Jeudi 1er décembre
2005. Les habitudes de son train. Quelque désagréable que soit Alain Finkielkraut dans ses modes de discours (perception qui n'engage peut-être que moi), il convient cependant de l'écouter, de laisser sa pensée se développer, y compris lorsqu'elle recule pour prendre une question de plus loin, au risque de ne jamais y répondre, d'en attraper une autre au vol, d'être entravé par l'ire d'un impatient — et de bien réfléchir. Dans les Matins de France Culture du 28 novembre, Sylvain Bourmeau n'est pas très performant. Il s'entend mieux à accuser qu'à débattre, et préfère le terrain, comme il dit, à la philosophie, ou la littérature — qu'il voit, lui, Bourmeau, surtout comme un divertissement, la littérature... Il eût été mieux de trouver un adversaire à la hauteur. D'autant que les idées que Finkielkraut avance sont souvent séduisantes. Sa rhétorique les pare d'un vernis de vérité que l'enthousiasme de son élocution porte jusqu'en votre for intérieur où elles risquent de s'installer durablement si vous n'avez pas déjà soit un bon système de défense (de type idéologique, qui repousse sans réfléchir), soit un matériel d'analyse susceptible de mettre rapidement à l'épreuve ces chevaux de Troie mentaux pour montrer qu'ils sont eux-mêmes les produits d'une idéologie simplette et... réactionnaire. Oui, on y revient. Car même une pensée articulée et englobante, virevoltante, pourrait-on dire, rapide à aligner des arguments, à enchaîner des causes et des conséquences, à nommer des références et des cautions, peut être en fait le produit d'une idéologie simplette. Parfois même sans que son locuteur ne puisse s'en rendre compte, tout emporté qu'il est par son tempérament et la lourdeur des habitudes de son train (formation intellectuelle, fréquentation d'élites flatteuses, sédimentation des certitudes historiques, etc.) — alors qu'il serait peut-être le premier à se condamner s'il était un autre... Jacques Rancière, par exemple, aurait été un bon interlocuteur. À l'écouter le lendemain dans Tout arrive, j'avais même l'impression qu'il était en train de répondre aux Matins de la veille... alors même qu'il dialoguait avec Bruce Bégout et Jean-Philippe Domecq. Au sujet du procès d'Outreau à Paris, je ne suis pas mécontent de ce que j'écrivais en mai 2004... Mais comment va-t-on rendre le temps perdu, la dignité bafouée, les situations professionnelles et affectives brisées ? Aujourd'hui, c'est ZEP ou pas ZEP. Première fois, à ma connaissance, qu'un gouvernement devient un forum permanent d'oppositions diamétrales (en apparence), occultant tous les autres partis politiques. D'une escarmouche occasionnelle entre deux ministres, autrefois, on est passé ces dernières semaines à une occupation permanente de tous les médias par deux pantins qui soufflent le chaud et le froid, pour distraire un hexagone qui tourne hexaèdre. Et ça marche tellement bien, la narcose du PAF par l'info, que l'on s'apprête à lancer une chaîne internationale d'abrutissement ! (C'est TV5 qui va morfler !) Aussi, après la fatigue de trois cours, ayant momentanément renoncé à toute lecture sérieuse, j'ai regardé L'aventure c'est l'aventure (Claude Lelouch, 1972). Une histoire assez peu intéressante, prétexte à numéros d'acteurs dans des jeux quelque peu figés (Lino Ventura, Aldo Maccione), sinon des têtes qu'il est plaisant de revoir (Charles Denner, Jacques Brel). Du coup, je vais m'arrêter là pour aller relever le niveau au lit, entamer le dernier Meschonnic, arrivé hier : Et il a appelé. Traduction du Lévitique (Desclée de Brouwer, 2005). Le pur et l'impur, toujours d'actualité, ça. Commentaires1. Le jeudi 1 décembre 2005 à 09:38, par cel : ah oui, les Matins, je les écoute toujours dans un
demi sommeil, et j'ai un peu suivi celui du 28. Même si je trouve
que ça ne dénote pas des habitudes de l'émission (de
toute manière bien trop entrecoupée et rapide pour qu'une
vraie discussion puisse s'élaborer, avec Démorand toujours
aussi excité à tenir les rennes) d'accord avec toi sur l'adversaire
pas à la hauteur, qui est allé jusqu'à ressortir de
vieilles choses sans rapport des placards pour démonter Finkielkraut
(lui reprochant par exemple d'avoir soutenu Renaud Camus lorsqu'on l'accusait
d'antisémitisme), comme s'il ne pouvait s'y prendre autrement pour
débattre. Ca tombe bien que tu mettes ça en liens je voulais
justeemnt réécouter en état d'éveil... 2. Le jeudi 1 décembre 2005 à 10:10, par k : "Demain, nous parlerons du décès de Robert
Musil." 3. Le jeudi 1 décembre 2005 à 10:18, par k : rentrée de la d'jim, barre sculp, pour fini ptit whyskie
avec ma mère, une soupe haricots verts, bettrave dites " soupe au
sang de dragon" 4. Le jeudi 1 décembre 2005 à 10:23, par Bartlebooth : Juste avant de partir au resto : 5. Le jeudi 1 décembre 2005 à 10:26, par Bartlebooth : 6. Le jeudi 1 décembre 2005 à 11:08, par Arte : Aujourd'hui, nous allons parler du décès de
Robert Musil. 7. Le jeudi 1 décembre 2005 à 11:42, par k : vous vous re petez arté 8. Le jeudi 1 décembre 2005 à 19:51, par Bikun : Cel, le lien sur Bourdieu ne fonctionne pas... 9. Le jeudi 1 décembre 2005 à 21:01, par Berlol : Ça y est, j'ai fait la modif, le lien fonctionne... 10. Le jeudi 1 décembre 2005 à 21:55, par alain : Intéressant tes liens du jour (ou de la veille). 11. Le jeudi 1 décembre 2005 à 22:11, par Berlol : J'ai son "Qui a peur de la littérature ?" mais pas encore lu. Sans doute parce que je me fous de qui peut bien avoir peur de la littérature... Merci d'avoir donné franchement ton avis. 12. Le vendredi 2 décembre 2005 à 08:04, par Bartlebooth : Pour la première fois je pense, Alain, nous ne sommes
pas d'accord. 13. Le vendredi 2 décembre 2005 à 11:41, par alain : Mince. Nous ne sommes pas d'accord. C'est dommage, j'aime,
je l'ai déjà dit, la plupart de tes interventions. 14. Le vendredi 2 décembre 2005 à 13:11, par Berlol : Oui, enfin "je m'en fous", c'est une façon de parler,
hein ! C'était aussi dans le contexte de Bourmeau considérant
la littérature comme un divertissement pour rabaisser Finkielkraut,
ce qui est un mauvais procédé. Et dans ces conditions, je
n'ai pas envie de m'intéresser à Bourmeau. Aussi s'il y a
des gens assez cons pour perdre leur vie à parler de littérature
alors qu'ils en ont peur, voire n'aiment pas ça, ou la réduisent
à une définition qui en minimise la valeur, ce qui revient au
même, alors, oui, je me détourne d'eux, "je m'en fous" au sens
où je préfère passer mon temps à m'occuper directement
de littérature. 15. Le vendredi 2 décembre 2005 à 13:37, par Arte : Oui, ben Domecq il touche pas à FC. Hein ! C'est tout. 16. Le vendredi 2 décembre 2005 à 22:41, par alain : Non, ça ne va pas cogner. Qu'est-ce que j'avais hier
? 17. Le samedi 3 décembre 2005 à 08:32, par Bartlebooth : Oui, c'est du vent et le reste n'est que littérature. 18. Le samedi 3 décembre 2005 à 11:37, par k : et bien A quand vous avez déciser de ne pas vous perdre,
je dis bravo, 19. Le samedi 3 décembre 2005 à 11:54, par Arte : Bon, ça re sent pas bon au dernier, restons à
cet étage ! 20. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:01, par Bartlebooth : arte : ben vas y , dis le que tu comprends pas ma question,
je te repondrai 21. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:11, par Arte : pfff , même pas bu !!! quand je vous le disais que
j'aurais pas du venir ! 22. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:16, par Arte : Alain, laisse tomber la question : extrait de dialogue Arte/Bartle
: 23. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:17, par cel : Bon, moi je trouve juste dommage qu'Alain ne s'étende pas plus, pourquoi ne pas développer un peu, en quoi en peut-on pas s'en prendre à Echenoz, en quoi s'en prendre au vent de certains médias serait il forcément faire du bruit pour rien, n'as tu pas envie de lire une critique qui aurait des couilles (version fille : une critique qui se mouille), plutôt qu'un blabla si bien partagé qu'il en devient fadasse. Domecq n'atteint peut-être pas de cimes, il semble par contre mettre le doigt sur certaines acceptations bien établies (Buren, Boltanski...), et en soi ça demande réponse, ça pourrait une fois posé comme émission d'une critique donner lieu à de vraies débats, hors des "on s'en fout", "qui c'est ce rabat joie ?", en gros s'il ne monte pas assez haut est-ce que ses contradicteurs sont par le même coup forcés de répondre encore plus bas ? 24. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:18, par cel : extrait de dialogue arte/cel : 25. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:19, par Arte : Bref : Domecq est-il oui ou merde un empecheur de réussir
en rond ? 26. Le samedi 3 décembre 2005 à 12:43, par Bartlebooth : arte : je crois que j'ai enfin posé la bonne question
27. Le samedi 3 décembre 2005 à 19:40, par alain : Oui, les amis, je suis là. Il est 3 h 52 quand j'entame
le message. Je me lève. Je ne pouvais pas répondre. Je souffre
(?!) (si c'est vrai, j'en marre de me lever à cette heure et de tomber
à 10 la veille sans pouvoir rien faire) de mes horaires décalés. 28. Le dimanche 4 décembre 2005 à 02:41, par Berlol : Juste m'excuser de ne pas participer parce que je n'ai pas encore lu Domecq. Sinon, vous pouvez continuer, ça m'intéresse. Et sans doute pas que moi... 29. Le dimanche 4 décembre 2005 à 03:31, par k : oui, moi j'ai sa pour vous un texte de woolf : 30. Le dimanche 4 décembre 2005 à 03:45, par k : L ne va pas manger t^t, mais je suis dans un tel état
de rage qu'il me faut, mon coeur me bat gros aussi, je rejoins jacques hold,
mais continuons avec woolf : 31. Le dimanche 4 décembre 2005 à 07:52, par Bartlebooth : Même si, Alain, j'étais quelque peu déçu
de quelques-uns de tes arguments, que je trouvais bas et étonnamment
les mêmes (l'aigreur, l'envie de pouvoir, c'est un réac, etc)
qu'utilisent ceux qui veulent éviter de répondre sur le fond,
je ne doutais pas de ton ouverture à la discussion. 32. Le dimanche 4 décembre 2005 à 10:18, par alain : Peut-être alors, parce que, au fond, avec ce que dénonce
le polémiste, je suis d'accord. Je suis bien d'accord dès le
début. Mais quel besoin d'en faire un article ou un livre ? Prévenir
qui ? Au dix-neuvième, en 1950, existait déjà une littérature
de surface qui faisait du bruit, s'asseyait à l'Académie, connaissait
les lustres. 33. Le dimanche 4 décembre 2005 à 10:47, par k : vous je ne crois pas, moi oui, je suis limité, limité
dans ma culture, mais dans mon très fond, dans ma chair, oui je dit
comme vous : oui une vérité qui touche, oui pour moi c'est
ça l'écrit, l'écrit comme un cri, au dessus de l'écri-vain,
l'écrit qui n'est pas ressenti, ou qui se fait docile pour plaire,
ou qui se montre "intelleigent"; mais la vraie intelligence, l'intelligence
du monde de la souffrance, de la dureté à vivre cette vie mais
qu'il faut la vivre malgré tout; malgré ça, elle est
en nous, pour moi le livre, le texte qui me touche est celui qui dit la
vérité, celui qui ne se perd pas pour plaire, pour être
reconnu, celui qui touche et fait mouche, celui qui nous remue l'intérieur,
nous caresse , nous cajole, bon en fait je suis sur que personne en à
rien à fourtre 34. Le dimanche 4 décembre 2005 à 11:18, par Arte : Quelque chose qui me touche : 35. Le dimanche 4 décembre 2005 à 14:14, par Bartlebooth : Limite de quoi ? Tout le monde a ses limites, je pose les
miennes maintenant dans cette discussion : 36. Le dimanche 4 décembre 2005 à 14:21, par Bartlebooth : par exemple je suis contre Meschonnic qui est contre tous les poètes contemporains, sauf lui-même (coucou Berlol !) 37. Le dimanche 4 décembre 2005 à 14:46, par k : qui me déchrire : 38. Le dimanche 4 décembre 2005 à 20:25, par alain : Limite, parce que tout en avançant dans les commentaires ici, je ne réponds pas à tout, j'oublie tes arguments, n'y réponds pas, et grossit le regret de passer à côté, ne n'être pas une flèche sur la cible, de perdre ce que je voulais dire.Moi pareil, Bartl, pour les sentiments. Au reste aussi, j'aime la polémique, j'ai des convictions, y tiens. |
Vendredi 2
décembre 2005. Avec un marteau, avec une hache
? Pas arrivé depuis des mois : réussir à être au bureau à 8 heures un vendredi ! Garantie de deux heures de bon travail. Puis un peu de surf avant le sport. Lectures : sur les droits des créateurs de sites. Grâce à François, je retrouve le chemin de Beinstingel. Et puis pour voir les banlieues autrement qu'avec la dialectique cassandresque et fatiguée de Finkielkraut : ce Journal d'un avocat. Aussi, un anniversaire à fêter, celui de Poezibao ! Bonne continuation, Florence ! Autres sites à signaler. Souvenir de l'été à Cerisy sur le blog Nouvolivractu, merci à son auteur. Sur France Culture, toujours très fines Affinités électives, hier avec Didier Daeninckx, un parcours passionnant à écouter. Autre perle d'oreilles : Là-bas si j'y suis, archives non officielles... Vinteix, tu connais ces gens charmants qui habitent par chez toi ? Et puis si quelqu'un passe par là, c'est ma passion secrète... J'essaie une nouvelle machine à pédaler mais le parcours proposé m'accélère le cœur au-delà de 130, ou c'est la position de la selle qui bloque les abdominaux et coupe le souffle, ou le tableau de bord qui ne permet pas au livre d'Alain Sevestre de tenir sans être fermement tenu... Bref, quinze minutes et je suis cassé. Pas mieux à la course à pied. Je me rabats sur la fonte. Là, ça va à peu près, enfin comme d'habitude. Le bain et le sauna me remettent de bonne humeur mais il y faut un bon quart d'heure. Il y a comme ça de ces boyaux sombres et antédiluviens où l'on se trouve soudain à progresser péniblement et sans raison avant qu'un coude ne rouvre la perspective, sans que l'on sache quel infect complot vient d'être déjoué parmi nos cellules. Derniers rayons de soleil. Déjeuner avec David au Downey, occasion de faire le point sur quelques cours à trois semaines des congés de fin d'année, sérieux et rigolade, comme le sucré salé des hambourgeois toujours excellents. Deux heures après, quand je quitte le bureau pour aller à la gare, il commence à pleuvoir un truc froid qui ne doit pas être de l'eau depuis longtemps... Deux moments forts dans le Tout arrive du lundi 14 novembre 2005 (premier débat d'une semaine de 5 émissions sur la fracture coloniale en France) : Pascal Blanchard (vers le milieu de l'émission) : « L'État, depuis 40 ans, est dans un silence et dans une manipulation de cette mémoire. [brouhaha...] Il faut être très clair. Il suffit de lire tout ce qui a conduit au projet de loi de l'année 2005. Quand on nous dit : « Ah, divine surprise... ou drame... grosse connerie... », soi-disant, le mot du président dessus... Ça fait deux ans et demi que le Parlement et le Sénat discutent de cette loi. Chaque citoyen français peut aller sur Internet ; tous les débats existent sur [le site de] l'Assemblée nationale. Il n'y a eu aucune surprise. Les parlementaires savent où on en est. Et de gauche comme de droite. Et quand vous lisez les débats de nos élus de la République, depuis deux ans en commission, vous êtes, je vous assure, totalement abasourdi ! Vous vous demandez si ils vont dans la rue comme nous. Si ils par... [interrompu] Non, non, attendez, c'est fondamental ! S'il y a une violence qui existe en face, c'est que cette violence, elle se dit : « Mais mince... Il y a une domination d'une mémoire, une seule vision historique qui nous construit des mémoriaux, des lieux, une histoire officielle, une difficulté d'aborder ces questions, des médias... » Je m'excuse de vous le dire, on ne voit quand même pas beaucoup de grands documentaires à 20h30 sur nos chaînes publique sur l'histoire de la colonisation, en dehors de la Guerre d'Algérie. Tout ça a fait, à un moment, bouillonnement et donne le sentiment, et je vous rejoins, que certains disent : « Éh ben, je vais crier très fort, pour que cette mémoire de l'état qui essaie de me digérer dans mon identité, dans l'histoire de ma famille et de l'histoire du destin de mes parents, de mes grands-parents, de mes arrières-grands-parents, ça soit aussi puissant que ce discours de l'État.» Et je dirais qu'à ce niveau-là il faut que, oui, on dénonce ce qui peut devenir de la victimisation et de la repentance, et de l'autre côté qu'on dénonce aussi ce qui est de la manipulation de l'État qui manipule l'Histoire. Vous savez, quand un État en arrive à faire une loi pour édicter aux historiens leur métier, on sait tous que c'est un symptôme que ça ne va pas très bien.. [...] La loi qui est arrivée, de février 2005, heureusement que les historiens ont levé l'étendard dessus, conclusion on a un débat de fond aujourd'hui, c'est qu'on se rend bien compte que quand l'État fait monter ce genre de muraille législative, c'est qu'il se passe quelque chose dans le pays qui est relativement grave car ce type de loi depuis Vichy, on ne les avait pas vues. Je dis bien « pas vues », c'est grave : de nous demander à nous, historiens, de déjà avoir nos conclusions sur une positivité potentielle de la colonisation. On est en 2005, on est le dernier pays au monde avec le Japon à avoir un problème sur sa mémoire coloniale. [...] » Quelques minutes plus tard : Mimouna Hadjam : « [...] Je suis donc la responsable d'une association dans la Seine-Saint-Denis. En effet, je ne découvre rien du tout, je suis porteuse d'une mémoire. Je suis une enfant d'Algériens, une enfant issue d'une famille algérienne nationaliste qui ont combattu le colonialisme français et je dois dire que j'ai été au début, dans ma jeunesse, très fortement marquée par ces combats et j'ai porté cette mémoire de l'anti-colonialisme, ou en tout cas de notre point de vue algérien, je l'ai portée seule, vivant en France, et je me réjouis que vous n'êtes pas [sic] les premiers historiens, moi je n'étais pas au courant pour les travaux de 54 [allusion aux cours en Sorbonne que suivait Max Gallo], en tout cas j'ai écouté, j'ai suivi, j'ai lu les ouvrages de Benjamin Stora qui m'ont un peu réconciliée avec la France et un peu réconciliée avec ce que pouvait être l'Histoire de France. En effet aujourd'hui, la colonisation et l'histoire de la colonisation, elle est enseignée dans les livres d'école comme étant quelque chose de complètement périphérique à l'histoire de France. C'est pas du tout quelque chose qui fait partie de notre histoire, de l'Histoire de France. Il suffit de voir un peu les livres. Et moi, je remonte à même plus loin. Moi, j'ai le souvenir que quand j'étais petite, on m'a dit, dans l'Histoire de France, que Charles Martel avait écrasé les Arabes à Poitiers ! Et j'étais assise sur les bancs de l'école avec mon frère, et on se regardait et on s'est dit : « Mais il les a écrasés avec quoi ? Avec un marteau, avec une hache ? Et rien ! On savait absolument rien sur ces envahisseurs qui déjà en 732 venaient envahir la France. Donc je tiens à dire aussi que le retour de la mémoire est peut-être le fait, votre fait, messieurs les historiens, mais qu'il faut peut-être pas qu'on oublie les principaux acteurs de ce retour de la mémoire que sont les enfants de l'immigration, et particulièrement les enfants de l'immigration algérienne [...] Je ne me considère pas comme une indigène parce que je ne veux pas offenser mon père qui a été emprisonné dans les geôles du Colonialisme, je n'offense pas mon frère qui est mort assassiné et qui, lui, s'est battu pour me donner un pays et une nationalité, je n'offenserai pas mon oncle qui a été guillotiné pendant la guerre de libération algérienne, je n'offenserai pas les centaines de milliers d'Algériens qui ont été assassinés. Je ne suis pas une indigène. Je suis une citoyenne de cette république. Je me bats mais je suis discriminée, je suis consciente que je vis dans une souffrance, et dans la souffrance dans tous les sens du terme : sous-France. J'appartiens pas à la France. Mais moi je me revendique comme étant une citoyenne. Il y a 20 ans, j'ai marché pour l'égalité des droits, [Pourtant] je n'ai pas les mêmes droits que les autres. Mais je ne suis pas une indigène, je te le dis [pour Houria Bouteldja, qui revendique l'Appel des Indigènes de la République], je n'offenserai pas la mémoire de mes parents. Je suis porteuse de cette mémoire, qu'on le veuille ou non. Et j'aimerais qu'un jour cette mémoire ne soit pas seulement ma mémoire mais que je sois rejointe aussi par tous les groupes porteurs d'autres mémoires pour que ensemble, en effet... Seule, trop souvent seule avec mes amis, on s'est retrouvés, jusqu'à ce que Delanoë mette sa plaque, tout seuls sur le quai de Jemmapes à dire : « Papon, assassin de Juifs et d'Arabes ! » Nous, on veut qu'il soit jugé pour crime contre l'humanité, pour ce qu'il a fait ici, en plein cœur de Paris. On n'était pas beaucoup à le dire. Il a fallu que Delanoë mette sa plaque, il a fallu la médiatisation pour que aujourd'hui... Il y a quelques jours, le maire de La Courneuve inaugurait une rue du 17-Octobre-1961, et qu'est-ce que fait Sarkozy ?, après nous avoir insultés de racailles, de voyous, de vermines, il nous instaure le couvre-feu qui, pour moi, à mes yeux, n'est ni plus ni moins qu'une gestion coloniale. [...] » Commentaires1. Le vendredi 2 décembre 2005 à 07:15, par Arte : Nous abordons aujourd'hui l'oeuvre majeure de Robert Musil. 2. Le vendredi 2 décembre 2005 à 07:51, par vinteix : Oui, je les connais un peu : tres charmants, en effet. 3. Le vendredi 2 décembre 2005 à 08:48, par k : il est 17h45 pas de sms, 4. Le vendredi 2 décembre 2005 à 13:32, par k : hier je me suis regardée apostrophe 1984 duras, elle
dit en parlant du chinois : 5. Le dimanche 4 décembre 2005 à 15:50, par Marie.Pool : K: Bravo ! 6. Le vendredi 16 décembre 2005 à 20:56, par Arnaud : Merci pour cette longue transcription depuis la radio. C'est précieux. |
Samedi 3 décembre
2005. Oiseaux sauvages de la vie. [RLVS-12] « — Ton bonheur ? Et ce bonheur ? [...] Tatiana et moi guettons la réponse de Lol. Le cœur me bat fort et je crains que Tatiana ne découvre, elle seule le peut, ce désordre dans le sang de son amant. Je la frôlais presque. Je recule d'un pas. Elle n'a rien découvert. Lol va répondre. Je m'attends à tout. Qu'elle m'achève de la même manière qu'elle m'a découvert. Elle répond. Mon cœur s'endort. — Mon bonheur est là.» (Marguerite Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein, p. 148). Depuis que Lol lui a dit ça, l'autre jour, Tatiana veut savoir. Cette histoire de bonheur, si c'était possible, cela remettrait en cause les catégories établies, notamment celle où Lol a été placée, celle des fous, des assistés du cœur, des handicapés à vie de la vie. Les autres, comme Tatiana, sont seulement résignés — et névrosés, bien sûr — mais ils se tiennent à leur place et n'envisagent pas d'en partir : c'est une « impérieuse obligation première et dernière » (155). À l'opposé, il est probable qu'une partie de ce qui gêne les autres, chez Lol, qu'ils appellent ça folie ou maladie, c'est son imprévisibilité comportementale (« inquiétude passée et à venir, constante », 143, « je n'ai rien voulu », 150, « à quoi m'attendre », 152), la liberté de ton et d'action qu'ils lui prêtent (« des oiseaux sauvages de sa vie, qu'en savons-nous ? », 145), l'impossibilité de l'apprivoiser. Plus Tatiana paraît asservie, plus Lol paraît libre — mais on ne saura jamais si la bascule est réelle ou seulement dans la tête de Jacques. Parce que le Jacques, il est sévèrement secoué ! Dès que Lol l'approche, il perd le souffle (144) ou nous fait une bouffée de chaleur (ci-dessus). Son cœur bat la chamade, comme on dit. Oui, mais ce qui intéresse Duras, c'est de faire coexister des choses que l'on dit (banalités) et des choses totalement inédites, sans doute pour nous montrer que l'être humain occupe tout ce panorama et gît dans l'amplitude. Alors, le cœur, ce siège des passions, cette métaphore éculée, comment le/la recharger ? D'abord par l'adjonction d'un complément indirect, juste un petit me, qui fait presque du verbe battre un verbe pronominal : « Le cœur me bat », avec le tremblé du sens, le verbe qui risque de sortir de son acception de battement interne, de pulsation, pour passer à celle des coups extérieurs, de la violence des coups portés — l'organe étant alors personnifié et la personne victimisée, victime de son cœur qui la bat, un comble. Ou une réalité. Ensuite, à la fin de la phrase, on passe du cœur (réel et métaphorique) au sang. Filage de la métaphore par la métonymie : le sang est bien ce que le cœur pompe. Mais en passant du cœur au sang, on passe d'un organe à peu près localisé, dans le corps comme dans la symbolique, à un fluide totalement envahissant et incontrôlable. S'il y a désordre du sang, il atteint nécessairement l'intégralité des parties du corps. C'est une hyperesthésie de l'émotion (le lat. motio signifie aussi le frisson de fièvre) dans l'attente d'une réponse à la question cruciale, la seule qui vaille. Mais son sang n'est pas seul en circuit : plus tard, il « pompe le sang de Tatiana » qui en devient « exsangue » (167), virtuellement, bien sûr. La naissance de l'amour devient alors un acte vampirique, l'effusion une transfusion, et les deux femmes des vases communicants. [/RLVS-12] Parfois, on passerait des heures sur un ou deux mots. Levé à 5h30, j'ai préparé des commentaires pour trois chapitres. En cours, on n'en a fait que la moitié, hélas... Et samedi prochain qui sera le dernier cours. Comment je vais faire ? Après un déjeuner rapidement avalé à la maison, je file à la MFJ où il y a une journée d'études sur la notion de communauté, en littérature et en philosophie, avec notamment des exposés sur Genet et Duras. Je vais sans doute y retrouver Agnès, Clara, Franck, Michaël, Patrice, Olivier, François, d'autres peut-être. [Trois jours plus tard...] François Bizet a été parfait sur le refus communautaire de Genet, Pierre Ouellet nous a révélé une discrète et presque impossible communauté poétique de telqueliens (Marcelin Pleynet et Denis Roche, notamment) entravés par leur chef. Ensuite j'avoue ne pas avoir été en mesure de comprendre les arabesques philosophiques de deux intervenants. Puis le retour sur terre, même en compagnie de Marguerite Duras (que je venais de quitter pimpante le matin), a été rude et je n'arrivais plus à suivre. Je me suis retiré, piteux, peu de temps après, laissant mes amis pour revenir me blottir dans les bras de T., ma communauté essentielle. Heureusement, j'ai les enregistrements. Je viens de réécouter Osamu Hayashi s'interrogeant sur l'impossible communauté des amants, et c'est très intéressant, très convaincant, traversant intelligemment un grand nombre d'œuvres de Duras sans jamais quitter son sujet ni répéter Blanchot dont il est parti. [Fin de l'ajout.] — Victoire d'Austerlitz !... On en parle ? — Nan, laisse tomber, c'est tarte à la crème, ça traîne dans tous les médias... — OK, alors je vais me coucher. — C'est ça, capitalise pour le ping-pong !... Commentaires1. Le samedi 3 décembre 2005 à 07:58, par Arte : Tu inacheves les cours avec R. Musil ! 2. Le samedi 3 décembre 2005 à 08:06, par Berlol : Oh, t'es là, toi ! C'est quoi, c'est 16h00, chez toi ? Déjà devant l'ordinateur ? Allez, bonne nuit, j'y vais... 3. Le samedi 3 décembre 2005 à 08:50, par Marie.Pool : "Parce que le Jacques, il est sévèrement secoué
!" 4. Le samedi 3 décembre 2005 à 11:12, par k : bouuuu j'ai pas le temps de parlementer, et j'ai tellement
envie, mais L est là elle à faim, et veux sa moman, donc je
vais en déchroché de lol, qui ne me quitte jamais, mais une
chose 5. Le samedi 3 décembre 2005 à 11:14, par k : mais qu'est ce que je peux faire comme fautes ça n'a pas de bon sens non............. 6. Le samedi 3 décembre 2005 à 15:39, par Berlol : Merci Marie.Pool pour cette copie ciblée. Que les
causeuses essaient de rejoindre les parleuses, c'est finalement normal, sauf
l'anachronisme. Ceci dit, je ne vois pas ce que cela change à mon
explication "littéraire". 7. Le samedi 3 décembre 2005 à 20:46, par Marie.Pool : On peut le voir aussi comme ça [Silence] 8. Le samedi 3 décembre 2005 à 20:55, par vinteix : ... narratrice-personnage principal : "Soleil couchant" de Dazai. 9. Le samedi 3 décembre 2005 à 21:18, par vinteix : "Justine" de Sade 10. Le dimanche 4 décembre 2005 à 01:36, par Berlol : "du moins elle ne le dit pas dans les Parleuses !" — alors
là, Marie.Pool, vous me coupez le souffle ! Le texte du "Ravissement..."
dit très bien ce qu'il dit, du début à la fin on voit
ce Jacques qui est littéralement secoué, oui, par cette rencontre
et tout ce que cela change pour lui, il essaie de rendre hommage à
cette femme qu'il aime en reconstruisant son histoire pour lui ôter
les marques d'infâmie qui lui ont été apposées
avec la complicité de sa meilleure amie Tatiana et vous venez me dire
qu'il ne l'est peut-être pas, secoué, en me balançant
hors-contexte des propos tenus près de vingt ans plus tard, vingt
ans, vous vous rendez compte !, alors qu'entre temps Lol V. Stein était
devenue un personnage différent dans un autre livre, un personnage
public grâce à Lacan et aux études féministes
américaines. 11. Le dimanche 4 décembre 2005 à 01:36, par Berlol : Merci Vinteix, et deux de plus dans ma besace ! 12. Le dimanche 4 décembre 2005 à 02:01, par alain : et la porcelaine ? 13. Le dimanche 4 décembre 2005 à 02:24, par Berlol : La porcelaine, j'adore ! Tu veux m'en offrir ? 14. Le dimanche 4 décembre 2005 à 02:53, par k : oui je vais m'y mettre, mais léa doit manger 15. Le dimanche 4 décembre 2005 à 02:59, par cécile : Une nouvelle contemporaine avec narratrice écrite
par un homme, beaucoup aimé à l'époque www.pol-editeur.fr/catalo... 16. Le dimanche 4 décembre 2005 à 03:17, par k : bonjour cecile komment vas 17. Le dimanche 4 décembre 2005 à 03:46, par k : oui, moi j'ai sa pour vous un texte de woolf : 18. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:00, par alain : La porcelaine, j'adore aussi. 19. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:16, par cel : les premiers qui me viennent, auteur homme / narrateur ou personnage principal femme, "Le voyage d'Anna Blume" de Paul Auster, Mère courage de Brecht et puis Beckett, "Oh les beaux jours", et d'ailleurs certainement plein de choses du côté du théatre, chez Genet aussi (les Bonnes évidemment), Cocteau avec "La Voix humaine" et euh etc. 20. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:21, par Berlol : "narrateur ou personnage principal femme"... Merci Cel. Je prends note mais "narrateur ET personnage principal femme" c'est mieux parce qu'on a le texte écrit/assumé de son point de vue. Et c'est ça qui compte, en fait. 21. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:32, par cel : oui, je t'ai relu ensuite et j'ai vu le ET non OU, je suis à peine réveillée... enfin les Auster Cocteau et Beckett dont je parlais sont de ce côté-ci si mes souvenirs sont bons. Je vais me creuser la tête en montant le meuble en kit qui attend dans la pièce à côté, ça sera plus intéressant que de ne penser que boulons et clé de 12 22. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:34, par Berlol : Poterie et porcelaine. Faudra que je fasse une rubrique de temps en temps, comme pour RLVS... L'adresse que je donnais avant-hier (http://poteriedelagenevraye.com/) te donnera une bonne idée de ce que j'aime vraiment. Mais aussi la porcelaine ultrafine (Hutschenreuther, par exemple). On va s'envoyer des photos. À moins que tes tasses soient dans des cartons... 23. Le dimanche 4 décembre 2005 à 04:54, par jcb : Ah la la ! Quel mot infernal ! 24. Le dimanche 4 décembre 2005 à 05:00, par Arte : Antonio Lobo Antunez : N'entre pas si vite dans cette nuit noire. 25. Le dimanche 4 décembre 2005 à 05:32, par k : un petit rien et la vie est belle 26. Le dimanche 4 décembre 2005 à 05:37, par Berlol : 5 sur 5, Jean-Claude. Ici aussi, on a eu une histoire de
caution. T. avait accepté pour son neveu, qui n'a pas payé
son loyer, c'est la mère du petit (37 ans...) qui a envoyé
des sous, etc. Mais le montant était bien moindre que pour toi, évidemment.
De toute façon, pour être ta caution pour 45.000 euros, faut
montrer patte blanche (revenu ou patrimoine d'au moins 200.000...). Bonne
chance ! 27. Le dimanche 4 décembre 2005 à 06:17, par k : a oui, cel, la moi aussi je vais me lancer dans mes étagères, il m'en reste 6 à visser et de la peinture encore, les devors de L se sont pas trop mal passé, ouffff 28. Le dimanche 4 décembre 2005 à 09:50, par Bartlebooth : - Le journal intime de Sally Mara, de Raymond Queneau 29. Le dimanche 4 décembre 2005 à 10:38, par Marie.Pool : Jacques, le personnage, est secoué, soit ! J’ai juste
envie d’ajouter que les femmes le sont bien davantage et avec plus de dégâts
… Qu'on s'intéresse à la littérature par l'intermédiaire
des dictionnaires ne me gênerait aucunement si chacun se référait
au même, ce qui est , vous l'accorderez, impossible. Il y a quelque
chose d'un peu vélleitaire à vouloir renouer, a posteriori
et post mortem chez un écrivain, ses oeuvres à des définitions
de mots, points par points. La marge d'erreur est potentiellement phénoménale.
Mais cela peut apparaître comme un jeu intellectuel passionnant et
c'est, je suppose,le registre dans lequel vous vous situez professionnellement
( vous faites état de la préparation fastidieuse de vos cours
). L'analyse littéraire de haut niveau ne m'apporte probablement pas
ce qu'elle vous apporte à vous ou à d'autres, je ne passe jamais
par elle pour découvrir une oeuvre, et je trouve qu'elle est surdimensionnée
elle aussi en énergie dépensée, par rapport au peu
d'audience qu'elle suscite chez ceux qui achètent les livres. 30. Le dimanche 4 décembre 2005 à 16:39, par Berlol : "L'analyse littéraire de haut niveau [...] je trouve
qu'elle est surdimensionnée elle aussi en énergie dépensée,
par rapport au peu d'audience qu'elle suscite chez ceux qui achètent
les livres." 31. Le dimanche 4 décembre 2005 à 17:03, par Marie.Pool : Et bien voilà ! Mais le plus tard possible...(Je pense à T.) et si possible sans douleur, terreur, ni remords... 32. Le dimanche 4 décembre 2005 à 17:34, par Berlol : Merci. 33. Le dimanche 4 décembre 2005 à 21:57, par k : ah oui c'est une bonne idée, merci 34. Le lundi 5 décembre 2005 à 02:44, par myriade : Arte a raison : le livre d'Antonio Lobo Antunes : N'entre pas si vite dans cette nuit noire. Rien que le titre est magnifique. |
Dimanche 4 décembre
2005. Du gris mais on va le colorer. — Qu'est-ce que tu dis, Manche ? — Je dis : cognez ! Je suis révolté. Je m'en veux. Ça ne tourne pas rond. Faut tout changer. Je le vois bien, quand je fais ce service profond et rapide et que Katsunori le renvoie sur moi, je suis à la même place, croyant que mon service serait gagnant, ce qui n'est pas le cas, et je ne suis pas prêt à retourner autrement que par cette sorte d'amortie débile qui lève la balle et la sort la plupart du temps. Et quand Hisae renvoie logiquement sur mon revers alors que je n'ai pas bougé du coin droit — je suis gaucher —, que je n'ai donc pas d'espace pour un mouvement de quelque envergure que ce soit, je remets en ventral inerte, qui ouvre la porte au smash hisaéen, royal. Bref, je me suis fait étaler. Faut que je réforme mon positionnement, que je bouge plus tôt, que je sois sur toutes les balles, aucune gagnée d'avance. L'individu oui l'identité non. L'identité n'est pas une monade. C'est une mosaïque mouvante d'identitèmes. Or l'identité monadique, ou plutôt la représentation de l'identité comme une monade fonde de longtemps le système social, qui a eu un besoin hystérique croissant de mettre une étiquette et une seule sur chaque individu. Cependant, la société contemporaine, fière de ses bases de données multi-critères, refonde la notion d'identité sur un modèle numérique, celui d'une liste de 0 et de 1 dans des colonnes nombreuses, après quoi, la dignité, rien à cirer, on pousse le bouton et vous êtes SDF, terroriste, mort, etc. C'est fatal, c'est personne, ça vient de la machine, personne n'est responsable. L'identité est restée monadique (nom inscrit sur la carte du bipède que gèrent les services sociaux) mais l'individu est devenu dividu, 50, 80, 200 colonnes, dont certaines reliées à des enregistrements vidéo de tous les champs de surveillance que l'ectoplasme a traversés, et toute la biométrie à venir. La vérité humaine, c'est le contraire. Je suis un individu, indivisible dans la dignité que les autres me doivent et qui n'existe que par le fait que les autres me l'accordent quand je leur donne la leur à tout instant depuis que je sais ce que c'est. Aussi, qu'un seul soit indigne, c'est tous qui morflent en moi dont moi. Donc la dignité humaine est une monade, ça oui. C'est LA monade qui fonde l'individu humain. On doit être loin de Kant et près de Spinoza ou de Montaigne, là, non ? J'ai bon ? Une dignité canine fondera éventuellement l'individu canin, que sais-je... Et de l'autre côté, l'identité, ce que je me sais être, ce qui dispose ma conscience à ne répondre qu'en interne chaque jour à ce nom et cette image dans le miroir même quand je ne m'y regarde pas (je m'y sais sans m'y mirer), où entrent chaque jour mes parents, mes amis, mes auteurs, mes films, mes balades, mes lieux, mes bouteilles de Guerlain et mes bols de Kyoto, mes regards sur T. et mes mots sur vous, mille instants de jouissance et de tristesse, les bords du Tarn et la chaleur de Palenque, à 150 à l'heure les mortels écarts de la moto quand les tendeurs de chaîne avaient plié, Salammbô en main dans le char d'assaut, ce bordel sur mon bureau et ma façon de passer l'aspirateur — chacune de ces choses étant inimitable, alors l'ensemble... Et pour chaque individu sa collection. Aucun mieux que les autres. Tout ça, un battement de cils. Il pleut, on évolue dans du gris mais on va le colorer. On va à Shinjuku au restaurant de tonkatsu すずや (Suzuya), où Katsunori a emmené Hisae la semaine dernière. Juste à l'entrée de Kabukicho, un escalier pour accèder au premier à une salle vieillotte, années 60 ou 70 avec de vieilles pendules qui trottinent. C'est vite bondé. Excellent tonkatsu, recouvert de chou et de nori. Et puis à côté, dans des raviers carrés, des tsukemonos dont d'excellents umeboshis. J'en mangerai huit, quand la décence en accorde deux. C'est l'occasion de parler d'Arale-chan et de Suppaman. Ça tombe bien, Hisae adore. Katsunori est sur le cul. Elle connaît tous les personnages. Sait pourquoi Suppaman est con. Connaît la chanson. On imagine de venir en costume. On a neuf ou dix ans d'âge (expéri)mental. Hisae, c'était mon étudiante, il y a huit ans, c'est le temps qu'il faut pour devenir amis, et me faire battre toutes les semaines au ping-pong, sans gêne. Katsunori et moi allons à l'Institut pour voir les Fleurs de Shanghai, film de Hou Hsiao-Hsien (1998). J'y retrouve Clara et Franck, puis François. Nous avons tous la désagréable surprise d'apprendre que le film sera en chinois sous-titré japonais. Je capte rien. Juste regarder les costumes somptueux, les gestes, les plats, les théières, les bols, les lampes à huile, ausi des horloges, des miroirs et un peu de mobilier occidentaux, au pif maison de prostitution, époque de décadence, beaucoup de pipes à opium, à un moment une date dans un bout de sous-titre, 1884, quelques fenêtres jamais approchées par la caméra, on alterne entre trois pièces avec papier peint au mur, ou deux, jamais le nez dehors, comme les filles et la domesticité, enfermées, prison physique et mentale. Quand je pourrais le revoir avec du texte audible ou lisible, je ne suis pas sûr que je le trouverai aussi intéressant qu'aujourd'hui. Commentaires1. Le dimanche 4 décembre 2005 à 10:35, par alain : Pour la porcelaine, hors quelques groupes maoistes (pas des
tasses donc), il s'agit de tasses Illy, signées Kosuth, Louise Bourgeois,
Jeff Koons... J'ai répéré aux Puces des groupes de tankistes
en porcelaine, des soldats sud-coréens mais trop chers. 2. Le dimanche 4 décembre 2005 à 13:52, par k : et le cyanure coule dans les veines 3. Le dimanche 4 décembre 2005 à 14:42, par k : vous voyez moi je crois à cela oui , que toujours
md à parlait de cet homme, sens en avoir conscience, d'ailleurs elle
le dit " je me suis demandé pourquoi streter, les indes,la chines
toujours, toujours" 4. Le dimanche 4 décembre 2005 à 14:46, par k : arte, je sais ce que vous faite dans la vie : vice consul,non??? 5. Le dimanche 4 décembre 2005 à 15:08, par k : Parce que le Jacques, il est sévèrement secoué
! 6. Le dimanche 4 décembre 2005 à 15:11, par Marie.Pool : k : Bravo ! 7. Le dimanche 4 décembre 2005 à 15:41, par cécile : Sans rapport avec les commentaires ci-dessus, mais je viens
de me rappeler d'un auteur vraiment intéressant, et qui justement,
est étonnant (justesse, subtilité, profondeur) quand il met
en scène une narratrice dans ses livres (en fait, dans tous ses livres,
on change de narrateur au fil du récit - on peut se trouver «
dans » les pensées de Leiris, comme celles de Kafka, ou de
sa fiancée, ou de François Joseph, ou de personnages uniquement
fictifs) et les voix alternent ou s’imbriquent, ou alternent jusqu’à
s’imbriquer et je ne sais pas comment faire sentir à quel point
cet auteur est passionnant, et drôle aussi (il avait reçu un
prix chez pas quoi de l’humour noir pour le premier, « Montée
en première ligne », bon les prix). Mais vraiment, à
lire, « Montée en première ligne » (en gros : les
origines de la 1ère guerre mondiale en se plaçant du point
de vue de la pensée et de l’intimité d’une multitude de personnages,
dont Kafka, c’est dans celui-ci), ou « Trio Gulliver », dont
je me souviens qu’à un moment l’une des héroïnes narratrices
du livre, accouche, allaite, et il décrit ça « de l’intérieur
» donc, d’une façon non seulement très juste, mais inédite,
et ce entre autres choses, rien n’est réduit ou versant dans les
clichés (de sexe ou historiques) d'où justement l'intérêt
et la valeur de cette écriture. 8. Le dimanche 4 décembre 2005 à 15:44, par k : quand je l'ai revu 14 ans après, en avril l'homme
altantique il m'a dit : 9. Le dimanche 4 décembre 2005 à 16:27, par Berlol : Merci, Cécile, j'avais déjà entendu parler de cet auteur, Jean Guerreschi, mais je n'arrive pas à me souvenir dans quel contexte. Je l'ajoute à ma liste... Et merci tout le monde qui a écrit pendant que je dormais. C'est Noël tous les matins, en ce moment ! 10. Le lundi 5 décembre 2005 à 03:12, par k : vous tous que en savez sur la littérature, y a t-il unsite avec un calssemnt des ventes merci 11. Le lundi 5 décembre 2005 à 03:37, par cécile : Le mieux, au lieu de regarder les ventes (parce que franchement tu te doutes que c'est pas le critère intéressant pour choisir un bon bouquin), tu chopes et notes les titres ou auteurs dont parlent des gens, ici ou ailleurs puisque tu as cette curiosité de visiter des liens vers d'autres sites ou blog, dont tu aimes la sensibilité comme ça, a priori, ou quand un extrait te plaît ou t'attire, et ensuite tu vois si ces bouquins se trouvent sur les sites de vente d'occasion (ceux que je t'avais indiqués fonctionnent vraiment bien), ou dans le catalogue de ta bibliothèque municipale. Et ensuite à toi la route! Mais un classement par ventes, hein (mais tu fais un peu exprès, là, je crois bien ?). Et pourquoi t'essaierais pas à l'aveuglette, tu vas à la bibli, tu prends des bouquins au pif, parce que leur tranche te fait de l'oeil, tu feuillettes, tu lis la 4ème, tu renifles, et à l'impulsion hop tu prends. Qu'est-ce que tu risques ? 12. Le lundi 5 décembre 2005 à 03:41, par k : c'est pas pour choisir un livre, bah là bien sur que non que je regarde pas cela, c'est juste pour voir un truc, voilà alors si j'en a qui savent dites 13. Le lundi 5 décembre 2005 à 03:43, par k : je fait rarement dans l'intuition d'un livre, en général
j'aime pas, et je lis quand même( par bonne conscience), et j'ai d'autre
chose à faire. 14. Le lundi 5 décembre 2005 à 05:01, par ariel : Sur le train des jours, il faut lire le beau livre de Bégout, la découverte du quotidien, dont votre blog parlait il y a quelques jours. C'est un texte passionnant sur le monde quotidien et la genèse du quotidien dans nos vies. Il était chez Finkielkraut samedi matin, mais malheureusement ce dernier ne l'a pas laissé parler longtemps, toujours monopolisant la parole avec ses obsessions rétrogrades sur le monde qui va mal, ma petite 'dame. En tout cas, voici un livre brillant et imposant (600 pages) sur la vie quotidienne ressaisie dans une perspective philosophique. C'est peut-être cela qui a gêné Finkie qui n'a de philosophe que le nom et vomit le monde sans chercher à la comprendre. 15. Le lundi 5 décembre 2005 à 05:26, par cécile : scusi, K ! j'avais interprété. Mais je connais
pas ce genre de sites, en faisant une recherche sur un moteur tu as essayé
? 16. Le lundi 5 décembre 2005 à 06:21, par Marie.Pool : Pour K. j'avais trouvé un jour par hasard un site
qui permettait de trouver le nombre d'exemplaires édités ou
réédités pour un titre de livre donné , mais
je ne l'ai pas encore retrouvé pour vous. Les libraires doivent savoir
où trouver ce genre d'inormation. En attendant je suis passée
par ce site de La Chaîne du Livre où il y a pas mal de rubriques
à explorer (J'espère que le lien sera utilisable) : 17. Le lundi 5 décembre 2005 à 08:02, par Berlol : Merci, Ariel. J'ai aussi écouté cette émission
et Fink y a été encore pire que d'habitude. Sa façon
élocutoire de souligner des mots ou expressions comme s'il essayait
de convaincre un troupeau de pingouins avec des sardines, c'était
sa propre caricature. Ceci dit, maintenant qu'on sait qu'ils sont deux, le
bon et le mauvais Fink... Vrai qu'il n'a pas laissé Bégout exposer
l'originalité de son approche, la ramenant sans cesse dans ses ornières.
Mais nous, on va le lire aussi. 18. Le lundi 5 décembre 2005 à 09:42, par k : mp fallait lire j'ai tous expliqué avant 19. Le lundi 5 décembre 2005 à 13:02, par Marie.Pool : k: Soit Ben j'ai mal lu (où c'était ?)soit
votre explication n' était pas claire. 20. Le lundi 5 décembre 2005 à 13:13, par Marie.Pool : k: si c'est pour Duras, j'ai lu vos commentaires. Mais je n'ai pas la réponse claire à ma question. Vous avez une écriture très immédiate , vous passez de la concision et l'anecdotique à des propos plus denses avec des fulgurances. Votre écriture est d'emblée un peu déroutante . Non, je ne sais pas pourquoi vous lisez Duras. Si on me posait la question, je serais incapable d'y répondre pour l'instant. Mais vous n'êtes pas obligée de donner suite à la question posée si ça n'a pas d'importance pour vous. |
Lundi 5 décembre
2005. Yuzu, m'a-t-elle dit, espiègle. Il est juste minuit ; je ne vais donc pas me lancer dans le compte-rendu de la conférence de Pierre Ouellet à l'université Gakushuin, d'autant que je voudrais réécouter l'enregistrement pour en citer quelques passages fort intéressants. C'était de cinq à six, au lieu du GRAAL. Alors que j'avais prévenus les membres du groupe par courriel dès mardi dernier, il y en quand même eu trois qui sont allés à la MFJ, ce qui veut dire qu'au moins deux d'entre eux n'ont pas ouvert leur ordinateur depuis ce temps-là ! Bon bref, c'est leur problème... Après la conférence, la discussion s'est engagée assez agréablement dans la salle des profs, avec force sushis, bières et vins rouges. Pierre Ouellet et Thierry Maré vidèrent leur différend sur Aristote, je crois bien. Je ne suis pas sûr ; j'entendais mal. Daniéla, François et moi commentions quelques auteurs du mur de pléiades. Il y en a de tous âges. Une heure après, on est parti, douze ou quatorze, vers un petit restaurant de Mejiro dont je n'ai pas retenu le nom, d'ailleurs quelconque, culinairement parlant. J'ai pas mal discuté avec la compagne de Pierre Ouellet, Christine Palmiéri, d'arts plastiques, de création vidéo... Et puis Satoko qui me dit qu'elle prépare une thèse sur Meschonnic ! Il faut que je lui copie des enregistements de conférences. Enfin Rieko, en doctorat sur Corneille, qui a été mon étudiante, en même temps que Satoko, d'ailleurs, il y a six ou sept ans, dans un cours de doctorat avec l'internet pour la recherche littéraire, avec une salle spéciale de la bibliothèque universitaire car rien n'était prévu dans la faculté pour ce genre de cours... ; la même Rieko qui donne maintenant à T., de temps en temps, un pot de confitures qu'elle fait elle-même, demain ça sera de la confiture de yuzu, m'a-t-elle dit, espiègle. Comment pourrais-je jamais quitter ce pays ? [Supplément du 7 : extraits de la conférence de Pierre Ouellet] Le poème dans la cité « [...] la figure du poète intellectuel, qui intervient publiquement dans les affaires de la cité, comme un Neruda, un Paz, un Pasolini ou un Brodsky, il y a quelques décennies, semble définitivement disparue. En tout cas en voie d'extinction. Sans doute parce que le poète n'a plus l'intelligence du monde. Il ne peut plus en tirer une idée générale, à partager avec l'ensemble de la société, qui pourrait dès lors lui conférer un statut d'intellectuel ou d'homme public. Le poète est devenu un homme privé. Privé de tout, dirais-je, sans jeu de mots. Privé de public ou de communauté. Privé de sens ou d'idées. Privé de monde et de réalité. En fait, le poète interroge désormais l'intelligibilité même du réel, condamné qu'il est à affronter l'insignifiance foncière des choses et à pousser jusqu'à l'insensé le sens qu'elles prennent dès lors qu'il les questionne. Vivant ainsi entre deux couches de non-sens, l'insignifiant et l'insensé, qui sont les limites inférieure et supérieure du pensable et du vivable. Les bornes de l'intelligible, qui font de l'intelligence elle-même une zone plus ou moins trouble ; en tout cas peu confortable. [...] » « [...] Cette parole plurielle, non totalisable, qui devrait en fait faire fond au politique tel qu'on l'entendait autrefois, comme la coexistence du divers au sein de la polis, c'est-à-dire d'une cité organisée autour d'une place publique, non habitée, qu'on appelait l'agora, où circulaient et s'échangeaient librement toutes les paroles possibles, réside désormais dans le hors champ ou le contrechamp de la politeia, dans les marges et les zones d'exclusion de la gouvernance, dans les terrains vagues de la socialité post-politique que les Grecs désignent comme l'eschatia, comme dans le mot eschatologie, c'est-à-dire la limite extrême, les bords, les seuils, les espaces liminaux de la cité, où vivent les barbaroï, les barbares, les étrangers, ceux qui parlent différemment, qui baragouinent plus qu'ils ne parlementent au sens propre. La véritable agora des sociétés post-politiques n'est donc plus au cœur de la polis mais dans ses marges et ses limites, qui ne sont toutefois plus extérieures aux enceintes de l'espace public puisqu'il n'y a plus d'ailleurs, ni de lieux exotiques, au sens strict, l'étranger ayant investi chaque pli et repli de l'espace plus ou moins souterrain de la vie urbaine ou suburbaine. Ce sont les limites internes de la vie publique qui se mettent à parler, à porter la parole de l'innombrable et de l'indénombrable, du demos, conçu comme l'expression politique de la diversité et de la pluralité qui échappe radicalement à l'unité et à l'identité, à tout enfermement dans les enceintes de la nation ou de l'État, à toute appartenance à un ensemble qui homogénéise la multiplicité et l'extrême variété qu'il représente. [...] » « [...] Tout contact social est d'abord vécu comme le rapport sensible avec une altérité, une ouverture, une béance sur l'autre au contact duquel on se sociabilise en sortant de soi, en échappant à son ego, pour faire communauté dans une altérité partagée, dans une rencontre avec ce qui nous est mutuellement étranger, à soi comme à l'autre, nouant ainsi le lien propre au socius dans un expérience de l'hétérogénéité du monde et des hommes qui ne coexistent que dans la pluralité et la diversité, dans la barbarie où la socialité primitive prend sa source, à la limite, dans les marges et sur les bords, dans l'expérience liminale de ce qui n'est pas soi, de ce qui n'est pas d'emblée identifiable ou reconnaissable, de ce qui est en retrait du sens mais rayonne jusqu'en son sein. C'est cette vie sensible primitive, exclue de la civilité, on pourrait dire même de la citoyenneté qui fait retour aujourd'hui dans la polis sous forme d'images et de paroles souvent considérées comme purs symptômes ou simples fantasmes, identifiées aux marges eschatologiques de la cité, des bruits de fond, sans signification, des parasites, comme on dit, qui phagocytent la communication rationnelle entre les gens, une barbarie d'images et de mots qu'on associe à un délire antisocial, apolitique, de pure fiction, de simple jeu, bref de l'art, de la poésie, de l'insignifiant, de l'insensé. Voilà ce à quoi nous devons toutefois tendre l'oreille, voilà ce sur quoi nous devons jeter un œil pour comprendre notre espace public partout ébranlé, la vie insensée que notre existence politique censure mais qui revient en un retour brusque du refoulé, dans la parole et les images que l'art et la littérature, la poésie en particulier, injectent ou infusent dans la cité pour que la vie, bien plus que les idées, puisse circuler dans le corps social et permettre au cœur de la polis de battre encore malgré l'apparente agonie où elle est entrée, ou l'indéniable atonie dont elle est atteinte depuis quelques décennies, où rien ne bouge qu'à coup d'attaques et de violences sans nom, terreurs occultes et guerres d'États plus ou moins larvées. [...] » « [...] La violence sociale et la terreur politique sont des passages à l'acte qui répondent à la politique du silence, dont la marginalisation de la parole que nous connaissons de nos jours est l'une des conséquences les plus néfastes. Elle montre l'effritement du lien social minimal qui se noue dans la passion commune de l'altérité de l'étrangeté où chacun s'attache ou se rattache à l'innombrable ou à la pluralité, au demos proprement dit. Car le lien social se crée dans la compassion devant notre commune finitude et le sentiment partagé d'un dépassement de notre impuissance ou de notre condition d'être mortel, dans une parole qui transcende tout sens et toute idée, toute valeur et tout concept, toute loi et tout principe parce qu'elle est prise en charge de la vie elle-même dans sa diversité sensible irréductible, dont la force ou l'energeia assure la perpétuation du monde en sa métamorphose et ses transfigurations les plus profondes qu'on appelle l'Histoire, au sens fort. Non pas donc la succession chronologique des faits ou même des révolutions, mais la matrice infiniment fertile de l'apparaître imprévisible, de la venue ou de la survenue de ce qui arrive, non pas seulement au monde mais à chacun d'entre nous, puisque la parole qui porte cette sensibilité matricielle n'existe qu'au cœur du soi le plus intime, comme dans le réseau sanguin qui irrigue la société toute entière, où elle se diffuse à la vitesse de l'éclair en autant de chocs qui ébranlent l'édifice de la polis en lui rappelant à chaque instant le sous-sol fragile sur lequel il s'est érigé. C'est dans les déchirures du temps, les failles de l'histoire qu'arrive l'événement grâce auquel surgit ou resurgit notre socialité la plus élémentaire, dont les liens se défont à tous moments sous l'effet des traumas que l'existence collective fait subir aux singularités que nous sommes, qui s'expriment en symptômes, en syndromes, en signes de toutes sortes qui relèvent d'un pathos, d'un pâtir, d'une passion dont la poésie assure l'étrange partage où l'incommunicable et l'incommensurable sont paradoxalement mis en commun. On sait que poïesis et pathos sont étroitement associés depuis la Poétique d'Aristote, où se trouve théorisé pour la première fois sans doute le lien serré entre créativité et négativité, entre l'excès d'être dont la parole est porteuse et le défaut que la passion introduit dans l'être, comme si les débordements de langage propres à la poésie pouvaient panser les plaies dont le pathétique troue le corps et l'âme de chacun. On pourrait généraliser cette proposition en affirmant que les pathologies sociales constituent en fait le moteur secret du vivre ensemble et que la pathologie langagière incarnée par la poésie est en conséquence le carburant discursif à quoi fonctionne un tel moteur. [...] » (publication sous réserve d'accord de l'auteur) Commentaires1. Le lundi 5 décembre 2005 à 09:43, par k : je renouvelle l'appel, existe t'il un site qui fait un clssement des vente de livr quelque par, merci, non ce n'est pas pour choisir un livre je rassure tout le monde 2. Le lundi 5 décembre 2005 à 11:22, par Bartlebooth : Hello K, 3. Le lundi 5 décembre 2005 à 11:30, par k : merci beaucoupppp mon sieur 4. Le lundi 5 décembre 2005 à 12:46, par FB : bon souvenir de Gakushuin, de l'accueil de Thierry Maré,
du "mur de Pléiade" et autres vieux bouquins dans la réserve
où je suis allé farfouiller _ j'avais parlé de Baudelaire
: en France, on ne nous demande jamais de parler de Baudelaire, encore moins
de le lire _ soi-disant tout le monde sait d'avance _ Thierry le lendemain
m'a offert les Fleurs du Mal en japonais : je l'ai là sur mes étagères...
étrange, Pierre Ouellet c'est le Québec, les mots de là-bas,
je n'arrive pas à imaginer la rencontre : c'est comme le ping-pong,
tu inventes ? à preuve ce François que tu veux à tout
prix t'accompagner : je suis pourtant là ? 5. Le lundi 5 décembre 2005 à 14:44, par k : bon une chose éclaire c'est sure que je ne sais pas
écrire 6. Le lundi 5 décembre 2005 à 15:10, par k : déjà ce premier passage pour en revenir un
peu à hier sur le "je n'aime pas la vie" c'était écrire
ou mourrir : 7. Le lundi 5 décembre 2005 à 15:37, par k : et sa c'est pour le vice consul, ça voyage beaucoup
non un vice consul.......???? 8. Le lundi 5 décembre 2005 à 16:31, par Marie.Pool : k. vous ne m'aidez pas beaucoup à vous lire ! 9. Le lundi 5 décembre 2005 à 17:27, par cel : Une personne vous demande clairement de lui conseiller un
site classant les meilleures ventes d'un type de produit, vous en déduisez
: 10. Le lundi 5 décembre 2005 à 18:32, par Berlol : Par exemple... 11. Le lundi 5 décembre 2005 à 21:49, par k : bonjour 12. Le lundi 5 décembre 2005 à 22:25, par FB : pour cel : oui, vivons à distance de ce genre de chiffres, ceux qui nous ravalent au produit - les classements genre Nouvel Obs ne font qu'accentuer les effets de concentration et la bêtise ordinaire - pour ça qu'on préfère lire "Lichen, lichen" et qu'internet devient une belle chambre de compensation 13. Le mardi 6 décembre 2005 à 00:04, par Arte : Cel, K., Cecile : quel bonheur ! (bon Berlol, FB, je vous
aime quand meme hein !) 14. Le mardi 6 décembre 2005 à 00:21, par Berlol : D'ailleurs, dans la veine du doute fictionnel façon FB, je me demande si ce n'est pas Alain qui invente/écrit le personnage K ; et Arte qui prend la plume pour inventer/écrire MP... Hummm... 15. Le mardi 6 décembre 2005 à 01:54, par Marie.Pool : "On" déjante sec ici ! Si j'ai bien lu (rires) ! 16. Le mardi 6 décembre 2005 à 01:55, par Marie.Pool : "Yuzu" m'a-t-elle dit;... l'espiègle ! 17. Le mardi 6 décembre 2005 à 03:12, par k : ahhh 18. Le mardi 6 décembre 2005 à 03:41, par k chanson de M, elle est belle : Faut oublier / M 19. Le mardi 6 décembre 2005 à 11:33, par FB : enfin bon, ça devient vraiment encombré par ici, et pas toujours pour dire grand chose -- tu nous referais pas un blog à côté, Berlol, qu'on t'entende parler un peu plus de Ouellet ? 20. Le mardi 6 décembre 2005 à 12:56, par Bartlebooth : ben oui, que ça redevienne en Combray ailleurs 21. Le mardi 6 décembre 2005 à 13:11, par k : une chose est sure, c'est pas vous qui êtes complices
de l'affaire K. 22. Le mardi 6 décembre 2005 à 17:01, par Marie.Pool : Oui, un pas de côté si vous le permettez , parler
de littérature et d'écriture. C'est encore jouable. 23. Le mardi 6 décembre 2005 à 21:47, par k : vous vous lisez avec la tête, vous aimer avec votre
tête... 24. Le mardi 6 décembre 2005 à 22:46, par Marie.Pool : Encore une fois Non ! chère K. vous vous trompez , je ressens aussi , mais bien plus profondément et gravement que vous ne l'imaginez, mais je ne mets pas les mêmes sortes de mots dessus que vous. C'est normal, nous sommes différentes et nous n'avons pas la même trajectoire de vie, je choisis des mots que je vais aussi chercher dans les mots de certains autres, mais ces mots sortent aussi de ma tête, je préfère qu'il en soit ainsi . Comme l'aurait écrit Marguerite Duras : C'est tout ! Il faut être prudents quand on parle vraiment des autres. On peut tuer le coeur avec des mots. Ceux qui pérennisent la bagarre ( la polémique) ne savent pas toujours les dégâts qu'ils font. Lorsqu'on est attaqués humainement il est normal de se défendre avc des mots. Il vaut mieux se protéger avec des mots qu'avec des armes. Je suis certaine que vous comprenez cela. Je ne peux pas moi non plus en dire plus. Je n'ai aucune animosité contre votre manière d'utiliser les mots, elle a ses raisons que je n'ai pas à connaître à vos dépens. 25. Le mercredi 7 décembre 2005 à 03:16, par Arte : "que votre spontanéité serait utilisée
par ceux qui vous ont accueillie à mes dépens. C'est facile
d'envoyer les gens s'en prendre plein la figure en restant à ricaner
derrière." 26. Le mercredi 7 décembre 2005 à 09:51, par Marie.Pool : L'honnêteté , vous connaissez ? Perversion vous rigolez ... et retour à l'envoyeur. Pour qui vous prenez-vous Arte ? J'ai par moments l'impression que c'est vous qui menez le jeu depuis le début . Je ne vous en veux même pas. Vous ne pouvez probablement pas agir autrement pour occuper à votre manière cette place d'agaceur, qui se croit spirituel en insultant et méprisant à tour de bras. Où se sont cachés votre intelligence et votre savoir-vivre ? Vous n'avez pas besoin de tout ce cirque pour dire ce que vous avez à dire . Vous ne comprenez pas grand chose . Et ne parlez pas de qui vous ne connaissez pas. Inutile de répondre. Ca enquiquine tout le monde. A vous je ne peux rien dire de plus,vous n'entendez que ce qui alimente "je ne sais quoi" dans votre colère. 27. Le mercredi 7 décembre 2005 à 11:57, par Arte : Vous ne pouvez rien dire de plus parce que vous vous voyez telle que vous êtes, pour une fois que quelqu'un ose vous le dire : une emmerdeuse ! 28. Le mercredi 7 décembre 2005 à 12:32, par k : laissez tomber arte, ça n'en vaut pas la peine, surtout
pour moi, 29. Le mercredi 7 décembre 2005 à 14:06, par Berlol : Bien, écoutez, tout ça ne mène à
rien. On va faire une expérience : je vais enlever tous les commentaires
de ce jour qui ont trait à cette querelle (la plupart) et qui n'ont
pas de valeur dans mes archives. Et puis de votre côté, vous
allez essayer dorénavant de ne commenter qu'en rapport aux billets
que je poste. OK ? 30. Le mercredi 7 décembre 2005 à 15:42, par k : z'étes fâché contre moi?????????? 31. Le mercredi 7 décembre 2005 à 16:46, par Bartlebooth : Je ne sais pas si c'est mieux comme ça. 32. Le mercredi 7 décembre 2005 à 17:46, par Berlol : Oui, c'est aussi mon opinion, je n'aime pas retirer, je l'ai
déjà dit. Mais cette fois, ça tournait vraiment à
vide. Donc, c'est juste une fois comme ça. Si ça peut servir
à une sorte d'auto-censure pour l'avenir... 33. Le mercredi 7 décembre 2005 à 17:57, par cel : On en arrive (à nouveau) à la propreté,
pas que je sois pas d'accord, ton blog est ton blog et tu le tiens comme
tu le souhaites, mais je préfère la couleur annoncée
(commentaire acceptés, ou pas de commentaire, au gommage après
coup de ce qui ne semble pas dans le ton). Comment pourras tu espérer
qu'une certaine liberté de ton se maintienne si tu signifies d'office
qu'on ne doit réagir qu'à ce que tu as mis, et non à
ce que d'autres ont mis en réaction ? Certains propos émis,
quand on est un petit peu exigeant, nécessitent des éclaircissements
avant de donner lieu à une réponse simple (du genre - sans
du tout vouloir faire remonter cette polémique, mais c'est pour moi
l'exemple le plus flagrant - comment puis-je répondre à priori
à quelqu'un qui classe la littérature par genre-sexe, même
si sa question de fond m'intéresse, surtout si je m'apprête à
lui répondre qu'elle raconte n'importe quoi : je ne peux pas, il me
faut en passer par quelques questions, de l'ordre du minime mais qui correspondent
à des bases, sans quoi je ne vois pas en quoi ni comment échanger,
ce serait débat faussé d'office et pour quoi ? maintenir la
politesse, l'ordre, l'acceptable ?), forcément ça peut donner
des débats qui n'en finissent pas de dériver. Et alors ? en
quoi est-ce si terrible, quand on a de fait un propos qui donne lieu à
autant de réactions, et qu'est-ce qui motive l'idée de faire
la fine bouche ? 34. Le mercredi 7 décembre 2005 à 18:17, par Berlol : Bon allez, un troisième avis dans ce sens et je remets tout ! 35. Le mercredi 7 décembre 2005 à 21:45, par alain : Oui, remets. 36. Le mercredi 7 décembre 2005 à 21:56, par Berlol : ... à plus tard ? 37. Le mercredi 7 décembre 2005 à 22:33, par Marie.Pool : Berlol,selon certains je ne comprends rien à rien,
je suis une enquiquineuse parce que je dis ce que je pense sur la littérature,je
me fais insulter ou agresser à longueur de temps sur votre blog et
pourtant je garde un certain sang-froid. Je ne changerai pas de ligne de
conduite car je suis certaine d'avoir raison sur le fond. Et cela agace terriblement.Non
cel, je ne raconte pas n'importe quoi pas plus que vous qui m'avez tendu
plusieurs perches en les retirant au dernier moment.Vous ne savez pas trop
comment vous y prendre avec moi, "coriace" comme dit l'autre et vous soufflez
le chaud et le froid sans vous résoudre à admettre que je ne
peux répondre à vos questions ou à vos demandes de précision
sur un ton "normal". J'ai été éduquée dans le
respect de l'autre et je vous fais remarquer que cet affolement autour
de ma personne est complètement ridicule et surdimensionné.
En tenant les même propos dans la vie courante avec des gens qui me
regardent droit dans les yeux , je n'ai jamais été agressée
. Vous croyez peut-être que je me déplace avec des gardes du
corps ? 38. Le mercredi 7 décembre 2005 à 22:51, par Berlol : OK, alors parlons-en et cessons de parler de vous. Ceci dit, je vous ferai remarquer que c'est surtout vous qui parlez de vous... Vous allez me dire que moi aussi je parle de moi. Mais ça c'est normal, puisque c'est chez moi, ici. En revanche, je constate que vous ne parlez pas beaucoup de vous chez vous. On a aussi le cas de K qui parle d'elle ici et pas ailleurs (maintenant c'est nulle part ailleurs, ici)... En fait, qui veut parler de soi en parle, mais qu'il ne vienne pas s'étonner s'il ne plaît pas à tout le monde. C'est vrai que le meilleur moyen d'être tranquille, c'est encore de ne pas parler de soi, comme les centaines de lecteurs discrets qui passent sans laisser de commentaires, et que je salue au passage. 39. Le mercredi 7 décembre 2005 à 23:27, par Marie.Pool : Tout s'explique. Je ne tiens pas de journal public. Je parle de poésie et de littérature parce que c'est cela qui m'intéresse .Le site que j'anime fonctionne un peu comme un atelier d'écriture qui s'intéresse à la genèse des textes et aux amitiés d'écriture. C'est donc très différent de ce que vous proposez ici. Il n'est pas commode de doser ce que l'on peut mettre de soi dans des contributions où un certain travail d'analyse littéraire alterne avec des anecdotes très personnelles qui correspondent peut-être à un prodécé de contextualisation de votre cheminement intellectuel. Encore une fois, c'est votre démarche qui m'intéresse, et jusqu'où elle peut aller dans l'hébergement d'une parole tierce. Il me semble que le choix de certains de vos textes répond indirectement aux questions de "tenue" que vous semblez finalement souhaiter . Ce qui ne me déplaît pas, vous vous en doutez. L'effet de miroir narcissique est inévitable dans le type de contributions que vous suscitez. La seule chose qu'on espérer de lui c'est qu'il n'enflamme pas l'écran autrement que sous la forme d'un enthousiasme pour le maniement des mots et du sens. Si cela va au delà, et que ça dégénère, c'est que quelque chose n'est pas suffisamment délimité pour que l'eau des phrases se tienne au milieu sans effets imprévus d'érosion et d'inondation. Moi je veux bien, et depuis longtemps passer l'éponge . Pas vous ? |
Mardi 6 décembre
2005. Aimez ! Aimé Césaire refuse de recevoir Nicolas Sarkozy. Commentaires1. Le mardi 6 décembre 2005 à 01:40, par Marie.Pool : Tout cela devient kafkaïen ou kafouillis (On va pas tarder à m'écrire qu'il faut laisser KAFKA en dehors de toute cette per(sé)cution... J'agrée...), une latte ,une batte, une blatte n'y retrouverait pas ses petiots. Mais je vois que tout le monde s'y met pour répondre à vos questions K. , alors moi, qu'est-ce que vous voulez, ça me rassure... Je ne vais surtout pas m'en mêler, si vous existez vraiment, vous êtes bien entourée à présent et je lis si mal que je vais encore faire des bourdes. Ne répondez pas à mes questions ça me fait du mal à présent.Je suis un être sensible et susceptible de répondre à côté de la plaque. Alors je plaque gentiment votre compagnie tout de suite ,ainsi personne ne souffrira intempestivement. J'aime bien l'idée de berlol sur l'invention k. ce n'est pas si faux que cela, sauf peut-être pour le choix du créateur. J'aurais plutôt misé sur FB ou JCB mais c'eut été diffamatoire...C'est plutôt du trouvé-créé (au bon moment) comme dirait le vieux Winnicott qui s'y entendait en squiggle. C'est bizarre la vie. Ne vous amusez pas trop sur mon dos, je sais maintenant que vous êtes accros, le fromage est battu ohé ohé ohé ohé, PLOUM ! 2. Le mardi 6 décembre 2005 à 01:49, par Marie.Pool : Me suis trompée d'endroit pour le commentaire , mais en tout cas je trouve que l'Aimé Césaire il a bon goût. La poésie est incompatible avec la répression. 3. Le mardi 6 décembre 2005 à 03:23, par Eli Flory : Quand Alvaro Gil-Robles, commissaire aux droits de l’homme
du Conseil de l’Europe, est venu en France, à la fin du mois de septembre
dernier, pour constater l'état déplorable de nos prisons,
Nicolas Sarkozy avait annulé leur rendez-vous... 4. Le mardi 6 décembre 2005 à 06:44, par Berlol : J'ai beaucoup hésité pour décider si
j'allais écrire autre chose, aujourd'hui. Mais cette phrase, qui
n'est d'ailleurs pas de moi, est parfaite. Son balancement entre les deux
noms propres, rythmée par les deux verbes. Ça n'atteint pleinement
son sens qu'avec le vide qui l'entoure. Je m'asseois donc parmi les lecteurs
spectateurs et je la contemple. À demain. 5. Le mardi 6 décembre 2005 à 11:32, par FB : oui, merci, et du coup je n'ai pas hésité à reprendre, avec un peu de contexte en plus _ c'est ce qu'on appelle un palindrome ? (oui oui, avec un algorithme bi carré tri orthogonal et un peu de "gématrie" ça doit) 6. Le mardi 6 décembre 2005 à 11:58, par k : je ne sais pasmais, j'ai ce sentiment d'emcombrement................ 7. Le mardi 6 décembre 2005 à 19:37, par Bikun : K serait peut-être Arte ou alors Alain qui en fait
est peut-être Barth qui serait lui même FB ou peut-être
Berlol... 8. Le mardi 6 décembre 2005 à 19:56, par Manu : Tiens, il y a écrit qu'il y a 7 commentaires mais je n'en vois que 6... 9. Le mardi 6 décembre 2005 à 19:58, par Manu : Ah, ben voilà, le message de Bikun (7.) est apparu. Un coup du cache ou du proxy ça... 10. Le mardi 6 décembre 2005 à 20:14, par Berlol : Tiens, Manu et Bikun ! Et presqu'en même temps... Ça
faisait un bail ! Z'avez l'air en forme. 11. Le mardi 6 décembre 2005 à 21:32, par Berlol : Nicolas Sarkozy renonce à son voyage... 12. Le mercredi 7 décembre 2005 à 05:19, par Bikun : Ca c'est de la télépathie! Sachant que nos machines ne sont pas forcément à des heures justes on peux considérer qu'on était exactement en même temps connecté sur le blog de Berlol!! 13. Le mercredi 7 décembre 2005 à 17:31, par Manu : Euh... sauf que c'est l'heure du serveur qui s'affiche... |
Mercredi 7 décembre
2005. La couleur des bords de Loire s'actualise. « Aucune situation sociale, même la plus dégradée, et même surtout celle-là, ne peut justifier d’un traitement de récurage. Face à une existence, même brouillée par le plus accablant des pedigrees judiciaires, il y a d’abord l’informulable d’une détresse : c’est toujours de l’humain qu’il s’agit, le plus souvent broyé par les logiques économiques.» C'est beau, c'est vrai, c'est ce que je crois aussi. Et tout le reste de la lettre ouverte est de cette trempe. C'est d'Édouard Glissant et Patrick Chamoiseau et c'est chez nos amis de Remue.net, sous couvert de François Bon. C'est beau, certes. Mais je ne suis pas sûr que le destinataire puisse concevoir tout cela ; je ne suis même pas sûr qu'il soit digne de recevoir cette lettre. Nous, oui, car elle est ouverte... Temps beau, sec, bien frais. Les gants sont utiles. Deux cours qui passent comme une lettre à la poste. Dans l'après-midi, je prépare des réservations d'hôtel à Orléans pour février ; jusqu'alors virtuelle, la couleur des bords de Loire s'actualise soudain. Ça me projette dans de l'avenir. Revenons sur terre. On n'est pas encore parti... Une partie de l'après-midi à réécouter la conférence de lundi soir. Voilà où elle est, la transcription ! Bonjour à Pierre, quand il passera par ici, un jour ou l'autre. Et bien sûr, je répète que cette transcription partielle est diffusée dans l'attente d'un accord, sur le mode du qui ne dit mot consent. « — Tu veux pas faire un ping-pong ? Il jouait avec mon prédécesseur au gymnase, le midi, une ou deux fois par semaine. Il me laissa installer la table parce qu'il souffrait des lombaires, se mit en chaussettes et remporta deux parties en sets secs, m'offrit la belle qui fut plus serrée mais la gagna. Ça allait sonner. Réintégrant ses mocassins, il dit que je me débrouillais. Je loupais trop de smashes parce que j'attaquais mal la balle et j'attaquais mal la balle parce que je tenais mal ma raquette. Il, j'en faisais ce que je voulais, me donna quelques conseils et, dans le vide, plusieurs fois, balança de grands pains du revers.» (Alain Sevestre, L'Affectation, Gallimard, p. 76 — on dirait moi !). Au sport, pédalant, suite de L'Affectation, donc, d'Alain Sevestre. Difficile de citer, plus difficile que dans Les Tristes. Densité de la page, quelque chose qui rend le plus souvent l'extrait orphelin. Revolver, envoyé séparément des autres ouvrages de ma dernière commande parce qu'il n'était pas tout de suite disponible, est finalement arrivé hier, alors que le gros de la commande, non. Allez comprendre... Oups !... Je viens de me rendre compte qu'il me reste une pile de copies à corriger ! Damned, I'm done... Commentaires1. Le mercredi 7 décembre 2005 à 16:29, par Bartlebooth : Je crois que je n'aime pas du tout les extraits de la communication
de Ouellet que tu nous offres : 2. Le mercredi 7 décembre 2005 à 18:11, par Berlol : J'aime bien la contradiction dans ton départ : "je
crois que... pas du tout". On voit que tu es désolé de ne
pas être d'accord ! J'ajoute qu'entre les morceaux de son cru, il
citait des extraits de poètes (Philippe Beck, Marc Blanchet, Romain
Graziani, Jean-Patrice Courtois, Jean-Louis Giovannoni et Caroline Sagot-Duvauroux)
qui illustraient assez bien son propos. 3. Le jeudi 8 décembre 2005 à 13:01, par Bartlebooth : Oui, restons courtois (à ce propos d'ailleurs, j'ai
eu Jean-Patrice comme professeur, j'en ai un excellent souvenir). 4. Le vendredi 9 décembre 2005 à 07:46, par Arte : Oui, à suivre. D'abord on est tranquille ici ! Ensuite,
tu dis bien (B.) ce que j'aurais mal dit : est-ce le poète qui est
en retrait ou les communautés même dans lesquelles il pouvait
politiquement (ou "humainement" simplement) s'investir qui ont disparues
? On voit mal un poète à l'UMP (Mes excuses Monsieur le Premier).
En passant, c'est en "retraîte", au sens propre (poursuivi, même),
que Neruda fit son oeuvre "engagée" véritable, le reste est
chants d'amour ! 5. Le vendredi 9 décembre 2005 à 08:03, par Arte : (et fais pas chier avec le lyrisme de Char, "Olympien", comme
disait Aragon, ça oui, mais lyrique !!!) 6. Le vendredi 9 décembre 2005 à 09:31, par k : et moi je dis merde heim, 7. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:06, par k : "et puis merde, fuck, la vérole, assez de mignardise,
assez da cucu cui-cui, assez de sirop, on n'est pas des malade, on n'est
pas des agneaux au biberon, des cendrillos, des frasies oiseuses, des bébés
dysney. On est des ogres, des vampires et c'est tout! 8. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:08, par Arte : Elle ne réussit rien du tout, qu'à se ridiculiser
! 9. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:09, par Arte : fuck la vérollllllllleeeeeeee, Rire !!! bien trouvé ! 10. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:12, par k : j'ai découvert brigitte il y a peu de temps pensant
que j'étais trop con pour comprendre et en fait cette chCONNE 11. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:30, par k : arte c'est pas "trouvé" c'est ressenti c'est plus grave 12. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:45, par k : ca c'est mon hymne ce qui me défini moi k 13. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:19, par k : et bah voila je me suis lachée, tanpis ça fait
du bien, 14. Le vendredi 9 décembre 2005 à 12:34, par k : tout les textes sont de brigitte fontaine, j'sais pas si on a bien compris, moi je sais pas écrire des trucs comme ça d'ailleurs!! 15. Le vendredi 9 décembre 2005 à 13:44, par k : bon ce soir c'est bf surement pas pour vous : 16. Le vendredi 9 décembre 2005 à 15:32, par Marie.Pool : J'aime beaucoup les textes de Brigitte Fontaine, surtout au temps où elle chantait avec ARESKI :"Nous avons tant parlé, toi avec moi, Comment se rappeler qui a dit quoi ". Brigitte Fontaine est un peu "space" et iconoclaste. Elle est aussi un superbe personnage médiatique. Je la connais depuis longtemps, c'est que je ne suis pas toute jeune... cela expliquant probablement mon déficit cognitif et affectif. Mais j'ai de bons médecins autour de moi. Ne vous inquiétez pas. |
Jeudi 8 décembre
2005. Relevant de somnolences méritées. Un jeudi à trois cours, donc fatigant. Sans parler des aléas des commentaires, dont je m'occupe trop. Retour à l'aporie qui les concerne... L'époche de nos jours où je me dois rester. Je rends le coffret de trois dévédés de Podium à David. Forcément, on reparle du film. Dans la version longue, qu'il n'a pas vue, il y a une scène que le réalisateur, Yann Moix, dans la version commentée, disait aimer beaucoup. Il s'agit d'une scène dans laquelle un groupe de sosies de Claude François, flanqués du sosie de Polnareff, font une descente dans une boîte d'aficionados de Sardou pour tout casser et enlever les trois leaders dans un entrepot désaffecté, les attacher chacun à une chaise, devant un haut-parleur de 100 Watts, d'où ils devront supporter dix heures durant l'écoute de Si j'avais un marteau... C'était marrant mais je trouve qu'il a bien fait de l'enlever de la version définitive : cette violence déplacée n'apportait rien au film et risquait fort de déplaire au vrai Sardou et à ses fans, ce qui n'aurait pas forcément été de tout repos. « La musique était antillaise à présent et le factotum, par goût personnel, en augmentait le volume à chaque morceau si bien que, à la fin du disque compact, on ne s'entendait plus et comme tous étaient déjà éméchés, lorsque, dans une parfaite maîtrise du matériel, il shunta le zouk pour la danse des canards qui passait sur une seconde platine, irrésistiblement attirés par les trépidations connues et assez sommaires du nouveau rythme, ceux qui avaient hoché la tête et tapé du pied dans un rayon de vingt centimètres autour d'une place qu'ils avaient sentie leur à force d'atermoyer, déferlèrent sur la piste en se tenant ardemment par la main, tirèrent par un pan les irrésolus qui à leur tour en décoincèrent d'autres, firent la chenille et se donnèrent à fond, conservant toujours, dans le délire, une certaine lucidité, riaient trop fort, gesticulaient outrageusement, pour montrer à qui stationnait encore le long du buffet que, de la danse des canards, ils n'étaient pas dupes.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 91-92). Plus tard, via Litor, relevant de somnolences méritées, découvertes coup sur coup du réjouissant Sarko Skanking, montage audio issu du blog onsfoudkilao, puis un Chiraff millésimé de chez Frédéric Pierron, à déguster avant les roboratifs montages Dassault de l'antisocial belge... Et relever le niveau pour finir, puisqu'on a parlé d'elle lundi et que j'avais précisément acheté ce livre en mars, en même temps que celui de Denis Grozdanovitch, je me souviens très bien qu'il pleuvait un peu, quand j'attendais Laurent... Voilà, huit mois après, je l'ouvre enfin... « pour la lenteur composer le mot fin les cassetins baillent aux corneilles leur trop plein plomb gobé par vitesse et la faim des corneilles dessus les cassetins le compost compose littéralité cristallisée sur la pulpe du doigt lettre extraite à longue pince épiler les bruits des mots ficher l'os au front de plomb le reste à la casse » (Caroline Sagot Duvauroux, Vol-ce-l'est, Paris : José Corti, 2004, p. 48) Commentaires1. Le jeudi 8 décembre 2005 à 08:25, par Marie.Pool : "C'est dire donc que la philosophie doit trouver en elle-même
sa propre justification, ses propres fondements, et, par suite, que chacune
de ses assertions doit être complètement fondée : elle
ne doit rien présupposer, rien admettre sans en connaître la
justification." 2. Le jeudi 8 décembre 2005 à 08:41, par FB : Relevé dans la liste Perec, peut intéresser
certain commentateur berlolien: 3. Le jeudi 8 décembre 2005 à 11:04, par Arte : Et tu as mangé quoi ? car ... 4. Le jeudi 8 décembre 2005 à 11:18, par Marie.Pool : Relevant de somnolences méritées ... le prix
Bartlebooth... Ca rend dubitatifs... 5. Le jeudi 8 décembre 2005 à 13:18, par iris : Relevé dans une revue littéraire 6. Le jeudi 8 décembre 2005 à 13:28, par Bartlebooth : Merci FB, mais ça me fait un doublon. 7. Le jeudi 8 décembre 2005 à 14:29, par k : bonsoir et merci, je me sens l'invitée d'honneur kome
dans ce film, vous savez, avec villeret. 8. Le jeudi 8 décembre 2005 à 15:23, par jcb : Bien sûr que k est une fiction. 9. Le jeudi 8 décembre 2005 à 15:37, par Marie.Pool : "Le journal prie instamment ses lecteurs de proposer les
concurrents de l'année prochaine. Le monde des arts en a besoin " 10. Le jeudi 8 décembre 2005 à 22:01, par FB : bravo Bartlebooth pour les subjonctifs, non je ne doutais
pas mais sait-on, bon c'est pas si évident à lire votre blog 11. Le jeudi 8 décembre 2005 à 22:33, par Marie.Pool : Retour à la case départ. Le responsable de
ce blog étant berlol,le seul a pouvoir selonFB identifier les adresses
ip... Je ne serais ¨même plus étonnée que la fiction
soit signée... FB... par réaction à la somnolence ou
à l'indolence...à l'impatience, à l'intolérance
etc... Quand on peut le plus on peut le le moins dit-on dans les milieux
électriques , et puis hier au soir, c'étaient les illuminations
à LYON , on m'a peut-être un peu éclairée aussi
en off... Et d'incice en indice, je me dis que la version Tiers Livre du
commentaire déjanté Duras n'est pas invraisemblable .Comme
dans le mystère de la chambre jaune, toutes les issues mal localisées
sont suspectes.Plusieurs meufs dans un sous-marin la première plombe,
la seconde surplombe, la troisième cherche des bouées qui n'existent
pas, etc etc...qui c'est qui les aide à remonter l'arbre tortueux
des causes pour faire des bulles ? Le saura-t-on jamais ? Et puis tiens,
ce superbe passage : 12. Le vendredi 9 décembre 2005 à 02:00, par alain : Le texte que présente Iris n'a rien à voir
avec ceux de K. 13. Le vendredi 9 décembre 2005 à 03:24, par Arte : Idem, Alain. 14. Le vendredi 9 décembre 2005 à 03:52, par Berlol : Tous les mains dans l'époche... 15. Le vendredi 9 décembre 2005 à 07:48, par Marie.Pool : Tiens, tiens, petit coup de fatigue chez les bretteurs... 16. Le vendredi 9 décembre 2005 à 09:32, par k : je vous prie d'arretez un peu sinon je vais etre vraiment méchante et je n'aime pas cel, mais si il n'y a que cette solution, je le serai! 17. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:06, par cel : faudrait peut-être un peu se calmer avec ces idées
de fiction, ça vous est venu à l'idée que vous pouviez
aussi simplement vous tromper ? oui ? non ? Et que ça peut-être
franchement désagréable pour quelqu'un d'être reçu
de cette manière ? non ? Regardant ça sans souci d'adresses
IP et hors de l'angoisse du complot, ça me fait mal de voir qu'on
peut traiter une personne de cette manière à partir d'un simple
à priori de langage. 18. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:10, par k : merci cel 19. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:14, par Bartlebooth : Je n'ai pas envie de résister au réflexe de
vous mépriser tous, sauf évidemment cel, arte et k. Comment
d'ailleurs, avec quelle force d'oubli et d'indifférence ? 20. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:28, par Arte : Cette femme vit dans la fiction, tout est fiction pour elle,
les colères des autres qu'elle imagine, les "cautions" qu'elle s'invente,
elle est dans des formes de pathologie impossible à traiter ici, aucune
discussion raisonnable, aucun argument de bon sens. Cel, tu en appelles à
son respect des autres ? Je crains que la notion "d'autres" soit très
abstraite pour elle. Sa façon d'exister est d'occuper tous le terrain,
le premier commentaire et le dernier de chaque article, et à repandre
son MOI partout, comme les enfants : elle n'est pas "responsable". Il suffit
de voir sa prose et sa poésie de gamine. Elle n'arrêtera donc
pas ses attaques, ses délires, ses jeux en sous-main, sa jalousie
de K., ses leçons de littérature, et ses matchs imaginaires.
Devoir encore intervenir, par amitié pure, pour dire à K :
oubliez cette pauvre femme, écrivez... c'est encore s'exposer à
ce qu'elle s'accroche à un mot, à un rien, pour faire son n°,
et j'en ai honte, d'intervenir encore, pour Berlol. 21. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:35, par k : elle vit, moi je suis morte nuance 22. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:36, par k : elle, elle n'est jamais morte c'en en mourrir, elle ne sait
pas, 23. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:16, par k : Monsieur >JCB 24. Le vendredi 9 décembre 2005 à 13:21, par Marie.Pool : Je suis devenu un personnage. Enfin ! Mon ego rutile et mutile
à ses dépens... Oui, je ris parce que la farce est tellement
grotesque qu'elle en devient exemplaire des maladies infantiles et éruptives
des blogs dits littéraires. Mais la littérature c'est aussi
la vie. Non ? 25. Le vendredi 9 décembre 2005 à 17:01, par Marie.Pool : Merci Berlol ! |
Vendredi 9 décembre
2005. En train sur l'efficace. Pas de sport, ce matin. Il faut faire le ménage, la vaisselle, passer l'aspirateur, étendre le linge... en écoutant le programme de nuit de France Culture, au hasard, une émission sur le sonnet, avec des lectures d'inédits de Pasolini et de réédités de Boris Vian. Cela ne me touche guère. Déjeuner chez Downey, juste avant la cohue, avec David et un autre collègue, appelons-le RM, on en aura besoin plus tard. Discutons du dernier casse-tête qui nous est soumis par le sort : que dès l'ouverture des réservations de vols pour la France, à trois mois d'un départ, il n'y ait déjà plus de places disponibles ! Une gabegie, quelque part. Qui se fout de nous ?... L'Affectation, dans le shinkansen. C'est son deuxième aller-retour et j'en suis à la page 120. Deux mille kilomètres pour 120 pages, soit du 17 kilomètres la page, ou deux lignes au kilomètre. Enfin, avec moi, c'est un peu comme ça pour tous les livres... « Je suis une structure accueillante, je suis une structure accueillante. J'essayais de m'en convaincre, de placer cette idée de moi ici, mais ce soir, comme les autres soirs, elle ne colla pas. Je ne tenais pas. J'attendais que vînt sur moi la contagion de la vie. Peut-être n'avais-je pas assez bu. Peut-être aussi n'était-ce pas mon projet. Oui, ce n'était pas mon projet.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 113) Je lève le nez. Quitte le livre, regarde vaguement le fond du wagon et me concentre sur la vision périphérique : apparaît le paysage lointain, fixe, et le défilement violent du proche paysage près des fenêtres, des deux côtés en même temps, bruyante sensation de vitesse, d'étroitesse du train, restitution de ce qu'est le percement sans fin de l'air, certitude que nos corps ne sont rien, n'ont aucune résistance dans cette vitesse des tôles... Je me rends compte que mon paragraphe sur l'identité/l'individu de dimanche dernier précédait de peu le texte de Pierre Ouellet, qu'il y a une question connexe mais deux traitements différents. Qu'il n'y a d'ailleurs pas eu de commentaires. J'ai quelque chose en train sur l'efficace, je ne dirai pas encore laquelle, mais pas le temps de finir ce soir. Demain, c'est la fin, la fin sans fin du Ravissement... Repassez ! Commentaires1. Le vendredi 9 décembre 2005 à 08:03, par Marie.Pool : " J'appris un peu plus tard, en appelant Marie d'une cabine
téléphonique, que l'enterrement aurait lieu vers onze heures
du matin, ou midi, elle ne savait pas, elle n'avait pas envie de me parler,
je n'avais qu'à la rappeler quand j'arriverais. 2. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:27, par alain : On repasse et repassera. 3. Le vendredi 9 décembre 2005 à 10:33, par k : mp : je crois que je vais me lacher, je pete un plomb un
cable mais la trop c'est trop en arriver là, c'est d'une konnerie!!!
et pour une konnerie c'est une belle konnerie, heim boby 4. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:11, par k : alian,; 5. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:23, par k : avec tout cela j'ai même pas lu votre note du jour,
je fais manger L et je lis, j'ai aimer sarko, et j'ai les poches sous les
yeux, et pas les mains dedans,pas tout compris, normale vu le niveau de
la fille. 6. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:41, par k : ALORS MP ON repond pas, 7. Le vendredi 9 décembre 2005 à 11:44, par pseudointellooo : y faut arreter la masturbation intelectuelle, cha rend sourd... 8. Le vendredi 9 décembre 2005 à 13:11, par Marie.Pool : Il faut arrêter de boire. Ca vous rend tristounets. Vous allez tous vomir sur les livres et après ils sont irrécupérables. Si Berlol laisse toute cette ivresse sur son blog c'est qu'il veut vraiment le saborder . 9. Le vendredi 9 décembre 2005 à 13:28, par k : buvez un peu à ma santé ça vous fera du bien 10. Le vendredi 9 décembre 2005 à 14:32, par Berlol : I s'en passe des trucs, pendant que je dors ! C'est fou ! 11. Le vendredi 9 décembre 2005 à 15:43, par cécile : www.brigitte-fontaine.com (bijou) 12. Le vendredi 9 décembre 2005 à 16:01, par Marie.Pool : Et bien voilà ! Nous y sommes. Berlol bravo ! Vous êtes un homme loyal et enfin vous-même. Pourquoi ne pas l'avoir dit plus tôt, vous avez laissé les gens s'énerver pour pas grand chose. Je ne suis pas mécontente d'avoir débusqué l'ambivalence extrême de votre comportement de webmaster qui peut être très dangereux pour des personnalités fragiles. C'est l'inconvénient aussi de mélanger le privé et le public. Les images et les traques photographiques qui figuraient à un moment sur vos liens auraient pu vous mettre en difficulté vis à vis de la loi. Je l'écris aujourd'hui sereinement. Je suis certaine que vous serez plus prudent à l'avenir. Je ne défends rien d'autre que l'image de la femme, vous en aurez fait les frais pendant quelques mois. La teneur diffamatoire des propos tenus à mon égard seront traitées ultérieurement. Je vous recommande donc la plus grande vigilance sur les propos tenus sur votre site après mon départ car ils complèteront un dossier déjà bien lourd. Cette fois je ne ris plus. Je vous salue. 13. Le vendredi 9 décembre 2005 à 16:06, par Berlol : Adieu. 14. Le vendredi 9 décembre 2005 à 18:13, par alain : Brigitte Fontaine. Areski et Brigitte Fontaine, alors là,
moi aussi, j'avais tous les disques, les premiers, je les ai perdus, ou donnés,
impossible de les dénicher en mp3. Je n'ai pu capter que "c'est normal". 15. Le vendredi 9 décembre 2005 à 23:15, par Manu : Bon, ça y est, c'est fini la cour de récréation
? 16. Le samedi 10 décembre 2005 à 00:32, par alain : Ah oui! 17. Le samedi 10 décembre 2005 à 00:59, par grapheus tis : Que c'est bruyant, ici ! Quand on n'a point tous les fils,
la pensée du pauvre lecteur se dévide à terre. 18. Le samedi 10 décembre 2005 à 01:09, par Christian : Quel niveau, Manu? 19. Le samedi 10 décembre 2005 à 05:05, par k : je tenais à voir remercier tous, et particulierement
mr berlol, 20. Le samedi 10 décembre 2005 à 06:30, par k : hier j'ai parlé de d'jack daniel que j'aime beaucoup,
mais mon d'jack à moi c'est mister |
Samedi 10 décembre
2005. Autre chose, et rarement. Lever tranquillement à 7 heures, comme jamais un samedi depuis le cours sur Duras — puisque c'est le dernier. Il restait assez peu de texte à voir. J'étais prêt hier soir. [RLVS-13] « Harassé, au bout de toutes mes forces, je lui demande de m'aider : Elle m'aide. Elle savait. Qui était-ce avant moi ? Je ne saurai jamais. Ça m'est égal. Après, dans les cris, elle a insulté, elle a supplié, imploré qu'on la reprenne et qu'on la laisse à la fois, traquée, cherchant à fuir de la chambre, du lit, y revenant pour se faire capturer, savante, et il n'y a plus eu de différence entre elle et Tatiana Karl sauf dans ses yeux exempts de remords et dans la désignation qu'elle faisait d'elle-même — Tatiana ne se nomme pas, elle — et dans les deux noms qu'elle se donnait : Tatiana Karl et Lol V. Stein.» (Marguerite Duras, Le Ravissement de Lol V. Stein, p. 188-189) Pour le retour à T. Beach, lieu du traumatisme originel, tout est marqué en clair dans le texte : la mémoire qui revient (173-175) dans le train, dans les rues, au Casino, et les vertus positives de cette remémoration accompagnée. Qu'il fallait être accompagnée de Jacques Hold, sur qui elle compte (to hold) — et elle ne peut compter que sur lui, puisque son mari la prend pour une irresponsable et Tatiana pour une dingue (163). Également écrit que ce mouvement de la mémoire n'est bon qu'en lui-même, au présent de sa psyché, que matériellement il n'apportera rien (qu'on ne revit ni ne répare le passé). Depuis Proust, on sait qu'on ne retrouve jamais le temps perdu. Au mieux on construit autre chose, et rarement. Après ces lumières (joie et lumière sont valorisées, 165, 169, 176), la fatigue, la sieste sur la plage (183), le creux de mer basse avant de reprendre le collier des jours, la fin probable (184). Mais Jacques a ce geste mental de nier cette fin logique pour appeler l'inconnu, pour revendiquer pour Lol et pour lui le droit à la liberté de la fin non écrite, de « la fin sans fin » (184). Et voilà justement qu'on invente qu'il faut passer la nuit ensemble, se déshabiller et entrer dans le même lit. Le choc est rude, pour Lol, de pouvoir aller au bout de ce que l'on veut quand tous vous en empêchaient depuis dix ans ! Alors, miracle littéraire, Jacques comme Duras, retirent les certitudes, comme la mer retire son eau, et laissent un texte ambigu, d'une beauté, d'une suggestivité que les lecteurs questionneront des siècles durant. « Elle m'aide », écrit-il, mais à quoi faire ? « Elle savait », oui, mais quoi ? Est-on dans le registre mental de la gestion d'une crise de nerfs, de folie douce, ou dans un lit où l'amant découvre la science de son amante (savante) ? Être reprise ou laissée, fuir ou se faire capturer, sont-ils des verbes métaphoriques pour un esprit qui déraille, ou décrivent-ils très prosaïquement un certain goût pour les jeux érotiques — dans lesquels Jacques retrouverait à sa grande surprise une sorte de Tatiana, sans le remords qui accompagne cette dernière dans l'adultère ?... N'est-elle pas ravie, Lol, elle qui n'était jamais là, d'y être enfin doublement, là ? À la fois elle-même et sa rivale, fusion ou alternance des complémentaires à la mode extrême-orientale, qui dépasse l'antagonisme, ce concept bêtement occidental. [/RLVS-13] En complément de programme, il nous reste juste assez de temps pour voir Nuit noire Calcutta, le court film de Marin Karmitz écrit par Duras alors qu'elle était en train de composer le Ravissement (1963-1964)... Et puis c'est l'heure du déjeuner à la Brasserie de l'Institut. Chacun(e) y va de sa thèse sur Lol : restera folle, sera guérie, restera folle, sera guérie. Chacun se fait sa conviction intime, ou l'a déjà depuis longtemps, mais tout le monde est d'accord pour dire que le texte est beau, émouvant, subtil, à jamais ouvert et accueillant. On ne s'est pas levé pour rien dix samedis de suite aux aurores... Repos jusqu'au départ de T. pour une réunion de chercheurs, puis lecture de la presse littéraire, de mes blogs amis... Au moment de démarrer Composants de Thierry Beinstingel (Fayard, 2002), je vois que c'est l'heure d'aller faire des courses et, sortant, je tombe sur Laurent qui venait me saluer. Aller-retour ensemble pour du pain et des jus de fruits (carburants pour vitaminer demain) puis copie de quelque 200 récentes émissions de France Culture sur un dévédé réinscriptible qu'il a amené avec lui. Enfin dîner au Saint-Martin, renouer avec l'agneau et le bordeaux. Entre autres sujets, on parlera d'Alain Finkielkraut dont je lisais tout à l'heure qu'il a (sans doute été poussé à faire savoir qu'il avait) renoncé à se rendre à Lyon, aux rencontres de la Villa Gillet sur la laïcité la semaine prochaine (il y aurait une pétition qui circulerait contre lui, pour une suspension de l'émission Répliques — quels que soient mes désaccords avec ses idées, je ne signerai pas une telle pétition). Ce jeune garçon de Dushanbe, qui semble si attentif, si soigneux, deviendra-t-il photographe à son tour ? Ou quel métier ? Il revient peut-être du lycée, il admire les photos de territoires vus du ciel. Il s'étonne sans doute des formes et des couleurs. Il acquiert une idée de la distance, de la distanciation, de la taille de la planète, de sa diversité géographique et aussi de l'unité que nous formons tous à sa surface. D'une certaine façon, il nous rejoint dans une conscience globale qui est exigée de nous, qui nous rapproche tous et qui est aussi en train de nous rendre ronflants d'idéalisme planétaire et malheureux d'impuissance devant la dégradation, la pollution... L'exposition des photos de Yann Arthus-Bertrand sur les grilles d'un parc tadjik reprend le principe d'exposition-promenade des grilles du Luxembourg. C'est peut-être la première fois dans ce pays. Merci à notre Bikun d'avoir capté cette expression qu'il n'expose pas dans son blog mais dans son site professionnel. Commentaires1. Le samedi 10 décembre 2005 à 11:09, par k : moi la photo d'aujourd'hui elle me fait penser à lui,
l'amant, le chinois, il aurait regardé longtemps pris quelque note,
et puis il re retour, va vers sa voiture, dès commme on en voit plus
maintenant, le chauffeur l'attends, lui, en face se trouve son lyvée,
à elle. 2. Le samedi 10 décembre 2005 à 15:25, par Berlol : L'IP 82.224.126.36 s'est amusé à se faire passer pour quelqu'un d'autre et pour moi-même, sans connaître d'ailleurs les mails associés. C'est gros et ça se voit de loin... Ça pourraît être marrant sauf que ça implique quelqu'un qui n'a plus la possibilité de participer. Donc, j'ai effacé tout cela et je prie IP 82.224.126.36... de garder le fictif dans le fictionnel. 3. Le samedi 10 décembre 2005 à 20:33, par IP 82.224.126.36 : Oui, merci d'avoir effacé. 4. Le samedi 10 décembre 2005 à 21:44, par Bikun : Merci Berlol pour cette petite note. Je pense que l'exposition
a eu un franc succès, pas forcément financier, mais simplement
le fait qu'elle ait eu lieu à cet endroit ou la culture telle que
nous l'entendons, nous français, est quasi inexistante. J'ai plusieurs
témoignages de gens travaillant dans des Organisations qui se plaignent
de l'attitude du gouvernement voire parfois des pressions qu'il exerce sur
les ONGs surtout celles qui travaillent de près ou de loin avec les
médias et divers autres sujets "chauds". 5. Le samedi 10 décembre 2005 à 21:46, par Bikun : Au passage, tu as trouvé l'unique photo de moi sur mon site...! Chapeau! 6. Le dimanche 11 décembre 2005 à 03:36, par FB : au passage, pour Bikun, tu crois toujours que c'est la peine de saboter chaque photo par le cartouche auteur en transparence au milieu ? le © berlol n'est pas très discret non plus sur les siennes _ il me semble qu'il n'y a pas grand risque que ça finisse chez Paris Match, et au contraire les emprunteurs tiennent en principe à faire un lien ? 7. Le dimanche 11 décembre 2005 à 03:57, par Berlol : T'as pas tort. Mon "© Berlol" est de l'ordre de la convention de genre, dans un coin. Pour Bikun, je crois que ça fait partie d'une autre convention, celle de la crédibilité professionnelle... Tant pis pour nous. Mais je vais quand même faire sa promo... ça me plaîrait bien qu'il en vive un jour, de sa photo. 8. Le dimanche 11 décembre 2005 à 04:38, par k : oui, c'est beau, je suis tombée sur des jeunes filles chinoise, dans une chaise à porteur rouge, ça m'a fait pnsé à lol, le scénario perdu de lol v Stein, j'en mettrai un bout ce soir, ,j'aime lire quand vous parlez de lol, si vous avez des note berlol, pensez à moi, j'aime ça lire se que voous en dites, moi je ne sais pas faire cela. bon, programme chargé pas trop de temps, à ce soir donc, mais vous dormiez surement......... 9. Le dimanche 11 décembre 2005 à 07:50, par Bikun : Pour FB, tu as raison dans un sens, ce cartouche "sabote"
un peu la photo, mais, et Berlol l'a très bien deviné, en
ce qui me concerne il ne s'agit pas uniquement de "protéger" la photo,
car effectivement il y a peu de chances que cela arrive chez Paris Match.
Hormis ce cartouche de toutes façons, il n'y a aucune façon
de protéger une photo. Il n'y a aucune technologie actuelle qui permet
de protéger une photo et peut-être que quelque part c'est mieux
ainsi. 10. Le dimanche 11 décembre 2005 à 07:51, par Berlol : En tout cas, je remets ça dans le billet du jour... Allez, je vais me coucher. 11. Le lundi 9 janvier 2006 à 08:06, par sabrina : Moi c'est le passage de la page 186 qui m'intrigue, une Lol
qui a repris sa mémoire se place devant la mer, et moi j'y ai vu
une image de ce qu'elle vient de vivre ou de ce qu'elle va vivre dans ce
"La mort des marécages emplit Lol d'une tristesse abominable, elle
attend, la prévoit, la voit. Elle la reconnaît." p. 186 12. Le dimanche 15 janvier 2006 à 17:01, par Berlol : Chère Sabrina, pardon de n'avoir pas répondu
plus tôt à votre commentaire et surtout merci d'avoir lu attentivement
l'ensemble des séquences [RLVS]. Outre les commentateurs "habituels",
vous êtes la première personne à avoir voulu discuter
d'un point de vue littéraire... |
Dimanche 11 décembre
2005. Dégagement soudain des horizontales. Ce matin, j'hésitais entre aller au ping-pong et rester avec T., pour faire des courses ou ce qu'elle voudrait. C'est finalement ça que j'ai choisi. Elle m'avait dit qu'aujourd'hui serait une sorte d'anniversaire, il valait mieux que je lui tienne compagnie, que j'accompagne sa tristesse. Il y a un an, en effet, nous accueillions son père dans un appartement préparé pour lui, il sortait de l'hôpital où il était censé être mort plusieurs fois depuis juilllet, il était en sursis, on ne savait pour combien de temps, deux semaines ou dix ans. Il a été sinon heureux du moins tranquille dans cet appartement — cinq mois durant, en fait. Je l'ai souvent vu sourire, souverainement calme. Il n'a plus vu l'univers hospitalier, ce milieu stérile et stressant, cette usine de déracinement pour les Japonais qui préfèrent mourir chez eux que survivre indignés de tubes vitaux. Et comme il avait perdu une partie de sa mémoire, il a rapidement pensé qu'il était ici chez lui. T. se souvient plus profondément que moi. Nous sortons vers 11h30 pour aller faire une course à Ginza. Coïncidence du calendrier, T. doit aller voir le prêtre qui s'est occupé des offices funéraires en mai dernier, pour régler le calendrier des cérémonies à la mémoire des morts et des ancêtres pour l'année à venir. Avant cela, nous déjeunons de sushis, excellents, au second sous-sol de Ginzacore, près du carrefour principal de Ginza. Nous déambulons une petite heure dans le quartier bien qu'il ne fasse pas très chaud. Prenons un café au Shiseido Parlour, un endroit chic mais non fumeur (nous préférerions le Paulista, mais trop de fumeurs aujourd'hui). Quand T. part pour le temple, j'oblique vers Tsukiji et je branche l'i-river sur un entretien de Laurent Goumarre avec Christine Angot. Je marche plein Est le long de l'avenue, vers le port, pendant que Christine raconte l'accueil épouvantable des Désaxés, double le quartier des poissonniers, désert le dimanche, enjambe des ponts, la Sumida, dégagement soudain des horizontales, elle raconte l'ami cinéaste qui ne créait pas. Et je me retrouve au pied de nouvelles tours qui forment un complexe de bureaux, magasins, habitations, là où il n'y avait rien depuis des siècles, Triton Square, quartier d'Harumi, où Christine s'énerve contre l'impuissance des autres alors qu'elle, elle fait son livre avec presque rien. Je déambule dedans, c'est sans intérêt, cette galerie commerciale, ressors derrière, par de petites rues, renjambe des ponts, il fait assez froid, Christine parle maintenant de la difficulté à s'accepter en tant qu'écrivain et quand j'arrive à une grande avenue où je dois attendre le feu rouge, elle craque, elle pleure d'aimer follement la littérature, au-dessus de tout. C'est pour ça que je ne transcris pas, il faut l'écouter, l'entendre. Je traverse, elle renifle et se reprend. Alors que je comptais revenir sur Ginza tout droit, j'avise une rue commerçante à l'ancienne, sur ma droite, avec des trottoirs abrités et la circulation fermée des dimanches. Dans mes oreilles qu'elle protège un peu du froid, elle raconte son plaisir à lire en ce moment un livre d'entretiens de Gérard Depardieu qui lui aussi est un fétu de paille à qui il arrive de toucher le ciel, elle raconte ce très vieil épisode du jeune Depardieu à ses premiers cours de théâtre, qui ne savait ni parler ni sa scène, et qui avait réussi à déclencher un fou rire général, lui aussi avec rien. Au bout de cette étonnante rue du milieu du XXe siècle, c'est la station de Tsukishima, sur la ligne qui rentre directement chez moi. Encore trop tard pour mettre au net mes notes sur l'efficace littéréticulaire. Si, si, vous verrez, c'est bien. Un jour prochain. En attendant, juste dire mon intime conviction qu'Angot est de la trempe des Duras, la seule à la rejoindre dans une certaine vibration de la corde vitale. Commentaires1. Le dimanche 11 décembre 2005 à 10:31, par fg : "qu'Angot est de la trempe des Duras, la seule à la
rejoindre dans une certaine vibration de la corde vitale..." 2. Le dimanche 11 décembre 2005 à 10:54, par Arte : Revu "La chatte sur un toit brûlant", (le film) 3. Le dimanche 11 décembre 2005 à 11:30, par k : même fin non, pour lol c'est: 4. Le dimanche 11 décembre 2005 à 11:30, par k : un ravissement 5. Le dimanche 11 décembre 2005 à 11:49, par alain : K, merci, pour l'autre jour, oui, je veux bien des chansons de B. Fontaine mais deux disques m'intéressent seulement qui ne semblent pas convertis, encore, au mp3. Il faut que je te dise lesquels mais ce soir, à cette heure, je suis déjà (comme la plupart du temps et de plus en plus) hors d'usage. 6. Le dimanche 11 décembre 2005 à 15:00, par k : je suis sur cette ile. elle fait 1 mètre de diametre,. 7. Le dimanche 11 décembre 2005 à 15:45, par k : c'est beau, j'ai pleurée ausi, oi aussi j'ai fait rencontre avec cette chose qui me dépasse, une recontre avec moi, un moi qui je ne connais pas, qu'il faut abriter, a qui il faut faire de la place, mais comme elle j'ai du mal, je ne sais pas le faire, je suis si petit, si rien face à ça.............. 8. Le dimanche 11 décembre 2005 à 16:14, par k : j'ai envoyé à l'homme A, je lui est dis de mettre le curseur à 18:50, se que je ressens, fasse à cet amour, comme elle face à l'écrivain qu'elle moi face à l'amour que je lui porte, à se qu'il m'a dit de moi..........., c'est ça 9. Le lundi 12 décembre 2005 à 03:08, par k : MD : « évidemment je peux montrer lol V.STEIN
au cinéma, mais je ne peux la montrer que cachée, quand elle
est comme un chien mort sur la plge, recouverte de sable, vous voyez………détriute
déjà filmée, pas sortie du livre………..mais déjà
abimée par les comentaires, les lectures………..quand elle remonte vers
le bal de stala, vers sa naissance, elle est déjà esquintée
comme une putain ; je la vois plein de fards, de bijoux, croulants comma
ça, sous les fards et les bijoux » 10. Le lundi 12 décembre 2005 à 04:52, par Berlol : "esquintée", je pensais justement à ce mot-là,
ce matin. Je ne sais plus pourquoi. 11. Le mercredi 14 décembre 2005 à 01:03, par caroline : Merci merci pour cet excellent moment de radio. Il y avait longtemps que je n'avais pas autant ri en écoutnat la radio ! C'est l'apothéose quand elle y met du Depardieu... Pauvre Duras, c'est pas sympa de la comparer à Chrisitne Angot. |
Lundi 12 décembre
2005. Je m'ai à l'œil. Avant ce journal et d'avoir des lecteurs, je n'envisageais les fuseaux horaires que de façon ludique (se lève ici, se couche là, amusant, l'idée) ou de façon pratique (téléphoner à quelqu'un sans le réveiller, compter les heures de vol). Maintenant, il s'agit d'une présence ordinaire. Comme on sait son nom, où sont ses clefs, qui l'on aime, je sais l'heure qu'il est ici et là. Premièrement. Ce que j'écris ici depuis deux ans n'est pas d'un genre. De plusieurs peut-être. C'est ouvert. On m'attend au tournant. J'y suis, je n'y suis pas. Chaque jour, je m'attends au tournant, moi aussi. Je m'ai à l'œil. Ce n'est pas une quête d'amour. Ce n'est pas la composition d'une œuvre selon un plan. C'est une expérience littéraire et réticulaire. Il y en a qui suivent, il y en a qui décrochent. Il y en a qui se méprennent, il y en a qui déraillent. Et puis moi-même j'en suis d'autres. On est embarqués. Deuxièmement. C'est une mutuelle considération d'exister. Elle me donne une satisfaction, celle d'utiliser efficacement l'inutilité de ma vie (au regard de l'univers), en occupant simultanément un grand nombre de lieux, en étant considéré comme interlocuteur par une inimaginable diversité d'êtres humains — presque tous francophones. Je dors, on me lit ici (dans un certain contexte : on a fait du café, c'est le matin). Je prends un train, on me lit là (dans un autre contexte : googlage de boulot, tiens, c'est quoi Berlol ?). Je lis untel, untel me lit, en même temps parfois. L'efficace d'une existence par sa démultiplication pourrait ne pas être nouvelle mais elle l'est. Elle l'est, cette efficace-ci, parce qu'elle se passe des pertes de temps (et) de la condescendance. La condescendance des éditeurs, la condescendance des critiques, la condescendance des circuits commerciaux. Je suis mon juge littéraire, mes lecteurs aussi ; entre eux et moi, personne. Personne pour venir mettre sa stratégie — une stratégie qui se réfère plus au groupe social où grenouille le fameux personne qu'à ma valeur (mesurable avec quel instrument, d'ailleurs ?). Troisièmement. Je ne dis pas que je n'aime pas le livre. Je l'admire et le vénère. J'en tripote et j'en dorlote tous les jours. J'en compulse et j'en expulse comme je respire. J'en compote et j'en tripulse, même. Mais j'essaie autre chose. On veut bien ? Je peux essayer ? Je ne tords pas les forêts ni ne fais de tort aux libraires. Quoique... Sans soumettre, sans les fourches caudines, sans les chiffres de vente ni les chèques à la clé. Étant en mille lieux du réticule, en milieu réticulaire, je suis à mille lieues de ceux qui font et profitent du milieu littéraire. Pourtant je (et d'autres) deviens ce milieu, en mille lieux. Quatrièmement. Alors, mon efficace ? Comprise ? Non, ne sortez pas les étiquettes mégalo ou schizo ! Reprenez la lecture, ce n'est pas long. Je vis ma vie, je n'en ai qu'une. Et en même temps, j'en projette des poussières partout dans le réseau. Des poussières spéciales, travaillées, biseautées, poncées, gavées d'électronique, qui gonflent, qui émettent un truc de ma composition, un mélange qui me vaut, qui me représente, chaque jour. Encore une fois, je ne suis pas seul. Pas le seul. Pas plus pas moins que d'autres, avec chacun son type de biseautage, sa ponceuse, son mélange. Nous sommes libres. Nous emmerdons la maréchaussée du livre. J'avais cette efficace qui me trottait dans l'esprit depuis un moment. Peut-être même d'avant. J'ai dû en parler déjà. Mais pas de cette façon concentrée, avec cette conscience claire et les fuseaux horaires dans ma main. Vendredi, dans le train, alors que je me figurais les Mercédès de Zwiertchlewski, dans L'Affectation d'Alain Sevestre (p. 110-113), les possibles permutations progressives des trois voitures jusqu'à Samarkand, c'est entré en résonance avec les pierres dans les poches de Molloy, le faire à défaire du Bartlebooth de Perec, et avec le défilement sauvage des paysages par les fenêtres, et les fonctions de géoposition des téléphones et des logiciels, etc., etc. Une résonance littéraire des êtres et des territoires qui fait que je ne suis pas condamné à ne vivre qu'avec les gens qui m'entourent localement et professionnellement, que je peux vivre littérairement avec des gens d'ailleurs, introuvables sans cette littéréticularité, qui m'apprécient et que j'apprécie, sans que je sois une charge pour eux, sans qu'ils en soient une pour moi. Car personne ne m'a empêché d'aller déjeuner au Saint-Martin avec T., ni d'écouter Étienne Balibar et Daniel Bensaïd dans les Vendredis de la philosophie. Ni de relire deux chapitres de l'Histoire de l'œil de Bataille, l'odeur de Marcelle (en l'absence d'icelle) et une tache de soleil (qui se passe sous la lune) pour en discuter au GRAAL. Ni d'abandonner mes amis sans dîner avec eux pour vite retrouver T., une salade de tomates, un poisson, et regarder avec elle la fin de Femme fatale et Mad Max, enregistrés respectivement la veille et l'après-midi même. Questions aux batailliens du réticule : le texte de la Pléiade, deux lignes avant le chapitre Une tache de soleil (p. 15) contient un verbe au futur : « Tu pourras lui fesser la figure [...] », alors que l'édition de la même version dans les œuvres complètes contient le verbe au conditionnel : « Tu pourrais lui fesser la figure [...] ». Ne serait-ce pas une co(q)uille de la Pléiade ? Ou ai-je eu la berlue ? Commentaires1. Le lundi 12 décembre 2005 à 10:51, par vinteix : En effet, c'est troublant... futur ou conditionnel ? Dans
les deux versions du texte, la Pleiade donne le futur... Dans les "Oeuvres
completes", le conditionnel est dans la 1ere version seulement (1928), pas
dans la seconde ; mais dans l'edition de Pauvert (2001), fac-simile des
2 versions, on a le futur dans les 2 textes. Dans l'edition de poche 10/18
(2eme version), on a le conditionnel... 2. Le lundi 12 décembre 2005 à 11:09, par vinteix : ... ou alors, bien souvent, aussi, des defoulements nerveux, des epanchements proches parfois de la crise d'adolescence, quand on voit l'opiniatrete avec laquelle les commentaires fusent, auxquels j'ai eu le tort, moi aussi, de me laisser prendre une ou deux fois... 3. Le lundi 12 décembre 2005 à 11:47, par vinteix : Dans le deuxieme message, je parlais bien evidemment des commentaires. 4. Le lundi 12 décembre 2005 à 12:18, par jorgensen : oui d'accord 5. Le lundi 12 décembre 2005 à 14:01, par FB : les questions ici évoquées sont toutes nôtres, même à fuseau horaire zéro _ l'espace commentaire, puisqu'ici on nous accueille, se devrait d'en être la mise en travail _ bon, à part "on me lilas" (en plein hiver) _ par exemple bizarre l'assimilation livre/chèque etc _ le dialogue entamé avec le Lichen, lichen d'Emaz ou cette lecture d'Alain Sevestre que je ne connaissais pas du tout, c'est à la fois dialogue avec le livre, et la preuve que le travail qu'on ébauche sur Internet dispose de sa propre autonomie, y compris dans les longueurs diffusables, et la description même du réel : comme si la description du réel était pour chaque époque et chaque technique un prolongement de la forme matérielle de la langue en partage - allez, j'arrête ou repars monologuer chez moi, JP Goux est venu dîner ce soir avec une bouteille de Morgon... 6. Le lundi 12 décembre 2005 à 14:07, par FB : ceci est un message privé (désolé Berlol)
: 7. Le mardi 13 décembre 2005 à 01:52, par Berlol : Merci, Vinteix, d'avoir vérifié. Comme quoi,
il y a toujours à faire gaffe. Sus aux coquilles ! 8. Le mardi 13 décembre 2005 à 02:07, par vinteix : Pour ce qui est des livres, c'est vrai aussi, en effet, "proportionnellement". 9. Le mardi 13 décembre 2005 à 03:52, par cécile : Berlol 10. Le mardi 13 décembre 2005 à 04:48, par Arte : condescendance ? Ca se transmet ? 11. Le mardi 13 décembre 2005 à 05:15, par Berlol : Hélas oui, Arte, c'est même une belle pendémie
! Fais gaffe à toi. 12. Le mardi 13 décembre 2005 à 10:24, par alain : moi aussi, je suis. 13. Le mardi 13 décembre 2005 à 11:39, par k : i tou 14. Le mardi 13 décembre 2005 à 11:53, par k : je suis là. je ne suis jamais loin. |
Mardi 13 décembre
2005. Mal camouflées, même pas noircies. Le froid se décide. Ce matin et surtout ce soir, j'ai apprécié mon manteau à haut col qui est, dans mon imagination, ce qui se rapproche le plus du carrick du Colonel Chabert. Sauf qu'à y regarder de plus près, ce mot désignerait plutôt une redingote de cocher. Ça doit être le col, protecteur, associé au froid russe d'où Chabert est revenu... (C'est pour un cours en janvier-février, je me remets dans le bain.) La langue va vite, elle vit, on la laisse vivre. Il m'arrive parfois de regretter certains glissements de sens. Cet après-midi, j'entends qu'à la suite d'un attentat, des gens s'enferment chez eux de peur d'éventuelles répliques. Moins d'une heure après, s'agissant d'un tremblement de terre, quelqu'un avait d'abord pensé que c'était une attaque terroriste. Ainsi le crime prémédité et la catastrophe naturelle échangent leur vocabulaire dans un chiasme que je trouve regrettable puisqu'il installe durablement dans les esprits l'idée que le terrorisme serait plutôt d'origine naturelle que d'origine (géo-)politique ou (mondialo-)sociale. — Oui, mais c'est ce que des gens ont dit ! C'est la vérité ! — Ah bon, et pas d'autres gens qui disaient autre chose ? — Ben si, mais c'est le journaliste qui choisit !... — voilà, c'est là que je voulais en venir... Autre regret — ça doit aller avec le froid... — : que le Magazine littéraire de décembre, reçu ce matin, titre sur la Bible. On en a déjà fait une tartine à la sortie de la fameuse (fumeuse ?) traduction dite des écrivains en 2001 — et c'est d'ailleurs l'occasion de la remettre en tête. Nul n'ignore que c'est un des fondements de notre civilisation, mais est-il nécessaire de le ressasser si souvent. Craindrait-on qu'en trop grand nombre (légion...) des gens soient en train de l'oublier ? N'y a-t-il pas une sorte de crispation chez certains, ou comme un sourd cri de ralliement, dans ces temps multi-ethniques et pluri-religieux ? Cela pourrait même être pris pour une provocation, si ce magazine était suffisamment lu. Ce dont je doute. En tout cas, j'y songeais depuis quelques mois, je ne renouvellerai pas mon abonnement. Bon, c'est un jour comme ça : le film que je regarde ce soir, Triple Agent d'Éric Rohmer (2003), me déçoit... triplement. L'histoire est réduite au cadre conjugal, le jeu des acteurs me laisse indifférent et les rues filmées sont visiblement des rues d'aujourd'hui mal camouflées, même pas noircies. Par comparaison celles de Bordeaux dans Bon Voyage sont autrement restituées et vivantes ! Je sais que Rohmer joue toujours avec les conventions du cinéma... L'Anglaise et le duc m'avait d'ailleurs beaucoup plu... Et pas que celui-là. Mais là, non ! J'essaie tout de même de finir sur une note plus mélodieuse... « laisser tant pis se rompre la langue mais je parle langue en bouillie de pierres précieuses au bourgeon dentaire pas de cellule haute ni l'adamante mais l'adamite cafouillage des gencives bourrées de silicone et des gencives défoncées d'expériences et des gencives édentées d'incisives avec la molaire ruminante alors tant pis le bézoard ne fallait pas ingérer leurs morales » (Caroline Sagot-Duvauroux, Vol-ce-l'est, p. 63) Commentaires1. Le mardi 13 décembre 2005 à 11:59, par k : c'est drole cette phrase d'angot,l'homme A la dit souvent. 2. Le mardi 13 décembre 2005 à 15:24, par k : Comme promis, et malgrès avec un s, la fatigue, l'angoisse,
je vous offre se passage du camion qui moi m'émeut beaucoup. 3. Le mardi 13 décembre 2005 à 15:25, par k : oh lala j'y que moi ici, vous me le dites heim si je ressemble à mp 4. Le mardi 13 décembre 2005 à 15:58, par Berlol : Pas de problème, K. Vous défendez votre peau et n'obligez personne. Total respect. 5. Le mardi 13 décembre 2005 à 23:44, par caroline : Pour "Triple agent", je ne suis pas d'accord du tout ! Justement,
Rohmer ne cherche pas à faire du vrai. Pas d'effets spéciaux.
On est dans la sphère de l'intime dans chacun de ses films. L'Histoire
(avec un grand H)est toujours présente, mais elle est vue à
travers une histoire( avec un petit h), le plus souvent sentimentale. Même
dans Les Comédies et Proverbes, les Contes des Quatre Saisons, même
s'il s'agit d'études sentimentales, la société contemporaine
est toujours présente. On peut se retourner sur son oeuvre et voir
plus de quarante ans d'un regard de sociologue posé sur la société
française. Quand il fait dans l'historique c'est pareil. Dans l'anglaise
et le duc, les décors sentaient le carton mais on y adhérait,
à cette histoire. Là, pourquoi aurait-il noirci les murs pour
faire plus vrai ? Rohmer prend des distances avec le réel pour, justement
rendre plus réel aux yeux du spectateur. Le jeu des acteurs très
"théatral" ou du moins décalé aussi contribue à
cette identification avec les personnages car ça laisse la place pour
les habiter et s'identifier. 6. Le mercredi 14 décembre 2005 à 01:09, par Berlol : Objections tout à fait recevables, chère Caroline. Il faudrait que je le revoie un jour où je serai mieux luné qu'hier. Je confesse cependant m'être ennuyé à plus d'un film de Rohmer, être devenu presque indifférent à son égard. "L'Anglaise et le duc", par son audace, avait relancé mon intérêt. Rien n'est perdu ! Ceci dit, même sociologiquement, Chabrol ou Mocky m'interpellent bien mieux ! (pour rester dans la même génération...) 7. Le mercredi 14 décembre 2005 à 07:16, par caroline : Je reconnais que Rohmer ne fait pas l'unanimité. Il agace. J'ai revu recemment "Pauline à la plage" avec Arielle Dombasle. J'ai été la seule à rester devant l'écran. Je voulais que mes enfants voient ce film (dois-je avouer que ma fille Pauline qui a 22 ans s'appelle ainsi parce que...). Tant pis, chacun ses manies ! |
Mercredi 14 décembre
2005. Nuit et saisissement. On peine, en fin de trimestre. Les bons rapports avec les étudiants n'y font rien. La perspective de réunions interminables pèse lourd, en revanche. Évasion par les oreilles, en début d'après-midi ; c'est une rediffusion d'entretiens avec Hervé Guibert dans À voix nue cette semaine, et une lecture en direct lundi soir dans Culture Plus. Le grain de sa voix, son calme dans le pathos biographique. Au sortir d'une réunion
nuit et saisissement du froid gazes nuageuses qui coursent et fuient la lune « Rouvrant un cahier d'août 1968 où j'avais jeté quelques notes sur les événements de mai que, les suivant de loin, et conformément à ma pente naturelle, j'avais tout de suite jugés avec réticence, je ne veux aujourd'hui en retenir que ma réaction à la lecture du sixième cahier de L'Éphémère paru cet été-là. J'avais été frappé par le fait que trois écrivains de ma génération parmi ceux que j'admirais, et admire encore, le plus, dont deux étaient d'ailleurs rédacteurs de la revue (les deux autres, Bonnefoy et Picon, ayant gardé le silence), René-Louis Des Forêts, André Du Bouchet et Jacques Dupin, écrivains plutôt secrets et que je n'avais jamais vu s'engager dans un débat politique, saluent l'événement avec une égale ferveur — ferveur que probablement, même sur place, je n'aurais pas partagée : chacun d'eux, d'ailleurs, très significativement, ayant cru voir là réalisé, ne fût-ce que pour quelques jours, le rêve même qui aimantait son œuvre : Des Forêts, une « parole bouleversante sortie comme la vérité de la bouche d'un enfant », Du Bouchet, une « vacance » nouvelle, Dupin un « soulèvement des signes »... Ces pages, sur le moment, m'ont ébranlé ; je devais être vaguement honteux de moi, qui n'aurais pas été porté par cette vague d'espoir fiévreux. Mais je me souviens que, poursuivant ma lecture de la revue, j'étais tombé sur le récit de voyage de Bashô traduit par René Sieffert : La sente étroite du bout du monde ; et que je m'étais dit aussitôt, sans plus réfléchir, que cette sente étroite était la seule que j'eusse envie de suivre sans me contraindre, la seule où je n'aurais pas bronché. Dès l'ouverture, dès le premier « coup d'archet » : « Mois et jours sont passants perpétuels, les ans qui se relaient, pareillement sans voyageurs. Celui qui sur une barque vogue sa vie entière, celui qui la main au mors d'un cheval s'en va au-devant de la vieillesse, jour après jour voyage, du voyage fait son gîte », j'étais entraîné, « lambeau de nuage cédant à l'invite du vent », prêt, dans cette acceptation, à toutes les haltes, à tous les passages, et même aux séparations (comme on est entraîné, si souvent, par ce voyageur d'une autre sorte, plus mélancolique, qu'est Schubert). Nulle révolte, ici, contre les pères ; mais la vénération de ce que le passé a eu de pur, comme telle stèle de mille ans qui, « dévoilant l'esprit des Anciens », tire des larmes au voyageur. Choses qui pourraient figurer à mes yeux les piquets d'une vaste tente, ou les points d'attache d'une toile d'araignée (c'est Joubert qui écrit que « le monde a été fait comme la toile d'araignée »). L'absolue merveille de cette prose, de cette poésie, est qu'elle ne cesse de tisser autour de nous des réseaux dont les liens, toujours légers, semblent nous offrir la seule liberté authentique.» (Philippe Jaccottet, La seconde Semaison, carnets 1980-1994, Gallimard, 1996, p. 135-137.) On reliera si l'on veut avec avant-hier, mais ce n'est pas obligé... Une note de bas de page de Jaccottet sur cette édition de Bashô précise que le texte a reparu « vingt ans plus tard à la Délirante, traduit cette fois par Jacques Bussy avec quelques autres pages sous le titre : L'Ermitage d'illusion [1988].» Commentaires1. Le mercredi 14 décembre 2005 à 09:14, par vinteix : Evidemment, quand on lit Jaccottet, la, on est dans ce que j'appelle de la litterature... 2. Le mercredi 14 décembre 2005 à 13:00, par Arte : "Pourquoi... être venus si loin... c'est le bout 3. Le mercredi 14 décembre 2005 à 15:05, par k : j'amerai ca oui que la question soit emportée, emportée
loin, 4. Le jeudi 15 décembre 2005 à 04:43, par cécile : Oh oui, cette voix d'Hervé Guibert. |
Jeudi 15 décembre
2005. Chocolat restera au singulier. Le chemin du désendettement... en 2007... Vous l'avez entendue, celle-la ? Villepin me fera mourir de rire, s'il continue comme ça. Pourquoi pas la sente du bout de la dette, pendant qu'il y est ! (Sous-entendu : quand il sera président...) J'étais bien content de mes étudiants de première année, tout à l'heure. J'ai senti qu'ils avaient tous bien perçu la différence entre d'une part l'idée générique du pain quand je dis qu'il faut acheter du pain (on verra ce qu'il y a...) ou que je vais acheter le pain (je sais de quoi je parle !) et d'autre part les réalités du monde que je dois exprimer avec des spécificateurs et des quantificateurs : une baguette de pain, des tranches de pain... Idem pour le chocolat : on en a tous l'idée et le goût, mais selon les cas, je le trouverai en poudre, en tablette, en boîte ou au poids, voire en tube ou en pot ; et si c'est en tablette, tablette peut bien être au pluriel, pour les gourmands, mais chocolat restera au singulier, alors que si c'est en boîte, ça sera plutôt des chocolats au pluriel, comme ceux de chez Neuhaus dont on me disait à Bruxelles que ce sont les meilleurs... Ça donne parfois des choses étranges, puisqu'on laisse les étudiants essayer diverses combinaisons, comme une bouteille de beurre — pourquoi pas — ou une livre de mouchoirs — en cas de gros rhume, alors. Ah oui, à propos des mouchoirs. Le dictionnaire électronique donne comme traduction ハンカチ (hankachi, de l'anglais handkerchief), ce qui est un mouchoir en tissu, plus très courant en France. Les étudiants m'en mettent volontiers une douzaine, de préférence de bonne marque, achetés au grand magasin — oui, tout le monde en a au moins un dans son sac (dames) ou dans sa poche arrière (hommes) pour s'essuyer le front l'été ou les mains aux toilettes. Et quand je leur propose d'acheter une boîte de mouchoirs, ils me regardent avec des yeux étonnés, presque réprobateurs... Alors que c'est ce qu'ils font tous !, répartis-je. Oui, sauf que ces mouchoirs-là, en papier, jetables, ils les appellent ティッシュ (tisshu, de l'anglais tissue paper). Tollé de surprise mais tout s'explique. Mais bon sang, c'était bien sûr ! Voilà le genre de choses qui font mon contentement... J'ai enfin retrouvé le chemin du centre de sport (sans attendre 2007). J'en ai profité pour allonger mon temps de pédalage et faire plus de kilomètres avec Alain Sevestre... « J'atterris au gymnase, dépliai la table de ping-pong, m'assis sur un banc, attendis Méton qui ne vint pas, m'étendis sur un tapis de sol, yeux au plafond, pensées vers Lili. Tous mes efforts pour l'oublier s'étaient anéantis en l'apercevant à travers le carreau, comme si nous ne nous étions jamais quittés, comme si je n'étais jamais sorti de cette histoire. Je m'en voulais d'avoir oublié que j'avais quelqu'un dans ma vie. Je l'aimais.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 128) Le nez dans le guidon pendant des dizaines de pages, le personnage semble ne rien comprendre ni ne rien pouvoir décider. Puis, de temps en temps, le narrateur perce le futur, une partie du futur, en trois-quatre lignes, vers là où le personnage ne sait pas encore qu'il va. Loin de désamorcer l'intérêt du lecteur, cela ne fait que l'accroître en le forçant à échanger la question qu'est-ce qui va arriver ?, trop banale, pour un lourd de conséquences comment ?, c'est-à-dire comment ces choses-là pourront-elles advenir ? « Mais aucun Superman-narrateur, version omniscient, ne perça l'azur de ses gros poings serrés pour prendre le relais.» (Ibid., p. 136.) Heureusement que j'ai vu hier un très bon film : Secret défense (de Jacques Rivette, 1997, avec Sandrine Bonnaire et Jerzy Radziwilowicz). Ça tranchait d'autant plus sur ce que je trouvais terne chez Rohmer que les thèmes du secret d'État et de la trahison combinarde s'y retrouvaient. En revanche, à la télé ce soir, Poison, un film avec Antonio Banderas (en fait Original Sin, 2001), un truc poussif que je regarde sans le son, en surveillant une mise à jour sur mon portable. Aucun besoin de connaître les détails de l'histoire, mimiques et décors suffisent pour redire une énième fois les aventures, les trahisons, les rebondissements d'un couple de joueurs d'argent aux cartes, ici avec possession, marquage au couteau et empoisonnement. La pruderie américaine précise que ce film « Contains explicit sex [...] », ce qui est tout à fait faux. Quand ils font l'amour, on voit un sein durant trois secondes avant qu'une main ne le recouvre gentiment, puis dix secondes le visage crispé de l'homme et ses doigts qu'il se mord (on imagine hors-champ une fellation mais elle pourrait tout aussi bien être partie faire du café...), puis les bustes superposés, lui au-dessus elle en-dessous, bougeant un peu une dizaine de secondes, mais rien d'effréné, enfin un plan fixe pris du plafond du couple endormi, d'où aucun sexe au repos n'est visible non plus. Voilà ce qu'ils appellent maintenant explicit sex... C'est presque aussi ridicule que du Villepin. Commentaires1. Le jeudi 15 décembre 2005 à 11:11, par Arte : Et handkerchief venant du Français "Couvre-chef",
le chemin du bonheur est total ! 2. Le jeudi 15 décembre 2005 à 12:33, par k : elle m'avait laissé le coeur dans la douleur 3. Le jeudi 15 décembre 2005 à 15:04, par k : je vais mettre sa veste rouge qu'il m'a laissé la
première fois qu'il est reparti. 4. Le jeudi 15 décembre 2005 à 17:48, par Manu : >tisshu, de l'anglais tissu paper 5. Le jeudi 15 décembre 2005 à 17:54, par Berlol : Non, non, tu as raison. Je n'avais pas à l'esprit que tissue en anglais prend un "e"... Merci. Je corrige dans le billet. |
Vendredi 16 décembre
2005. Éric Sadin unplugged. Je m'efface humblement devant Pierre Nora (Le Monde du 13 décembre 2005) : Avec cette commémoration, ou plutôt cette non-commémoration de la bataille d'Austerlitz, on touche le fond. Le fond de la honte et le fond du ridicule. L'Europe entière s'y est mise. La Belgique a commémoré Waterloo par une reconstitution géante qui a trouvé son succès public. Les Anglais ont commémoré somptueusement la bataille de Trafalgar, et la France y a envoyé son plus beau navire, même si l'homme dont il porte le nom, Charles de Gaulle, n'eût peut-être pas apprécié que la France participât à la célébration de sa propre défaite — mais enfin, nous y étions. Et voici que les Tchèques organisent avec éclat la bataille d'Austerlitz, la bataille des "trois empereurs". En attendant l'année prochaine, où les Allemands projettent ce qu'ils appellent eux-mêmes un "grand rendez-vous avec Napoléon", à Iéna et à Auerstaedt (1806 : victoires napoléoniennes contre le royaume de Prusse). Toutes ces manifestations sont le signe tangible que Napoléon n'appartient pas qu'à la France et qu'il est entré dans l'imaginaire et le patrimoine européens. Avec sa légende et sa contre-légende, avec sa situation ambiguë de porte-parole de la Révolution des droits de l'homme et d'unificateur d'une Europe à la française, par le fer et par le feu. Et la France ? Elle se décommande, elle se fait toute petite, elle se fait excuser, elle se cache derrière son petit doigt. On aura beau dire que ce petit doigt était quand même son, ou sa ministre de la défense, c'est ainsi qu'on l'a compris et qu'on l'a voulu. Et pourquoi ? Parce qu'un quidam a décidé, dans un pamphlet sans queue ni tête publié par les éditions Privé, que le Code noir préfigurait les lois de Nuremberg, et que Napoléon anticipait Hitler (il s'agit de l'ouvrage de Claude Ribbe, Le Monde du 1er décembre). Toujours cette manie d'aujourd'hui de ne juger l'histoire qu'en termes moraux et de plaquer sur le passé des grilles d'interprétation qui ne sont valables que pour le présent. Et quidam sans autre autorité intellectuelle ou morale que celle qu'on vient de lui conférer par aberration en le nommant par décret au Journal officiel du 10 novembre à la Commission nationale consultative des droits de l'homme. On croit rêver. Même ceux, dont je suis, qui ne sont pas des napoléoniens fervents se frottent les yeux et se sentent devenir à leur tour des "indigènes" de la Grande Armée. Les professeurs devront-ils cesser de dessiner au tableau noir Valmy, Austerlitz et Verdun ? Cesser d'apprendre à leurs élèves les vers de Victor Hugo qui plaisaient tant à Péguy : "Je ne hais pas d'entendre au fond de ma pensée / Le bruit des lourds canons roulant vers Austerlitz." Ceux qui ont eu plaisir à lire les Cent-Jours (éd. Perrin, 2001) d'un certain Dominique de Villepin plaignent l'auteur, qui a dû avaler son petit chapeau. Et tous ceux qui, décorés de la Légion d'honneur, se souviennent qu'ils la doivent à Napoléon, qui en a créé l'ordre pour des raisons militaires, doivent-ils maintenant se demander si le rouge qu'ils portent à la boutonnière ne doit pas leur monter au front ? C'est le moment de rappeler la remarque de l'historien Marc Bloch (1886-1944) : "Il est deux catégories de Français qui ne comprendront jamais l'histoire de France : ceux qui refusent de vibrer au souvenir du sacre de Reims et ceux qui lisent sans émotion le récit de la Fête de la Fédération." Il aurait pu ajouter : ceux qui ne sentent pas quelque chose se lever dans leur coeur avec le soleil d'Austerlitz. Au point où en sont les choses, pourquoi ne pas aller jusqu'au bout ? Encore un effort citoyen ! Ou, plutôt, puisque la responsabilité de cette pantalonnade revient à la plus haute autorité de l'Etat, qu'elle me permette de lui faire respectueusement une modeste suggestion : Monsieur le Président, vous aimez faire plaisir à tout le monde, ne vous arrêtez pas en si bon chemin. Pendant que vous y êtes, sortez donc Napoléon des Invalides pour le rendre aux Corses et mettez-y à la place la tombe de l'Esclave inconnu. Pour m'être engagé à fond en faveur de l'indépendance de l'Algérie, je sais qu'il y a bien des mesures à prendre pour mettre la France à jour avec sa conscience coloniale, toujours trop bonne ou trop mauvaise. Mais celle-ci est à coup sûr la plus lamentable, et seulement propre à perdre sur tous les tableaux. Pierre Nora, de l'Académie française, membre du Haut Comité des célébrations nationales. Et forcément, puisqu'on en est là, je dois aussi m'effacer humblement devant la pétition Liberté pour l'histoire (parue dans Libération du 13 décembre) : Émus par les interventions politiques de plus en plus fréquentes dans l'appréciation des événements du passé et par les procédures judiciaires touchant des historiens et des penseurs, nous tenons à rappeler les principes suivants : L'histoire n'est pas une religion. L'historien n'accepte aucun dogme, ne respecte aucun interdit, ne connaît pas de tabous. Il peut être dérangeant. L'histoire n'est pas la morale. L'historien n'a pas pour rôle d'exalter ou de condamner, il explique. L'histoire n'est pas l'esclave de l'actualité. L'historien ne plaque pas sur le passé des schémas idéologiques contemporains et n'introduit pas dans les événements d'autrefois la sensibilité d'aujourd'hui. L'histoire n'est pas la mémoire. L'historien, dans une démarche scientifique, recueille les souvenirs des hommes, les compare entre eux, les confronte aux documents, aux objets, aux traces, et établit les faits. L'histoire tient compte de la mémoire, elle ne s'y réduit pas. L'histoire n'est pas un objet juridique. Dans un Etat libre, il n'appartient ni au Parlement ni à l'autorité judiciaire de définir la vérité historique. La politique de l'Etat, même animée des meilleures intentions, n'est pas la politique de l'histoire. C'est en violation de ces principes que des articles de lois successives notamment lois du 13 juillet 1990, du 29 janvier 2001, du 21 mai 2001, du 23 février 2005 ont restreint la liberté de l'historien, lui ont dit, sous peine de sanctions, ce qu'il doit chercher et ce qu'il doit trouver, lui ont prescrit des méthodes et posé des limites. Nous demandons l'abrogation de ces dispositions législatives indignes d'un régime démocratique. Signataires : Jean-Pierre Azéma, Elisabeth Badinter, Jean-Jacques Becker, Françoise Chandernagor, Alain Decaux, Marc Ferro, Jacques Julliard, Jean Leclant, Pierre Milza, Pierre Nora, Mona Ozouf, Jean-Claude Perrot, Antoine Prost, René Rémond, Maurice Vaïsse, Jean-Pierre Vernant, Paul Veyne, Pierre Vidal-Naquet et Michel Winock Je me tais dans le silence de mon feuillage matinal pour que vous écoutiez François Bon dans les Affinités électives d'hier, aussi rapport à l'histoire, par un autre biais. Puis, dans Du jour au lendemain, les propos profonds d'Alain Milon (le lien audio sur son nom est le bon, tandis qu'encore erroné sur le site) et de Christian Prigent. Voilà, je reparais... pour dire d'abord que je cite ces textes parce que la politique commerciale des médias les rendra bientôt accessibles aux seuls abonnés. Or un citoyen n'est pas (qu')un abonné... Ensuite pour ajouter que j'ai quand même préparé mes trois sujets d'examen, mosaïques de petits exercices évoquant diverses périodes du programme censément connu des étudiants (c'est précisément ce qu'il faut vérifier). Digresser que j'ai déjeuné avec David d'un hambourgeois à l'avocat chez Downey et que l'on a bien ri alors que ce n'est pas si drôle que ça : le projet de contractualisation à durée déterminée de tous les professeurs... Informé depuis deux semaines, chanceusement disponible par vacance du cours du samedi matin, véhiculé jusqu'à l'Alliance française de Nagoya par un David que la performance intéresse aussi, me voilà enfin en présence d'Éric Sadin ! Il vient de publier Tokyo chez POL et la quatrième de couverture porte l'adresse du site qui s'articule avec le livre. Non pas qui le complèterait, ou dont il serait le complément. Non, il faut penser autrement, penser quelque chose d'articulé, de mutuellement dépendant et indépendant. Sauf qu'il manque un bout de câble pour relier son ordinateur à un projecteur... Et que l'on ne verra donc rien du tout. Rien qu'un performeur unplugged qui va partir dans une superbe improvisation de plus d'une heure. Superbe et instructive improvisation issue — c'est la que ça sert — de ses années de pratique textuelle, d'informatique et d'enseignement. Je ne me lance pas dans un résumé maintenant parce qu'il est tard, qu'on est allé au restaurant avec le directeur de l'Alliance et trois des étudiants d'Éric Sadin... Quelques photos, jusqu'à la sortie des stars, la dernière crevette abandonnée, et on verra demain. Je complèterai. Repassez !
Commentaires1. Le vendredi 16 décembre 2005 à 10:45, par Arte : Non ! N'écris pas ça, Jaccottet t'y incite,
mais n'écris pas ça, F. Bon n'est pas mauvais, pourquoi critiquer
toujours, et puis tu as promis de ne pas critiquer la littérature,
de rester à coté. Oui, mais Jaccottet, quand même, cet
esprit hors "esprit du temps" en 68, forcément hors nostalgie, 40
ans après, et tomber sur CA, ça incite ... 2. Le vendredi 16 décembre 2005 à 15:39, par Berlol : Je comprends ce que tu dis. Le principe de l'émission
de F. Isidori est d'ailleurs assez biographique, voire people parfois,
et assez souvent générationnel. De l'autre côté,
François Bon travaille sur la mémoire collective, l'Histoire
vue du côté du quidam qui prend le pouvoir avec les mots sur
sa propre mémoire, voire un peu plus loin. 3. Le vendredi 16 décembre 2005 à 16:07, par patapon : Quelques sugggestions: 4. Le vendredi 16 décembre 2005 à 16:09, par Berlol : Excellent ! Merci, Patapon ! 5. Le samedi 17 décembre 2005 à 13:37, par Arte : Au calme : 6. Le samedi 17 décembre 2005 à 15:00, par Berlol : Unisson et paradoxe, avec toi, alors, OK. 7. Le samedi 17 décembre 2005 à 18:49, par Arnaud : Pour moi, le texte de Nora est affligeant. On croirait du
Tulard, ou du Bluche. Voila ce que c'est de devenir académicien.
Ce type fut, un jour, intelligent. La vieillesse en habit vert est un naufrage... 8. Le jeudi 26 janvier 2006 à 15:48, par Bonaparte : Franchement, je ne comprend pas la réaction passéiste d'Arnaud qui me semble être trés déconnecté de la réalité nouvelle de la recherche historique. Un tel rejet de l'histoire de la Nation est un combat d'arrière garde.Pierre Nora ne s'est pas déjugé: il n'a en aucune manière désacralisé le passé national, il a juste effectué son boulot d'historien (qui est aussi le mien) en rétablissant certains faits que la tradition avait travesti. Il s'est toujours inscrit dans une tradition républicaniste de l'Histoire, à l'égal de Gauchet ou de Mona Ozouf. Le livre de Braudel est critiquable sur certains aspects (comme tt livre) mais il demeure néanmoins une magnifique tentative de comprendre, selon les méthodes des Annales, les ressorts de la Nation française. Trouver ce livre lamentable relève visiblement d'un esprit qui en est encore aux lubbies réactionnaires des années 60-70 refusant de comprendre la centralité du sujet Nation. Je félicite Pierre Nora pour avoir pris ces 2 positions courageuses en ces temps de politiquement correct et de repentance incessante. R Le Marchand Prof d'Histoire PS: Concernant les attaques basses contre Bluche et Tulard, je n'adhère pas spécialement à leurs idées politiques mais je leur suis reconnaissant comme toute la profession d'avoir permis d'améliorer notre connaissance sur 2 importants personnages de notre Nation : Louis XIV et Napoléon (qui , j'imagine, pour Arnaud sont d'affreux dirigeants totalitaires lol) |
Samedi 17 décembre
2005. Plus au large et en terre neuve. Jour de train et jour de marche — esprit en chemin Tiré d'un travail en cours
dirais-je si j'étais artiste — ou le prétendais mais même pas juste tâtonner être un peu satisfait Par grand soleil et manteaux ouverts, longue promenade avec T. pour digérer le gigot d'agneau-frites du Saint-Martin. Jusqu'à Jimbocho puis Ochanomizu, quartiers des magasins de sport et des bouquinistes, voisinage qui nous convient. On regarde les vélos, pour T. Ce serait d'une grande nouveauté. Interdit par sa mère car trop dangereux et trop peuple, elle en a très peu fait, a toujours craint les chutes, en a envie maintenant. On n'a pas encore choisi le vélo qu'elle parle déjà du casque, de son design. Avant l'acquisition, nous devons cependant attendre... la décision du syndic de notre immeuble ! L'espace étant limité, une autorisation de garer un vélo a été décrétée il y a deux ans, après que j'avais apporté celui que Bikun m'avait laissé, qui n'a jamais vraiment bien marché (roulé !), d'ailleurs, le vélo, et qui avait l'immense défaut, aux yeux des vieux péquenots qui font la loi dans cet immeuble, de ne pas avoir de système de soutien vertical — et la béquille que j'y avais greffée n'avait rien changé à l'ire péquenote puisque le vélo penchait et occupait selon eux la place de deux... Au-dessus du magasin de jardinage où l'on a acheté le citronnier il y a deux ans : ICI Sports, beaucoup de vêtements, plutôt pro que mode. T. trouvera deux pantalons et moi un bonnet qui couvre vraiment les oreilles — il paraît que de grands froids approchent... En redescendant, on demande conseil pour notre arbre qui végète depuis le printemps (et qui n'a pas donné de fruits cette année) : il est fort possible, nous dit-on, que la terre soit devenue alcaline, attendre le printemps pour le rempoter plus au large et en terre neuve. Juste à côté, en face de la librairie Tamura (vieil immeuble dont l'escalier penche à faire peur), Hakusuidou, chocolats, marrons glacés, magasin qui ne paie pas de mine de l'extérieur, en fait vieux style de fabricant de gâteaux à l'occidentale, marbre, espace vide, presque aseptisé, sans fioriture. On entre, T. connaît, et, comme les marrons entiers sont un peu chers, elle m'offre, sur ma recommandation, un sachet de brisures de marrons, presque entiers, en fait. J'y goûte dès la sortie et... ils sont excellents ! Un petit goût de rhum, pas trop sucrés, pas mous : c'est Noël ! J'ai repensé à ce que disait Éric Sadin hier. J'ai réécouté l'enregistrement pirate dont je l'ai informé après. Ça part dans tous les sens mais ça se tient, malgré le désagrément qu'il a dû ressentir à l'empêchement technique et le choix qu'il a fait de parler sans note. Allez, quand même un bonus collector de 7 minutes (il m'a autorisé), avec lecture d'un extrait de Tokyo, ce qu'il dit ne jamais faire... Puisqu'il est question de penser et techniquer, j'en profite pour informer les tokyoïtes mobiles lundi qu'il y a une journée spéciale à la Maison franco-japonaise, avec un film, The Ister, que je ne sais pas si j'irai le voir parce qu'il est un peu longuet, et surtout un débat avec Bernard Stiegler et trois universitaires japonais, Osamu Nishitani, Watanabe Moriaki et Ishida Hidetaka. Commentaires1. Le samedi 17 décembre 2005 à 08:34, par FB : Passage recopié chez Elisabeth F., à ajouter
à ta thésaurisation de tout ce qui concerne les salons, voir
: 2. Le samedi 17 décembre 2005 à 09:19, par Arte : Oui, Stiegler, suis preneur. Il y a dans ses analyses (peu littéraires), une perséverance à montrer comment se fabrique la mémoire collective. A insister sur ce que cette disposition à "concentrer" l'histoire obère, interdit, réduit et donc conduit à abaisser le NOUS au ON au profit d'un microcosme des JE (le village mondial ?). 3. Le samedi 17 décembre 2005 à 09:45, par FB : Bernard Stiegler travaille au dictaphone, sans doute ça
contribue à ses formes discursives et c'est sans doute aussi ce qui
rend bien vivants ses 2 derniers bouquins d'entretiens "Constituer l'Europe".
Si on a cet enregistrement mp3, on pourra le mettre en ligne conjointement
avec Ars Industrialis (dont la webmaster accompagne BS ce voyage!). 4. Le samedi 17 décembre 2005 à 10:32, par Arte : jaune (la ligne : cf. Prigent) 5. Le samedi 17 décembre 2005 à 12:14, par Bartlebooth : l'ironie - restons dans le ton de celui qui me juvénilise,
paradoxalement comme un écolier lance une boulette de papier mâché
à un camarade (non de lutte, hein, nous n'avons pas les mêmes
valeurs, je crois) - est que j'ai rêvé de FB pendant la diffusion
sur france cul : je ne me souviens que d'une bouille qui me paraissait étrangement
adolescente. J'ai réécouté l'émission en état
de veille, et je comprends mieux mon impression. 6. Le samedi 17 décembre 2005 à 12:39, par cel : Tout celà n'a rien d'une attaque en règle,
rebondissement sur rebondissement ça donne que plusieurs peuvent réagir
au même moment sur des points qui titillaient. Quand je lis, FB, ce
que vous avez choisi de citer, dans la façon "brute de décoffrage"
puisque cet extrait n'est en rien entouré par la moindre indication
de ce que vous, vous en pensez, donc quand je lis dans la citation : (mettons
que je me dise, que, citant tel quel, vous acceptez tel quel ce qui s'y dit,
donc, bref
"la nuance a peu de place". Cet avis de critique qui ne va pas bien loin
(comme éliflory a au moins le mérite de l'encadrer), qu'est-ce
qu'il fait ici, repris par vous, à part vous placer en position
d'auteur et nous, eux, les autres, en position de commentateurs un peu légers,
un peu pas à la (h)auteur, une matière brute de lecteur qui
agit et réagit en deça de toute réflexion appuyée
? C'est marrant cette manie de prêter attention au lecteur, aussi à
celui qui réagit, tout en le maintenant dans une position de masse
bouffonne et imprécise, voire d'assemblage de gueulards irréfléchis,
ah on reconnait par là au moins que c'est vivant (dans le grouillant)
mais finalement jamais tout à fait digne d'intérêt,
disons que ça fait certainement cool d'affirmer qu'on la considère,
cette masse. 7. Le samedi 17 décembre 2005 à 14:59, par Berlol : Eli écrit presque en tête de son billet, à
propos de l'article d'Amette : "En guise de tour d’horizon, un photomaton
pris du haut de l’iceberg…" Ça dit bien les choses, ce me semble. 8. Le samedi 17 décembre 2005 à 22:02, par alain : Quelle belle citation de Prigent ! oui, compromis, et puis
tourmente, et puis déchirement tout le temps, et puis impossibilité
d'apparaître nulle part physiquement en tant que quoi (et donc se
sentir bien ici même, car rien n'est réclamé). 9. Le samedi 17 décembre 2005 à 22:19, par FB : des titres, des titres, des titres ! j'aimerais qu'on référence
cet "illisible", histoire de savoir de quoi on parle ? pour le "fuck off"
je suis d'accord, mais disons que même chez Sex Pistols ou Gun Club
on perdait pas de vue le rapport à l'auditeur 10. Le dimanche 18 décembre 2005 à 02:41, par Arte : Mouaiiiiii ! 11. Le dimanche 18 décembre 2005 à 03:46, par Arte : "village mondial" ? C'est chiant, face à la revendication
sans doute sincère du Littéraire pour une sensibilité
particulière aux mots, de le voir charrier de citations en clichés,
des formules débiles, le transformant en gentil colporteur d'un inconscient
collectif préfabriqué. Sans vouloir faire dans la sensiblerie,
LeS mondeS, ce sont des lambeaux de mains, souvent noires de peau ou de crasse,
accrochées à des grillages barbelés, de l'autre coté
de l'enceinte du joli village selon Al Gore, marchand d'autoroutes reconverti
au numérique, inventant la formule dans un discours électoral
! 12. Le dimanche 18 décembre 2005 à 04:00, par k : et bien voila tout rentre dans l'ordre 13. Le dimanche 18 décembre 2005 à 04:46, par Berlol : Pour ce qui est de la "parole légitime (radio, etc.)", je crois qu'on s'illusionne un peu. Je vais en parler... 14. Le dimanche 18 décembre 2005 à 05:40, par Arte : eh eh, bonjour K. 15. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:13, par Bartlebooth : - pour ce qui est de référencer et de circonscrire
l' "illisible", ça a déjà été fait par
Prigent, encore, voir "Une erreur de la nature" (je voulais d'ailleurs y
revenir dans cette discussion que j'engageais autour de la conférence
de Ouellet -quand il parle de "pathologie langagière"-, à cette
idée de l'illisible comme erreur de la nature, ou de la culture). Je
n'ai pas envie de participer à cette liste, bien que, parce que perecquien
mais pas seulement pour cela, j'aime beaucoup les listes (c'est d'ailleurs
par mon intérêt pour elles que j'ai découvert simultanément
internet et pdj). Je mets en fin de commentaire le premier chapitre du livre
de Prigent, qui fournit de nombreux noms, et vous remarquerez que nous sommes
loin de Duras et Sarraute, loin, pour beaucoup d'entre eux, des célébrés,
des admis. 16. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:43, par Berlol : Tu sais que tu peux dire tout ça et même plus avec le sourire, Bartlebooth. Pourquoi ce ton un peu cassant de vertu outragée ? On est tous égaux, ici. Pour moi, l'illisible, c'est de l'illisible. Désolé, je préfère Sarraute. Et ce n'est pas parce qu'on vient après, qu'on est forcément meilleur. 17. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:44, par Bartlebooth : Ok, j'y vais de mon smiley 18. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:51, par Berlol : Arigato ! 19. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:51, par cel : FB, je réagis ici à ce que j'ai lu chez vous
qui nous y renvoyais. 20. Le dimanche 18 décembre 2005 à 06:59, par k : "vint la nuit et fut accomplie la conquête de l'esclave...Tandis
que plus doux, déjà près de s'éteindre encore
régnait dans le lointain le souvenir d'Elle"DC 21. Le dimanche 18 décembre 2005 à 07:08, par FB : pour Bartlebooth : 22. Le dimanche 18 décembre 2005 à 07:17, par Bartlebooth : ce qui me rassure - non, je doute -, ce que je souhaite,
c'est qu'il y ait toujours de l'entendu dans le malentendu, un fond d'entendu
qui dépasse le malentendu 23. Le dimanche 18 décembre 2005 à 07:24, par Berlol : Ouais, ben, ch'ais pas si c'est avec ça qu'i reviendra, mon FB. Bien vrai que le dissensus nous bouffe ! Sur ce, j'y vais... 24. Le dimanche 18 décembre 2005 à 08:40, par Arte : Ouaiii, ben vous commencez à faire chier les érudits,
les écrivains, les "pensants". 25. Le dimanche 18 décembre 2005 à 08:48, par cel : Je ne comprends pas, je comprends de moins en moins, on se
comprends vraiment de travers. Je ne croyais pas faire la leçon,
faut-t-il toujours préciser qu'en emettant quelque chose on ne prétend
pas nécessairement avoir le dernier mot, ni connaître le fin
mot ? Je ne parle nulle part d'un statut de l'écrivain, je parlais
de ce que je perçois d'une position qu'il m'a semblé voir,
qu'il m'a semblé que vous aviez quand vous commentez ici. Et quoi
? Il ne me semblait pas vous l'envoyer au visage, mais en gros le dire et
vous demander si je me trompe, et sinon pourquoi. Il y avait malentendu,
je voulais préciser, y revenir. Evidemment vous pouvez juger que c'est
un avis nul et qui ne mérite pas qu'on y revienne, et pour moi ce
serait sans souci ni rancune. Je me fais des idées, vous pouvez les
considérer ou non, je ne les considère pas comme inaltérables.
26. Le dimanche 18 décembre 2005 à 08:55, par Arte : FB : Cel me dit que le fond y est mais que la forme est violente ! Alors, j'ai hésité à rompre définitivement avec elle ... puis j'ai pensé à m'excuser ! Pour la forme, hein, pas le fond ! Parce que quand même PUTAIN ! (de merde). 27. Le dimanche 18 décembre 2005 à 09:13, par FB : bon, alors on s'excuse et on est copains, et vous dire simplement
que dans ce monde de merde ça fait quand même du bien des endroits
où on peut échanger sans qu'on vous tire aussitôt la
moquette de trabiole (le mot "campé") 28. Le dimanche 18 décembre 2005 à 09:30, par cel : Arte tu ne manques pas de culot, à ce compte là tu ferais dire ce que tu veux (par questions façon sondages) aux naïves dans mon genre :d. Quant à moi calmos, je ne fuis pas mais la journée à commenter il en sort généralement un arrière goût pas très chouette, y'a ma vidéo qui attends, 3 jours à faire un ralenti passable (K., les étagères, ça marche ?). Le malentendu peut s'estomper semble-t-il et c'est tant mieux. Je me rends compte encore une fois qu'essayant d'être un peu claire sur le contenu je ne maîtrise pas ce qui peut passer par le ton dans ce que je cherche à dire. C'est pas nouveau, hein ? constatations de débutante, la difficulté de la discussion par l'écrit, les tentatives d'être précis qui donnent un ton trop docte, l'évasif qui incite la dérive d'interprétation (oui le campé c'est issu de ça) et les smileys qui n'amènent pas grand chose. La prudence et l'intérêt c'est peut-être de ne pas se figer trop sur la forme (en disant ça je sens que je m'amollit - allez, gros poutous à tous, donc) 29. Le dimanche 18 décembre 2005 à 09:36, par FB : reçu et pris comme tel (un coup de Bourgueil en retour, chacun sa façon) ! 30. Le dimanche 18 décembre 2005 à 10:14, par alain : Mince, tout le monde s'excuse ! 31. Le dimanche 18 décembre 2005 à 10:24, par Bartlebooth : Ceci dit, puisqu'il y a dénouement, et pour ménager
la catharsis de chacun, je vais faire mon mea culpa, ou plutôt expliquer
certaines choses : 32. Le dimanche 18 décembre 2005 à 15:14, par Berlol : Le ton, c'est bon. 33. Le dimanche 18 décembre 2005 à 16:55, par Bartlebooth : Et le ton blanc (le degré zéro du commentaire),
c'est excellent ? 34. Le dimanche 18 décembre 2005 à 17:29, par Berlol : Tout à fait vrai que la complaisance est dans l'excès de connivence : trop accorder par avance, tout accepter de ce qui n'est pas encore donné. L'inverse de tout prendre de travers. Humaine condition coincée entre trop de défenses discursives (tour d'ivoire, intolérance, mépris hautain, etc.) et pas assez (cirage de pompes, fan club, foi aveugle en son grantauteur). Donc nécessité de pouvoir dire et critiquer positions et dérives. Mais ce que tu sors de derrière les fagots (Sitaudis) et qui a près de 2 ans est une vieille histoire ici décontextualisée, procédé douteux de ta part. On sait la concurrence et la mauvaise foi de bien des sites, ça grenouille pas mal, encore aujourd'hui, chacun veut tirer son épingle du jeu et si possible ramasser du succès, de la notoriété, des crédits publics ou du sponsoring, voire monter sa boîte, voire se faire introduire en bourse, etc. Pour tous ceux-là, le web est plus un champ de guerre qu'un salon littéraire. Gaffe à ça, aussi ! |
Dimanche 18 décembre
2005. Bonbon en heures de travail et en bande passante. Pour ce qui est de la « parole légitime (radio, etc.) » à laquelle Arte faisait allusion dans un commentaire du billet d'hier, je crois qu'on s'illusionne un peu. Prenons François Bon dans Affinités électives. Je ne sais pas, je ne lui ai pas posé la question, disons que je le fais ici (mais il n'est pas obligé de répondre, il le sait). Le sachant impliqué dans le web jusqu'au cou depuis près de dix ans, son site, Remue.net, Le Tumulte, etc., pourtant il n'en parle quasiment pas dans l'émission, juste une ou deux allusions. Et ça ne doit pas être de l'auto-censure, pas le genre du gars (à un moment, il reprend Francesca qui voulait dériver sur un truc perso pour recadrer dans le travail d'écriture — j'ai senti un poil d'énervement, là...). Donc, il pourrait bien y avoir, selon moi, un cadrage fait par la responsable de l'émission, la production ?, pour qu'on ne parle que de LIVRES, un peu d'ateliers parce que ça mène aussi à du LIVRE, mais pas de l'internet, non, soit parce que les auditeurs ne comprendraient pas, soient parce que ça ferait mélange de genres, etc. J'aimerais bien savoir. Par exemple, une suggestion, au passage, pour des producteurs malins, sur France culture, s'il y en a, pourquoi n'y a-t-il pas d'émission régulière sur les sites et les blogs littéraires francophones (c'est-à-dire en français) ? C'est quand même quelque chose qui fait partie du paysage, maintenant, ça fait dix ans que ça existe ; une radio publique peut commencer à considérer que ça devrait faire partie de ses missions. Surtout quand on a soi-même un site énorme (petite coucou à Anne) qui coûte bonbon en heures de travail et en bande passante. Au hasard, Arnaud Laporte, au lieu de nous mettre des rediffusions à tire-larigot dans son Culture Plus qui porte quand même un nom qui serait bien pour ce dont je parle, non ? Et l'argument qu'on ne pourrait pas faire ça parce que ça doit être VU et consulté, et qu'à la radio ça ne serait pas intéressant. Là, je suis mort de rire. Le LIVRE, c'est bien fait pour être VU et pourtant on peut le lire avec sa voix, on peut en parler avec l'auteur, des critiques, des lecteurs, des libraires, etc. C'est bien ce que fait la radio, je crois. Alors, le site web, le blog, c'est pareil, exactement pareil ! Mais je vais vous dire, moi, ce qui gêne. Et que même si quelqu'un dans la maison ronde a déjà proposé ça, c'est pas passé au conseil de je ne sais quoi de décision : c'est que ça touche au modèle — salut et merci à Éric Sadin, il comprendra — sur lequel toute une économie culturelle repose, et se repose (trop, peut-être). Qui n'est pas le modèle du LIVRE, non, ça serait trop simple. Mais le modèle géographique de la sacro-sainte centralité franco-parisienne. Comme je le développais déjà dans mon livre en 2002 (ton affecté, moue de dédain, vous me voyez, mais non, je ne suis pas comme ça... en fait, ça m'emmerde de devoir me répéter), la base de la question de la légitimité de la parole publique, c'est le désir, le fantasme de domination d'un territoire et accessoirement de ses habitants (parenthèse : le caractère chinois du pays était, avant une simplification stupide, un carré symbolisant un territoire, contenant une bouche et une lance, 國, car c'est par la parole et l'arme que le territoire se défend — la simplification les a remplacés par le caractère du prince, 国... mais T. me dit qu'avec la disponibilité informatique des caractères anciens, leur usage reprend, notamment dans des noms propres, espoir !). Pour développer un site internet de France Culture, il a fallu faire admettre ou concéder à des dirigeants qui ne visualisaient que les auditeurs FRANÇAIS qu'il existait potentiellement des dizaines de milliers de personnes hors de France, hexagone et possessions, et même hors de Francophonie, qui pourraient être des honorables auditeurs quand même. Alors que pour nous, hein, Arte, tu m'accorderas cette communauté littéréticulaire-là, pour nous c'était une évidence absolue ; on ne comprend même pas qu'il puisse y avoir réticence. Pourtant, c'est dans cet effort à comprendre cette réticence de dirigeants tout de même très intelligents que l'on pourra envisager d'avancer sur cette question de la connerie d'une fiction d'un village planétaire, littéraire ou pas, bien pratique à mettre en décor de carton-pâte pour masquer, ne pas voir la réalité : le réseau, la déterritorialisation, c'est-à-dire la déterrioration du concept de territoire continu et figurable en deux dimensions sur un plan (la carte géographique est tout de même un modèle qui a quelques centaines d'années derrière lui), au profit (?) d'un concept de réseau à cinq dimensions (l'adresse web, la réticularité, le temps, et accessoirement les deux dimensions de la géoposition). Alors une nouvelle émission (Jeux d'épreuves) qui serait faussement nouvelle, resucée du Panorama défunt et du Masque et la Plume débilitant, c'est dans son principe du pur recul, de la recherche de spectacle, le contraire de ce qu'il faut faire aujourd'hui — sauf pour perpétuer le modèle de la cour, plaire dans un pré carré où le prince a remplacé l'arme et la parole. L'autre côté, ça sera peut-être un peu par là, Netizen, mais ce n'est pas sûr du tout... On verra, on mettra à l'épreuve. Ma journée, dans tout ça. Bien motivé pour aller en découdre avec une planche caoutchoutée autour d'une table verte, j'ai traversé le froid sibérien jusqu'à Shibuya et ai attendu, attendu... mais personne n'est venu. Hisae avait renoncé hier, par courriel, alors que Katsunori avait confirmé. Vers 11h15, alors qu'assis sur un fauteuil de la réception pongistique je lisais Sevestre quand son personnage de L'Affectation s'installe enfin dans un appartement, il me téléphone (Katsunori, pas Sevestre) avec une voix de déterré. On apprendra après qu'il a fait la fête, n'a pas su comment il était rentré chez lui... Je repartais quand Manu m'a appelé pour déjeuner, finalement. Rendez-vous à Hachiko Square. Je fais quelques courses. Katsunori me rappelle, il vient d'arriver à Shibuya. Rendez-vous à Hachiko Square. Déjeuner à trois au Tsubame Grill, parlant froid, ping-pong, blog, etc. Puis passage à Tokyu Plaza, immeuble de boutiques, pour café et gâteau. J'y acquiers aussi les dévédés japonais du Parfum d'Yvonne (film de Patrice Leconte, 1994, d'après Villa triste de Patrick Modiano) et de Va Savoir (de Jacques Rivette, 2001). « Dans la chambre, il mangeait toute la place et je me pris à regretter sa présence, à regretter d'avoir cédé. Enfin j'en avais un. Il en fallait un.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 205) J'y vais. Commentaires1. Le dimanche 18 décembre 2005 à 07:42, par Arte : Ah ben ça y est, tu m'as trouvé une japonaise
blonde de 1m80
2. Le dimanche 18 décembre 2005 à 07:44, par Berlol : Ouais, mais j'ai pas son téléphone. Et suis même pas sûr qu'elle soit Japonaise... 3. Le dimanche 18 décembre 2005 à 08:08, par Arte : mgmmnnngmnnn 4. Le dimanche 18 décembre 2005 à 08:23, par Eric : Salut Patrick, 5. Le dimanche 18 décembre 2005 à 10:27, par alain : Bon ben, comme chacun s'est caressé dans le sens du
poil, que personne ne claque la porte, je me demandais, tu l'as sans doute
déjà dit, ou bien tout le monde le sait ici sauf moi, ça
représente quoi la photo en haut du blog ? 6. Le dimanche 18 décembre 2005 à 12:39, par k : "Duras que l'on a pas "bien" lue, mais croisée, et
il fallait "l'âge" pour la lire vraiment" 7. Le dimanche 18 décembre 2005 à 15:29, par Berlol : Pour Alain : ça vient du 16 juillet 2004,
d'un dîner d'hugoliens dans un restaurant de Kyoto, quand j'ai planté
une brochette de yakitori dans une feuille de physallis pour en faire un
radeau de fortune de la poésie... 8. Le dimanche 18 décembre 2005 à 16:29, par Berlol : Merci Eric, je vais écouter attentivement cette émission
demain. Pour autant, ce n'est pas une émission régulière...
Pour Guibert, j'ai tout enregistré, of course. 9. Le dimanche 18 décembre 2005 à 21:00, par Arnaud : Bonjour. 10. Le dimanche 18 décembre 2005 à 22:03, par koike1970 : Berlol-sama |
Lundi 19 décembre
2005. Les sources du Danube. Grrrrr... ! Je suis furieux. Contre eux. Contre moi. Comment ai-je pu être assez bête pour croire un instant que Bernard Stiegler serait là, à Tokyo, pour cette seule demi-journée à la Maison franco-japonaise ? Comment ai-je pu être assez négligent pour ne pas m'enquérir d'autres dates éventuelles, ici ou là ? Faut-il vraiment que j'aie la tête ramollie par la fin de l'année ? Ou l'horizon de pensée réduit à la modération des commentaires du JLR ? Nom d'un petit bonhomme ! Je me souviens bien qu'à une époque je remuais web et mail pour avoir toutes les dates, et qu'ensuite je courriélais ça à une douzaine de personnes en sus de la chronique du GRAAL. Les trois ou quatre personnes à qui j'aurais pu demander cela étaient bien là aujourd'hui, notamment Corinne, Gabriel et surtout Patrick De Vos, celui par qui j'ai connu François Bon il y a six ou sept ans. Depuis des mois, il m'envoie des messages qui lui reviennent, bad adress, que ça dit. Enfin voilà, dès le début, quand je suis arrivé dans l'auditorium de la MFJ pour voir le film The Ister, vers 14h45, j'ai trouvé le maître d'œuvre du colloque, Hidetaka Ishida, qui m'a dit qu'il y avait eu séminaire avant-hier et journée publique hier à Todai. Alors que je n'ai même pas pu jouer au ping-pong ! Déconfiture et morsures de poings... Le film était très intéressant. Franchement, je n'ai pas vu passer les trois heures. Les interviews de Stiegler, Nancy et Lacoue-Labarthe, entrelacées à la remontée du Danube (Ister est son ancien nom) contemporain, passant par Vukovar de triste mémoire, détour par Mauthausen, fin sur la cabanne de Heidegger et les sources du Danube, l'officielle et l'officieuse, sans oublier le substrat poétique de Hölderlin que Heidegger lit à la toute fin. C'était la première au Japon d'un film qui, si j'ai bien compris, a fait l'objet d'une soirée spéciale à Beaubourg en janvier dernier. Après cela, connaissant ma petite nature fragile, postérieur et dos déjà bien moulus par des chaises tout de même pas au top de l'ergonomie, j'avais les pires craintes sur ma capacité à supporter stoïquement un débat de quatre-vingt-dix minutes... Là aussi, bonne surprise car de la clarté avant toute chose. De gauche à droite : Hidetaka Ishida, Osamu Nishitani, Bernard Stiegler et Moriaki Watanabe. Avant comme après le débat et bien que je fusse seul au premier rang, je n'ai pas cherché à approcher les conférenciers. Il y avait trop de monde, plus de cinquante présents, surtout des étudiants japonais. J'ai appris aussi par Gabriel que la plupart des œuvres de Stiegler sont traduites ou en cours de traduction. Cela signifie sans doute pour les années à venir une vague de stieglerisme dans les mémoires de troisième cycle nippons. Et quelques autres voyages pour un philosophe dont la pensée le mérite largement. Je ne voudrais pas m'avancer et je vais vérifier précautionneusement (en réécoutant mon enregistrement), mais je crois avoir enfin compris les grandes lignes, les contradictions et les limites de la philosophie heideggerienne. Pourquoi il est important, incontournable, malgré ce que l'on peut lui reprocher. Cette révélation est sans intérêt pour l'humanité, mais c'est un grand pas pour moi. (Je recopierai plus tard quelques extraits parce qu'il est déjà tard.) Commentaires1. Le lundi 19 décembre 2005 à 08:10, par vinteix : Au sujet des differentes presences et interventions de Stiegler au Japon, j'aurais pu te renseigner aussi depuis un petit moment... Malheureusement pour moi, suis retenu a Fukuoka... 2. Le lundi 19 décembre 2005 à 11:33, par Arte : Tu t'es renseigné sur la blonde ? 3. Le lundi 19 décembre 2005 à 12:06, par k : bah il a pas eu le temps, a été troublé aujourd'hui, mais il va penser à vous je pense........... 4. Le lundi 19 décembre 2005 à 13:46, par Arte : ... pour savoir si elle est japonaise ! 5. Le lundi 19 décembre 2005 à 14:22, par Berlol : T. me dit qu'elle doit être japonaise. En revanche,
c'est une fausse blonde. Je t'envoie le billet d'avion à quelle adresse
? Merci, K, de le faire attendre pendant que je dors... 6. Le lundi 19 décembre 2005 à 15:37, par k : et pour moi un japonais, riche de préférence,
souvent abscent me conviendrai, vous avez ça??? 7. Le lundi 19 décembre 2005 à 17:13, par Arnaud : Oui, moi aussi je suis furieux contre moi-même de n'avoir
pas su qu'il y avait un colloque de trois jours autour de Stiegler !! Quand
Ishida a dit hier que c'était la 3eme journée, j'ai senti mon
estomac se retourner ... ... En plus, à Komaba, c'était tout
près... 8. Le lundi 19 décembre 2005 à 17:17, par Arnaud : Le problème vient vraiment de la page de la MFJ sur ce coup-ci. Alors qu'ils collaboraient avec Tôdai pour le colloque, ils n'ont mentionné que la 3e journée sur le site... 9. Le lundi 19 décembre 2005 à 18:22, par fg : je signale à tout hasard cela sur Lol : 10. Le lundi 19 décembre 2005 à 18:54, par Berlol : Arnaud, tu le croiras pas ! Quand j'ai dit à I.H. que je n'avais pas reçu d'information, il m'a répondu que cela avait été publié dans le Asashi ; je lui ai dit que je ne lisais pas ce journal ; il m'a répondu que tous les intellectuels japonais le lisent tous les jours... 11. Le lundi 19 décembre 2005 à 23:32, par vinteix : Si je puis me permettre cette petite remarque en passant... Je ne connais pas personnellement I.H., mais j'en connais d'autres ("intellectuels japonais") dont un autre qui apparaît sur la photo ci-dessus... et je trouve qu'il y en a pas mal (de ces "intellectuels japonais", mais sûrement comme beaucoup de français aussi...) qui, quand ils ne sont pas '"mauvais" ou "nuls" (j'use de termes usuels et approximatifs pour le dire vite), sont franchement hautains ("tengu")... heureusement, pas tous, bien sûr... 12. Le mardi 20 décembre 2005 à 00:19, par Bikun : Ben alors Berlol, on lit pas le Asahi? Si tous les intellectuels
japonais le lisent et pas Berlol, est-ce que Berlol n'est pas un intellectuel?!
Equation mathématique difficile à résoudre. Et les
intellectuels français, eux, ils lisent quoi? Le Monde exclusivement?!
Et les autres ils lisent sans doute Picsou magazine... 13. Le mardi 20 décembre 2005 à 00:41, par Berlol : Bah..., c'est-à-dire que moi, je ne lis plus aucun journal... Un peu de radio, un peu de télé et beaucoup de pages web, et plus de sites indépendants et de blogs que de médias officiels... Alors la posture de l'intellectuel lisant Le Monde ou L'Asahi (Asahi ou Asashi ? je ne sais même pas !), c'est une chose qui m'est inconnue et vaguement hilarante, en fait. 14. Le mardi 20 décembre 2005 à 01:46, par Arnaud : Berlol, en fait moi (comme toi sans doute), j'ai fait confiance
au site de la MFJ... C'est que lorsqu'il y a "d'autres journées" qui
se déroulent "ailleurs", c'est signalé d'habitude... Surtout
si c'est à Tôdai, université avec laquelle ils ont tant
de contacts. 15. Le mardi 20 décembre 2005 à 01:48, par Arnaud : Au fait, as-tu enregistré aussi la partie en japonais ? Je peux revoir cela avec toi si tu veux. Ce que disais Nishitani était très intéressant. 16. Le mardi 20 décembre 2005 à 02:10, par Berlol : Gabriel Mehrenberger a déjà traduit en japonais
plusieurs Stiegler parus ou à paraître (il donne cours de philo
à l'Institut sur Stiegler depuis plusieurs semestres, déjà).
Et le groupe de Todai (je ne sais pas qui) serait en cours de traduction
des volumes de La Technique et le temps... À vérifier. 17. Le mardi 20 décembre 2005 à 02:12, par Arte : Bikun, la ménagère intellectuelle passionnée
de photographie lit Paris-Match ... 18. Le mardi 20 décembre 2005 à 02:23, par Arnaud : Okay. Je n'étais pas au courant de tous ces détails.
Donc, la traduction de Stiegler avance déjà très bien
alors. Tant mieux. 19. Le mardi 20 décembre 2005 à 02:39, par Berlol : Je vais faire des découpages pendant les vacances... Je te tiens au courant. Pour Arte, voici une vraie Japonaise, c'est la journaliste scientifique de vendredi soir... 20. Le mardi 20 décembre 2005 à 03:35, par Bikun : Arte, moi Paris-Match je ne le lis pas je le regarde...ceci
étant dis, une photo parfois se lit... 21. Le mardi 20 décembre 2005 à 04:05, par Arte : et tu as son N° de téléphone ??? 22. Le mardi 20 décembre 2005 à 04:21, par k : et les profs c'est télérama 23. Le mardi 20 décembre 2005 à 04:23, par k : OUAI pas mal,.......... mais une vraie japonaise qui c'est fait "débridée" les yeux non? 24. Le mardi 20 décembre 2005 à 04:26, par k : et FG merci pour le plan lol moi aussi je vais lire ça se soir, bien que vous ne saviez trop quoi dire, je trouve ça pas mal |
Mardi 20 décembre
2005. Convergemment. Que France Culture fasse une interview de Robbe-Grillet (dans Tout arrive du 13 décembre) alors que j'étais en train de commander ses derniers livres chez Amazon, rien de bien étonnant. Après tout, c'est que la radio fait bien son boulot. Ce qui n'enlève rien à ce que j'en disais dimanche (à la fin de ce Tout arrive, Voinchet recevait le nouveau directeur de la chaîne pour présenter les principaux changements de la grille de janvier)... Dans le même ordre d'idées, c'est ce soir que l'on pourra écouter l'émission Surpris par la nuit intitulée Kaléïdosblog. Qu'après Stiegler et ce que je disais hier d'Heidegger, le film de Rivette, Va savoir, que je commence 24 heures plus tard montre notamment un personnage qui a fini une thèse de doctorat sur la jalousie de Heidegger (une jalousie ontologique des Allemands de ne pas être des Grecs, si j'ai bien compris), voilà qui est un peu plus perturbant. Mais je n'ai pas encore fini de voir le film — comme il fait plus de deux heures, je finirai demain — que j'en parle déjà avec cet empressement certes criticable mais issu de ma crainte qu'une bribe de mémoire m'échappe ou qu'une idée géniale me traverse sans se fixer, à l'instar de ces sels minéraux que l'on avale en grande quantité et que le corps laisse négligemment filer pour la plupart. Je suis également sensible au fait que plusieurs trames narratives récemment venues à ma connaissance incluent toutes ce qui reste d'un amour après plusieurs années de rupture, à commencer par Lol V. Stein dans sa version K, Va savoir avec ce qu'on peut ressentir et tenter trois ans après, enfin Alain Sevestre dont L'Affectation est terriblement polysémique, le narrateur ne jouant pas que dans l'aire professionnelle... « À partir de cette époque, les événements s'envolèrent comme si j'avais ouvert ma collection de timbres en plein vent sur le pont d'un paquebot. [...] Ces réflexions, faites sur mon lit retrouvé, je n'y aurais accès qu'aux grandes vacances, quand le chien et le père seraient partis, dans l'attente justement de mon affectation, et que tout, de nouveau, depuis longtemps serait fini avec Lili. Mais je n'en étais pas encore là. C'est sur ce lit également que, en août, ne m'expliquant plus pourquoi je ne m'étais pas rendu au tout premier rendez-vous proposé par Julie, j'en viendrais à déplacer ma rencontre avec Lili avant la réception du mot, me fermant dès lors toute envie de faire connaissance avec quiconque puisque Lili et moi, j'y aurais songé, je n'aurais songé qu'à ça, eussions été en passe de redémarrer une histoire. Mais je n'en étais pas là non plus.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 225-226) Les convergences, ou leurs versions épiphénoménalement romantiques appelées coïncidences, se nourrissent aussi de notre accès à des connaissances, des informations qui, recoupées et se recoupant, nous édifient par leurs rapports quasi géométriques. Ainsi pour finir la journée, je viens de recevoir un amical courriel de Philippe De Jonckheere qui me propose une page où des célébrités sont en photo une raquette de ping-pong à la main. Très amusant. Plus encore à la minute suivante lorsque, mon fil RSS s'étant actualisé, je découvre qu'il est question de la même page dans le dernier billet posté chez AEIOU ! En effet, je viens de finir de paramétrer, après plusieurs jours d'essais et de comparaisons avec d'autres systèmes, un compte chez Bloglines, ce qui me permet d'accéder très rapidement et à partir de n'importe quel ordinateur connecté à tous les blogs que je consulte régulièrement — la concentration réticulaire étant ici la clé de nouvelles convergences. J'ai créé ce compte en mode privé, ce qui fait que personne d'autre que moi ne peut accéder à cette liste, contrairement à d'autres personnes qui laissent la leur en accès libre (de vrais exhibitionnistes, ceux-là ! — on comprendra plus tard ce qu'une telle liste révèle de son compilateur). J'en rajoute à mon tour une couche avec cette photo, JCB ayant récemment évoqué Frank Zappa alors qu'un ami de T. vient de nous prêter un dévédé de Zappa que je vais me regarder pendant les fêtes de fin d'année... Commentaires1. Le mardi 20 décembre 2005 à 08:59, par k : j'aime ça moi zappa, l'ai découvert en 90 un
peu avant l'hommeA,j'étais alors avec un homme qui venait de divorcer
d'avec sa femme, moi je venais de rompre avec mon "premier amour", nous
étions triste tous les deux, il habitait levallois, je travaillais
aà cette époque chez telcipro, souvent le soir, après
le taf, on allait chez lui, on se buvait une petite biére on mangait
des blinis et du tarama.........on écoutait zappa, 2. Le mardi 20 décembre 2005 à 10:11, par Arte : "Les convergences, ou leurs versions épiphénoménalement
romantiques appelées coïncidences, se nourrissent aussi de notre
accès à des connaissances, des informations qui, recoupées
et se recoupant, nous édifient par leurs rapports quasi géométriques."
3. Le mardi 20 décembre 2005 à 11:04, par k : je ne suis pas un scarabe (bouuuuuuuh a peur moi.....) non
plutôt une grenouille, qui se transforme des fois en princesse. 4. Le mardi 20 décembre 2005 à 14:11, par Arte : Berlol, tu peux éclairer ... 5. Le mardi 20 décembre 2005 à 14:39, par k : chutttte...........ydort, on vous a po dit!!!! 6. Le mardi 20 décembre 2005 à 14:39, par Berlol : Pas le temps. Douche, 2 cours en matinée, sujets d'examen à imprimer, etc. A ce soir... 7. Le mardi 20 décembre 2005 à 17:03, par k : la synchronisité ?sais pas, mais la synchro ça
me connais. C'est comme cela qu'on apprend le montage cinéma, c'est
rigolot heim, zappa, et le type de zappa on travaillait ensemble chez telcipro
et devinez ce que je faisais, 8. Le mardi 20 décembre 2005 à 22:23, par k : Il y avait comme rushes le contes des 4 saisons(rohmer), j'ai voulu vous le dire l'autre jour et puis plus tard j'ai travaillé sur un truc de tavernier, premier montage ou j'étais stagiaire, chez audiotel , lorsque l'on sort d'audiotel, il y a une petite rue juste en face, vous la prenez et je crois que l'on aterrit sur le bld montprnasse, il faut traverser encore et il y a un résto japonais, on allais manger là le midi, bouuuu j'ai jamais réussi à aimer les sushis, je prenais des ptites brochette, ceci expliquant cela, peut être ma venu un soir sur ce blog!!!! qui sait................aller au taff 9. Le mercredi 21 décembre 2005 à 01:46, par Christian : Bonsoir de Tokyo, 10. Le mercredi 21 décembre 2005 à 01:49, par Christian : PS: La blonde de la photo n'est pas japonaise. Je la connais!
Elle est franco-espagnole. Pour avoir son adresse de courriel, vous pouvez
toujours courir. 11. Le mercredi 21 décembre 2005 à 02:54, par Berlol (contrefait par Christian) : Tu n'as pas vu le panneau? Défense de courir sous
peine de... poursuites! 12. Le mercredi 21 décembre 2005 à 03:26, par K : c'est vrai que moi tous ses petits signes je ne les vois
jamais, y'a qu'après forcement. Depuis que je suis revenu dans la
région, il y quatre ans maintenant, je n'étais entourée
que d'homme qui portait son prénom. Par exemple, disons que l'homme
atlantique se nomme IGOR, et bien je ne rencontrais que des z'igor: l'igor
l'othoptiste, igor le kiné, igor un ami de ma soeur, igor un ami au
boulot, igor un ami d'enfance, à ma soeurette, j'avais dit tu va voir,
un jour ,un homme va sonner à la porte et va me dire "bonjour k je
suis l'homme de votre vie" et je lui répondrai "oui igor, je sais". 13. Le mercredi 21 décembre 2005 à 03:44, par k : encore une petite chose, c'est fou la place que je prends,
heim..... 14. Le mercredi 21 décembre 2005 à 04:10, par Arte : si j'avais la culture de Berlol, je ferais un Blog littérélenticulai.., litterapatibulai...lettréranticulai.. , non plus. enfin, un blog... rien que pour K. vienne y écrire des commentaires ! 15. Le mercredi 21 décembre 2005 à 04:14, par P Verlaine : "bindjû mênchû bëullôl" 16. Le mercredi 21 décembre 2005 à 06:39, par Berlol : Dites donc, P Verlaine, il a un sacré accent ! Et
pis une adresse IP de quelqu'un que je connais... 17. Le mercredi 21 décembre 2005 à 07:05, par Philippe De Jonckheere : Alors-là Patrick, je me confonds en excuses, je ne
sais plus comment dire. Je me racle un peu la gorge. Je te dois un aveu:
et si, comment dire?, j'avais moi même découvert le site des
célèbres pongistes, disons, dans aeiou le blog de fluctuat?
Je suis certain que cela démolirait, comme cela, d'un coup d'un seul,
des théories émerveillées certes, mais bâties
sur un sol très meuble. C'est pourtant comme cela que ça s'est
passé, j'en ai eu vent dans fluctuat et j''ai tout de suite pensé
à toi. Et ensuite je ne me suis pas connecté pendant quelques
heures et je nai pas eu le temps encore pour répondre à ton
mail pour te dire que non,non nous découvrions bien les pongistes
célèbres à la même source. 18. Le mercredi 21 décembre 2005 à 07:55, par Berlol : En fait, je m'en doutais, Phil, ne t'excuses pas ! C'est aussi de la convergence, aux bonnes sources. Amicalement. |
Mercredi 21 décembre
2005. Seul entre deux baffles. Dire qu'il y a deux ans, je partais avec T. en Australie ! Je m'en souviens plus nettement que de bien d'autres choses arrivées depuis. Il y a comme ça des empreintes... Comme celle de l'an dernier aussi puisque c'était le jour de publication des choix pour Cerisy. Je crains que du 21 décembre de cette année il n'y ait que du réticulaire à retenir. J'ai fait mes deux cours en mode normal, ai passé une bonne partie de l'après-midi à ranger des documents en peaufinant des sujets d'examen maintenant au bord de la perfection, puis suis allé au sport où j'ai pédalé 15 kilomètres en avançant mon Sevestre d'exactement 20 pages, soit 1,33 page au kilomètre (c'était combien avec le shinkansen, l'autre jour ?). Détail matinal. En allant au petit coin ce matin, je lis 4 °C. Oui, il y a un thermomètre dans mes toilettes, un thermomètre à mercure avec un niveau rouge bien en face du 4. Et quand j'en sors, parce que c'est une toute petite pièce, il est à 6 °C. Ça n'incite pas à y rester longtemps... Saviez qu'avant-hier, Nagoya avait battu son record de chute de neige depuis 1947 ? Moi non, j'ai appris ça aujourd'hui. Paraît que ça reprend demain. Je vais sortir ma combinaison de ski... Pendant ce temps, le scandale des bâtiments pas aux normes anti-sismiques s'étend dans tout le Japon (même France Info en parle, c'est dire ! Et d'autres médias s'y mettent...). Je l'avais évoqué le 27 novembre avec la certitude que ça ne resterait pas limité à une seule affaire. Car il y a forcément derrière des administrations impliquées, qui ont délivré des permis, signé des certificats, voire falsifié des documents. Et si une boîte l'a fait, forcément d'autres aussi, sinon comment être compétitif ! Il faut dire aussi que la loi sur les normes anti-sismiques tablait sur l'honnêteté des professionnels en ne punissant les fraudes que d'amendes d'un maximum de 300.000 yens, une bagatelle dans l'immobilier... Comme le gouvernement vient de débloquer 8 milliards de yens pour aider les pauvres petits propriétaires simultanément endettés de crédit et à la rue, je pense que ça va changer. Comme ça, pour rien, voilà-t-il pas que je me demandais si je ne trouverais pas une certaine réédition de Tuxedomoon en cédé, sans plus savoir le titre, juste l'image de la pochette du disque dans un coin de mémoire. En googlant en consultant, je suis retombé sur une page du TiersLivre où j'avais laissé un commentaire en juin dernier, où JCB avait commenté après moi, me laissant un amer et violent goût de jalousie dans la bouche et les oreilles : il les avait connus à leur tout début à San Francisco ! Puis, ça je ne l'avais pas vu avant aujourd'hui, quelqu'un d'autre avait laissé un commentaire en juillet, une certaine Isabelle, Isabelle Corbisier (auteur de la photo), qui ne parlait de rien moins que d'un nouvel album de Tuxedomoon ! J'ai illico filé à l'adresse indiquée et j'ai pu écouter de conséquents extraits qui m'ont tout à fait enthousiasmé. Et je ne dis pas cela par nostalgie. Écoutez les extraits du Diario di un egoista ou de Chinese mike, c'est évident. Et tout mon stress est parti d'un coup avec Misty Blue. D'ailleurs je l'ai mis en boucle un bon quart d'heure de lévitation, c'est là qu'on voit la puissance de deux minutes de musique... Allez zou !, je commande pour Noël. J'en ai profité pour redécouvrir (découvrir l'état actuel d') un label, Crammed, qui faisait mes délices dans les années 80 et même dans les années 90, quand je parcourais à la recherche de boutiques d'imports ou d'occasions Paris puis Tokyo mais aussi entre temps et brièvement Fribourg où j'avais réussi à trouver le maxi 45 tours Memorabilia de Soft Cell imports et occasions que j'écouterais finalement seul la plupart du temps car personne autour de moi n'avait ces goûts musicaux-là et qu'aller dans les concerts me déplaisait déjà profondément autant à cause de la fumée l'alcool la violence que parce que je n'avais pas l'impression d'y entendre mieux la musique que seul entre deux baffles et des larmes au bord des yeux imports et occasions qui sont tous là dans la pièce à côté centaines de bombes toujours prêtes à exploser... J'ai retrouvé le disque auquel je pensais, il s'agit de Suite en Sous-sol (1982), en fait je l'ai ici aussi, je viens de remettre la main dessus. Tout ça pour ça. Commentaires1. Le mercredi 21 décembre 2005 à 16:57, par Bartlebooth : au mot ou au son Tuxedemoon, je repense systématiquement
avec regret à ce concert, qu'illustre la photo, que je n'ai pas vu.
Comme ce concert, je m'en mords les doigts, même période je
crois et Pompidou aussi, d'Etant Donnés/Alan Vega/Christophe. 2. Le mercredi 21 décembre 2005 à 17:50, par Berlol : Bartle, je me précipite sur ton Top Album 2005 (6)... À suivre... 3. Le mercredi 21 décembre 2005 à 20:02, par alain : Moi, je suis retombé sur une soupe récente,
une variété, musique à quoi on ne mord pas sur l'instant
mais qui, avec les jours, certains souvenirs, nous fait reprendre le train
d'un vague passé (il est tôt, je peux bien essayer de faire
des phrases (de toute façon, j'adore la variété)), c'était
Pure shore, chanté par un groupe de filles, All Saints. Ça
mangeait pas de pain. |
Jeudi 22 décembre
2005. Dix centimètres partout. Il neige... Le soir. Il a neigé comme ça par rafales et éclaircies à partir de 11 heures puis continûment en fin d'après-midi et jusqu'à maintenant. Les étudiants étaient beaucoup moins nombreux que d'habitude dans le campus. Des collègues des montagnes ont eu du mal à venir ; ils en auront encore plus à rentrer ce soir. Au cours de lecture & prononciation, on a fait des charades. Ça leur a plu. Ça plaît toujours, les charades, une fois compris le principe, qui n'est pas toujours facile à faire comprendre. Mon premier est une lettre grecque qui vaut 3,14159 ; mon second est la première lettre de l'alphabet ; mon troisième est comment les Anglais disent non, et Chopin excellait à mon tout. Il y a maintenant dix centimètres partout. Plus un bruit. La lumière et le silence sont les deux choses les plus étonnantes, avec la neige nocturne. Que fait la neige de tous ces bruits qu'elle emprisonne ? Tout à l'heure, avant une séance de photos, avec des temps d'exposition de 4 et 8 secondes, j'en ai pris deux fois sur la bordure du balcon, ai tassé un peu pour faire boule, deux fois de suite. Boules que j'ai lancées juste devant sur le toit des garages à vélo, sans objectif précis. Sans écho. Puis je me suis frotté les mains. Mais pas trace d'humidité. Jeune neige parfaits cristaux qui ne lachent pas leur eau J'ai un problème. Je suis complètement captivé par les extraits de Tuxedomoon découverts hier. J'ai essayé d'écouter d'autres choses, la radio, les lamentos de Kouki chez Jamendo pendant vingt minutes. Et puis aussi Populous, chez Morrmusic, grâce à Bartlebooth (accès par le menu Releases), qui m'a retenu nettement plus longtemps — quelque chose qui devrait aussi intéresser Manu, je pense. Mais je suis vite revenu à Misty Blue. Docteur, que faire ? « Ceux qui étaient invités n'étaient pas là. C'était une fête. Tous les éléments, musique, alcool, nuit, monde, répondaient à l'appel mais, hors le hall à filets, sous l'échafaudage de la mezzanine, dans les petites pièces, plus personne ne dansait et on passait son temps à se présenter. Plusieurs tours dans le lieu confirmèrent mes soupçons : étaient présents les conjoints, les potes, les collègues de ceux qui étaient attendus, des relations, des frères et sœurs, des gens croisés, des amants, des connaissances, des délégués, le veuf, l'héritier, un ayant droit, un garde-malade ou un adjoint. Peu sinon personne (moi) ne s'étaient déplacés en chair et en os. La plupart ne s'étaient jamais vus, ou de loin, ou par ouï-dire, quêtaient matière à sympathie, discutaient des absents, de ceux qu'ils remplaçaient, de la qualité, de l'étroitesse de leurs liens, reconstituaient les ramifications du baobab d'amis qu'ils formaient à eux tous et dont ils représentaient les greffes prometteuses, s'échangeaient déjà des bouts de papier noircis de leurs numéros bureau et maison, des cartes de visite dans le meilleur des cas.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 246-247) On voit que c'est Noël. A. S. se paie le luxe d'une sortie de diégèse, et pas du tout incontrôlée puisqu'à la page 239, il écrit que « Zwiertchlewski me l'avait tout bonnement dit page 156 », et qu'à la page indiquée, on apprend en effet ce que Zwiertchlewski lui avait dit... Commentaires1. Le mercredi 21 décembre 2005 à 18:27, par Manu : Tu viens juste de poster là, non ? 2. Le mercredi 21 décembre 2005 à 18:55, par Berlol : Bien possible. C'était à 11h13. Et tu es tagué à 18h27, soit 11h27 heure de Tokyo... Il neige pas, là-bas ? 3. Le mercredi 21 décembre 2005 à 21:40, par k : bonjour, 4. Le mercredi 21 décembre 2005 à 22:28, par Bikun : Toujours pas de neige non plus à Douchambé...J'attend
avec impatience sauf que je me doute bien qu'ici, elle va rapidement se transformer
en boue dans les rues...et ca sera pas joli. Mais le pire sera au printemps,
à la fonte des neiges...on va passer de mauvais moments avec de l'eau
couleur café. "Couleurrrrrr, caféééééé,
que j'aime ta couleurrrr café!". 5. Le jeudi 22 décembre 2005 à 03:10, par k : MD : « évidemment je peux montrer lol V.STEIN
au cinéma, mais je ne peux la montrer que cachée, quand elle
est comme un chien mort sur la plage, recouverte de sable, vous voyez………détruite
déjà filmée, pas sortie du livre………..mais déjà
abimée par les commentaires, les lectures………..quand elle remonte
vers le bal de stala, vers sa naissance, elle est déjà esquintée
comme une putain ; je la vois plein de fards, de bijoux, croulants comma
ça, sous les fards et les bijoux » 6. Le jeudi 22 décembre 2005 à 04:30, par k : Mr berlol, mais activité prof sont bien compromise, 7. Le jeudi 22 décembre 2005 à 09:41, par vinteix : AH TUXEDOMOON !!!! Pour moi aussi, une partie de ma jeunesse... En plus, dans cette ambiance de neige ! 8. Le jeudi 22 décembre 2005 à 11:27, par k : avant la suite un petit extrait du ravissement; 9. Le jeudi 22 décembre 2005 à 12:10, par k : alor je continue, après j'ai bossé dans un
college et puis j'ai divorcée, je serai bien retourné sur paris,
reprendre le montage, mais avec L, je ne me voyais pas la voir 1 heure le
matin et rentrée qu'elle soit couchée, passé à
côté d'elle toute petite comme cela, je sais que plus tard c'est
quelque chose que je ne pourrais pas vivre, comme dit M j'ai la nostagie
du futur surement. 10. Le jeudi 22 décembre 2005 à 12:42, par P Verlaine : 800 camions... Un DHL va passer par là ... 11. Le jeudi 22 décembre 2005 à 12:43, par arte : arte ^ 12. Le jeudi 22 décembre 2005 à 13:27, par k : mais non pas dhl, c'est du transport de matière dangereuse,
de gaz,de bitume, de fuel lourd, he, c'est dangereux ou je bosse, un dégazage
de citerne, une fausse manipe et hop,bouuuuuuuuuuummmmm plus de k, plus de
mR L 13. Le vendredi 23 décembre 2005 à 02:02, par alain : Belles photos. 14. Le vendredi 23 décembre 2005 à 05:23, par arte : Femme accroupie Musique de neige 15. Le vendredi 23 décembre 2005 à 05:43, par Berlol : L'attente du haiku vaut parfois mieux 16. Le vendredi 23 décembre 2005 à 07:42, par arte : rire 17. Le vendredi 23 décembre 2005 à 10:11, par alain : superbes, Arte, les haïkus ou haïkaï. |
Vendredi 23 décembre
2005. Une ligne de vacances. Fixant la neige tombée, un rayon de soleil matinal, des gens qui pelletent, une branche qui se déleste soudain, je règle les activités de la journée et trace une ligne de vacances : redémarrer le hub et la borne wifi (ordinateur lent, connexion aléatoire, vidéos de France 2 impossibles à avoir depuis deux semaines), monter au bureau finir les sujets d'examen et les donner à l'administration (en fait, n'y a plus qu'à coller mes feuilles A4 sur les A3 officielles), recevoir une étudiante pour relire une lettre (y laisser des tournures incertaines pour justifier d'aller en France apprendre le français), copier les émissions enregistrées pour les écouter bientôt (dont Pierre Bergounioux dans les Affinités électives d'hier), prendre les livres dont j'aurai besoin pendant deux semaines (dont les Weyergans pour les membres du GRAAL), revenir faire ma valise et partir pas trop tard pour éviter d'être coincé dans le train en cas de fortes chutes de neige, etc. La ligne, c'est un article à finir, des cours à préparer et des livres à lire. Quelques autres objectifs à côté, comme visiter tous les sites référencés dans le Labyrinthe, reprendre la liste des nouvelles ressources chez Gallica, perdre deux kilos — c'est peut-être ça qui sera le plus difficile parce que le froid n'incite pas à sortir se dépenser... Voilà. Ce sont des choses sur lesquelles je peux directement influer, à mon échelle. À l'autre bout, c'est l'anniversaire de l'empereur, ce sont les relations Japon-Chine qui se dégradent, la précarité qui se généralise, se banalise, et toutes les informations catastrophiques que la télévision aime compiler pour finir l'année et nous en laisser un souvenir impérissable. La bonne nouvelle, c'est cette baffe que Donnedieu de Vabres s'est prise dans la nuit, les amendements votés allant en sens inverse de celui de sa loi scélérate. « La colère des députés est aussi alimentée par les conditions d'examen du texte : passé en Conseil des ministres il y a déjà près de deux ans, il déboule à l'Assemblée nationale à la veille de Noël et en « urgence », ce qui signifie une seule lecture parlementaire.» (Florent Latrive, Téléchargement d'erreurs pour le ministre, édition du jour de Libération) « Au sommet de l'Apec (Forum de coopération économique d'Asie-Pacifique), à Pusan (Corée du Sud), le mois dernier, le président chinois, Hu Jintao, a carrément refusé de rencontrer Junichiro Koizumi. Un camouflet. Et une première. Koizumi s'en est étonné la semaine passée. « Je ne comprends pas pourquoi le président chinois refuse de me rencontrer », s'est-il indigné. Koizumi feint d'ignorer que Hu Jintao proteste ainsi contre la cinquième visite, le 17 octobre, du leader japonais au sanctuaire shinto de Yasukuni, à Tokyo, où sont honorés, parmi 2,5 millions de morts « pour la patrie », 14 criminels de guerre nippons. En avril 2004, lors du sommet Afrique-Asie de Djakarta, après les excuses formulées par Koizumi en mémoire des « souffrances cruelles infligées par le Japon à ses voisins » dans les années 30 et 40, Hu Jintao avait prié Koizumi de ne surtout plus aller à Yasukuni.» (Michel Temman, Pour le Japon, la Chine est une "menace", Libération d'hier) J'ai laissé passer un train car trop de queue pour avoir une place assise dans le wagon 2 (non-fumeur et sans réservation), pris le suivant vers 13h30 qui était en fait celui de 12h44 en retard à cause de la neige. Étant le cinquième dans la queue, j'ai eu une place assise. Des dizaines de personnes sont restées debout dans les couloirs. Ai presque fini L'Affectation. Faudra que j'en parle, je ne sais pas encore comment. Il n'y a pas vraiment d'histoire racontable, une coulée de chaud-froid, un mal-être incernable et injustifiable, une quête sans savoir de quoi et un narrateur qui prête à sourire amicalement mais avec rien à lui dire pour l'aider, ni les autres personnages ni le lecteur. Encore quinze pages... Commentaires1. Le vendredi 23 décembre 2005 à 10:12, par alain : y laisser des tournures incertaines pour justifier d'aller
en France apprendre le français. 2. Le vendredi 23 décembre 2005 à 13:34, par k : moi je peux vous en faire des tournures incertaine, sty le 3. Le vendredi 23 décembre 2005 à 23:13, par Hiroko : Ogaki(near Nagoya) is heavy snow too.. 4. Le samedi 24 décembre 2005 à 09:13, par Christine : " Quelques autres objectifs à côté, comme visiter tous les sites référencés dans le Labyrinthe "Si tu tiens ta ligne de vacances sur ce point, surtout profites en pour me dire s'il y a beaucoup de liens brisés ... car l'une de mes bonnes résolutions à moi pour le début de l'année à venir sera très probablement de les vérifier plus souvent. Bonne fin d'année et très bonne année 2006 à toi, à tes proches et à ton blog, que j'aime bien visiter de temps à autres |
Samedi 24 décembre
2005. Repos, pas repas. Jour de repos. Pas de repas de Noël, chez nous. Certaines fois, on obtient vraiment la photo qu'on voulait. C'est rare et c'est aujourd'hui, au Saint-Martin. Plus tard. Quelques achats de disques. Pas trouvé le Tuxedemoon de 2004. Mais le Populous de chez Morr, oui (voir avant-hier). Et un Katerine, aussi (Robots après tout). Et un Muslimgauze. Et des cadeaux pour T. Là, derrière la pub, il y a un monstre ! Et rentrer à la maison, pour lire. Il y a trop de monde à Shinjuku. La frénésie de Noël sans petit Jésus, que de la consommation. Des cuisses de poulet et de dinde partout, avec des décorations multicolores. Commentaires1. Le samedi 24 décembre 2005 à 05:16, par jcb : Bon Noël à tous là-bas au Japon, avec ou sans cuisse de dinde ... 2. Le samedi 24 décembre 2005 à 10:01, par arte : Gâchis , toutes ces dindes, embrochées mortes... 3. Le samedi 24 décembre 2005 à 23:03, par Bikun : Noyeux Joël! |
Dimanche 25 décembre
2005. Un ou deux moulinets pour se dire que ça va passer. Deux jours que je ne faisais pas attention à cette douleur du côté de l'omoplate. Juste un ou deux moulinets pour se dire que ça va passer. Et ce matin, au réveil, le torticolis bloquant. Celui qu'on ne sait pas comment se mettre, et ne surtout pas essayer de tourner la tête à droite ! D'ailleurs elle penche automatiquement sur la gauche, c'est pitoyable. Et T. qui n'est pas très en forme non plus, après des semaines d'accumulation de contrariétés. Nous voilà bien, tous les deux, pour Noël ! Au moins, on est tranquille. Pas de radio non plus, tout est plein de messes et de vœux pieux. Juste une petite ballade à Kagurazaka dans l'après-midi. Le mouvement me fait du bien, même dans le froid. Et puis le soir, ça va nettement mieux. Je fais une bohémienne des Carnets de cuisine de Léonce (Éd. Cousu Main). C'est de la ratatouille sans courgettes ni poivrons. C'est simple et ça marche très bien ! Il faudra le lui dire, Caroline ! Avec du jambon à l'os, c'est parfait. J'en ai marre des vins rouges et on ne voit pas pourquoi on irait sortir un champagne, le monde ne va pas si bien. Alors un sauternes, oui, une merveille, un Rayne Vigneau 2000, 1er cru classé, un verre midi et soir, c'est beau comme l'aurore. J'ai commencé le Labyrinthe (merci de ton message, Christine, j'enverrai un rapport de liens cassés à l'occasion) mais ne puis rester trop longtemps devant l'ordinateur... Presque fini la mise à jour de l'index du JLR (les deux tiers, en fait). Téléphoné à mes parents pour leur dire que tout va bien, fors le cou. « J'ai pris la mesure de mon travail et raccroché les persiennes en l'état mi-grattées mi-pas grattées. Allez, zou ! Je ne les avais pas numérotées et elles ne rentraient plus dans les gonds que je leur proposai. Mes zou s'altérèrent en ho hisse ! puis en putain de merde. [...] De retour du marché, un midi, elles me trouvèrent accroupi dans le jardin. Je réfléchissais à une espèce d'aspirateur pour feuilles mortes qu'emploient les jardiniers des parcs urbains mais il s'agissait peut-être d'un souffleur, ramassais des copeaux, mais je n'ai pas tout ramassé. Il doit en rester. Je disparus fin juillet. Plus rien pendant un mois. Un blanc.» (Alain Sevestre, L'Affectation, p. 295 et 298) La fin du roman est encore une belle surprise que je laisse aux futurs lecteurs, comme si le personnage et le style s'effritaient de concert, après on ne sait combien de jours passés au lit avec une conquête de hasard. Et six ou sept ans plus tard, je m'en rends compte en lisant au bain, reviennent le thème du blanc et la mise en question de l'assiduité au travail, par la dilution de l'identité... « T'as arrêté pion, t'es con, dit Chérif. — J'ai pas arrêté, dit Lucas, je suis malade. Faut que j'aille voir un médecin pour un arrêt. Je reviens deux jours fin juin et vacances. — Malade ? Encore ? Toute l'année, t'as été malade. T'as quoi ? — J'ai des blancs.» (Alain Sevestre, Revolver, Gallimard, 2003, p. 27) Commentaires1. Le dimanche 25 décembre 2005 à 07:19, par cécile : du beau comme l'aurore aussi, mais rouge (pas marre du tout, moi), bon beau comme le couchant. une écharpe large comme l'autoroute en cadeau, quelques moulinets, zou, je te la prêterais bien. 2. Le dimanche 25 décembre 2005 à 10:52, par k : c'est dingue, toujours faut que j'y crois moi au père
noel, pourtant je sais bien que ça marche pas comme ça, et
même pas de sauterne pour oublier cette horreur, elle a raison fontaine,
le vérole sur ma gueule............ 3. Le dimanche 25 décembre 2005 à 13:35, par Christian : Torticolis, quel joli nom! 4. Le dimanche 25 décembre 2005 à 13:52, par k : j'ouvre le livre, le seul quez je vais lire, mon k'do de
noel je vous offre 5. Le dimanche 25 décembre 2005 à 14:16, par k : voila je savais, comme cette état qu'elle dit lorsqu'elle
a écrit le ravissement, que c'était dur, qu'elle a crié
qu'il y avait cette douleur. 6. Le dimanche 25 décembre 2005 à 14:25, par k : "Madeleine : (ferme les yeux dans l'amour) -mon enfant......mon
enfant.........ma beauté......ça ne voulais plus manger.....ça
ne voulait plus vivre.......c'était sage........ça ne voulait
rien....rien 7. Le dimanche 25 décembre 2005 à 14:47, par k : et ça est j'arrête, je vais me laisser ravire
: 8. Le lundi 26 décembre 2005 à 06:13, par Berlol : Rien que le nom du muscle, j'en ai des maux de tête
! Mais ça va nettement mieux, aujourd'hui, merci. 9. Le lundi 26 décembre 2005 à 06:42, par KK : Bonsoir, 10. Le lundi 26 décembre 2005 à 06:47, par Christian : Tiens, maintenant, y a deux K ! Marrant! Et bientôt
trois? Moins drôle, initiales de sinistre mémoire. Et dire
que ça existe toujours... 11. Le lundi 26 décembre 2005 à 07:07, par Christian : Re-bonsoir, 12. Le lundi 26 décembre 2005 à 07:07, par Berlol : On le sait déjà, tout ça. Chacun lit ce qu'il veut. Il y en a à qui K plaît ! Je ne suis pas sûr que ce soit le cas de KK, vu le lien proposé, ça ne vole pas haut... 13. Le lundi 26 décembre 2005 à 07:41, par Christian : Ce lien? 14. Le lundi 26 décembre 2005 à 07:51, par Berlol : J'ai écouté/vu Sarko/Le Meur dix minutes, ça suffit. Ça pue le populisme et la promo mutuelle. Si c'est ça, le web de demain, avec tout le monde qui regarde des merdes comme ça sur son i-pod, moi, je me flingue tout de suite ! 15. Le lundi 26 décembre 2005 à 08:14, par arte : Le dessin animé est à CHIER ! 16. Le lundi 26 décembre 2005 à 08:17, par arte : L'interview est à CHIER également. 17. Le lundi 26 décembre 2005 à 08:23, par Christian : Arte, j'aurais pas osé! Là, je suis plié
de rire! 18. Le lundi 26 décembre 2005 à 17:06, par Berlol : Tu m'étonnes beaucoup, Christian. Je te connaissais
plus perspicace. Ce n'est pas parce qu'on dit des "choses très bien"
qu'on est quelqu'un de bien ! C'est précisément ça,
le populisme. De faire croire qu'on dit des choses bien alors qu'on en fait
de beaucoup moins bien. Or l'action gouvernementale de NS est catastrophique
et liberticide. Sur son front, il y a marqué, "Je vais vous séduire",
et ça marche... Et l'autre surfeur entrepreneur fait un parfait acolyte,
avec leur ton faussement amical, à se tutoyer (première preuve
de populisme). Autre preuve, plus grave : nier l'existence de la fracture
numérique. Quand LLM lui en parle, NS nie ou refuse l'existence de
cette fracture. Cette pure vue de l'esprit montre bien la désinvolture
et le pragmatisme du bonhomme, un peu magicien sur les bords : il suffit
de dire qu'il n'y en a pas ou qu'on ne peut pas l'accepter et hop ! elle
est disparue, réduite, la fracture ! 19. Le lundi 26 décembre 2005 à 19:03, par Christian : Cher Berlol, 20. Le lundi 26 décembre 2005 à 19:10, par Berlol : Ou t'as trop fait la fête ! Merci en tout cas d'en avoir parlé, c'est important. Je vois ce matin qu'il en est question dans pas mal de blogs spécialisés — mais beaucoup plus comme événement médiatique que pour son contenu... |
Lundi 26 décembre
2005. À encoller soi-même. Si vous n'avez pas que de la bonté en vous, passez un peu par ici, on s'y est mis à plusieurs pour dire du mal de Michel Tournier. Et ça fait du bien. Et puis on ne sait jamais, il y aura peut-être quelqu'un pour le défendre. Merci, François, c'est un joyeux Noël ! (On dit dans cet article du Devoir qu'il serait ami avec Julien Gracq...) T. a de la mémoire. Elle m'a offert un coffret 2 dévédés de La Vie aquatique (de Wes Anderson, avec Bill Murray en bonnet rouge), film dont les recoins imaginaires me semblaient mériter exploration. Avec ça, j'ai le choix entre améliorer mon anglais ou mon japonais (ou les deux). Pour un petit colis, ma sœur comprendra :
Comme la co-propriété de chez nous ne semble pas décidée à nous accorder le droit de garer nos vélos devant l'immeuble, nous nous dirigeons vers des pliants, ou pliables un peu spéciaux... Mais ce n'est pas encore fait. T. et moi nous rejoignons à son centre de sport, à Shibuya, pour quelques heures de pur rock and roll, elle essayant de remettre sa machine en route après une fin de saison un peu lourde, moi poussant prudemment les fontes pour voir ce qu'en dit le torticolis — ou ce qu'il en reste. Au mist sauna, seul comme d'habitude, je tripote carrément la boîte de cèdre, je m'en mets plein les mains et je m'évade en les sentant, comme en prière. Il y a des forêts, des collines, des ombrages, des nuages, la vie dans les cèdres, des semaines de vacances sans connexion internet... Sans connexion, quelle horreur. Ça me réveille. Je file au bain chaud. « Un jour viendra-t-il où nous passerons plus de temps dans les mondes virtuels que dans les nôtres ? Y aura-t-il un jour où de telles questions ne paraîtront plus alarmistes, mais seulement obsolètes ? » (Hubert Guilleau, sur Internet Actu — il commente aussi une étude sur les blogs ici.) « Il y a autre chose dans son regard, dû à l'ouverture trop grande de la paupière sur la pupille ou au temps de pause légèrement trop long, quelque chose de craintif, d'égaré, qui engendre des malentendus, cherche, traque dans l'œil adverse une réponse rapide ou le pardon à une faute pas commise que les hommes prennent pour une haine ou un défi. Les femmes le perçoivent lubrique, serrent les cuisses, mettent la main sur leurs seins, protègent un décolleté. Souvent ou toujours, son regard met mal à l'aise. Comme un regard-caméra. Un regard qui ne se laisse pas aller, ne devrait pas voir qu'on le regarde, ne s'oublie pas. En résulte un sang-froid mâtiné d'inconscience et de plaisir de se nier.» (Alain Sevestre, Revolver, p. 31) Commentaires1. Le lundi 26 décembre 2005 à 10:42, par alain : À propos d'écrivain, j'en ai une bien bonne
(mais peut-être est-elle déjà connue de tous (ou peut-être
l'ai-je déjà dit (ou peut-être n'est-elle pas bonne du
tout))). 2. Le lundi 26 décembre 2005 à 23:30, par Manu : Rougié, c'est le foie gras que nous avons mangé
à Noël, avec, comme vous, un Sauternes, mais un Suduiraut 2000,
et seulement un Castlenau, pas un Château... |
Mardi 27 décembre
2005. Surtout pas de catégories. Sur la table, quarante-quatre petits financiers, plutôt en forme de bouchons de champagne, attestent de ma dernière révolution — plus exactement, des agapes associées à sa simple commémoration. Je serai donc bref. Matinée ménage. Quelques courriels amicaux. Début de lecture de Weyergans (Trois Jours chez ma mère — moyen, le début...). Déjeuner rapide avec T. : salade tomates mozarella et omelette aux pommes de terre. À Shinjuku pour voir les vélos pliants, les Brompton et les BD-1. Les prix nécessitent d'y réfléchir à deux fois... Fin de l'actualisation jusqu'à fin novembre de l'index des anthroponymes du JLR, et mise en ligne. Entrées nouvelles : Olivier Adam, Pierre Bayard, Bruce Bégout, Jean-Yves Cendrey, Didier Decoin, Remy de Gourmont, Hédi Kaddour, François Nourissier et Thomas Raucat. Entrées logiques, entrées intempestives et entrées regrettables se mêlent étrangement. Heureusement que je ne les lis pas tous !... Il y a maintenant 58 flux dans ma liste personnelle Bloglines. La plupart des blogs que je suivais déjà depuis un moment, des fils rss de Libération et du Monde, des blogs spécialisés en nouvelles technologies, bibliothèques, littérature, fils de météo, actualités musicales. Tout mélangé, surtout pas de catégories, juste la liste alphabétique. Dès qu'il y a du nouveau ici ou là, ça s'affiche en tête de liste. Je regarde les titres, les premières lignes, j'ouvre ou pas, c'est selon. Sur la semaine, c'est un gain de temps de plusieurs heures. Je vais peut-être en ajouter jusqu'à avoir une centaine de flux, puis les réduire à 70 ou 80 en début d'année, par élimination des moins pertinents à mon goût (ce qui ne constitue pas un jugement dans l'absolu). Je serais intéressé de savoir comment vous faites, vous qui me lisez. Quels logiciels ? Quels agrégateurs ? Rss ou pas ? Combien de blogs régulièrement visités ? Dîner de fête au Saint-Martin, donc. T. et moi nous y préparons vers 20 heures alors qu'étions en plein travail depuis un long moment. Toujours étrange de quitter un domaine intellectuel tout à fait virtuel, celui de notre pensée et de notre écriture, elle comme moi — même si nous travaillons à partir de documents bien réels — pour aller prosaïquement avaler des nourritures et en tirer plaisir. Quoique d'appétit moyen, nous avons partagé quelques-uns des meilleurs plats de la maison : ratatouille, fricassée de cèpes, poulet à la moutarde, pâté de chevreuil en croûte (étonnant). Et c'est de là que viennent mes financiers, plus originaux qu'un seul gros gâteau d'anniversaire. Sans oublier les petites choses qui ajoutent tant à la joie de l'instant qu'on ne sait pas quoi dire (d'autre que Merci !) : le cuisinier, vraiment très doué, m'a confectionné un sablé sur lequel Yukie elle-même a écrit en chocolat. Commentaires1. Le mardi 27 décembre 2005 à 09:15, par k : hummmmmmmles financiers, mon arrière grand mère m'en achetait toujours n quand j'tais p'tite.......... 2. Le mardi 27 décembre 2005 à 15:59, par Manu : 44, mais pourquoi donc ???
3. Le mardi 27 décembre 2005 à 16:13, par Kenji : Bonjour et bonnes fêtes. 4. Le mercredi 28 décembre 2005 à 00:02, par Christian : Bonjour, 5. Le mercredi 28 décembre 2005 à 00:24, par Berlol : Merci Christian, c'est d'ailleurs en lisant ton billet que
j'avais eu envie de faire ma petite enquête. J'ai l'impression que
chacun essaie des trucs dans son coin sans en parler à personne, un
peu comme si on s'en foutait ou, pire, si on avait honte de ne pas connaître
la super méga méthode (qui n'existe pas). Beaucoup d'entre
nous sentent qu'il faut passer à autre chose côté méthode
et vitesse de ramassage d'infos & blogs sinon soit on rate des trucs
susceptibles de nous intéresser, soit on y passe ses jours et ses nuits.
Aussi chacun(e) peut-il répondre et ça aidera les autres. Très
intéressant, en effet, Shrook ! Mais tu disais qu'on ne pouvait pas
l'utiliser / le synchroniser sur plusieurs ordinateurs. 6. Le mercredi 28 décembre 2005 à 11:53, par Christian : Pour synchroniser mes dossiers sur plusieurs ordinateurs
(et l'ipod), j'utilise un logiciel qui s'appelle "Synchronize". 7. Le mercredi 28 décembre 2005 à 17:46, par Berlol : Où l'on reparle de l'interview podcastique de Sarkozy par Le Meur. Question de distance... 8. Le jeudi 29 décembre 2005 à 02:27, par Bikun : Moi j'utilise soit Opera soit Thunderbird...Et plutôt ce dernier car je l'utilise pour gérer mes 5 comptes emails et donc quelques news ou blogs supplémentaires ne font pas une grande différence. 9. Le jeudi 29 décembre 2005 à 05:06, par arte : Tu (vous permettez qu’on se tutoie ?) serais intéressé
de savoir comment je vous (tu permets que l’on se voussoie ? ) lis ? 10. Le jeudi 29 décembre 2005 à 05:30, par Berlol : C'est ça qui fait qu'il n'y a jamais de bonnes enquêtes
d'opinion !... 11. Le jeudi 29 décembre 2005 à 07:08, par arte : "L'opinion publique n'existe pas" Bourdieu. 12. Le dimanche 1 janvier 2006 à 10:44, par Philippe De Jonckheere : Patrick, tu as 3 ans et un jour de plus que moi, puisque
je suis né le jour de la 1964ème commémoration du massacre
des innocents. Ce qui fait de nous des voisins de palier, vraiment. Alors
voisin, avec une semaine de retard: bon anniversaire! au moins lui, le commentaire,
est à la bonne date. 13. Le dimanche 1 janvier 2006 à 17:15, par Berlol : Très grand merci, Philippe ! Je venais de noter notre proximité anniversaire en lisant l'un de tes derniers billets... As-tu été toi aussi frustré de cadeaux ? Les parents et amis prétextant toujours la proximité de Noël et du Jour de l'an pour "grouper" en un seul présent ce qui pour nous (toi ou moi) est bien distinct !... Ah que je l'ai maudit ce Jésus Cric !... 14. Le lundi 2 janvier 2006 à 06:48, par Philippe De Jonckheere : Oui pareil, en fait je crois que j'avais trente ans la première
fois que j'ai effectivement fêté mon anniversaire. Et puis que
je connais Anne, elle est très attentive alors ça va mieux,
mais enfant effectivement "grouper" était un vilain mot. |
Mercredi 28 décembre
2005. Action, sadique ou masochiste, zou. Saines colères de Caroline ! À mettre en rapport, par exemple, avec une conférence d'Harold Pinter... Ou les effractions d'un auditeur qui revient sur les manipulations d'opinion au temps du référendum. Sinon, je suis en train d'enregistrer d'autres débats, plus anciens, mais tout aussi vigoureux. Il s'agit de quatre heures de compilations d'émissions avec et sur Vercors, sur le canal web Les Chemins de la connaissance. On y entend successivement : Archives Politiques de 1946, la Tribune de Paris : l'heure du choix le 02/03/1948, La vie en rouge : la littérature engagée le 10/06/1954, Domaine de l'esprit le 14/06/1954, Carte blanche : les temps difficiles le 16/02/1967. Ça repassera demain, samedi et lundi de 1 à 5 heures du matin, vendredi et dimanche de 13 à 18 heures. Pas de stockage sur le site parce que ce sont des archives INA. La prochaine série sera consacrée à Paul Morand, à partir du 2 janvier. Une sorte de contraire de Vercors. C'est la pratique de l'alternance... Grand soleil à Tokyo. Cependant, T. reste au lit la matinée, besoin de repos. Moi, je m'initie au Web 2.0, comme on dit. Où je vois moyen de rassembler plus vite de l'information pertinente, de la repartager, le cas échéant, de travailler en réseau plus efficacement qu'avec des attachements par courriel (oui, attachements, je sais...). C'est ainsi que je crée — c'est une première pour moi — un document de traitement de texte basé sur le web, avec Writely, dans lequel deux étudiantes dont j'entre les adresses de courriel pourront écrire leur part au fur et à mesure jusqu'en février et que je corrigerai de mon côté pour que cela serve aux deux. Et puis je lis des tas de choses en mangeant des financiers, même dans le bain. La décadence, quoi... « J'aurai bientôt soixante ans. Delphine aussi. Si nous avions dîné un soir à Vienne chez Freud, qu'aurait-il dit après notre départ ? « Tous deux ont de fortes tendances sadiques » ? Aurait-il précisé : « L'homme n'est pas dépourvu de nets désirs masochistes » ? Au Grand Siècle, qu'aurait-on pensé de nous ? Des courtisans nous auraient vus passer dans les jardins de Versailles : « Voyez cette Princesse déjà sur l'âge et son époux suranné.» La première fois que j'ai lu cette phrase, j'étais collégien et je l'ai appliquée à mes parents. Je ne sais plus de qui elle est. Lorsque mon père mourut, ma mère avait l'âge qui est aujourd'hui provisoirement le mien. [...] » (François Weyergans, Trois Jours chez ma mère, Grasset, 2005, p. 16) Même si ce n'est pas désagréable à lire, ces enfilades de considérations banales, c'est plutôt écrit avec les pieds. L'impression vive d'un manque de tenue, d'un négligé dans la plume, ne vient pas sans une certaine méfiance : que ça pourrait être un effet ménagé dans un certain but. Mais on peut sauter quarante pages plus loin, c'est pareil. Donc, c'est la base de l'écriture. Le style, et peut-être même l'homme, pour donner à mon tour dans un panneau. On n'y coupera pas, ça aura toujours cet air d'une conversation de café, un peu arrosée mais pas trop. On enchaîne les sujets, on les enroule pour les faire repasser et sur le long terme ça raconte une vie et même plusieurs. J'en connais en effet qui appellent ça de la littérature. L'association sadique et masochiste, ce n'est pas du cliché, ça ?! Et faux, en plus ! Et même la construction de la phrase est bancale : « n'est pas dépourvu » qui euphémise, pour dire qu'il en est quelque peu pourvu, ce n'est pas compatible avec « nets » qui surdétermine. D'ailleurs en quoi des tendances et des désirs de ce genre sont-ils intéressants pour des lecteurs qui viennent de commencer. Qu'on se reporte ne serait-ce qu'à l'Histoire de l'œil de Bataille pour voir ce que ne pas perdre son temps veut dire — et passer directement à l'action, sadique ou masochiste, zou. Donc, c'est quelqu'un qui digresse, qui prend son temps — et le nôtre. La quatrième de couverture parle d'un « homme très perturbé » mais il me semble que Beckett ou Pinget plantaient l'homme perturbé dès les premières lignes d'un texte, en déstabilisant le lecteur, le mettant mal à l'aise. D'ailleurs Séréna ou Sevestre, pour prendre des S contemporains présents à mon esprit, distillent assurément mieux le mal à l'aise et l'homme perturbé. Je passe page 100, par hasard : « Je voudrais tout planter là et partir en voyage.» On croit à de la colère. On voudrait un coup d'éclat, une action extrême, que quelqu'un casse quelque chose, ou se casse vraiment. Mais ce qui suit c'est : « Le voyage ! Quel mot entraînant ! Dès qu'on le prononce, on ne voit pas un mot qui soit plus beau [...] », et ça continue en comparant voyageur et romancier, cette tarte à la crème ambulante. Ce livre serait-il un centon de clichés ? Je vais continuer quand même, c'est ma semaine de bonté. Commentaires1. Le mercredi 28 décembre 2005 à 22:14, par Manu : « L'homme n'est pas dépourvu de nets désirs
masochistes » |
Jeudi 29 décembre
2005. Combler la tranche. Coin radio : 1. le meilleur en premier : exceptionnelle émission de Décibels hier soir avec Bruno Lussato qui raconte, les mains sur le piano, la composition du Ring de Wagner (seconde partie le 4 janvier) ; hier également, une heure Dare-dare avec Jean-Luc Bénoziglio sur la radio de Suisse-Romande. 2. les archives INA sur Vercors signalées hier ne durent pas 4 heures mais 3h18, après c'est de la musique pour combler la tranche horaire. 3. Le 2 janvier, un Surpris par la nuit (22h30-minuit) à ne pas rater puisque c'est avec Dominique Viart. 4. Rediffusion samedi 31 sur Espace 2 (RSR) de Présence de Philippe Jaccottet. Aux nombreuses émissions qui rediffusent dans les 48 heures ou qui diffusent des archives (À voix nue, les Chemins de la connaissance, Culture plus, les Nuits), viendront s'ajouter Docs en stock, le dimanche après-midi, et Temps de mémoire, le lundi soir. Il y a certes un intérêt à écouter des archives documentaires mais cela souligne tout de même une réduction de la production, sans doute dans un but économique. Quoiqu'il en soit la nouvelle grille de France Culture sera bien utile... Peu à dire, ou trop à dire, et en plus j'ai un peu mal à la tête. Et ça empire quand je me demande pourquoi, car j'ai plutôt passé une journée tranquille et n'ai point abusé d'alcool. À moins que ce soit la déshydratation (on chauffe trop, il fait plus de 24°C alors que j'avais réglé le chauffage sur 20...). Je vais aller boire un coup — d'eau — et dormir. |
Vendredi 30 décembre
2005. Axiomatique malgré l'errance. Pour les bilans de l'an, il y en a partout. En revanche, chacun peut avoir de temps en temps une vision transversale, quand s'associent des pièces qui n'ont à première vue rien à faire ensemble... On (l'Europe, je le fais exprès) vient de lancer la première étape de Galileo, pour assurer une complémentarité avec le GPS — comprendre pour concurrencer ce 'tain de moyen de domination nord-américain. En ce moment, on relève des falsifications d'images chez Google Earth — pour qu'on ne voie pas chez certaines personnes (devinez lesquelles...). À combien se montera bientôt le ticket d'invisibilité ? Très loin, dans un pays déjà invisible (où le tsunami n'est pas entré ?), déménagement militarisé de la capitale birmane — un régime qui s'enfonce dans son erreur bien au-delà du doigt international. Heureusement, la Belgique, qui cherche paraît-il sa cohésion nationale, envoie paradoxalement de la bonne belgitude partout (« La France est aujourd'hui un pays plat, renfermé sur lui-même, épuisé, sarkozien, passéiste et anti-européen, alors que la Belgique est planétaire », dixit Patrick Roegiers, en fin d'article). Dans le temps, je ne sais pas, mais dans la géographie, ça bouge ! Nous aussi, on bouge, aujourd'hui. Pourtant, ça avait très mal commencé. Je ne parle pas du temps, qui est au beau fixe. Pendant que je ne me réveillais pas, le mal de tête diffus d'hier soir s'était transformé en une sorte de flêche plantée dans le haut du front, traversant l'arrière de l'œil et ressortant près des cervicales en embrochant un bout d'omoplate. J'avais beau faire des points de compression partout sur la circonférence du plan de coupe, rien n'y faisait. J'ai préparé le thé sans y croire, pour T. Un Alka-Seltzer, qui a quand même dû servir à quelque chose. Cependant, maintien du plan de vol : on va au centre de sport. Et grand bien m'en a pris. L'air frais d'abord (5 ou 6 °C), les étirements ensuite, vélo (ai bien avancé dans ma lecture) et machines enfin, me dégagent de la broche de douleur. Sauna et bain font le reste. Puis, à Tokyu Bunkamura, on a acheté deux pyjamas pour T. Et une poêle WMF, diamètre 28 cm, fond épais, acier inoxydable sans revêtement, garantie dix ans. Le soir, après cette débauche d'énergie, on dîne au Saint-Martin pour réessayer avec succès du pâté chaud de chevreuil — et ça ferme jusqu'au 10 janvier... « Boulevard de Rochechouart, la Jaguar plane dans les airs, pique du nez, amorce une chute, rencontre, s'abat, rejoint la rame du métro aérien, qui l'emporte plusieurs secondes au-dessus des boutiques, de la rue. Défilent par le carreau de la portière les immeubles à hauteur des enseignes des magasins et même des fenêtres des premiers étages.» (Alain Sevestre, Revolver, p. 74) Si vous avez du mal à visualiser, ne vous inquiétez pas, c'est normal. Il faut lire la suite, les témoignages, le ralenti — mais en fait, c'est bien ce que vous venez de lire. L'écriture sobre, volontiers elliptique ou axiomatique malgré l'errance, déboussole et ravit. Ça va vite, c'est vivant, jamais vulgaire, toujours contemporain. « Ils tournaient un film, remballaient. — Mais vous avez rangé les barrières de protection avant le tremplin, c'est ça que ça veut dire ? Le régisseur l'admet.» (Ibid., p. 76) Et puisqu'on s'apprête à faire naître la nouvelle année, la mettre sur orbite, têtes raides ou pas, voici un clip Fragile que les chaînes de télé ont refusé. Franchement, je ne vois pas ce qu'il y a à censurer de ces pudiques parturitions ! Ces médias sont-ils à ce point en régression qu'ils ne voient pas les aubaines qu'ils offrent au réseau ? Commentaires1. Le vendredi 30 décembre 2005 à 12:26, par alain : vendredi 30 décembre, 21 h 15, 2. Le vendredi 30 décembre 2005 à 13:50, par k : je ferai court 3. Le vendredi 30 décembre 2005 à 21:57, par alain : Et ce matin, encore un 4 heures. |
Samedi 31 décembre
2005. On n'a rien laissé ! N'avez-vous pas constaté depuis quelques jours chez nos journalistes une nette tendance à la déprime ? Oh, Combien de chroniques, combien d'éditoriaux, qui sont parus ce jour pour chanter cette antienne... « [...] la mélancolie est peut-être avant tout celle d'élites politiques, économiques et culturelles qui se défaussent de leur propre désarroi, de leur panne d'idées et de projets, et de leur angoisse face à l'érosion de leur pouvoir dans un monde en pleine mutation.» (Patrick Sabatier, « Humeur noire », in Libération du jour) Sur son blog Technologies du langage, Jean Véronis propose un outil prototype fort intéressant qui permet d'obtenir des graphes relatifs à la fréquence des mots demandés dans les moteurs de recherche. Repensant à de récents calculs, j'ai interrogé son Chronologue avec les termes suivants : caillasser, racaille, Sarkozy et Le Pen. Le résultat est saisissant ! Il faut voir — le chiasme de leurs courbes en atteste — comment Sarkozy prend la place de Le Pen. Alors évidemment, quand il se retrouve en affiche avec le nom de l'autre, voire avec une moustache hitlérienne, ça ne doit pas plaire, car c'est une vérité qui risque d'empêcher le bon peuple de dormir en sécurité... Trop de sécurité finit par ne plus en être, ça devient du totalitarisme. Et si les gens s'en rendent compte à l'avance, ils ne vont pas voter pour lui, voilà la tuile de fin d'année ! Le seul défaut du Chronologue, à mon avis, est qu'il compare visuellement comme si l'ordre de grandeur était le même pour tous les termes recherchés. En fait, caillasser renvoie à peu d'occurrences, d'où l'ampleur de son mouvement ascendant à la mi-novembre, tandis que les deux ténors du tout sécuritaire ne sont qu'un peu plus ou un peu moins demandés que d'habitude. Il faut donc être prévenu et penser à regarder à droite du graphe les chiffres d'occurrences. Alors ? Mélancolie du passé ou angoisse du futur ? « [...] Et c’est ce qui vous fait ces voix désespérées Que vous avez le soir quand vous venez vers nous ! » (VH) Reste le présent, minuit dans vingt minutes. Grand ménage toute la matinée. Petites courses dans l'après-midi, avant de me mettre aux fourneaux pour un menu de binôme simple et chic : canapés d'œufs de lompe et olives au poivron, tournedos (dans la poêle WMF qui m'a fait ça impec') accompagné de poivrons allongés et pommes au beurre, dessert à ma façon : fond de Tatin, chantilly maison, fraises amaou. Avec un saint-émilion Petit-Faurie-de-Soutard 2000. On n'a rien laissé ! Allez, je vais ouvrir le champagne : Nicolas Feuillate, cuvée spéciale 1995 — pour le dixième nouvel an avec T. (Les vœux, c'est demain, n'ayez crainte...) Commentaires1. Le samedi 31 décembre 2005 à 12:41, par alain : 21 h 40 2. Le samedi 31 décembre 2005 à 14:26, par k : bon, bah encore une heure 3. Le samedi 31 décembre 2005 à 14:30, par k : bah la on est pas dans la merde 4. Le samedi 31 décembre 2005 à 14:31, par k : m'enfin parait que ca porte chance 5. Le samedi 31 décembre 2005 à 18:57, par Berlol : Et de la chance, il nous en faudra !... Merci. À ce soir ! 6. Le dimanche 1 janvier 2006 à 02:50, par Philippe De Jonckheere : Patrick, 7. Le dimanche 1 janvier 2006 à 05:01, par rotko : Malgré toutes mes recherches sur google, je ne retrouve pas la photo de Villepin caressant la tête d'Azouz Begag. Si vous la trouvez quelque part, prevenez-moi. Merci ! |