vant de devenir éditeur,
j'ai été libraire, et je pensais alors qu'en France la liberté
d'expression était quelque chose de très ancré dans
la conscience française. Et je me suis rendue compte, à mes
dépens, que ce n'était pas le cas, qu'il existait dans les
années 60 une censure, qui était très dure, et qui
s'adressait aux oeuvres de l'esprit : littérature, cinéma,
ballet, peinture, et ça je trouvais que c'était inacceptable.
J'ai publié
mon premier livre d'éditeur, qui était un livre d'Aragon,
publié d'abord clandestinement en 1928, intitulé "Le Con
d'Irène". Ce livre, diffusé très officiellement par
la librairie Hachette a fait l'objet d'une saisie par la police 48 heures
après sa mise en vente. J'ai été convoquée
par la police à Paris, qui m'a fait très clairement comprendre
que si je continuais à publier ce genre de livres j'aurais beaucoup
d'ennuis.
Je n'ai pas
accepté cela, et alors que je n'avais pas d'argent pour être
éditeur, j'ai malgré tout décidé de continuer.
Grâce à la compréhension des imprimeurs, j'ai publié
des livres et j'ai fait un catalogue d'éditeurs intitulé
"La Conquête du sexe". Je jouais ainsi sur les mots car en
français quand on parle du "beau sexe", on parle des femmes. Donc
c'était pour moi la conquête de la femme sur les interdits.
j'avais de très lourdes
amendes...
Pendant 4 ans,
j'ai publié une centaine de livres à caractère érotique
mais littéraires des XVIIe, XVIIIe et XIXe siècles, et j'ai
publié des auteurs contemporains comme Aragon, Mandiargues, Apollinaire.
Malgré la qualité littéraire de ces ouvrages, les
9/10e ont été interdits. Alors j'étais devenue une
habituée des tribunaux, et moi qui dans la vie m'habille toujours
en noir, lorsque j'étais convoquée devant les magistrats,
j'étais toujours en blanc. À mes procès il y avait
beaucoup de monde, c'était des procès très parisiens,
avec des journalistes, des vedettes, et... j'étais toujours condamnée
!
Un de ces procès
a eu des conséquences dramatiques. J'avais publié un livre
d'André Hardellet, intitulé Lourde, lente et
le livre avait été interdit. André Hardellet est un
poète, auteur de chansons, auteur de très beaux textes comme
Le Seuil du jardin, Les Chasseurs, etc. Il
avait publié ce livre sous le pseudonyme de Steve Masson. Quand
j'ai été convoquée par la police et ensuite pour le
procès, je lui ai dit : "André, puisque vous n'avez pas signé
de votre nom, je vais y aller toute seule, je ne dirai pas qui est l'auteur
de ce livre et je me présenterai seule devant les juges".
Il n'a pas
voulu, alors il a été au commissariat de son quartier, où
il était très connu, et il a dit : "c'est moi l'auteur de
Lourde, lente, inculpez-moi !" Et les policiers qui le connaissaient
depuis toujours lui disaient : "Mais non, monsieur Hardellet, n'allez pas
là-bas, vous allez vous faire condamner...", et lui, il disait :
"Mais non, c'est un livre dont je suis fier, et donc je veux y aller".
Nous nous sommes
présentés devant la 17e Chambre correctionnelle, au Palais
de Justice. André Hardellet était un homme assez grand, très
timide, qui avait des favoris, et il se tenait comme ça, avec l'air
un peu d'un chien battu. On était debout, tous les deux, le magistrat
nous interrogeait, et André Hardellet ne savait pas quoi faire de
ses mains, alors il se tenait les mains dans les poches, quand le magistrat
lui a dit - et ça, je ne l'oublierai jamais, je ne lui pardonnerai
jamais - il a dit : "Monsieur Hardellet, arrêtez de vous tripoter
!" André Hardellet est devenu tout rouge, il a retiré ses
mains...
À la
barre sont arrivés des témoins, il y avait Georges Brassens,
Léo Ferré, André Pieyre de Mandiargues, et de très
grands écrivains français qui sont venus témoigner
que c'était un homme de talent, que si on condamnait André
Hardellet, il fallait les condamner eux aussi. J'ai fait appel, et quand
je me suis présentée à l'appel, André Hardellet
n'était plus là, il était mort. Il avait été
très... ulcéré, bouleversé, ... très
honteux d'avoir été condamné. On peut dire que ce
procès a sonné le glas de ma première maison d'édition.
C'est à
peu près à ce moment-là que j'ai commencé à
écrire. Les trois premiers livres que j'ai publiés étaient
un peu autobiographiques, je parlais de mon enfance, de ma famille. Du
fait des procès que je perdais, j'avais de très lourdes amendes
et j'étais obligée de les payer, et j'ai été
obligée de vendre une partie de ma bibliothèque, composée
d'ouvrages féministes et d'ouvrages écrits par des femmes.
J'avais fait à ce propos un catalogue qui s'appelait Les Femmes
avant 1960 qui fait actuellement référence dans des
universités américaines.
J'ai monté
une nouvelle maison d'édition où j'ai publié des romans
noirs dans une collection qui s'intitulait "La Bibliothèque noire"
et parmi lesquels il y avait des textes fantastiques du XVIIIe et du XIXe
siècles. C'est dans cette deuxième maison d'édition
que j'ai publié le premier roman d'Hervé Guibert, La
Mort propagande. J'ai également lancé une collection
de pamphlets dans lesquels il y avait un Jacques Chirac, un Paul
VI, un Michel Debré, un Françoise Sagan.
Ces livres ont déplu au gouvernement et j'ai été contrainte,
parce que le distributeur a refusé de les vendre et de les placer,
contrainte d'arrêter une nouvelle fois.
Il faut dire
que dans toutes ces aventures éditoriales, j'avais eu, au début,
des rapports un peu difficiles avec mes confrères éditeurs.
Je m'étais trouvée – mais sans le savoir – la première
femme éditeur française. Ces messieurs étaient très
très agacés de voir une femme marcher sur leurs traces. Ils
étaient très condescendants avec moi, faisant toujours allusion
au fait que j'étais plutôt mignone et donc que, quand j'avais
des problèmes avec les banquiers ou avec la police, je n'avais qu'à
faire un joli sourire et montrer mes jambes et que tout s'arrangerait à
ce momment-là. J'avais beaucoup de mal à l'accepter. On ne
dit pas à un homme que s'il montre ses belles épaules, ou
ses jambes...
Mais comme
les procès se succédaient. Et comme je résistais,
j'étais un peu devenue une sorte d'emblème pour la profession.
J'ai été menacée d'emprisonnement, car c'est allé
jusque là. À ce moment, la presse, l'édition, les
artistes, des hommes politiques, ont fait une grande pétition en
ma faveur.
c'était une idée
idiote...
Les deux maisons
d'édition ayant disparu, j'ai continué à écrire,
et un jour un éditeur, Jean-Pierre Ramsay, qui voulait lancer une
collection de livres inspirés de grands romans, m'a fait une proposition.
Il m'a proposé de m'inspirer d'Autant en emporte le vent
pour écrire un livre. J'ai dit que c'était une idée
idiote... On ne va pas en avoir besoin. Il m'a dit de m'inspirer juste
des personnages et de faire ce que je voulais. J'ai relu Autant en
emporte le vent et je me suis dit "pourquoi pas ! c'est amusant".
J'ai démarré sur un schéma très proche d'Autant
en emporte le vent, mais au bout d'une centaine de pages, j'ai
arrêté, je n'ai plus voulu continuer. C'était un cadre
trop étroit qui ne me convenait pas. Il faut vous dire aussi que
quand je lui avais dit que je situerai l'action de ce roman pendant la
Seconde Guerre mondiale, il m'a dit : "Écoute, la Seconde Guerre
mondiale, ça n'intéresse plus personne". La suite a montré
à quel point il s'était trompé et que c'était
quelque chose de très présent en France et en Europe.
Ces livres
ont été écrits par quelqu'un (moi) qui connaissait
l'histoire de la Seconde Guerre d'une façon assez sommaire. Je me
suis donc plongée dans les archives, les ouvrages historiques, le
dépouillement de la presse de l'époque, et dans des documents
inédits (j'ai travaillé au Ministère des Armées,
etc.); j'ai alors découvert, en faisant ce travail, l'ampleur de
la défaite française. J'avais des cartes d'état-major
et je faisais avancer des petits drapeaux pour marquer l'entrée
des Allemands en France. J'ai découvert, contrairement à
ce qu'on nous disait beaucoup en France, que les soldats français
s'étaient beaucoup battus et qu'il y avait eu autant de morts à
ce moment-là qu'à la bataille de Verdun.
J'étais
bouleversée, je pleurais... Pour moi, ça a été
une expérience très difficile. Et au fil de ce travail, les
trois volumes puisque je voulais aller jusqu'en 1945, je découvrais
vraiment l'horreur à la fois de la guerre, de l'occupation, de la
collaboration, de la Résistance ; ça a été
pour moi une véritable prise de conscience, comme je ne l'aurais
pas imaginée. Les histoires d'amour passaient au second plan.
On me demande
souvent les raisons du succès de ce livre. Mon mari pense que c'est
le fait à la fois de mon ignorance, de ma découverte presque
au jour le jour, puisque j'ai mis quatre ans et demi à écrire
ces trois livres, et l'espèce de bouleversement qui se passait en
moi, que j'ai réussi à retraduire dans chacun des personnages.
Car en France,
comme partout ailleurs, les lecteurs de romans sont surtout des femmes.
Pour ces romans, il y a autant d'hommes que de femmes qui les ont lus,
et beaucoup d'hommes disaient que pour une femme j'avais réussi
à montrer la guerre d'une façon qui était juste. Et
j'ai reçu de très très nombreuses lettres, de soldats,
de déportés, de résistants qui se reconnaissaient
dans les personnages. Car tout ce qu'il y a dans ces trois livres est vrai.
Tout. Ce sont bien des romans, mais des romans qui témoignent, c'est-à-dire
que les faits historiques sont réels, même si ce qui arrive
à mes personnages ne l'est pas, mais tous les personnages secondaires
apparaissent sous leur nom. Beaucoup de survivants, ou d'enfants de gens
dont je parle, ont tenu à me remercier d'avoir témoigné
au nom de leurs parents.
Ce qui est
intéressant dans ces libres, c'est qu'il y a plusieurs degrès
de lecture et qu'en France et en Europe, en tout cas, ils sont lus à
la fois par de très jeunes adolescents et par des gens qui ont vécu
la guerre. Et cela a permis, dans les familles, des discussions souvent
très tendues à propos justement de la collaboration, de la
Résistance.
Mais au bout
de quatre ans et demi, je ne voulais plus entendre parler de la guerre.
Donc j'ai écrit des choses beaucoup plus légères.
Une correspondance amoureuse entre deux femmes : "Pour l'amour de Marie
Salat". Des nouvelles érotiques aussi. Et grâce à l'argent
gagné avec ces livres, j'ai remonté une troisième
maison d'édition. Mais ce jour-là... j'aurais mieux fait
de me casser la jambe !
Cette maison
marchait bien mais il y a eu le procès lancé par les américains,
par les héritiers d'Autant en emporte le vent, cinq
ans après la publication du premier volume de la Bicyclette
bleue. Ce procès, j'ai commencé par le gagner aux
États-Unis, sur l'ensemble du territoire américain, et c'est
en France que ça a été le plus difficile pour moi
de le gagner. C'est un procès qui a duré dix ans.
Ensuite j'ai
écrit un quatrième volume de la série parce que je
voulais traiter de la traque des criminels de guerre nazis à travers
le monde. En Argentine, en Amérique latine, j'ai fait des recherches
pour établir l'action du roman. J'ai rencontré d'anciens
nazis, d'ailleurs – qui se portent très bien, ça va
! Et contre toute attente, ce roman, Noir tango, a
eu un succès aussi important que les autres, malgré les cinq
ans entre les deux volumes.
Pendant que
j'écrivais ces romans, pour me détendre j'écrivais
aussi des contes, des histoires pour enfants, dont je faisais les illustrations.
Avec un autre écrivain français, Geneviève Dorman,
nous avons fait un grand livre qui s'appelle Le grand Livre du point
de croix. C'est un livre qui a eu en France un succès foudroyant,
et beaucoup de jeunes femmes se sont remises à faire de la broderie.
J'ai ensuite continué Noir tango, et j'ai situé
l'action des deux volumes suivants durant la Guerre d'Indochine. Actuellement,
je suis en train d'écrire le septième roman qui se passe
pendant la Révolution cubaine et pendant la Guerre d'Algérie.
J'ai également
une chronique dans un quotidien français, une chronique hebdomadaire
où je parle de ce que je veux. Dans la dernière, je parle
du "sumo"...
Questions...
– Quelqu'un montre un
volume de Pierre Louÿs édité par Régine Deforges,
Trois Filles de leur mère, et explique qu'il a eu
ce livre il y a longtemps et que ce fut le début de son intérêt
pour la littérature érotique. "Mais n'était-ce pas
alors des éditions précieuses, plutôt destinées
aux érudits, et plus particulièrement aux hommes ?
Ou était-ce pour éduquer les femmes..."
– Non, non, je n'ai pas pensé
plus aux femmes qu'aux hommes. Ce qui m'intéressait, en tant qu'éditeur,
c'était de faire connaître aux lecteurs, hommes ou femmes,
des textes que j'aimais et qui me semblaient importants. Et le texte de
Louÿs est un texte très important.
Et tous ces
combats que j'ai menés en faveur de la littérature érotique
ont eu un résultat, auprès des femmes. C'est que depuis cinq
ou six ans, il y a énormément de textes érotiques,
de femmes, et de qualité, qui abordent les histoires sexuelles,
amoureuses, avec beaucoup de naturel, ce que j'appelle une bonne santé.
Et ça, ça me fait plaisir.
– Comment vous qualifiez
le rapport entre la littérature et la guerre ?
– Pendant la guerre, j'étais
toute petite. Mais j'ai eu très tôt le sentiment qu'il y avait
en France des gens qui ne devaient pas y être. La présence
dans votre pays de soldats en uniforme étranger, même quand
on est une toute petite fille, c'est quelque chose que l'on vit mal. Nous
habitions le Limousin, et c'est dans cette région de France qu'a
eu lieu un massacre, dont certains d'entre vous connaîtront le nom,
à Oradour-sur-Glane. Mes parents nous y ont menées, ma petite
soeur et moi, trois semaines après le massacre. Bien sûr,
il n'y avait plus de cadavres, mais toutes les maisons brûlées,
l'église brûlée, en portaient encore les traces.
Et il y a eu
au même moment, tout de suite après la Libération,
des exécutions sommaires, et des femmes qu'on arrêtait dans
la rue et auxquelles on tondait la tête.
Donc j'ai eu
très très tôt un sentiment de malaise, d'injustice...
Quand j'ai commencé à écrire ce livre, je me suis
rendue compte qu'il y avait dans ma bibliothèque 200 ou 300 ouvrages
qui parlaient de la guerre. Pendant toutes ces années a mûri
en moi, chez la petite fille, chez l'adolescente, et la femme cette...
ce refus, cette haine, ce dégoût. Pendant que j'écrivais
ces livres, pour garder la haine de l'occupant, j'écoutais des chants
nazis, j'écoutais des discours d'Hitler, pour avoir la voix, pour
entendre le martèlement. Et c'était... très fort.
Le plus dur
a été de prendre conscience que certains français
avaient collaboré avec l'occupant. Vous savez qu'actuellement en
France nous avons le procès Papon. Papon était justement
dans la région de Bordeaux, où j'ai situé l'action
de ces trois romans.
Quand j'ai
travaillé aux Archives de Bordeaux, j'ai pu découvrir des
lettres de dénonciation, des comptes-rendus d'interrogatoires. De
prendre conscience qu'il y avait eu, de la part de certains français,
des actes... qu'ils n'auraient pas dû avoir...
Quel temps il faisait au matin
de l'exécution ?
Ces romans montrent
à la fois la résistance, la collaboration, le marché
noir, différents aspects de l'Occupation. Je voulais comprendre
comment des Français pouvaient en arriver là, donc
j'ai rencontré d'anciens collaborateurs, d'anciens miliciens, j'ai
rencontré des jeunes gens (qui n'étaient plus jeunes) qui
s'étaient engagés dans la Waffen SS, qui avaient combattu
sous l'uniforme allemand. J'ai fait des recherches, un travail un
peu plus précis sur la Waffen SS, notamment la Division Charlemagne,
car ce sont des Français qui, sous uniforme allemand, ont été
parmi les derniers défenseurs du bunker d'Hitler à Berlin.
La population de Berlin qui fuyait était elle-même très
étonnée de voir que ce n'était pas des Allemands qui
la défendait mais des Français. Ils combattaient dans la
ville en chantant ce chant nazi, "Le Diable en rit encore", un chant
très beau mais très terrifiant. Il reste en France une dizaine
de survivants de la Division Charlemagne et j'en ai rencontré trois
ou quatre. Ils ont exprimé la valeur intellectuelle, idéologique
de leur engagement. Je n'ai pas été convaincue par ce qu'ils
m'ont dit...
On s'inquiète
souvent de savoir si l'on peut mêler l'Histoire, surtout l'Histoire
proche, au roman. Tous les témoignages écrits que j'ai pu
recevoir, ou de gens que j'ai pu rencontrer, et qui avaient participé
à la guerre, tous ont approuvé cette façon de faire,
dans mes romans, parce que ça permettait de restituer au plus près
possible ce qu'avaient été ces moments particuliers pour
les Français. J'ai mis aussi beaucoup de compassion, beaucoup d'émotion,
tout en essayant d'être honnête. Par exemple quand j'ai raconté,
au début du deuxième volume, l'exécution de quelques
80 otages au Camp de Souges. J'ai essayé de raconter, d'imaginer
l'attitude de ces hommes qu'on conduisait devant le peloton d'exécution.
Ayant la liste des noms de tous les otages, j'ai recherché les circonstances
de l'arrestation d'une vingtaine d'entre eux. Leur situation familiale,
politique, sociologique. J'avais réussi à trouver des photos.
Au moment d'écrire ça, je me suis posé une question.
Quel temps il faisait au matin de l'exécution ?
Car je pense qu'on ne doit pas mourir de la même façon s'il
fait beau ou s'il pleut.
Un ami qui
a de grands vignobles dans le Bordelais m'avait dit que les maîtres
de chais tenaient un carnet et je lui ai demandé s'il pouvait me
photocopier les pages qui avaient trait au mois de septembre 1942. Parallèlement,
aux Archives de Bordeaux, je faisais des recherches dans la presse pour
savoir quel temps il faisait ce jour-là. Et je ne trouvais rien
dans la presse, ni pour l'exécution, ni pour le temps. Quand le
directeur des Archives m'a dit que son père tenait son journal et
qu'il pouvait lui demander de m'envoyer ce qu'il avait écrit à
ces dates-là. J'ai reçu à la fois la photocopie du
carnet du maître de chais et celle de l'ancien directeur des Archives.
Et tous les deux avaient employé la même phrase...
"Dans la
nuit du 22 au 23 septembre, le temps jusque-là sec et beau s'est
mis à la pluie et au froid."
Alors j'ai su naïvement
que je pouvais écrire ce moment épouvantable. |