Déjà de l’autre côté de la pensée

vendredi 29 août 2008, à 23:59 par Berlol – Enregistrer & partager

Avant le petit déjeuner, petite vérification des bases de données — calme plat, rien en ligne.
Vers 11 heures, en revanche, j’aperçois, à l’adresse du JLR2, un blog nommé Tate… Imaginez ma surprise. Tate, comme la galerie ? Et par qui ? et pour quoi ? Et sans information ? Je vérifie ma boîte à lettre… Non, rien. Est-ce un essai de quelqu’un en train de réparer ? qui tâte le terrain numérique ? Sans m’en informer. Je vais voir dans l’interface MySQL et j’y trouve l’adresse de courrier de l’administrateur —  un Lou arobase quelque chose, une adresse au Japon !…
Je réfléchis en prenant ma douche. Et décide d’y mettre la mienne, d’adresse. Comme ça, je peux obtenir le mot de passe d’administrateur. Ce que je fais. Parce que la question essentielle, cruciale, ce n’est pas de savoir si je peux ou pas créer ou faire fonctionner une base de données. Au-delà des aléas de la semaine, c’est évidemment possible. Mais de savoir si le backup de WordPress du 24 pourra être réinstallé dans une nouvelle base de données, sans perte ni transformation si possible. Car selon quelques forums où je suis passé ces derniers jours, il y a bien une question récurrente, et problématique, certaines plateformes de blog proposant des backups qui, à l’usage, s’avèrent totalement, ou partiellement, inexploitables.
Donc, ayant repris le contrôle de la Tate, que je rebaptise derechef Journal Littéréticulaire 2.0, j’importe la sauvegarde du 24 et… Ça marche ! Impeccablement. Tout est là, bien à sa place : billets, titres, commentaires, tags, horodatages. Il n’y a plus qu’à remettre le design et les commentaires gardés au frais.
J’aurais presque envie de remercier quelqu’un parce que c’est très appréciable, ça, de savoir que la sauvegarde, en effet, sauvegarde. Mais qui ?

Tout ça se fait par petites touches, en fait, parce qu’en même temps, je suis avec T. sur le problème de l’enlèvement des meubles dont on veut se débarrasser. La mairie ou le privé. Avantage de ce dernier, il vient tout de suite pour estimation et peut enlever dès le lendemain. On l’appelle. À 13h30, il est là. L’air bonhomme, le gars qui fait son boulot, réglo. Il soupèse du regard chaque objet, table, étagère, bureau, tansu, etc. Il fait ses calculs et nous annonce 38.000 yens. Je manque m’étrangler. Pour plaisanter, je demande à T. si c’est 38.000 yens qu’il nous donne pour emporter tout ça. Mais non, me répond-elle, et je le savais, c’est 38.000 yens qu’il nous demande de payer pour que son entreprise consente à nous débarrasser de toutes choses dont nous ne voulons plus. OK, avec T. on ne s’énerve pas, on ne se salit pas en protestation ou dispute inutile, on lui dit qu’on va y réfléchir, formule très pratique en japonais pour dire non sans le dire, et on le laisse partir. Mais quels escrocs !
Peu après, T. appelle la mairie de Shinjuku-ku et une personne très efficace lui fait détailler les objets et lui dit combien pour chaque, puis récapitule. Total 6.000 yens, enlèvement le 3 septembre. Plus de six fois moins cher que l’escroc !

À 15 heures à l’Institut pour récupérer mon nouveau contrat et être enregistré à la pointeuse. Un cran de plus dans la gestion du parc humain. Soi-disant suite à inspection du travail et pour mise aux normes du droit du travail japonais. Sauf que je n’ai vu de pointeuse nulle part ailleurs, mais bon… Je ne suis pas allé partout, non plus.
La pointeuse, c’est un écran tactile où taper son identifiant mais aussi un appareil de lecture de l’empreinte digitale. Comme à l’aéroport pour le contrôle des étrangers. J’allais en discuter avec le responsable qui m’explique la procédure, mais j’y renonce. C’est comme pour le charognard de tout à l’heure. Pas la peine de se salir avec quelqu’un qui est déjà de l’autre côté de la pensée. Tout le poids de son entreprise, de sa hiérarchie et de son bon droit rendrait mon effort inutile et ridicule — comme une patate qui voudrait attirer une planète. Hein, Newton !

« […] un dépit de lecteur. Où est passée la voix de Christine Angot ? […] On n’a pas la musique d’Angot. Et je le regrette. Je n’ai pas envie d’ajouter ma voix aux loups qui entourent ce livre, comme si on allait assister à une mise à mort, je n’ai aucune envie de participer à ça, mais je ne peux pas non plus ne pas voiler [sic] mon dépit.» (Michel Crépu, plutôt pro-Angot, dans le Tout Arrive d’hier, également consacré à Philippe de la Genardière, Céline Minard et Eugène Green).

La soirée baigne dans l’orage, les pluies torrentielles. Nous, on regarde Volver (Almodovar, 2006, repris du titre de la chanson de Carlos Gardel, 1935). Émouvante variation spiralée sur le thème de l’inceste père-fille. Belle énergie almodovarienne et actrices impeccables, Carmen Maura, bien sûr, mais aussi Pénélope Cruz qui se montre bien autrement que dans les fades films à grand spectacle américains — et si c’est bien elle qui chante, eh bien, bravo !, ça vaut presque l’interprétation d’une pro comme Estrella Morente.
Et plus tard, toutes lumières éteintes et rideaux ouverts, minuscules dans la nuit, allongés sur le lit et sans télévision, nous y repensons en admirant une heure durant la succession délirante des éclairs et des tonnerres roulants au-dessus de Tokyo.

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Publié dans le JLR

10 réponses à “Déjà de l’autre côté de la pensée”

  1. Pour ce qui est des remerciements et à qui les adresser, je vois bien ce que tu veux dire. Tu as affaire là à une chaîne humaine d’informaticiens méticuleux qui ont bien fait leur travail de programmation de sauvegardes, de vérification de leur intégrité et de tests fréquents de leur employabilité, et quelques veilleurs de nuit pour s’assurer que tout tourne rond. Cependant, la plupart du temps, ces mêmes informaticiens n’ont aucune idée des données qu’ils manipulent de la sorte, ta database étant encapsulée dans une sauvegarde générique plus importante, tout au plus, la personne qui s’est occupée de tout ça, suite à un message d’erreur très impersonnel, aura remarqué que tes données étaient dans une langue qu’elle ne comprenait pas, et s’est peut-être dit, amusé, sans plus, tiens c’est drôle c’est un Français que je suis en train de dépanner, une autre fois cela l’amusera tout autant que ce soit un site avec de nombreuses photographies de femmes opulentes et pas très habillées, n’en prends pas ombrage.

    J’aurais bien envie de transmettre tes remerciements à une foule de mes collègues informaticiens, qui font cela tous les jours sans même savoir exactement à qui ils rendent service vraiment, tout encapsulé que tout ceci est, mais je ne suis même pas certain qu’ils comprendraient le caractère assez diffus de tels remerciements.

    Amicalement, et naturellement heureux d’avoir des collègues méticuleux au Japon.

    Phil

  2. Berlol dit :

    T’as raison, évidemment. Mais ce matin, j’ai écrit, très personnellement et gentiment, au Lou en question, dans mon anglais de base pour lui expliquer que j’avais hacké son essai et repris les rennes, et que ça serait bien si on avait un peu plus de communication « person to person »…
    Mais voilà qu’à l’instant je reçois un mail d’un lecteur de Kyoto qui me dit que c’est lui qui avait initialisé le blog en le nommant « Tate », vertical, en japonais… Pensant peut-être à une nouvelle procédure d’inscription…
    Donc quand même pas très sérieux de la part de l’encapsulé de chez Globat qui a dépanné a minima, laissant les clefs sur la voiture !

  3. Non pas très sérieux effectivement. Quels incurables amateurs, singes habillés et petits joueurs de la restauration de bases. Donc remballe tes remerciements et au contraire fends-toi d’un mail d’insultes (est-il seulement possible de s’insulter en japonais, et y a-t-il des gros mots?)

    Amicalement

    Phil

  4. Berlol dit :

    On peut, oui, s’insulter en japonais. Mais je ne le ferai pas ici.
    Pour ce qui est de la base de données, j’ai bien compris ton explication et j’imagine aisément le mode de vie des dépanneurs (ingénieurs système ? ou comment les appelle-t-on ?), mais tu avoueras que réparer une base sans (penser à) prévenir l’utilisateur que c’est fait témoigne tout de même d’un faible penchant pour (la communication avec) son prochain.

  5. Oui, tu as raison. Mais que le premier informaticien qui n’a jamais laissé une database ou un serveur sur le flanc, lui jette un caillou! Et ce n’est évidemment pas moi (surtout moi!) qui vais commencer cette lapidation, je serais très mal placé.

    Les dépanneurs comme tu les appelles portent toutes sortes de noms suivant leur spécialité, dans le cas présent c’est probablement un DBDA (ou administrateur de base) qui a œuvré, dans le cas d’un serveur, ce sera plutôt un pilote.

    L’ingénieur système lui voit tout cela avec bien davantage de hauteur et on ne le réveillera pas la nuit pour une seule base ou un seul serveur. C’est quand vraiment tout est par terre qu’on a le droit de l’appeler.

    Amicalement

    Phil

  6. Stubborn dit :

    Je vous avais perdu (pas/plus? de redirection sur votre ancien blog). Ça ajouté à l’hallali des ricaneurs de la place autour du dernier Angot, et à d’autres fatigues face à d’autres perles de perversités, petit début de rentrée ma foi. Heureusement, Lignes de fuite m’a remise sur la piste ! Merci à elle.

  7. C’est vrai ça, cet acharnement collectif contre cette pauvre Christine Moije Angot finirait presque par me la rendre sympathique, mais encore insuffisamment pour que je lise son dernier torchon. Encore un petit effort messieurs Assouoine et consort et je vais finir par devenir lecteur d’Angot.

    Amicalement

    Phil

  8. Berlol dit :

    En fait, il vaudrait mieux que tu lises « Interview », par exemple. Avant de te lancer dans les amours avec Doc Gynéco ou ses prédécesseurs… Là, ça pourrait te faire un vrai choc, et un vrai regret de ne pas avoir lu ça « en son temps », source d’une forme d’admiration pour Angot qui peut durer même si on aime moins ou pas du tout les derniers livres.
    Je dis ça, je dis rien, c’est toi qui vois…

  9. Stubborn dit :

    @Philippe De Joncheere. Interview ou/et Léonore, toujours. Mais aussi Une partie du coeur. Enfin moi j’ajoute ces deux textes fondateurs, mais c’est vous qui voyez…

  10. Stubborn dit :

    Oublié votre k si joli. Sorry.