Point dans le vide d’une page
Je découvre ce matin le numéro 95 des Lettres françaises (juillet) en pdf, où il est question, entre autres sujets, de Jules Verne dans la Pléiade, du théâtre de Maupassant, pourquoi pas, surtout de récits de rêves chinois qui peuvent sans doute être reliés au post-exotique volodinien (Yuan Mei, Ce dont le maître ne parlait pas, article de Jean Ristat, p. VII) et, hélas, de la fin de la revue Action poétique, avec un numéro anthologique quadruple + DVD en avril dernier (p. VI).
Les anciens numéros sont ici.
Au plus chaud du jour, aller-retour d’une heure en vélo à Ikeshita pour des courses, pain chez Kayser, jambon de Parme, fromages et pâtes fraîches, gelées de fruits, le tout transporté dans un sac isotherme. Il n’y a que moi qui ne suis pas réfrigéré !…
Notre déjeuner sera diversifié agréablement par des concombres marinés (kyuri no tsukemono) qu’une voisine nous a offerts, en provenance des montagnes de Gifu, où sa mère habite.
On attendra la fin de l’après-midi pour sortir à nouveau et passer au magasin de location de DVD, d’où nous verrons le soir – pour nous rafraîchir – le film Mont Tsurugidake (D. Kimura, 2009) qui raconte la campagne de télémétrie et de bornage d’une région montagneuse de la province de Toyama en 1907, sanctuaire naturel dont l’accès était tabou et dernière partie non cartographiée du Japon alors en pleine modernisation.
Fin de lecture de HHhH, de Laurent Binet. Satisfaction, mais aussi tristesse, non de finir mais de connaître les macabres détails qui ont suivi la mort de l’ignoble Heydrich : le repli des parachutistes dans une église et leur résistance de plusieurs heures jusqu’à la mort contre huit cents nazis venus les arrêter, la déportation et l’exécution de leur famille et des personnes qui les avaient aidés, le démantèlement d’une bonne partie de la résistance déjà bien décimée.
Sans rallonges lyriques ni artifices stylistiques, Binet réussit sobrement à faire passer son propre désappointement d’être arrivé à la fin et de devoir nous laisser après le dernier point dans le vide d’une page blanche.
Avant l’attentat, il y avait eu cette superbe phrase : « Je sens du métal qui frotte contre du cuir. » (p. 330)
« Le plus juste hommage rendu par les nazis à la mémoire d’Heydrich ne fut pas le discours prononcé par Hitler aux funérailles de son serviteur zélé mais probablement ceci : en juillet 1942 débute le programme d’extermination de tous les Juifs de Pologne, avec l’ouverture de Belzec, Sobibor et Treblinka. De juillet 1942 à octobre 1943, plus de 2 millions de Juifs et près de 50000 Roms vont périr dans le cadre de ce programme. Le nom de code donné au programme est Aktion Reinhard. » (Laurent Binet, HHhH, p. 439.)
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Publié dans le JLR