Journal LittéRéticulaire de Berlol
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Littéréticulaire : néol., adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur.







Juin 2009

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Mercredi 10 juin 2009. Rêvasser bachelardesquement.

Tantôt cyprin éternel, ami des tortues, longtemps grommelant dans des tuyaux, des tunnels, tantôt limite beauf se la pétant, casque noise reduction autour du cou, sur des tapis d'aéroport, je reparais donc pour un jour, une semaine, sans programme — et serai bien en peine de résumer ce gros mois d'arrêt de ce qui était devenu progressivement une corvée, un boulet inerte et bouseux, le JLR2.
Les relectures, révisions, écritures et partages robbe-grilletiques qui ont occupé le clair et le pas clair de ce temps-là, entre Nagoya, Tokyo, Toronto et Ottawa, ont au moins produit un résultat notable : l'expulsion — Arg ! Non, pas le vomissement, tout de même ! — de ce sujet pour moi. De même que je pense qu'il n'y aura pas de colloque Robbe-Grillet avant un paquet d'années. Au moins quand les Actes de celui-ci seront connus des spécialistes. Car si l'appréciation des constructions, des fantasmes, du style et d'une certaine sorte d'humour a pu être partagée et détaillée par la trentaine de présents (et pas de public), c'est un peu comme on aurait morcelé et dégusté le corps du Christ du NR — pour s'en débarrasser et sortir du XXe siècle. Les balises vingt-et-uniémistes que je voulais pour ma part aller poser sur le sol canadien étaient moins destinées à la fortune critique de l'exfiltré des bananeraies, je me cite (sinon qui le fera ?), qu'à voir venir les suivants, les héritiers, ceux qui avaient repris des traces douteuses, profité des leçons et des crasses, et chez qui survivra merveilleusement transmuté quelque chose de Robbe-Grillet, quand les ARGiens purs et durs en seront à sucer les os et à ressasser les indices de la très louche pathologie de l'homme.
À l'instar du sculpteur visionnaire des statues encore prises dans le marbre brut, j'ai cru voir se dessiner l'Echenoz et le Volodine dans le bloc d'œuvres qui va d'Un Régicide à La Reprise, et de L'Année dernière à Marienbad à Un Bruit qui rend fou. Un qui m'avait compris (Shawn Duriez) ajoutait, selon lui, Modiano. Pourquoi pas (justement : ça se discute). Et j'aimerais que chacun se laisse rêvasser bachelardesquement, lâche la bride au cou du pape, et regarde dériver dans ce fleuve de sagesse ses propres boîtes de fiches cartonnées et ses jolies clôtures universitaires (carrière ! carrière !) pour entrevoir, entendre, sentir et toucher la présence rhizomique et fantômatique du corpus robbe-grilletal à l'étal des librairies d'aujourd'hui. C'est ça qui emmerde tant Sollers, par exemple : que des atomes d'ARG se soient incrustés un peu partout — alors qu'un Vasset, un Bon ou un Massera n'en ont cure : ils regardent devant.

Le plaisir de découvrir, aussi, cette belle petite ville d'Ottawa, l'impeccable organisation, des résidences universitaires comme du colloque lui-même — encore merci, et ému, à Christian Milat et Roger-Michel Allemand.
Le contentement intellectuel des soirées passées avec François Jost, André Gardies et François Migeot — et pas qu'intellectuel puisque nous avons aussi partagé d'excellents plats et verres, que ce soit au Social ou au Blue Cactus. Des propos off the record avec ces trois-là sont ainsi amalgamés à la succulence de l'agneau et du bœuf que je dégustais en les écoutant.
La joie de rester en contact avec T. grâce à Skype que nous utilisons pour la première fois durant ce séjour. L'image un peu floue de ma dulcinée souriante ne laisse pas passer l'ombre inquiétante du vol AF 447 — j'aimerais savoir qui, entre deux avions, n'y penserait pas ? C'est qu'on n'est jamais sûr de rentrer chez soi, le savez-vous ?

Oh, côté migration du domaine, ça me paraît encore loin d'être terminé ! J'ai pu échanger quelques messages en anglais avec des réparateurs de chez Globat, des modifications sont en cours. Marchera, marchera pas ? Un mois de blog de cours a été effacé, sans que je sache foutrement pourquoi. Le blog des Mazarinades est disparu, réapparu, pas d'explications. Bref, ça migre en bricolant et ça communique le moins possible. En tout cas, j'ai réussi à rétablir le courrier électronique, ce qui est déjà bien.
Alors, pour ce billet, en attendant que le web 2.0 veuille bien fonctionner, vous vous contenterez d'HTML de base — n'est-ce pas Philippe (je vais retrouver la page et faire le lien) qui s'élevait récemment contre la perte de contrôle généralisée qu'entraîne la vogue des outils dynamiques non-maîtrisés ?
Et comme il n'y a pas de fil RSS, je vais te me le twitter et facebooker, le retour de Berlol !...


Vendredi 12 juin 2009.

























































































© Berlol, 2009.