Je dénonce ce qui vient
Plusieurs fois
je me suis trouvé au pied de grands murs.
Journée chaude encore, pour la saison. Bizarrement, les étudiants ne savant jamais quelle température il fait (c’est un des sujets de la leçon). On dirait qu’il ne se posent jamais la question. Ou que la question n’est pas pertinente s’il n’y a pas d’instrument de mesure. Il me semble qu’en français, nous avons toujours une idée, même fausse, de la température. On dit : « il doit faire dans les…» ; et si on se trompe : « Ah oui, quand même, j’aurais pas pensé…» Mais poser la question ou y répondre ne nous surprend pas, je crois.
C’était le coin : Anthropologie du quotidien.
Au séminaire, on décortique les premiers plans de La Marseillaise. J’essaie d’expliquer que Jean Renoir aurait voulu que 1936-38 soit comme 1789-91. C’était le fun, ils y croyaient. Malheureusement, il y a eu 1939 puis 1940, la fin des illusions.
(Quand on n’a pas bien regardé la bête en face, elle vous vient dans le dos. Un massacre.
On a beau jeu de dire ça aujourd’hui, hein !
Ceci dit, je dénonce ce qui vient depuis un bout de temps déjà, comme Vercors par exemple qui annonçait la cata dès 35. — Tout ça c’est off, entre nous, ici, je n’en ai pas parlé aux étudiants, ils ne comprendraient même pas le début du commencement du premier mot tellement leur formatage est abouti…)
Retour, vite, pour rejoindre T.
Dans le train presque désert (le jeudi n’est pas le vendredi), Eggericx s’impose. L’histoire se traîne un peu. On sent que ça se développe, ça monte, comme dans un morceau où la trompette entre après l’intro des cordes, puis la charleston arrive, et d’autres instruments encore. Mais tout ça (se) tend vers quelque chose, on ne peut pas vraiment en profiter sur le moment. Et rien de citable ne se détache. On attend. Les cymbales ou quoi ?
Vive la magie !
On parle beaucoup du discours de Sarkozy. Moi, je pense que vouloir faire de la crise une chance pour l’avenir (dixit France 2 ; et il y a 10 occurrences du mot chance dans son discours de Douai), c’est vouloir changer la merde en or. Y’en a qui ont essayé. Y’zont eu des problèmes.
C’est surtout prendre les gens pour des cons — ce qu’ils sont peut-être.
Au fond.
Sur TV5 Monde, La Vie d’artiste (Marc Fitoussi, 2007), un film très moyen, sauf l’idée de répétition presque gaguesque des échecs. Excellent (second) rôle de Jean-Pierre Kalfon en chanteur intello d’autrefois subitement devenu sénile…
Et puis la suite d’hier :
« Le vendredi, après un détour par l’Australie, Michel flotte dans les limbes du Pacifique, où il se fait remettre en grandes pompes une moustache de cérémonie par le Céroféraire. Il doit en effet procéder à l’intronisation des nouveaux membres de l’USB. Lesdits membres sont au nombre de douze, car Michel Bernard a procédé à la multiplication des Michel Bernard : il y a donc Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard, Michel Bernard et Michel Bernard, tous vêtus de la toge de lin blanc des thuriféraires.
— prenez et mangez, car ceci est un logiciel de lexicométrie, déclare solennellement Michel.
— prenez et buvez, car ceci est un lien hypertexte, poursuit-il en versant aux participants extasiés une coupe de Côtes-du-Rhône.
Tous s’inclinent et prêtent serment de consacrer leur vie à calculer des occurrences, traquer des hapax, chasser les nullax.
Les participants en transe, en train de chanter les chants de Maldoror, sont soudain interrompus par l’irruption d’une vache avec des bois de cerf en poils fuchsia, qui déboule les pieds nus et sème la panique dans l’assemblée, qui s’éparpille dans les vignes avoisinantes (vous l’aurez compris, il s’agit des Vignes du Seigneur).» (Odile Noël, La Moustache de Michel Bernard)
Tags : Bernard Michel, Eggericx Vincent, Fitoussi Marc, Kalfon Jean-Pierre, Lautréamont Comte de, Noël Odile, Renoir Jean, Sarkozy Nicolas, Vercors
Publié dans le JLR
attendez que, comme prévu et voté, l’illustrissime nomme et révoque les responsables de radio-france et de l’audiovisuel extérieur de la France (ce qui, aîe, fait AEF) pour diffuser sa pensée profonde