Au prix de l’ablation nasale
Oh, le lobby nucléaire savait ! Les dangers étaient connus des spécialistes !
Mais que ces spécialistes sont naïfs ! De même que les politiques qui les / qu’ils contrôlent ! Car nous sommes nombreux à savoir qu’ils savaient !
Naïfs et stupides. Et finalement criminels. Mais toujours détenteurs du pouvoir. Sans vergogne.
En France, on ne parle plus du nucléaire. C’est un vocable totalement absent de cette campagne électorale finissante, pour ne pas dire pourrissante. Depuis deux jours, l’avis d’une femme sur un candidat, fût-elle la compagne du président, est monté en mayonnaise par un parti en décapilotade qui se cherche des voix dans les extrêmes puantes ; certains se bouchent encore le nez mais la plupart des candidats veulent être élus à tout prix, même au prix de l’ablation nasale.
Retenez cette période.
Vous en aurez besoin pour comprendre la suite. Je veux dire la suite de l’Histoire, dans un an, ou cinq, ou dix. Ne soyons pas pressés…
D’ailleurs, à l’échelle géologique, à l’échelle galactique, tout cela est sans importance. Ce que nous deviendrons – l’anthropocène apocalyptique – n’aura aucune incidence, ne serait-ce que sur le système solaire…
Si vous aimez cette datation de la crise humaine (depuis la machine à vapeur de 1784), vous aimerez le travelling historique de Patrick Deville le long d’une artère de Saïgon, montrant en parallèle les transformations urbaines, politiques et toponymiques.
« Sur le film, le changement le plus visible est finalement celui des moyens de transport.
On suit tout au long de la rue Catinat ponctuée de crottin les victorias attelées de petits chevaux, dans lesquelles sont assis les personnages des Civilisés de Farrère, chapeau et canne à pommeau, ils se rendent au cabaret du Grand-Monde à Cholon, puis au milieu des cyclo-pousse les premières Tractions des pontes de la colonie, les bicyclettes, les 404 Peugeot puis les Dalat qui étaient des 3-CV Citroën Méhari, et sont remplacées par les Jeep de l’US Army sur la rue devenue Tu Do, sitôt devenue Dong Khoi, encombrée par les Lada russes et les cyclomoteurs et les scooters puis les Toyota et parfois les Porsche. Si les héros meurent dans l’ombre et la misère, les nouveaux riches de Hô Chi Minh-Ville comme ceux de Moscou sont plutôt du genre exubérants. Sinon à quoi bon la paix et le capitalisme. De l’autre côté de la place, en face du toujours Givral, à l’endroit où le héros [Pham Xuân Ân] garait sa 4-CV Renault, en extrayait sa vieille mère, et traversait à son bras la rue, en chemise blanche et cigarette au bec, il est curieux de voir ce soir stationner la météorite rouge sang d’une Ferrari Testa Rossa, devant la boutique Louis Vuitton, sise rue de l’Insurrection générale. » (Patrick Deville, Kampuchéa, p. 92-93)
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Publié dans le JLR
LoopLoop autre travelling au Vietnam. Je l’avais vu exposé à la cinémathèque québécoise.