Vers des démocraties de façade
Justement, nous avons vu hier soir, quelques heures avant les Césars, le film Neuf mois ferme, avec Sandrine Kiberlain, de et avec Albert Dupontel. Et ça nous a bien plu, ce scénario un peu foutraque, moins déglingue qu’en punk à chien, moins pessimiste aussi, peut-être par la grâce de l’actrice.
Après le déjeuner au Saint-Martin (sans frites pour une fois), sommes passés pour la troisième fois en un mois à notre agence de télécommunications de Kagurazaka. D’une visite à l’autre, les questions sur l’iphone sont devenues des demandes sur les quelques modèles de galakei encore proposés (voir billet d’hier pour ce néologisme), et finalement opter pour un remplacement gratuit de pièces de notre actuel portable vieux de six ou sept ans – possibilité offerte jusqu’en juin, après quoi le fabricant ne répondra plus de rien pour ces modèles…
On usera ainsi la corde jusqu’au bout en attendant la nouvelle génération de produits, moins chère ou moins vérolée. Et comme ça, nos communications sont moins e-visibles (j’ai également recommencé à envoyer des lettres par la poste).
Aficionados des téléphones galapagos
Sommes desperados et guérilleros
voire albatros ou rhinocéros
ou carrément viragos shintos ;
nous dénonçons les rigolos et les maffiosos
et tous les G bouffeurs de chronos
qui plongeront dans le calvados
pour oublier qu’ils l’ont dans l’os.
Pour l’Ukraine, je le dis, je n’ai pas d’avis. Pas assez de connaissances pour cela. Sinon que ça peut retomber comme un soufflé ou dégénérer en 3e Guerre mondiale…
Mais ce qu’on voit un peu partout, c’est une sorte de maturité pourrissante du concept même de démocratie. Elle s’est déclinée dans tant de régimes, agitée dans tant de discours et a été renversée, débordée ou transfigurée tant de fois que plus personne n’en a la même idée. Quand on en a une idée ! Le point commun de tous les promoteurs ou prétendants à la démocratie, c’est la légitimité. Et l’on voit bien que divers niveaux de légitimité sont en concurrence : l’élection nationale d’un représentant, mais qui ne semble plus légitime quelques mois après ; l’assemblée des représentants locaux et régionaux, Parlement ou autres noms, mais qui change de couleur au gré d’intérêts et de lobbies ; le peuple tout entier, mais qu’une minorité bruyante et violente prétend représenter ; mais aussi des intellectuels qui ne mesurent pas toujours l’impact de leur parole, des médias qui prétendent savoir mieux que tout le monde, des hommes de l’ombre jamais élus mais tirant bon nombre de ficelles, des milieux d’affaire qui conçoivent un pays comme une entreprise, etc. Ce qui était engrenage minutieux d’institutions représentatives est devenu entassement de pouvoirs intriqués, redondants et concurrents. Comment s’en sortir ?
Peut-être en revenant au texte de la Constitution, censé tout expliquer, partout où elle existe. En l’enseignant intelligemment en priorité ; c’est-à-dire avant les subtilités sur le genre (même si je n’ai rien contre), avant les nécessités de l’économie ou la polyvalence des mathématiques. Les humanités d’autrefois avaient d’ailleurs en partie cette fonction. À défaut de cela, les pays iront de plus en plus vers des démocraties de façade (quand ce n’est pas déjà le cas). Façades qui masqueront des tyrannies. Tyrannies qui entraîneront des révoltes ou des révolutions.
Tags : Dupontel Albert, Kiberlain Sandrine
Publié dans le JLR