On ne discute plus avec un coupeur d’eau
Annonce reçue à l’instant, d’un sommet culturel franco-japonais à Tokyo à la fin du mois. Eux et moi, on ne doit pas avoir le même sens du mot culturel… Quant au sommet, culturellement parlant, je ne vois pas où il est. Où politiques, diplomates et technocrates parlent de culture, on risque plutôt des gouffres d’ennui. Et ce ne sont pas les quelques paillettes de grands sponsors au garde-à-vous qui vont relever le niveau. Même pour Emmanuel Todd, je n’y mettrai pas les pieds (je préfère lire ses livres).
Comment savoir s’il s’agit du même type d’enfumage (en moins grave) que celui que prétendent dénoncer de Kyoto, via la Coordination anti-nucléaire Sud-Est, Nadine et Thierry Ribault, à propos de Penser / Créer avec Fukushima ? Cette manifestation culturelle parisienne se propose-t-elle de lutter activement ou non contre les causes et les effets de l’accident nucléaire ? Ce n’est pas du tout clair. Et pourquoi tout nommer « Fukushima » au lieu de nommer les phénomènes par leur nom : accident nucléaire, irradiation, etc. ? N’est-il pas raisonnable de craindre un effet cosmétique ? Une manipulation du langage ? Les chercheurs et les artistes participants ont-ils été solliciteurs ? Sollicités ? Manipulés ? Tout cela reste à voir.
Par ailleurs et indépendamment de cet événement, l’expression de national-nucléarisme est on ne peut plus claire. Le pdf signé et daté du 5 juin 2014, sous-titré L’infamie gagne du terrain, notamment dans ses dernières pages, informera tous les désinformés sur ce qui se joue au Japon, tant dans le domaine du nucléaire civil ou militaire que dans celui d’un nouveau fascisme qui ne veut pas dire son nom – et qui pourrait bien ne pas être que nippon.
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Hier, à la médiathèque de l’Institut, la lecture d’extraits de textes de Marguerite Duras nous conviait à un peu de sérénité. La lectrice, Beatrix Fife, jouait sur le détachement de syllabes et les intonations, ce qui faisait saillir la pensée hors de l’anecdote. Le noir sur le blanc dans les toiles de Kuroda Aki, la timidité durassienne devant une analphabète ou la liste des provisions à maintenir à Neauphle (extraits de La vie matérielle et Outside) sont des bribes d’une éthique et d’une esthétique qui n’ont pas vraiment eu de suite en littérature. Certains disent que c’est daté – et c’est vrai qu’aujourd’hui on ne discute plus avec un coupeur d’eau. Et puis Capri, c’est vraiment fini.
Grâce au nouveau walkman de Sony (sans fil) et au hasard des albums téléchargés, j’ai redécouvert au centre de sport le punch d’un groupe que je n’avais pas écouté pendant près de quinze ans, les Simple Minds. Pour s’oublier pédalant, rien de tel que leur Theme for great cities – découvert quand c’était le générique d’une émission de radio des années 80. Enchaînement parfait avec le remix du Dreaming de Blondie par les Utah Saints – j’avais d’ailleurs mis en exergue de mon intervention au colloque Volodine de Cerisy-la-Salle son Dreamin’ is free…, me valant l’ire de gens bien trop sérieux pour être honnêtes. Nouveau sommet de transe sur le tapis de course à 10 km/h avec le Kincajou de Banco de Gaia – comme si je courais derrière leur Last Train to Lhasa.
Le… ? Quoi ? Footb… ? Brés… ? … Connais pas.
Ce que j’ai vu à la télé, c’est des agités peinturlurés braillant faux la Marseillaise… Ça ne donne pas du tout envie d’y être, même pour le premier but 2.0.
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Publié dans le JLR