Réfléchis au rêve livre en main

dimanche 7 septembre 2008, à 23:07 par Berlol – Enregistrer & partager

Quand je parlais de la titanicité de l’édition française, c’était avant de visionner la nouvelle émission soi-disant littéraire de France 5, la Grande Librairie. Il peut (et pourra) toujours arriver qu’il y ait de bons moments, comme dans cette première du 4, lorsque Régis Jauffret parle de son travail, mais le nom même de l’émission la situe du côté du bateau qui coule et des tiroirs-caisse qui sonnent encore. Sous prétexte de littérature, tout le discours est orienté vers la vente des livres. On me dira que c’est nécessaire, pour qu’ils soient lus. Je répondrai que non.
Quand François Busnel déclare qu’il n’y aura pas de chroniqueurs dans cette émission, on ne peut s’empêcher de penser au parti pris de Frédéric Taddeï pour Ce Soir ou Jamais, et aux critiques qu’il encourut pour ce choix, il y a deux ans. Le champ comparatif étant ouvert, j’aperçois tout de suite que le taux d’interruption de la parole des auteurs par Busnel (pour rendre l’émission plus rythmée, plus agressive, plus marrante ?) est très supérieur à celui de Taddeï, ou à celui de Frédéric Ferney dans feu le Bateau-Livre… (Malaise, tout de même quand Jauffret fait l’éloge de Marc Lévy sous prétexte qu’il fait au moins lire des gens…)
Le groupe Hachette Livre pourra-t-il colmater le bateau avec les entretiens vidéo de la Rentrée Littéraire 2008 vue par Michel Field ? Rien de moins sûr… Toutefois, il est remarquable qu’au moment où Constance dévoile (à peine) la tentative avortée d’un éditeur (Zulma), un groupe majeur du papier imprimé lance quelque chose d’ambitieux dans le numérique, avec site web 2.0, pdf de premières pages et vidéos encapsulables sur d’autres sites, etc.

Cher Jean-Claude, j’ai oublié quelques jours de t’aller lire. Tu auras compris pourquoi en lisant mes précédents jours. Mais je suis fidèlement repassé par chez toi aujourd’hui et y ai lu que tu venais d’entamer ta dernière année d’enseignement. Comme toi peut-être, je suis pour toi partagé entre la joie et la tristesse. En finir, c’est être débarrassé de bien des charges, de l’emploi du temps et des responsabilités, mais c’est aussi perdre des relations, de l’activité, l’idée d’une mission, même si l’on n’en est plus convaincu. Comme tu le suggères, tout dépend de ce que l’on envisage pour après, de comment on s’y prépare. Je te la souhaite donc encore enrichissante, cette année scolaire !

Tellement bien chez nous (en attendant que la folie des activités sociales reprenne) que nous n’avons pas mis les pieds dehors. En fait, nous voulions sortir vers cinq heures, nous étions prêts mais un nouvel orage nous en a empêché.
Tant qu’à regarder un conte de fées, le soir, autant en prendre un vrai — Big Fish (Tim Burton, 2003) — plutôt que la pseudo-réalité romancée de Charlotte Gray hier. Sur fond de réconciliation père-fils, un film d’une belle cohérence (par ailleurs, suis toujours heureux de voir Steve Buscemi…).
Par ailleurs, je réfléchis au rêve livre en main, pour un possible exposé bientôt… Et pour ça aussi, je lis lentement (merci à Anne-Sophie d’avoir repris le thème).

«— Qu’est-ce que vous savez de nos méthodes ? La censure n’a pas autorisé la moindre ligne sur ce qui se passe à Kostychev.»
Le biologue haussa les épaules. À vrai dire, maintenant que le pouvoir avait fait appel à lui, il ne se préoccupait pas de ménager la susceptibilité des hommes des brigades.
« Il n’y a pas besoin de lire la presse pour savoir, dit-il. Les méthodes pratiquées ici jusqu’à présent, c’est à peu près comme de vouloir ciseler une bague avec une hache.»
Il y eut quelques secondes de silence lourd.
« Si vous voulez, dit le biologue, nous pouvons alterner les séances d’interrogatoires. Tantôt dans les sous-sols de la prison, tantôt dans les laboratoires. Mon équipe se chargera du travail en laboratoire.»
Le dirigeant de la section spéciale se leva de la chaise où la mauvaise humeur l’avait jusqu’ici écrasé. Il n’était pas en position de force.
« Bon, on fera comme ça, dit-il. Vous avez une idée de ce que ça pourra donner ?
— Nous allons modifier sa mémoire et y semer la confusion : il va être obligé de fuir le long de ses souvenirs, en les reconnaissant de plus en plus mal. Il va se réfugier dans ses rêves ; c’est là que nous allons essayer de le contrôler ; ses cauchemars et la réalité formeront un labyrinthe dont il ne sortira pas.» » (Antoine Volodine, Biographie comparée de Jorian Murgrave, p. 118)

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Publié dans le JLR

7 réponses à “Réfléchis au rêve livre en main”

  1. Alain Sevestre dit :

    Non, ça déconne ou bien le lien. Mais, vois, en copier-coller sur quoi on tombe en s’essayant à la « titanicité ».

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    !!!!!!!!!!!!!!!!

    Merci pour Volodine.

    Quant à Marc Lévy et consort, ils sont bien à la télé.

  2. Berlol dit :

    C’est réparé, Alain, merci. Encore un coup de l’éditeur visuel !
    D’accord avec toi pour Lévy, mais défendu par Jauffret, tout de même, ça fait froid dans le dos !…

  3. christine dit :

    je viens de regarder l’émission de Busnel : Jauffret n’y fait pas l’éloge de Marc Lévy ; il dit qu’il ne l’a jamais lu, mais que lire des histoires seul avec un livre est chose importante, même si le livre est de Marc Lévy, c’est un peu différent (et je suis entièrement d’accord) … quant à Busnel, je le trouve agaçant, mais pas davantage de Ferney !

  4. Berlol dit :

    Oui, j’ai fait un raccourci. Mais pour moi, c’est la même chose. Dire que lire, même des merdes, c’est bien parce que ça fait lire, j’appelle ça de la démagogie. Que l’école fasse bien son boulot et tout le monde saura lire « seul avec un livre », ça c’est une chose. Depuis des siècles, il y a des gens qui lisent des tonnes de livres, et parfois toute leur vie des mauvais livres, cela n’en a pas fait des gens intéressants. Je crois que « lire des livres » n’est absolument pas une garantie d’intelligence, de finesse ou de culture (ça semble être une obsession chez certains par rapport au monde de l’image… mais je comprends qu’un auteur défende, même inconsciemment, son gagne-pain).

    J’y ferais la différence entre une morale et une éthique.
    Une morale dit que pour le bien d’une société qui tourne sans heurts les gens doivent (savoir) lire, quoi que ce soit, et que ça participe à l’ordre public. On va même leur fabriquer les lectures opiacées qui les fixeront (pendant ce temps, les affaires continuent).
    Une éthique dit que chacun sait choisir ses lectures, est capable de les défendre pour se constituer en tant qu’individu responsable (et combattif), et que si l’autre, qui que ce soit, ne sait pas choisir ses lectures c’est à peu près comme s’il ne savait pas lire du tout.
    Mais tu vas dire que j’exagère et que je provoque…

    Pour Ferney, tu voulais dire « pas davantage que Ferney » ?

  5. Anne-Sophie dit :

    Bonjour,
    j’ai également regardé cette nouvelle émission. J’ai pensé qu’il y avait une part de provocation de la part de Régis Jauffret et pas mal de démagogie également. C’est antithétique ?
    Quant au titre même de l’émission, il marque le désir de faire acheter des livres : la grande librairie, ce n’est pas innocent !
    Quant au fond du problème : lire pour lire, n’importe quoi pourvu qu’on lise… c’est un vaste débat… Etant prof, je me pose souvent la question de savoir s’il vaut mieux qu’un élève lise peu mais des livres enrichissants ou beaucoup de livres faciles, inutiles… Plusieurs fois, j’ai eu des discussions avec des documentalistes avec qui je travaillais sur des projets lectures. Je refusais que les élèves lisent des « J’aime lire » ou une revue de sport ou de chanteurs en 6ème lorsqu’il s’agissait d’un travail de lecture, à présenter devant la classe. Elles ne me comprenaient pas estimant que pour donner envie de lire, il faut laisser l’enfant aller vers ce qu’il aime. Elles n’avaient pas tout à fait tort, et cependant, c’est à nous, éducateurs, professeurs, etc, de leur donner envie de découvrir des livres qu’ils n’auraient pas eu l’idée de lire, de se confronter à la difficulté…

  6. christine dit :

    que Ferney, oui

  7. […] prend le marché numérique du livre en compte. Livres Hebdo en rend compte ces jours-ci. Berlol le note également. Au printemps, le Groupe de Lagardère a déjà racheté Numilog, libraire électronique […]