Sans gilet, ni bouée, ni canot de sauvetage
Depuis quelques semaines, j’ai pris l’habitude de faire des abdos au réveil, dans le lit, jusqu’au pédalage et aux ciseaux. Oh ! Ohh ! Ohhhh ! Les premiers mouvements sont… quasi-oniriques : j’essaie de soulever le buste. Usth ! Usthh ! Usthhh !… Et puis ça arrive, ça bouge. Du rythme naît. De l’amplitude. Quand T. est là, elle s’y met parfois aussi. Si si ! Ou bien ça dégénère. Jeux. Questions du jour. Poids perdu… Thé ou café ? Car finalement, faut bien se lever.
Ah, ma littérature ! Comme j’écris bien ! Quelle poésie je fais tous les jours !
Je parle de ça parce que si le syndrome métabolique a été démystifié, les poignées d’amour sont encore là. Et puis un peu aussi pour agacer le lecteur banni qui continue d’envoyer des commentaires en variant pitoyablement ses pseudos et ses adresses mail – commentaires qui vont directement dans les indésirables du gestionnaire de blog, où je ne passe qu’une ou deux fois par mois pour vider cette poubelle de publicités en anglais et en russe (pilules, placements, etc.), bien isolées par Akismet, parmi lesquelles je trouve donc tout à l’heure les deux dizaines de messages de mon troll, pour certains de mes billets ils sont par séries de trois ou quatre messages presque identiques, postés à quelques minutes d’intervalle par quelqu’un qui attend et clique comme un dément pour voir si celui-là, avec ce pseudo-là, ne passerait pas, par hasard…
Est-ce que ceux de mes lecteurs qui écrivent aussi un blog ont également leur troll fou ? Comme moi, vous comprenez sans doute que quelqu’un, et même que de nombreuses personnes n’apprécient pas du tout ce que vous faites, et qu’elles passent leur chemin ou ne vous recroisent que très occasionnellement. Mais vous vous demandez pourquoi celui-là continue à vous lire, avec assiduité, fidélité… et à s’en prendre à vous avec toujours la même bile aigre. Comme si vous nuire lui faisait du bien, pensez-vous…
Comme je ne suis pas parano, je me dis qu’il en a peut-être après plusieurs personnes à la fois. Chaque jour il fait le tour de ses détestations et il leur balance son petit sac poubelle, sa petite boule puante. Et ça l’aide à vivre. Ceci dit je ne vais pas lui faire trop de publicité non plus. Qu’il sache seulement que je vide la poubelle de temps en temps sans trop détailler ses bouses.
« Donc, lecteur, la houle est à portée, mais sans gilet, ni bouée, ni canot de sauvetage. À vos risques et périls. Comme disait Ducasse, débrouillez-vous. Et si vous ne me trouvez pas encourageant, c’est à désespérer. » (Dominique Meens [Miguel Donoso Pareja], Aujourd’hui tome [Gudrum, Gudrum] deux, Paris : P.O.L., 2012, p. 372.)
Pardon, Dominique, de te citer comme ça, en décalage complet. J’espère que tu n’y verras pas d’irrespect, mais un clin d’œil pour te dire que j’ai commencé ton livre et qu’après Deville et en parallèle avec Binet et Ranum, c’est beau, c’est rythmé, ça décoiffe !
« Nos bouquins anticipent la disparition du livre et la parence de la littérature ; pourquoi « tentatives disparatistes » nous agrée. M’essuie-glaces, cessez de vous attendre au coin du bois. Effort supplémentaire que notre sommier vous permet, le coin du feu abandonné au moins, décalez-vous de ce projet que vous aviez : remembré ce coin de bois et votre image construite là autour avec le souvenir du chêne, des pins, ou des prunelliers, égarez-vous subrepticement, surprenez ce qui vous attendait. C’est anticiper, cela, dit l’internationale disparatiste, qui en connaît un bout sur la question pour l’avoir pratiquée, ou « praxiquée » (nous ne sommes pas sectaires, nous enrôlons même les marxistes). De même, lisez-nous à contretemps. Laissez ce livre si vous l’avez prévu, car il est imprévisible. Comme nous, vous êtes perdus d’avance, il ne nous attend pas ni ne nous attendra jamais. Il dort, vous lui serez des rêves merveilleux, voilà tout votre office, catholique, apostolique, bref, romain. » (Id., Ibid., p. 10.)
[youtube]http://www.youtube.com/watch?v=fa3ylJa8R3E[/youtube]
Tags : Meens Dominique
Publié dans le JLR