Les utopies meurtrières de demain
Cours matinal sur On n’est pas là pour disparaître. Après avoir suivi quelques fils thématiques ou narratifs (la biographie d’Alzheimer, les rapports du médecin de monsieur T., les exercices proposés par la narratrice, qui sont tous en rapport avec des troubles de la maladie de A.), nous revenons à la succession linéaire des paragraphes pour voir comment se tisse le sens dans l’alternance, les sauts et les trous. Les voix de monsieur T., de sa fille et de sa femme, chacune lancée dans son monologue, s’entrelacent dans l’esprit du lecteur pour faire ressentir leur désarroi, sans pathos ni apitoiement.
Il pleut. Toute la journée. Même les manifestants anti-nucléaires sont sous la pluie. Oui, il y en a, pas moi, je n’y crois pas. Je veux dire que je ne crois pas, ou plus, que la manifestation soit un bon moyen de faire changer d’avis les politiques et les trusts qui se trouvent derrière les politiques et qui manipulent en permanence politiques et médias. Comme disait Marguerite Duras : Que le monde aille à sa perte.
« l’opérateur Tepco a communiqué Mercredi 6 juin 2012 que les deux pompes de refroidissement de la piscine de combustibles usagés du réacteur n° 4 sont tombées en panne, mardi pour la pompe principale et mercredi pour la pompe de secours. Suite à cette double panne l’eau de la piscine est montée de 34 C à 42 C entre mardi matin et mercredi après-midi. Une des deux pompes a pu être réactivée et le porte parole de Tepco, Junichi Matsumoto, espère que la température du bassin qui stoque (sic) les barres de combustibles baissera rapidement. » (Médiapart, d’après le Mainichi, le 7 juin)
« Si un tremblement de terre ou tout autre événement venait à affecter cette piscine, il pourrait en résulter un incendie radiologique catastrophique, avec près de dix fois la quantité de césium 137 qui s’est propagée à la suite de l’accident de Tchernobyl. » (selon Robert Alvarez, ancien conseiller politique principal au Département américain de l’Énergie, cité dans le même article)
Que faire ? Prier ? (Si vous y croyez, allez-y.)
Lire… Voir… Attendre…
« Même si, au milieu des années soixante-dix, j’ai rêvé des tables rases. On arrête tout, on recommence. Le slogan courait de l’Europe à l’Amérique latine. D’autres jeunes idéalistes sans doute préparent aujourd’hui les utopies meurtrières de demain. » (Patrick Deville, Kampuchéa, p. 38)
« Après le départ des Vietnamiens, les Casques bleus ont rétabli à Phnom Penh la corruption et la prostitution. Ils ont ainsi conforté les Khmers rouges les plus purs , réfugiés dans les forêts, dans leur haine de l’Occident et de l’érotisme. À S-21, toutes les tortures étaient utilisées mais les abus sexuels punis de mort, comme l’adultère et la consommation de boissons alcooliques. L’Angkar recommandait à ses cadres de ne pas adresser la parole à un membre de l’autre sexe à moins de trois mètres. Les couples illégitimes étaient condamnés pour avoir trompé l’Angkar. On tuait au gourdin les fornicateurs, châtiment appliqué avec un courage révolutionnaire extraordinaire d’un très haut niveau. » (Ibid., p. 41)
Tags : Deville Patrick, Duras Marguerite, Médiapart, Rosenthal Olivia
Publié dans le JLR
« Tepco a entrepris de fiabiliser et de rendre robustes aux agressions externes les unités de traitement des eaux. » (ASN, Point de situation n° 40, mai 2012)
Ça veut dire que ça ne l’était pas. Et ce, dès la conception de la centrale. Et que ça n’avait pas non plus été fait malgré les diverses évolutions techniques depuis toutes ces années. À ce niveau, la négligence est aussi un crime (un de plus), moi je dis.
et même si c’était sûr.. ça ne l’est pas tant que ça pour ceux qui y travaillent, et le voisinage (en mineur les petits pépins qui se succèdent au Tricastin??) mais là aussi j’ai tendance à baisser les bras..
et, non, je ne crois pas en la prière.
Très beau le livre d’Olivia Rosenthal – suis arrivée à le faire lire, alors que généralement la famiglia n’est pas preneuse de mes conseils