Liberté encore vers les oiseaux pêcheurs
Au petit déjeuner, ça m’énerve, sans que j’en trépigne : quatre Suisses et le serveur nous font perdre du temps… Ce n’est pas de leur faute et l’un d’eux a des maux d’estomac. Plus serviable que moi, T. leur prépare un mot en japonais pour la pharmacie. Du coup, on part en retard et lorsqu’on arrive dans le quartier du nouvel aquarium géant de Kyoto, ça devient impossible : les parkings sont pleins et une foule grouillante d’enfants se presse aux feux rouges pour converger vers l’entrée. Le signe est suffisamment clair, ce n’est pas notre jour. D’ailleurs c’est férié, c’est la veille du grand défilé de Gion Matsuri, c’est officiellement la fin du tsuyu (saison des pluies), ce qui veut dire que la chaleur arrive, et je me demande comment nous avons pu imaginer être tranquilles dans un aquarium un tel jour…
Signe compris, donc, nous filons, liberté reprise sans prise de tête, pour visiter Kamigamo Jinja où, justement, c’est un des rares jours où il y a une visite guidée de parties habituellement fermées du temple : les jardins de plantes médicinales et les cuisines où l’on prépare les mets rituels shintos.
Toujours grâce à la voiture, liberté encore vers les oiseaux pêcheurs, de l’autre côté de la ville, à Arashiyama et déjeuner d’une excellente boîte-repas, bien supérieure au dîner d’hier, en regardant les flâneurs au bord de la rivière. Cependant, on ne voit pas beaucoup d’oiseaux. Ils attendent le soir pour sortir des fourrés encore frais et faire leur numéro.
Retour à la vie terrestre, pardon aux amis que nous n’avons pas eu le temps de contacter, échange voiture contre train, lecture de Laurent Binet durant le retour à Nagoya…
« Un train entre en gare. dans le vaste hall de Victoria Station, le colonel Moravec, en compagnie de quelques autres compatriotes en exil, attend sur le quai. Un petit homme sérieux, à moustaches, le front dégarni, descend du train. C’est Beneš, l’ancien président qui a démissionné au lendemain de Munich. Mais aujourd’hui, 18 juillet 1939, date de son arrivée à Londres, c’est surtout l’homme qui a proclamé, au lendemain du 15 mars, que la Première République tchécoslovaque existait encore, malgré l’agression dont elle était victime. […]
Malheureusement, ce n’est pas encore Churchill qui tient les rênes de la destinée anglaise et mondiale, mais l’ignoble Chamberlain, dont la veulerie n’a d’égale que la cécité. Il a dépêché un employé des Affaires étrangères, d’un rang particulièrement subalterne, pour accueillir l’ancien président. » (Laurent Binet, HHhH, p. 148-149.)
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Publié dans le JLR
« D’un rang particulierement subalterne ». Magnifique !