D’étranges aéronefs traversent
Le monde va mal, on le sait. Mais il y a tout de même de bonnes nouvelles. Par exemple, la décapilotade des sarkozartistes… Le fait même que L’Obs publie ce genre d’informations confirme le changement de bord dont je parlais hier.
Merci à Didier Jacob de faire son boulot et de donner les chiffres des ventes de l’édition automnale (c’est le genre de travail qu’on aurait attendu d’un Assouline à ses débuts dans le blog, maintenant c’est trop tard).
Je passe encore du temps à comprendre Facebook, comment améliorer mon profil, en faire quelque chose d’utile ; de la même façon qu’où d’abord l’œil ne voit rien, progressivement, il accommode et commence à distinguer — punaise ! — des motifs, des mouvements, des attraits.
Mon grand retour au centre de sport ! Avec vélo statique en compagnie de Pelevine, machines de maintien de la forme musculaire, plus aucun problème à l’épaule, puis bain chaud et sauna. Grande forme pour déjeuner avec David et le directeur de l’Alliance, JM, au Downey. On blague bien, quand on ne parle pas FLE, bien sûr.
Encore Pelevine dans le train ; ça va pas durer longtemps, ce livre…
Au début on croit que ce sont des nouvelles, et puis on voit des connexions diégétiques, des relations ténues se tresser entre espèces d’insectes. L’ensemble devient une architecture — une architexture — très aérée que d’étranges aéronefs traversent, agités par les mêmes questions que nous, l’amour, la mort, le sens de la vie, comment savoir et que comprendre à ça, l’existence…
Nikita et Maxime discutent en fumant de l’herbe, ça les aide à réfléchir. En y regardant bien, ils découvrent que les petits claquements secs que fait parfois le joint en se consumant résultent de la crémation de minuscules punaises de chanvre. Un dicton prétend même que quand les punaises s’enfuient de l’herbe, c’est que la police arrive. Nikita et Maxime marchent sur un chemin de campagne, s’aperçoivent qu’ils sont poursuivis par la police, s’enfuient dans une zone industrielle désaffectée, se réfugient dans un tube de béton quand soudain le vent souffle…
« En fait, ce n’était même plus la peine de réfléchir. Le vent souffla de nouveau, en apportant, cette fois, d’épaisses bouffées de fumée. Les deux amis se mirent à tousser. Maxime sentit une vague de chaleur brûlante et, par les fentes entre les planches, aperçut les reflets rouges d’un feu encore lointain.
[…] Et si le joint est court, pensa-t-il avec horreur, on peut le fumer en cinq bouffées… Dieu ! Si tu m’entends !
Il voulut se signer, mais ne put dégager ses mains coincées par le bris des caisses.
— Dieu ! Pourquoi cette punition ? chuchota-t-il.
Une voix tonitruante et en même temps cordiale sortit du trou par où était aspirée la fumée.
— Crois-tu que je te veuille du mal ?
— Non ! cria Maxime, en se pressant contre le béton pour se protéger de la chaleur brûlante qui l’enveloppait. Je ne le pense pas ! Dieu, pardonne-moi !
— Tu n’as commis aucune faute, tonna la voix. Pense à autre chose.» (Viktor Pelevine, La Vie des insectes, p. 119-120)
« Sam, protesta Natacha, ne me regarde pas. Mon mascara a coulé.
— Calme-toi. Tu dois boire quelque chose ou…
Il fourra deux doigts dans la poche de sa chemise et en sortit une longue papirossa avec une extrémité enroulée en forme de pointe de flèche. […]
— Mais ça ne me fera pas de mal ? demanda Natacha.
— Ça te fera du bien, la rassura Sam en tirant une autre bouffée.
Comme pour confirmer ses paroles, la papirossa craque entre ses doigts et lâcha un filet de fumée long et étroit. Natacha prit la papirossa avec crainte, comme un fil électrique dénudé, et regarda Sam d’un air incrédule.
— J’ai peur, chuchota-t-elle, je n’ai jamais essayé.
— Crois-tu, demanda-t-il tendrement, que je te veuille du mal ?
Le visage de Natacha se déforma, et Sam comprit qu’elle allait encore pleurer.
— Tu n’as commis aucune faute, dit-il avec la même tendresse. Pense à autre chose.
Natacha ravala ses larmes, approcha la papirossa de ses lèvres et inhala la fumée. La papirossa craqua une fois de plus et lâcha, en sifflant, un filet bleuâtre.» (Ibid., p. 121-122)
Tags : Assouline Pierre, Jacob Didier, Pelevine Viktor
Publié dans le JLR
« comment améliorer mon profil »… Je serais toi, je laisserais les choses comme elles sont, tu es très bien comme tu es.
Amicalement
Phil, toujours aussi allergique à ces notions.
si loin de Pelevine
Philippe, je ne suis pas sûr que ton œil puisse jamais accommoder là-dessus…
Brigetoun, vous êtes peut-être trop près de Solférino…
pas près du tout, une dernière tentative dans l’ahurissement de ne pas avoir été radiée – je passe, mais me sens un rien coupable quand je vais dans les quartiers de ce qui est une des villes les plus pauvres de France.