Des éponges trempées de sauge et de genièvre

mercredi 14 juin 2023, à 23:25 par Berlol – Enregistrer & partager

J’ai vu l’info passer il y a quelques jours et je l’ai mise de côté. Ce matin, j’avais le temps et l’esprit dégagé, comme le ciel après deux jours de pluie. Je suis donc allé sur la chaîne Youtube de l’École des chartes – une mine à web ouvert – et j’ai écouté la conférence donnée il y a un mois par Yves-Marie Bercé sur « L’antivaccinisme au XIXe siècle et au-delà », d’après un livre qu’il avait publié en 1984 sur les origines de la vaccination antivariolique et réactualisé en 2020 – un mois avant la pandémie de covid-19…

Comme par hasard, je lisais ces jours-ci :

« Il règne ici une épidémie de variole. Pour s’en protéger, beaucoup ne respirent plus qu’à travers des éponges trempées de sauge et de genièvre mais Montespan va, les mains dans les poches. Qu’est-ce que ça peut lui faire la variole ?… Il pleut. Les rues deviennent aussitôt un cloaque de boue. Une catin maigre qui s’usait en courses libertines se met à l’abri sous un porche près de la vitrine d’un cabaret-bordel. À Louis-Henri qui l’examine sous l’ondée, elle coule un drôle de regard.
Une curieuse idée arrive à la tête du marquis. Il voudrait finalement aller rigoler avec cette crevette ou grue ou biche qui porte des Suivez-moi monseigneur si longs.
[…]
Les catins – bêtes-poupées, chiffons occupés – sont envahies de maladies vénériennes où Montespan se vautre. Il lèche leurs boutons, pustules, leurs plaies suppurantes, partout où ça suinte en des endroits intimes et réclame :
— Je veux des crêtes-de-coq, une bonne bléno et le mal français ! Des contagions, donnez-m’en des mutilantes magnifiques car j’en connais un que je voudrais voir fadé, céphalé, délabré de partout. Personne n’a la peste, ici ?… ni la rage ?! » (Jean Teulé, Le Montespan, p. 128-130)

Ah ! s’il avait pu contaminer sa femme pour qu’elle aille plomber le roi, toute la face du monde aurait changé, comme disait Blaise de Cléopâtre, au pif !

Tags : , , , , , ,

Publié dans le JLR

Les commentaires sont fermés.