Fermeture du col en cas de vent frais
Repos. Ménage. Spaghettis et chou-fleur à la sauce hollandaise (simplifiée, sans jaune d’œuf). C’est venu comme ça. Sortie pour des courses dans le quartier, encore avec ma nouvelle veste…
L’évoquant, cette nouvelle veste de voyage Baracuta qui me plaît beaucoup, je m’aperçois que la séquence de la sortie à Ginza, durant laquelle je l’ai achetée, lundi, a complètement sauté du journal. Ce qui maintenant m’étonne fort. Qu’est-ce qui a bien pu faire disparaître de la sorte une si grande partie de la journée ? Pas même un mot ni une image ne me sont revenus mardi quand j’ai voulu coucher quelques lignes. Est-ce le début irréversible d’une maladie dont le nom m’échappe ?… Est-ce la progression sournoise d’un désintérêt pour le journal, et pour le web en général, qui se manifeste actuellement par la remise de la rédaction au lendemain puis au surlendemain et ainsi de suite ? Ou simple et inconsciente sélection des priorités ? Reprenons…
Lundi, T. et moi sommes donc allés à Yurakucho, d’abord pour un accessoire d’électro-ménager à Bic Camera. Puis, après des cartes postales chez Ito-ya (et retrouvant cela, je commence à comprendre…), sommes allés prendre un excellent café chez Neuhaus, chocolatier avec un coin café, excellents fauteuils (et moins prétentieux que Charpentier sur le même trottoir). Puis, tandis que T. est allée voir son bottier pour lui commander une nouvelle paire de chaussures d’été (je le rappelle, moins chères que les grandes marques pourtant moins bien faites), je suis monté au 5e étage de Matsuya Ginza pour des vestes point trop formelles. Et j’ai trouvé plusieurs modèles qui me plaisaient, dans un rayon précisément de travel jackets — n’étant rien d’autre moi-même qu’un voyageur. Avec un budget réduit. Après essais, T. m’a rejoint pour choisir cette bleu marine en coton, poches extérieures à rabat, patte de fermeture du col en cas de vent frais. Puis T. a fait les soldes à son étage, trouvé un jean et une jupe et nous sommes rentrés.
C’est bien après Grey’s Anatomy, juste avant de nous coucher, que je me suis décidé à redescendre sur Terre et à écrire une carte de condoléances à Régine, l’épouse et la muse d’Henri Meschonnic. Carte écrite d’une traite, que T. a contresignée et que j’ai postée mardi matin. Mais dont la rédaction… Non… Dont le mouvement d’écriture, le remuement de pensées pendant la rédaction m’a profondément creusé le moral. Et dérangé le sommeil. Serait-ce alors la vraie cause du trou de mémoire ? Ou est-ce que je surinterprète déjà ?
Tags : Meschonnic Henri
Publié dans le JLR
c’est vrai que par rapport à nous tous tu pourras recevoir le prix du blog le plus fixe et le plus stable dans la forme et le territoire
alors qu’en ce moment j’ai l’impression de chamboulements permanents affectant la consultation et la circulation même (dans le coin en bas à droite de ma fenêtre Firefox, les petites icônes plug-in zotero et twitterfox (je ne « vais » pas « sur » twitter, c’est juste une fonction temps réel ajoutée à mon navigateur) et chacun de ces chamboulements agit en retour sur mon blog/site, même si c’est à l’aveugle
longtemps ici qu’on ne se pose plus la question de consommer dans les magasins (magnifique texte sur Tokyo, mais probablement moins recevable par des tokyoites, dans Mégapolis de Régine Robin), mais depuis quelques mois plus attentif à ce qui se passe dans la « production » de contenus web (tu en es, et des non moindres) que du côté des médias traditionnels, même dans l’excellence (Fr Culture) qui me restent de + en + à distance, sauf dans les trajets voitures
des fois je rage en pensant à tout ce qu’il y a dans ton ordi, sur Simon, sur JPT, là concernant Meschonnic et tant d’autres, qui mériteraient d’être articulés à ton blog en poussant le profil vers ces bassins de ressource dont on a besoin ?
tout ça questions, ouvertes et non résolues – il est évident par exemple que l’interactivité créée par face book 2 avec possibilité poster des liens a détourné énorme flux d’interactivité
t’embrasse, dans ta belle nouvelle veste bleue (ah mais on aurait voulu ta photo en pied, devant l’armoire à glace ou devant le citronnier désespérément aux oubliettes du jlr)
Le citronnier est mort, comme le ping-pong est mort, comme le GRAAL est mort, ces peaux de ma permanente mue sur place. Et d’autres choses sont nées, qui ont tué celles-ci, par le manque de temps. Cependant, j’arrive encore à suivre ce que vous faites, toi et plein d’autres vibrions de l’ILF, mais c’est vrai que je n’ai pas la possibilité (pour l’instant) d’aller au bout des réticulations, de mettre en ligne mes fonds (ceci dit, il y a déjà pas mal de choses), et c’est vrai aussi que je suis et reste un dilettante qui commence tout et ne finit presque rien…
T’embrasse aussi, quelle que soit la couleur de ta veste.
PS : bonne nouvelle, les tortues vont revenir.
citronnier : j’avais loupé un épisode – pas de veste aujourd’hui, journée maison, rattrapage retards et post-partum manus livré
le web ne peut être fait que par des « dillettantes », non ? – là ce serait déjà une question de fond…
« permanente mue sur place » : et si c’était le meilleur de ce qu’on vit numériquement depuis 10 ans ?
Pour le citronnier, je ne l’avais pas encore dit. Pour ne pas attrister… T. a coupé les branches et la souche va bientôt dégager.
D’accord avec toi pour le reste (sauf qu’il y en a qui se prennent pour des « spécialistes » et qui trustent les médias, en font leur fond de commerce et nous bousillent finalement tout ce qu’on a fait de bien).
suis pas trop d’ac sur le dernier point, même si je vois ceux que tu vises – ce qui est fascinant sur le Net, c’est qu’une démarche originale va créer sa communauté et ses circulations, et qu’on sait bien pourquoi on a plus intérêt à suivre LdF plutôt que X ou Y ou buzzmachinchose
par contre, les outils de propagation et repérage changent vite : les univers netvibes c’est magique mais très lourd et on les utilise peu, alors que ces jours ci twitter, avec un peu plus de monde dessus, ça change énormément les circulations instantanées de liens (on écrit « RT @laurelimongi http://… » et ça veut dire que je renvoie RETWITT à mes « followers » message mis en ligne par LL, le @collé indiquant la source) avec encore autre concept que FB, puisque ça apparaît directement 1 seconde en bas de mon Firefox et qu’on ne mémorise pas ces infos…
c’est con à dire, mais c’est la même arme qui nous est confiée, propager des contenus indépendamment des hiérarchies web (ce que tu disais de réception Druon/Meschonnic), qui nous impose de réviser en permanence nos concepts d’accès et navigation à nos propres ressources fixes
j’ajoute autre changement concept : dichotomie grandissante entre les blogs qui s’appuient sur médias traditionnels, livre compris (par exemple, blog F Ferney) et ceux qui s’attachent plus aux pratiques numériques elles-mêmes – pour ma part, il me semble ces derniers mois avoir sérieusement migré (constat, pas intention de) d’un champ vers l’autre
est-ce que par exemple la séparation quasi cloison étanche Litor d’un côté, JLR de l’autre (avec DVD, émissions radio-télé, livres) est sur le bon terrain d’appui, alors que tes propres pratiques (enseignement inclus, voir note sur « résumer un texte ») sont dans un champ plus composite et plus radicalement numérique ? là encore, Berlol, questions fraternelles parce qu’elles renvoient à mes propres incertitudes, et remise en cause qui concerne aussi mon activité solo
(je m’immisce juste sur la pointe des pieds sans vouloir vous interrompre, pour dire : compassion pour le citronnier – passé week-end à effacer traces présence révolue du chat dans la maison…)
s’il vous plait, please, gardez le journal qui pour moi est une référence (presque une justification pour mes bidules en mineur alors que, à cause de la réception familiale, je me dis que je devrais arrêter, sauf que même si j’ai du mal à trouver l’envie de poster quelque chose c’est devenu une règle indispensable) – et puis il y a tout de même par moment des petites ouvertures sur Simon ou autres, un peu de tout ce que vous avez en réserve – et une incitation à écouter vraiment France Culture qui parfois me sert de bruit de fond
il me semble que ce qui est en jeu avec facebook puis twitter versus les blogs est beaucoup plus profond que ce que tu décris, F, et correspond à une évolution sans doute inévitable, peut-être même souhaitable, mais qui m’effraie un peu : le « je » n’est plus mis en scène par un individu qui se raconte et se montre mais dévoré par un collectif : plus de place pour élaborer un discours singulier, plus d’images, pas de corrections ni d’ajouts possibles, pas d’archivage … mais un ensevelissement dans un grand entonnoir à gazouillis
blog, facebook, twitter sont avant tout que des outils, non?
cb
@christine : d’où l’importance d’être présent dans ces interfaces pour défendre et propulser ce qui pour nous compte, reste le plus singulier, reste l’exercice dense de la pensée, de la lecture – ceci, je le garde pour mon site ou pour mon travail papier, mais je le fais circuler via TW, idem pour ce que je reçois, qui m’aide précisément à traverser le brouillage – quand au fait que la masse brouillante soit de plus en plus lourde et terrifiante, on est d’accord – les « gazouilleurs », on les enlève vite de son interface, mais les sources qui nous permettent d’accéder à contenus denses imprévisibles, on renforce lien d’autant plus personnel – mais pas de quoi en faire une religion : juste que les concepts pérennes (publication, temps, réflexion) sont affectés à cet endroit de façon névralgique, et que ça mérite d’être regardé de près
Tout beau et gros qu’i soit, le Twitter, i vaut pas mon espace de commentaires !
ne s’use que si l’on s’en sert !
Je reviens en arrière, un peu. Sur les spécialistes. Il y en a de vrais, et dont on a besoin. Démêler les vrais des faux dans nos fils, ça qui est encore plus dur. Surtout qu’avec des a-prioris et des histoires différentes, on risque de ne pas être d’accord.
OK pour le reste, à peu près, en réaffirmant bien fort que site et blog persos sont (parfois) espaces de création, dépôt, ressources à solidifier, voire sanctuariser, via BnF, par exemple, tandis que Facebook, Twitter et al. sont espaces de communication, d’échange, de déconnade si on veut, mais que si on les perd, on ne perd qu’un lieu de rencontre.
On sera content d’aller au café ensemble, on n’a pas besoin d’en être propriétaire.
bonne image berlolienne, on la rajoute au répertoire chapelier etc
des outils, certes, qu’il est facile de détourner, en effet, mais je suis aussi persuadée que nos outils en se transformant nous transforment plus profondément que nous le pensons : ce n’est pas un jugement moral, juste un constat, précisé-je
c’est évident, et fiche la trouille – mais c’est en même temps cette transformation qui nous apprend autres modes d’appréhension du monde, du temps, des autres : pour ma part, je prends le risque, sachant que je ne le maîtrise pas
De tout ceci, cela : « Cette irréductibilité des fragments à réintégrer l’ensemble originel amorça, par le biais des lacunes, la disparition du support et la perte définitive du modèle, l’hypothèse d’une nouvelle redistribution du monde » E. Hocquard, Une grammaire de Tanger