Un souffle et presque un nom
Le 1er janvier, à Tokyo, on reçoit par la poste en moyenne cinquante cartes de vœux. Pour soixante qu’on a postées dans les jours précédents. Et ça continue encore comme ça pendant une petite semaine…
Année, nu phare,
pousse ton photon dans la tripe du monde,
éclaire les monstres –
qu’on les évite –
et fais fleurir des solutions
sans cultes ni prières,
parce que phare ou pas,
le sacré, je prends,
le religieux, je recrache.
Entamons l’an avant qu’il ne nous rétame.
Sortie par beau temps jusqu’à l’Hôtel Impérial pour des sushis de bon augure – même si les poissons ont été pêchés l’an dernier… Chacun son rite. Nombreux sont ceux qui marchent, une flèche décorative à la main ; à la porte de l’an, ils croient (ou ne croient pas) qu’elle servira à tuer les mauvais esprits.
« Il sait que les formes que sa main a fait naître ne sont pas de simples représentations, il sait qu’elles sont vivantes. Certaines choses palpitent secrètement, certains objets, certaines pensées contiennent en elles-mêmes des principes animés, en vérité tout ce qui nous paraît inerte n’est pas mort, et les formes, ces formes-ci, absolues, possèdent une personnalité propre, un souffle et presque un nom. » (Marc Pautrel, Une jeunesse de Blaise Pascal, Paris, Gallimard, 2016, p. 12)
Ta phrase, Marc, et je parle en général, qui aurait pu être fade, se révèle ferme, dynamique et narrative. Ton personnage sort des limbes et s’anime, lui aussi. Je ne connais pas ce Blaise-là mais je le rencontre enfant ; je ne sais si c’est celui dont tout le monde parle et tu veux, je crois, que cela n’importe pas. Nous verrons bien, il sera toujours temps de le raccorder aux tuyaux de l’histoire, de la philosophie, des sciences. Cette jeunesse que tu lui donnes, nous l’avons bien méritée.
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Publié dans le JLR