Un démocrate est élu !
À 13h02, heure du Japon, 5h02 en France, France Info annonce que CNN annonce qu’Obama est élu, c’est-à-dire qu’un démocrate est élu ! Car qu’un démocrate soit élu, c’est bien ce qui est paradoxalement la bonne nouvelle. Que par ailleurs, il soit métis et d’origine modeste n’est pas secondaire et révèle combien les citoyens américains devaient en avoir marre de ceux qui les ont entubés huit années de suite, enquillant guerre dans guerre.
Et en plus, y’a pas photo !
Depuis ce matin, je suivais sur une page spéciale de France 24 l’annonce des tendances, puis l’évolution de la carte des États-Unis, les états se colorant en bleu ou en rouge selon l’arrivée des résultats électoraux. Sur la partie droite de la page, dans un cadre, des commentaires d’un peu tout le monde arrivaient à flux tendu. En fait, c’était, en abrégé et généralement écrit avec les pieds, une débauche de propos racistes, intolérants, insultants, stupides puis, après l’annonce de la victoire d’Obama, de félicitations naïves, d’espoirs pour le monde entier, etc. Comme si les racistes faisaient le forcing dans les dernières heures pour convaincre d’improbables électeurs francophones — mais surtout pour conjurer l’Histoire, se convaincre de l’impossibilité de ce qu’ils redoutaient et qui était en train de venir. Et disparaître dans la rue ou dans la bière quand il ne servait plus à rien d’écrire toutes ces insanités. Quelques heures après la victoire, France 24 a rapidement fait disparaître cette page dont l’historique n’était pas glorieux pour les francophones (et aurait même pu entraîner quelque mauvais procès…). Mais ça m’en a dit long sur le retard historique de la France, d’en-haut comme d’en-bas.
À 16 heures, un agent immobilier vient me chercher et, avec Andreas qui m’accompagne par curiosité, nous allons visiter une maison dans le quartier de Sakurayama pour un possible achat. Ce n’est pas juste à côté de l’université comme l’est l’appartement que j’habite actuellement mais à une quinzaine de minutes en vélo, dans un quartier résidentiel sans être mortellement ennuyeux (comme l’est Kawana où j’étais allé voir une maison il y a quelques mois). La maison, impeccable pour ses dix ans d’âge, est encore habitée par une famille de six personnes, trois générations, sur deux étages, 140 mètres-carrés, des doubles fenêtres, des balcons, des prises partout. Rien à y redire, sauf le prix. On essaiera de le faire descendre un peu… Sinon, on en cherchera une autre. Mais T. avait eu une bonne impression en voyant le plan et il fallait qu’on réagisse vite. Maintenant que c’est fait, et qu’on est intéressé, il faut voir le financement… D’ailleurs, est-ce que la banque accordera encore le crédit qu’elle promettait l’an dernier, quand on était allé faire une simulation ? Voilà un sujet bien d’actualité.
Dans la lecture du soir, idées que je partage, même si pas dans le ton de la journée… À rapprocher de ce que je disais à Fukuoka.
« (Vous avez vingt ans, vous êtes romantiques, révoltés, ignorants, vous vous efforcez d’aomer les idoles de la Révolution mondiale (il y a encore, à l’époque, quelque chose dans le monde qui porte ce nom, « Révolution mondiale »), Marx ou Mao, certains poussent le zèle jusqu’à se convaincre qu’ils aiment Staline. Mais une inquiétude en vous, au fond de la part libre et rêveuse qui demeure en vous, résiste au culte des leaders, à la lâche admiration des vainqueurs. Vous êtes très ignorants, pourtant vous vous doutez que la Révolution est un geste dont la grandeur prométhéenne ne résiste pas à sa victoire, que la Révolution victorieuse voit le temps des bureaucrates et des policiers succéder à celui des héros, qu’il n’y a de belle Révolution que dans les premiers moments incrédules, et puis après qu’elle a été assassinée. […] La République espagnole, la Commune de Paris, leur histoire ne vous est épopée que parce qu’elle est celle de défaites. […]) » (Olivier Rolin, Un Chasseur de lions, p. 101)
Tags : Obama Barack Hussein, Rebollar Patrick, Rolin Olivier
Publié dans le JLR
ouf !
mais quel boulot devant lui – et bravo pour tous ces gens qui ont fait la queue et espéré
Bon, je n’ai pas été jusqu’à déboucher une bouteille de champagne, mais le coeur y était vraiment ! notamment après avoir passé la fin du week-end avec un ami américain impatient de tourner la page crasseuse Bush… et en voyant tous ces Noirs américains et africains euphoriques ! même s’il ne faut sans doute pas trop « rêver »… quoique… a great day for America and for the world !
Je ne sais plus qui parlait de voisinage dans les tags récemment, mais j’espère que tu apprécies le tien dans ce billet, c’est quand même pas rien, à ta gauche le prochain président des Etats-Unis, à ta droite, Olivier Rolin. Mais je n’en dis pas plus avant que tu ne fasses un billet dans lequel tu t’arrangerais pour me faire voisiner les deux premiers de tes tags par ordre alphabétique
Amicalement
Phil
En effet, c’est un voisinage qui te défriserait !…