J’aurais dû les jouer
Mon quarté à moi : j’aurais dû les jouer.
Guéant, sorti ! Morano, dégagée ! Alliot-Marie, balayée ! Lefebvre, renvoyé de l’autre côté de l’Atlantique !
J’avais ma petite poupée vaudoue empalée, pincée, noyée, percée de clous, ébouillantée…
Y’a aussi Raoult, Tron, Muselier… Et que ça tombe à droite !
(Et il en reste toujours…)
Et après ?
Eh bien, ici aussi, c’est grand ménage. Cartons, bouteilles en plastique, vieux papiers sont triés, l’aspirateur est passé, la lessive faite et accrochée. Faut que ça sèche vite parce que demain, un typhon s’amène…
« Le procès des Khmers rouges est l’aboutissement d’une histoire vieille d’un siècle et demi. La fascination monstrueuse de deux peuples égarés dans l’espace et le temps. Deux peuples qui cultivent au plus haut niveau ces deux vertus de l’élégance et de la duplicité. Le voyage à Angkor et le voyage à Paris. La littérature en pierre et celle en papier. Les poèmes gravés sur les murs des temples pour chanter la guerre, l’enfer de Yama après le Jugement, les corps empalés, pincés, noyés, percés de clous, ébouillantés en un cauchemar de S-21.Le combat du peuple des singes, leurs roueries de tordre les couilles des ennemis, et puis leur défaite, et la victoire des hommes, la mort du roi des singes fastueuse comme celle de Sardanapale, les pleurs des singes en armes. Les chauves-souris plein les voûtes comme de minuscules Khmers rouges. Les peuples passent, comme la houle du vent dans le riz en herbe. » (Patrick Deville, Kampuchéa, p. 128)
Tags : Deville Patrick
Publié dans le JLR