Lentement les fleuves des réticents

mardi 12 juin 2012, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Jour de pluie tiède
et de poubelles
que les corbeaux éventrent

*

Il y a dans notre quartier un petit traiteur local que nous n’avions encore jamais essayé. Pour obéir aux ordres des médecins, manger moins mais plus varié, nous l’essayons pour la deuxième fois depuis dimanche et en sommes ravis. Des prix aussi, très raisonnables. Contrairement à d’autres, il ne met pas trop de sel dans ses préparations et il nous conseille cinquante grammes quand cent grammes lui paraissent trop pour un assaisonnement de laitue. Il y a des galettes de tofu aux légumes, des poissons marinés, du poulet frit, diverses salades au gobo, au soja, aux pousses de bambou, au potiron, tout nous convient. Et l’on peut même se faire servir plusieurs portions dans une boîte à compartiments, la solution idéale pour nous le mardi.
Les améliorations de la vie quotidienne ne sont pas si courantes.

« Les civilisations à leur apogée aiment contempler l’apogée des civilisations disparues et frissonner devant l’avenir. C’est Bonaparte devant les pyramides d’Égypte. Pour le Second Empire ce sera Angkor. » (Patrick Deville, Kampuchéa, p. 60)

« L’Europe se convainc que la planète, de gré ou de force, doit accueillir pour son salut les sciences et les techniques de l’Europe, la médecine, la chirurgie, l’industrie ferroviaire et les mitrailleuses Maxim posées à la proue des canonnières, qui remontent lentement les fleuves des réticents. Les pluies de flèches en bois qui s’abattent sur le pont et résonnent contre la cheminée métallique ne sauraient entraver l’avancée triomphale. L’Empereur des Français envoie des missions au Salvador, place Maximilien sur le trône du Mexique, finance la mise au point du moteur à pétrole pour les cargos. En Afrique les explorateurs arpentent le blanc rétrécissant des atlas. On crée sur le Niger le grade de commandant du Haut-Fleuve.
En cette année 1860, pendant que Mouhot découvre les temples d’Angkor, Ferdinand de Lesseps perce de canal de Suez et fait de l’Afrique une île. William Walker, qui voulait creuser le canal du Nicaragua, est fusillé sur une plage du Honduras, Stanley, qui plus tard s’en ira chercher Livingstone égaré, traîne encore à la Nouvelle-Orléans. À Paris, l’impératrice Eugénie et le parti des dévots attirent l’attention de l’empereur vers l’Asie. C’est l’expansion, la conquête, le génie de l’Europe et du Progrès magnifié par les romans de Jules Verne et plus tard les constructions de Gustave Eiffel. » (Ibid., p. 60-61)

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Publié dans le JLR

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