Avec les catastrophiques photos de première page
Sans blague, je me rends compte que ça doit faire au moins trois semaines que je n’ai pas eu le temps d’aller faire un tour au centre de sport.
Les colloques, les réunions, comme les feuilles d’automne, tombent sur nous avec les premiers froids.
Au centre XAX (prononcez egzâss) où je vais depuis son ouverture dans le quartier de ma fac, j’évite soigneusement toute relation sociale, et même tout dialogue avec qui que ce soit, souhaitant que cela reste un lieu neutre, un lieu de repos de la parole et du lien social ; les gens sont pour moi de purs spectacles, suants, gracieuses, musculeux, beaufs, femmes âgées, jeunes ados, et quelques étrangers comme moi à qui j’évite tout spécialement d’adresser la parole, un signe de tête et un sourire faussement complice suffisant (complice de quoi, d’ailleurs ?…)
Quand même en deux ans, un Américain et un Italien ont réussi à m’adresser la parole. Je ne la leur refuse pas, mais je la rends rare, impersonnelle. L’italien, ayant lu le titre du livre que je lis pendant la séance de vélo, Évoluer parmi les avalanches, et m’ayant demandé de quoi il s’agissait, je lui dis que cela commence le 12 septembre 2001, le lendemain du 11, tout le monde ayant dans le métro parisien son journal avec les catastrophiques photos de première page. Le voilà parti dans ses considérations sur la responsabilité américaine, etc. Heureusement, quelqu’un d’autre passe, qu’il connaît, car il connaît presque tout le monde ici, et il me laisse avec Haenel, Pascal et les gens qui tombent infiniment des tours américaines, là justement où le voyage transatlantique d’Olivia Rosenthal m’avait mené en compagnie de Barnabé…
Tags : Haenel Yannick, Pascal Blaise, Rosenthal Olivia
Publié dans le JLR