Cannement, je serais plus astro que gastro

jeudi 25 mai 2023, à 9:49 par Berlol – Enregistrer & partager

Après avoir revu You People et découvrant ces jours-ci Seinfeld que j’avais complètement raté à l’époque – merci Netflix – il se confirme que les relations interpersonnelles, amicales et amoureuses ont au moins autant changé que les costumes.  Certes, l’un se passe du côté de Los Angeles tandis que l’autre est clairement situé à New York – deux espaces-temps culturels et économiques bien distincts. Pourtant les adulescents mis en scène, tantôt régressifs, tantôt ingénieux, mêmement se plaisent et se blessent, se félicitent et s’humilient, se disputent et se rabibochent, adorent et abhorrent tour à tour leur famille. Il n’y a peut-être pas de conclusion à tirer, juste des variations à observer, une évolution à constater selon les conditions sociales ou les outils de communication. Chez mes étudiants aussi, les comportements ont bien changé depuis trente ans…

Le cirque de Cannes est en vedette dans les médias publics. Serait-ce pour apaiser les tensions créées par notre Emmanuel Bonisseur de la Bath national ? Oh, la belle Virginie sur tapis rouge ! Oh la sublime « alchimie » de Juliette aux côtés de Pierre Gagnaire !, promouvant une gastronomie que des millions de Français ne peuvent pas s’offrir mais qui attirera toujours plus de nouveaux riches, faisant exploser les prix des restaurants, des loyers, des terrains… et aggravant la pollution. Mince alors ! Et donc personne ne va freiner, dans cette course vers le mur ? Pas étonnant que les mêmes imbéciles veuillent faire taire C’est encore nous, malgré les 180.000 signataires de la pétition (à ce jour).

Cannement, je serais plus astro que gastro : je rêve de voir Asteriod City

« À peine les caméras avaient-elles abandonné Indigo que Mme Delphine, la grande patronne de la télévision publique, se précipita sur elle en lui tendant son portable. D’ordinaire plutôt réservée, une gaieté enfantine l’animait. Pour un peu, elle aurait sauté de joie :
— Regardez, regardez !
— Merci, mais je ne vois que des chiffres !
— Justement, ils montent, de soirée en soirée. Nous avons commencé avec une audience d’à peine trois millions. Vos histoires de latin devaient rappeler un peu trop l’école. Mais depuis, ça grimpe, ça n’arrête pas ! Cinq, hier, puis presque sept millions. Bientôt nous dépasserons les dix, j’en mets ma main au feu. Les Français avaient oublié l’histoire de leur langue. Continuez, Indigo ! Sitôt après la présidentielle, je vous engage : il ne faut pas que le soufflé retombe. » (Erik Orsenna, Bernard Cerquiglini, Les Mots immigrés, Stock, 2022, p. 76-77.)

Merci, professeur mais cette bouillie infâme, cette flagornerie académinable me salit et me désole.

« Les Français avaient oublié l’histoire de leur langue. »

Rarement lu un raccourci aussi mensonger ! Il doit y avoir 5 ou 6% de la population française qui ont une petite idée de l’histoire de « leur » langue. Et au moins 80% qui ignorent que cette langue a une histoire, ou qui s’en foutent royalement…

 

 

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Publié dans le JLR

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