Journée pédagogique
de l'Athénée français,
organisée par l'Université Dokkyo,
le 19 novembre 2000.
Mise en ligne, le 7 janvier 2001.
Lors du dernier congrès
d’automne de la SJDF, à l’Université de Hirosaki, s’est tenu
un Symposium dont le titre était «
Il convient surtout
de dire qu’il s’agissait de la première manifestation publique de
la communauté FLE au Japon dans laquelle prenait place un débat
ouvert au sujet d’Internet. On n’avait vu jusqu’alors que des interventions
individuelles, des présentations d’activités, des résultats
de recherche qui avaient bien sûr le mérite d’informer, mais
sans être des espaces de débat.
Une soixantaine de
personnes assistaient à cette table-ronde et purent, dans un premier
temps, écouter les présentations des 6 invités par
eux-mêmes, avant que ne commencent, en trois temps, les discussions
sur les matériels (outils), les contenus (ressources), les attitudes
(psychologie).
Les 6 participants étaient
les professeurs (les adresses de courrier et de sites des participants
sont données en fin d’article)
Seuls 2 de ces enseignants
(MM. Yamazaki et Guerrin) effectuent des cours de FLE informatisés,
l’un en partie par la pratique du courrier électronique avec un
unique correspondant français qui répond à tous les
élèves, l’autre par la création de pages web et l’échange
de courriers électroniques avec les élèves d’une classe
de lycée français. Les 4 autres enseignants se servent aussi
de l’ordinateur et du réseau des réseaux, mais ils se limitent,
comme beaucoup à la préparation des cours, aux recherches
personnelles, aux courriers personnels et professionnels.
Auteur d’un site consacré
aux études stendhaliennes, M. Kasuya n’est pas encore un chaud partisan
de l’utilisation d’Internet dans l’enseignement, surtout lorsque cet enseignement
est conçu à partir de programmes institutionnels centralisés.
Il conçoit Internet comme réseau sans centre où s’expriment
des myriades de particularismes. Cette réserve initiale nous rappelle
que le mot cybernétique ("science constituée par l'ensemble
des théories relatives au contrôle, à la régulation
et à la communication dans l'être vivant et la machine", in
Petit Robert électronique) est de la même famille que
le mot gouvernement (racine grecque kubernao) et renvoie
à un débat philosophique dont personne ne devrait s’absenter
Au lycée Caritas,
M. Yamazaki anime depuis plusieurs années des cours avec ordinateur.
Il dispose d’une salle équipée de 50 machines en réseau
local et connectées à l’Internet. Ses élèves
travaillent à la rédaction de courriers électroniques
en français. Depuis 1992 et ses expériences de communication
entre élèves par Minitel (Cf. son exposé intitulé
L’Efficacité
de la télématique), il n’a cessé de rechercher
les moyens de faire se rencontrer virtuellement, par le texte, le son ou
l’image ses élèves avec d’autres apprenants francophones.
Dans la foulée du congrès de la FIPF de juillet dernier,
il nous montre une vidéo d’une émission réalisée
pour la télévision NHK dans laquelle on voit ses élèves
parler par l’ordinateur avec d’autres adolescents qu’ils regardent à
l’écran
Si M. Yamazaki est
directement responsable de l’équipement informatique de sa classe
(avec les tracas budgétaires qui incombent au responsable administratif),
à l’université de Gifu, par contre, c’est par hasard que
M. Guerrin a découvert une salle d’ordinateurs avec 20 machines
abandonnées jusqu’alors et dans lesquelles il a installé
un système français. Il utilise maintenant cette classe avec
ses étudiants dans un dernier tiers-temps des cours. Chaque étudiant
compose sa page web à partir de rien, quelques phrases de présentation
et quelques éléments de création de document HTML,
et, tel Pénélope, la reprend chaque semaine, l’allongeant,
l’élaborant, s’y racontant à sa guise, s’autocorrigeant,
y peaufinant la mise en page
À l’occasion,
il organise aussi dans cette classe miraculeuse, pour les enseignants volontaires,
une journée d’initiation à l’Internet (dernière en
date, le 28 janvier 2001).
M. Bouthier anime un
site web destiné aux communautés francophones et francophiles
du Japon. Il diffuse bénévolement de nombreuses informations
et offre un espace de communication qui manque encore à la plupart
des structures associatives (le forum d’expression au sujet de TV5 au Japon
en est un très bon exemple). Il anime des classes de différents
niveaux dans lesquelles il utilise l’Internet pour en faire découvrir
le fonctionnement et les intérêts dans l’espace linguistique
et culturel francophone. Il ne considère pas cependant qu’il s’agisse
là de cours de FLE informatisé, dont on n’a d’ailleurs
pas de définition… Il nous rappelle également qu’outre Internet,
l’ordinateur, le CD-ROM, le dictionnaire électronique, etc., sont
aussi très importants et ont une grande valeur pédagogique,
à ne pas négliger. À propos de pages réalisées
par des étudiants, il nous fait part de l’opposition de son établissement
à la publication des données privées. La malfaisance
apparaît ainsi comme une autre limite à l’entreprise novatrice
en matière de pédagogie
Paradoxe d’un manque
d’information issu parfois de la surinformation, M. Aino a été
le seul Japonais à participer au stage COFRENS
(Communiquer et enseigner en français langue seconde) 2000 de Singapour,
pourtant offert à 2 volontaires du Japon (qui devaient tout de même
financer leur voyage). Ce stage destiné aux enseignants de FLE s’intitulait
Entre les deux extrêmes
qu’incarnent MM. Yamazaki et Guerrin, la nécessité (de tout
faire, y compris la budgétisation) et le hasard (Tiens
Mais comment fonctionne
l’ordinateur dans la classe
Les ressources exploitées
par les participants à la table-ronde sont, en apparence, sommaires.
À proprement parler, ils emploient plutôt des outils que des
ressources
Dans ces conditions,
discuter des attitudes, c’est-à-dire des relations psychologiques
dans un espace hybride composé de machines, d’apprenants et généralement
d’un enseignant n’a guère de sens. Pour la plupart d’entre nous
en effet, la disposition des ordinateurs dans une classe est une condition
imposée. De même que le réseau interne de relation
entre les machines. Le poste de l’enseignant permet-il de voir ou de contrôler
ce qui se passe sur le poste d’un étudiant, ou doit-il se déplacer
lorsque celui-ci lui signale un problème ou souhaite lui poser une
question
En bref, le cap
de la compétence technique individuelle doit être doublé
par chacun avant qu’il n’entrevoie le rivage radieux de la pédagogie
informatisée. L’abord alors d’une cyber-activité de classe
passera par une équation lourdement paramétrée
Pour y réfléchir,
la création d’équipes de réflexion et de préparation
est une première nécessité, soit dans le cadre d’une
formation d’enseignants (L’IFJT a proposé des stages mais n’en propose
plus actuellement, l’expérience est peut-être renouvelable
si la demande en est exprimée ; stages COFRENS, Cf. M Aino et l’attaché
pédagogique de l’Ambassade de France ; stage bénévole
de M Guerrin, etc.), soit dans le cadre d’un projet pédagogique
d’établissement (comme c’est le cas à l’Université
Sophia, mais malgré notre sollicitation, aucun représentant
de cette équipe n’a pu participer ni au Symposium d’Hirosaki ni
à notre atelier de la Journée pédagogique. Il en sera
donc question une autre fois…).
Ces premiers pas de
communication publique en matière de FLE assisté par ordinateur
ont fait apparaître l’intérêt et la volonté des
participants. Ils ont révélé la diversité des
projets et des réalisations de ceux qui se sont déjà
lancé, en même temps que des déficiences administratives
ou techniques invalidantes, des hésitations ou des hontes préventives,
l’indigence de certaines propositions commerciales ou bénévoles.
Ils ont surtout permis de poser des questions auxquelles nous devrons maintenant
nous efforcer de commencer à répondre.
Un mois après
ce symposium SJDF à Hirosaki, nous en avons présenté
un premier bilan dans un atelier de la Journée pédagogique,
organisée à l’Athénée français de Tokyo
par l’Université Dokkyo.
Nous avons commencé
la séance en sondant la trentaine de personnes présentes.
Si 29 d’entre elles se disent actuellement utilisatrices du réseau
Internet (en fait, toutes celles qui utilisent un ordinateur), elles ne
sont que 12 à le faire depuis plus de 3 ans. Du fait de cette nouveauté,
4 personnes seulement utilisent l’Internet dans leurs classes, tandis que
15 l’utilisent peu ou prou à la préparation de certaines
classes. Les attitudes sont contrastées
Ces réponses
à main levée montrent que les enseignants sont conscients
des transformations en cours, que beaucoup veulent les accompagner mais
qu’ils éprouvent des difficultés à s’informer, à
se former et hésitent, on les comprend, à franchir le seuil
de la classe informatisée.
Le résumé
du symposium de Hirosaki a permis de reprendre à Tokyo les problématiques
évoquées ci-dessus. Dans un débat plus animé
du fait de l’exiguité de la classe de l’Athénée, nous
sommes arrivés à des considérations assez semblables
Plusieurs personnes
ont publiquement souhaité que la SJDF aille plus loin dans sa démarche
didactique, par exemple en facilitant l’accès à plus d’informations
sur les formations de formateurs disponibles, en publiant des documents
d’aide pédagogique sur son site Internet, voire en collaborant ou
en organisant elle-même des formations à l’emploi des nouvelles
technologies pour le FLE. Même s’il appartiendra aux prochaines instances
de la SJDF de se déterminer sur ces sujets, nous pensons qu’elle
va bien dans ce sens.
Adresses utiles :
Thierry LANCIEN : tlancien@univ-paris8.fr
Présentation analytique de son
livre Le Multimédia (98)
http://alsic.univ-fcomte.fr/Num2/pothier/defaut.htm
YAMAZAKI Yoshiro : yoshiro.yamazaki@nifty.ne.jp
http://www.threeweb.ad.jp/logos/bourgogne
(en japonais)
http://www.alpha-web.ne.jp/caritas
http://www.twics.com/~berlol/relion6.htm
AINO Tsuyoshi : ainot@cc.saga-u.ac.jp
http://axel.pd.saga-u.ac.jp/htmldata/Villiers.html
KASUYA Yuichi : kasuya@kenroku.kanazawa-u.ac.jp
http://web.kanazawa-u.ac.jp/~kasuya/toppage.html
Gilles GUERRIN : guerrin@cc.gifu-u.ac.jp
http://www.gifu-u.ac.jp/~guerrin/
http://www.gifu-u.ac.jp/~frjp/
Christian BOUTHIER : c-bouthier@a-net.email.ne.jp
http://france-japon.net/
http://france-japon.net/new
Attaché pédagogique de l'Ambassade
de France :
JEAN-NOEL.JUTTET@diplomatie.fr
http://www.ambafrance.or.jp/index_main.html
Stages COFRENS :
http://fis.ucalgary.ca/Cofrens/
Patrick REBOLLAR : berlol@twics.com
http://www.twics.com/~berlol/home.htm