Le thème principal de cette session est le travail. Dans des films où il est question du travail, on ne parle jamais « que » du travail : il y a aussi des situations individuelles et de famille, des voyages ou des problèmes de santé, des activités de loisir et tout ce qui forme la vie quotidienne des personnages – à une certaine époque et dans un certain milieu social (l’histoire du cinéma commence d’ailleurs, avec les frères Lumière, par une sortie d’usine en 1895-1896). Pour étudier ce thème, il conviendra donc de bien réfléchir aux conditions qui entourent et accompagnent les personnages principaux – ici, trois personnages féminins. Voici les films choisis, tout de même bien centrés sur le thème du travail, à trois époques séparées d’environ 60 ans :
- Années 1950 : Populaire (Régis Roinsard, 2012)
- Années 1890 : Le journal d’une femme de chambre (Benoît Jacquot, 2015)
- Années 2010 : Deux jours, une nuit (Jean-Pierre et Luc Dardenne, 2014)
Pour commencer, Populaire montre une époque, la fin des années 1950, où se produit un fort développement économique dans de nombreux pays. Cela crée un grand besoin de travailleurs et de travailleuses, par exemple dans des bureaux pour taper à la machine. On voit ainsi s’opposer des femmes, toujours appelées « mademoiselle » ou « mesdemoiselles », et des hommes qui les dirigent (situation assez semblable à celle de la série américaine Mad Men, par exemple). Le film étant une comédie (un peu romantique aussi), le travail est montré positivement, transformé en préparation sportive pour remporter une compétition internationale.
Le journal d’une femme de chambre, nouvelle adaptation du roman d’Octave Mirbeau, n’est pas une comédie. Vers la fin du 19e siècle, le travail des domestiques y est montré dans sa dureté, sa densité, avec les mauvais traitements qu’infligent (souvent) les patronnes et avec le harcèlement sexuel (souvent) de la part des maîtres de maison. Dans une société dominée par une bourgeoisie malhonnête et prétentieuse, le film (comme le roman) détaille cet enfer social que vivent les « gens de maison », traités comme des esclaves. Entre la fatigue, la colère et la dépression, on se demande comment une jeune femme intelligente pourrait s’en sortir sans devenir criminelle.
Le titre Deux jours, une nuit est le temps que durent, comme une sorte de marathon de porte à porte, les nombreuses démarches d’une travailleuse qui voudrait ne pas perdre son travail. Comme pour beaucoup de gens, de nos jours, « trouver du travail », « changer de travail » ou « ne pas perdre son travail » sont des activités professionnelles plus stressantes que le travail lui-même (voir aussi Je pense à vous, film des frères Dardenne de 1992). Cette femme ne se trouve pas opposée à un patron ou à une hiérarchie mais aux autres personnes qui, comme elle, ne veulent rien perdre du peu qu’elles ont encore. Est-ce que la solidarité existe encore dans la société soumise aux seules contraintes de la mondialisation sauvage ?
Sujets de rapport (exemples) :
- Dans le film Populaire, détaillez les différentes étapes de la situation professionnelle de Rose. En reliant ses comportements et ses paroles à des informations sur l’évolution de la société des années 1950-1960, commentez la vision du travail pour les femmes dans ce film.
- Pourquoi Le journal d’une femme de chambre (film de 2015) est-il un film sans espoir social pour les femmes ? Citez et commentez des images et des paroles de ce pessimisme. Montrez quel espoir peut avoir Célestine et commentez la fin du film.
- Quelles relations humaines (au travail et en dehors du travail) nous montre le film Deux jours, une nuit ? Classez et commentez les réactions des interlocuteurs et des interlocutrices de Sandra. Expliquez sa réaction finale.
Date limite des rapports : 1er février (4e année) et 10 février (3e année). Il est préférable d’envoyer vos premières versions dès le mois de décembre pour amélioration et conseil.
Autres thèmes à étudier :
- La vision du handicap : La famille Bélier (E. Lartigau, 2014), La dernière leçon (P. Pouzadoux, 2015), Intouchable (O. Nakache & E. Toledano, 2011)
À suivre…