Un panorama de la littérature francophone
1968-1998
Enquête auprès des membres des listes Balzac-L et France-Langue
La suite du début ou le début de la suite...
par titres ||||||| par auteur ||||||| par date ||||||| trios individuels

Pourquoi une suite...?
        Dès que le résultat de l'enquête est rendu public (2 décembre 1998),
                il n'est plus possible d'ajouter des titres
                        en gardant le protocole initial.
En effet,
ce qui était expression personnelle,
recueillement (faussement) naïf
avant qu'une liste n'apparaisse publiquement,
ne peut plus être tel
mais devient
       réaction au manque ou à l'abondance, contrepoids esthétique et/ou idéologique, lobbying d'inconditionnels, et réglages/réglements de comptes...

        Bref,
            rien n'est plus
                comme au début.
Pourtant,
    c'est un nouveau début car les lecteurs des résultats de l'enquête, qu'ils y aient pris part ou non, se prennent (légitimement) à commenter, à participer après-coup, à réagir aux raisons des uns et aux choix des autres, ainsi qu'à mes propres commentaires. Et c'est peut-être là, dans l'échec d'un premier tour de manivelle au moteur récalcitrant, que peut jaillir un débat littéraire sur le contemporain. Car de vrai débat, il n'y en a pas eu depuis des années (me semble-t-il). Il y a d'un côté le monde de l'édition, revues comprises (à de rares exceptions près), ou tout est filtré, et, de plus en plus, codifié dans le but de rapporter (argent et médiamétrie); et il y a de l'autre côté des listes de discussion sur l'Internet (mailing-lists, comme Balzac-L et France-Langue) où chacun cherche réponse à des questions détaillées et personnelles, où les communautés s'informent d'événements qui se passent dans le monde réel (colloques, revues, postes vacants, etc.), ce qui est utile et (déjà) nécessaire, mais où les débats sont évités (sans que l'on sache si c'est par tacite volonté de préserver sa tranquillité en même temps que celle de tous les autres, par inadéquation ou immaturité du média réticulaire, ou par ce qui pourrait être une forme d'indifférence/incompétence - ce qui nous amènerait alors à nous demander comment il se fait que la plupart des abonnés sont professeurs et/ou chercheurs...)

On trouvera donc
    ci-dessous, de façon informelle,
la suite des listes, les commentaires,
toujours sous forme anonyme (sauf en cas d'accord de l'auteur),
datés comme un journal de bord...
            d'un bord contemporain des lettres francophones !

Quand faut y aller !

Si vous souhaitez réagir à votre tour, si vous souhaitez que votre réaction soit retirée, si vous souhaitez que votre nom soit ajouté à votre réaction, dites-le-moi.


R1 - Le 2 décembre 98 :
un petit mot pour exprimer (a mon tour) de la deception. Non, il ne s'agit
pas de la faible participation, je continue a trouver des circonstances
attenuantes a nos collegues... Il s'agit de la liste. De mon point de vue,
la moitie des oeuvres citees est a mettre a la poubelle. Je citerai, en
autres auteurs surfaits ou d'une mediocrite sans nom: Annie Ernaux et
Philippe Djian.
 Si je peux me permettre une remarque sur la methodologie de cette liste,
je dirai qu'elle fait un peu fourre-tout et que le choix des dates reste a
expliciter. Le principe, lui, capte tout mon interet, en tant que prof
(quelles sont les tendances chez mes collegues?) et en tant qu'amateur de
litterature (la recurrence de certains auteurs et l'absence d'autres).
 En conclusion, je pense que vous avez eu une bonne idee qui demande a murir.

L1- Le 2 décembre 98 :

R2 - Le 3 décembre 98 :
Je comprends votre déception devant une aussi faible participation au
panorama que vous avez tenté d'organiser, déception d'autant plus grande
que les raisons invoquées par certains de vos correspondants sont pour la
plupart infondées; ainsi, le manque de temps pour répondre à votre enquête
: il faut vraiment peu de temps pour noter 3 livres qui ont profondément
marqué votre existence de lecteur. Quant à la crainte de donner
publiquement son avis, c'est non seulement absurde, mais c'est surtout
avoir peu de confiance en ses propres capacités de jugement littéraire.

Sur le fond, je ne suis que très légèrement surpris par le classement des
auteurs les plus plébiscités : parmi les 9 auteurs ayant obtenus plus d'une
voix, on relève quand même 4 noms couronnés par un Médicis ou un Goncourt!
Or, votre questionnaire ayant été posté sur des listes majoritairement
fréquentées par des enseignants et des chercheurs, ce résultat me paraît
inquiétant dans la mesure où il reflète un certain conformisme (même si,
bien sûr, une aussi faible participation ne peut en aucune manière avoir
valeur de photographie). Et que M. Duras ait obtenu 4 voix avec son ouvrage
le plus "facile" (L'Amant) confirme ce qui précède. De même que cette
écrasante majorité de romans et d'auteurs "bien en place".
Nous sommes encore très éloignés du jour où nous serons capables de sortir
des sentiers battus, de prendre les départementales plutôt que les
autoroutes et la monotonie qui leur est propre !
Bien entendu, vous pouvez publier cette réaction (tout comme d'ailleurs mon
choix) qui, peut-être, en incitera d'autres.
Patrick Kremer
Ecrivain
mailto:Patrick.Kremer@wanadoo.fr
http://perso.wanadoo.fr/patrick.kremer/
Directeur de la revue Courant d'Ombres
http://assoc.wanadoo.fr/courdo/
Administrateur de la liste Courdo
http://assoc.wanadoo.fr/courdo/html/liste.htm

R3 - Le 3 décembre 98 :
Oui, j'aimerais réagir à vos propos, car ils me consternent: j'espère
sincèrement que les raisons invoquées que vous mentionnez n'ont pas été
données sérieusement, sinon, en plus de désespérer des étudiants, je
désespérerai de mes semblables bientôt: 1- invoquer le manque de temps
est une aberration, entendu qu'on prend le temps d'aller lire nos
messages et qu'il ne fallait qu'une minute de réflexion pour répondre à
votre question; 2- invoquer la peur et la timidité est, à mon avis, de
la mauvaise foi, sinon pourquoi ces gens sont-ils abonnés à une liste de
discussion? Par voyeurisme??? 3- quant à la pertinence ou la
non-pertinence d'une enquête, cela est effectivement discutable, mais il
n'en demeure pas moins que ce type de sondage s'avère intéressant, pour
ne pas dire quelquefois surprenant, et qu'il pourrait s'agir d'un
excellent baromètre si les abonnés de Balzac voulaient bien y
contribuer: en effet, pourquoi _L'Amant_ et _La Vie devant soi_
semblent-ils les favoris, du moins à première vue? Est-ce la publicité
faite autour de ces oeuvres, le fait qu'on puisse les faire lire à des
étudiants de niveau collégial, le réel plaisir de lecture qu'ils ont
procuré, enfin leur 'réelle' qualité littéraire? Mais alors, en quoi
consiste cette dernière? Etc. Vous voyez comme moi qu'une telle
discussion vaut autant pour des littéraires que de connaître la dernière
théorie de Machin. Seulement, sommes-nous prêts (nous, c'est-à-dire les
chercheurs 'sérieux' pour qui il n'est de bon ton que de s'extasier
devant Proust et de vouer aux gémonies les Nothomb, Houellebecq et cie)
à sortir du 'carcan' universitaire? Je souhaite tout de même une bonne
fortune à votre recherche.

R4deR2(>R1&R3) - Le 4 décembre :

[ce qui signifie Réaction n°4, fait suite à la Réaction N°2, et porte sur les Réactions n°1 et 3]
Même s'il ne m'est guère agréable de participer à une discussion dans
laquelle, jusqu'à présent, les intervenants tiennent, pour des raisons qui
m'échappent (sans doute parce que je n'appartiens à aucune institution ni
chapelle), à conserver l'anonymat, je voudrais quand même réagir aux
premiers messages.
Le premier intervenant [R1] (voyez comme c'est simple!) accorde des
circonstances atténuantes à ses collègues: encore faudrait-il les préciser.
Par ailleurs, il jetterait la moitié des oeuvres citées à la poubelle :
soit, mais alors, pourquoi, plutôt que de citer deux noms d'auteurs qu'il
estime surfaits (ce qui est son droit le plus absolu), ne nous donne-t-il
pas les auteurs qu'il a lui-même élus? Ce serait déjà plus constructif.
Enfin, quant à sa critique de la méthodologie de cette liste, je ne la
partage pas, et le choix des dates me paraît tout à fait symbolique.

Le deuxième intervenant [R3] (comment fera-t-on quand il y aura 100, 200
anonymes?...) pose une question fondamentale au sujet de la reconnaissance
d'un auteur : Duras et Gary-Ajar doivent-ils leur notoriété à la publicité
faite autour d'eux, à une relative facilité de lecture pour un large public
ou à la qualité intrinsèque de leurs oeuvres ? Sans doute un subtil dosage
de ces trois facteurs. Mais ce qui me paraît le plus évident, et le plus
navrant, c'est la paresse du public, son incuriosité qui le fait aller là
où d'autres (journalistes, critiques, enseignants) ont décidé qu'ils
iraient. Et le cas Houellebecq, même s'il est loin de faire l'unanimité, va
encore en ce sens : le public achète ce livre parce que la presse a pondu
des dizaines de pages à son sujet. Je suis de ceux pour qui les plus
belles, les plus passionnantes lectures se produisent lorsqu'un individu
entre dans une librairie, fouine et est appelé par UN livre en particulier.
Mais pour cela, il faut être curieux et accepter de se perdre quelquefois.
Enfin, pour conclure, je ne pense pas qu'il faille, sous prétexte de ne pas
laisser passer un chef d'oeuvre, opposer les "anciens" et les "nouveaux"
(Proust et Houellebecq, par exemple) : n'oublions jamais que la création ex
nihilo est un mythe, que tout auteur crée à partir de la création d'un
autre qui lui-même créa à partir de... etc. En ce sens, le terme de
créateur est usurpé. Et puis, beaucoup d'écrivains sont les hôtes d'un
purgatoire immérité : les redécouvrir est aussi une expérience
passionnante, laquelle n'empêche en rien la découverte d'auteurs
immédiatement contemporains.
Désolé de la longueur de cette réaction que, bien entendu, je ne désire pas
anonyme.
Patrick Kremer

L2 - Le 4 décembre :


à suivre...



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