Littéréticulaire : adj. (de littéraire et réticulaire), propriété d'un texte où s'associent, aux valeurs traditionnelles et aux figures classiques du texte littéraire, les significations et effets de sens provoqués par les liens hypertextuels au sein d'un réseau (l'internet par exemple), qu'ils aient été voulus ou non par l'auteur. |
Pour tout commentaire,
on peut m'écrire à "berlol" chez "inter.net".
Lundi 1er décembre
Quatrième jour de pluie. Ah, si je pouvais me scaphandrier... Le soir, GRAAL sur Au Piano d'Echenoz. Queneau et Flaubert convoqués dès la première page, allusions alluvions qui n'empêchent pas le récit de passer. |
Mardi 2 décembre
Beau Fuji blanc de la fenêtre du shinkansen |
Jeudi 4 décembre
Petit concours... de circonstances : Ou comment parler d'autre chose que de sa journée... |
Lundi 8 décembre
Presque le dernier cours de méthodologie de la recherche littéraire...
Quelques heures plus tard, de beaux moments à discuter sur Au Piano d'Echenoz, au GRAAL. Après s'être amusés la semaine dernière des indices flaubertiens parsemés dans les premières lignes, on s'intéresse aujourd'hui aux enchaînements proleptiques qui amènent la mort de Max. Au passage, les relations avec les femmes, le narrateur qui s'amuse à retarder la présentation de la soeur au lecteur, la page anthologique de sociologie amusante de la prostitution, la précision chirurgicale de l'agression... |
Mardi 9 décembre
Journée spéciale sujets d'examen. Bon, ça va,
y'en n'a que trois à préparer, sur des trames déjà
connues, mais chaque ligne, chaque mot doit être ré-observé
avec attention... A 22h40, le gardien de nuit de la fac vient me virer !
Commence à faire frisquet, le soir... |
Samedi 13 décembre
Pas spécialement envie d'écrire... |
Lundi 15 décembre le 17
Retard entériné. Avant-hier, lundi, déjeuner au Saint-Martin, près de Kagurazaka, ma montée des plaisirs à moi dans l'augmentation régulière de la portion de frites qui accompagne mon poulet, la petite table près de la porte, avec T., mon amour, et un verre de vin, récente cette habitude crétoise de boire du vin, un verre, la patrone jolie personne, en face sur la droite un bureau d'expédition de colis, toujours des camions qui s'arrêtent et repartent, encombrent la rue étroite, des employés qui sortent des diables chargés de colis, en rentrent aussi, en face sur la gauche à un coin des deux rues, un love-hotel discret sourire discret souvenirs indiscrets, T. me pique encore une frite avec de la moutarde, on met au point les derniers détails du voyage en Australie car on vient de recevoir notre feuille de route, puis fissa à la fac pour dernier cours de méthodologie de la recherche littéraire informatisée, un seul étudiant a préparé une liste de contextes de "air" dans Colomba, histoire d'étudier le système des apparences dans cette oeuvre qui n'est faite que de malentendus sur elles, les apparences, celle d'Orso caporal pour Lydia la touriste, celle de Colomba sauvage pour Orso civilisé (croit-il), et celle des innocents proleptiques cadeaux pour tuer plus tard... Puis vient la détente, le GRAAL autour de Au Piano, comment Max meurt (encore, voir la semaine dernière), après présentation de L'Ignorance de Kundera, de Passage à l'ennemie de Salvayre et de Evoluer parmi les avalanches d'Haenel sur qui y'aura à redire... De retour à la maison, je lis et j'imprime l'intéressant
travail intitulé "E-critures
: co-constitution d'un dispositif technique, d'un champ et d'une communauté",
mené par Evelyne Broudoux (vue au Colloque de Rennes 2 en septembre
2002) et Serge Bouchardon. De quoi nourrir ma réflexion... |
Mardi 16 décembre le 17 aussi
D'hier, je ne retiendrai que lecielestbleu.com... naïf qui ouvre une porte et tombe |
Jeudi 18 décembre
Suis allé à la BU pour emprunter un livre d'Evelyn Waugh, A Handful of Dust. Pour l'Australie, c'est bien ! Avec D., sommes allés à Osu, quartier populaire commercial
international chinois rénové informatique et bien d'autres
choses encore de Nagoya, qu'on aurait pu croire en déconfiture il
y a deux ou trois ans et complètement réinvesti par les restaurants
et les magasins depuis l'an dernier, sans doute la saturation de Sakae, l'extension
du centre commercial global que devient petit à petit le monde. Il
s'agissait d'acheter une caméra vidéo digitale, ou une vidéo
caméra numérique, comment dit-on ? Tout s'est bien passé
et D. est reparti avec son paquet sous le bras, son compte raisonnablement
délesté du fait des ristournes consenties. |
Vendredi 19 décembre
10 heures. Bagages. On a bien lu : de "la maison" à "la maison", or Qui a deux
maisons, perd la raison... Stupide "sagesse des nations" !... _______________________________ Philippe BONNIN, Roselyne de VILLANOVA (sous la dir.), D'UNE MAISON L'AUTRE, parcours et mobilités résidentielles, CREAPHIS, 1999, 376 p., 175 F (port inclus). "Le dédoublement de la résidence, sa multiplication, est un fait encore mal connu. Il déjoue les jugements à l'emporte-pièce. L'ubiquité résidentielle n'est ni marginale, ni une affaire de nantis. Elle rassemble ouvriers, provinciaux expatriés, travailleurs migrants, autour d'une même pratique. Cet ouvrage propose un éclairage nouveau sur la question. On croyait la population française casanière, accrochée à son clocher ou à son café-tabac, dont elle ne s'éloignerait jamais. Il faut d'urgence réviser cette image. Depuis la fin de l'exode rural, avec la succession des vagues migratoires, avec l'amplification et l'accélération des migrations hebdomadaires et saisonnières, avec l'obligation de la mobilité professionnelle, la quête d'un travail a délocalisé de larges franges de populations. Parallèlement, l'augmentation du temps de loisir, de vacances et de retraite a permis de développer un second espace de vie face à l'existence laborieuse, voire de maintenir et développer des liens avec le lieu d'origine, d'identité première, celui des siens, sa domus. Migrants de l'intérieur ou de l'extérieur, nombreux sont ceux qui vivent une résidence multilocale, qui se déplacent au sein d'un système d'habitat." TABLE DES MATIÈRES : L'AUTRE MAISON SYSTÈMES D'HABITAT POSTFACE : Dédoublement des espaces sociaux et problématique de l'habitat, Jean REMY SOURCES : Orientations bibliographiques et statistiques,
Éliane NICOLINO. |
Dimanche 21 décembre le 30
Tout comme écrire "en ligne" (pour une lecture en ligne potentiellement
instantanée, et en quelque sorte encore à l'intérieur
du (subjectif) moment de l'écriture) n'est pas la même
chose qu'écrire "en différé" (lecture nécessairement
postérieure et extérieure au (réel) moment d'écriture),
écrire d'en dehors de l'unité d'un voyage, constituée
dans le retour, n'est pas la même chose qu'écrire pendant le
voyage, serait-ce au passé, le soir, à l'étape. Evidemment, ce n'est pas à cela que je pensais dans l'avion
qui nous emportait à Perth, les vibrations, les repas, les comportements
plus ou moins compréhensibles de nos voisins m'en auraient empêché
si j'en avais eu l'idée. Je précise que cet hôtel que Yahoo classe dans les très chers et luxueux est effectivement luxueux mais nous revenait moins cher en package avec le billet d'avion que le billet d'avion tout seul, autrement dit on nous donnait de l'argent pour qu'on y aille, faut le savoir, c'est l'illogisme du capitalisme qui met des gens sur le pavé pour que d'autres (les mêmes ?) se voient offrir des séjours en hôtel de luxe (commentaires bienvenus sur ce sujet). Histoire de payer quelque chose, on a demandé une chambre
qui donne à l'Ouest sur la Swan River, même si la vue de la chambre
initiale, à l'Est, sur la piscine, n'était pas désagréable,
que ce soit pour mater ou pour faire de la sociologie, ou plus prosaïquement
pour voir s'il y a encore des transats de libres avant d'y descendre...
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Lundi 22 décembre le 31
Footing matinal le long de la Swan River, jusqu'à Barrack Square... |
Mardi 23 décembre le 31
Au Japon, c'est le jour de l'anniversaire de l'empereur, et ça
sert de plus en plus d'alibi pour fêter (commercialement) Noël.
A Perth, on doit réveillonner en avance parce que certains amis seront
occupés le 24 et le 25. |
Mercredi 24 décembre 2003 le 3 janvier
2004
"Bon, faut ouvrir un chantier, sinon je ne m'en sortirai pas !",
dis-je en moi-même en ouvrant mon deuxième Mozartkugeln
de la matinée. Donc, le 24 décembre, on se fait bronzer un peu à la
piscine du Hyatt après le petit-déjeuner, puis on se prépare
pour la journée en voiture. |
Jeudi 25 décembre
C'est Noël, il fait près de 40°C, la piscine est
déserte ce matin. Après le zoo, retour chez la cousine. On ramène la
voiture. Déjeuner qui se prolonge, pour moi, en sieste... (Rédigé le 4 janvier 2004) |
Vendredi 26 décembre
Mon anniversaire, c'est le 27, mais mon cadeau, c'est le 26, cette
année. En plein été, je ne suis pas à un décalage
près ! |
Samedi 27 décembre
T. n'a pas très faim ce matin. Reste du dessèchement
d'hier. Se rabat tout de même sur un cheddar sans doute mature,
de bonne qualité, et qui ressemble étrangement à du cantal...
Faut dire que côté
fromage, les Australiens sont assez bien servis. ___________________ A propos de cheddar, j'en ai cherché de l'australien aujourd'hui (6 janvier, jour de rédaction de cette page) au supermarché Seijo Ishii de Shinjuku (pour faire une surprise à T., et j'en ai trouvé). Je viens aussi de trouver ceci, voir au 4e paragraphe où il est question de chips au cheddar et d'haleine de chacal... Du coup, j'ai découvert le site qui abrite ce journal intime et tous les autres qui y sont hébergés. Lisez-en quelques-uns, quelques pages de quelques-uns, et revenez me voir... Alors ? Étonnant comme les gens, des jeunes surtout, ont besoin de se raconter, les tons utilisés, la récurrence des fautes infinitif/participe passé (sorry), mais le plus étonnant, à la différence de ce journal-ci, je crois, c'est qu'ils ne font pas de liens html, que leur journal se clôt sur lui-même, qu'il ne sert pas à s'ouvrir au monde ! Peut-être que le protocole de ce site ne le permet pas ? Ou alors, je n'en ai pas encore assez lu pour en trouver un qui réticulât*. _________Note : * Pour le sens de "réticuler", voir par exemple Jacques Rhéaume, in "Le rayonnement personnel en réseau" (3e paragraphe, 2e ligne) : "L'hypertextualité permet de réticuler toute forme de texte ou de message sous divers supports pour en créer un réseau unifié par des liens et représenté par une carte sémantique ou un autre mode de représentation." |
Dimanche 28 décembre
Dernier jour à Perth. Et il fallait bien ces moments-là pour supporter quelques heures plus tard l'avion où prit place toute une classe de collégiens japonais de retour de voyage linguistique (linguistique, mon oeil !). Un calvaire ! Sur des nuées australes, nous étions, depuis plus d'une semaine, et voilà qu'en avion nous retombions plus bas que terre dans la fange humaine, la bêtise, la vulgarité et les reniflements des collégiens enrhumés (car beaucoup de Japonais n'apprennent pas à se moucher). T. mit son masque respiratoire, son casque antibruit, avala un somnifère et se cala sous trois couvertures pour oublier cette misère du monde où nous rentrions... Il lui fallut trois jours pour se remettre de ce cauchemar. C'est dans un avion comme celui-ci que fut conçu le scénario du vengeur Battle Royale" où Kitano campe le seul personnage ambigu. |
Lundi 29 décembre
De retour à Tokyo, on constate qu'il ne fait pas très froid. Cela nous évite le choc thermique... et nous permet de frimer avec nos vestes en cuir. Ceci dit, on va pas trop frimer aujourd'hui : quelques coups de fil, quelques courses pour le frigo, sieste et déballage-rangement, connexion et "check des mails", selon l'expression en cours de validation... C'est brumeux, cette journée, quand j'essaie de m'en rappeler aujourd'hui 8 janvier. Au fond, ce n'est pas très important dy revenir. Ce qui m'a étonné, et dont je me souviens très bien, c'est le total désintérêt que nous avons ressenti au sujet du Nouvel An : aucune volonté de le fêter avec qui que ce soit, aucune nécessité de contacter quelqu'un pour prendre des rendez-vous. Comme surexposés à Perth de vue, nous n'aspirions qu'à l'ombre de la tanière. |
Mardi 30 décembre
Repos... |
©Berlol, 2003