Le 9 septembre 2022
⇒ Le LETSAJ : LExique Territorial, ocial, Administratif et Juridictionnel (hypertextuel).
⇒Pour cette communication, j’ai choisi trois des termes contenus dans ce lexique :
- le pont de Charenton,
- la question du salaire,
- le casse-tête / la réforme de la retraite.
I. LE PONT DE CHARENTON
Depuis longtemps, Charenton est sur la route de Paris à Brie-Comte-Robert (exemple, en 1724 dans le Nouveau guide des chemins du royaume de France… de Pierre-Louis Daudet, p. 98) :
En février 1649, le « Combat de Charenton », immortalisé ici dans le tableau de Sauveur Le Conte (1687), à la gloire du Grand Condé :
- Charenton a un pont sur la Marne (mais pas sur la Seine, voir carte de 1620)
- Charenton est sur la route de Paris à Brie-Comte-Robert (auj. D19 & N19)
- Charenton abrite le temple protestant de Paris dès 1607 (autorisé par l’Édit de Nantes)
- Importante voie d’acheminement de denrées agricoles à Paris…
- Brie-Comte-Robert (ou simplement Brie), selon Retz :
« Le 26 [février 1649], il y eut de la chaleur dans le Parlement sur ce que, y ayant eu nouvelle que Grancey avait assiégé Brie-Comte-Robert avec 5000 hommes de pied et 3000 chevaux, la plupart des Conseillers voulaient ridiculement que l’on donnât une bataille pour le secourir. Messieurs les Généraux eurent toutes les peines du monde à leur faire entendre raison. La place ne valait rien et était inutile par deux ou trois considérations […] J’appostai le Président de Maure pour dire au Président Charton qu’il savait de science certaine que si l’on n’avait pas secouru Brie-Comte-Robert, c’était parce qu’il était impossible de faire sortir assez à temps les troupes de la Ville, qu’il savait déjà être l’unique cause de la perte de Charenton […] » (édition 1717, p. 523-525, Gallica)
⇒ Co-occurrences de « Charenton » et « Brie », dans l’ordre de fréquence (corpus du PM) :
⇒ 57 co-occ. dans 19 pièces différentes (71 co-occ. mais 14 sont répétées du fait de pièces en double). Nombres faibles, peu d’intérêt à la statistique ou au tri automatique. Mieux vaut regarder directement les contenus des contextes.
⇒ explication géographique & stratégique :
« pour ce que tenãs les deux rivieres fermées au dessus de Paris, il ne sembloit pas d’abord que la garde du pont de Charenton fust necessaire, les troupes du Roy ne s’en estoyent pas saisies : mais la necessité des Parisiens s’estant renduë ingenieuse à rechercher toutes les avenuës pour se faciliter l’abord des vivres, ils se saisirent vers le quinziesme de Ianvier dernier de ce poste abandonné & de son pont, qui leur donnoit passage dans la Brie, d’où ils tiroyent quantité de vivres, & s’ouvroyent les chemins d’ailleurs » ([Renaudot], LA PRISE DE CHARENTON PAR LES TROVPES du Roy…, 1649, M0_2870, p. 2)
⇒ Carte de 1620 (Gallica)
⇒ Du 15 janvier au 8 février 1649, les frondeurs utilisent le pont de Charenton pour acheminer des « vivres »…
⇒ Denrées alimentaires et leur provenance : « Les ennemis s’estant ainsi saisis du pont de Charenton sçachans qu’ils ne le pouuoient garder le rompirent* & l’abandonnerent, & voulant courir iusques à Brie-comte Robert pour y prendre les bleds qui s’y estoient conduits de Champagne & de Brie pour estre amenez à Paris, furent rencontrez par les Marquis de Vitry & de Narmonstier qui rompirent leur dessein. » (LE MERCVRE PARISIEN, CONTENANT TOVT CE QVI s’est passé de plus particulier, tant dans Paris qu’au dehors…, 1649, M0_2455, p. 7)
* Le rompirent = Gaston d’Orléans « fit rompre deux arches du pont » pour « oster par là toute esperance de passage » (M0_2870, p. 8) – voir tableau.
⇒ Denrées alimentaires non acheminées :
« Le Samedy 13. Feburier […] Comme aussi le Duc d’Elbeuf, & le Duc de Beaufort accompagné d’autres Chefs, de quantité de Caualerie & d’Infanterie, sortirent pour Brie-Comte Robert pour escorter vn Conuoy de bleds & de farines, aussi plus de dix mille Bourgeois sortirent pour aller au deuant de ce Conuoy en tres-bel ordre : mais comme l’on fut arriué à Brie Comte Robert, on sceut qu’a cause de la prise du pont de Charenton par les ennemis, la pluspart de ceux qui auoient amené quantité de Chariots de bleds & farines en nombre de plus de six cens, s’en estoient retournez sur le bruit que les ennemis au partir de Charenton, alloient de ce costé là, ce qui fut cause qu’il ne s’en trouua que cinquante ou soixante chariots qui furent amenez à Paris. » (LE MERCVRE PARISIEN, CONTENANT TOVT CE QVI s’est passé de plus particulier, tant dans Paris qu’au dehors…, M0_2455, p. 8)
⇒ Acheminements rétablis ?« Le 18. Febvrier […] On à de present tellement nettoyé d’ennemis tous les chemins de Brie Comte Robert, & de Ville-neufue saint Georges iusques à Charenton, qu’on y peut aller & venir librement & la Caualerie du sieur Marquis de Vitry & Nermoustier courent auiourd’huy iusques aux portes de Lagny & de Meaux, sans rencontrer aucuns desdits ennemis. » (LE MERCVRE PARISIEN, CONTENANT TOVT CE QVI s’est passé de plus particulier, tant dans Paris qu’au dehors…, M0_2455, p. 15)
⇒ Quelques semaines après, désinformation & propagande mazariniste :
« Les Parisiens, & toute la France mesme, n’ont que trop esprouué à leur dommage les maux qu’elle fait pour douter de la verité que i’auance, & les villes de S. Denis, de Brie-Comte-Robert, & les Bourgs de Meudon, de Charenton, de Bievre, de Nanterre, & tant d’autres, ressentent encore trop les sanglãtes marques de sa cruauté, pour pouuoir oublier les brigandages, les sacrileges, les incendies, & les violemens de filles & de femmes, que cette inhumaine a fait commettre par des barbares. » (LE MINISTRE D’ESTAT RESTABLY ET IVSTIFIÉ, 1649, M0_2471, p. 4)
⇒ Puis, prise de Brie-Comte-Robert par les troupes royales les 25-26-27 février :
« de tous les postes par lesquels ces vivres pouvoient venir à Paris il n’en restoit point d’ouvert que la ville de Brie, grandement commode à faire amener des bleds du païs le plus fertile de la
France, de laquelle les Parisiens, à ce sujet, s’estoyent emparez des le commancement, & y avoyent mis vne garnison de huit cent hommes sous la charge du sieur Bourgoigne […]
[…] Leurs Majestez voyant que cette ville de Brie avoit refusé d’obeyr à leurs ordres qui leur furent portez par le Cõmandeur de Montecler, avec trois cent hommes de pied & cent cinquante Chevaux, donnerent charge quinze jours apres, qui fut le vingt-cinquiéme du passé, au Comte de Grancey Lieutenant general, de l’aller assiéger » (LA PRISE DE LA VILLE ET CHASTEAV DE BRIE-COMTE ROBERT, [2 mars 1649], M0_2873, p. 2)
⇒ Après la prise de Brie, le 27 février, un butin de 300 tonnes de blé :
« Il s’est trouvé dãs la ville & le chasteau plus de trois cens muids de bled, dont se fait inventaire
pour servir à la subsistance de l’armée du Roy, la prévoyance d’autruy luy ayant esté par ce moyen autant profitable qu’invtile à ses autheurs. Il s’y est aussi trouvé trois cens chevaux, qui se partagérẽt à tous les Corps de cavalerie, pour les distribuer aux cavaliers démõtez. » (Ibid., p. 7)
⇒ Voir aussi l’épisode du pain de Gonesse : estampe intitulée Le retour de Gonnesse (1649, Carnavalet).
II. PEUT-ON PARLER DU SALAIRE ?
⇒ SALAIRE dans le TLFi : du lat. salarium, « ration de sel (d’un soldat, d’un magistrat), etc.
⇒ Le salaire de la peur (H.-G. Clouzot, 1953)
⇒ Qu’en était-il dans les mazarinades ?
⇒ LETSAJ, recherche des formes « sallai.*|salai.* » ⇒ 89 occ. trouvées.
⇒ Moins les doubles, 72 occurrences, issues de 54 pièces (2 % du corpus), voir concordance ci-dessous, mise dans l’ordre des volumes de la collection :
Légende de désambiguïsation sémantique : en rouge le sens premier, en vert le sens figuré (ou les deux), en jaune indécidable
A_2_10 (bib:
p.5 Lire la suite...