Laver avec de l’eau chaude
Ça y est, me voilà avec une journée de retard à cause de Youtube. Régulièrement à l’affût des films en français disponibles gratuitement en ligne et sans être dans l’illégalité puisque c’est pour les recommander à mes étudiants, je me suis rendu compte depuis quelques temps qu’il n’y avait plus ou quasiment plus de films dans la zone qui s’appelait Google vidéo mais que de plus en plus de films entiers étaient disponibles sur Youtube. Il y a quelques jours, j’ai suivi un lien vers Le corps de mon ennemi (H. Verneuil, 1976), où j’ai pu revoir la délicieuse Marie-France Pisier, puis hier, samedi donc, ça a été coup sur coup L’alpagueur (P. Labro, 1976) et L’animal (C. Zidi, 1977).
On croit toujours qu’on a vu tous les films avec Belmondo parce qu’il y en avait un qui passait de temps en temps, du temps où la télé n’avait qu’une, deux ou trois chaînes… Mais en fait pas du tout. Et sans que ce soient de très grands films, ce sont quand même de sacrés témoignages des mœurs et des technologies des années 70, au moins pour ces trois films-ci. Sans parler des éléments de langage du consumérisme et du capitalisme en pleine phase d’expansion joyeuse. Et tout cela avec d’autant moins de complexes ou complexité que c’est – c’était – pour le grand public qui baignait – baigne alors – dedans. Tandis qu’un Godard ou un Bresson, voyez, ne se livrent peut-être pas avec la même… candeur.
Deux ans après être entré dans cet appartement, je peux enfin faire tourner une machine à laver avec de l’eau chaude. Il y avait bien un robinet d’eau chaude et un autre d’eau froide à l’emplacement de la machine mais le robinet d’eau chaude fuyait et lorsqu’on avait demandé de le réparer, cela n’avait pas semblé être une priorité puisqu’il est entendu que dans ce pays on lave à l’eau froide. Quelques mois plus tard, c’était l’embout du tuyau qui n’était pas adapté. Bref, ce n’est que la semaine dernière, à l’occasion d’une réfection du sol de la salle de bains que j’ai pu faire revoir l’installation. Et aboutir. Ou emboutir.
Et le pantalon beige que j’avais relavé trois fois mais au bas duquel des projections noires de la chaîne de vélo ne partaient pas, eh bien, il est à nouveau bien beige. Comme quoi…
Ah tiens, j’ai reçu une tranche des impôts locaux à payer avant la fin du mois. Ce qui me ramène à ma lecture de ce samedi matin, même si ce n’est pas au roi que je les donne.
« Ces dernières années, des historiens ont tenté de reconstituer aussi précisément que possible les comptes des recettes et dépenses tenus par le trésor royal. Ils ont abouti à des résultats non seulement confus mais contradictoires. La principale difficulté qu’ils ont rencontrée a été de cerner avec exactitude ce que représentent les chiffres qui figurent dans les documents. S’agit-il du montant total des recettes de la taille ? de ce montant diminué des sommes retenues par les officiers locaux pour services rendus ? du montant effectivement disponible, pouvant être dépensé par le gouvernement central ? les variations entre les chiffres sont importantes, mais une chose est claire : au cours de la décennie qui s’achève en 1648, les exigences de l’État en matière d’impôts ont connu une croissance accélérée : le fardeau fiscal a d’abord doublé, puis triplé. Il avait déjà été sensiblement à la fin des années 1620, mais c’est seulement après 1636 que, selon toute apparence, l’État était soudain devenu insatiable dans ses réclamations stridentes de revenus toujours plus hauts. La corrélation entre cette hausse des impôts et la guerre était évidemment totale. » (Orest Ranum, La Fronde, p. 38)
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Publié dans le JLR