D’hiver longtemps cherché
Les quatre d’hier se retrouvent à la gare d’Iidabashi pour aller à pied par grand beau temps sec d’automne jusqu’au Seijo Ishii de Korakuen où notre ami moriokien débutant s’offre les camemberts qui lui permettront de tenir le coup quelques jours… Jusqu’au congrès du week-end prochain.
T. et moi quittons nos amis à la gare de Tokyo pour nous engouffrer dans la tour de Shin-Marunouchi, faire les magasins — ce que nous n’avons tous les deux pas fait depuis des lustres !… Déjeunons chez Suju avec une superbe vue sur le palais impérial. Chez Batak, je trouve enfin le costume trois pièces d’hiver longtemps cherché, tissu bleu d’Écosse… pour remplacer enfin, dans quelques jours, la robe de bure cramée.
Retour à pied en contournant le palais impérial par Takebashi, comme d’habitude. Beaux nuages du couchant.
T. nous a loué un dévédé, L’Empire des loups (Nahon, 2005), film assez réussi, passé totalement inaperçu de nous, en 2005 (sans doute parce que les Rivières pourpres 1 et 2 avaient noyé notre intérêt). Jean Reno dans un rôle de vrai-faux ripoux infiltré dans le trafic turc de drogue. Belle réussite des lieux secrets et des souterrains.
Et lire, reprenant où je m’étais arrêté dans l’avion Fukuoka-Tokyo :
« Cet aventurier qui méprisait la bourgeoisie brésilienne avait monté les collections du musée comme il avait monté toutes ses affaires : en taxant les grandes fortunes, qui n’osaient pas se dérober à ses ordres tant effrayaient sa puissance et sa réputation d’implacabilité. En les forçant à devenir mécènes, disait-il, il leur offrait une assurance-vie contre le bolchevisme. C’est comme ça que le Chasseur de lions est arrivé à São Paulo, te raconte Isabel : après que le terrible petit homme s’est levé et a désigné, à la fin d’un dîner en black tie, un banquier ou un grand fazendeiro qui à ce moment-là a ressenti la peur du cancre sur qui se pointe l’index du professeur, mais pas de doute, c’est à lui que s’adressait le vieux pirate : « Seu João, ou Guilherme, ou Antônio, tu vas contribuer à la culture du peuple brésilien, tu vas donner cent mille dollards pour acheter un Manet au senhor Wildenstein, à New York.» Et l’autre a fait un sourire contraint, sachant que s’il ne s’exécutait pas, il était un homme mort, économiquement et socialement au moins.» (Olivier Rolin, Un Chasseur de lions, Paris : Seuil, 2008, coll. Fictions & Cie, p. 16-17.)
Tags : Manet Édouard, Rolin Olivier
Publié dans le JLR
J’ai aussi trouvé le costume longtemps cherché ce dimanche.
J’espère juste que ce n’est pas le même !
un petit autoportrait photographique en moine-soldat, avant d’abandonner la robe de bure cramée que nous t’imaginions (n’est-ce pas mesdames?) fort seyante