Quand les professeurs fumaient et buvaient encore

samedi 14 décembre 2013, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

« La consommation d’alcool hebdomadaire [de] James Bond est quatre fois plus élevée que la dose maximale souhaitable pour un homme adulte », dit-on dans un article qui se veut sérieux (et aurait pu être mieux écrit).
Mais ne voit-on pas qu’il tue et risque de se faire tuer bien plus de quatre fois plus que le commun des mortels ? Pour sûr, si l’on prend l’incarnation d’un fantasme pour un modèle, ça n’aura pas que de mauvaises conséquences sur le budget de la santé publique…
Ce pool de médecins si passionnés de cinéma devrait se pencher sur la série Mad Men. Je crois qu’on y picole encore plus que dans les films de James Bond – avec beaucoup moins d’occasions de brûler les calories.

J’ai connu les facs japonaises dans les années quatre-vingt-dix, quand les professeurs fumaient et buvaient encore ouvertement dans le campus. Pas tous, bien sûr. D’autres, ou les mêmes, draguaient aussi, et ça faisait parfois peine à voir parce qu’ils n’avaient rien de James Bond.
Tout cela a bien changé, et ce n’est pas moi qui m’en plaindrais.
Il y a bientôt dix ans que nous avons vu se créer dans notre université la commission contre le harcèlement sexuel. Non qu’il y eût plus de cas ici qu’ailleurs, mais il fallait suivre le mouvement – l’américanisation, si l’on veut. D’emblée, il me semblait que tant qu’à parler de harcèlement, on devrait y inclure le harcèlement professionnel et le harcèlement moral, au moins aussi nocifs. Ce qui arriva peu d’années après d’ailleurs. Constatant de récents comportements d’étudiants et certaines affaires de mœurs entendues aux infos japonaises, je crois qu’on devrait y ajouter le harcèlement réticulaire – c’est-à-dire la possibilité de nuire à autrui en utilisant la diffusion d’informations en réseau mondial.
Sur le modèle de sexual harassment devenu en japonais seku-hara, ou academic harassment abrégé en aka-hara, le harcèlement réticulaire (network harassment, incluant le social network harassment) deviendrait le netto-hara.
Jusqu’à maintenant, je n’ai pas eu de problème avec mes étudiants. Mais quand j’en ai vu une, il y a quelques jours, prendre en photo le tableau à la fin du cours, je me suis demandé ce qu’elle allait en faire : l’envoyer à une copine absente, le revoir comme un cahier de notes qu’elle n’avait pas prises, le poster sur Twitter ou Facebook ? J’ai vérifié que je n’avais rien écrit de compromettant 😉 et ne lui ai rien dit. En fait, la fac ne nous a encore donné aucune consigne sur ces nouvelles pratiques et les interdire pourrait facilement empoisonner l’affaire…

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Publié dans le JLR

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