Jusqu’à quel point la franchise paie
Trois choses, rapidement, aujourd’hui. (Après les heures de travail.)
D’abord rendez-vous avec le nouveau directeur des cours de l’Institut franco-japonais de Tokyo. Je croyais être parmi les derniers, c’est le contraire, il n’a pas encore reçu les enseignants titulaires. Du coup, j’ai l’air d’un avant-poste qui a passé sans le savoir la ligne de démarcation. Oui, c’est vrai, c’est du vocabulaire guerrier. C’est feutré, mais guerrier quand même. La boîte, ça doit tourner, et tout le monde n’y survivra pas. Surtout quand on a un sapeur qui a mis quatre ou cinq cours ayant le même public potentiel au même horaire. Sinon, très sympathique, l’entretien. Quarante-cinq minutes et une franche cordialité. Mais je me demande toujours jusqu’à quel point la franchise paie.
Ensuite, longue marche avec T. — qui est elle aussi restée trop longtemps assise — par Iidabashi, Kudanshita, Takebashi et finalement, contournant le Palais impérial par l’est, jusqu’à la tour Shin-Marunouchi, tout près de la gare de Tokyo. Discutant de la mise au point d’un week-end nordique dans moins d’un mois, nous devons éviter les coureurs et leurs étraves de suée malodorante qui défilent par dizaines à la minute en faisant des tours de Palais. Pendant ce temps, progressivement, encore une fois, la nuit tombe, et cette fois la lune est pleine. Au sous-sol de Shin-Marunouchi, nous achetons nos desserts, une part de tarte aux figues et un petit clafoutis aux cerises (on dirait qu’on n’est venu au Jardin gaulois que pour ça). Et revenons par le même chemin. Total au compteur de pas : 14.000.
Enfin, je viens de me rendre compte du peu de temps qui me reste pour finir mon exposé. Deux semaines et demie. En plus, Volodine compte sur moi pour ne pas dire de banalités. Je vais donc enfiler ma robe de moine-soldat et rassembler des pouvoirs chamaniques pour lire et écrire en dormant. Et par conséquent ne plus sortir. Et poster a minima.
Je sais, vous gémissez, ça va changer beaucoup de choses pour vous. Mais vous verrez, ces quelques minutes en plus dans votre vie, ces minutes que vous ne passerez pas à me lire, je suis sûr que vous pourrez en faire un usage bénéfique. En vous couchant un peu plus tôt et en comptant les vaches noires qui passent dans le ciel (maintenant que vous savez d’où on les envoie). En regardant un peu plus longtemps la remontée spectaculaire de vos actions en bourse. Voire en écoutant enfin les conférences de la BnF sur le canal francecultesque des Chemins de la connaissance, celle d’aujourd’hui étant consacrée à Madame d’Aulnoy, par Nadine Jasmin, ce qui intéresse T. au plus haut point, vous pensez.
Tags : Aulnoy Madame d', Jasmin Nadine, Volodine Antoine
Publié dans le JLR
tiens une idée, Madame d’Aulnoy, merci
nous gémissons !… mais si c’est pour Volodine c’est pour la bonne cause (surtout si tu mets en ligne ta photo en robe de moine-soldat, quand tu l’auras enfilée)