Suce au soleil levant
Mince ! Voilà que mon père est de nouveau à l’hôpital ! Mon cousin me tient au courant de la situation et s’en occupe quand il peut. Pour l’instant, rien de grave, un peu comme il y a deux ans. En tout cas, c’est ce qu’on espère. Mais la méchante vague de froid n’y est pas pour rien — qui avait déjà rétamé Hopenhague, entre autres… Comme en janvier 2008, donc, il faut encore attendre un mois, que nous venions en France, pour que je puisse le voir. D’ici là, s’il reste à l’hôpital, au chaud et pris en charge, ce n’est pas plus mal parce que la dernière fois que je l’ai eu au téléphone il envisageait d’aller à pied à travers le Parc Caillebotte enneigé pour aller chercher son pain sans sel…
Par ici, programme chargé. Des cours, le voyage en shinkansen pour Tokyo et la pièce de choix de la semaine : la communication du collègue François Bizet, à l’université Gakushuin, intitulée Crise sans sortie, apocalypse sans royaume, fin sans fin : de quelques questions reprises par le post-exotisme.
Exposé très bien argumenté et truffé d’exemples d’Avec les Moines-soldats, de Lutz Bassmann, principalement. Que François met pertinemment en relation avec la fiction radiophonique Outrage à mygales (2001) pour une tentative de communication entre espèces lors d’une brèche entre deux espaces-temps, ce qui est peut-être concevable dans les dix dimensions de la théorie des cordes.
Petite salle, mais bien pleine, suivie d’un cocktail en salle des profs. J’y ai retrouvé d’autres collègues, comme Michaël, Agnès, Margot, et Thierry Maré, bien sûr, qui est l’invitant. Mais surtout, et c’est très important pour l’avenir, beaucoup d’étudiants-chercheurs.
En revanche, pas de collègues japonais, ni d’ici ni d’autres universités. Surmenage & cloisonnement sont les deux mamelles que l’enseignant-chercheur suce au soleil levant — et qui m’étonnent toujours, quoique j’en sois averti. L’aporie de la spécialité est goûteuse : chacun sa spécialité, si ce n’est pas ma spécialité, je n’y vais pas ; et si c’est ma spécialité, je n’ai pas besoin d’y aller puisque je suis déjà au top… Mais pour ne pas avoir cette immodestie ni avouer la glue aporétique, on déclare seulement être très occupé, totemo isogashii desu ! — triste vérité souvent, d’ailleurs, et excuse bien pratique parfois. Et imparable cliché international de l’homme post-moderne, au point que « Quelqu’un qui a tout son temps est un scandale permanent », maxime de Sollers, reprise à mon compte…
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Publié dans le JLR