Chiffon jamais assez rouge
La météo hésite entre beau temps et risque de neige, avec 10°C, voire moins. Alors, on fait quoi, nous, avec des classes dans lesquelles la moitié des étudiants éternuent et reniflent sans mouchoir ? Si propre, si hygiénique d’habitude, le Japonais enrhumé devient souvent un goujat racleur et lamentablement contagieux. C’est encore pire dans les transports en commun que dans les classes. Je connais des collègues qui distribuent les mouchoirs. Je pencherai plutôt pour les masques…
Sans parler de ceux (et celles) qui arrivent en classe et s’affalent carrément pour dormir une heure, sûr(e)s de leur bon droit après avoir répondu à l’appel. De temps en temps, et aujourd’hui, donc, je recadre en précisant que chaque étudiant choisit de venir, qu’un présent est un participant, et qu’en cas de note d’examen un peu inférieure à la moyenne, je ne peux aider que si le contrôle continu est positif.
Au séminaire de cinéma, on commence la comparaison de détails des films (Lady Oscar, Marie-Antoinette et La Marseillaise). Occasion aussi de former le regard à la construction de l’image, du cadre, du mouvement, du montage, etc. Avec tout le vocabulaire qui va avec.
En dînant, j’ai revu la Grande Librairie de jeudi dernier, avec Jean-Marie Blas de Roblès, Denis Podalydès, Michel Onfray et Marie Nimier (que j’avais déjà vue dimanche dernier avec T.), cette fois pour mieux écouter les portraits des invités. Mais aussi pour essayer de mieux comprendre l’énigme Busnel, ce qu’il y a de désagréable en lui — même en faisant d’immenses efforts de tolérance et d’objectivité.
Effacer une si belle bague !… Mais chez Rachida Dati, ce n’est pas la photo qu’il faut retoucher ; je crois que c’est dans le cerveau qu’il faudrait réviser des soudures, notamment dans les circuits qui relient communication, négociation et décision — et débrancher carrément le slot mépris.
Aux infos, bonne tenue de la grève. On voit et on entend que les journalistes ont (un peu) changé de bord. Il y a un an ou deux, on filmait volontiers les parents grincheux ou franchement hostiles au droit de grève, maintenant on montre plutôt ceux qui disent soutenir les grévistes même si c’est gênant. Les deux camps existent, bien évidemment, mais c’est le journaliste et sa rédaction qui choisissent de pousser tel ou tel curseur…
Un beau slogan aperçu dans la manif : « Tableau plus que noir ».
Invite à d’autres détournements, comme :
Chiffon jamais assez rouge
Livre désespérément blanc
Planète encore trop bleue
« Il plongea dans la porte et réapparut une minute plus tard avec une grande cornue remplie à ras bord d’un liquide rouge foncé et trois verres. Il posa le tout dans l’herbe, puis entreprit de faire le service.
— Qui est-ce ? demanda Arthur avec intérêt.
— Un cocktail, expliqua Archibald. Un Kazakh du groupe B et un ingénieur de Moscou, Rh –. À nos retrouvailles !
Il but une grande lampée. Arthur et Arnold l’imitèrent.
— Quelle merde ! cracha Arthur, avec une grimace. Excuse-moi, mais comment peux-tu boire cela, avec un agent conservateur ?
— Que faire d’autre ? soupira Archibald en écartant les bras. Sinon, cela tourne en un jour.
— Et tu vis tout le temps comme ça ? Quand as-tu bu du sang frais pour la dernière fois ?
— Hier. Cinquante grammes. Quand il y a beaucoup de clients, je me permets de prendre un petit coup.
— Tu parles ! Un seul petit verre, jeta dédaigneusement Arnold. Quelle sorte de moustique es-tu donc ? Que dirait ton père s’il te voyait ? » (Viktor Pelevine, La Vie des insectes, p. 96-97)
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Publié dans le JLR