Sécheresse au fond de la gorge
Début de lecture du roman de Simone de Beauvoir intitulé Le sang des autres qui sera au programme de mon cours à l’Institut français de Tokyo d’avril à juillet. Ça commence de façon brumeuse, on ne sait pas qui est qui, comme si on entrait par effraction dans des vies inconnues. Une voix (nous) guide ou (nous) égare, on ne sait pas, elle parle pour elle-même, prise dans sa propre tragédie. Des prénoms sont jetés sur le papier, qu’il nous faudra des dizaines de pages à différencier. Le lecteur actif, amateur de rébus doit être comblé, mais il faut voir quelle nécessité pousse l’auteur à (nous) traiter de la sorte : elle veut qu’un malaise (nous) assaille d’abord, comme une donnée humaine de base ; après on verra de quoi il s’agit précisément…
C’est dimanche. Les bruits montent à peine jusqu’ici mais on voit l’animation du marché d’Y. par les fenêtres côté Est et l’énergie des footballeurs du dimanche par les fenêtres de l’Ouest. Il fait beau depuis que l’on est arrivé. Une vague brume rappelle tout de même qu’on est en plein pic de pollution. Avant-hier à Paris comme hier par les fenêtres ouvertes de la voiture, on sentait physiquement cette gêne respiratoire, une sécheresse au fond de la gorge. Le vent ne semble pas vouloir aider le gouvernement — qui aurait dû déjà imposer la circulation alternée mais qui hésite à l’approche des élections : quelle mesure lui fera perdre le plus de voix ?
Grande première : nous allons faire du sport en France ! Depuis près de vingt ans, nous passons nos séjours français avec un minimum de maintien en forme… et un maximum de nourritures riches, ce qui occasionne illico deux ou trois kilos à perdre au retour au Japon. Sans même parler des débats entre diététiciens que mentionne Éric Chevillard.
Il se trouve que juste en bas de chez nous, il y a une piscine et un centre de fitness et de remise en forme. J’ai dû préparer via web et mail pour trouver une formule qui nous convienne car pas question pour nous d’un abonnement à l’année (on a déjà celui du Japon à suspendre pour un mois) : ce sera une carte de dix séances. Et une autre pour l’accès aux cours d’aquacycling, aussi appelé aquabike, que nous ne renouvellerons peut-être pas. Une douzaine de personnes, en majorité en surpoids caractérisé, pédalent dans l’eau sur une musique très rythmée en exécutant des mouvements commandés par une monitrice. C’est amusant, rafraîchissant, mais je ne suis pas bien sûr que ça brûlera nos excédents. En dehors de cela, la piscine est très belle et très bien entretenue. La seule différence que je note avec une piscine au Japon, c’est la température de l’eau : là-bas, elle est à 31 °C, ici elle est à 28. Brrrrr…
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Publié dans le JLR