Creuse les mines de vrais et de faux
Quand tu sais que le soir sera encombré, poste le matin.
Grâce au travail tenso-fictionnel de Dominiq, véritable Calder en tissant en fictionnant du web, je parcours des blogs que je ne connaissais pas, comme Cuisine interne de Nina Y. qui, le 10 octobre, rendait compte de ses travaux sur la quatrième de couverture du futur Tuer Catherine :
« Ai rédigé la quatrième de couverture aussi. […] Ainsi, j’ai pu très scientifiquement et après examen d’un certain nombre de dos d’ouvrage pas du tout représentatifs de la population littéraire française établir par induction qu’il existait principalement trois grands types de quatrièmes de couverture, à savoir : 1) les extraits purs et durs, 2) les résumés-commentaires qui portent sur le texte un regard externe (ex : « Cuisine brûlante est un récit fiévreux dans lequel, Marc, charmant quadragénaire… ») et enfin 3) les approches plus personnelles, avec un point de vue interne à l’oeuvre (ex : « Sophie, 32 ans. J’aime Marc, passionnément. Mais… »). Sachant évidemment qu’il existe des formes mixtes (ex : combo extrait + commentaire externe) ou hybrides (ex: approche interne dans le fond mais externe dans la forme). Si on met de côté la solution numéro 1, la ligne de démarcation, la question qui se pose est donc : est-ce qu’on émet un discours depuis l’intérieur du texte (par exemple en reprenant la voix d’un des personnages) ou bien est-ce qu’on en parle depuis l’extérieur, comme quelqu’un qui ayant lu le texte donnerait son avis dessus. Cette dernière solution est quelque peu plus simple, sans doute plus classique également, puisque j’imagine (je me trompe peut-être) qu’initialement la quatrième était conçue comme un propos du type, on vous parle du livre, on vous dit ce que vous allez y trouver, à la manière d’un ami bienveillant qui l’aurait lu et qui vous donnerait son avis.»
Ma mémoire s’est bien effilochée depuis le temps mais je pense qu’il y aurait à comparer avec des propos au moins aussi inductifs et spirituels du côté des Seuils de Gérard Genette, que Google propose d’emprunter dans une bibliothèque du Danemark (vérifier tout de même la météo et les conditions d’accès).
À noter que Nina Yargekov est aussi présente dans le numéro 1 de la revue Tina que Chloé m’a envoyé et que je n’ai pas encore achevé, comme tout ce qui reste suspendu en l’air pendant que — moi non plus je n’ai pas d’autre alternative — je creuse les mines de vrais et de faux rêves de Volodine, et ce jusqu’au jour de déverser ma cargaison sur les auditeurs de Fukuoka, les pauvres.
Reste à faire ma journée, avec au menu : rédaction d’une ou deux pages, déjeuner avec David, voyage en shinkansen, rencontre de quelqu’un d’important et préparation du cours de demain matin.
Tags : Calder Alexander, Delaume Chloé, Genette Gérard, Jenvrey Dominiq, TINA (revue), Volodine Antoine, Yargekov Nina
Publié dans le JLR
Bonjour, merci pour l’écho – il est vrai que le jeu de Dominiq est intéressant pour ça aussi – et surtout pour la référence, je n’ai pas lu Seuils mais il me semble que ça devrait m’intéresser beaucoup. Par contre, je suis déjà en train de me demander si on ne pourrait pas faire une étude sur le paratexte de Seuils, puis sur le paratexte de l’étude, et ainsi de suite jusqu’à ce qu’épuisement mental s’en suive, ce n’est pas gagné.
Je me demande si Genette ne l’avait pas prévu… À vérifier. En tout cas, je vois que vous ne lâchez pas l’affaire.
(J’ai retiré ce qui concernait la coquille.)