Le dire est de la sédition
Ai lu plusieurs choses ces jours-ci, comme vous sans doute, sur la disproportion comme forme de scandale, canal Indignez-vous… La disproportion entre manifestants et forces de l’ordre, sur les deux critères 1. du nombre et 2. du niveau de violence. Tantôt c’est des groupes comme qui dirait pacifiques, équitables, limite naïfs avec des fleurs entre les dents et de la terre sous les ongles, écolos jusqu’à rapporter les cartouches lacrymo usagées – une montagne aux marches du palais ; tantôt c’est des cagoulés sportifs, équipés pour la flash mob casse de vitrines et de mobilier urbain et friands de placards néo-dada en écriture inclusive – et en face l’énormité ressentie, ressentie parce que peu filmée, des moyens policiers robocopisés, façon évacuation + tractopelle, ou façon nasse urbaine.
Réaction à chaud : la disproportion des moyens policiers est un des marqueurs d’un fascisme naissant, le symptôme de l’arrogance et de l’impunité de dirigeants qui coupent le lien avec l’ensemble de la nation parce qu’ils sont portés par une meute fanatisée qui les enivre et dont ils sont en grande partie les créateurs.
Réaction à froid : l’emphase mise par certains des témoins sur cette disproportion pourtant sans violence vient d’une surprise totale de ces témoins qui, occupants illégaux, s’étaient enivrés d’une soi-disant légitimité de leur combat, alors même que leur petit nombre indique clairement le contraire.
Double bind.
Car en démocratie, même si la majorité déconne, la suivre est du devoir du citoyen. Croire que la majorité a tort est déjà de la rébellion, le dire est de la sédition, semble-t-on vouloir nous faire croire. Vouloir signifier que ladite majorité aurait été bâtie de toute pièce sur l’engagement bénévole de groupes fanatisés et régulièrement récompensés par de petites tapes sur la tête et des envois de petits poissons après chaque bonne action est inacceptable. Toute personne qui jouerait à cela serait discrètement éliminée.
Il faut lire ou relire la LTI de Klemperer et Alto solo de Volodine. Pendant qu’ils existent encore.
La « vraie violence », lit-on ici ou là, « c’est pas péter les vitres d’un McDo », c’est « celle de l’État qui pourchasse et expulse », « c’est celle des patrons qui exploitent, licencient et poussent à bout », etc.
Tags : Klemperer Victor, Volodine Antoine
Publié dans le JLR