sur le site de France 2 et m'aperçois que, sans annonce tapageuse, comme si trop en parler risquait de nuire, on trouve de plus en plus d'émissions disponibles en vidéo. J'ai regardé un sujet d'Envoyé spécial sur les préparatifs de l'audience du juge Fabrice Burgaud, puis j'ai trouvé l'émision À vous de juger du 26 janvier sur le passé colonial. Là, c'est quand même 2 heures et 32 minutes de débat ! Il va falloir que je réorganise mon emploi du temps... Ceci dit, en fond sonore... Idem pour Mots croisés et J'ai rendez-vous avec vous... Bref, presque toute l'info de France 2 est disponible !

Déjeuner chinois, pour changer, et promenade au soleil de mai. Suite par du rangement de courrier. Pause, c'est l'heure de Demonlover (2002). Vierge d'information (je n'ai absolument rien lu sur ce film d'Olivier Assayas), je découvre une œuvre à la fois dérangeante et inaboutie, c'est-à-dire qui met mal à l'aise physiquement — surtout par les excès de mouvements de caméra en gros plan — mais qui n'y arrive pas pleinement par son sujet. Il y a des meurtres, de la torture et de l'esclavage sexuel, on y voit l'endroit et l'envers des sites de mangas animés érotiques, des négociations glauques et des pratiques peu légales sur trois continents. De quoi les avoir à zéro ! Et pourtant non. Il y a dans la première demi-heure un climat de film de mœurs à la française, vaguement comique, un peu comme la première demi-heure d'un film avec Belmondo, qui empêche le spectateur de croire à tout ce qui peut arriver d'horrible après.
Surprise dans les scènes tournées à Tokyo : y joue, et plutôt bien, notre animatrice de l'Espace Images de l'Institut, Abi Sakamoto. Elle traduit en réunion, cornaque en boîte de nuit et ne quitte la chambre de Charles Berling qu'au petit matin... C'est probablement le même hôtel que dans Lost in Translation, d'ailleurs.

Commentaires

1. Le mercredi 15 février 2006 à 13:07, par Dom :

Chigau. C'est le Tokyo Dome. Tschuss.

2. Le mercredi 15 février 2006 à 21:32, par Acheron :

Ah la la ! La thèse, c'est vrai que c'est quand même un sacré morceau à sortir. 3/4 années de haute tension pendant lesquelles on n'est jamais trop aidé pour tenir le choc. Mais face au clavier, c'est bien seul que l'on se retrouve, avec soi même. D'ailleurs, moi, faudrait que je termine d'ici à septembre, là !!

Ca fait longtemps que c'est en préparation chez toi, non ? Il me semble que c'est ce que tu disais dans un de tes anciens messages. C'est une thèse sur quoi, si ce n'est pas trop indiscret ?

3. Le mercredi 15 février 2006 à 21:40, par Berlol :

Il est question de la thèse de T., sur les Mazarinades. Divers problèmes de la vie l'ont empêchée d'avancer convenablement depuis quelques années... En ce qui me concerne, ce n'est pas à l'ordre du jour, hélas !
Et bonne chance pour la tienne !

4. Le mercredi 15 février 2006 à 21:51, par Acheron :

Merci. J'espère que je n'aurai pas besoin de chance pour m'en tirer ! :D

Et bon vent à vous.

5. Le jeudi 16 février 2006 à 01:37, par Bikun :

"Demain, dès l'aube je partirai, vois-tu..."
J'ai déjà lu cette phrase quelque part mais ou? :-)
Bon voyage Berlol, mes amitiés à la France! Et bon courage à T. pour la dernière ligne droite de sa thèse...



Jeudi 16 février 2006. Son ordre qui inclut son désordre.

En réel, en virtuel, je me déplace.
Parti à reculons, sous une vraie pluie. Une fois dans le train, on se dit qu'il vaut mieux regarder devant... Dormir un peu. En finir avec Les Manœuvres d'automne, de Guy Dupré, comme j'avais définitivement fermé Trois Jours chez ma mère, pour ranger. Une autre p(l)age de lectures va commencer, avec Beckett (relire Molloy pour préparation de cours à l'Institut d'avril à juin), et puis dès dimanche, si je les trouve à Orléans, Volodine et Laferrière pour le GRAAL, Échenoz pour le plaisir, et d'autres sans doute...

À la fac, que des choses à finir — c'est le thème de la semaine.
Ai commencé à me déplacer virtuellement à Orléans, avec la SEMTAO et son superbe réseau interactif... Ça prend forme, avec des idées de distances, de temps de transport en commun, de zones urbaines privilégiées. Cette façon de préparer un voyage (avec des obligations qui ne me permettent pas de partir en dilettante comme je le ferais sinon) était encore impossible il y a trois ans. Alors qu'aujourd'hui, différents types d'administrations et de services privés ont des sites web performants ; il n'y a qu'à croiser les informations et imprimer les données essentielles.

Dernier passage au centre de sport. Programme habituel : vélo pour mise en route et transpiration, machines pour entretien musculaire, bain et sauna pour déstresser.
« D'ailleurs, ne prenons pas ces choses-là au sérieux. Il y a, paraît-il, de tout dans la nature et les lusus y abondent.» (Samuel Beckett, Molloy, Ed. Minuit, coll. Double, p. 17)
Mais c'est quoi, au juste, des lusus ?
Anomalies morphologiques... Donc, il y a de tout, même de l'imprévu et du monstrueux... Justement, je viens de voir Mimic, à la télé. C'est nul (mais ça fait peur quand même). Pour Beckett, ça veut dire quoi ? Que la nature a son ordre qui inclut son désordre... Que le narrateur connait des mots rares alors qu'il s'exprime de façon familière...

Allez, il faut que je me lève tôt et j'ai encore du linge à étendre...

Commentaires

1. Le jeudi 16 février 2006 à 09:37, par Jacqueline :

vous trouverez d'autant plus facilement Volodine qu'il y habite, à Orléans - et si vous ne le voyez pas, criez son nom

vous suggère librairie Les Temps Modernes, c'est près de la poste, là il vous suffira de le chuchoter...

2. Le jeudi 16 février 2006 à 10:11, par alain :

À Volodine, si tu le vois, dis-lui qu'on le lit, qu'on le porte de nos petits bras, qu'on le soutient depuis tout le temps.

Qu'il pleut à Paris mais que ça se radoucit.

3. Le jeudi 16 février 2006 à 12:08, par Jacqueline :

le monsieur qui criait très poliment "fais chier" sur ce blog quand on parlait de Volodine s'est tu, cela me rassure, j'étais très intimidée tout à l'heure à l'idée de provoquer ses foudres élégantes - bon Orléans, vous serez aussi, sur le chemin de la fac, à vue de l'Olivet de Michel Surya, Monsu Desiderio aux musée des Beaux-Arts, Olivier Py sur son plateau de théâtre, et d'autres comme Jean-Benoît Puech ou Gabriel Bergounioux, notre ville vous accueillera volontiers tous

4. Le jeudi 16 février 2006 à 21:38, par vinteix :

... et le souvenir, discret, comme une ombre rampante, de Bataille (si je puis me permettre), meme s'il n'aima guere cette ville, trop "polie, policee" a ses yeux.

5. Le vendredi 17 février 2006 à 00:38, par Berlol :

Je suis content que le temps se radoucisse. Vous pensez bien !
Mais quelle bonne surprise — ou hasard objectif —, ce que vous me dites là, Jacqueline ! En plus, cela me donne un nom de librairie où aller. Merci pour toutes ces informations. En ce qui concerne Olivier Py, je crois qu'il n'y a aucune représentation durant ma période de résidence. En revanche, j'irai voir la pièce de Pommerat... Et puis me promener, s'il fait beau, un livre à la main.

6. Le vendredi 17 février 2006 à 07:45, par Arte :

Que molloy est un lusus, et ne se prend pas au sérieux ?



Vendredi 17 février 2006. La boucler.

Répétition générale : je vais en visite à l'aéroport Centrair. Et pour savoir qu'il me faut 1h15 pour y parvenir...
J'y flâne un peu, visitant les galeries commerciales plus nombreuses qu'à Narita, car plus proches de la ville de Tokoname.
J'ai quelques petites photos, mais pas le temps de les mettre (on dirait Bikun...).

De retour à la fac pour faire passer un examen à une étudiante absente la semaine dernière. Dépôt de l'ensemble de mes feuilles de notes.

Aux impôts avec David — et heureusement, parce que l'emplacement des bureaux a été déplacé de plusieurs kilomètres. Traitement assez rapide.

De retour au bureau pour ranger mon courrier, sauver les documents essentiels sur disque amovible. Côté JLR, sans doute une mise à jour qui n'aura lieu que lundi ou mardi...

Enfin, à la maison, après être allé acheter deux paquets de hokarons.
Dîner, ranger, la boucler...

Commentaires

1. Le dimanche 19 février 2006 à 10:17, par alain :

bon alors



Samedi 18 février 2006. Où le service baisse quand la sécurité augmente.

Voilà ce qu'on gagne à attendre le dimanche soir pour écrire ce qui s'est passé samedi matin à 10.000 km d'ici : je manque totalement d'inspiration. À moins que ce soit le trop plein. Ou la fatigue... Je vais essayer quand même. Sinon, c'est de la mémoire qui se volatilise.

Après avoir respecté à la minute près mon plan de départ de la maison, d'arrivée à l'aéroport, puis le plan collectif de prise en charge des étudiants (un pack de 30) et l'acheminement jusqu'à l'avion, nous avons eu un vol très calme — nonobstant les gloussements dans nos rangs au moment du décollage, puis d'une descente bosselée de nuages avant l'atterrissage mouillé : la majorité de nos ouailles n'avaient encore jamais pris l'avion.
À Roissy, un gros autocar nous attendait pour aller directement à Orléans. Chateau d'eau et éolienne furent les deux mots de ce trajet, répétés à l'envi par les quatres étudiants de la baie frontale.
Devant la présidence universitaire, presque dans les bois, nous vîmes une bonne vingtaine de voitures de familles d'accueil déjà stationnées. Les autres arriveraient peu après, entre chien et loup, pour un étonnant comptoir de retrait — le moment de vérité, quitter le cocon japonais que mon collègue et moi représentons encore...

Nous voilà momentanément délivrés de notre pesant fardeau. Revenons en ville, le car nous dépose place du 6-juin-1940, où, transformés en espions, mon collègue et moi devons composer un code d'entrée, monter au deuxième étage pour composer un autre code à la porte d'un coffre dans lequel nous trouvons des enveloppes à nos noms, avec une lettre et une clé pour les studios que nous avons loués... Bienvenue en France, le pays où le service baisse quand la sécurité augmente.

Commentaires

1. Le lundi 20 février 2006 à 01:32, par Dabichan :

Bienvenue chez nous de là-bas !
Alors, c'est beau Orléans sous la pluie un samedi soir de février qui annonce un dimanche du même tonneau avec em prime touts les magasins fermés ?
Crois-en mon expérience de l'an passé, pour éviter la neurasthénie : une ballade au gré des rues et des quais jusqu'à n'en plus pouvoir, un arrêt dans ce merveilleux petit salon de thé (un vrai salon de... thé) dont j'ai oublié le nom juste en face de la cathédrale (fermée elle aussi !), des courses au petit casino de la rue Jeanne d'Arc (partie haute toujours près de la cathédrale) et retour maison pour zapper les chaînes françaises et reprendre contact avec les programmes offerts au public puis tout arrêter pour un bon livre en écoutant France Musique... Ça c'était passé comme ça, ce premier week-end. Un peu déprimant tout de même. Heureusement qu'il y a notre collègue !
Bonnes tribulations orléanaises
Et au plaisir de lire la suite

2. Le lundi 20 février 2006 à 10:49, par Bikun :

Ouarf! J'ai presque éclaté de rire en lisant ta note! "Bienvenue en France, le pays où le service baisse quand la sécurité augmente.". Si j'en crois ta description, Orléans ressemble à une ville de retraités!
Bon voyage quand même, et bon séjour...si tout va bien (aucune certitude cependant), quand tu reviendras...c'est peut-être moi et Naoko qui viendront au Japon faire un petit coucou (a confirmer)!!!!



Dimanche 19 février 2006. Orléans hésitamment pluvieux.

Le jour se lève. Et le service baisse, en effet. Mon collègue n'a ni télévision ni téléphone (il y a les prises mais pas les appareils), alors que moi oui. Mais mon téléphone n'est pas autorisé — et ne le sera pas avant lundi. Incroyable. Et puis pas de service de petit déjeuner car... c'est dimanche, ce dont personne ne nous avait prévenu (pas que c'est dimanche, ça, on le savait !).

Dans Orléans hésitamment pluvieux, rien n'est ouvert, ni près de la cathédrale, ni place du Martroi, ni devant la gare. Rien, absolument rien, aucun café, et il est presque neuf heures. Ah, si, sur le côté Est, un café, Le Tramway, où l'on accepte de nous servir boissons chaudes et croissants.
Allons sans nous presser aux Halles Chatelêt (quel nom !), seul endroit où je sache que des commerçants sont ouverts. Quelques courses (carottes rapées, haricots verts, radis roses, endives, fromage de chèvre, saucisson de cheval, steak dans l'onglet, thé goût russe, pain), donc, et une première rencontre d'une de nos étudiantes avec quelqu'un de sa famille d'accueil...

J'en rencontrerai une autre rue Jeanne d'Arc, après avoir déjeuné, fait une petite sieste, être ressorti seul pour acheter un plan de la ville, constater que l'Office de tourisme est fermé le dimanche, et avant de remonter sur la gare, via la moderne médiathèque, pour acheter des abonnements à la SEMTAO et voir Les Bronzés 3 — où comment rire des décatis pathétiques dont je ne suis pas tout à fait sûr qu'ils jouent, pas certain qu'ils composent différemment de ce qu'ils sont (et trop lourd à mon goût, le dernier gag, si on peut l'appeler comme ça, avec nos touristes raflés au petit matin sur la plage italienne en même temps que d'illégaux migrants nord-africains...)

À prévoir : série de photos des chats perchés d'Orléans. En ai déjà repéré trois, dont un vers la rue Charles Sanglier, un aviateur visible de la librairie Les Temps modernes, un tableau de groupe vers la rue du Pot-de-fer. Y en a-t-il d'autres ? Sans doute. Ce sera pour faire suite au film de Chris Marker...

Commentaires

1. Le lundi 20 février 2006 à 17:17, par dabichan :

Eh oui... Ambiance morose au lever le dimanche matin à Orléans.
J'en étais sûr... Le dimanche, c'est encore pire qu'autour d'Auteuil. Ce quartier qui a, presque par hasard, abrité mes premières années parisiennes (désolé!) m'intriguait par sa capacité à se dépeupler du samedi 13h -fin du marché- au lundi matin. Et moi qui croyais naïvement que ses fortunés habitants (les infortunés, pensais-je alors) s'en allaient au vert dans l'Orléanais ou le Gâtiné...
Ai été déçu par le commentaire, assurément sans concession, de Berlol sur les Bronzés 3, tout en me doutant bien que, pour en faire un succès commercial, il fallût (vous noterez au passage le subjonctif imparfait, on ne se refuse rien sur le JLR) que le spectateur y (re?)trouve ce qui l'avait fait hurler de rire il y a 20 ans ou plus quand il était encore étudiant. Mais, moi aussi j'irai, un jour, me faire ma propre opinion sur la chose.
A Nag aussi il pleut. Il pleut même fort, de cette horrible plus grossière dans ses gouttes et glaciale comme un couteau qui vous balafre le visage lorsqu'elle parvient à se frayer un passage en dépit des baleines du parapluie en plastique bleu clair du "combini" (350 yen l'unité)...
Sinon, rien ! Comme d'hab, campus Belle au Bois Dormant (les étudiants ne se réveilleront qu'avec le retour du printemps et l'éclosion des fleurs des cerisiers). C'est triste et jouissif à la fois !
J'attends bien sûr avec intérêt les photos et des détails sur les conditions de logement...
Ja nee !



Lundi 20 février 2006. Mode d'emploi à la troupe humide.

Le jour le plus long. Tant long que ce matin semble être déjà la semaine dernière !
Sur le papier, c'était 9h réunion étudiants et visite du campus, 11h30 déjeuner resto U, 13h30 préparation et visite d'Orléans, 17h réception à la présidence de l'université.

Dans les détails, mon collègue et moi devions nous inscrire à la SEMTAO avant d'utiliser nos abonnements (ce que j'ignorais hier...), donc aller à la gare avant d'aller à l'université. Partis tôt en prévoyant large, nous nous sommes retrouvés sur le campus avec une heure d'avance, après un voyage ultra rapide dans le bus de la ligne 20. En semaine de vacances, c'est pas très animé, un campus, à 8 heures du matin... On découvre les lieux qui nous ont été dépeints par David (Dabichan). Sauf que le lac n'est pas gelé.

Puis les étudiants commencent à arriver, excités de se revoir et de se raconter leur dimanche, pas traumatisés par ces premières 24 heures sans filet japonais sous eux. La réunion apporte son lot d'informations de cadrage du stage, aboutissement aussi du travail efficace de deux stagiaires, satisfaites de voir pour qui elles ont travaillé. Entre familles d'accueil et université, tout est tellement bien pris en charge que mon collègue et moi nous faisons l'effet de pompiers sur la touche (ne pas confondre avec plombiers sous la douche), dans l'attente d'une urgence que personne ne souhaite.
Mais ce n'est qu'une impression, nous trouverons bientôt à nous occuper... Ne pouvant connecter mon ordinateur portable au réseau sans fil, on me permet de squatter un bureau pendant 15 minutes, ce qui me permet de survoler mon courrier, de copier-coller mes deux jours de JLR — dont une photo de ce superbe papier de boucherie chevaline —, de voir le commentaire de David (merci de penser à nous et de réagir tout de suite) — et d'enlever les promotions de sites pornographiques que de fausses identités roumaines ont la stupidité d'insérer en commentaires depuis une semaine.

Promenons-nous
sous la pluie
Mouillons bottes
et parapluies


Marche forcée, presque, par les flaques et les gazons marécageux, pour apercevoir quelques cubiques bâtiments... Le mieux étant d'aboutir avant 11h30, au restaurant universitaire, le seul ouvert durant cette semaine de vacances, pour en expliquer le mode d'emploi à la troupe humide (plateau, nombre d'articles, choix à lire, ticket à donner).
Plus tard, pendant que les groupes s'organisent pour la visite d'Orléans, je m'éclipse pour d'autres affaires. Bus de retour en ville. Passage à notre résidence pour régler quelques petits problèmes et prendre les copies des passeports des étudiants, pour le cas où la boutique de téléphone disposerait d'un stock de 27 portables standards. En effet, les étudiants ont en majorité choisi d'en disposer — et nous ne sommes pas contre puisque cela favorise une part non négligeable de la communication en français, avec les familles d'accueil notamment (qui auront la charge d'en expliquer le fonctionnement avant de pouvoir joindre leurs adoptés temporaires).
Chez Bouygues, pour marcher sur les brisées de l'an dernier en me rendant pour la première fois dans une maison de maçon, on ne disposait pas de tout ça, quelqu'un se souvenait d'ailleurs d'un précédent en 2005... Bref, tout sera prêt mercredi, on va organiser ça dans l'après-midi — sauf pour moi qui m'en suis pris un tout de suite.

Et la littérature, dans tout ça ? Justement. Libéré assez tôt de ma mission de gros, je déguste les Temps modernes. Quatre ouvrages convoités (le Ravel d'Échenoz, La Tentation des armes à feu de Patrick Deville, et deux Volodine, Nos Animaux préférés et Bardo or not bardo) et question en les apportant à la caisse. On me répond que non, on ne s'appelle pas Jacqueline, qu'il y en a eu une qui a travaillé ici il y a très très longtemps... Mais qu'on est très amusée de mon histoire, qu'on aimera me revoir pour en connaître la suite, à l'occasion.

La réception à la présidence est très agréable, ambiance bon enfant, juste deux minutes de solennel discours et une bonne heure de palabres brassées familles enseignants étudiants, des moments photo (avec mise en abyme, ci-contre), des petits fours salés puis sucrés, j'en promène un plateau, comme un accessoire pour visiter des groupes (à mille lieues de croire cela humiliant, pour un professeur, de porter un plateau... Puisqu'on m'a posé la question ; assumer une part de ridicule est un moyen pédagogique et même un liant social...).
Obligeamment ramenés en ville en voiture, nous renonçons finalement à sortir dîner. Courses dans une supérette et dîner au calme en regardant Le Temps de la désobéissance, téléfilm moyennement intéressant sur France 2, et achever ce jour le plus long — qui finit quand même.
Demain, je commencerai à téléphoner...

Commentaires

1. Le mardi 21 février 2006 à 09:24, par vinteix :

Deprimant !

2. Le mardi 21 février 2006 à 10:20, par Bikun :

Tu peux faire un zoom sur la plus belle de tes étudiantes? Parce que tes descriptions d'Orléans sont effectivement assez déprimantes!!

Bon séjour sinon!

3. Le mardi 21 février 2006 à 10:34, par putain :

c'est quoi c'blog

4. Le mardi 21 février 2006 à 10:40, par relisant :

encore et encore François Villon, les Lais, je me demandais :

"Ou sont les gracieux gallans
Que je suivoye ou temps jadis,
Si bien chantans, si bien parlans,
Si plaisans en faiz et en dis ?
Les aucuns sont morts et roidis,
D'eulx n'est il plus riens maintenant :
repos aient en paradis,
et Dieu saulve le remenant !"


pour parler d'étudiants
Aux chiottes, les étudiants !
Je suis sûr qu'ils ne savent pas boire ni voir.


alain

5. Le mardi 21 février 2006 à 10:46, par alain :

Bientôt l'expo de Cindy Sherman !!!!

En attendant, à Montmartre, oh ! putain, une expo des dessins de Willem !!!
Après la galerie ferme. On s'en fout. On n'aime que Willem !!!

(c'est juste en face ce maudit théâtre de l'Atelier où on joue que des merdes (c'est pour l'adresse)).
J'y vais demain à midi 5 ou 10. Ouais, rendez-vous tous là-bas.

Levé à 3 heures 45 (il y a donc 16 heures de ça), je me trouve dans une fatigue, là, maintenant, plutôt moins pessimiste que je ne pensais. Je vais regarder la télé. J'adore la télé pour ça.

6. Le mardi 21 février 2006 à 10:53, par alain :

Je retire tout et demain je n'y serai pas.
Faut que je dorme.

Projet : écrire l'agenda en avance d'un an où chaque jour je sais où je serai. Implacablement, je me conformerai à ce que j'ai écrit. c'est un projet.

Dodo.

7. Le mardi 21 février 2006 à 10:53, par alain :

Au fait, qui connaît le Prozac ?

8. Le mardi 21 février 2006 à 10:55, par alain :

Villon, oh, Villon.
On n'a pas assez parlé de Villon ici.

9. Le mardi 21 février 2006 à 14:39, par Lionel Dersot :

Des étudiants qui voulaient y aller, qui maintenant y sont et découvrent. Un enseignant qui sert les petits fours (la remarque sur l'humiliant de la situation, cela émane de qui par curiosité?). Des gens qui se parlent. Une visite de plaisir dans une librairie avec achats à la clé. Des tracas routiniers mais visiblement petits de coordination d'un groupe. Des solutions, même temporaires, mais des solutions tout de même à des problèmes logistiques, Internet, les mobiles, etc. Le blog qui continue. Je ne vois pas ce qui a de déprimant ici, au contraire. Vivement la suite.

10. Le mardi 21 février 2006 à 15:40, par Jacqueline :

pourquoi me vouliez-vous caissière et non lectrice ?

décidément quelques a priori dans vos découvertes orléanaises !

un rayon de soleil va vous acclimater, en tout cas bienvenue - et ce sera nous qui vous offrirons le plateau : saucisson de cheval et trois tonnes de télévision et les bronzés tous les jours, oui, tant que voudrez

11. Le mardi 21 février 2006 à 17:17, par Dabichan :

Sugoi nee ! Tous ces messages...
Moi qui pensais être le seul (le privilège d'y être passé en premier) à pouvoir sympathiser -au sens étymologique-...
As-tu fait la connaissance de Mme L. G. ? Notre zélée agente immobilière ? Prends rendez-vous pour sa tarte tatin ! Elle en retournerait le plus clochemerlesque des Orléanais...
Bonnes longues journées

PS: le uchiage (banquet) du comité des examens était triste à mourir ! Aucun volontaire pour un nijikai au karaoke... J'en suis rentré à la maison tout dépité au point de me plonger dans un article de la RDP sur la nouvelle constitution afghane ! Dingue ça !

12. Le mardi 21 février 2006 à 19:41, par vinteix :

"Des étudiants qui voulaient y aller, qui maintenant y sont et découvrent. Un enseignant qui sert les petits fours (la remarque sur l'humiliant de la situation, cela émane de qui par curiosité?). Des gens qui se parlent. Une visite de plaisir dans une librairie avec achats à la clé. Des tracas routiniers mais visiblement petits de coordination d'un groupe. Des solutions, même temporaires, mais des solutions tout de même à des problèmes logistiques, Internet, les mobiles, etc. Le blog qui continue. Je ne vois pas ce qui a de déprimant ici, au contraire. Vivement la suite."

Encore plus deprimant !

13. Le mardi 21 février 2006 à 20:23, par Manu :

Mais qu'est-ce qui se passe ?
C'est quoi c't'ambiance ?
Tout ça parce que Berlol est en France ?

14. Le mardi 21 février 2006 à 21:48, par vinteix :

Non, pardon, je plaisantais (un peu) et m’amusais (un peu)… quoique… je ne puis me contenter de telles platitudes… comme disait l’autre récemment, c’est bien rangé, sans plis et confortable, plein de bons sentiments, « les Assis », quoi… l’ennui… Or, je lisais récemment que l’inquiétude n’est pas de cette époque-ci… Justement, c’est bien ce qui manque ! l’inquiétude, au sens profond et étymologique du terme : le contraire du repos, de l’immobilité, de la stagnation, voire de la soumission ou de l’avachissement. Non pas l’inquiétude contrite et auto-flagellante, l’inquiétude apparente et trompeuse (hypocrite) des discours dominants, ceux des médias ou de la plupart de nos dirigeants, qui cachent à peine leur auto-satisfaction, sous une dramatisation obscène, calculée selon les bénéfices qu’ils en retirent. Règne de la pensée molle et de l’anesthésie, dans une civilisation empoisonnée, civilisation d’esclaves endormis dans une climatisation plus ou moins réussie.
Mais une gaieté inquiète (au sens où ont pu l’incarner Nietzsche ou Bataille, ou Thomas Bernhardt), qui ne peut se satisfaire de l’état des choses et de la transparence trompeuse et illusoire des discours dominants et de tout le fatras de contrôle que l’on nous sert, que l’on nous soumet et qui nous dessert et nous soumet. Le monde est déjà si lénifiant, si plein et vibrant de « misère symbolique », de masques qui mettent entre parenthèses tout ce qui pourrait déranger, inquiéter, ouvrir, éclairer ou obscurcir (peu importe), faire bouger la pensée et les corps, les frontières et les définitions communément admises, introduire le frisson inquiet de l’infini (l’interrogation sur le sens du monde étant vouée à cette infinitude, à cet inachèvement) dans ces rassurantes pseudo-vérités de la finitude, utile castration permettant la conquête des champs illusoires du désir. Tant d’imbécile dignité aussi, qu’on nous impose et qui nous châtre, à commencer par celle du travail (pétrification des ressorts et des arcanes de l’enfance) dont la plupart du temps les fins réelles nous échappent, imbécile dignité que, entre parenthèses, je mesure presque tous les jours à l’université (mais peu importe le milieu) et qui cache le désoeuvrement essentiel.
Où est la révolte (sans parler de révolution)? la grandeur ? le sublime ? les fragiles et troublantes apparitions de la beauté ( et de l’amour) ? troublantes car le vertige de la beauté et de la mort sont un même abîme (« sous les cerisiers, les morts », でしょう ?) le sens de l’éperdu ? l’imagination, cette faculté tant élevée par Baudelaire ? le sens de l’impossible ? les appels d’air ? le côté infini de notre vie ? les vertiges de l’espace et du temps (car penser, ça veut dire, à mon sens, se trouver au seuil de ces catégories pures) ? les idéaux (seraient-ils utopiques et ils doivent l’être, sous peine de n’être que de mornes rêveries) ? le vent salubre de l’inconnu ? la quête du sens du monde ? le tragique (que l’on fuit si aisément et avec tant d’insouciance derrière les doubles du réel érigés en abusives croyances, mais qui finit inévitablement par nous rattraper) ? la création de lignes de fuite (créatrices) ? la « joie » (au sens plein, fort, voir Spinoza ou Deleuze) ? l’inquiétude, enfin, quant au langage lui-même (la parole en feu ?) dont on se sert et qui « sert à vivre », mais dont on abuse en toute insouciance et qui semble perdre tout pouvoir (mots abusés ou abusifs, gonflés ou vidés, trop mous ou trop rigides, soumis aux envoûtements de la communication, aux manipulations crapuleuses de la société) sans voir qu’on ne fait que « vaquer à ses occupations » (référence à Meschonnic, cité ici par Berlol)…
Au lieu de tout cela, c’est bien souvent, trop souvent, le règne du « peu de réalité » et de la pensée molle, le réel qui s’évanouit dans les bavardages et l’irréalité zappée du « reality show ». Non, je ne puis me résigner (me résilier ?) à « vivre et penser comme des porcs ». Ainsi, à la « résilience », je préfère l’inquiétude et la résistance.
Le ciel est vide ; l’homme seul est habité, mais il dort. Bien sûr, penser, c’est d’abord penser contre soi-même, ne jamais se satisfaire (de soi), ne pas être en repos, donc être fondamentalement inquiet. « Les moindres écrivains écrivent face aux autres. Les plus grands contre eux-mêmes » ; ou encore : « Homme : un improbable qui rêve d’un impossible. » (Salah Stétié).
Bon, tout cela, un peu comme un cri dans le désert… qui croît.
En ce sens-là, mais CE N’ETAIT SUREMENT PAS UN REPROCHE, je trouvais les notations orléanaises de Berlol plutôt déprimantes, et le commentaire qui suivit encore plus…

15. Le mardi 21 février 2006 à 22:00, par vinteix :

... en relation aussi (car je suis assez tournesol), à cette grisaille pluvieuse... (souvenirs personnels aussi d'un passage assez gris à Orléans) mais peu importe, tout ceci n'etait qu'un pretexte, à vrai dire surtout inspiré par le commentaire de Lionel Dersot et une petite remarque récente sur "l'inquiétude" justement, lue dans son blog.

16. Le mardi 21 février 2006 à 22:13, par vinteix :

Pardon d'être si bavard tout à coup, mais je me rappelle soudain que Derrida parlait de manière très émouvante de gaieté inquiète, dans un de ses derniers entretiens, je crois, repris dans "Apprendre à vivre enfin"... enfin, pour ceux que cela peut intéresser...

17. Le mercredi 22 février 2006 à 00:12, par vinteix :

A propos... je remarque sur la photo de groupe qu'il n'y a qu'un membre (oh pardon !) masculin, en haut à gauche, et un troupeau de demoiselles... mais peut-être me trompe-je ??
En tout cas, si je ne me trompe point, cela serait peut-être intéressant, par exemple, de savoir un peu comment se passe cette "noyade" au sein de la gent féminine en terre étrangère...
Enfin, c'est pas très important, mais peut-être mieux qu'applaudir à la bravoure triviale des petits gestes quotidiens...

18. Le mercredi 22 février 2006 à 00:55, par Berlol :

Vinteix, Alain, venez nous voir ! Vous comprendrez ce qu'est le quotidien d'un co-responsable de stage. Cela ne m'empêche pas de penser, voire de philosopher. Il faut laisser le temps à la pensée de se redéployer... Je m'interdis de critiquer Orléans, de quel droit d'ailleurs, mais j'ai des étonnements, que j'atermoie.

19. Le mercredi 22 février 2006 à 01:04, par vinteix :

Tout a fait d'accord sur le temps qu'il faut laisser au temps... le temps de la pensee, j'entends...
Berlol, il se trouve que moi aussi, tous les deux ans, j'accompagne (et seul !) une groupe d'une trentaine d'etudiants japonais en Belgique et a Paris... alors, je sais tres bien ce que cela signifie !
Mes remarques, intempestives certes, n'etaient pas par rapport a cette equipee (pas folle, quand meme...) a proprement dit... mais inspirees plutot par l'air du temps et comme je l'ai dit, la vanite un peu plate et complaisante de certain(s) commentaire(s)...

20. Le mercredi 22 février 2006 à 01:11, par vinteix :

toujours pas de torchon a vaisselle ?!
Bon, moi, je vais acheter du pecul... j'en ai plus...

21. Le mercredi 22 février 2006 à 02:08, par vinteix :

...car quand meme ! quand on lit par exemple : "Une visite de plaisir dans une librairie" et l'admirable clausule : "avec achats à la clé", la, j'ai vraiment pouffe de rire !
Quel emerveillement (de nouveau-ne) ! ou plutot, pour etre tres honnete et sans ironie, quelle platitude !
Et t'as vaiment achete des livres !? dans une librairie ?!
Bon, je me retire discretement... enfin, momentanement, car d'ici peu, a mon tour de filer pour un mois de peregrinations europeennes, sans etudiants, cette annee (ouf !) et sans ordinateur, donc dans l'impossibilite de suivre la suite des tribulations (et turpitudes ?) des tiens (etudiants)...
Enfin, tiens-moi au courant quand meme pour le torchon a vaisselle... ca m'angoisse... (= simple taquinerie)
Bon sejour et hasta la vista !

22. Le jeudi 23 février 2006 à 17:51, par le consul :

"Des étudiants qui voulaient y aller, qui maintenant y sont et découvrent. Un enseignant qui sert les petits fours (la remarque sur l'humiliant de la situation, cela émane de qui par curiosité?). Des gens qui se parlent. Une visite de plaisir dans une librairie avec achats à la clé. Des tracas routiniers mais visiblement petits de coordination d'un groupe. Des solutions, même temporaires, mais des solutions tout de même à des problèmes logistiques, Internet, les mobiles, etc. Le blog qui continue. Je ne vois pas ce qui a de déprimant ici, au contraire. Vivement la suite."
pas seulement déprimant, consternant....



Mardi 21 février 2006. Leur réussite suppose notre passivité.

« On s'en veut quelquefois de sortir de son bain. » — écrit Échenoz en ouverture de Ravel... Même sous la douche, ce luxe de prendre son temps et d'y songer languissamment, je me l'offre ce matin.

Choses à faire ensuite : signer nos contrats de location des studios pour un mois, vérifier à la boutique de téléphone si tous nos portables seront prêts demain et obtenir le vrai numéro du portable de mon collègue recopié hier avec une erreur par l'employé, aller déjeuner avec nos étudiants pour savoir comment se sont passés les premiers cours et les informer pour demain, nous installer pour la première fois dans la bibliothèque des sciences et y connecter nos ordinateurs portables avec câble LAN (le protocole http passe très bien mais rien à faire pour les ftp et smtp ; heureusement pour moi, je peux gérer mon courrier via l'accès web à mon domaine, idem pour Litor), récupérer les étudiantes qui veulent changer des travelers et les accompagner à la grande poste d'Orléans — émotion de les voir tendues avant leur premier acte linguistique qui ne soit factice, elles nous savent derrière, en cas de besoin, mais que leur réussite suppose notre passivité. Et puis rentrer chez nous, nous reposer.
Passage au théâtre pour savoir s'il reste des places pour la pièce du 4 mars, mais la politique de priorité aux abonnés rend impossible de savoir combien de places il restera pour les gens de passage comme moi — politique discriminatoire !
Passage à la supérette pour du shampoing et des serviettes en papier — toujours pas de torchon à vaisselle.
Dîner au restaurant chinois, l'Impérial d'Arc, devant la gare. Pas mal, surtout le nom.

Un détail extraordinaire me revient (je me relève pour le noter) : dans un reportage sur le locked-in syndrom, Jean-Jacques Beineix parlant de Jean-Dominique Bauby qui lui disait, un jour de tournage, par les lettres clignées des yeux, le simple mot raccord — à savoir que sa taie d'oreiller n'était pas la même que celle de la veille.

Commentaires

1. Le mercredi 22 février 2006 à 02:18, par supérette :

j'ai moi aussi acheté du shampoing et des serviettes en papier aujourd'hui

2. Le mercredi 22 février 2006 à 02:24, par Berlol :

Dingue !

3. Le mercredi 22 février 2006 à 04:09, par vinteix :

quant a moi... oublie de dire que tout a l'heure j'ai fait pipi... aux toilettes ! Si, si, c'est vrai ! Dingue, non ?

Qu'est-ce qu'on s'poile ici !
Ah ! un peu de rabelaiserie ne fait pas de mal...

4. Le mercredi 22 février 2006 à 04:33, par super supérette :

et moi j'ai mangé des carottes rapées aujourd'hui

5. Le mercredi 22 février 2006 à 04:38, par Impérial d'Arc :

super supérette a l'air très sexy !

6. Le mercredi 22 février 2006 à 04:51, par ex d'Orléans :

Ah !!!! La fantaisie qui manque à l'emploi du temps plan plan et peu palpitant apparait enfin dans les commentaires !!! merci Vinteix d'avoir dit précédemment tout haut ce que nous sommes plusieurs à penser tout bas !!!!
En tout cas, moi qui connais Orléans, je trouve dingue d'aller manger dans un endroit tel que l'Impérial d'Arc alors que la ville cache -il est vrai- de beaux et bons restaus... Berlol, allez vous encanailler rue de Bourgogne, la canaille est relative mais ça ne vous fera pas de mal de vous éloigner de la place du Martroi et de votre supérette !!!

7. Le mercredi 22 février 2006 à 07:43, par k :

vendredi 17 fevrier 2006

18h48

gare st lazare

corail 13116

descendent deux bottes noires, un jeans avec un revers, un parka noir, une écharppe à rayure orange, rouge et violette, un sac de sport violet.

En transit entre deux gare.

A recue : "veux tu venir chez moi ce week enk. je ne sais s' il y aura une suite à cela, mais te voir sera bon."

Alors elle a dit oui, oui, seule, n'attend rien, sais juste qu'elle a en elle cet amour pour lui, ne lui demande rien en échange, viens.

Elle marchera jusqu'au métro ligne 14 direct bibli mitterand pour rejoindre cette autre gare, il lui a dit.

Elle ne sait encore qu'elles seront ses pensées alors, sait juste qu'elle va vers lui, qu'elle va le retrouver, qu'elle sait cet amour immense d'elle pour lui.

Gare de lyon, elle erre,..........un homme, un jeune homme arrive en courant sous les pancartes des horaires de train.

Cheveux long, noir, veste en cuir noir, il incline la tête en arrière, c'est mis juste en dessous du panneau, comme pour faire corps avec celui-ci.

Cette silouhette, elle la connait, l'homme A de ce jour là, l'homme de nancy place de la bastille, la même il y a 14 années, elle se souvient

Celui-ci doit avoir son age à lui ce jour là, il a vu ce qu'il devait voir, repart en courant, vers le quai qui l'attend.

Elle le suivra alors, calmement, sais qu'elle ne peut le predre dans cette immense gare, qu'elle va être guidée, guidée par cet instinct qui la pousse, toujours, vers lui, toujours vers ses autres qui ne sont jamais lui, mais toujours un autre.

Il est là impatient devant le train, tgv départ 19h15 pour lyon, il trépigne, regarde.

Elle reste derrière lui, à quelque pas.

Voir juste sa silhouette, il me doit pas se retourner, lorsqu'il se retourne, le charme est rompu, brisée net, de lui, de l'homme A il n'a que cela, cette silhouette, de dos, les cheveux longs et noirs, et cette manière de bouger dans son impatience.

Il prend son téléphone portable, essaye de la joindre, celle qui ne vient pas.

Il a du être ainsi, l'homme A, un jour devant un quai, attendant son amour, qui a décidé de partir, sur un coup de tête, ce ne peut être que cela, il n'a rien avec lui, pas de bagages, pas des sacs, juste ce téléphone, il met une main dans la poche de son pantalon, écoute, son regard scrute le quai,, il regarde sur la droite.

Elle toujours derrière se décalera sur la gauche pour ne pas voir son visage, pour ne pas perdre le rêve.

Il recompose un numéro, surement est t'il tombé sur la messagerie, il s'impatiente toujours, 19h10.

19h11, son regard brasse encore la gare, d'un pas décidé, le téléphone collé à l'oreille, une main dans la poche de son pantallon, il décidera d'avancer vers ce train et de regarder s'il la voit à l'intérieur.

Les bottes noires, le parka noir , l'écharppe à rayure oarnge rouge et violette, décide de repartir errer.

En repassant, plus tard, mais pas si tard, on voit encore la queue du tgv qui est partie pour lyon, elle verra que la silouette ne remonte pas le quai, il a du pemettrer dans ce train, il ferra alors tous les wagons pensant la retrouver, l'homme A aurait fait cela aussi, elle le sait.

En continuant d'avancer, elle voit cette jeune femme devant le quai du départ de ce train de lyon, elle a décider de ne pas le prendre, elle retourne le retrouver là bas, il doit être là, il l'attend surement.

Moi je me dirige vers le train direction grenoble, tout reste à venir................

8. Le mercredi 22 février 2006 à 08:23, par Jacqueline :

ce site était quand même plus recommandable à Nagoya qu'à Orléans, et la cohorte de messieurs fatigués et libidineux qui l'accompagnent (voir hier) on s'en apercevait moins quand c'était loin...

peut-être aux Temps Modernes pourrez-vous aussi découvrir Vies Minuscules, livre écrit à Orléans/Olivet, pour une initiation à la province française ? - le pays ne se limite pas à Censier et le restaurant d'en face ?

9. Le mercredi 22 février 2006 à 08:48, par vinteix :

Ah, y'a d'l'ambiance ici ! tant il est vrai que trop serieux n'est pas tres serieux... enfin, une franche deconnade vaut pafois mieux que... bon, j'arrete la...

« On s'en veut quelquefois de sortir de son bain. » Bel incipit. Toujours tres interessant de preter une attention particuliere a la phrase qui amorce un roman... me souviens a ce sujet d'un bel article de Simon Leys, je ne sais plus ou... Ah ! ma memoire flanche... a fouiller dans mes archives...
On y entre (dans le roman) avec plus ou moins de curiosite, de fascination, de mise en alerte, parfois fulgurante des les premieres lignes, de suspens, de tromperie aussi parfois... car la ruse peut etre en jeu, de meme que les effets de style tape-a-l'oeil... Mais il y a de ces debuts inoubliables ("La Recherche", "Moby Dick", "Histoire de l'oeil", "Les Confessions", "Aurelien", "Mort a credit", "Le proces" ou "Le chateau" de Kafka, etc.)...

Enfin, a suivre... suis fatigue, la, ce soir... de cette journee au bout du compte pas trop vide, meme si elle s'est terminee par un mail un peu desolant ou l'on m'a dit que "seule mon action compte. Le reste est litterature."
Faudrait bien sur s'entendre sur le sens du terme "action", mais si c'est celui, dominant, de l'action pragmatique, efficace, utilitaire... NON merci ! Pour un ecrivain, la seule action qui compte, c'est d'ecrire, pour un peintre de peindre, pour un philosophe de penser et de creer des concepts... Il n'y a pas de pensee sans experience et la pensee elle-meme en est une.
Sauvons au moins une part d'incalculable, singulier, dans ce monde qui tend a tout soumettre en rapports calculables et utilitaires. Pour moi, personnellement, la litterature a fondamentalement trait a cet incalculable, a cet invisible (sans mystique, sans arriere-monde). Dans le fond, c'est un vieux debat qui perdure, tant les conformismes ont la vie dure, debat qui opposa par exemple au 19 eme siecle tant d'ecrivains (a commencer par Flaubert ou Baudelaire) a la bourgeoisie vautree dans son adoration obscene du veau d'or de l'utile.
Entre parentheses, comme je l'entendais recemment sur France-Culture, Bataille me parait plus que jamais d'actualite... il est meme en avant, au sens rimbaldien ("en avant..."), notamment quant a cette question opposant la depense a l'utile, l'heterogene a l'homogene, l'exces au conformisme...

Vale,
bon sejour et bon courage avec toutes ses ouailles !

10. Le mercredi 22 février 2006 à 09:11, par vinteix :

"Vies minuscules" : admirable, en effet ! Un des plus beaux livres de ses dernieres annees... mais suis a peu pres sur que Berlol connait deja...
et l'Olivet de Surya qui etait evoque ici-meme naguere... est loin d'etre d'un esprit "RECOMMANDABLE"... quel vilain mot ! J'en ai des sueurs froides dans le dos !

Je ne sais pas pourquoi... mais j'ai l'impression que Jacqueline me compte dans cette improbable (?) "cohorte de messieurs fatigués et libidineux"... surement parce que j'ai eu cette malheureuse expression de "troupeau de demoiselles", bien triviale il est vrai et un peu legere mais sans aucune mysoginie (ah bien sur, on pourra toujours ressortir la grosse artillerie psychanalytique des lapsus...)... Oh ! la ! la ! ca me rappelle de mauvais souvenirs (ceux de notre regrettee et acharnee Marie.Pool)... si on ne peut plus rire.. .tout en etant aussi serieux, un petit peu, quand meme... encore cette gaiete inquiete... mais cela Dame Jacqueline n'en parle point... La libido, sans etre libidineux, parle et compte... et qu'on puisse faire une minuscule allusion, sur le ton de la boutade (tant dans le fond, je m'en contrefous !!!!) a d'eventuelles aventures que pourraient vivre (sait-on jamais...) un groupe de japonaises en sejour a l'etranger n'a vraiment rien de choquant, a mes yeux en tout cas... ou alors, c'est l'esprit de couvent...
Quant a la fatigue, celle que je connais (pour l'instant, Dieu merci, suis encore en bonne sante) est celle d'une fin de journee "bien remplie" ou parfois bien arrosee (en general, que ce soit dans un sens ou dans l'autre, assez tard dans la nuit)... mais je ne me sens nullement "l'ame" ni l'esprit fatigue... bien au contraire, en eveil, aux aguets, et si l'on crie parfois... je pense que c'est salutaire...
Gare aux esprits frappeurs... et aux philophies marteaux...

11. Le mercredi 22 février 2006 à 10:06, par Jacqueline :

reste le troupeau

bien le bonsoir

ex membre

12. Le mercredi 22 février 2006 à 10:27, par alain :

Jacqueline, c'est quoi, ce prénom ?
Les Temps modernes, et puis quoi encore ?

Bon, ce soir, tout le monde aux putes !
Ca vous apprendra à écrire.
et à lire.

13. Le mercredi 22 février 2006 à 10:32, par Arte :

Je ne trouve aucune connerie à dire ...
Ah si ! enfin non : "Les poupées russes" est un film de merde :-)

(il fallait bien que ça sorte, hein !)
voila voila...

14. Le mercredi 22 février 2006 à 11:31, par alain :

Arte, entièrement d'accord, sans voir.
ai vu la taverne espagnole, chacun cherche son chat, toujours même sentiment mièvre, crasseux, c'est le Maupassant du cinéma.
pourquoi je dis ça ?
ah oui, toujours dans ses films, un représentant femme, un noir, une vieille, un pd, et puis le clone du narrateur, le type moins nase, qui se trompe, mais qui réussit à subjuguer, pour l'empathie.
ratisser large. Ce type doit aimer U2, des groupes européens.

est-ce que je sais.

15. Le mercredi 22 février 2006 à 11:52, par alain :

La France ne me réussit pas. je vais retourner au Japon.

A cette heure, tout le monde dîne.

16. Le mercredi 22 février 2006 à 14:11, par Arte :

Exact, ici nous avons la journaliste, lesbienne évidemment, le romancier (qui rêêêêvait de faire SON roman ...), le monde des médias, vue sur seine, la noire, le loft, le village mondial (ses allers, ses retours... on ajoute la Russie à l'Europe, soyons Gaulliste ...), le bateau mouche, les parents aigris... le portable Apple BLANC, etc etc...
Le meilleur est la mise en scène... La femme qui fait une déclaration d'amour comme jamais à un homme sur les marches de son wagon... c'est beau ! Surtout rappelé en voix off pour le cas où l'on n'ait pas compris... La danseuse qui ressemble aux trois autres, seuls son amoureux la distingue, c'est beau... surtout c'est fin, lorsque 3 personnes s'interrogent "mais où est-elle, mais où est-elle" , et ce cul, filmé dans la rue déserte de Saint Petersbourg, mon dieu ... quelle mise en scène ...
Que dis-je la mise en scène, le scénario !!! Quel scénario... Ce flash back ! quel flash back ! et ce train qui passe, qui repasse, qui rerepasse, qui rerererepasse... c'est beau... à la 12 eme fois !!!
Non vraiment, Alain, tu as manqué une très très belle merde !

17. Le mercredi 22 février 2006 à 19:53, par Impérial d'Arc :

Tous rue de Bourgogne !

18. Le mercredi 22 février 2006 à 20:04, par alain :

Encore tombé du lit à 3 heures 35.

Je me demande si je ne hais pas les gens qui comme moi retirent ce qu'ils viennent de dire. Ils m'évoquent ces animateurs télé qui lancent une bêtise méchante puis la retirent en disant non, c'est pour rire.

Cingria, c'est bien.

19. Le mercredi 22 février 2006 à 20:05, par vinteix :

Soeur Jacqueline,
"ex membre" de quoi ?
Decidement, je comprends mieux pourquoi Bataille s'est emmerde comme un rat mort dans cette ville...

"Freres humains qui apres nous vivez,
N'ayez les cuers contre nous endurcis,
Car, se pitie de nous povres avez,
Dieu en aura plus tost de vous mercis."

20. Le vendredi 24 février 2006 à 08:24, par Impérial d'Arc :

"ex membre" ?!
peut-être "ex fan des sixties petite baby doll" ?



Mercredi 22 février 2006. Prise de tête avec la notice.

Encore un jour bien chargé. Dont je ne peux éviter la trivialité. Tout juste la taire...

Connexion plus facile depuis un bureau de la fac d'Orléans où nous sommes accueillis.
Beaucoup de commentaires à virer, faux compliments, toujours en anglais, accompagnant une adresse peu recommandable. Je vais consulter les pages d'explications du plug-in de blocage, y apprends qu'il faut s'y faire (le fatal y tasse...) et ajouter régulièrement des expressions à bloquer (ce qui ne sert visiblement à rien...). Cette forme de spam est bien pire que celle du courrier. En effet, elle ne reste pas dans le privé harassant des messages à détruire, mais elle se répand automatiquement dans tous les ordinateurs qui récoltent le fil rss, même si chaque commentaire est effacé dès que posté, tuant à échéance l'intérêt d'une telle collecte des pages actualisées.
C'est bien parce que la malfaisance est humaine (et non technique), et qu'elle accompagne toujours chaque évolution technique, qu'il ne peut être question de progrès, que ce concept même de progrès ne peut plus faire l'objet d'un espoir, d'une philosophie ou d'une construction sociale — mais seulement d'une utopie, ou d'une u-ontologie (uontologie).

Agence de téléphone portable.
Pendant que les étudiants sont en cours, j'y passe deux heures entières, dirigeant de près les opérations d'attribution des appareils, contrôlant les gestes techniques et commerciaux (acquisition du numéro, activation de la puce et de la recharge d'appels, facturation) — observant aussi la diversité des situations de tous les clients qui passent pendant ce temps et qui requiert des employés polyvalence et sang-froid comme on n'imagine pas quand on ne fait que passer...
Enfin, encadré par mon collègue et un étudiant de japonais, Olivier, qui nous a déjà aidés les jours précédents, le groupe arrive vers 16h15 pour la distribution, qui s'effectue par la porte pour ne pas envahir l'agence. L'an dernier, David avait emporté lui-même toutes les boîtes, mais cette fois l'horaire ne s'y prêtait pas — et puis je ne me voyais pas avec mes 22 paquets dans le tram...
En tout cas, ce soir, en famille, c'est prise de tête avec la notice !

Mon collègue et moi sommes invités — par un froid de canard — pour dîner dans une des familles d'accueil. Y retrouvons les plaisirs d'une certaine hospitalité, joviale et gratuite, qui n'existe pas au Japon. Je n'ai pas peur de le dire puisqu'en 14 ans passés dans ce pays (en soi hospitalier, au demeurant), je pourrais compter sur les doigts d'une seule main — c'est du vécu — les invitations chez quelqu'un, et sur les doigts des deux mains les invitations qui n'étaient pas liées à une obligation professionnelle, que ce soit chez quelqu'un ou à l'extérieur. Je précise qu'il en va à peu près de même entre les Japonais. Il ne s'agit pas d'une volonté dirigée contre un étranger, ou les étrangers, en général, mais bien plutôt d'une structure profonde de la culture et de la société japonaises, une de ces différences culturelles dont on ne peut accuser personne. Il se peut aussi que cela ne touche que les populations que j'ai fréquentées, enseignants, chercheurs et étudiants, puisqu'au fond, je ne connais que cela, du Japon...

Et T., bien sûr. Qui travaille très bien, sans moi, ces jours-ci. Je lui téléphone à minuit, heure française, pour lui souhaiter une bonne journée de travail...

Ai vu presque entièrement le film Le Trio infernal de Francis Girod (1974) à la télé, avec Michel Piccoli et Romy Schneider. Tout à fait étonnant dans la mise en scène de la criminalité et du vice, qu'ils soient froidement assumés par le personnage masculin ou traumatiquement vécus par les deux soeurs. Les plans de vidange de la baignoire dans laquelle deux corps ont été dissous à l'acide sulfurique sont particulièrement difficiles à suivre. Pas sûr que le cinéma d'aujourd'hui s'autorise une telle franchise — et sans vouloir nous faire croire à une quelconque folie des personnages.

Commentaires

1. Le jeudi 23 février 2006 à 03:14, par vinteix :

Tu as des frequentations peu "recommandables"... non, je plaisante.
Mais ce que tu dis des invitations chez les gens au Japon est bien vrai... bon, c'est comme ca, c'est un trait culturel. Ce qui n'empeche pas les "nijikai", "sanjikai", etc. (bon, la, je ne sais pas trop comment traduire... "1ere reunion" ?, "1ere festivite" ?...), une autre forme de convivialite.

Sinon, juste un mot, tant ce message recu hier m'a desole, surtout venant de la part de quelqu'un qui apparemment semble penser un peu, d'une maniere "reccommandable" (?) :
"(...) le reste est de la litterature"...
En un mot, donc, sans faire de longues phrases, on pourrait simplement dire que considerer la litterature comme nulle revient a renier le langage, et donc a se renier, renier le tresor de la parole ("l'honneur des hommes", comme disait l'autre) et la quete possible d'un sens.

"Plein de merites, mais en poete,
L'homme habite sur cette terre."
Holderlin

Certes, l'on pourra toujours dire, comme le meme Holderlin : "et des poetes a quoi bon, dans ce temps d'indigence ?" encore faudrait-il bien comprendre ce qu'il dit la et mesurer a quel point justement la poesie (ou la litterature en general) peut sauver ou tenter de sauver (de la disparition, de l'absence, passee, presente ou a venir) quelque chose d'essentiel. Pierre Michon, auteur des "Vies minuscules", l'a justement tres bien dit dans son beau livre "Corps du roi" : comment a certains moments les poemes peuvent etre des prieres, ultime antidote au desastre, des prieres sans dieu ni arriere- monde.

2. Le jeudi 23 février 2006 à 04:50, par Berlol :

Salut, Vinteix, et merci de ton assiduité ces derniers jours. Pour ce qui est de la littérature, je crois que tu surinterprètes un peu, non ?... Dans l'expression "(et tout) le reste est littérature", il s'agit d'un sens "par extension" comme dit le dictionnaire, avec un sens certes un peu négatif du mot mais qui n'empêche peut-être pas la même personne de revendiquer son amour pour la "grande" littérature, où il y a d'ailleurs un autre piège sémantique. On parle aussi de "littérature grise" pour tout ce qui concerne les documents techniques, par exemple, avec le sens simple de "chose écrite et consultable". Donc, keep cool !

3. Le jeudi 23 février 2006 à 05:15, par vinteix :

En la matiere, je ne peux rester "keep cool"... oui, je sais, peut-etre (exception francaise ??), je sacralise un peu trop la litterature.. a vrai dire non, pas la litterature elle-meme (oeuvre ou ecrivain), mais l'acte d'ecrire, qui a un cote sacre, oui. Car on est alors face au grand dehors, au "grand objet exterieur", au bord d'une falaise, c'est un etat d'etre, va-et-vient entre le prochain et le lointain ou l'on interroge le sens de notre presence au monde.

Bien sur, j'ai pense aussi a Verlaine (son "Art poetique"), mais la on est en plein dans la poesie !
Pour ce qui est de l'amour de la litterature de certaines gens, soit... mais tant qu'il y a ces perennes divorces et antinomies entre la litterature, d'un cote, et la vie ("seule ton action compte", me disait-on) de l'autre, rien ne va !

Bon, pardon... je suis un peu bavard en ce moment, voire vindicatif ... solitude passagere de quelques jours avant le depart (l'etre aime etant parti avant moi...) Mais un grand OUI et un grand NON ne cessent de m'agiter.

4. Le jeudi 23 février 2006 à 06:03, par Manu :

Je ne sais pas s'il y a une extension de ce type pour DotClear, mais il y a moyen d'empêcher le spam en obligeant les commentateurs à copier un code qui s'affiche sous forme d'image déformée (donc difficile à interpréter par un traitement informatique automatisé) pour valider et publier une remarque.

5. Le jeudi 23 février 2006 à 06:07, par vinteix :

ceci dit, je mets un peu d'eau dans mon vin, sans rien "retirer" (coucou, Alain)... repetant les propos d'un ecrivain que j'aime, Hubert Haddad (comme ecrivain et comme personne, mais c'est tout un) et que j'ecoute a l'instant sur France Culture : "il faut toujours tout penser en termes d'alterite... sinon, si on revient a soi, on est dans la vanite".

6. Le jeudi 23 février 2006 à 06:16, par Berlol :

Ou dans la vanne...

A'y est ! J'ai ajouté quelques liens sur les deux derniers jours. Preuve que je commence à être opérationnel... Allez, je vais en ville !

7. Le jeudi 23 février 2006 à 07:41, par vinteix :

A la superette ?
Attention a super-superette !

8. Le jeudi 23 février 2006 à 17:50, par emmanuel :

pas sûr que la non altérité oblige à revenir à soi... on n'est pas forcé d'être toujours dans la dialectique, et penser sans les autres, voire contre les autres (mais c'est aussi, penser avec eux, je sais), peut amener de belles choses. Le tout étant d'avoir une éthique assez forte pour mener à bien ses projets. Je ne suis pas persuadé que Joyce était dans l'altérité, que Malcolm Lowry non plus, etc.
Même Beckett, pourtant un modèle de bonté (lire sa bio.), n'était pas dans cette altérité au moment de l'écriture.... ou alors un autre à la Lévinas... mais je ne crois pas que ce soit de cela que parle Haddad.

9. Le jeudi 23 février 2006 à 21:53, par Dabichan :

Vos hôtes d'un soir accueillent laquelle de nos étudiantes ?
Rien de nouveau à signaler, sauf le début des travaux de désamiantage de certaines parties de la bibliothèque, dont l'escalier juste devant mes fenêtres. En espérant que le calfeutrage mis en place soit efficace...

10. Le jeudi 23 février 2006 à 22:56, par Arnaud Boudou :

Bonjour,

Je suis l'auteur du plugin pour Dotclear mentionné dans ce billet (Blocage par référent). Je tiens juste à préciser que ce plugin ne concerne en rien le spam de commentaires et trackback, mais uniquement le spam de statistiques.

Pour le spam de commentaires et trackback, il vaut mieux utiliser le plugin Spamplemousse qui est concu à cet usage ( www.zeubeubeu.net/blog/pl... ). Il est fourni avec une liste de mots interdits, mais il sera quand même nécessaire de paufiner cette dernière.

11. Le vendredi 24 février 2006 à 01:16, par Berlol :

Merci bien, Arnaud, pour ces précisions, je vais installer cela tout de suite. Je me disais aussi...

12. Le samedi 25 février 2006 à 10:41, par JoseAngel :

Je ne sais pas pour ce qui touche les Français, mais les Espagnols sont en train de devenir de plus en plus Japonais, question invitations... la route est longue, bien sûr, mais on a fait beaucoup de progrès ces dernières années. Personne n'invite plus quelqu'un chez soi. Et aparemment cela ne choque personne, je n'ai jamais entendu un commentaire sur ce sujet.

13. Le lundi 27 février 2006 à 02:57, par Berlol :

Voilà qui est bien dommage ! Moi qui garde de merveilleux souvenirs de l'hospitalité espagnole, cordiale et joviale, etc., et qui ne rêve que d'y retourner... Comment ça se fait ?



Jeudi 23 février 2006. Jouer à chat avec les chats perchés.

Déjà des habitudes se prennent. Celle du froid. Celle du petit déjeuner, au second étage de la résidence où nous habitons, celle du bus ou du tram selon la destination, celle de nous installer à la bibliothèque des sciences pour travailler, celle de retrouver nos étudiants pour déjeuner.
Sans compter celle d'avoir à virer les commentaires — j'aurais plus vite fait de virer automatiquement tout ce qui est en anglais...

Et puis des choses uniques, comme aller à la poste avec mon collègue pour qu'il demande un chéquier à livrer à Orléans, passer à la librairie Les Temps modernes pour commander trois livres qui n'y sont pas : les livres déjà mentionnés de Sereine Berlottier, Philippe Vasset et Dany Laferrière. Et commencer à photographier les chats...

Pendant que je m'occupe du JLR et du courrier, enregistrement de trois émissions Du jour au lendemain, avec Antoine Volodine (du 15), François Bégaudeau (du 16) et Philippe Forest (le 17) — excellent triplé, pour mon redémarrage radiophonique.

Dans une boutique des arcades, je trouve des torchons à vaisselle, mais à près de 7 euros chaque. On verra ailleurs, un autre jour. Faudrait que j'aie le temps d'aller à Carrefour...

Le soir, dîner chez Claude Mouchard, professeur de thèse de mon collègue. Sentiment d'un moment exceptionnel et merveilleux dans ces conversations, et dans un lieu magnifique.
Propos tantôt littéraires, sur Flaubert notamment puisqu'il prépare actuellement un séminaire sur Bouvard et Pécuchet, mais aussi sur le fait que Claude Mouchard était au colloque évoqué à la première page du JLR, le 19 novembre 2003, quand j'étais allé écouter Olivia Rosenthal, Tiphaine Samoyault et Laurent Jenny à Hongo (et donc aussi sur ces personnes que nous connaissons diversement).
Propos tantôt orléaniens, les contrôles musclés dans le tram, comme une volonté politique de spectaculariser la sécurité, mais aussi... la librairie évoquée plus haut puisqu'elle appartient... à la soeur de notre hôtesse, par ailleurs fille de Jean Zay — et qui nous dit connaître l'auteur des chats perchés...
Alors là ! Suis abasourdi devant telle quantité de points communs et convergences avec ce qui me meut ! Rentrant à pied par grand froid, j'articule tout de même audiblement de vifs remerciements à mon collègue pour m'avoir mené où je devais aller sans l'avoir su.

Commentaires

1. Le vendredi 24 février 2006 à 04:38, par Dom :

Et la bibliothèque des sciences, equerre d'argent cette année ? C'est comment ? Cheap mais classe ?

2. Le vendredi 24 février 2006 à 05:03, par Berlol :

Très chouette ! Je vais faire d'autres photos pour te montrer. Evidemment, tu auras un autre regard que moi. En même temps, cela m'est familier car alternent amplement le gris et le brun, comme dans mon université de Nagoya !
Au fait, pendant que j'y suis, ne vous inquiétez pas si je ne mets pas à jour avant lundi... Bon week-end !

3. Le vendredi 24 février 2006 à 08:16, par vinteix :

7 euros un torchon a vaisselle ?!?!?!?!?! c'est quoi ces conneries !
Le Japon est un pays cher, mais heureusement il y a les "100 yens shop", "deshou" !

Sinon, bien evidemment, je constate que malgre la grisaille, il y a des gens interessants a Orleans... comme partout d'ailleurs. (Moi-meme, c'est d'ailleurs a Orleans que j'ai sympathise pour la premiere fois avec des Japonais, lors d'un colloque Bataille en 1993... des gens tres sympathiques et assez atypiques (par rapport a une certaine "normalite" japonaise.))

4. Le vendredi 24 février 2006 à 13:36, par cécile :

Chez moi à Barbès, c'est 1,50 euros les 3 torchons, et en coton et jolis et tout, même pas sûr qu'ils soient fabriqués en Chine ou en Inde, peut-être simplement dans un atelier clandestin à côté, ou d'une entreprise en faillite, Tati ils sont malins, alors qu'est-ce que tu dis de ça ? je t'en prends un lot ?

5. Le vendredi 24 février 2006 à 23:10, par caroline :

Bravo pour les chats. Y en a-t-il des nouveaux depuis le film de Chris Marker ? Je suis provinciale et ne connais "les chats" que par ce film.

6. Le lundi 27 février 2006 à 03:01, par Berlol :

Merci, Cécile. Tu verras, j'ai trouvé samedi, finalement. Je te téléphone tout à l'heure...
Oui, Caroline, j'avance doucement dans mon enquête... Certains disent que le mouvement des chats perchés serait originaire d'Orléans. Mais je n'en ai pas encore la preuve. D'autres disent que certains ont déjà été effacés, immeubles repeints notamment. A suivre...



Vendredi 24 février 2006. Nous vieillirons tous ensemble.

À la banque pour déposer les paiements des téléphones portables (que j'avais avancé pour simplifier). Il y a un peu de soleil, timide, le premier depuis que nous sommes arrivés. Et un chat ange perché en face de la gare, sur la droite.
Invitation à lever la tête et à se demander quel pourrait être le message (quand tant de messages sont effacés par leur évidente clarté), ces chats perchés — Chris Marker l'expliquait bien dans son film — sont des indices de liberté, de largeur d'esprit et de curiosité. Peut-on ne pas y voir un message politique ?...

« Il voulait parler littérature, elle voulait parler politique.» Phrase d'une grande justesse et qui me rappelle qu'autrefois j'achetais L'Autre Journal et j'y lisais en direct ces entretiens entre Marguerite Duras et François Mitterrand... Quand je n'étudiais pas Claude Simon, aujourd'hui en pléiade. Nous vieillirons tous ensemble. Nous irons rechercher les paquets de journaux dans des cartons.

« Mitterrand fait la moue, Duras revient à la charge une fois, deux fois et, finalement, le sujet occupe la totalité du dernier entretien. « Moi, j'aime l'Amérique, je suis reaganienne.» Mitterrand : « Je crois m'en être aperçu ». Duras : « (Reagan) incarne une sorte de pouvoir primaire, presque archaïque.» C'est après cette ultime discussion que Mitterrand, excédé, décida d'arrêter les frais, tandis que Michel Butel, fondateur de l'Autre Journal et maître d'oeuvre des entretiens, s'en prit dans les colonnes de son hebdomadaire au proaméricanisme compulsif de l'intervieweuse de luxe. Pour ou contre l'Amérique, pour ou contre les bombardements : vingt ans plus tard, ce point de cassure résonne avec une familiarité presque effrayante.»

Installé à la bibliothèque des sciences (où je compterai dans l'après-midi une quarantaine d'ordinateurs portables connectés, alors que c'est la semaine des vacances — Qu'est-ce que ça va être, la semaine prochaine !), j'arrive enfin à reprendre la lecture de mes fils rss de blogs et de médias sur Bloglines. Surtout, j'ai l'esprit dégagé parce j'ai pu, grâce au commentaire d'Arnaud Boudou hier, installer Spamplemousse et voir rapidement que cela bloquait en effet les commentaires indésirables chez moi (ajout de lundi matin : il y a 27 commentaires bloqués selon critères de filtrage, donc efficacité max.).
On finira patchés et plug-inés partout, ma parole !
Quelques courriers, aussi, et enregistrement de la semaine des Chemins de la connaissance sur la technique (hier avec Bernard Stiegler).

En rentrant, je me suis trouvé dans le tram près d'étudiantes qui m'ont demandé de les accompagner visiter la maison de Jeanne d'Arc, place du Général De Gaulle. Elles ont une carte d'invitation pour visiter les monuments et c'est gratuit pour l'accompagnateur...
Il y a une animation à suivre, qui est en fait un jeu d'éclairage d'une maquette en écoutant une narration des jours de Jeanne à Orléans, où elle fit la preuve de qui elle était en cassant le siège des Anglais.

En venant ce matin, j'ai acheté trois magazines : Netizen, le Matricule des anges et La Presse littéraire. Ça me fera le week-end. En attendant, dînette de gars bien fatigué, avec un épisode de PJ, désolé... — en attendant le rare Quignard sur Arte !


Samedi 25 février 2006. Bout d'ouest huppé et piétonnier.

Matinal marché des bords de Loire. M'avait été recommandé pour ses chalands de toutes tailles, ses prix raisonnables, ses fromages fermiers. Je savais où était la Loire, mais pas le marché. Et ça ne se voyait pas de loin. Paraît d'ailleurs que c'est un sujet de dispute, cet emplacement du marché des bords de Loire...
Ayant descendu le boulevard Saint-Euverte jusqu'au square Charles Péguy, capuche serrée sous le nez par deux degrés, pas rassuré, j'ai suivi quelqu'un qui portait un cabas vide jusqu'à ce qu'un deuxième cabas vide lui emboîte le pas. En file indienne tous les trois, rue de l'Abreuvoir pour découvrir le quai du Roi — et le marché, en effet, sur une centaine de mètres de long. Merci, les gars.
De la mâche, des radis roses, du persil, du steack haché et du cervelas de cheval, du foie gras et des rillettes de canard, du fromage blanc et du pain — et quelques photos, voilà ma récolte.

Promenade post-prandiale. La rue de Bourgogne telle qu'elle évolue, de son bout d'est un peu déglingué qu'animent des pubs anglais à son bout d'ouest, huppé et piétonnier. Repérages de quelques restaurants, une crêperie, un brocanteur, des palissades couvertes d'affiches. Dont une qui attire mon regard. Je la connais. Ou plutôt, je connais le dessin qui a été utilisé, détourné, sur lequel on a imprimé en rouge sur fond noir les infos d'un concert, et qui représente Hitler et Eva se suicidant. J'ai un livre de cet artiste nippon dont toutes les œuvres sont aussi impressionnantes, colorées et morbides, mais son nom m'échappe, là, ce soir... (Ajout de lundi : Maruo Suehiro, attention, ça décoiffe !) Peut-être son seul dessin qui ne soit pas du domaine culturel et graphique japonais.

Au marché couvert des Halles Châtelet, rencontre de deux étudiantes qui me demandent où trouver des toilettes. Eh, oui... ça, c'est une des vraies surprises pour les Japonais(es) en France : il n'y a pas de toilettes accessibles dans les magasins. Je leur recommande d'aller au café, de commander quelque chose, un café, par exemple, pour avoir le droit d'utiliser les toilettes, qui ne seront peut-être pas très propres, ça dépendra des fois. Je suis étonné que cela ne leur ait pas été dit dans les séances de préparations du voyage.
On se fait des photos. Puis je vais chez Bouchara, où je trouve des torchons à vaisselle à... 3 euros les 3 ! Ai bien fait de ne pas craquer hier...

Place du Martroi. Je vais prendre un café... pour aller aux toilettes. Si, si, moi aussi. Pendant ce temps, la manif se forme, contre le CPE et les délocalisations du Loiret, une centaine de personnes tout au plus. Je les suis jusqu'à la FNAC, où je cherche le film de Chris Marker (Chats perchés), qui n'y est pas. En revanche, je ne peux pas laisser passer l'Abécédaire de Gilles Deleuze (3 dévédés), le Journal de l'année 2005 de Reporters sans frontières (une mine pour le cours de conversation de 3e année), Inside Deep Throat, le documentaire explosif sur l'odyssée du film "Gorge profonde", qui ne servira sans doute pas à des cours..., et, Oh, surprise !, Coup de torchon (Tavernier, 1981) à moins de dix euros alors qu'il était à plus de vingt depuis au moins deux ans (que je le surveille via Amazon). Auquel s'ajoutera Intolerance, le film de Griffith (1916), offert avec le Monde du week-end.
Cinéma : Syriana. Grand spectacle spectaculairement despectacularisé. Tout est feutré, conversations, malversations, corruption, demi-aveux. C'est bien joué mais mal mis en scène. Malgré l'horreur politique, on peut très souvent s'endormir. Le film articule les relations difficiles entre divers personnels américains alliées contre le reste du monde et pour la possession sans partage des ressources pétrolières. Ces trois populations sont : des fonctionnaires et des politiques qui tirent des ficelles sans quitter le territoire américain, des cadres des compagnies pétrolières privées qui font sans vergogne tout ce qui peut maximiser et pérenniser leurs gains, des agents d'état infiltrés sur place et qui sont manipulés tant qu'ils n'arrivent pas à doubler les autres (Clooney moyennement réussi en hybride de naïf et de barbouze). Le reste des humanidés n'existe à peu près pas...
Dînette et télé au studio. Soirée de remise des Césars, ma première depuis quinze ans. Des vannes pas très bonnes, Valérie Lemercier mal inspirée. De battre mon coeur s'est arrêté, que j'avais admiré en mars dernier, ramasse huit Césars, mais Romain Duris se fait doubler par Michel Bouquet pour son rôle de Mitterrand. Je trouve cela injuste, la composition de Duris étant beaucoup plus approfondie, graduée et risquée que celle de Bouquet, monochrome par insuffisance du film de Guédiguian.

Commentaires

1. Le lundi 27 février 2006 à 19:13, par Manu :

Sont malins en France, et puis comme tu consommes, et ben t'auras de nouveau envie d'aller aux toilettes un peu plus tard histoire de faire faire du chiffre à un collègue. Bel exemple de solidarité. Ça pourrait aussi être ça le commerce équitable... ;)
Bon et comme ça tu peux aller au cinéma ? Tu n'es pas censé être joignable 24h sur 24 ? ;)
Bon allez, j'suis d'une drôle d'humeur aujourd'hui, j'arrête mon délire...



Dimanche 26 février 2006. Relâche orléane.
 
Relâche orléane. Déjà une semaine.
Ne rien faire, et n'être pas connecté. Luxe d'invisible.
Partir une heure dans un livre ou dans une rue.

Sortie par fort vent froid. Bords de Loire, quai du Châtelet, aucun intérêt. Mais les ruelles derrière, si. Nombreuses vieilles maisons, églises aussi, plus ou moins bien restaurées. Rue Saint-Flou, rue des Africains, rue des Sept-Dormants.
Puis jusqu'à la place du Martroi, totalement déserte à 14h30 ! À côté des Halles, qui ne sont pas les mêmes que les Halles Châtelet, un bloc entier a été transformé en complexe de salles Pathé. Un pâté de maisons disparues, surmonté d'un parc paysager. Comme ça fait plus d'une heure que je marche et que le froid commence à gagner les couches profondes de l'organisme, je m'invite au cinéma et me paie une place pour Fauteuils d'orchestre.
Au moment de me faire déchirer le ticket, le gorille me dit que je ne peux pas entrer avec mon appareil-photo — que j'ai gardé autour du cou. Que je peux le laisser au guichet, qu'il y a un coffre. Mais je réponds que je ne me sépare pas de mon appareil, que je n'ai pas l'intention de prendre de photo. Devant son inflexibilité (le réglement, c'est le réglement), je retourne au guichet pour me faire rembourser. Le caissier doit appeler son chef pour accord, il me répète qu'il y a un coffre. Je lui dis que je n'ai pas plus confiance en eux qu'eux en moi, et que par ailleurs n'importe qui peut avoir un appareil-photo dans son sac. Que le fait que le mien soit visible devrait au contraire... On appelle. Le chef est d'accord et je reçois mes neuf euros. Je repars. D'ailleurs, il est trop cher, ce cinéma.
Tout ça, très poli, très rapide, moins de deux minutes en tout. Le ton n'est monté à aucun moment.
L'abhorrable, c'est l'implicite antinomique du client contrevenant, base d'un régime de terreur douce et acceptée. En effet, chaque client — loué soit son argent ! — est en même temps suspecté de vouloir enfreindre le réglement — un réglement d'ailleurs variable à chaque endroit et que le client est toujours censé connaître. Cela autorise n'importe quel employé à exercer un pouvoir non pas discrétionnaire, qui serait de l'ordre de l'incident, mais un pouvoir réglementaire.
L'aveuglement devant l'incohérence du réglement garantit le système en faisant la démonstration qu'il ne faut pas (le) penser, personne — ça rappelle des choses, hein...

Revenu chez moi, j'utilise l'ordinateur pour enfin me donner le Coup de torchon. Grand film ! Peinture de mœurs coloniales avant guerre, bien plus intéressant que Pépé le moko, par exemple.
Dîner au Brin de zinc avec mon collègue, rue Charles Sanglier.
De retour encore, c'est sur Arte l'heure de la Cité de Dieu (2001), puis du Casanova de Fellini (1976) sur la 3. Un festival ! Pas le temps de m'ennuyer, à Orléans. Et sans payer. Et personne ne m'interdit de photographier la télévision ou l'écran de mon ordinateur — et si ce n'est pas interdit, pourquoi le ferai-je ?


Lundi 27 février 2006. Hôtel Groslot. Et le toucher.

Chaque jour bien baisés
embauches ou embûches —
moi, je parie sur la durée
chaque mot bien pesé
dans dix ans, un minerai, un gisement

Rebrancher la turbine, direction la fac, bus 20. Bibliothèque des sciences, vingt-cinq courriels en attente, trois jours de journal à poster après recherche de liens pertinents. Je m'en tire avant midi. Aucune faim. Mon collègue peut aller au resto U. Comme ça, on laisse les ordinateurs en place. Vers une heure, je vais à la fac des Lettres et Langues, voir l'exposition sur les camps de déportation du Loiret. Les panneaux sont poussés dans un coin, n'importe comment, sans espace de circulation entre eux, d'ailleurs en quelque sorte invisibles pour les étudiants pleins de vie et d'assurance qui vont, viennent, discutent.
Rencontres dans le hall. Une de nos étudiantes de 3e année, revenue étudier en solo, déjà excellente. Super, Emi ! Deux étudiants de japonais dont Olivier qui nous assiste depuis une semaine pour faire découvrir Orléans à notre groupe — et pratiquer le japonais. Je monte voir où est le bureau du professeur Bergounioux, il n'y est pas. Je téléphonerai. Retour à la bibliothèque après un sandwich et avoir fait le point au bureau du SRI (Service des Relations Internationales) — jusqu'ici, tout va bien.

16h, groupe en formation pour se rendre en tram à la réception officielle de la mairie, Hôtel Groslot. Et le toucher. Nous y pavaner. Mémorable séance de photos, plus d'appareils que de japonaises, la plupart inconscientes de la valeur historique d'où elles sont. Savent se tenir pendant les discours, quand même. Moi itou. Ces ors, ces écus, ces cuirs de Cordoue. Un roi y est mort, blessure en tournoi, l'oreille infectée, la faute à sa mère — alors qu'elle avait Ambroise Paré sous la main...
Il assure, le collègue, pour traduire au pied levé l'adjointe au maire. Puis le directeur du SRI. Enfin, c'est l'heure des boissons. Je m'enquiers des meilleurs restaurants. Les Toqués, me dit-on, et moins guindé que les Antiquaires.
Missionné par T., je parle Mazarinades, car il y en a des célèbres, d'Orléans. Mais c'est un peu comme si je parlais chinois. Quand je prononce le mot, je vois qu'il n'a aucun référent. L'histoire de la subversion n'est pas à l'ordre du jour. S'adresser ailleurs.

Plus tard. Grosse émotion — et timidité — d'entendre la voix d'Alain Sevestre au téléphone. Pas longtemps mais tout de même. Quelqu'un dont je connais le ton, la finesse. Mais pas la voix. Peu après, j'appelle Cécile, comme promis. Encore une voix inconnue (et douce, et posée) bien qu'on se soit déjà vu deux ou trois fois.


Mardi 28 février 2006. Lectures littéréticulaires, et leurs produits dérivés.

Un jour comme on n'en a que tous les quatre ans, fallait que je bouge.
J'étais venu l'an dernier voir spécialement à quoi ressemblait la gare d'Orléans, histoire de m'y repérer cette année. Mais la gare est complètement détruite ! On entre par les gravats et les guichets sont sur le côté d'un quai...
Train Orléans-Paris pendant que Ravel... — syntopie. Flocons de neige suivis de soleil, ça giboule à donf, aujourd'hui.

« Quant au paquebot France, deuxième de ce nom, à bord duquel Ravel va s'en aller vers l'Amérique, il a encore neuf ans d'activité devant lui avant d'être vendu aux Japonais pour démolition.» (Jean Echenoz, Ravel, Paris : Editions de Minuit, 2006, p. 33 — tellement up to date, Jean ! les jeux sur les biographies incluent même l'actu du Clémenceau !)

Dans mes pas d'août avec T., je retourne d'abord au centre Italie 2, chez Aigle, pour acheter une laine polaire qui s'adapte à l'intérieur de la veste que j'ai depuis trois ans (au Japon, Aigle utilise d'autres fermetures-éclair, ça ne s'adapte pas). Je me souviens que Pierre Michon avait la même, dans un autre coloris : il était en photo avec dans un dossier du Magazine littéraire ou de Lire, je ne sais plus, c'était quelques mois avant qu'il vienne au Japon.

Rendez-vous avec Cécile au pied du pot de fleur beaubourgeon (est-il prévu que quelque chose y pousse, un jour ?). Comme je suis en avance, je pars à la chasse photographique. Je tourne autour à la recherche d'angles photographiques — trouve des reflets avec la librairie fermée (le mardi). On se reconnaît sans difficulté (on s'est vu la dernière fois à Cerisy).
On avait le choix des crêpes, vue la date, mais on va chez Joe Allen, ça faisait une éternité... La salade aux artichauts est un peu trop sucrée. En revanche, le rosbif froid aux endives braisées est impeccable.

Je ne connaissais pas encore le sourire et les traits mobiles de Cécile. On discute sans ordre parce qu'il y a trop à dire. Tous ces points communs, toutes ces connivences par les lectures littéréticulaires, et leurs produits dérivés. J'en apprends de belles.
Puis on marche, entre les giboulées et les convois de CRS — et malgré un doigt de pied qui saigne à cause de l'ongle que j'ai coupé trop court avant-hier, imbécile que je suis. Châtelet, Notre-Dame, derrière la cathédrale, l'Île Saint-Louis, rue Monge, Arènes de Lutèce. Elle n'est pas frileuse, Cécile.

Fuck the CPE.

Censier est tenu par ses étudiants. Michel m'avait dit qu'ils nous laisseraient passer. Pour un séminaire, tel était notre sésame — et la vérité. On est bloqué, une AG qui aurait voté d'interdire aussi ce qui était autorisé ce matin. Cécile s'amuse bien, elle n'avait rien prévu de tel. Moi non plus, d'ailleurs. On a plus de chance par l'entrée centrale, une militante plus fragile, à qui j'en impose.
Et hop, nous voilà au 5e étage, installés par Michel dans la salle du séminaire d'Hubert de Phalèse une heure avant l'heure. L'occasion de poster le journal d'hier, et ses photos, que j'avais mis sur ma clé USB en prévision.
18 heures. Huit personnes ont pu passer les contrôles estudiantins, dont Constance, Isabelle, Henri, etc., et le conférencier du jour, Alexandre Gefen, qui nous présente l'état et l'avenir du web 2.0 — audio en ligne quand j'arriverai à le télécharger sur mon serveur (je préviendrai).

Joviales pizzas ensemble et pas virtuelles, et puis c'est mon heure de retour. Austerlitz trois minutes trop tard, je dois attendre une heure le train de 22h53, d'où je trouve un M. Chat très mal éclairé... Et je débarque à Orléans une minute avant minuit, juste avant la citrouille pour appeler T. et lui faire mon rapport. Comme ça, elle ne s'inquiète pas.

Pour la route, pour la nuit, pour Alain...
« D'un geste familier comme s'il avait toujours été près d'elle, Ravel éteint la lampe de chevet puis, lui qui cherche toujours le sommeil jusqu'à l'aube pour finir par n'en décrocher qu'un d'occasion, de seconde main, de qualité médiocre voire n'en trouver aucun, il est à peine dix heures qu'il s'endort comme une pierre dans un puits.» (Jean Echenoz, Ravel, p. 33)

Commentaires

1. Le mercredi 1 mars 2006 à 12:44, par suc de k'me :

je bute
tu rhums
il clopasse
elle se cuitasses
nous tipunchames
vous citronates
ils errassent

2. Le mercredi 1 mars 2006 à 12:48, par V :

l'ingéniosité humaine en matière de tortur est vraiment remarquable.

woolf alors...............

3. Le jeudi 2 mars 2006 à 04:36, par Berlol :

Quelles sont donc ces nouvelles conjugaisons ?!


©Berlol, 2006.