Jusqu’à la fin des disques durs
Allez, c’est le grand jour ! Celui où on ressort les vélos (pliés sur le balcon depuis le début du déménagement). La météo annonce 50 % de risques de pluie pour l’après-midi. Ça nous va. Nous voici dans la rue à 10 heures et… la pluie commence, le ciel est gris… Que faire ? C’est qu’on doit tout de même aller à plusieurs kilomètres, nettoyer le tombeau familial au cimetière d’Aoyama… Descendons sur Ichigaya, ça semble s’aggraver, et même devoir durer… Je propose de revenir à l’Institut et de laisser les vélos dans le nouveau parking à vélo couvert. Et de prendre un taxi.
En moins de dix minutes, le taxi est à Aoyama-itchome, tourne dans la rue du cimetière et là : bouchon à perte de vue. On abandonne lâchement le taxi (qui en a vu d’autres) et on continue à pied — car évidemment, il ne pleut plus. Je n’ai jamais vu autant de monde venir s’occuper des tombes et des concessions ! Nettoyage, ramassage des premières feuilles mortes (à la main et non à la pelle), installation de nouvelles fleurs, encens et coup de balai. Il est 11 heures et on rentre en métro.
Revenus à l’Institut, reprenons nos vélos — et la pluie reprend — pour aller déjeuner à la Trattoria Toy (3e fois et 3e bonne surprise).
Sur l’avenue Sotobori, depuis quelques temps, une galerie d’art accueille une fois par mois le petit marché de l’Atelier nomade, un producteur bio. En fait, je le connais ce Tatsuya, il travaillait à l’Institut il y a quelques années, il est maintenant marié, avec un enfant, et il a effectué un parcours extrêmement courageux. Comme le dit son dépliant : 2 ans de stage en ferme biologique en France, petits boulots agricoles au Japon, 1 an comme bucheron, 2 ans pour trouver le terrain avant de commencer sa ferme au printemps 2007. On prend quelques tomates, deux courgettes, une aubergine, des pommes de terre, de l’ail, le tout pour un prix très raisonnable (1500 yens) et on rentre à la maison où je prépare illico une ratatouille. La différence entre les légumes industriels et les légumes biologiques doit se voir tout de suite, la fermeté en main puis à la coupe, le parfum, et surtout, la tenue exceptionnelle lors de la cuisson. Sans parler du goût, preuve ultime, ce soir…
Relisant mon billet d’hier, je pensais que jusqu’à la fin des disques durs aurait aussi pu constituer un très bon titre…
À l’Institut vers 16 heures pour raccrocher aux premiers wagons du colloque Butor. Il a d’abord souhaité, pour le thème qui lui a été proposé par un Institut soucieux d’attirer un public plus large que les seuls amateurs de littérature, que nous voyions Intolérance de David W. Griffith (1916, hier, je n’y étais pas) et L’Aurore (aujourd’hui, j’y suis). Ce film muet de Freidrich W. Murnau (1927), j’en ai un très vague et vide souvenir, datant de la cinémathèque universitaire, mais ce soir vrai choc esthétique. La conférence de Michel Butor, devant une salle pleine, n’apportera rien de nouveau aux connaisseurs mais une présence très chaleureuse. À écouter ici avec les questions et réponses qui suivent.
J’ai aussi retrouvé plusieurs collègues ainsi que le principal organisateur du colloque, Olivier Ammour-Mayeur, qui me dit que tout se passe à peu près bien, avec les aléas que tout colloque contient lorsqu’il y a des personnalités, mais que nous devrions avoir de bons exposés vendredi et samedi prochains, à l’université Rikkyo. Si vous passez par là… Sinon, restez en ligne, il n’y aura probablement encore que moi pour enregistrer et diffuser (hélas, déjà cinq ans après la banalisation des enregistreurs numériques).
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Publié dans le JLR