Tout, arbres, rivières, animaux, employés attendent
Nous nous levons à 6h30 pour avoir le temps, chacun de son côté, de retourner au bain pour l’aurore. C’est la discipline du onsen, on ne ferait pas ça tous les jours. Dehors, il ne fait que quatre ou cinq degrés.
Après la toilette et s’être bien chauffé dans le bain intérieur, avec vue sur le lac, je me rends nu dans le bain extérieur. Seule la tête sort et connaît les frimas. À travers les vapeurs d’eau, le paysage s’éclaire progressivement, les montagnes dorent et le ciel rosit. J’ai pris mon appareil-photo mais les clichés sont flous, peut-être parce que l’autofocus est trompé par les vapeurs. L’autofocus a ses vapeurs…
Ensuite, nous nous équipons (bonnets, gants, chaussures achetées en Corse) pour aller marcher une heure près du lac Gosho, apercevoir quelques dizaines de cygnes qui se concertent bruyamment, sans doute pour décider quel serait le plan de vol, au cas où.
Nous les laissons là pour nous conformer au nôtre, de plan de vol, et parce que nos ventres crient famine. C’est l’heure du petit-déjeuner au Gozanso, aussi goûteux et rustique que le dîner, et presque aussi plantureux. T. mange même du natto. Et le jus de pomme, il résulte du bruit que nous entendions une heure plus tôt en passant dans le couloir, on ne peut pas plus home made, donc.
Départ peu après 9 heures pour l’université d’Iwate, dans le centre de Morioka. Nous allons rejoindre le gros des troupes francophones pour écouter la conférence d’Yvan Leclerc sur la correspondance de Flaubert, dans le cadre du Congrès SJLLF. Au moins cent cinquante personnes, quelques salutations, à la volée, à la poignée, sans distribution de cartes.
Conférence de bonne facture, et un certain petit humour souvent propre aux flaubertiens. En principe, je l’ai enregistrée en audio (près d’une heure trente), avec mon téléphone portable, ayant oublié mon enregistreur numérique dans la voiture (on saura si ça a marché quand je pourrais acquérir une carte micro-SD à insérer dans le téléphone pour transférer à l’ordinateur…).
En voiture avec Yvan Leclerc jusqu’au Metropolitan Hotel pour un déjeuner flaubertible à huit, le lady’s lunch du restaurant chinois (très moyen). T. discute beaucoup avec son voisin, le professeur Matsuzawa Kazuhiro, qui nous donne des conseils sur les quartiers à habiter à Nagoya. Incidemment, dans la conversation, je demande à Yvan pourquoi les pages de transcription des manuscrits ont été retirées (par exemple celles que je pointais dans le cadre du cours sur Madame Bovary, l’an dernier). Cela l’étonne car il les pensait encore en ligne et souhaitait même s’en servir. Je confirme : tout l’historique de l’Atelier Bovary est encore en ligne mais plus les transcriptions des manuscrits. Des liens à vérifier ?…
Les quittons vers 14 heures et filons à deux sur Appi Kogen, quelques dizaines de kilomètres plus au nord. Comme c’est l’inter-saison, les hôtels sont déserts. Tout, arbres, rivières, animaux, employés attendent la neige imminente. Ayant repéré le complexe hôtelier, nous continuons la route jusqu’en haut, six kilomètres plus loin, là où elle a déjà été fermée pour l’hiver. Près de là, une sorte de village minier à l’abandon — lieu assurément volodinien (si quelqu’un veut l’adresse pour y tourner quelque chose…).
Redescendons pour prendre notre chambre, en changer pour une qui ne sente pas le tabac (on a le choix, on en renifle trois). Dîner en haut de l’hôtel mais sans aucune vue, tout est noir, sauf quelques lumières bleues en formes d’arbres (d’ailleurs accrochées à des arbres). En revanche, la connexion internet 100 Mbps est impeccable ; on peut voir le journal de TV5 Monde. Après, je laisse tomber Thalassa au profit du JLR en retard, puis du Chasseur de lions, puis du marchand de sable.
Tags : Leclerc Yvan, Matsuzawa Kazuhiro, Rolin Olivien, Volodine Antoine
Publié dans le JLR
frémi à l’idée du bain malgré la beauté du cadre – espéré que nous pourrons vite profiter de l’humour flaubertien (un petit côté flaubertien aussi dans son aspect – aimé la logique des lueurs en forme d’arbres
Agréable de vivre par procuration ainsi
c’est bien une fois par an quand tu nous fais voyager… et donc dommage pour la photo manquante d’Yvan au bain ! pour le village minier t’aurais quand même pu faire l’effort d’y aller ? – à moins qu’il ne soit déjà dans les japanses spirals http://home.f01.itscom.net/spiral/research3.html
Non, Brigetoun, ne frémissez pas ! Quand vous êtes déjà restée cinq ou six minutes dans le bain intérieur (à 43 ou 45 degrés), vous ne sentez pas le froid en passant à l’extérieur, et puis on entre tout de suite dans l’eau.
Euh, François… Un peu plus qu’une fois par an, je crois. En fait, Yvan est allé avec son encadrement dans un autre onsen. Nous on a fait bande à part. Le village minier, j’y retournerai volontiers, mais il faut prendre des précautions, voir si ce n’est pas électrifié, vidéo-surveillé, terrain militaire, ce genre de choses. En tout cas, je ne l’ai pas reconnu dans le site Spiral.
oui, je taquinais – juste pour dire que ce genre de pages on en reprendrait bien une la semaine!