Même étymon, différente ambiance
On arrive à l’âge, T. et moi, des check-up et des dépistages divers. Ce matin, tôt, c’est le tour de T. à l’hôpital de l’université de médecine de Tokyo, dans le quartier de Shinjuku, par grand soleil, encore. Tout s’y passe bien. L’hôpital est facile d’accès depuis chez nous, très grand et plutôt bien organisé ; peu de temps d’attente, contrairement à tout ce qu’on dit des hôpitaux japonais. Ce qui nous amuse le plus, c’est que juste à côté de l’hôpital, on entre dans l’hôtel Hilton. Même étymon, différente ambiance. Nous installons au lounge bar pour un café et réfléchir à l’emploi du temps de la journée (le café y est à volonté).
« Quatre café pour ces messieurs-dames.
Nous attendîmes dans un silence de plomb qui menaçait de dégénérer en bastonnade générale, marchant avec précaution sur la crête d’un incident ou d’une catastrophe, économisant nos gestes et nos paroles ; nous avalâmes les cafés rapidement, avec une certaine précipitation même, sauf monsieur Garcia, qui lui prenait tout son temps, avec sur son visage la même expression quiète, narquoise, souriante. Finalement il dit aux filles d’une voix nonchalante :
— Allez travailler, il est tard. Sinon les michetons vont attendre ; tapinez ! Nous on va rester ici encore un peu à bavarder. On se verra demain !
Jade et Natacha le regardèrent avec stupéfaction ; elles ne s’attendaient pas à ça, se faire éjecter ainsi comme des malpropres… après le cynique comptage des raclettes, c’était le pompon, la timbale qu’elles avaient décrochée.» (Vincent Eggericx, L’Hôtel de la méduse, p. 132)
Parfois, il m’arrive aussi d’avoir envie d’être grossier, et pas seulement quand j’écoute les actualités. Par exemple quand certains affichent un peu trop leurs activités sur Facebook… Sais pas, il y a une façon de faire, dans l’humour. Mais parfois une ostentation directe, un moi-je et pas vous qui renvoie aux cours d’école et appelle la giclée du porte-plume. Je me retiens.
Je ne m’énerve pas et passe aux Flux Litor pour lire des vrais contenus, découvrir la superbe revue D’Ici Là dirigée par Pierre Ménard, diffusée par Publie.net.
En dînant, mettons un des dévédés que T. a rapportés de la fac : Madame Edward (Nadine Monfils, 2003). Il y a des longueurs, des numéros d’acteurs un peu éclatés mais c’est loufoque, riche dans la référence humoristique, la dérision joyeuse et le détail qui tue — le scénario, c’est vrai qu’on s’en fout un peu.
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Publié dans le JLR